Run Boy RunAlors qu'elle descendait doucement la rue marchande, profitant des couleurs, des sons et des odeurs de la ville s'apprêtant à déjeuner, Anastasia se surprit à constater qu'elle flânait. Errant d'un trottoir à un autre, le buste enveloppé d'un châle blanc, l'albinos observait les échoppes et l'étrange architecture de Kishika avec curiosité. Arrivée la veille à la tombée de la nuit et ayant parcouru la ville en vitesse, accompagnée par l'homme du ferry, la dame pâle rattrapait ses regrets de n'avoir pu profiter des lieux et de l'atmosphère si particulière dont elle avait entendu parler. Les gens qu'elle croisait lui offrait parfois un regard curieux ou surpris, loin de ceux presque libidineux qu'elle avait pu recevoir à Port-Corail ; mais, les ignorant, Anastasia continuait sa visite. A sa droite comme sa gauche, le long de la rue et en formant les deux côtés, des petits commerces se mêlaient à des maisons de ville, offrant aux curieux l'étendue de leur vitrine et un aperçu de leurs marchandises ; attirée par les couleurs vives qu'elle y voyait, la dame blanche ralentissait parfois devant tel ou tel élément, surprise par l'un, interdite pour l'autre, ou admirant simplement les lieux. Derrière elle, distant mais éternellement présent, Charon suivait silencieusement.
Elle avait repéré quelques moyens de se rendre en Hérisis à partir de Kishika ; le premier, celui qu'elle comptait emprunter, étant un des nombreux bus touristiques, faisant la navette entre les deux villes, lui permettrait rapidement d'atteindre sa destination finale et le premier stade de ses recherches. Certes, quelques préparations supplémentaires se montraient nécessaires, voire indispensables à la suite de son projet ; et en arpentant les boutiques, Anastasia ne faisait pas que satisfaire sa curiosité ; elle cherchait une pharmacie. Une bonne dose d'écran total lui serait nécessaire pour s'aventurer dans le désert, mais c'était là un risque à courir et l'albinos était prête à le faire sans la moindre hésitation ; dans son orgueil et son obstination, la jeune femme acceptait de se brûler les ailes pour s'approcher de son but ; et une atteinte à sa santé était un moindre mal pour la réussite de ses recherches. Après tout, la vie lui avait réservé pire traitement et, envers et contre tout les avait-elle tous surmontés.
Mais bien que résolue, Anastasia était loin d'être suicidaire ; aussi, quand elle ressortit de la pharmacie pour reprendre sa promenade dans les rues de Kishika, c'était avec un sac désormais chargé d'un rouleau de bandages, et des deux derniers tubes de crème solaire qu'elle avait pu obtenir. Armée de ce nécessaire et portant avec élégance le présent que lui avait fait Ombline, l'albinos avait reprit sa descente de la rue marchande, souriant parfois poliment à un passant ou saluant en retour les personnes âgées qui le faisait – ou la scrutait.
Elle n'avait plus qu'à trouver la gare routière en direction d'Hérisis, maintenant, et rien que d'y penser Anastasia sentait monter en elle une excitation terrible qui la tirait inexorablement en avant dans sa détermination. Désormais maîtresse de son destin, l'albinos s'enivrait de ce sentiment de liberté et, y goûtant pour la première fois, se découvrait en manque d'une chose qu'elle n'avait alors jamais connue. Intérieurement euphorique, Anastasia appréciait le moindre détail de son parcours, les pokemons aperçus, les odeurs ressenties, les nombreuses routes qu'elle croisait et qu'elle était libre, à sa guise, de pouvoir emprunter. Comment pouvait-elle espérer un jour faire demi-tour ? En écoutant la voix de la culpabilité, peut-être, ou bien celle de la raison.
Car depuis qu'elle l'avait rallumée, Anastasia ne pouvait que constater le nombre de messages et d'appels manqués qui ornaient l'écran d'accueil de son téléphone, tous du seul numéro enregistré dans l'appareil : Maison. Plusieurs fois, elle avait hésité à décrocher, mais s'y étant refusé s'était contenté d'envoyer un message rassurant sur son état. Généralement, le téléphone ne cessait de sonner pendant les dix minutes suivant ses messages, et la poussait un peu plus à s'en couper et l'oublier dans son sac. Car si Anastasia n'osait décrocher, elle pourtant si sûre d'elle, c'était pour ne pas prendre le risque de voir se fissurer sa détermination. Celle-ci avait-elle été suffisamment mise à l'épreuve ? N'y voyant pas la moindre fissure, l'albinos continuait. Mais le personnel de sa maisonnée ? C'était probablement une autre affaire.
