Alors que le jour se levait sur le lac des cygnes dans la périphérie de Mirawen, une étrange monture et sa cavalière suivaient la rive au rythme calme des clapotis de l'eau. L'un était un cerfrousse, et l'autre portait dans son dos un sabre en plus d'une ceinture à sacoches à sa taille. Cernunnos et Panacée avaient l'intention de camper aux chutes près de Port-Corail, en passant devant le poste de police de la ville, ils avaient pris connaissance de méfaits d'inconnus dans la région et avaient brièvement bifurqué par Mirawen. Apparemment, des lacmécygnes avaient disparu, laissant derrière eux des couanetons inexpérimentés, seuls, face à la vie et les aléas de la nature. Autant dire : à la merci des prédateurs.
Panacée n'avait pas hésité un seul instant : beaucoup trop sensible à ce genre de choses pour avoir dû protéger une montagne d'attaques de malfaiteurs avec le reste de sa famille, elle en avait vu de toutes les couleurs et savaient de quoi ce genre de personnages était capable. Autant dire qu'elle avait peur d'arriver trop tard, qu'elle avait peur de l'état dans lequel trouver les pokemons.
Et nous en étions donc là : à la recherche des nids. Pour cela, il valait mieux une vue élevée et rien ne valait mieux que chevaucher Cernunnos qui pouvait, en plus, courser rapidement un éventuel criminel, ou un pokemon. En général les Lacmécygnes pondaient et couvaient à l'abri des regards, dans les joncs en bordure du lac. De légers pépiements, comme des appels, s'interrompant soudain à leur approche, interpelèrent la dresseuse. Elle comprit mieux pourquoi Cernunnos était parti de ce côté, lui qui avait l'ouïe bien plus fine que la sienne. Elle le flatta doucement et, doucement, ils s'avancèrent vers l'origine des bruits, les sabots de Cerfousse s'enfonçant dans la vase, ils évoluèrent avec précaution, finalement ils atteignirent une surface jonchée d'herbes humides, de branches et de terre, au centre, au milieu des tiges qui défiaient le ciel, un nid de couanetons apeurés. Panacée descendit en douceur : un être surplombant un autre était toujours perçu comme un danger, et se mit à leur hauteur, sans trop s'approcher.
Elle leur chuchota doucement :
"Je ne vous veux aucun mal, mes petits. Vous ne savez pas où sont vos parents, n'est-ce pas ? Je suis là pour ça... et pour vous aider aussi. D'abord, vous devez avoir faim."
Avec beaucoup de délicatesse, elle sortit plusieurs baies sitrus et oran contenues dans une de ses sacoches et les fit rouler vers le cercles de couanetons qui se serraient les uns aux autres. Certains regardèrent les fruits, d'autres ne quittaient pas des yeux l'humaine... apparemment, les humains les effrayaient, ce qui confirmait l'hypothèse de braconniers.
Si elle les trouvait... elle allait leur faire passer un sale quart d'heure. Mais avant... il fallait s'occuper des petits. Elle les compta mentalement : cinq bébés, aussi susceptibles de s'en sortir qu'au milieu d'un banc d'aligatueurs. Finalement, certains se laissèrent aller à manger les baies, reconnaissants, mais ils gardaient un oeil sur l'étrangère.
Rha ! Elle détestait les humains qui détruisaient la confiance qu'il pouvait y avoir entre pokemon et humains !! Elle aurait aimé les prendre contre, vérifier leur état de santé, les réchauffer, les dorloter... les pauvres petits. C'était comme le jour où elle avait recueilli Cerununnos, devenu orphelin à peine était-il né. Des bruits derrère elle la mit en garde... et s'il s'agissait des braconniers ? Cerfrousse s'était également tourné vers l'origine du bruit, aux aguets. Panacée lui fit signe de reculer et de rester près des petits, ils avaient l'air plus en confiance près d'un autre pokemon, elle se chargeait de voir ce que c'était. Sabre dans le fourreau et fourreau en main, elle se déplaça sur le côté et bondit sur l'origine du bruit, arme en avant... prête à frapper au besoin.
Prendre son envolft. panacée & adagio₪ L’air du petit matin était frais et seuls les pépiements des pokémons oiseaux se faisaient entendre aux environs. Le ciel était encore coloré, gardant une trace de l’aube qui disparaissait peu à peu au profit du jour. Citadin amoureux de la ville qui se découvrait de plus en plus attiré par les bois, Flame avait découvert une activité parfaite mêlant sa passion du sport et de la nature : le jogging. Les écouteurs dans les oreilles, une musique entrainante lancée à fond, le jeune homme courrait tranquillement depuis peu de temps. Il était parti de Mirawen ; il passait deux jours dans cette ville, officiellement ‘pour le boulot’ mais en réalité, il y était parti avec deux vieux copains. Ces deux gros flemmards dormaient encore à cette heure-ci, c’était pourquoi Flame, vêtu simplement d’un sweat et d’un short, avait décidé d’aller se dépenser un peu avant leur réveil. Adagio trottinait à ses côtés. A l’image de son dresseur, le caninos était un sportif, comme pouvait d’ailleurs en témoigner sa grande taille et sa carrure puissante. Il ferait surement un bon combattant, à supposer que Flame ait un jour le désir de le lancer dans cette discipline. Ce pouvait être une bonne idée pourtant, songea le grand brun en toisant les épaules musclées de son partenaire. Après tout, le combat pokémon était un passe-temps comme un autre.
