Nous étions en début d'après-midi. Je venais de récupérer ce Pokémon, dont un parfait inconnu venait de jeter la Pokéball au sol avant de s'en aller en courant. Il était clair que cette personne venait d'abandonner son Pokémon et avait fui avant de se faire voir et juger par quelqu'un qui passerait par là. Je devais dire que tout ceci m'arrangeait. Après tout, pour devenir un grand dresseur il fallait des Pokémon, et quoi de mieux qu'un Pokémon offert sur un plateau d'argent. Je me rapprochai donc de la Ball et la ramassai puis la jetai pour en faire sortir le Pokémon qui y était enfermé. La créature, d'une couleur jaune crème, d'ailleurs légèrement différente des Abras normaux, avait la tête d'un félin et était protégée par un plastron marron. De plus, elle avait une particularité, puisque sur son front il y avait une cicatrice en forme de trait oblique. A vue d'oeil, le trait devait faire environ 5 centimètres de longueur et un demi-centimètre de largeur. Ce Pokémon était de toute évidence maltraité par son ancien dresseur. Je me mis en position accroupie pour que ma tête soit à la hauteur de la sienne.

"Tu es un Abra, toi. Enchanté, je m'appelle James."

Je connaissais cette espèce de Pokémon, puisqu'elle avait été découverte en premier dans ma région natale. Elle n'était pas très puissante, à vrai dire elle n'avait même aucune attaque offensive. En effet, les Abras n'avaient que pour capacité la téléportation. Il fallait attendre sa première évolution pour qu'il puisse être en mesure d'attaquer. Toutefois, ne pas savoir attaquer ne voulait pas dire être totalement inoffensif. Je savais comment utiliser ce Pokémon. Mais pour l'heure, il me faudrait gagner sa confiance car un Abra apeuré est un Abra qui se téléporte pour s'enfuir. Je ne connaissais pas la portée de sa téléportation, cependant. Je ne voulais prendre aucun risque. Je devais d'abord le faire accepter qu'on fasse la route ensemble.

"Tu dois te demander qui je suis, non? Je ne vais pas te mentir, ton ancien dresseur t'a abandonné. C'est moi qui ai ramassé ta Pokéball et qui t'ai fait sortir. J'aimerais que l'on fasse un bout de chemin ensemble, ça te dit?"

Aussi stupide pouvait être un spécimen de quelque Pokémon que ce soit, il comprenait totalement la langue qu'utilisaient les humains. Cet Abra avait donc sûrement compris que son dresseur ne reviendrait pas et que j'étais sans doute sa seule chance de ne pas vivre seul. Ce Pokémon était jeune, je le voyais bien, et il y avait de grandes chances qu'il n'ait jamais vécu seul avant ça. Par conséquent, s'il refusait ma compagnie, il prenait le risque de devoir se débrouiller seul pendant un moment et lui-même savait qu'il pourrait ne pas survivre.

"Ne t'inquiète pas, je vais bien prendre soin de toi. Tu peux me faire confiance. Si tu es d'accord, rentre dans cette Pokéball." ajoutai-je avec un grand sourire feignant la gentillesse, tout en tendant la Pokéball qui tenait dans le creux de ma main droite.

Le Abra rentra dans la Pokéball. Je fixai alors la sphère blanche et rouge.

"Je vais t'appeler Merlin, en référence à une vieille légende. Je suis sûr que tes pouvoir sont exceptionnels, eux aussi. Ravi de t'avoir avec moi, mon ami."

C'était fait, j'avais mon premier Pokémon. Je devais y aller doucement avec celui-là, pour ne pas perdre sa confiance. En tout cas, je sentais qu'il allait m'être bien utile. J'accrochai la Pokéball à ma ceinture, cachée sous ma veste et avançai dans les rues de ce village magnifique en vue d'en sortir.