Désormais perdue dans ses pensées, Anastasia continuait sa descente dans la rue marchande. Les boutiques et les façades n'attiraient plus son regard, maintenant qu'elle réfléchissait à nouveau à la suite des événements, et seul Charon, suivant loyalement derrière elle, semblait surveiller la situation... (c) 2981 12289 0
Ah quelle journée... Entre ce gamin, le pokemon blessé, et ce fichu ecreumeuh... Hmph... Conall était déjà plutôt bien vanné de sa journée. D'ailleurs, sa montagne commençait à lui manquer, un peu... Ce vieil ermite grincheux aussi. La disparition du vieil fut difficile à avaler. Lui qui avait vécu avec lui durant tant d'année, avait eut l'impression de perdre un membre de sa propre famille. Même s'ils étaient en conflit constant. Le géant avait finit par se poser sur un banc, décidé à prendre une pause de quelques minutes, Moro à ses côtés. Avachi sur l'objet urbain, il observait les passants, sans réellement les voir, son esprit se perdant dans ses pensés. Que ferait-il, lorsqu'il trouverait Anastasia ?... Allait-il d'ailleurs vraiment repartir, sans avoir été voir sa propre famille ?... Si l'envie y était, de repartir aussi furtivement qu'un fantôme, il savait bien que ce n'était pas une option. Il fallait qu'il y passe. Peut-être le jour avant de reprendre le bateau ? Enfin, ça... Il allait falloir qu'il en discute avec l'Albinos, lorsqu'il aurait enfin mit la main dessus...
D'ailleurs, en parlant d'Albinos... Dans son champ de vision, une jeune femme aux long cheveux blancs, et à la peau très clair se démarquait bien du reste de la foule. Perdu dans ses réflexions comme il l'était, il mit quelques longues secondes avant de se rendre compte de la situation. C'était elle. C'était Anastasia Salmhofer. Et... Et bien elle venait littéralement de le prendre de court en réalité. S'il la cherchait activement depuis le matin, il n'avait absolument pas prévu de la trouver aussi rapidement. Et d'une manière aussi random.
- Moro... !
Il se leva d'une traite, faisant tomber son sac qui se déversa évidement au sol. Histoire de bien ralentir le mouvement. De façon un peu chaotique, et craignant de perdre sa cible de vue, il c'était dépêché de tout ranger dans son sac, avant de le reprendre correctement, de se relever et...
Et bien non. Il avait toujours la jeune femme et son pokemon en visuel. Mais Moro manquait à l'appel. Elle était pourtant bien là, au début non ?... Il regarda rapidement autour de lui à la recherche de sa partenaire, se rendant compte qu'elle c'était éclipsé pour une raison x ou y. Ce genre de disparition n'était pas vraiment rare à dire vrai, mais pour le coup ça tombait plutôt mal... Le géant marmonna dans sa barbe avant de reporter son attention sur l'albinos. Qui... Et bien était plutôt loin maintenant...
- Non non non... - Aussitôt il c'était mit en mouvement, troquant son pas habituelle pour une petite course, histoire de pouvoir rattraper la demoiselle, et forçant par la même occasion, le passage au milieu de toute cette foule. Forcément, voir un type de sa carrure foncer vers vous, ce n'était pas forcément une bonne expérience. D'ailleurs... Il avait un peu zappé ce "petit" côté là, sans prendre conscience que c'était sans aucun doute la pire idée de sa vie -quoi que... Voir un type dans son genre vous suivre en marchant depuis plusieurs mètres, ce n'était peut-être pas mieux non plus...- Hé ! Mad'moiselle ! Attends !... heu... Attendez !
Heureusement que ça voix était portante... Ou... Peut-être pas en faites...
Run Boy RunBrutalement, Charon s'immobilisa, laissant sa maîtresse s'avancer de quelques pas et faisant volte-face sur un bruit qu'il avait entendu. Frottant les lames de ses mains dans un glissement métallique qui caractérisait ses intimidations, le scalpion avait fléchit les jambes comme il s'apprêtait à combattre, fixant un point dans la foule sans un battement de paupière.
