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Les Liens du Sang // Solo
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Depuis quand n'avait-elle pas convenablement dormit ? Ekaterina se sentait faible, passant ses mains dégoulinantes d'eau sur son faciès, devant le miroir des toilettes du Centre Pokémon de Feranium. Des cernes. Elles étaient atroces. Sa peau semblait encore plus blanche qu'habituellement et son corps ne tenait plus, elle devait prendre du repos mais le sommeil ne lui venait pas. Des images, par contre, s'emparaient de son esprit, parfois, souvent. Trop souvent. Des voix qu'elle avait l'impression de connaître, des visages familiers, des sourires carnassiers, une voix plus douce. C'était brouillé, dérangeant et incompréhensible.
Ses fins doigts s'attardèrent sous ses yeux, tirant un peu la peau, scrutant ce blanc strié de rouge. Un long soupire passa la barrière de ses lèvres et alors, Ekaterina se laissa un peu tomber. Ses genoux fléchirent, elle s'accouda sur le bord du long lavabo et laissa sa tête aller en avant, les yeux clos. Lorsqu'un bruit de porte chatouilla son oreille, elle détourna férocement son regard dans la direction, toisant une jeune femme.

« Dégagez d'ici. » Grogna la chercheuse en conservant ses prunelles prédatrices sur la jeune femme, cette dernière avait marqué un temps d'arrêt, observant la scientifique. Elle se redressa alors, le regard mauvais et l'air profondément irrité.

« Je ne vais pas me répéter. » Souffla la Violette d'une voix menaçante. Suffisamment pour que l'autre recule légèrement, s'excusant dans quelques bredouillements qui firent soupirer Ekaterina. Elle se plaqua une main sur le front et la laissa glisser le long de son fin visage. Elle n'en pouvait plus. Emmerich, Lisbeth, son père. Trop. Cela lui remplissait la tête et elle ne savait pas quoi faire de tout cela. Certes Emmerich et Lisbeth étaient de bonnes personnes mais ce n'était certainement plus pour elle tout cela. Elle devait tâcher de ne plus les revoir. Certes, elle avait été étrangement bien. Heureuse et soulagée lorsqu'Emmerich lui avait assuré qu'il serait toujours là. Mais ces états d'âmes et ces bons sentiments, elle n'en désirait plus. Pas pour l'instant, en tout cas.

« Tss. » Laissa échapper la chercheuse. En dehors de tout cela, elle avait fait une belle connerie. Avant-hier, tremblante, elle avait appelé son géniteur. Elle avait à peine murmure un "Allo" que lorsque la voix de Lysandre avait été audible à l'autre bout du fil, elle avait relâché son portable, hébétée. Puis elle avait laissé l'homme raccrocher, silencieuse et interdite durant quelques minutes. Puis, renoncer. Ne pas le rappeler. Oublier, oublier Emmerich, Lisbeth, Aleksander et toute cette sombre histoire. Elle avait d'autres choses à faire, plus importantes. Elle devait absolument se concentrer dessus et faire fi du reste pour quelques temps, c'était la meilleure chose à faire.

Se tapant doucement ses joues creusées du bout de ses fins doigts, Ekaterina secoua sa tête et finit par se diriger vers la porte de sortie des toilettes. Elle poussa la porte en grommelant entre ses dents, suivie par son Spectre silencieux. La jeune femme percuta alors quelqu'un, un homme de grande taille et à la carrure relativement imposante. La chercheuse tourna légèrement sa tête de côté, le fusillant brièvement du regard avant de s'apprêter à poursuivre son chemin.

Les Liens du Sang  // Solo 279323
« 'Rina... ? RINA ! » Pas besoin d'être un génie pour comprendre. Cependant, restant de marbre, la scientifique opta pour continuer sa marche, le cœur battant la chamade malgré elle. Skelenox s'arrête, scrutant l'homme qui, à moitié détourné, fixe la chercheuse d'un air surprit, immobile. Finalement, il s'élance, l'empoigne par l'épaule et use à peine de beaucoup de force pour forcer la jeune femme à se détourner au beau milieu du Centre Pokémon. Ils s'observèrent quelques secondes, lui l'air surprit mais le regard doux, elle, simplement... elle. Soudainement, il étendit ses larges bras pour serrer la jeune femme contre lui, passant une main derrière sa tête. « Ma Rina...  » Ekaterina fronça ses sourcils, serrant les dents. Elle sentait sur lui une odeur familière, une odeur qu'elle avait probablement aimé. Tout comme elle avait dû aimer être dans les bras de son père. Mais ce n'était plus le cas et donc, elle le repoussa sans ménagement, ignorant le faciès blessé de Lysandre.