Après un détour par le nord de la région, Catherine était finalement revenue à son programme initial, le sud de l’île. Son assistant n’allait pas tarder à arriver et elle devait préparer le terrain. Elle aurait pu faire comme beaucoup de chercheurs : le laisser gérer ça et se contenter de faire juste la recherche. Mais Catherine n’était pas comme ça. Elle aimait préparer ses expéditions, mais surtout, elle n’avait pas assez confiance dans les autres pour faire les choses bien. Quand cela concernait ses recherches, ses collègues avaient vite découvert que Catherine pouvait se montrer très pédagogue et imbuvable en même temps. Elle considérait tout le monde comme moins bon qu’elle quand venait le moment de travailler dans son domaine.

Elle avait accepté un assistant presque à contre-cœur, tant elle ne lui faisait pas confiance. Pourtant, Catherine était chaleureuse et aimable. Elle aidait volontiers les gens, aimait l’aventure, souriait et chantait de bon cœur. Un personnage avec deux faces.

Kishika n’avait pas vraiment changé quand Catherine arriva le soir. D’un pas alerte, elle s’engagea dans les rues et chercha un restaurant. Toutefois, ils étaient tous complets, malgré ses recherches. Catherine était un peu déçue car elle voulait manger quelque chose de local. Elle allait devoir se rendre au Centre Pokémon et se faire à manger. Elle aimait cuisiner, mais elle aimait surtout manger, et préparer un repas était toujours loin. Or elle avait très faim.

Elle entra dans un dernier restaurant, plein lui aussi mais elle remarqua un homme assis seul. Elle signala au serveur qu’elle était avec lui et alla s’asseoir en face de lui, comme s’il se connaissait.

Salut, comment vas-tu, désolée, je suis en retard. Lança-t-elle en s’installant en face de l’inconnu.

Quand le serveur fut parti, Catherine reprit la parole, avant que l’inconnu puisse parler. Oui, oui, je sais. On ne se connait pas. Mais tous les restaurants sont pleins, impossible de trouver à manger. Alors, si tu n’y vois pas d’inconvénient, je m’installe avec toi. Je m’appelle Catherine Collin, comme les collines mais sans le e. Je meurs faim. Je reviens d’Exilar pour une étude express. Quand j’ai quitté l’île, on en parler pas de cette petite île. Maintenant, il y a même un village, Windoria a été reconstruite, y a eu une attaque Mistral. C’est une catastrophe ce qui se passe sur l’île. Et y a la Silphe SARL qui s’installe aussi. Ça n’augure rien de bon. C’est un aimant à ennui cette société. Tu t’appelles comment d’ailleurs ? C’est super sympa à toi de m’accepter à ta table. Ne t’inquiète pas, je paye ma part. Tu es du coin. Moi je viens d’Ebenelle à Jotho. Mes parents m’ont piégé récemment et maintenant j’ai un super poste dans un super laboratoire. J’ai réussi à avoir des fonds pour faire une étude sur Lumiris. J’y suis déjà venue mais j’ai du repartir. Mais ce n’est pas un problème. Maintenant je suis payée pour faire du tourisme. Ils ont bougé les troupeaux de Tauros. C’est dommage, j’aurai bien fait du rodéo avant l’arrivée de mon doctorant. Mais tant pis. Je me demande s’il voudra bien en faire tout de même. Il a reçu ordre du chef du laboratoire de faire en sorte que je reste concentrée sur le boulot. Et toi tu travailles dans quoi ? Oh le serveur est de retour. Je vais vous prendre une bière et un plat du jour s’il vous plait. Avec les deux premières entrées du menu, je n’ai pas encore choisi le dessert. Est-ce que vous pouvez doubler l’accompagnement ? Merci, ne vous inquiétez pas, je payerai le supplément. Et toi ? Que prends-tu ? Finit-elle par dire lorsque le serveur revint.