Il y réfléchit avec plus de sérieux qu’il ne le voulait tandis qu’il continuait à trottiner. Une idée se mit à germer doucement dans son esprit et, comme à chaque fois que le jeune homme s’apprêtait à se lancer dans un nouveau projet, une sensation piquante et chaude, d’abord douce, l‘envahit. La rage de réussir. Cette sensation qui l’avait toujours poussé à aller au bout de ses idées. Flame n’était pas un battant pour rien.
Le lac qui s’offrait à sa vue était calme et reposant. Le brun décida de faire une pause pour souffler un peu ; il s’approcha de la berge et la longea en marchant le temps de récupérer son souffle, Adagio sur ses talons. L’homme attrapa sa gourde et lorsqu’il proposa de l’eau au caninos, ce dernier préféra se désaltérer dans l’eau fraiche du lac. En l’attendant, Flame se dirigea vers un petit bosquet dans l’espoir de trouver un tronc ou une souche pour s’y asseoir. C’était sans compter la personne qui jaillit subitement devant lui, un impressionnant sabre en main ; le brun fit un bond en arrière, stupéfait.
Le sabre n'avait pas quitté son fourreau, heureusement car il s'avéra que la jeune femme venait de surtout terroriser un parfait inconnu qui n'avait rien d'un braconnier. Survêtement, chaussures de course, écouteurs, petites foulées tranquilles avant le bond que fit naître chez lui sa brusque apparition. C'était un joggeur. Très vraisemblablement. Pas de cages, de collets ou autres ustensiles de capture, à part peut-être des pokeballs cachées quelques part, sans doute.
Panacée qui venait très certainement d'apparaître comme un danger public aux yeux d'ambre du brun et de son caninos, se détendit quelque peu bien que toujours en alerte et ramena son sabre le long de son coeur et se donna la peine de d'offrir une explication.
"Je vous prie de bien vouloir m'excuser, monsieur, je vous ai pris pour un braconnier."
Oui, on fait mieux comme explication. Définitivement. Cela manquait de détails et d'explications... elle avait appris par exemple que le fait de posséder un sabre pouvait la rendre étrangement suspecte. Devait-elle s'expliquer ? Attendre qu'on lui pose la question ? Deuxième option, bien sûr : Panacée n'était pas du genre à parler d'elle surtout quand elle avait l'esprit occupé par quelque chose de plus important.
"Vous n'avez rien vu d'étrange du côté d'où vous venez ?"
Elle sembla hésiter quelques instants, avant de laisser tomber son regard sur le caninos de l'inconnu : il avait l'air en forme, choyé, heureux, épanoui... cela pouvait done dire que cet homme était attentionné envers les pokemons.
Et si... ? Un peu d'aide ne serait pas de refus : apprendre à voler à des couanetons pour qu'ils puissent fuir les prédateurs ne serait pas une mince affaire. Elle-même n'avait pas de pokemon vol... Cernunnos connaissait rebond, ce qui pouvait être un début, mais c'était tout.
Prendre son envolft. panacée & adagio₪ Le détenteur du sabre se révéla être une femme toisant le mètre soixante-dix, aux cheveux sombres et aux lunettes rouges. Une parfaite inconnue. Adagio, ayant entendu le cri de surprise de son dresseur, avait aussitôt accouru et se dressait à présent entre les deux adultes d’un air menaçant. Les muscles tendus, Flame était lui aussi prêt à lui sauter dessus si besoin. Pourtant la jeune femme s’excusa et ramena le sabre contre sa poitrine, se justifiant en ajoutant qu’elle l’avait confondu avec un braconnier. Le brun haussa un sourcil, sceptique : avec son sweat, ses chaussures de sport et ses écouteurs, il ne pensait pas avoir l’air si dangereux. Il se détendit légèrement et le caninos, percevant son relâchement, ne tarda pas à faire de même : il cessa de montrer les crocs et s’assit au pied de son dresseur, toujours sur ses gardes. Ce n’était qu’une fille et Flame avait tendance à sous-estimer la gente féminine, cependant une personne dotée d’un sabre, quel que soit son sexe, ne lui inspirait pas particulièrement confiance. Certes, il lui arrivait parfois de se balader avec un couteau lorsqu’il devait traverser les zones « mal fréquentées » de la ville mais, un sabre… c’était quand même un autre niveau. La musique bourdonnant toujours dans ses oreilles, le jeune homme retira distraitement ses écouteurs par politesse en réalisant que l’inconnue lui parlait.