- Charon ? Que se passe-t-il ?
Anastasia, constatant la disparition de son compagnon, avait fait demi-tour et était revenue sur ses pas, campant désormais aux côtés du pokemon acier qui se tenait sur ses gardes. Il y avait bien quelque chose qui semblait se diriger vers eux, dans la foule, quelque chose de terriblement grand qui rappelait à la vision floutée de l'albinos la silhouette peu commode d'un polagriffe...
Alors la dame d'albâtre comprit la réaction qu'avait eu le scalpion et, dans un soupir, s'empressa de faire volte-face et de reprendre sa route.
- Partons.
Charon, continuant un instant de fixer l'individu qui s'approchait au loin, fit demi-tour et embraya au pas de course pour suivre le pas pressé de sa maîtresse. Traumatisé par l'incident qui était survenu à Port-Corail, encore sous le choc de la scène du ferry et de la descente en mer, le scalpion ne montrait guère ses sentiments mais compensait par une surprotection envers Anastasia ; obéissant et loyal, reconnaissant ces mêmes propos avec lesquels Ana s'était fait alpaguer sur le marché, le pokemon acier s'était décidé à agir vite et ne courir aucun risque. Désormais, il trottinait d'un air martial derrière la dame albinos, cherchant comme elle à s'éloigner d'une énième nuisance de rue qui tenterait de s'approcher. Les magasins et autres boutiques défilaient autour d'eux comme un ballet de couleurs auquel aucun des deux compères ne prêtaient plus attention : ne cherchant pas le conflit mais se doutant qu'ils risquaient de le trouver, ils continuaient leur progression, cherchant un chemin par lequel s'éclipser.
Fut-elle seule qu'Anastasia se serait probablement arrêtée pour attendre l'homme et discuter avec lui, voir ce qu'il lui voulait vraiment et si ce n'était pas simplement autre chose – après tout, la dame refusait de se fier aux apparences peu importe ce à quoi elle faisait face, et il y avait fort à parier qu'il n'y avait rien de bien méchant chez cet homme. Mais avec le scalpion à ses côtés, elle souhaitait d'abord apaiser son pokemon avant de le mettre face à quelque chose qui l'inquiétait au plus haut point... D'un même geste rapide et synchrone, les deux partenaires bifurquèrent vers la gauche, s'engouffrant dans une rue plus étroite qui s'éloignait de la rue marchande. Peut-être que l'homme aurait perdu leur trace dans la foule et n'aurait pas remarqué qu'ils avaient tournés...
Elle ne désirait pas ennuyer son scalproie en le rappelant dans sa pokeball, lui qui détestait profondément cela ; mais l'état nerveux dans lequel il se trouvait ne permettait pas de le mettre tout de suite en contact avec ce qui l'inquiétait afin de lui faire comprendre qu'il n'y avait rien... Lui qui avait passé tant d'années au calme à ses côtés s'était encroûté par rapport à son état sauvage, et redécouvrir le contact des hommes quand ils n'étaient autrefois que deux nécessitaient une adaptation plus longue qu'ils ne le pensaient...
Essoufflée par la cadence militaire de ses pas, tâchant de n'y porter aucune attention en continuant son avancée, l'albinos passait devant une des rares boutiques de la rue quand elle se tourna enfin un instant en arrière, constatant qu'une tignasse blanche venait à son tour de passer l'angle de la rue.
Sans ajouter un mot, Anastasia s'engouffra dans la boutique en compagnie de Charon, terriblement sur les nerfs. (c) 2981 12289 0
Quelle ne fut pas sa déception, que de voir la demoiselle se tournée dans sa direction avant de faire demi-tour pour tenter de... fuir ? Sur le coup, il en avait ralenti sa course, ne comprenant pas vraiment pourquoi une telle réaction... Avant de se rendre compte que s'il continuait ainsi, il allait la perdre.
- .... Non non non... Non ! Attendez ! Partez pas !
Panique.
