Dusk Lumiris

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Sine Qua Non ft. Léandre H. Prescott
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Sine Qua Non
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On ne pouvait pas dire de Mana’arii qu’il était un habitué - Déjà parce qu’il n’en avait jamais vraiment eu besoin (ni envie).
Dans son royaume (Alola, de son véritable nom), l’insulaire n’avait jamais ressenti l’obligation ni la nécessité de rencontrer de nouvelles personnes extérieures au cercle social dans lequel il avait été introduit. Son monde était composé de nouvelles têtes qui venaient puis qui partaient et, au final, il n’avait jamais vraiment eu le temps de s’ennuyer suffisamment.
À Lumiris, les règles du jeu avaient un peu changé.
Même s’il y avait Séréna, même s’il suffisait de quelques mois pour permettre au monde de gagner autant en couleurs qu’en activité, ce n’était pas assez : il y avait des soirs où l’ennui le gagnait encore et d’autres où il se sentait profondément seul.

Des soirs où même passer sa nuit à dislike tous les posts, toutes les vidéos, toutes les photos et l’existence toute entière de Vai’ata ne suffisait plus à le distraire suffisamment longtemps pour faire fi de l’ennui et du manque de contact humain.
Il avait vraiment atteint le fond du baril.
C’était la raison pour laquelle Mana’arii s’était soumis aux solutions de dernier recours. Celle tout juste avant « chopper le cancer du sida en couchant avec n’importe qui dans un bar » : la dernière des possibilités politically correct : L o v i r i s.

Comme tous les désespérés avant lui (Mana’arii Ehu-kai n’était pas désespéré), il s’était convaincu d’installer l’application en se disant que c’était pour rigoler… Puis au bout de deux-trois swipe à droite, quatre-cinq profils : il s’était laissé prendre au jeu.
Et comme Mana’arii était bon joueur, il avait tout simplement automatiquement swiper positivement tous les utilisateurs sans faire la moindre distinction entre les grands et les petites, les blondes et les bruns, les adolescents et les cougars.
Il savait qu’il ne trouverait pas le grand amour (Dieu merci, il ne le cherchait pas.) et, dans le merveilleux monde du divertissement, il n’y a pas de critère de présélection : tout le monde était un partenaire potentiel.

On ne liait pas sa nuit à une personnalité et, parfois, les gens … (Un peu moins attirants) qui correspondaient un peu moins à ses goûts réservaient de belles surprises une fois les barrières tombées.
Mana’arii s’en voudrait de passer à côté d’une belle opportunité sous prétexte qu’il avait joué les fines bouches.

Jackpot.
Était sans doute le terme le plus approprié pour expliquer comment il s’était senti lorsqu’il était tombé sur les photos de Léandre. Même si le profil parlait peu et traduisait assez difficilement l’être humain derrière l’écran, le blondinet avait néanmoins décidé d’entamer une conversation par messagerie privée et, franchement, le courant avait bien passé.
Comme il n’était pas un forceur (Enfin, pas sur une base volontaire), il n’avait pas été question de lui proposer de sauter les barrières du virtuel la première semaine. Ni la deuxième.
Mais pourquoi pas la troisième ?
Pour l’Ehu-kai, c’était clair qu’ils se connaissaient désormais suffisamment pour se rencontrer et… et puis, franchement, internet manquait de spontanéité à son goût. Pouvoir penser ses mots, les calculer, les choisir : il y avait une certaine hypocrisie, un manque de transparence qui avait tendance à l’agacer (Le mot était fort) lorsqu’il assistait passivement à l’écriture de ses conversations.

Alors voilà. L’invitation avait été lancée.
Même qu’il avait laissé le choix du lieu à son… ami (Sa… date ?) sans la moindre opposition. Même si lui était plus tourné vers les bars que vers les cafés (Peut-être parce qu’il n’avait pas peur de s’afficher), il était capable de concevoir que tout le monde n’avait pas la même aisance dans les foules et que, au fond, faire connaissance de quelqu’un quand il fallait hurler afin de couvrir le son de la musique n’était pas forcément quelque chose d’agréable.
Bref.
Au final, ce n’était pas un café qui avait été proposé, mais l’observatoire et… Franchement, ce n’était pas un mauvais choix. Jamais il n’aurait choisi un endroit comme celui-ci spontanément, mais, venant de quelqu’un d’autre, ça passait assez bien.

Le rendez-vous avait été fixé à 21h30.
Histoire de ne pas observer le smog du jour et le ciel bleu – beaucoup trop bleu pour être intéressant.