- Vous n'avez rien vu d'étrange du côté d'où vous venez ?
Il croisa les bras, un sourcil haussé et l’autre froncé, son éternelle expression faciale adoptée face à l’incompréhension.
- Oh si, des choses étranges, j’en vois tous les jours vous savez. Comme me faire attaquer par une demoiselle armée d’un sabre pendant un jogging. Il illustra ses paroles d’un léger sourire moqueur avant d’ajouter plus sérieusement : Je ne suis pas d’ici. Je suis arrivé à Mirawen hier seulement. De quoi voulez-vous parler, exactement ?
Il était vrai qu’à Nemerya, il était courant d’assister à des scènes… peu banales. Mais Flame doutait que l’inconnue évoque des évènements de la ville ; elle devait plutôt parler de ce qu’il se passait ici, sur cette petite île. Il attendait un peu plus de détails de sa part, comme le soulignait l’air interrogateur peint sur son visage. ₪ 2981 12289 0
HRPG:
Mon avatar est trompeur, il ne faut pas s'y fier car Flame ne possède pas de lunettes x) (il porte souvent des lunettes de soleil en raison de la sensibilité de ses yeux, mais c'est tout :3)
La jeune femme ne voulut pas trop s'attarder sur la remarque du brun qui montrait qu'elle ne s'était pas très bien exprimée. Au moins, l'inconnu avait de l'humour, mais la samouraï mit cela dans une petite case à l'écart dans sa tête pour mieux l'oublier : elle n'avait pas besoin d'humour, elle n'avait d'ailleurs pas la tête à cela.
"Oui, c'est vrai que ce n'est pas commun de sortir d'un fourré avec un sabre." concéda-t-elle "Désolée, vraiment. Je vous ai simplement entendu approcher des couanetons avant de vous voir."
Elle l'avait déjà jugé auparavant et puisqu'il s'intéressait un peu à ce qu'elle faisait, elle allait faire confiance à son jugement, qui ne lui avait jamais fait défaut jusqu'à présent dans un voyage où elle cotoyait régulièrement des inconnus et donc où le jugement d'autrui était d'importance.
"Je m'appelle Panacée Phytô, je suis herboriste. La police de la région a remarqué que des Lacmécynes avaient disparu, laissant leurs couanetons sans défense et sans qu'ils sachent voler. J'ai accepté de les trouver et... de les aider."
Elle marqua une pause. Peut-être qu'une herboriste avec un sabre n'avait rien de bien rassurant ou de compréhensible... mais, n'importe, elle ne voulait pas s'attarder davantage en explications.
"Je ne suis pas contre de l'aide, sauf si vous préférez continuer votre jogging."
Panacée n'était pas du genre à imposer quoi que ce soit, mais elle ne resta pas plus longtemps inactive.
"Sinon, c'est par là que cela se passe."
Avec du recul, et d'un autre point de vue que celui de la jeune femme, elle pouvait paraître très sèche. Si on le lui faisait remarquer, pourtant, l'herboriste ne se mettrait pas en colère et présenterait même ses excuses. Elle était surtout pragmatique. Surtout dans une situation comme celle-là.
Elle fit demi-tour, parmi les tiges et regagna doucement le nid, en prenant soin de ne faire aucun geste brusque. Les couanetons étaient pelotonnés contre Cernunnos qu'ils avaient adopté faut d'avoir retrouvé leurs véritables parents.
Devait-elle leur apprendre à voler ? Alors qu'elle n'avait aucun pokemon qui volait, cela paraissait un peu compromis.
Compromis jusqu'à ce qu'un bruit de roues sur l'herbe et de moteur se fasse entendre. Panacée n'avait pas peur de se ridiculiser une deuxième fois devant de parfaits innocents. S'il y avait une chance pour que ce soit les braconniers qui reviennet sur le lieu de leur crime, elle le véréfierais avant qu'ils ne lui tombent dessus sans lui laisser une chance de s'échapper. Si la jeune n'avait qu'un seul pokemon... elle pouvait aussi bien être dangereuse, seule. Elle redemanda à Cernunnos de rester où il était d'un geste apaisant, le Cerfrousse répondit de son regard calme et stoïque. Il savait ce qu'il avait à faire.
La discussion qu'elle entendait au-delà des roseaux ressemblaient bien plus à un dialogue de malfrats... Cette fois, elle avait peut-être vu juste.La jeune femme, habituée au combat et aux stratégie, resta cachée pour regarder leurs ennemis potentiels se rapprocher pour mieux les prendre par surprise, et à la meilleure occasion, puis observa autour d'elle pour voir ce que le joggeur faisait.