La faim commençait à se faire sentir alors que je continuais ma route. Je ne pouvais pas reprendre la route l'estomac vide, je devais faire un saut quelque part pour m'acheter à manger, mais avec quel argent? J'avais peut-être l'air d'une personne riche, mais cette apparence m'avait justement coûté mes derniers sous. Je devais réfléchir à un moyen de me sustenter pour pas un rond. J'ai tout de suite pensé à mon nouveau coéquipier, Merlin, mon Abra. Et si je l'utilisais pour voler de l'argent? Avec ses pouvoirs de téléportation, il pourrait aller voler des biens de valeur chez des gens et me les donner pour que je les revende. Le problème était que je n'avais pas encore toute sa confiance, même si nous avions sympathisé. Il pourrait refuser d'effectuer cette tâche. Je devais trouver autre chose. Tout en cogitant, je continuais d'avancer. Je m'engageai dans une ruelle pavée et c'est en voyant un petit restaurant que j'eus une idée. J'entrai dans l'établissement et fut accueilli par un jeune homme au visage amical. Je lui demandai s'il était possible de réserver une table et après une courte discussion, je pus avoir une table pour le début de soirée.

J'avais encore quelques heures devant moi. Je pensais à les utiliser pour commencer l'entraînement de Merlin. J'essayai de trouver un coin isolé pour pouvoir travailler en toute sérénité. Il y avait ce parc à quelques pas de mon ancien domicile, peu fréquenté, où je pourrais m'exercer. Une fois arrivé là-bas, je fis sortir Merlin de sa Pokéball. Le Pokémon semblait me suivre du regard, malgré ses yeux fermés. Il avait l'air de me prêter son attention.

"Rebonjour, Merlin."

Le soleil commençait à tomber et l'entraînement était fini. Durant ces quelques heures, j'avais pu juger des capacités de Merlin et j'avais déjà pu élaborer quelques stratégies avec la seule technique qu'il connaissait. Je pourrais bientôt les tester en combat réel mais pour l'heure, je devais me rendre au restaurant. Là-bas, on m'accueillit et on m'installa à une table. J'avais extrêmement faim, vivement qu'on m'apporte mon plat. J'étais à peine installé depuis quelques minutes qu'une jeune femme s'assit en face de moi et me parla comme si j'étais un vieil ami qu'elle retrouvait. Elle parlait hyper vite en posant plein de questions et en racontant sa vie. Je n'avais même pas eu le temps d'en placer une avant qu'elle s'arrête de parler. Il y eut ensuite un moment de silence, durant lequel je la dévisageai tout en réfléchissant. C'était une jolie jeune femme, chevelure courte et rousse, des yeux verts et un visage pétillant de vie. Entre-temps, le serveur était revenu et Catherine effectua sa commande. Le serveur se tourna ensuite vers moi.

"Un plat du jour et un thé glacé, s'il vous plaît."

Le serveur prit nos commandes et se retira. Je fixai à nouveau la jeune femme face à moi.

"Sinon, bonsoir, mon nom est James Blackwood. Il n'y a aucun souci à t'accueillir à ma table. Pour tout te dire, je commence un voyage pour devenir un dresseur de Pokémon. Mais je suis débutant. Dis-moi, tu t'y connais en combats Pokémon?"

Catherine sourit au serveur puis à l’inconnu. James. Un nom courant, rien de bien extraordinaire, mais Catherine ne pouvait rien dire. Elle avait un prénom courant, presque vieillot. Et la rouquine trouvait que James était assez court et bien catchy. Elle détailla le jeune homme du regard.

Il était bien habillé avec goût et une certaine ostentation. Catherine le devina assez riche, toutefois quelque chose dans cette image la faisait tiquer. Comme si tout ceci n’était qu’une apparence. D’autant plus que l’homme venait de prendre juste un plat du jour avec un thé glacé. Ça ne correspondait pas vraiment à l’image qu’il essayait de donner. De plus, le restaurant était assez standard, sans prétention. Donc, sauf si James était un richard qui voulait se mélanger à la plèbe, Catherine sentait que le jeune homme cachait quelque chose. Et même si ce n’était le cas, son imagination fit le travail et l’imagina riche désargenté à la recherche de la fortune ou alors devenu agent secret.