Elle en profita ainsi pour le scruter, le détailler. Elle ne l'avait pas imaginé ainsi, du moins, si elle avait vraiment tenté de le faire. Il était grand, avait une bonne carrure et de longs cheveux d'un espèce de rouge/violet. Quelques rides, évidemment mais surtout une intense fatigue se lisait sur son visage, au fond de ses prunelles semblables aux siennes. « Que... Que se passe t-il ? » Fit-il d'une voix sincèrement inquiète, observant la chair de sa chair le toiser d'un air méfiant.

La chercheuse baissa alors les armes et d'un léger mouvement de menton, démontra la sortie du lieu. Sous l'incompréhension complète de Lysandre devant ce mutisme, ils quittèrent le lieu et enfin, alors qu'ils marchaient en tout quiétude sur le trottoir, Ekaterina lui expliqua. Mains dans les poches, regard fixé droit devant elle, voix détachée, elle parla calmement de la situation à son père dont les expressions faciales passèrent par tout un superbe panel de sentiments. Alors, ses bras tombèrent le long de son corps et il s'arrêta, demandant à s'asseoir, il avait besoin de reprendre ses esprits. Silencieuse, sa fille avait accepté sans piper mot. Quelques minutes étaient passées, bercées par le bruit des pas des passants, des voitures et le tapotement régulier de l'index droit d'Ekaterina sur son bras gauche.

« Laisse moi te montrer quelque chose. » Souffla Lysandre dans un sourire faible.

**

Ekaterina marqua un temps d'arrêt devant la maison qui s'étendait sous ses yeux. C'était une petite maison simple d'apparence, dans un quartier tranquille et Lysandre lui indiqua même que la maison d'Emmerich était non loin de là. A quelques mètres.

« Tu y étais souvent pour t'amuser avec Lis, c'était pratique cette proximité. » Fit l'homme dans un sourire doux alors qu'il ouvrait la porte, allumant la lumière sans même regard l'interrupteur. Il n'habitait plus ici depuis des années pourtant, il se souvenait de tout et aurait pu se repérer ici les yeux fermés. La scientifique, elle, avait tourné son regard vers la maison d'Emmerich de l'autre côté de la rue, la scrutant un instant, pensive. Non, rien. Elle ne lui disait rien. Dans un soupire Ekaterina se détourna afin d'entrer dans l'habitation.

Un salon de taille moyenne s'étendit sous ses yeux, les meubles, la télé, tout y était. Quelques tableaux, un tapis, la cuisine ouverte. Le lieu paraissait habité et la seule chose qui trahissait le vide qui y régnait depuis un an, c'était la poussière présente ci et là. Ekaterina déglutit doucement avant d'avancer vers un meuble, scrutant les photos qui s'y trouvaient. Entre ses doigts, la jeune femme prit un cadre et l'observa. Une femme souriante y était présente, son beau visage encadré par une tignasse ébène qui s'alliait avec ses prunelles verdoyantes. Son père vint derrière elle, posant son regard teinté de doré sur sa fille qui semblait perdue en observant ce portrait.

« Tu ne la reconnais pas ? »

Ah, elle savait qui c'était, c'était sa mère. Mais elle l'avait simplement deviné car elle ne parvenait pas à se rappeler de cet éclat de joie dans son regard, de son sourire qui semblait si chaleureux et cette joie de vivre qui, elle s'en doutait, avait du se dégager d'elle. Ekaterina reposa en tremblant le cadre sur le bureau, remontant le pan de son manteau afin de cacher son rictus grimaçant.