Prendre son envolft. panacée & adagio₪ L’inconnue s’excusa à nouveau, se justifiant par une histoire de couanetons. Flame n’eut pas besoin de lui demander plus de détails :
- Je m'appelle Panacée Phytô, je suis herboriste. La police de la région a remarqué que des Lacmécynes avaient disparu, laissant leurs couanetons sans défense et sans qu'ils sachent voler. J'ai accepté de les trouver et... de les aider.
Jamais entendu parler de cette histoire. Cela devait être tout récent pour que l’information n’ait pas encore touché la capitale. Flame hocha la tête, songeur ; c’était une belle action mais comment une humaine pouvait-elle espérer apprendre à voler à toute une portée de pokémons ?
- Moi, c’est Flame.
Juste Flame. Il se présentait toujours ainsi, omettant volontairement son nom de famille. Quelle importance ? De plus, il n’avait pas vraiment réfléchi avant d’adopter le nom de son père. Ce dernier était après tout connu pour des activités illégales et, même si son fils n’avait pas suivi le même chemin, l’idée qu’il puisse lui être associé ne lui était pas forcément plaisante. Voilà ce qui arrivait quand on prenait des décisions sérieuses sur un coup de tête.
- Je ne suis pas contre de l'aide, sauf si vous préférez continuer votre jogging.
Pourquoi continuer à courir bêtement lorsqu’il y avait plus intéressant à voir ? Flame suivit donc la jeune femme, plus par curiosité de pouvoir s’approcher des couanetons que dans l’optique de l’aider. La portée tout entière était pelotonnée contre un Cerfrousse, que le jeune brun déduisit comme étant le pokémon de Panacée en apercevant les signes que cette dernière lui faisait. Un bruit de moteur rompit soudain le calme de la berge et sembla alerter Panacée, qui devait sans doute rester enfermée dans son idée de braconniers. Flame s’approcha d’elle à pas de loup, levant la main pour l’empêcher de s’en prendre à nouveau à des innocents, puis laissant son bras retomber le long de son corps en entendant des voix provenant de la direction du véhicule. Malgré la distance, il y avait distingué sans mal les mots lakmécygne, couaneton ou encore cage. Panacée avait peut-être vu juste. Le brun se baissa lentement, de crainte que sa grande taille ou que ses cheveux flamboyant sous le soleil ne le trahissent et espérant que les roseaux suffiraient à le camoufler. Il toucha du bout du doigt l’épaule de la jeune femme à ses côtés et indiqua les couanetons d’un mouvement de tête, les sourcils haussés. Il espérait que Panacée traduirait facilement sa phrase : ils sont revenus pour eux. Capturer une troupe entière de lakmécygnes n’avait décidemment pas dû être suffisant. Comme par réflexe, d’un geste lent mais sûr, le brun sortit son téléphone dernier cri de sa poche et activa la caméra. D’un mouvement de doigt, il zooma au maximum et parvint à avoir une image plus ou moins nette, entre deux tiges de roseaux, d’un des membres du groupe, un homme d’une quarantaine d’années. Il prit une photo de son visage mais dû s’en tenir à cet unique clichée : le reste de la bande était camouflée par les broussailles. Mais à présent les braconniers approchaient de leur cachette, connaissant de toute évidence l’endroit où se trouvait le nid des couanetons et se dirigeant droit vers eux. Flame lança un regard interrogateur à Panacée. Que devaient-ils faire ? Attendre là ? Attaquer ? Filer en douce –après tout, ils avaient au moins une preuve grâce à sa photo ? Les malfaiteurs avaient de toute évidence l’avantage du nombre. Le duo avait peut-être une chance : comme le prouvait sa forte carrure, Flame savait se battre et Panacée, si elle se promenait avec un sabre, devait savoir l’utiliser. Mais les espoirs du jeune homme s’atténuèrent lorsqu'il distingua un rattata au pied de ce qui semblait être une paire de jambes féminine. S’ils avaient, en plus, des pokémons avec eux… Adagio savait se battre, il était très robuste pour un caninos. Mais il avait beau être sportif et athlétique, il n’en était pas pour autant un champion d’arène, son dresseur ne l’avait pas entrainé pour le combat... ₪ 2981 12289 0
Elle ne regrettait pas vraiment d'être venue vérifier s'il s'agissait d'innocents ou non mais... si, un peu. Le fait qu'elle ait jugé de la situation - qu'elle connaissait très bien et qui ressemblait à du braconnage et qu'elle était arrivée à la conclusion que c'en était - cela avait peut-être été un peu rapide.