En arrivant sur place, l’Ehu-kai ne tarde pas à réaliser qu’il est le premier arrivé sur les lieux. Intrigué, il s’accote près de la porte d’entrée puis balaie deux-trois fois l’horizon avant de ramener son attention vers son portable.
Peut-être que l’autre était en route ? Enfin, il l’espérait. On ne posait pas de lapin à Mana’arii Ehu-kai et son célèbre 8/10 - Cette note tout juste suffisante pour faire de lui un bon souvenir, une bonne blague au coin du feu. Évidemment qu’il le vivrait mal… Mais plus que l’égo en souffrance, c’est surtout le fait de ne pas avoir rencontré quelqu’un qui dérangerait l’insulaire.

Il avait cruellement besoin d’un nouveau nom à ajouter à son carnet d’adresses (Même si plus personne n’avait de carnet d’adresse).

Léandre


Coucou, je suis arrivé… Je suis posté à l’entrée ! Impossible de me rater lol


Dévisageant un instant son téléphone, le jeune homme roule doucement des yeux en soupirant « lol » : quel 8/10 disait L O L ?
Franchement, il aurait dû s’offrir un petit tirage de cartes avant de mettre les pieds… Juste au cas où. On ne savait jamais, après tout, ce que les arcanes pouvaient nous apprendre sur un événement immédiat.
(c) TakeItEzy
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Sine qua non

feat. Mana’Ari Ehu-Kai
« Time goes by and scars heal themselves. »
Atlas niv.20
??? niv.0
??? niv.0
??? niv.0
??? niv.0
??? niv.0
J’avais eu du mal à m’expliquer quelle réaction chimique s’était produite dans ma tête pour que j’ose télécharger cette application que j’avais toujours redoutée. Était-ce dû à cette soudaine rencontre déstabilisante que j’avais faite ? Était-ce parce qu’Elun et Narcisse avait éveillé en moi ce que je tentais d’endormir depuis déjà un moment ? Voulais-je testé si je parvenais toujours à intéresser les gens ? Voulais-je tester mes propres goûts ? Moi qui normalement me tenais droit, moi qui normalement ne se questionnait que très peu, moi qui baignais dans si peu de doutes, voilà que je m’écroulais sous la pression de ces questionnements qui me mitraillaient comme un soldat en plein milieu d’un champ de bataille.

Murmure évanoui dans l’obscurité de la nuit. Je m’étais senti poussé par une force qui me dépassait. J’avais attrapé mon téléphone sur le menu des applications à télécharger, j’avais appuyé sur Loviris, puis sur installer. Comme si j’avais posé ce geste mille fois. C’était bien la première et je sentais une nervosité étreindre ma poitrine d’un souffle chaud, indolore. Un mélange d’inconfort et de hâte. Dès que mon téléphone m’eut notifié l’installation, je m’étais empressé de créer mon profil. Mais pourquoi ? Ce contrôle serré que je tenais sur mes hormones semblait s’en être allé et il ne restait plus qu’un inconfort à ma solitude. Pour les amitiés. Forcément. C’était forcément ça. Je voulais rencontrer des amis. J’en avais marre d’être seul, la chaleur humaine me manquait, le sourire des uns, la confiance des autres.

Chaque homme qui défila devant moi, je le regardai comme s’il était un morceau de viande dont la saveur m’intéressait peu. Chaque homme qui défila devant moi s’en alla rejoindre les précédents rejets. Cherchais-je quelqu’un en particulier ? Je m’en donnais l’impression. Les bruns, les châtains puis les roux, je n’étais convaincu par aucun. J’avais toujours été davantage interpellé par la luminosité des uns. D’aucuns me plaisaient, mais peu aboutissait dans ces « matchs » que l’application nous permettait de créer. Pour la première fois de ma vie, je furetais des profils d’hommes. J’avais toujours laissé l’amour venir à moi, jamais je n’avais cherché à la créer et c’est probablement pour cette raison que je me surprenais le plus. Là, en cet instant, j’étais allongé dans mon lit, vêtu de simples caleçons, dans le réconfort de ma couverture, la chaleur d’Atlas contre ma jambe. Ici, je me sentais protégé des regards inquisiteurs, dans ma chambre, dans mon lit. Nulle part ailleurs. Clin d’œil nostalgique où j’épiais les magazines pour adolescents en me délectant de la vue de ces boys band à la mode desquels on nous bourrait de nouvelles. Le lendemain, j’aurais probablement oublié ce que j’avais écrit ce soir-là, j’aurais probablement perdu de vue ces profils que j’avais lus.

Sauf un.