Si je m’y connais en combat Pokémon ? Haha. Je m’y connais en combat tout court. Pendant longtemps, je n’aimais pas faire de combat Pokémon, parce que Munch n’était clairement pas taillé pour ça et ça ne l’intéressait pas vraiment et moi non plus. Je préfère me battre moi-même, je me débrouille très bien en savate. Ça c’est du combat. Mais depuis que Munch a évolué, c’est tout de suite plus drôle de le voir combattre. Il ressemble un peu à ce héro de manga qui finit ses combats en un coup. Il est tellement puissant ; Bon, Much ne finit as ses combats en un coup, mais j’espère qu’il y arrivera. L’inconvénient, c’est que je ne peux pas le laisser sortir de sa balle dans la plupart des restaurants. Déjà avant, ce n’était pas la folie, les gens se méfie toujours d’un Goinfrex, mais alors tu devrais les voir quand j’arrive avec un Ronflex derrière moi. Ça n’a pas de prix. Mais généralement, je cuisine. J’adore cuisiner, et je suis très douée dedans. Tu veux des conseils pour les combats Pokémons. Sans être une spécialiste, je suis plutôt forte, surtout dans les capacités et les types. C’est mon domaine de recherche. Je suis chercheuse dans un grand laboratoire de Johto. C’est plutôt cool. Si tu t’intéresses au domaine, tu as forcément lu un de mes articles. Avec l’aide de mon laboratoire, j’ai pu faire plein de choses, d’étude et peut-être même des découvertes énormes vont arriver. Mais je reste bloquée et ralentit sous couvert d’une éthique comme ils disent. Alors que franchement, je ne propose rien que la morale ne réprouve. Certains exploitent les Metamorph dans les pensions mais ça c’est bon alors que mes idées sont horribles à les entendre. Et toi ? Tu fais quoi, Tu es de la région ? Je viens d’Ebenelle à Johto. Perdu dans les montagnes mais qu’est-ce qu’on peut s’amuser là-bas. Il y a toujours une grotte à visiter, ou alors on peut faire de l’escalde, du rafting. On ne s’ennuie jamais.


Catherine se tut en repensant à son village natal.

J'écoutai attentivement Catherine. Chaque information sur elle pourrait m'aider à mieux la cerner et, sans doute, à obtenir plus facilement ce que je voulais. D'après ses dires, elles s'y connaîtrait plutôt bien en combats Pokémon, spécialement ce qui concerne les capacités et les types. Pour les types, elle ne me serait d'aucune utilité, étant donné que je les connaissais sur le bout des doigts, chacune de leurs forces et chacune de leurs faiblesses. En revanche, je pourrais peut-être lui demander quelques renseignements à propos de Merlin, comment bien l'utiliser en Abra, par exemple, même si j'avais déjà ma petite idée là-dessus. Aussi, Merlin évoluerait bien un jour, à force de combattre. Par contre, une fois en Kadabra, j'avais entendu qu'il fallait faire quelque chose de spécial pour le faire évoluer en Alakazam, mais je ne savais pas exactement quoi. De plus, il fallait que je sois sûr de faire évoluer Kadabra au bon moment. Pas trop tôt, pour qu'il ait le temps d'apprendre quelques techniques utiles, ni trop tard, pour qu'il puisse toujours en apprendre une fois évolué. J'ai déjà vu des cas de dresseurs qui avaient fait évoluer un Pikachu ou un Caninos trop tôt et dont le Raichu et le Arcanin étaient très limités en capacités. Je lui demanderais tout ça après le repas.

"Je viens du Kanto, on est vraiment de deux régions voisines ! Sinon, j'aurai effectivement quelques questions à te poser, mais ça pourra attendre la fin du repas." répondis-je, feignant un grand sourire amical. "Pour l'heure, mangeons !" ajoutai-je en tournant la tête pour voir le serveur arriver avec nos plats et les déposer à notre table.