Maintenant, il s'avérait qu'elle avait vu juste, mais était-ce de la chance ? Dans la mesure où l'on puisse qualifier un acte de braconnage comme une chance d'expérience de vie. Quand elle regarda autour d'elle, au milieu des tiges, elle croisa les yeux ambrés du joggeur : celui-ci venait de lui tapoter l'épaule. Apparemment il avait fait son curieux et l'avait suivie. Elle comprit ce qu'il voulait dire avec ses gestes et salua son initiative de prendre une photo. Panacée n'avait pas d'appareil photo. Elle remplissait tous ses carnets à la main, faisait les dessins de fleurs et de plantes à la main. Elle avait un téléphone portable aussi, mais certainement pas comme celui-là... qui ne faisait certainement pas d'aussi bonnes photos. Elle ne l'enviait pas... non non. Mais c'était quand même pratique, non ? Elle salua également le sérieux soudain avec lequel il suivait l'opération : elle n'y aurait pas cru et il put lire une certaine reconnaissance dans son regard.
Oui, ces malfrats n'en avaient pas terminé et comptaient prendre "le reste". La samouraï ne put s'empêcher de penser qu'ils étaient arrivés pile dans la bonne fenêtre pour les surprendre... un peu plus tard et le nid entier aurait disparu. Panacée se mordit la lèvre inférieure, chez elle, cela démontrait une rare envie de décapitation : la bêtise humaine amenée à ce niveau l'exécrait au plus haut point.
Inutile d'attendre qu'ils leur tombent dessus. Ce serait un bon effet de surprise sur le moment mais ce dernier perdrait vite en force ce qui deviendrait donc dangereux. Et la présence d'un pokemon aux côtés des malfrats demandait un peu plus de stratégie. Et ils avaient peu de temps. Mais ils avaient un Cerfrousse - et un Caninos, bien qu'elle ne soit pas habituée à y faire appel dans ses stratégies.
Elle fit un bref signe de la tête vers le nid et le supplia des yeux, silencieusement, de lui faire confiance. Pour tout explication, elle forma le mot "hypnose" de manière très distincte sur ses lèvres sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche. Là-dessus, elle rebroussa chemin : se contenter d'une photo ne lui convenait pas. Sans doute avait-elle trop tendance à avoir une âme de justicière mais des personnes aussi abjectes, il fallait au moins leur donner une correction ou, au mieux, tous les arrêter.
Elle avait pesé le pour et le contre : là, ils déballaient leur cargo et réfléchissaient à voix haute à ce qu'ils allaient faire pour attraper le plus de couanetons possible sans en perdre ni en blesser. Le rattata avait un bon odorat mais en plus d'être près d'une zone humide pleine d'odeurs, les deux humains étaient sous le vent... pour l'instant. Un atout à saisir : ils avaient juste le temps de retourner au nid, de se mettre dans les herbes derrière Cerfrousse et là, camouflés, achever ceux qui résisteraient à l'attaque hypnose du cervidé. C'était son meilleur plan.
Pour les quelques tiges qu'ils bougeraient : les bandits étaient en pleins préparatifs et s'attendaient à ce que l'endroit soit occupé... certes par des couanetons, mais un peu de mouvements ne paraîtra pas suspect. L'herboriste appliqua son plan et, courbée, suivit le chemin qu'elle avait emprunté pour éviter de trop bouger de nouvelles tiges. La respiration en suspend, elle retrouva le nid.
Cernunnos avait tous ses sens en alerte : oreilles dressées et naseaux dilatés. Si le rattata se trouvait en amont par rapport à eux et ne pouvait les sentir, il en était autrement du Cerfrousse qui avait entendu et sentit les brigands arriver, comme pour le joggeur. Impossible d'approcher le cervidé sans effrayer la portée, qui piaillerait et mettraient en garde les braconniers. Panacée mima des bois sur son front puis pointa du pouce par-dessus son épaule, en direction des braconniers. Le cerfrousse la regarda un instant puis, lentement, fit en mouvement de tête comme pour acquiescer, en un parfait anthropomorphisme. Il avait compris : en même temps il ne faisait pas encore grand-chose avec ses bois. Là-dessus, elle gagna un point derrière lui, dans les herbes, et entraîna avec elle le brun : de toute façon, pas de fuite sans se prendre la colère des braconniers, il n'avait plus trop le choix.