Emblème d’un souvenir lointain, la candeur de cette photo de profil, éloge d’un visage au teint basané et d’une chevelure blonde, d’un regard se baladant entre le doute, la sincérité et l’admiration. Un coup de cœur soudain. Un air de famille avec cet homme que j’avais jadis aimé. Nous avions longuement parlé. Jusqu’aux aurores peut-être. Le sommeil m’engloutit avant que je ne puisse regarder l’heure. Dès le réveil, je lui avais envoyé un « bon matin. » M’esquissant un sourire pincé de pitié. À quel point étais-je désespéré ? À quel point voulais-je brisé ma solitude ? Je n’arrivais même plus à contrôler ces impulsions sordides auxquelles jamais je n’avais succombé.

Les jours passèrent et devinrent éventuellement une semaine, puis deux… puis trois. Chaque jour, nous nous étions parlé. Entre les quarts de travail, déshéritant mon hygiène de sommeil de ces huit heures fermes que jamais je ne souhaitais réduire. Il m’en avait convaincu par je-ne-sais-quel sorcellerie. J’étais ce poisson qui avait mordu à l’hameçon. Était-ce de l’amour pur et dur ? Probablement pas, mais il y avait de l’affection, du réconfort, un sentiment agréable à partager ces instants avec lui. Un soupçon de joie d’avoir trouvé, en Lumiris, un être auquel je pouvais m’identifier, alors que je m’étais promis de ne jamais donner accès à personne à cette vie privée. Quand il me proposa cette rencontre, je n’avais même pas pris le temps de réfléchir. J’avais dit oui, sans même consulter mon horaire. Je me ferais remplacer, au pire. Pour que j’ose dire cette phrase, il fallait que j’aie envie de le rencontrer. Trois semaines de discussion virtuelle, ça suffisait ? Non ?

L’observatoire avait été mon lieu de rendez-vous. Pourquoi donc ? Pour sa distance, sa faible popularité. Je pourrais me terrer, nier, au pire. Jamais je ne serais surpris ici en train de tisser des liens de quelque nature qui soit. Rien à voir avec la honte, davantage avec ce côté privé et je me tuais à conserver. Cet anonymat sur une personne que je préférais enterrée que bien vive et batifolant dans les rues. Je ne lui avais pas expliqué mon choix, je l’avais simplement imposé. Il avait accepté, purement et simplement, sans jamais questionner le choix, du moins pas dans ses messages. À ce stade, peut-être soupçonnait-il une certaine romance, un côté poétique ? Oui et non. Je connaissais plusieurs constellations, mais je n’avais pas pour objectif de le séduire avec ça. Ma motivation était purement pudique. Malgré tout ce charme qu’il dégageait et que je pouvais dégager.

Je m’étais parfumé. Je m’étais bien vêtu. Comme si je cherchais à plaire, à lui en mettre plein la vue. Je me tenais devant le bâtiment, de l’autre côté de la rue avec l’espoir de ne pas être vu tout de suite. J’avais besoin de prendre mon temps, de me ressaisir. J’avais besoin de combattre cette nervosité intrusive qui se manifestait en moi. Traumatisme du passé ou remord persistant, je fixais le large télescope sans faire attention aux rires des enfants qui s’estompèrent dans la noirceur. Windoria était particulièrement froide normalement, on me l’avait décrite comme étant cruelle. Je la trouvais douce. Une simple veste doublée pour me couvrir, ni tuque ni gant pour protéger mes fragiles oreilles ou mes articulations boursoufflés par ma tendant à craquer mes doigts. On voyait bien mon pantalon blanc, se fondant presque avant la neige autour. Jamais elle ne fondait. On l’avait dit, je ne l’avais pas cru.

Mon téléphone vibra.

Je le levai et en allumai l’écran devant mes yeux. Habitué au voile nâcre de la nuit, j’échappai un bref gémissement de surprise lorsque la lumière m’éblouit. Un sourire naïf gagna mon visage. C’était lui. Il était là. Je l’avais raté, mais il était arrivé. Je fixai l’écran quelques instants, la caressant du pouce pour qu’elle ne s’éteigne pas. Je tapai rapidement sur le clavier et envoyai à mon tour un message.

Mana’Ari



Coucou, je suis arrivé… Je suis posté à l’entrée ! Impossible de me rater lol

Hey ! j’suis pas très loin, j’arrive vite.

J’ai hâte.


