Ekaterina profitait d'une journée plus ou moins de repos, disons qu'elle se sentait particulièrement fatiguée aujourd'hui. En son sein, les deux garnements semblaient plutôt agités et cela faisait qu'elle n'était guère partante pour naviguer ci et là. Mains sur les hanches, vêtue d'une robe simple, la future mère se dirigeait vers la cuisine où Cheschire et Ténéfix semblaient préparer des friandises pour Pokémon. Une bonne odeur s'en dégageait et quelques Spectres curieux observaient la scène, l'air de se régaler d'avance pour ceux capables de manger. Ekaterina, elle, observa la scène avec un petit air amusé avant de s'éloigner de là afin d'aller s'asseoir sur le canapé du salon, prenant tranquillement place. Elle détestait profondément rester assise ainsi mais.... parfois, le choix n'était pas possible.
« Ptiiii ! Ptiraviiii ! »
La petite boule rose s'approcha et grimpa de son mieux sur le canapé, le sourire immense, s'approchant de sa dresseuse pour lui faire un adorable câlin. Ceci fait, elle posa tendrement une patte sur le ventre énorme de la jeune femme et leva son regard brun vers elle, l'air toute heureuse. Ekaterina lui sourit doucement et tapota gentiment sa tête ; Ptiravi était adorable. A vrai dire, c'était un petit rayon de soleil au sein des lieux. Toujours de bonne humeur, à motiver le morale des troupes, à vouloir aider et à rire, profiter de la vie simplement, roulant ci et là. Rien de mauvais ne semblait pouvoir l'atteindre, c'était formidable et donnait du baume au cœur d'Ekaterina. Cette-dernière commençait d'ailleurs à taquiner Ptiravi quand on toqua à la porte.
« J'y vais Cheschire, ne bouge pas ! »
Fit-elle savoir en se redressant, Ptiravi dans les bras. Elle marcha jusqu'aux lourdes portes du manoir et ouvrit l'une d'elle. Son regard doré se posa sur la personne présente sur son seuil et instantanément, se figea. Jun. Jun ? Attendez.... Jun ?! N'était-elle pas censée être morte ? Ekaterina l'observa quelques secondes sans rien dire, sincèrement incompréhensive. Ptiravi s'agita un peu dans ses bras, intriguée par le silence. Elle leva ses deux pattes vers la jeune fille blonde et poussa un cri joyeux en guise de salut. Cela fit revenir Ekaterina sur terre.
« Jun. ... Bonjour. Andrej m'avait dit que tu étais en vie, je me doutais bien que je finirais par te voir ici un jour ou l'autre. C'est tout de même bon de te savoir en vie. »
Souffla finalement Ekaterina. Sa relation avec Jun avait souvent été tumultueuse, de leur première rencontre neutre avait débouché une entente cordiale pour finir par de la haine du côté de Jun suite aux événements à Windoria. A vrai dire, Ekaterina ne pouvait pas lui en vouloir. Dans tous les cas Ekaterina ne ressentait rien de mauvais envers Jun, elle était l'un des piliers de Lumiris et la savoir là, en chair et en os, c'était une très bonne chose.
Soyons honnêtes, Jun aurait préféré que ce soit Andrej qui lui ouvre la porte. Question de préférence. Autant dire qu’elle cachait un peu mal sa contrariété en voyant que c’était Ekaterina qui lui ouvrit la porte. Cependant, elle haussa un sourcil en la voyant surprise. Quoi. Andrej ne lui avait pas dit ? Peut-être qu’il ne l’avait pas cru. Peut-être qu’elle aurait préféré qu’elle reste six pied sous terre. Va savoir ce qui se passe dans la tête de cette psychopathe avec un Ptiravi dans ses bras. Il est mignon d’ailleurs, contrairement à sa propriétaire. Le narrateur signale que l’avis n’est pas du tout objectif.
Si j’étais venue pour tes beaux yeux et de fausses félicitations, crois-moi que tu serais la première au courant.
Et paf, ça rentre dans le lard, Jun n’avait jamais réellement fait dans la dentelle et on parlait d’Ekaterina. Cette femme lui rappelait l’accident de Windoria et surtout, le fait que Nathanaël était décédé durant l’attaque de la Team Mistral. Et elle, c’était confirmée, contrairement au cas de l’ancienne championne de type Acier.
Par respect pour Andrej et parce qu’il paraît que de jeunes enfants écoutent - je te félicite au passage - je vais me contenter d’aller voir Volonté.