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Ces derniers avaient vu du mouvement dans les herbes et, les parents embarqués, ils se faisaient moins de mourons pour ces mouvements qui auraient, sinon, pu être menaçants. Pour autant... cela les incita à accélérer la cadence, car trop de mouvements pouvaient dire : prédateurs qui embarquaient leurs cibles, c'est donc plus rapidement que ce que Panacée aurait cru qu'ils finirent de peaufiner le plan :
"Bon, chacun un côté : Bruce en face, Clyde à gauche et Moi à droite. Ok, pour Mist et... - Hylton. - Oui, bon, ton rattata, commence pas à faire genre qu'il est précieux avec un nom et tout le reste. - C'est Mist et Hylton. - Bref, vous restez en entonoir, derrière, pour les éventuelles fuites de bes bleus - Ils sont jaunes, les becs. - La ferme, Bruce. Clyde, l'eau ? On est bon avec les Batracné ? - Je les ai lâchés sur l'autre rive, en face. On ne la voit pas bien d'ici, sûr qu'aucun des p'tits ne nous a vus, ils doivent être en stand bye au cas où des p'tiots tentent la nage. - Par..."
Le leader se stoppa, un chant de batracné venait de retentir. Normal dans une région lacustre, personne n'y prêterait attention. Sauf les braconniers qui savaient que cette mélodie-là, c'était pour dire que quelque chose clochait. En s'intimant le silence du doigt, le bande prirent des pokeballs, prêts à les ouvrir...
Prendre son envolft. panacée & adagio₪ Panacée semblait reconnaissante. Elle devait prendre cette mission très à cœur… Non pas que Flame soit pour le braconnage des lakmécygnes, loin de là, mais il n’avait pas vraiment l’habitude de s’amuser à jouer les justiciers. Encore moins de risquer sa vie dans une mission suicide. L’adrénaline envahissait peu à peu ses veines, cette sensation si enivrante qu’elle lui en faisait facilement perdre ses moyens. Mais rarement cela arrivait alors qu’il était coincé entre deux roseaux sur la berge d’un lac. Panacée fit un bref signe de la tête vers le nid. Elle avait l’air de savoir parfaitement ce qu’elle faisait. Généralement, Flame avait tendance à sous-estimer les filles. Il en connaissait beaucoup qui se seraient éclipsées dès qu’elles auraient entendu le camion arriver. Mais Panacée n’était pas de ce monde-là : sa détermination semblait solide et ça, c’était ce que Flame reconnaissait comme un pouvoir. Car au quotidien comme dans une situation aussi inhabituelle qu’une confrontation avec des braconniers, la détermination était souvent la plus puissante des alliées. La jeune femme avait cette sorte d’aura, de sûreté qui émanait d’elle et qui poussait le brun à lui faire confiance sur ce coup là. De toute façon, il n’avait pas trop le choix. Hypnose. Quoi, en plus de manier le sabre, elle savait hypnotiser les gens ? Qui était cette drôle « d’herboriste », au juste ? Son regard glissa vers le cerfrousse et un léger sourire se dessina sur ses traits. Malin.
Pendant ce temps, la troupe de braconniers avait progressé et s’approchait de plus en plus vite de leur cachette. De plus en plus vite, oui… Et plus rapidement que le duo s’y attendait. Le cœur tambourinant, le jeune homme se glissa derrière une épaisse touffe de roseaux, non loin du cerfrousse. Les muscles tendus à craquer, le souffle déjà court, il était prêt à bondir. Il ne savait pas trop si Panacée avait un plan concernant ce qui allait suivre ; se planquer, d’accord, mais ensuite ? Au pire, il verrait bien. L’improvisation ne lui faisait pas peur. Ce fut en jetant un bref coup d’œil circulaire derrière lui que Flame s’aperçut que quelque chose clochait : Adagio manquait à l’appel. Il en déduisit que le caninos, ayant souvent les mêmes idées que son dresseur, avait dû se cacher un peu plus haut afin de prendre les braconniers par derrière. Pas le temps de s’inquiéter pour lui ; il se contenta d’espérer que son compagnon serait discret.