J’aurais dû retenir ce second message. Je n’aurais pas dû l’envoyer. Il me montrait vulnérable, attaché, pris dans un filet quelconque. J’en étais pourtant conscient. Si je me laissais bercer par des sentiments positifs, je ne me bernais d’aucune illusion. C’était une rencontre simple, entre deux amis, une première rencontre pour laquelle j’avais des attentes, mais aucune n’avait pour chute finale un couple. C’était un inconnu. Je n’étais pas prêt. Il était pourtant trop tard. Si comme moi il accordait son importance au moindre mot, il aurait soulevé cette hâte.  Il l’utiliserait, si comme moi, il aimait jouer de ses charmes. Je venais de lui concéder un avantage indéniable sur cette rencontre. Je rangeai mon téléphone dans l’une des poches de ma veste et je commençai à avancer vers la porte. J’ouvris.

Il était là.

Seul. Nous avions le lieu pour nous deux. Personne d’autre n’envahissait ses corridors. Je souris. J’avais bien choisi. Je retirai ma veste pour montrer cette chemise noire que j’avais spécialement revêtue pour l’occasion. Son tissu satiné puait le luxe. L’absence de plis démontrait que j’avais même pris la peine de la repasser – ou de l’envoyer chez le nettoyeur. – J’avais pris le temps de soigner ma présentation, comme si j’avais été un produit qu’il devait acheter. J’avais mis les chances de mon côté, trahissant qu’au fond de moi, j’espérais que cette rencontre ne serait pas la dernière qui aurait cours entre nous. Si ça ne se voulait pas un rendez-vous galant pour moi, je ne voulais fermer aucune porte. J’avais pris le temps d’y penser, espérant que je saurais me contenir, qu’en face l’un de l’autre, je saurais calculer mes mots et reprendre le contrôle sur cette situation qui m’échappait déjà. « Tu vas bien ? » dis-je enfin en m’approchant de lui. Incertain de l’action à poser. Devais-je le serrer dans mes bras ou lui serrer la main ? Devais-je le saluer à distance et m’en contenter ? Dans une vie dénuée de rencontres virtuelles, je n’avais jamais été confronté à cette situation où je connaissais l’individu avant même de l’avoir vu. Devais-je agir comme s’il était un ami ?

Il me le dicterait. Hors de question que je prenne une initiative maladroite. On ne nous apprenait pas cela à l’école de police.
(c) TakeItEzy
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De toujours, on reconnaissait en lui quelqu’un de volatile et décomplexé.
Quelqu’un qui se questionnait rarement, qui ne se souciait jamais du bien fondé de ses actions… Mana’arii exaltait la liberté. Il en était le moteur, l’émissaire, l’essence même. Tout son être dégageait l’absence de frontières auxquelles se confronter, ces limites qu’il n’avait jamais été question de s’imposer.
Ce que Mana’arii voulait, Mana’arii l’obtenait. Il n’avait pas le moindre regard objectif sur le caractère « admissible » de ses désirs, il s’y conformait tout simplement sans la moindre hésitation. De toute façon, l’insulaire n’était pas reconnu comme quelqu’un de mauvais ou de dérangeant (Il était trop solaire et avait une image trop contrôlée de sa personne pour cela) et ses désirs, même s’ils étaient souvent égoïstes, n’empiétaient jamais sur la liberté des autres. Mana’arii n’entendait pas à dévaliser une banque ou devenir le maître du monde : il souhaitait simplement exister.  (Sortir de l’ombre de ses frères et sœurs.)

Toujours accoté près de l’entrée, le jeune fait doucement défiler l’interface d’une application quelconque. Il regardes les photos et les vidéos sans grand intérêt, essaie de ne pas froncer les sourcils (Au cas où il venait d’entrer dans le champ de vision de Léandre.) lorsqu’il admire une énième photo de Vai’ata dont l’existence le rend toujours aussi amer.
Conformément à ses habitudes, il tue le temps jusqu’à sentir son téléphone vibrer entre ses doigts. Intrigué, il réouvre Loviris jusqu’à tirer l’esquisse d’un sourire timide. (Mana’arii n’était jamais timide ou intimidé.)

J’ai hâte.
Lui aussi, il avait hâte. Cela faisait maintenant trois semaines que lui et Léandre discutaient du matin jusqu’au soir… Ses messages ponctuaient à la fois ses réveils et ses endormies. Pour l’insulaire, l’attention que lui portait le brun comptait définitivement. (Sans doute parce qu’il manquait toujours d’attention.)
À un point tel où toutes les pauses que Mana’arii s’accordait entre deux clients (Sept à huit pauses d’une durée moyenne de trente minutes à une heure donc), il les lui consacrait à la hauteur de ce que l’autre pouvait faire.