Le géant se remit aussitôt en mouvement, se gênant encore moins à pousser les gens qui se trouvaient sur son passage. Il ne prit d'ailleurs, pas vraiment la peine de répondre plus que par un grognement d'agacement, lorsque certaines personnes tentaient de se "rebeller". Il ne leur offrit d'ailleurs, pas plus d'attention, trop occupé à ne pas lâcher des yeux la dame blanche qui continuait de vouloir lui échapper. Jusqu'à tourner dans une rue, pour y disparaitre... Alors Conall accéléra le pas, marmonnant dans sa barbe autant d'insulte sur les gens qui le ralentissait, que sur Moro qui manquait toujours à l'appel. Il était sûr que si la chienne avait été là, il l'aurait déjà rattrapé. Pour la simple raison, qu'elle faisait partie des rares personnes à être apprécié par la Couafarel. Sans doute l'aurait-elle reconnue ? Il préférait y croire en tout cas.
Lorsqu'il fut enfin arrivé devant la ruelle en question, le géant avait jeté un regard courroucé en arrière. Il était sûr que certaine personne là dedans, avaient délibérément freiné son avancé, pour une raison qui lui échappait. Parce que oui. Il était très loin de penser qu'on pouvait croire qu'il lui voulait du mal. Après tout, n'était-il pas là pour la protéger à la base ? Enfin, du moins, il se devait de la ramener à Kalos. C'était le deal de base. Conall porta ensuite le regard dans la dites ruelle. En soit, il ne vit pas réellement la jeune femme non. Il vit simplement une espèce de mouvement, qui entrait dans une bâtisse. Une boutique ? Ah, parfait. Au moins, il allait pouvoir discuter avec elle, lui dire qui il était, ce qu'il lui voulait, l'inquiétude des domestiques aussi. Alors il lâcha un soupire rassuré avant de se remettre en route, plus calmement du coup.
Le géant s'arrêta un instant devant la boutique, et se mit à regarder autour de lui, à la recherche de Moro. Etait-elle de retour, avait-elle put le retrouver ?... En tout cas, il ne vit nullement sa toison... Hmph... Le géant lâcha un soupire avant de se remettre en route, bien parti pour entrer dans la boutique...
Run Boy Run En soit, c'était une adorable petite boutique quand on en trouvait dans les rues un peu à l'écart des grandes avenues. Quasiment vide à l'exception d'une jeune femme observant un stand et de la vendeuse derrière le comptoir, il provenait de cette petite antre de féminité une ambiance confortable et accueillante, poussant les clients à se mettre naturellement à l'aise dans un milieu qui ne l'était pas forcément. Sur les étagères et présentoirs qui longeaient les murs de la boutique, d'élégants mannequins patientaient éternellement, figés dans des poses sensuelles rappelant la femme fatale ou la jeune curieuse prude, leurs corps de plastique dissimulés sous... de la lingerie fine. Au fond de la salle se trouvait le comptoir, et derrière celui-ci, une femme d'une certaine carrure, le visage illuminé par un grand sourire. En voyant entrer Anastasia et son pokemon, c'est d'un bond étonnamment agile qu'elle se releva pour les rejoindre, accompagner d'un sympathique ponchiot qui la suivait d'un air heureux.
- Bonjour et bienvenue ! Que puis-je pour v-
Mais la vendeuse ne termina pas sa phrase, fronçant les sourcils en remarquant le regard furetant de l'albinos et de son pokemon. Il n'était pas bien compliqué de deviner quelque chose n'allait pas avec ces deux là.
- Bonjour !
Et sans ajouter un mot de plus, la d'ordinaire si polie dame d'albâtre et son pokemon se précipitèrent dans les cabines d'essayage et s'y enfermèrent. Dans son poing délicatement serré, elle tenait fermement le rideau de la cabine, le gardant immobile alors qu'elle cherchait à calmer sa respiration.
- Ma jolie, à moins que tu sois une cliente tu n'as rien à faire dans ces cabines.
Une voix essoufflée mais douce lui répondit.
- J'essaye de fuir quelqu'un.
Silence.
- Mister Armoire à glace ?
- Oui.
- Chérie, reste là aussi longtemps qu'il te faudra.
Anastasia, dans la lumière tamisée de la cabine d'essayage, entendit des pas s'éloigner, puis plus rien. La vision masquée par l'épais rideau rouge, se concentrant sur ce qu'elle aidait pour se faire une idée de la scène, la dame albinos attendait avec une grande attention que quelque chose ne se passe. L'homme l'avait-il suivi jusque ici ? Maintenant qu'elle y repensait, il y avait quelque chose de familier chez lui, quelque chose de lointain et d'un peu amer. Maintenant qu'elle y pensait, cet homme avait presque la même couleur de peau et de cheveux que Conall, son ami perdu de vue depuis bien des années... Mais elle ne l'avait jamais revu et lui était bien loin du physique terrifiant que possédait l'individu. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait guère pensé à tout ceci, depuis-
- Qu'est-ce que je peux faire pour vous. ?