Nouveau problème : la berge était plongée dans le silence. Le bruit caractéristique des chaussures écrasant les roseaux sans discrétion avait subitement disparu. Retenant son souffle, le brun jeta un œil au-delà de sa cachette. Il ne voyait plus Panacée. S’était-elle enfin cachée derrière son cerfrousse comme elle semblait tenter de le faire quelques instants auparavant ? Par contre, il vit nettement le premier homme débarquer, marchant à pas de loup. Il ne se dirigeait pas vers le nid de couanetons mais… pile vers sa cachette. Flame serra les dents, retenant toujours son souffle par peur de se faire repérer. Merde ! Ils avaient bien compris qu’ils n’étaient pas seuls. Flame se tassa du mieux qu’il put, les mâchoires serrées à en avoir les joues rouges. L’homme, celui qui semblait avoir la quarantaine, petit mais costaud aux cheveux noirs et ras, était maintenant au niveau de sa planque. Il était là en éclaireur : le reste de la troupe était restée en arrière, avec un peu de chance, il les rejoindrait bientôt. Après un moment qui lui parut interminable, l’homme lança un dernier coup d’œil suspect avant de commencer à rebrousser chemin. Le rattata à ses pieds poussa soudain un cri d’alerte. Flouuuf ! Ce fut comme un signal. Le jeune homme aux cheveux de feu sortit comme un éclair de sa cachette, serrant fort dans son poing un gros cailloux. Il bondit sur Cheveux-ras comme un chaglam ; il avait l’avantage de la taille, mais le petit homme avait celui des biscoteaux. Avant qu’il ne puisse en user, Flame asséna son caillou contre la tempe de Cheveux-ras qui, sonné, s’effondra dans les roseaux en tentant de se rattraper à eux. Son caillou toujours en main –dire que son couteau était resté à Nemerya ! En même temps, il ne pensait pas vraiment en avoir l’usage sur les berges d’un lac-, Flame se tourna d’un bloc vers les autres. Tout cela s’était passé très vite, si bien que le reste de la bande venait tout juste de réagir. Quelques uns avaient attrapés des pokéballs -était-ce pour capturer les couanetons ou pour faire surgir leurs compagnons de combat ?-. La fille, que le rattata avait rejoint en quelques bonds, avait sorti un petit poignard et le tenait fermement dans sa main. Ah d’accord. Ca ne rigolait pas, ici. Finalement, peut-être que les cours d’art martiaux de sa jeunesse et son étude des points vitaux, imposée par son père « au cas où », allait lui servir. Flame, en fidèle sportif, avait aussi pratiqué la boxe et l’escrime, mais pas sûr que cette dernière puisse lui servir lorsque la seule arme qu’il avait en main était un caillou. Quel que soit le plan qu’avait préparé Panacée, c’était le moment ou jamais de le mettre en œuvre...₪ 2981 12289 0
Panacée ne s'était pas rendue qu'elle était...seule. Flame ne l'avait pas suivie, ce qui voulait très certainement dire que les braconniers tomberaient sur lui bien avant d'être pris dans l'attaque hypnose de Cernunnos. C'était... embêtant, pas vraiment prévu. Vu leur nombre, ce n'était pas une très bonne chose que le jeune homme y fasse face seul. Comment s'adapter avec cette évolution de la situation ?
Elle n'eut pas le temps de trop y réfléchir : un bruit provenant de derrière elle d'un objet ou d'une créature sortant de l'eau lui fit faire volte-face, les sens aux aguets. Erreur : il s'agissait de plusieurs créatures, et plus exactement : des batracnés. Ceux-là, elle les connaissait, c'était un pokemon que son oncle avait ramené d'Unys lors de son propre voyage initiatique : il pensait pouvoir utiliser ses ultrasons (et sécrétions) dans la confection de remèdes. Les résultats étaient plutôt concluants, mais elle doutait sérieusement que ceux devant elle lui voulaient du bien. Tout le contraire d'un remède, ils semblaient vouloir en découdre.
Des pokemons sauvages ? Des pokemon des braconniers ? Aucune idée, mais ils avaient l'air agressifs et beaucoup trop près du nid des couanetons. Pas question de les laisser approcher. Elle n'eut donc aucun scrupule à les repousser à coups de fourreau avant qu'ils ne commencent à envoyer leurs ultrasons. D'ailleurs, dans la famille de Panacée, il arrivait souvent qu'ils se mesurent à des pokemons sauvages : son grand-père, par exemple, se serait battu à mains nus avec un Ursaring, dans sa jeunesse.
Tout ça pour une histoire de protection du domaine mais aussi de muscles, de force, d'honneur, et toutes les autres idées un peu extraordinaires des Phytos... puisqu'ils avaient bien des pokemons qui pouvaient s'en charger, mais, non, à mains nus, c'était plus impressionnant. Là, Panacée n'avait pas vraiment le choix : les batracnées lui étaient tombés dessus sans crier gare. Les battre jusqu'à plus soif n'était pas dans ses prérogatives, elle était guérisseuse, pas bourreau de pokemons.
Là-dessus, un grand pokemon, couleur fauve, s'interposa et montra ses bois : Cernunnos avait brièvement laisser les couanetons pour lancer une attaque hypnose et endormir la horde sauvage. Par chance, cela fonctionna. Bon, l'idée était plutôt de s'en servir sur les bandits mais.... pourquoi pas. Cernunnos dégagea les trois batracnés à l'aide de ses bois et revint en compagnie de sa dresseuse vers le nid.
Les couanetons restaient les uns contre les autres, pas très rassurés par l'agitation ambiante. Panacée fut mal à l'aide pour eux car... elle allait avoir besoin de Cernunnos. De ce qu'elle voyait d'ici, les braconniers passaient aux choses sérieuse un peu plus haut.
"Cernunnos, Rebond... sur les plus éloignés."
