histoire

Félicitations, vous faites désormais parti du top 500.
« Easy. »

Je pose mes mains derrière ma tête et je m'allonge. Pfiou. Encore une bonne chose de faite. Je plonge ma main dans mon fidèle sac de chips et je commence à grignoter. Autant de victoires, ça m'a creusé l'appétit. Je vais probablement passer le reste de la journée à m-

Bip. Un nouveau Pokémail. Je saute littéralement de mon canapé pour me diriger vers mon ordinateur. J'appuie sur l'icone « message », les mains tremblantes, et je jette un œil. Le mail provient de Bulbisoft.

Bonjour Faelixa Reyes (@JuicyNotSalty), nous avons bien reçu votre candidature et nous aimerions vous rencontrer. Vous trouverez ci-joint nos disponibilités, veuillez répondre à ce message pour nous faire part de la journée et de l'heure de votre visite dans nos locaux.

...

« Easy. »

Non. En vrai, je suis en train de pleurer intérieurement. Ma vie est sur le point de devenir intéressante. Accrochez-vous, bande de noobs, Faelixa est sur le point de carry votre race.

Flashback.

Mon enfance n'est pas des plus palpitantes à raconter, alors je vais être brève. De toute façon, je respawn dans une minute alors vous avez intérêt à lire rapidement bande de noobs. #rekt #noraj

Je suis donc Lumirienne d'origine. J'ai vu la technologie évoluer au fil des années au sein de ma région. J'ai des parents (si si, je vous le jure, c'est pas une blague). Mon père travaille dans le quartiers des affaires à Voltapolis et ma mère est chercheuse au laboratoire, aux côtés de mossieur Baobab. #nerd #ilestsympaenvrai.

J'ai aussi un petit frère idiot, Akian. Bon en vrai il est loin d'être crétin, c'est même un peu un génie m'voyez. Habile de ses mains, il a toujours bien aimé créer des trucs insignifiants. Des « inventions » qu'il disait. Mais bon, il a du talent le frérot, je ne vais pas trop le clasher non plus. C'est lui qui m'a fabriqué ma manette personnalisée, toute rose, sur laquelle on peut lire mon pseudo « juicynotsalty », c'est tout simplement magnifique. Il me l'a offerte pour mon dix-huitième anniversaire, et depuis, elle a pris cher la pauvre, mais elle reste en très bon état. Je ne peux donc pas douter de la qualité des « inventions » de ce crétin.

Lorsqu'il avait neuf ans et que j'en avais treize, mes parents avaient décidé de lui acheter la toute nouvelle console hors de prix, annoncée sur toutes les chaînes de télévisions et panneaux publicitaires visibles à Lumiris pour Noël. Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que Akian se fichait complètement des jeux vidéos, il était plutôt bricoleur, comme vous savez. Les pixels lui donnaient mal au crâne et il n'avait pas envie d'explorer le monde virtuel. Non, Akian est terre à terre, contrairement à moi, et il a toujours réussi à s'intégrer socialement, avoir des potes, des copines, bref. Bon pas à neuf ans non plus hein, vous avez compris...

Lorsque le papier décoratif rouge vif se déchirait sous les mains de mon frère, j'ai pu voir la déception sur son visage. Il a quand même tenté un sourire forcé et a chaleureusement remercié les darons. Je ne pouvais pas me retenir de rire. Quelle ironie.

Je lui ai ensuite proposé de me filer cinq pokédollars pour l'aider à trouver un moyen de se débarrasser de la console sans vexer les parents. Ceci étant avantageux pour moi, parce qu'en plus de gagner un peu d'argent pour un sac de chips, j'allais hériter de ma toute première console.

« Euh. Maman, papa ? Akian il fait une crise d'épilepsie je crois. »
« Mes yeeuuuuux aaaaaaanhh. »

Cela fait maintenant neuf ans que mes parents pensent que Akian a une sensibilité particulière aux lumières des écrans. Au moins, le mec il peut se concentrer sur ses bricoles en toute tranquillité.

