We have a greed ▬ With which we have agreed …
En retrait de la route victoire se situe le dernier gite avant la fin du monde.
De gite, il n’en a que le nom. Composé d’un agglomérat de bambous vieillis par le temps, le rez de chaussé ne comporte qu’une seule pièce. Le premier étage jonche depuis longtemps le sol de la cour et recouvre les anciennes statues vénérées. Cela fait bien longtemps qu’aucun voyageur ne s’est plus arrêté en son sein. Et pourtant, de jour comme de nuit, un homme y prie. Seul mais non point malheureux. A l’image du lieu, les ravages du temps ont marqués sont corps, incrustant au plus profond de sa chair une sagesse à jamais inaccessible aux plus jeunes. Un jour, une nuit. Le temps ne compte plus lorsqu’on ne fait plus partie de la société. Ne reste que la grandeur de la nature et le respect des traditions oubliées.
A la vue de ce lieu, le regard de ma belle s’était figé. Elle qui devait étudier les temples en amont quitta son chemin pour se diriger vers ce lieu oublié.
Loin des chemins touristiques, éloignés des méandres des cités, cela faisait plus de 4 jours que nous marchions sans relâche vers notre objectif : les marches de la route Victoire. L’archéologue souhaitait observer ce lieu de pèlerinage empli de mystère. De tous temps, des moines venaient se recueillir en ce lieu, attirés comme le papillon par la lumière. Certains venaient et repartaient, d’autres restaient à jamais, éphémères habitants des temples et éternels énergies de la route. Oui, je crois bien que c’est un cycle. Que ceux restés emplissent le lieu d’une force traversant le temps, toujours plus brillante, toujours plus attractives pour les pauvres papillons que nous sommes.
4 jours de marche donc. Mon corps, lourd sac de chair, peinait à suivre le pas léger de ma compagne. Entendez moi bien, sans équivoque, j’écris ici compagne en temps que compagnon. Malheureusement, elle ne semblait pas avoir remarqué ma présence – tout du moins – adoratrice. Par deux fois, j’ai tenté de lui faire part de mes craintes sur la route Victoire. Ce lieu m’emplissait de peur devant tant de légendes. Elle balayait cependant mes craintes d’un revers de la main, seuls les temples l’intéressaient, point au-delà – pour l’instant. Quel gentilhomme étais-je pour m’opposer à elle ? Personne. Etais-je capable de la protéger en ces lieux ? Mon journal, permet moi de garder un semblant de fierté, ne me pose plus de question.
Oui, le gite. Malgré son objectif à portée de main, la voilà qui se détournait de la route pour se diriger vers cette masure. Chacun de ses pas semblait la faire grandir, la faire rayonner de l’intérieur. Elle était resplendissante et j’étais moins que son ombre. Pour la première fois de la journée, le velours de ses lèvres s’entrouvrit :
« En te regardant, le vent sur ma peau fait se lever des montagnes,
Voit l’énergie, la passion, mes frissons. »
Voit l’énergie, la passion, mes frissons. »
L’homme finit sa prière et dit :
« Maharian. »
▬ “I know I was born and I know that I'll die... The in between is mine. I Am Mine.” Eddie Vedder |