Un peu plus chaud, un peu plus froid. Cela n’avait pas vraiment d’importance. J’avais besoin de me défouler, de libérer cette rage et cette haine trop longtemps retenues. En ce moment, je ne sais pas pourquoi, mais tout m’énerve. Absolument tout. Pourtant, pendant un moment tout s’était amélioré : je ne dormais plus à la rue ni dans des taudis, j’avais de vrais salaires pour de vrais postes de serveuse, je rencontrais de moins en moins de malfrat. Et c’était peut-être ça le problème. J’avais de moins en moins de raison de me battre. Et je me rends compte que j’ne ai besoin, que j’avais besoin d’exulté par la violence. Et cela me met encore plus en rogne, comme si ma quête de justice et de paix n’était qu’on prétexte pour frapper des gens plus faibles. Ou en jusqu’à présent qui ne présentaient aucune difficulté au combat. Peut-être aussi que j’en ai marre des victoires faciles car je ne rencontre que des succès lorsque je me bats.

Car en ce qui concerne mon apprentissage. La lecture patine, et bien que l’écriture s’améliore bien vite, je me retrouve limiter par mon incompétence à lire et mon manque de vocabulaire écrit. J’ai bien réussi jusqu’à présent à le cacher et à faire semblant d’avoir des connaissances, surtout grâce à des documentaires vu rapidement du coin de l’œil quand le restaurant où je travaillais passer ce genre d’émission, mais c’était tout. Et je ne trouve personne pour m’aider. Je devrai demander à Leonard mais j’ai peur de sa réaction. Je ne le vois pas se moquer de moi, au contraire, je crains qu’il ne se mettre encore plus gentil ou pire, qu’il montre de la pitié.

Cette situation me semble inextricable et vraiment compliquée. Je n’aime pas ce que je ne comprends pas et ce qui est compliqué. Alors j’ai pris un jour de congé pour partir trois jours. Je ne sais pas pourquoi, certainement pour ne pas exploser la tête d’un client dans son assiette quand il me posera une question stupide dans le style de : « vos frites maison, elles sont faites avec de vraies pommes de terre ? » Plus que mon ignorance, la bêtise des autres m’exaspère.

Mon sac sur le dos, Vulca marchant à ma droite, Oster à ma gauche, je marche d’un bon pas. Sur ma ceinture, les balls contenant Testa et Incubus se balance au rythme de mes pas. Je cherche quelque chose à faire quelque chose pour me détendre. Le bruit d’une rivière attire mon ouïe. Cela fait bien longtemps que j’ai quitté le chemin pour tracer ma propre route et mes connaissances de la région sont encore assez flou, je ne sais donc pas vraiment où je suis.

Je me dirige vers l’eau. Le cours d’eau est assez grand et plutôt calme. L’eau claire me permet de voir qu’il est assez profond en son centre. L’idée folle me vient de me baigner, pourtant cela me fait frissonner. Je n’ai pas peur de l’eau, mais je ne sais pas nager, car je n’ai jamais vraiment eu l’occasion d’apprendre, ni même l’envie. Pourtant voir l’eau couler doucement, si douce si fraîche. Un rapide regard alentours et je pose mon sac contre un arbre, libère Teste et Incubus, qui après avoir éclaté de rire disparait dans les bois, puis commence à me déshabiller. Ma Crustabri va se placer tranquillement dans l’eau et ma Goupix la suit pour boire un peu. Mon Nidoran pour sa part préfère s’installer à l’ombre. Malgré son courage, il n’a pas encore la force et l’endurance de Vulca, mais ça viendra.

Sur le bord de l’eau, en sous-vêtement, je regarde le liquide, hésitant à y tremper le pied. Je la regarde avec circonspection, droite et raide, mais cheveux mi longs chatouillant ma nuque et ma barrette les empêchant de me tomber devant les yeux.

Je me décide enfin à faire un pas dans l’eau. Le froid me surprend et je retire vivement mon pied. Je respire encore un bon coup et repart en avant. Je lance mon pied plus longtemps malgré la fraicheur. Finalement ce n’est pas si désagréable au contraire. J’apprécie la senation du courant sur ma peau et me décide à m’avancer. J’ai rapidement de l’eau jusqu’au genou. C’est toujours aussi froid mais avec la chaleur extérieure, c’est bienvenu. Je me demande si j’arrive à nager ou même à flotter dans si peu de fond. Est-ce que ce cours d’eau est assez grand pour que je me noie.

Pas longtemps, car je sens quelque chose me saisir la cheville et tirer brutalement. La surprise et le sol peu stable me font tomber à la renverse. Je me cogne violement la tête me sonnant légèrement. Avant que je ne puisse me remettre, je sens que je me fais tirer vers le centre de cours d’eau.

Ma tête est sous l’eau et la panique me fait lâcher l’air que je dans les poumons, me faisant suffoquer. Je me débats vainement, sans réfléchir, essayant de respirer, prise de panique, ne provocant que plus de perte d’air et de perte de réflexion. Je ne sais pas ce qu’il m’arrive.

Une explosion à mes côtés, puis de l’air. La surface, le sol dur, un peu d’eau sur mes jambes et mon bassin. Je n’ai que la partie supérieure de l’eau et je suis allongée sur le ventre. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je me retourne pour voir le dos de Testa. Ma Crustabri a le bas de sa coquille dans l’eau et affronte ce qui ressemble à deux gros cailloux avec des mains et des yeux sur les mains ? C’est trop bizarre et ne ressemble pas à des Racailloux. Je ne connais pas ce Pokémon mais il a failli me tuer.

Je passe la main derrière la tête et la retire. Elle n’est pas que mouillée, mais aussi poissuese. Un regard m’informe qu’elle est rouge de main sang. Je grimace d’un léger mal de crâne, mais ramène mon attention sur le combat.

Testa écrase ses adversaires de sa taille et probablement de sa puissance. Ils se trouve sous l’eau, mais la couche n’est pas suffisante pour les protéger des attaques Picanon de ma protectrice. Une attaque les fait voler tous les deux hors de l’eau. Je me rends compte alors que je ne suis plus du même côté de la rivière car j’aperçois mon sac et Vulca en face. Les Pokémons mains-cailloux atterrissent près de mon amie d’enfance. Cette dernière est très en colère et n’attend pas une seconde pour les attaquer, vite rejoint par Testa. Le combat est vite plié.

Ma Crustabri revient me chercher et je m’accroche à elle pour traverser. Je n’ai plus envie de faire de la natation. Sur l’autre côté de la rivière, le sol est jonché de pierre est des deux Pokémons KO. Avec dégout, je les rejette dans la rivière et me penche sur mon sac pour essayer d’arrêter le saignement et observe les débris du combat.