Il n’était pas lourd, non.
Il ne comptait pas sur Léandre pour le divertir, il n’attendait pas une réponse de sa part dans la minute… Mais l’intérêt qu’il lui témoignait était largement suffisante pour créer le désir ou l’affection. On ne faisait pas entrer quelqu’un dans son quotidien pendant près d’un mois en se répétant continuellement que cette présence en supplément ne changerait rien. (C’était un énorme mensonge et, les mensonges, c’était mal.) Et même si le blondinet n’entendait pas à s’attacher indéfiniment à une autre âme, il n’en restait pas moins capable d’affection et de sentiments.

Mana n’était définitivement pas un bloc de glace.
Reste que ce « lol » un peu immature le dérangeait. (Non, mais qui répondait « lol » comme ça.)

Et que ce n’était pas du tout l’image qu’il voulai- « Tu vas bien ? » Le cœur qui rate un battement, le regard qui se lève brusquement de l’écran sur lequel il était rivé depuis de nombreuses secondes même s’il ne le voyait pas vraiment.
Surpris, le blondinet referme son téléphone en le glissant précipitamment à l’intérieur de sa poche pour mieux faire comprendre à l’autre qu’il a toute son attention. Il entrouvre légèrement la bouche, balbutie quelques euh, je – enfin… tu - . . . . . . puis se tait en prenant une grande inspiration.

1. 2. 3. On reprend.
Pardon, j’ai été un peu surpris. Je ne pensais pas que tu étais proche à ce point. Rigole-t-il doucement d’une voix beaucoup plus assurée que l’étaient ses bredouillements quelques secondes auparavant. Discret, il se permet de jauger l’autre de la tête aux pieds sans pour autant appuyer son regard trop longtemps sur une quelconque partie de son corps (Il détestait rendre les gens inconfortables ou les traiter comme des morceaux de viande).
Au final, il n’en tire qu’un vague sentiment d’intimidation qu’il tente de dissiper par un sourire (Putain qu’il était beau.) alors qu’il glisse discrètement sa langue sur ses lèvres pour mieux reprendre contenance. Ça va nickel et toi ?, renvoie-t-il en supportant son regard sans la moindre faiblesse ou hésitation. (Ce n’était pas son genre de se laisser intimider et il le savait : ça ne pouvait pas durer.)

Léandre était… Difficile d’expliquer. Différent. Il était différent des gens dont Mana’arii s’approchait d’ordinaire. Il était plus grand, plus costaud, plus imposant.
La seule chose qui mettait l’insulaire sur un terrain connu, c’était le luxe que tout son être exaltait. Les gens… financièrement aisés, Mana’arii avait l’habitude de les côtoyer en dépit de sa propre pauvreté. Il les attirait comme un aimant, sans doute parce qu’ils finissaient tous par le traiter comme un petit animal de compagnie que l’on appréciait bien et que l’on souhaitait gâter. (Il ne savait pas trop, à dire vrai. Jamais personne ne lui avait clairement dit « T’es comme un petit ponchiot pour moi ».)
Il avait pris l’habitude. On s’est mis sur son trente et un à ce que je vois… C’est du satin non ? Excellent choix, elle te va à ravir… Elle met bien ta musculature et la carrure de tes épaules en valeur. (D’accord Mana. Pas de soucis. Continue de t’improviser styliste si tu veux. Tu comptes lui proposer une ceinture assortie un coup parti ?) J’espère que sauras pardonner la simplicité de mon habillement du coup. Conclue-t-il. (C’était définitivement mieux de conclure que de continuer sur ce terrain.)

Lui n’avait enfilé qu’un jean skinny noir -propre- et un pull jaune qui mettait en valeur le blé de sa chevelure. (Il avait froid.) Il se sentait un peu simpliste à côté.
Pas forcément moins intéressant… Mais peut-être trop « confiant » ? Léandre allait-il mal le prendre ? Croire qu’il ne prenait pas la situation au sérieux ? Que ça ne comptait pas pour lui ? Ennuyé par cette idée, l’Ehu-kai s’empresse de changer le sujet de ses pensées. Alors, beau gosse, tu m’invites ? Dit-il avec amusement en pointant la billetterie.
Il avait tourné ça sous le couvert de l’humour et… d’un sens ce n’était pas faux : si Léandre ne l’invitait pas, il payerait son entrée.
Mais tout son corps, même s’il ne le dirait jamais, hurlait qu’il n’avait pas les moyens d’assurer son ticket d’entrée.