Traduction : je n’ai pas du tout envie de me taper la discute avec toi. Traduction bis : je suis gentille, je me retiens alors que j’ai tellement de haine à te cracher dessus que le manoir en serait recouvert du sol au plafond.
Laisse-moi rentrer et fais comme ci je n’étais pas là. J’en ferais de même. De toute façon, je ne reste pas longtemps. C’est juste pour la voir et avoir de ses nouvelles.
Ekaterina soupira mentalement mais ne pipa mot au début, observant simplement Jun. Ptiravi eut un petit regard étrange pour sa dresseuse, incompréhensive ; pourquoi l'ambiance était soudainement si tendue ? Ekaterina lui offrit un petit sourire rassurant avant de reporter son attention sur la blonde. Elle l'écouta parler, légèrement irritée ; elle avait beau s'en vouloir énormément et porter le poids de sa culpabilité vis-à-vis de Nathanaël chaque jour, elle n'aimait guère le ton et l'attitude de Jun. Ekaterina avait aussi sa fierté et son ego, ainsi, se retenir de répondre amèrement fut peu aisée. Non, il ne fallait pas s'énerver, cela n'arrangerait rien.
« Si Volonté était ici, elle serait déjà avec toi. Je ne compte pas t'empêcher de la reprendre à tes côtés. Le problème est qu'elle n'est pas là pour le moment. Elle a prit l'habitude de partir s'entraîner régulièrement loin d'ici, seule. »
Expliqua tranquillement Ekaterina sans prendre en compte le reste des mots de Jun, elle n'avait pas envie de s'attarder dessus, ce serait ridicule. La championne des lieux n'avait aucune envie de se prendre la tête avec la blonde.
« Même si tu ne croiras certainement pas ce qui sort de ma bouche, sache qu'elle se porte plutôt bien. Elle a tout ce qu'il faut ici pour aller bien physiquement, être nourrie et j'en passe. Elle n'est jamais dans sa Pokéball, il me semblait me souvenir qu'elle n'aimait pas ça et se trouvait sans cesse à tes côtés. Enfin, elle a pu prendre du repos après les événements, il ne lui manquait que toi. » Reprit Ekaterina.
… Comment ça Volonté n’était pas là ? Mais elle était carrément venue pour rien ! Jun serre les dents et grommelle. En même temps, elle aurait dû s’en douté. Volonté n’était pas du genre à rester au même endroit et déjà, quand elle était avec Jun, elle faisait souvent ce genre de sortie pour un entraînement intensif. C’était une preuve indirect qu’elle allait plutôt bien.
Jun laisse donc Ekaterina expliquer le quotidien de sa Grahyèna chromatique. Nourrit. Logé, elle était libre de ses mouvements et semblait plutôt épanouie. De toute façon, si le lieu ne lui avait pas plus ou si elle était restée enfermé dans sa pokéball, la starter aurait trouvé mille et un moyen de s’enfuir et de ne jamais revenir. La seule chose qui lui manquait, c’était elle. Les mots d’Ekaterina lui firent mal, comme un coup de poing dans le ventre. Elle avait beau la haïr, elle savait que c’était vrai. Et c’était encore plus douloureux.
... Volonté.
Une larme discrète coule le long de la joue de la jeune fille. Volonté, ce n’était pas qu’une Grahyèna. Ce n’était pas juste un pokémon. C’était littéralement sa meilleure amie avec qui elle avait tout fait à Lumiris. La valeur sentimentale de ce pokémon pour Jun n’avait pas de prix.
Je… Je repasserais alors.
La blonde fait volte -face et s’éloigne de la part, juste de quelques pas puis s’arrête. Elle avait une dernière petite chose à dire.
Je ne le cache pas, je ne te porte pas vraiment dans mon coeur.
Mais je dois admettre que je te suis reconnaissante de t’être occupée d’elle alors que j’étais portée disparue.
Même si j’ai encore du mal à comprendre tes motivations.
Ekaterina aperçut la larme, aussi discrète soit-elle et un pincement au cœur l'ébranla. La relation entre Jun et Volonté était assez incroyable, Ekaterina avait rarement vu un dresseur et son Pokémon aussi proches, se comprendre, s'aimer autant ; elle avait vite comprit que l'une sans l'autre était une déchirure éprouvante. Elle l'avait vu en Volonté et le voyait maintenant en Jun. La scientifique espérait de tout cœur qu'elles se retrouveraient vite.