Pour ma part, je n'arrivais pas à socialiser dans le monde extérieur. Ni à l'école, ni nulle part ailleurs. Je n'adhérais jamais à la personnalité des autres, je ne sais pas trop pourquoi. Je pense que le fait que la société soit bourrée de stéréotypes m'a bien dégoûté. J'aimais le rose, les trucs mignons, alors ce n'était pas normal que je sois une mordue de jeux vidéos, vous voyez. Je m'habillais de manière féminine et soignée, alors pourquoi le lendemain je ressemblais à une fille en pyjama qui s'en battait les Noadkoko ?

Cela peut vous paraître con, mais pourtant, ça a complètement gâché mes années scolaires. J'ai pourtant fait des efforts, mais les gens sont idiots. Le seul copain que j'ai eu dans ma vie s'est moqué de moi pour un « pari » et il a eu droit à un highkick dans les Ceribous. Ce n'est pas pour autant que je n'étais pas triste qu'on me prenne pour une idiote. Une vraie bande de noobs. Genre même les IA du niveau débutant les voudraient pas dans leur équipe tu sais.

Bref. Tout ça m'a permis de me concentrer à fond dans mon univers, celui des jeux et du pokéweb. J'ai réussi à trouver ma place à l'intérieur de cette bulle pixelisée et lumineuse que peu de gens comprennent. J'ai également appris à me foutre de l'avis des autres et de rester moi-même. J'ai commencé à me colorer les fossettes, pour réellement être unique, et reconnaissable par cette marque personnalisée.

Je connaissais tellement de jeux, et j'en possédais plusieurs centaines. J'avais commencé à lister des codes de triches que j'avais découvert et mon objectif personnel était d'être la mieux classée dans tous mes jeux préférés. Bien évidemment, je n'utilisais pas mes codes de triches, sinon je me déshonorerais. T'as cru quoi.

Puis un jour, lors de mes 20 ans, j'ai envoyé ma candidature à Bulbisoft, une entreprise de jeux vidéos renommée. J'ai proposé de tester leurs jeux, de leurs envoyer les bugs et les codes de triches que je dénichais, de les représenter en jouant dans les convention et les concours, parce que je suis la meilleure (noraj). J'y travaille depuis maintenant deux ans.

Cependant, petit à petit, je me suis vachement intéressé aux Pokémons. Je faisais des combats en ligne et je suis devenue assez douée. Cependant, étant donné que ma mère travaillait au laboratoire, il lui arrivait de me parler des spécimens qu'elle croisait régulièrement, à quel point ils étaient adorables... Et voici le résultat.

« J'aimerais... devenir dresseuse. »

Mes parents avaient des étoiles dans les yeux. Cela ne signifie pas que je quitte mon emploi actuel, je ne laisserai pas tomber ma vocation pour autant. Mais j'ai envie de quelque chose de différent, et les Pokémons m'ont toujours passionnés. J'avais peur de vivre des expériences dans le monde réel car je n'ai pas une bonne opinion de celui-ci, mais il est temps que j'arrête de faire ma chochotte.

Je me suis donc inscrite à l'académie de Lumiris pour apprendre les bases du dressage. J'ai découvert que le sujet m'inspirait énormément et que je voulais devenir la meilleure dans celui-ci, autant que dans le domaine des jeux vidéos.

« Bonjour mossieur Baobab ! Vous voulez... un kebab ? »
« ... Bonjour Faelixa. J'ai malheureusement déjà mangé. Ta mère m'a mentionné que tu voulais avoir ton premier Pokémon. J'en ai un qui te corresponds parfaitement. »

Pucho et moi sommes devenus complices immédiatement. Ce Nounourson est tellement cute et tellement adorable et tellement rose. On dirait genre un bonbon mélangé à du chocolat et de la guimauve et... d'accord, j'ai faim maintenant.

Enfin. Je viens d'avoir vingt-deux ans, et j'ai décidé de quitter le cocon familial pour prendre ma vie en main. Faute de trouver un appart dans ma solitude, j'habite désormais avec mon professeur, Kieran. C'est peut-être un peu bizarre comme contexte, mais je me sens bien en sa compagnie. C'est probablement la seule personne non virtuelle et en dehors de ma famille en qui j'ai réellement confiance. Il m'aide énormément à me surpasser en tant que future dresseuse, et en plus, il est beau. Ben quoi, vous êtes jaloux ? Le premier qui me juge je le headshot et je le fais descendre bronze.

Ah, j'ai respawn. Bisous bande de noobs.
Pentakill.