Raconter ta vie. C’est ton genre et pas ton genre en même temps. Si tu dois raconter ta vie, ça va plus être centré sur Setia et ton "grand frère". C’est un meilleur point de départ que tu le penses. Il faut dire qu’il t’a ramassé sur ce qu’on peut appeler une scène de crime. Si ta mémoire est bonne, tu avais 12 ans. Avant ça, il n’y a pas grand-chose d’intéressant à mentionner. Une vie tranquille, des parents sympas, pas mal de moquerie due a ton prénom qui ont un peu fragilisé ta confiance en toi... Rien d’extraordinaire.
Alors pourquoi ta famille a été ciblée par une telle violence ? Même aujourd’hui, tu n’en as aucune idée. Et d’une certaine façon, tu as tourné la page. Peut-être que vous étiez au mauvais endroit, au mauvais moment. Ou que tes parents trempaient dans des trucs pas très nets et que ça s’est retournée contre eux. Tu as survécu par chance, la chance - si on peut l’appeler ainsi - d’avoir une constitution plus solide que la moyenne des gamines de ton âge. Tu fais encore des cauchemars de cette nuit-là et de l’horrible démonstration de force qu’il y a eu. C’est aussi pour cette raison que tu as toujours peur qu’il arrive d’atroces choses à tes proches.

Ta survie est surtout du a gars qui est venu après. Peut-être un autre commanditaire, mais pour le même travail. Peut-être qu’il t’a pris en pitié. Chaque fois que tu lui as demandé, il te disait qu’il était épaté par ta volonté de survie, qu’il voyait en toi une sorte de potentiel. Tu t’es toujours dit qu’il y a autre chose de plus personnel, mais tu n’as jamais eu la véritable réponse.

Liam. C’était (et c’est toujours, vu qu’il n’est pas mort), le nom de ton sauveur. Sauveur qui n’en était pas un au début. Qui ferait confiance à un assassin ? Surtout que le social n’était pas vraiment son point fort. Mais une certaine complicité a fini par apparaitre avec le temps, le temps de réaliser que si il voulait véritablement te faire du mal, il l’aurait fait depuis bien longtemps (ou alors il aime les tortures très longues). Le point tournant a été Setia. Un cadeau, un ange gardien, une présence rassurante... Relativement peu de temps après, tu lui faisais presque entièrement confiance. Avec le temps, tu as fini par le considérer comme ton grand frère, même s’il déteste que tu l’appelles ainsi.

Il t’a d’abord à te défendre, "au cas ou", parce que "ça peut toujours servir", mais dans une certaine volonté de ta part d’être plus utile - et surtout, de le copier -, tu as voulu apprendre les ficelles de son métier (c’est à dire le meurtre et le vol, pas forcément dans cet ordre). Que ce soit une bonne idée ou non, là n’est pas la question. Dans tous les cas, tu as suivi diligemment l’entrainement, plus dans le but d’impressionner ton mentor et qu’il soit fier de toi que d’êtres les meilleurs. Et à défaut d’être une experte, tes compétences sont aujourd’hui reconnues. Non, le véritable problème, c’est que ta vie sociale tournait autour de ton "grand frère". Par un choix de ta part pour son plus grand désarroi. Une obsession et une certaine peur d’être seule on fait que tu lui as toujours tourner autour, même une fois devenue adulte.

Ce manque d’indépendance t’a rattrapé il y a quelques mois. Ton mentor a décidé de prendre sa retraite (une décision sage à son âge), tout en te forçant à prendre ton envol. Vous n’avez pas coupé les ponts - heureusement - et tu restes proche de lui, même si ça n’est plus une proximité physique (mais tu sais où il habite pour aller le voir). C’est lui qui t’a dit ce que tu dois commencer à réfléchir à ce que tu veux réellement faire, et pas simplement reprendre le flambeau. Que tu as des talents utilisables pour autre chose que des fins criminelles. La page blanche dans une nouvelle région est également son idée. Ça te fait bizarre. Ça te fait un peu peur. Mais il reste disponible. Et Setia est avec toi. Inspire un bon coup. Vois cette épreuve comme une montagne. Et tu as appris à grimper. Tu peux le faire.