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L'étourdissement // Libre
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Ecrit et inspiré par ça

Cyrielle marchait.
Entre les tables.
Entre les machines à sous.
Le pas lourd, le regard fixe.
Cyrielle marchait.
Le bruit lui assourdissait les tympans.
Elle se faufilait.
Entre les corps puant la sueur.
Entre les ombres.
Les rires résonnent.
L'alcool coule et s'écroule.
Un verre.
Et puis deux, trois, quatre, voire cinq à la suite.
Niji sur les talons.
Elle aboie un Couaf de temps en temps.
Le Pokémon caniche la suit.
Fidèlement.
Loyalement.
Attentif à tout mouvement.
Cyrielle marchait.
Mais le bruit l'assourdissait, et l'ambiance l'enivrait.
Elle étouffait dans son propre corps.

Le sac sur le dos, les pieds en compote.
Tout allait vite dans la ville.
Et tout allait encore plus vite dans le casino.
Les rires ambiants, la chaleur, la foule.
Une goutte de sueur le front.
Deux.
Puis trois.
Et une cascade.
Cyrielle marchait.
Mais Cyrielle étouffait.

Elle s'accrochait comme elle pouvait.
Avec ses mains, aux épaules.
Elle bousculait.
Vous pourriez faire attention, dîtes donc !
S'excusait.
Elle évita le regard de la jeune femme.
Sa voix stridente l'insupportait.
Elle cherchait juste une porte de secours.
Elle s'accrochait comme elle pouvait
Avec le regard, sur le monde entier pleins de lumières folles et virevoltant comme des feu-follets dans son champ de vision.

Cyrielle étouffait.
Niji.
Sur les talons.
Toujours.
Fidèlement,
Loyalement,
L'alcool à flots,
La sueur aussi.
Les pieds en compote,
La tête en bouillie.

SBLAM
Les cheveux roux lui tombaient en cascade devant les yeux.
Elle respirait mal, dans une sorte de long râle.
Mais elle était enfin devant la porte des toilettes.

Elle voulait juste de l'eau.
Sur le visage,
Sur le nez,
Sur les yeux,
Dans les oreilles,
Dans son corps tout entier.
Les sons lui parvenaient avec la clarté qu'ils ont quand a la tête sous l'eau dans la piscine.
Sans le chlore.
Niji se tenait entre ses jambes, inquiète.
Tout tournait.
Tout l'étourdissait.
Tout s'éfilochait.

Et elle ne sentit pas le voleur attraper son portable dans la poche de son pantalon.

Cyrielle ne marchait plus
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L'étourdissement

Ekaterina était là, au comptoir, seule. C'était comme si une bulle s'était formée autour d'elle et empêchait quiconque de pénétrer dans son espace vital, voir dans les dix mètres l'entourant. Aura glaciale, minois fermé et sérieux, doigts crispés sur son verre, le langage corporel suffisait et personne n'avait envie de tâter de son venin. Ainsi elle avait la paix et dégustait son verre d'alcool en toute impunité, le regard fixé sur le bois du comptoir. Rageuse, elle l'était ; celui qu'elle avait contacté pour avoir des informations à propos des Ruines d'Akeos lui avait faussé compagnie. Mieux valait pour lui qu'elle ne lui mette pas la main dessus, il passerait une très mauvaise heure à n'en point douter.

Elle abandonna son verre, ignorant Skelénox qui, invisible, restait à ses côtés, fidèle et silencieux comme à l'accoutumée. Lasse, la jeune femme se dirigeait en direction des toilettes afin de se passer un coup d'eau sur le faciès, se réveiller ; elle dormait si mal après tout. Ses cernes en étaient témoins et ses prunelles fatiguées tout autant. Alors elle pénétra le lieu, s'approcha de la longue rangée de lavabo et ouvrit l'un d'eux, passant ses fines mains sous le liquide frais, appréciant un peu le contact avant de se pencher légèrement, prête à s'envoyer de l'eau à la figure. Alors, du brouhaha. Une jeune femme chancelante, l'air hagard et prête à s'écrouler d'une seconde à l'autre. Saoul, certainement. Ekaterina décida de ne pas y prendre garde, ce n'était pas ses affaires. Mais alors, ça s'agitait drôlement. Un genre de chien semblait inquiet et surtout, surtout... Quelqu'un tentait de voler la demoiselle au bord de l'inconscience.