Il mangerait des ramens du coup.
(c) TakeItEzy
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feat. Mana’Ari Ehu-Kai
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Je m’attendris. Presque aussitôt qu’il ouvrit la bouche, que je l’entendis balbutier quelques mots incompréhensibles, c’était comme une détresse m’avait affecté, comme si dans aucune de ces images que je m’étais faite de notre rencontre il ne parlait. Chaque fois, je l’imaginais silencieux, contemplatif, perché à quelque part entre la rêverie et l’action. J’esquissai un sourire devant cette tentative désastreuse de parler. Je l’avais surpris, pris au dépourvu ma présence. J’aurais voulu lui dire, moqueur, que j’étais bel et bien si proche. Je me retins, par peur d’être jugé, par peur de déplaire d’un humour plus qu’approximatif. Je me tus en passant mon manteau autour de mon bras pour éviter qu’il ne voie ma main tremblante, manifeste de ma nervosité. Peut-être y avait-il un vestiaire ? Rien à faire. Je ne voulais pas me départir de ce peu de protection que m’avaient offert les circonstances. Bouclier recouvrant mon anxiété grandissante à l’idée de cette rencontre, serrure verrouillant la porte de ma vulnérabilité, barrière costaude se dressant entre lui et moi, me rappelant les convenances de mise lors d’une première rencontre… même si celle-ci était particulière. « Euh ouais, ça va… et pardon j’savais pas trop à quoi m’attendre, c’le genre d’endroit qui peut être hyper luxueux ou hyper délabré… j’ai pris le premier truc que j’ai vu. » C’était faux. J’avais pensé une bonne demi-heure en caleçon devant ma garde-robe à me demander ce que je voulais laisser paraître.

L’image. Tout était dans l’image. Tout tenait d’elle.

J’avais choisi cette chemise, parce qu’elle me donnait un air important, parce qu’elle faisait ressortir mes yeux – bruns – qui avaient du mal avec la mise en valeur – couleur trop terne pour être remarquée – j’avais choisi ce pantalon blanc pour son contraste avec la chemise et pour sembler propre. Tout avait été calculé. Tellement minutieusement. S’il était vrai qu’il y avait une partie de hasard au fait d’ainsi se rencontrer à Windoria une partie de ce que j’avais appelé une date pour me vanter à mes collègues, sans mentionner l’identité de la personne.

Était-ce ce que c’était pour lui aussi ? Une rencontre potentiellement amoureuse, un moment passé avec un être qui lui plaisait. Je n’avais pas l’habitude de me poser ces questions, mais elles frottaient elles-mêmes à mon esprit. Urticaire indésirable qui envahissait mes pensées comme si je ne l’avais pas déjà chassé des dizaines de fois. Son habillement aurait pu trahir une certaine négligence, un désintérêt, la traduction d’une intention purement amical. Je ne m’y arrêtai pourtant pas, refusant de voir ce signe avant-coureur comme une réelle annonce de sa vision du rendez-vous. « Bah oui, c’est l’idée quand j’dis j’t’le paie s’il faut pour te convaincre. » Galant. Un rendez-vous galant, qui plus est.

Comme si nous avions été proches, comme si nous avions été un couple, je lui pris la main. Comme si ça avait été un réflexe, comme si j’avais été ensorcelé. Ça ne me ressemblait pas. Absolument pas… et pourtant je le faisais. Prenant même la peine de passer chacun de mes doigts entre les siens. La douceur de sa main m’étonna. Son froid aussi. Ça expliquait sa veste, il avait froid. Je lui souris. Un simple sourire invitant, chaleureux, comme si on y gagnait quoique ce soit à ainsi se joindre par les mains. Il n’y avait pas de forfait romance ou les amoureux entrent pour le prix d’un seul. C’était impulsif. C’était incontrôlé. C’était ce que je redoutais. Exactement ce que je redoutais. Un geste d’attachement pour une idée d’amourette dont je ne voulais pas. Je n’étais pas prêt. Pas encore. Pourtant, j’étais celui qui avait engendré la chose. De manière moins que subtile.

Ne lâchant pas ma prise, comme s’il avait été un trophée que j’exigeais, je m’approchai de la billetterie. « Deux entrées, adulte, pour le parcours sous les étoiles. Merci. » La phrase avait coulée comme si je l’avais répétée des heures durant devant un miroir avec une assurance dont je n’étais pas peu fier. J’eus un sourire pour la dame en lui tendant ma carte de crédit puis j’en eus un pour Mana’Ari. Un sourire satisfait, contemplatif. Comme si je lui disais que, maintenant, il ne pouvait plus s’échapper, qu’il était prisonnier de ma main pour les prochaines heures.