Je fixai la jeune femme qui était face à moi tout en prenant une bouchée de mon plat.

"S'il te plaît, parle-moi de ces recherches, ça m'intéresse. Qu'est-ce qu'on te reproche, exactement?"

Les plats arrivèrent pour la plus grande joie de Catherine. La chercheuse installa sa serviette sur ses genoux, et armait de ses couverts attaqua son plat, sans empressement. Malgré son énergie débordante et son appétit gargantuesque, la rouquine mangeait toujours proprement, calmement, savourant chaque bouchée. Les moments des repas était l’un des rares où elle parlait peu, car elle suivait une étiquette de table très strictement. Même son Ronflex mangeait proprement et lentement.

Je suis déjà aller à Kanto. Pour un stage. Assez décevant le déploiement scientifique dans la région. Pas Johto soit bien en avance non plus, c’est fort dommage.

Elle reprit une bouchée et l’avala.

J’étudie les capacités des Pokémons, en particulier celles maîtrisant un élément. J’essaye de les isoler, de percer leurs origines et de reproduire ces capacités in vitro. Je suis ici pour observer les variabilités d’une même compétence sur des sujets sauvages, de différentes espèces et sur de nombreux individus. Nous essayerons de prendre des échantillons pour comparaison.

Ce n’était un secret pour personne, pour peu qu’on s’intéresse à la biologie. Les articles de Catherine avaient été publiés régulièrement et son protocole était connu de tous. L’avantage de Catherine en revanche, était son énergie qui ne semblait jamais faiblir et lui permettait de progresser très rapidement.

On me reproche de m’accaparer les ressources du laboratoire, autant celles du mien que celles d’autres équipes. Mais d’un autre côté, certaines personnes réservent du matériel pour une demi-journée, parfois plus, pour des manipulations qui durent une heure, qu’ils répètent une ou deux fois, mais comme ils ne savent pas s’organiser, ils prennent des créneaux immenses pour avoir le temps. Alors que moi, quand je réserve une demi-journée, le matériel ne se repose pas une minute. Et la preuve est que ça marche, puisque mes recherches avancent. Mais il y a toujours des jaloux.

Nouvelles bouchées. Ce plan est plutôt bon. Et toi ? Qu’est-ce qui t’amène dans la région ? Tu cherches fortune ?

"Intéressant." répondis-je après avoir attentivement écouté cette jeune femme me raconter quel était l'objet de ses recherches. C'était intéressant d'écouter cette jeune chercheuse qui réunissait ambition et énergie. Je pensais déjà comment utiliser ces études et cette scientifique pour mon profit. Je n'avais pas encore les moyens de mes ambitions, mais un jour, pour sûr, cette fille me serait utile.
Je pris une nouvelle bouchée de mon succulent plat tout en écoutant Catherine parler de ceux qui lui faisaient des reproches sur les méthodes utilisées dans son travail.

"Evidemment, le talent et le succès engendrent toujours la jalousie chez autrui. Puisqu'ils sont incapables de faire mieux à la loyale, ou aussi bien, tout du moins, ils préfèrent se complaire dans leur médiocrité et te ramener à leur niveau. Moi, je crois au contraire qu'une telle réussite doit être encouragée et supportée." répondis-je alors.

Tandis que je prenais une gorgée de mon thé glacé, la jeune femme me posa une nouvelle question.