« Bien, les portes te sont ouvertes. »
Signifia Ekaterina en observant la blonde faire volte-face pour commencer à s'éloigner. Elle s'arrêta cependant, laissant échapper encore quelques paroles qui firent relever la tête d'Ekaterina qui l'avait baissé vers Ptiravi. Ses motivations ? Ekaterina eut un regard un peu vide l'espace de quelques secondes mais un fin sourire triste ornait ses lèvres. L’œil perdu vers l'herbe s'agitant doucement sous la brise, elle soupira doucement.
« Je ne sais pas, sûrement une tentative de me racheter d'une quelconque manière. Ils ne savaient pas quoi faire de Volonté et même si elle me détestait, je... Eh bien, je l'ai prise. »
Tout comme elle prenait soin au mieux de la pension de Nathanaël en compagnie de Lionel, tout comme elle avait récupéré son Gallame, elle avait tenté d'en faire de même pour Jun. Au fond, c'était beaucoup à cause de sa culpabilité qu'elle avait prit Volonté sous son aile, à ces instants, Ekaterina s'était particulièrement détestée. Encore plus que lorsqu'elle s'était détestée vis-à-vis de l'aveuglement de Nathanaël. De toute manière c'était évident non ? Sans cet accident, Nath serait sûrement encore en vie donc par définitif, tout était de sa faute n'est-ce pas ? Ekaterina s'était souvenue de la haine, la rage et la fureur de Jun à cet époque. C'était aussi tout ça qui l'avait poussé à prendre Volonté mais la championne Specte n'avait pas envie de s'étendre dessus. Sûrement que cela n'intéresserait pas la blonde et raviver ces souvenirs ne servirait pas.
« Prends soin de toi en attendant, je dirais à Andrej de t'appeler quand Volonté sera là. »
Se racheter ? Est-ce que cela sous-entendait qu’elle s’en voulait d’une quelconque manière à propos de Nathanaël ? Jun n’en avait jamais eu l’impression, mais peut-être que ses émotions sur le moment de l’accident l’avaient trompée. Ou peut-être, comme Kei et Andrej n’arrêtaient pas de lui dire depuis son retour, la scientifique avait réellement changée ?
Tu es bien courageuse. Elle aurait pu faire de ta vie un enfer, à cause de mon animosité pour toi. Mais c’est fort possible qu’elle s’en voulait plus à elle-même qu’elle n’était en colère contre toi. Je la connais. Elle n’aime pas les échecs et encore moins quand ça me concerne. Enfin, tu étais là et moi ce n’était pas le cas. Et pour ça, je t’en suis redevable.
Jun pousse un soupir. Elle lui devait bien quelques explications concernant son starter. Même si cela lui faisait un petit pansement au coeur d’imaginer la Grahyèna hurler à la lune et chercher jusque dans les profondeurs de la terre pour la retrouver. A son réveil, ses pensées s’étaient tournées vers ce pokémon en particulier, ne cessant de demander aux médecins où elle se trouvait. Cependant, ce lien si particulier avait dû rassurer Volonté. Son instinct lui avait sans doute dit qu’elle serait toujours envie. C’est pour ça qu’elle veut rester au sommet de sa forme.
Merci. Prends soin de toi aussi. Enfin, prenez soin de vous, dans ton cas.
Sur ces belles paroles, Jun se dirigea vers son moyen de locomotion. Elle ne repartait pas avec sa Grahyèna, mais elle était un peu apaisée et beaucoup moins en colère. Et mine de rien, ça faisait du bien au coeur et à l’esprit.
Ekaterina l'écouta parler de Volonté, silencieuse. Au départ, la hyène dorée avait été compliquée, très compliquée. Elle avait mené la vie dure à Ekaterina durant plusieurs longues semaines avant de petit à petit être moins turbulente au fur et à mesure que la championne lui laissait de la liberté. Elles avaient prit le temps de s'apprivoiser un minimum et maintenant, Volonté faisait ce qu'elle voulait, revenant parfois manger, boire, se reposer avant de repartir. Ekaterina secoua la tête ; non, Jun ne lui était pas redevable. Aucune même, à ses yeux mais elle n'en pipa mot.
« Merci, Jun. »
Fit-elle simplement en posant l'une de ses mains sur la porte à ses côtés, observant la jeune demoiselle s'éloigner. Ekaterina la regarda quelques secondes sans la voir, pensive. Ptiravi la sortit de ses pensées en tirant un peu sur l'une de ses mèches et Ekaterina lui offrit un petit sourire.
« Oui, oui, on retourne dedans ma petite. »
La future mère se détourna de l'extérieur et ferma les portes derrière elle, s'éloignant vers la cuisine d'où une délicieuse odeur sortait.
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