« C'était avant qu'elle ne soit vraiment malade. »

Ekaterina hocha la tête, les sourcils froncés. Elle avait apprit que sa mère avait périt lentement d'une éprouvante maladie bien peu connue. Les médicaments avaient été vain et au printemps de ses 14 ans, elle avait vu sa mère laisser échapper son ultime souffle. Bien qu'elle ne s'en rappelait plus. Qu'elle ne ressentait plus rien face à cela et que jusqu'à aujourd'hui, elle avait oublié le visage de sa propre mère. Ekaterina soupira doucement et parcourut du regard les autres photos, se voyant jeune, l'air foutrement heureuse, un immense sourire, si grand qu'elle en fermait les yeux. Il y avait aussi un immense cadre où elle était en compagnie de Lisbeth, une photo prise par, visiblement, un photographe professionnel. Deux gamines heureuses.

« Tu veux voir ta chambre ? » La chercheuse haussa les épaules mais suivit son père, Skelenox, lui, appréciait redécouvrir les lieux. Il les connaissait depuis fort longtemps, il avait vu Ekaterina travailler ici, y vivre avec Aleksander, accueillir Lisbeth et tant d'autres choses. Au final, c'était également sa maison.

Ekaterina pénétra alors au sein de son antre, sa chambre. Un bureau organisé, un lit double, quelques photos ci et là, une large bibliothèque qui prenait pratiquement toute la place et des couleurs claires. Sobre, tranquille, un petit lieu de confort, un cocon. Ekaterina hocha simplement la tête, reculant finalement pour quitter le lieu et retourner au sein du salon, le pas emboîté par celui de son père.

« Et donc ? Qu'allons-nous faire à présent ? »

Lysandre resta pantois un instant, fixant sa fille qui avait tant changé. Mais voilà qu'une bonne question était posée, qu'allaient-ils faire de tout cela ? Non, c'était évident. Dans un sourire doux, il lui répondit.

« Nous allons tout faire pour que ta mémoire revienne, c'est simple ! » Fit-il d'une voix trop enjouée, trop enthousiaste. Ekaterina détourna son regard d'un air quelque peu agacé.

« J'y travaille déjà. Si tu veux être utile, tu ferais bien de te rendre à Sinnoh, à Frimapic pour voir si tu peux y trouver des informations sur Aleksander. » Fit-elle d'une voix froid, le regard posé sur son père qui déglutit difficilement. Il ne savait que dire, comment réagir face à ce mur face à lui. Il fallait dire qu'Ekaterina n'avait jamais été ainsi. La jeune femme avait toujours été un être doux, posé et souriant.

« Je... Peux faire ça, j'imagine, oui, si cela peut t'aider. Nous aider. » Tenta t-il en baissant les yeux, se frottant la nuque d'un air quelque peu gêné. Ekaterina soupira alors, se pinçant l'arête du nez entre deux doigts.

« Tu as mon numéro, tu peux m'appeler si tu obtiens des informations.  »
« Hm 'Rina, tu sais, tu peux rester ici si tu le veux. Je t'avais laissé la maison à mon départ pour Kanto. »

Fit Lysandre dans un doux sourire. Ekaterina, elle, leva les yeux et balaya les lieux du regard, pensive un instant.

« Je ne sais pas, je voyage beaucoup, je m'arrête dans les Centres Pokémon et les hôtels. Puis le labo où je travaille se trouve à Voltapolis. » En somme, Feranium était loin. Lysandre comprit et hocha la tête sans perdre son sourire, voyant que sa fille était sur le point de partir. Oh, il aurait tant aimé la serrer dans ses bras mais il ne désirait pas la forcer, cela n'arrangerait pas les choses.

« Bon courage de ton côté, j'y vais. » Fit simplement la chercheuse déjà dos à son père, passant le pas de la porte et levant sa main droite en guise de salut.

« Fais attention à toi, Rina. Je t'aime fort ma chérie. » Soupira Lysandre d'une voix faible. Avait-il été audible ? Certainement pas, elle était déjà en train d'avancer dans la rue. Quelle froideur. Il en avait le sang glacé. Mais cela motivait l'archéologue plus que jamais ; il comptait bien trouver, remuer ciel, terre et mer. Il trouverait ce qu'il fallait, recollerait les morceaux et alors, il pourrait enfin retrouver sa fille.
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