Anastasia se concentra sur la scène qui se déroulait à l'extérieur de sa cachette.
Quant à la vendeuse, ayant repéré sa proie à travers la devanture, celle-ci s'était calée devant la porte d'entrée, comme elle accueillait toujours les clientes ; mais ses bras croisés sur sa poitrine et son air ennuyé trahissait une certaine froideur vis-à-vis du géant qui venant d'entrer. Ayant délaissé la cabine d'essayage, où il avait suivi Anastasia pendant quelques temps, le ponchiot se trouvait désormais assis aux pieds de sa maîtresse, où il tirait la langue en jappant joyeusement sur l'inconnu qui lui faisait face, ne voyant aucun mal en lui là où Charon ne désirait qu'attaquer. Terré au fond de la cabine en compagnie de sa maîtresse, tremblant de frustration alors qu'il restait immobile, le scalpion s'efforçait de s'apaiser pour obéir aux ordres d'Anastasia...
Alors qu'il s'apprêtait à entrer dans la boutique, une dame se posa pile dans l'unique passage, venant à croiser les bras, et le regardant avec un air peu avenant. Au moins son petit pokemon se montrait plus amical, et plus adorable aussi d'ailleurs. Il avait posé un instant le regard sur le petit animal, avant de reporter son attention sur la vendeuse...
- Heu... - Il ne sembla pas trouver ses mots sur le coup, comme un peu perdu par la situation... - J'suis à la r'cherche d'une dame... Ch'veux blancs, peau très clair...
En vérité, il aurait put continuer, expliquer les choses, aller plus loin. Mais une fois de plus, il s'en retrouva bloqué. Bloqué par la froideur de la femme face à lui, qu'il ne comprenait pas. Pourquoi ? N'était-elle pas une vendeuse d'ailleurs ?... Il n'avait même pas fait attention à ce que vendait la boutique cependant, sans doute aurait-il était bien gêné. Sans doute aurait-il fuit rapidement, pour attendre plus loin en pensant que sa "cible" ne finisse par sortir de là.
En tout cas, pas bien à l'aise, il ramena son sac un peu mieux contre lui, jetant un nouveau regard autour de lui, à la recherche de sa partenaire. Son absence commençait à lui peser pas mal...
- J'crois qu'elle est entrée... Ici. 'fin, faut que j'lui parle, c'est... Important...
Il ne pourrait pas y avoir de soucis n'est-ce pas ? Il ne lui voulait aucun mal après tout. Alors qu'est-ce qui pourrait mal se passer ? Lui ne voyait pas le soucis en tout cas, focalisé sur son unique objectif, sûr et certain que sa quête arrivait à sa fin...
Run Boy Run Installée dans l’entrée du magasin, n’ayant pas bougée d’un pouce alors que l’homme s’était approchée, la vendeuse tenait bon. Seule autorité dans sa boutique et figure de protection autoproclamée, la femme attendait quelques paroles et explications. Ce n’était pas la première fois qu’un homme se présentait à la suite d’une femme en fuite dans cette échoppe, et à dire vrai, c’était un genre de situations qui la poursuivait depuis si longtemps qu’elle s’était toujours décidée à agir. Faisant barrage de son corps et de son caractère pour une inconnue, elle dévisageait l’homme trop grand sans la moindre peur. La cliente restante, en revanche, n’était pas du même avis…
- Heu... J'suis à la r'cherche d'une dame... Ch'veux blancs, peau très claire...
Mais la vendeuse ne répondit pas et le géant qui lui faisait face, tel Goliath faisant face à David, sembla s’aplatir et se liquéfier devant elle. Thabita en avait vu défiler des bizarres et des vicieux tout au long de sa vie, mais des polis si peu confiants, ça c’était une carte qu’elle n’avait pas vu souvent jouée. Comme elle ne disait rien, l’individu continua.
- J'crois qu'elle est entrée... Ici. 'fin, faut que j'lui parle, c'est... Important...