Punition ou récompense ?

Si normalement j’aurais répondu instinctivement qu’il s’agissait d’une récompense, cette fois, je n’en étais pas certain. J’étais incapable d’assumer de facto qu’il était bien en ma présence comme je le faisais si souvent pour n’importe quel individu rencontré au hasard sur la rue. Lui, c’était différent. Il était complice d’une partie de mon être. Il savait des choses que nombre d’autres ignoraient. Le contexte de nos premiers contacts l’ayant forcé.

« Voilà pour vous deux, amusez-vous. La vue est très belle ce soir. Attention, la salle est équipée de black lights. Pas d’batifolages. Bonne soirée. » Pauvre elle. Pauvre femme blasée. Je lui souris simplement pour réponse en reprenant ma carte et je me tournai vers lui. « T’as compris ? Pas d’batifolage. » singeai-je en me moquant de la dame parce qu’elle avait cru à mon subterfuge, si tant était qu’il en était un. Dans mon imitation, je m’étais néanmoins égaré sur point. J’avais mis l’emphase sur le mot batifolage. Volontairement. Pour me moquer, certes, mais pour prendre le pouls de ses intentions. Lui, que voulait-il ? Cherchait-il une simple épaule temporaire pour le plaisir charnel ou cherchait-il une relation passionnelle, voire fusionnelle. Je n’avais pas la réponse pour moi-même et j’espérais qu’il me la donne, livré comme ça sous le couvert d’une plaisanterie.

Lentement, en sa compagnie, je m’éloignai de la billetterie pour gagner la salle que j’avais demandé. Sur le site, on l’avait dite propice à la romance, la destination parfaite pour voyager dans les étoiles en amoureux. Pourquoi ce choix ? Il n’était pourtant pas mon amoureux. Pour ne fermer aucune porte. Peut-être l’effraierais-je, je feindrais de ne pas avoir calculé la chose. Je feindrais l’innocence en disant qu’un collègue ma l’avait recommandé. Le mensonge me sauverait. Comme pour chaque fois, dans ma vie, où je m’étais mépris sur les signaux reçus.

J’ouvris la porte vitrée, lui faisant signe de passer devant.

L’embarras fut immédiat. Nous étions plongés dans le noir. Un peu partout, on voyait des étoiles scintiller, une teinte rosée voilant le ciel artificiel. Une planète gigantesque éclairé par la faible lueur des black lights, mes pantalons blancs devenait fluorescent. Je souris. Mes dents le devinrent aussi. Le décor, en son entièreté, avait quelque chose de féérique. Ils avaient dit vrai. Le site n’avait pas menti. Le romantisme de cette exposition était immense. Les couloirs pour circuler étaient étroits, m’obligeant à coller ma hanche contre la sienne, non pas sans malaise. Un rire gêné venant s’étreindre de ma gorge. « Pas d’batifolage… mais ils poussent un peu non ? » dis-je comme si ça m’avait dérangé. Non. Pas vraiment. C’est lui que j’avais peur de déranger. J’avais peur d’être dans sa bulle, d’envahir son espace personnelle, de forcer des choses que je ne contrôlais pas, des choses auxquelles je n’avais même osé penser, de pures fantaisies irréalistes. « Si la proximité te dérange, on peut changer de salle, t’inquiète. » Normalement, on posait cette question avant d’entrer. Normalement, on vérifiait nos limites avant d’y être confronté.

Tant pis.

Cette fois, nos limites étaient mises à l’épreuve. Je les avais violées le premier de toute façon en m’éprenant de sa main, quand ma main avait commencé à réchauffer la sienne. Je lui souris puis tâchai de m’intéresser à la salle plutôt qu’à lui, pour ne pas sembler obnubilé par sa personne, pour ne pas trop en donner, pour éviter qu’un blâme me tombe à la figure pour en avoir trop fait.

Ç’aurait été facile si les murs ne se seraient pas illuminés de perséides, ces voyageuses étoiles qui était la source des pluies d’étoiles filantes. Évidemment. Dans une salle cherchant à créer la romance, il y aurait des étoiles filantes. Vraies ou fausses, ça m’importait peu. Je saisis l’occasion. « Ce serait quoi ton vœux ? » avais-je dit dans un murmure sérieux en tournant les yeux vers lui. S’il y avait eu une glace créant une distance entre nous deux, je venais de la fracasser avec une force ébranlante en m’immisçant ainsi dans son jardin secret. Mais c’était là tout le but de cette rencontre ; briser la glace.