"Eh bien, on peut dire ça. J'avais besoin de changer d'air et cette région était toute indiquée. Les combats Pokémon me passionnent depuis que je suis tout petit et je rêve d'en faire moi-même. Malheureusement, mes connaissances ne se limitent qu'à quelques spécimens de ma région. Je poursuis donc un but simple: devenir un Maître Pokémon, avec tout ce que cela implique. Connaissances, stratégie, puissance et toutes les autres qualités que doivent réunir les dresseurs d'exceptions." Je marquai une pause pour prendre une nouvelle bouchée de mon plat. "Mais j'en suis encore loin, bien sûr, j'ai commencé mon voyage aujourd'hui." rajoutai-je avec un sourire. "C'est pourquoi j'ai une petite proposition à te faire. En plus de te laisser manger à ma table comme je viens de le faire, je m'engage à ce que tu n'aies pas à t'occuper de l'addition. En contrepartie, j'aimerais quelques informations, tout ce que tu pourras me fournir, à propos du Pokémon que j'ai acquis, mais aussi sur ses évolutions. Il s'agit d'un Abra. Qu'est-ce que tu en dis?"

Catherine le regarda avec un air perplexe et en fronçant les sourcils.

De quoi tu parles ? Mes collègues sont bien plus compétents qu’ils ne le pensent. Je ne te permets pas de juger des gens que tu ne connais pas et qui utilisent plus de leur capacité intellectuelle par minute que toi pendant un an. Tu parles comme ces politiciens véreux. Y en a un qui est venu nous voir quand j’étais à la fac et qui nous balançait ses conneries : Vous êtes l’avenir du pays. Des esprits brillants blablabla. Ils ne peuvent pas faire mieux que moi parce qu’ils font attention à ce qu’ils vont faire. Ce n’est pas parce qu’ils sont lents qu’ils sont mauvais.

Catherine commença à ne pas aimer cet homme. Il semblait prompt au jugement et ce que n’aimait pas la rouquine. Elle estimait qu’on ne devait parler que si on savait. Et il ne savait pas grand-chose selon elle.

Le nez de Catherine se retroussa. Ceux qui la connaissait savait que cette mimique signifiait que la rouquine était mécontente.

J’en dis que tu te prends un peu trop pour un seigneur. Tu me laisses manger à ta table ? Trop bon mon prince, voulez-vous une genou flexion avec votre baisemain. Et vous m’offrez ma pitance, mais sa seigneurie est trop bonne avec moi. Tu t’es cru où ? Dans un film ? Primo, je me paye toujours la nourriture. Deuxio, on ne marchande pas ce genre d’information. Tertio, acquérir un Pokémon ? Sérieux ? Tu crois vraiment que l’argent peut tout acheter, même des Pokémons ? Quatro. Pour quelqu’un qui veut être le meilleur dresseur depuis tout petit, tu ne sais pas grand-chose de la vie. Tu n’en es pas loin, tu n’as même pas commencé. Arrête d’être un menteur et ça ira mieux tu verras. Abra est Pokémon Psy. Il passe sont temps à dormir, ou plutôt à méditer car il reste conscient de son environnement. Il ne se fatigue pas à affronter le monde, il se contente de se téléporter quand un danger le menace. Il évolue en Kadabra qui lui est bien au courant de son environnement et sait se défendre, puis en Alakazam. Ce sont des Pokémons intéressants, mais faible physiquement. Si tu leur éternues trop fort dessus, ils risquent d’être KO. Et Alakazam méga évolue, mais je vais te laisser digérer avant de t’expliquer que ce que c’est que la méga-évolution. Monseigneur le meilleur dresseur.

La voix de Catherine transpirait le mépris. Elle trouvait que ce type était un abruti. Et elle détestait les abrutis. Mais elle se forçait à les instruire dans l’espoir qu’ils soient moins stupide.

"Pourquoi t'énerves-tu ainsi ? Tu l'as dit toi-même, tes recherches avancent, ce qui crée la jalousie chez tes collègues qui eux sont si mauvais pour s'organiser qu'ils perdent du temps inutilement. De plus, je n'ai jugé ces gens qu'en fonction de ce que tu m'as raconté et uniquement en me basant sur ça. Autrement, je m'en moque. Toi, tu avances, tu es efficace. Tes collègues, eux, perdent du temps et te reprochent des choses par jalousie, puisque incapables d'être tout aussi efficace, voire plus. Tu peux appeler ça comme tu veux, mais moi j'appelle ça de la "médiocrité". Je ne remets pas en cause leur compétence, puisque chacun est différent, a ses forces et ses faiblesses, mais bel et bien leur mentalité. Au lieu d'encourager ton talent et ton efficacité, on veut te tirer vers l'arrière. Tu l'as dit toi-même, tu es bloquée et ralentie. C'est du nivellement par le bas."