Mine de rien, mains dans les poches, Ekaterina approcha. Skelénox bloqua la sortie des toilettes en usant de ses ombres, empêchant la voleuse de fuir. Ekaterina conserva son air neutre, tendant une main, écartant et refermant ses doigts pour signifier à l'être de rendre l'objet. Regard hautain, négation ? La chercheuse eut un mouvement brusque et sa main emprisonna la mâchoire de la voleuse, la forçant à percuter la porte bien maintenue derrière elle. La surprise et le choc firent lâcher le portable qui, bienheureusement, tomba dans la main libre de la scientifique dénuée de sourire ou de satisfaction.

« Déguerpis. » Souffla t-elle alors que Skelénox libérait la porte et l'ouvrait en grand, laissant la voleuse filer sans un dernier mot. Ekaterina sa détourna alors et lança légèrement le portable qui atterrit sur la presque victime d'un vol. Puis, la chercheuse s'apprêta à quitter le lieu mais elle croisa le regard de Skelénox, puis, ses prunelles furent à nouveau attiré par la rousse presque inerte. Grognement, mâchoires serrées, Ekaterina se pencha vers la demoiselle et la releva un peu, l'approchant près d'un lavabo, elle ouvrit l'eau, passa une main dessous et rafraîchit le visage de l'inconnue tandis que Skelénox faisait voler le portable tombé au sol (pendant qu'Ekaterina avait soulevé la demoiselle) à l'aide d'Ombre Nocturne, le posant sur un rebord.

« Ça va aller ? »

⇜ code by bat'phanie ⇝
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C'était
C'était frais
Et agréable

Cyrielle sentait de l'eau couler sur ses joues.
Elle innondait
Ses yeux
Sa bouche
Ses cheveux

Elle poussa
Un grognement
Toussa
Crachota
Tituba un peu

Roula ses yeux mauves
Un peu effrayée.
Elle sent des mains
En-dessous d'elle
Fermes
Fortes
Qui la supportent
Et qui la tiennent en-dessous du lavabo

Pas pour la noyer,
Mais pour la rafraîchir
Certainement.
Oui, certainement.

Alors
Elle répond
A la voix
Qu'elle entend
Déformée
Ouais... Je vais bien. Je crois.

Niji grognait
A ses côtés
Un aboiement
Deux aboiements.

Calme, Niji, calme
Gémit-elle
D'une voix pâteuse.

Plus de grognement, ou d'aboiement à ces mots.

La rouquine tangue
Encore un peu.
Mais l'eau lui a fait
Du bien
L'a ressourcée
L'a réveillée.
Sa tête ne tourne plus.

Elle s'accroche au lavabo
Essaie
De relever sa tête.
Cherche d'un œil hagard
Son sac
Ses affaires.

Elle passe une main sur
Ses poches
Pâlit
Blêmit

Mon portable !
Qu'elle grogne
Qu'elle vomirait presque

Elle sent encore les effluves de l'alcool
Au fond de sa gorge
Et la chaleur qui a empourpré
Et coloré
Ses joues de poupée

Elle s'agite
Titube
Réussit enfin
A se redresser

Et elle croise
Un regard
Tout aussi
Mauve
Et violet
Et profond
Et hypnotisant
Que le sien.

Cyrielle s'arrêta de paniquer
Et la fixa
L'air hébété
Bourré surtout
Le souffle coupé par
Sa beauté.

Eh...Salut,
Croasse-t-elle
D'une voix rauque,
Et tremblante.
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