Eh beh ! La nervosité dont il faisait preuve ne laissait présager rien de bon, et toujours en le fixant Tabitha fronça les sourcils et plissa les yeux , le jugeant du regard. Plus loin derrière elle, immobile dans la cabine en compagnie de son pokemon, Anastasia ne bougeait pas, contrôlant au possible sa respiration alors qu'elle essayait de se faire discrète. Il y avait quelque chose de malheureux et d'affligeant chez cet homme qu'elle ne connaissait pas et qui pourtant cherchait à l'atteindre. Était-ce vraiment un de ces gars des rues, ou alors avait-il vraiment quelque chose d'important à le lui dire ? Et si... Mais la réaction de Charon derrière elle ne laissait présager rien de bon, tout comme celle de la vendeuse qui semblait étrangement connaître ce genre de situation.
- Important ?
La vendeuse parvint à un véritable exploit visuel, haussant un sourcil suspicieux tout en les gardant pourtant froncés.
- Écoutez Monsieur, ceci est une boutique de lingerie pour femme. Soit vous êtes un client, soit j'ai peur que vous n'ayez rien à faire ici. Puis-je vous renseigner sur quoi que ce soit ?
Et disant cela, la vendeuse leva la main et désigna une des mannequins en plastique dans son dos, vêtue d'une nuisette en dentelles accompagnée d'une jarretière. Ce n'était pas une armoire à glace de deux mètres de haut qui allait l'intimider, ça non ! Trop nerveux, trop inquiet, l'attitude de l'homme trahissait quelque chose de louche... Presque autant que la manière dont la femme avait bondit à l'abri des regards et de sa présence...
La tête que venait de faire la vendeuse, après avoir répété le dernier mot qu'il avait dit, le mit encore moins à l'aise qu'il ne l'était déjà. Il ne comprenait pas vraiment, le pourquoi ça n'allait pas comme il ce l'était imaginer. Peut-être était-il resté trop longtemps loin du monde. Sans doute. Mais ce fut la suite de ses paroles qui finit par lui faire perdre pied. Une boutique de lingerie ? Lorsqu'il releva la tête, constatant enfin les produits que venaient la boutique... Et bien... Il s'empourpra aussitôt. D'autant plus que le mannequin qu'elle venait de présenter était dans une position qui le mit encore plus mal à l'aise. D'ailleurs, il en avait rapidement détourné le regard, comme s'il n'aurait jamais dut voir ce genre de chose....
- Je... heu... Non... - Ah qu'il regrettait d'être aussi grand ! S'il avait put disparaitre, il l'aurait fait bien volontiers, là tout de suite.... - S'cuse... J'vais attendre plus loin... je... hmph...
Il secoua la tête et chercha pas plus loin, s'éloignant finalement de la devanture de la boutique, presque honteux. Il n'arrivait pas non plus à comprendre pourquoi elle avait fuit jusque là.
C'est là que Moro décida de refaire finalement surface. Venant de l'autre bout de la rue, la chienne était arrivé au niveau de la boutique à grande vitesse. Elle s'arrêta néanmoins devant celle-ci, posant le regard sur la vendeuse, durant un instant, avant de reprendre sa course pour rejoindre son maitre qui avait déjà atteint le bout de la rue. Retrouvant enfin sa compagne de route, celui-ci c'était arrêté un instant pour lui caresser la tête, la sermonnant plus ou moins sur son absence. Sermon qui ne servait en soit, à rien, au vue de la réaction de la créature. Mais soit. Le géant avant finit par rejoindre un banc pour s'y assoir, pour attendre sagement, comme il l'avait dit juste avant.
Run Boy RunTabitha n'ajouta rien, observant l'homme s'empourprer à vue d'oeil et perdre pied face à l'endroit où il se trouvait. Ben pour un narvalo, s'en était bien un drôle. Après toutes ces années, la vendeuse n'en avait que rarement vu agir comme ça et il fallait presque lui avouer qu'elle aurait pu pousser un peu plus loin l'interrogatoire. Consciente cependant d'à quel point un géant pareil pouvait importuner et déranger sa clientèle – il l'avait déjà fait, après tout, Tabitha n'insista pas et, les sourcils froncés bien plus expressifs que la moindre parole qu'elle aurait pu prononcer, elle guida d'un regard l'intrus qui ressortait enfin de la boutique.
- Et bonne journée à vous !
Mais sa salutation paraissait plus proche du bon débarras qu'autre chose. Après s'être assurée un instant que l'homme s'en était bien allé, constant enfin qu'il ne pouvait plus voir l'intérieur de la boutique depuis le bout de la rue, la vendeuse poussa un soupir et s'en retourna auprès des cabines.