Le pokemon ne se le fit pas dire deux fois, prit de l'élan en foulant le sol de ses sabots sur quelques mètres puis fit un bond spectaculaire tandis que sa dresseuse partait à fond de train pour tomber sur le premier homme sur son chemin qui tenait une pokeball en main. Profitant de l'effet de surprise, elle abattit férocement son sabre encore dans le fourreau sur sa nuque. Son adversaire s'étala de tout son long. Plus loin, elle avait attiré l'attention de deux autres bandits qui ne virent pas une ombre fondre sur eux, d'en haut. C'était Cernunnos qui atterrit des suites de son attaque rebond, les quatre fers sur la tête des deux colossinges version humains.
Panacée regarda où en était Flame, avec les trois à terre il ne restait que... l'autre femme et son rattata, en espérant qu'elle n'ait pas d'autres pokemons. A la réflexion, il faudrait peut-être en garder un conscient pour savoir où était les lacmécygnes. Dans l'urgence, elle avait oublié ce détails.
Prendre son envolft. panacée & adagio₪ Flame serrait fort le caillou dans sa main droite, défiant du regard deux hommes qui faisaient rouler des pokéballs entre leurs doigts, prêts à en découdre. Un éclair fauve bondit soudain dans son champ de vision et s’éleva dans les airs ; c’était le cerfrousse, qui faucha net les deux individus. Un problème en moins. Panacée avait elle aussi surgit de sa cachette et Flame la vit abattre son fourreau sur la nuque d’un homme. Mais, si elle et son pokémon se battaient… Qui surveillait les couanetons ? Un éclair de douleur retentit dans sa cheville et le ramena au problème présent : le rattata s’était jeté sur son mollet et y avait planté ses dents. Un autre problème s’annonçait car la fille au couteau s’élançait vers lui, sa lame en avant, un sourire mauvais sur le visage. Panacée et son cerfrousse étant déjà occupés, il allait devoir se débrouiller. C’est ce moment précis que choisit Adagio pour sortir de sa cachette et jaillir des roseaux, prenant la demoiselle au dépourvu : d’où venait ce caninos apparut comme par magie, qui lui coupait la route en plus ? Flame remercia mentalement son pokémon et se concentra sur le rattata. Le plus dur était de le déloger sans s’arracher un morceau de chair, car ces bestioles étaient pires que tenaces ! Le jeune homme grimaça de douleur et leva haut sa pierre en grommelant, avant de la projeter le plus violemment possible sur la tête du pokémon au poil mauve. Ce dernier tomba net sous le choc, desserrant sa prise. Bon, eh bien, une pierre pouvait aussi être une arme sympathique. Lorsqu’il releva la tête, le brun constata que le bas du pantalon de la fille avait entièrement brûlé et que ses chaussures n’étaient plus que cendres. Adagio la harcelait de ses flammes, l’empêchant de passer et d’accéder au coin ou se trouvaient Flame et les couanetons. La braconnière avait beau gesticuler, le caninos était en perpétuel mouvement autour d’elle et elle ne parvenait pas à l’atteindre de son couteau. Furieuse, elle finit par lui lancer dessus ; la lame frôla l’oreille du caninos, lui arrachant un gémissement, avant d’aller se ficher dans le sol un peu plus loin. La menace principale –le couteau- ainsi écartée, le brun ramassa sa pierre sans détacher son regard de celui de la fille et la leva d’un geste menaçant. Il tourna la tête vers Panacée, qui en avait apparemment fini avec son adversaire, mais la jeune femme à lunettes ne semblait pas vouloir user de son fourreau sur la fille. Flame haussa un sourcil, interrogeant sa comparse du regard. Et maintenant ? Même s’ils étaient à terre pour le moment, il y avait quatre hommes qui pouvaient se relever à tout instant. Le citadin jeta un bref regard au petit costaud qu’il avait assommé de sa pierre, allongé dans les roseaux à quelques mètres de lui. Encore dans les vapes, au moins celui-ci n’était pas prêt de se relever.
La fille, en revanche, était toujours une menace. Elle jetait des coups d’œil de tous côtés, la bouche crispée et les bras repliés contre elle comme une boxeuse, mais le fourreau de Panacée la dissuadait de s’attaquer à cette dernière ou à Flame et Adagio, crocs à découvert, s’était mis en travers du chemin qu’elle avait pris en arrivant.
- Je te déconseille de tenter quoi que ce soit, ma grande, fit tranquillement Flame en faisant passer sa pierre d’une main à une autre. Et sinon, une disparition de lakmécygnes, ça te dit quelque chose ? Oh, ne sois pas si timide. Ce serait dommage de perdre le reste de ton pantalon.
Le caninos, une lueur de malice dans le regard, fit jaillir quelques flammèches de sa gueule en faisant mine de s’approcher de la brigande. Face à des brutes, riposte de brute. ₪ 2981 12289 0
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