En tout cas, il semblait qu'elle ne faisait pas partie de ces gens qui soi-disant "utilisaient plus de leur capacité intellectuelle par minute que moi en un an". Elle était tellement dans l'émotion qu'elle en disait n'importe quoi et la suite de son sermon ne fit pas exception. Quand elle eut fini de me prendre de haut comme une princesse capricieuse, je déposai tranquillement mes couverts sur la table, balayai l'intérieur du restaurant du regard avant de plonger mon regard dans celui de la jeune femme énervée et méprisante face à moi.

"Eh bien, je ne sais pas si tu as remarqué, mais la seule place de libre quand tu es arrivée se trouvait être à ma table. En quelque sorte, j'ai été bien bon de te laisser t'installer, j'aurais pu m'en plaindre et faire en sorte que tu te fasses éjecter aussi vite que tu es venue. En ce qui concerne ma proposition, il n'y avait aucune arrière-pensée, je voulais simplement te remercier de m'enseigner quelques trucs en t'évitant de payer. Je ne pensais pas qu'il y aurait un quelconque problème pour un geste aussi simple, à moins que tu sois l'une de ces hystériques qui pensent qu'un geste de galanterie s'apparente à de la domination masculine ou à de la masculinité toxique comme elles appellent ça !"

Je tâchai de parler avec un grand calme. Je n'étais pas du genre à perdre mon sang-froid comme elle semblait le faire à l'instant. Je fis une petite pause, le temps de saisir mon verre et de boire une gorgée, tout en gardant un contact visuel avec Catherine. Après avoir posé ma boisson sur la table, je repris ma réponse.

"Ensuite, je trouve ça fascinant que tu me fasses la morale, me disant que "c'est pas bien de juger les gens sans les connaître", alors que c'est exactement ce que tu es en train de faire. A quel moment ai-je parlé "d'acheter" ? A quel moment ai-je dit que j'avais acheté cet Abra ? Tu te fourvoies totalement. Ce Pokémon, je l'ai recueilli alors que je venais de voir un dresseur l'abandonner. Je l'ai vu jeter la Ball contenant ce Abra et la laisser là avant de s'en aller. Je l'ai entendu le traiter de "faible" tandis qu'il l'abandonnait."

J'esquissai un petit sourire. Dans sa logorrhée, elle m'avait déjà donné quelques informations intéressantes sur Merlin. Une fois en Alakazam, il pourrait même encore évoluer, "méga-évoluer" plus précisément. Je n'avais que très peu d'informations sur ces "méga-évolutions". Je savais qu'il fallait se procurer une "méga-gemme", mais c'était tout. Je ne savais ni où, ni comment trouver cette gemme, comment l'utiliser, ni même quels Pokémon pouvaient méga-évoluer. Vu l'état dans lequel elle était, il me semblait évident qu'elle ne dirait plus rien de ce que je voulais savoir. Le tout était de calmer le jeu, maintenant. C'était jouable, bien que difficile.

"En tout cas, je te remercie pour ces quelques informations." dis-je en prenant une nouvelle gorgée de mon thé glacé. "Je te propose qu'on finisse le repas tranquillement et qu'on reparle de ça après. Désolé si je t'ai offensée, ce n'était pas mon but, vraiment."

Essayer de raisonner ce genre d'imbécile serait contre-productif. Autant aller dans son sens le temps que j'obtienne ce que je veux. Je voulais notamment encore savoir comment évoluait un Kadabra en Alakazam et je voulais en savoir plus sur cette "méga-évolution".