- Il est partit ma belle, tu peux sortir de là.
Le rideau glissa avec douceur, révélant le contenu de la cabine aux yeux discrets des deux autres femmes dans la boutique. Anastasia, serrant son sac d'une main et le mur de tissu de l'autre, ne trahissait aucune émotion. Plutôt étonnée par cette altercation avec cet étrange individu et encore perturbée par ses paroles, elle ne savait que penser et réfléchissait grandement à la situation. Malgré elle, le doute persistait encore : et s'il n'avait pas été aussi mauvais qu'il le pensait ?
- Merci pour ce que vous avez fait, madame...
- Oh appelle-moi Tabitha. Elle fit un geste de main. C'est rien va, c'est pas la première fois.
Le ton léger avec lequel elle s'adressait disparu bien vite sous un grand sérieux.
- Écoute, je crois que tu devrais attendre ici encore un peu avant de repartir, je crois qu'il est encore dans le coin. Tu es pressée ?
L'albinos réfléchit quelques instants, contemplant l'horloge accrochée à l'un des murs de la boutique. Si elle était véritablement suivie ou que cet homme comptait s'expliquer avec elle une fois qu'il l'aurait retrouvée, il y avait risque de retarder encore plus son voyage que ce n'était déjà le cas... Le temps ne lui manquait pas encore, et elle pouvait se permettre d'en dispenser un peu, ne serait-ce que pour permettre à son cœur de regagner un rythme normal, et au brave Charon de regagner un peu confiance en son entourage...
- Je peux rester un peu, vous avez raison.
Tabitha observa un instant Anastasia, puis son regard d'abord visé sur son visage glissa pour s'attarder sur les généreuses courbes de la dame d'albâtre. Celle-ci, n'y voyant aucun mal ou intention néfaste, ne dit rien et fit signe au scalpion qui sortait enfin de la cabine.
- Trésor, laisse-moi te dire que tu es ravissante – et que j'ai exactement ce qu'il te faut.
Sur un clin d'oeil chaleureux, Tabitha se retourna et, d'une démarche dansante, se dirigea en direction des vêtements suspendus sur un meuble derrière elle. Grande taille, hein ? Elle ne connaissait que trop bien ce problème, et justement, en bonne magicienne, elle avait la solution...
Le ponchiot, quant à lui, était allongé à l'entrée de la boutique ; il contemplait son gigantesque ami qui, rejoint par un autre pokemon, attendait au bout de la rue, visible et pourtant hors d'atteinte. Difficile pour lui de comprendre pourquoi on lui refusait de s'approcher de cet homme à l'air si sympathique ; alors, triste et privé de jeu, il jappait parfois doucement pour attirer son attention.
...
Quand Anastasia quitta la boutique par la cour arrière, une heure et demi plus tard, c'était avec un certain soulagement et le sac rempli de quelques nouvelles affaires. Derrière elle, Charon suivait, à nouveau apaisé, toujours d'une loyauté sans faille. Tabitha s'était montrée d'une bonté exemplaire et d'une gentillesse absolue, l'écoutant à chacune de ses paroles, acceptant ses choix et restant toujours à une certaine distance d'elle comme si elle craignait de l'importuner en s'approchant trop. Après les incidents survenus un peu plus tôt, les deux femmes avaient discutés, l'albinos acceptant de se confier quant à sa présence ici, et elles en avaient convenue une chose : qu'importe qui était cet homme, il n'avait à priori aucune raison de chercher à la contacter si ce n'était pour la gêner dans ses projets – et Anastasia ne remettrait pas à plus tard son but.
Suivant les conseils de sa nouvelle amie et les indications qu'elle lui avait donnée, la dame blanche chemina discrètement à travers les petites ruelles de Kishika, longeant les murs en se dirigeant d'un pas rapide en direction des limites de la ville, cherchant à éviter les mauvaises rencontres et surtout la sienne. Là, lui avait-on dit, elle trouverait la gare routière en direction du désert, et, dans le pire des cas, les chemins qu'elle pourrait emprunter à pied pour se rendre jusqu'à Hérisis ; car la route était encore longue mais elle pouvait sentir qu'elle approchait du but, et chaque obstacle qu'elle rencontrait et dépassait la confortait dans son idée : elle y arriverait.
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