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Mana’arii peinait à rompre le lien qui unissait honteusement sa vie personnelle et son emploi quotidien.
Fin: l’un de ses emplois quotidiens.
Lui qui avait toujours eu à cœur les rendez-vous improvisés, les rencontres volatiles et les flirtes sans lendemain réalisait pour la première fois qu’en faire une activité courante n’était pas chose aisée. Il se sentait auprès de Léandre comme auprès d’un client et c’était une désagréable sensation qui lui collait à la peau comme la fiche couche de sueur des étés trop caniculaires.
Il était pourtant au-dessus de cela, non? (Mana aimait croire qu’il était au-dessus de bien des choses.)
Au-dessus des problématiques de ce type, au-dessus de l’ennui de se sentir dans sa vie privée comme au travail. Oui, il était au-dessus de cela.
Léandre méritait la sincérité dont brillaient ses sourires et de véritables éclats de rire. Léandre ne l’avait pas réservé… Ils s’étaient rencontrés par des voies plus traditionnelles, ils s’étaient entendus pour franchir le pas qui transposait le virtuel à la réalité. Ça n’avait rien à voir.

Et il se le répéterait aussi souvent que nécessaire.

Mana savait qu’il ne brillait pas de par son habillement. Il le savait sans vraiment sans soucier: Il avait toujours été désinvolte sans être désintéressé.
Il s’était longuement admiré dans la glace, avait longuement combattu la courbe irrégulière de ses bouclettes trop rebelles et pas assez blondes. Il s’était longuement demandé quoi porter, quel parfum mettre.
Seulement, voilà: l’insulaire avait une vision particulière des dates.
Il n’aimait pas trop en faire, trop s’afficher, transcender le naturel. Il aimait s’afficher pour la première fois comme les suivantes. Il plaisait. Il n’avait pas besoin d’artifices pour s’en convaincre, il n’avait pas besoin d’un complet cravate ou de trois couche de fond de teint pour que les regards s’attardent sur l’éclat de ses prunelles céruléenne.
Mana voulait plaire pour qui il était vraiment. Il ne voulait pas être un 8/10 que les jours impairs, que les soirs de grande sortie.
Mais ce n’était pas pour autant qu’il n’appréciait pas les gens qui faisaient cet effort que lui ne faisait pas en apparence. Léandre était séduisant: Il en apprécierait ouvertement la vue.

« Bah oui, c’est l’idée quand j’dis j’t’le paie s’il faut pour te convaincre. » Ça c’était un homme, un vrai.
Plus homme que Mana’arii ne le serait jamais… Parce que lui était radin, parce que lui pensait à son compte en banque et au stress d’en voir les chiffres diminuer plutôt qu’au plaisir des expériences de vie.
Inutile de se leurrer : le blondinet en avait fait une obsession sur l’oreiller, une véritable hantise. Il n’aurait pas payé l’entrée de Léandre… Et ce n’était pas parce qu’il n’appréciait pas sa présence (virile).

Laissant ses doigts rejoindre les siens, l’Ehu-Kai ne ressent pas le besoin de masquer un trouble qui n’existe pas.
Des mains étrangères, sa peau en rencontre régulièrement. La seule véritable différence entre la sienne et celles des autres, c’est le désir et cette petite voix qui lui répète sans cesse que Tu me plais. C’est physique, c’est primitif (Il est trop tôt pour qu’il en soit autrement), mais existant. Il tient enfin entre ses doigts la dissimilitude qui divise son boulot de ce rendez-vous : l’intérêt qu’il porte au policier et qu’il n’a jamais ressenti pour ses client.es.
Resserrant sa poigne sur celle de Léandre, le nova répond spontanément à son sourire.
Sa peau est chaude. Bien plus chaude que la sienne, que le sang qui coule dans ses veines et qui ne suffit pas à corriger la température de ce corps habitué au climat beaucoup plus doux d’Alola. Il pourrait presque en soupirer d’aise s’il ne craignait pas le malaise pouvant résulter d’une telle réaction.

« Voilà pour vous deux, amusez-vous. La vue est très belle ce soir. Attention, la salle est équipée de black lights. Pas d’batifolages. Bonne soirée. » Mécanique. Retroussant légèrement le nez, l’Ehu-kai se fait néanmoins déconcentrer juste à temps pour prévenir la grimace qui menaçait de déformer l’harmonie de ses traits. « T’as compris ? Pas d’batifolage. » Haussement de sourcil amusé. Visiblement, il va falloir contenir vos hormones, monsieur le policier. Après tout, quelle disgrâce ce serait de ne pas vous conformer au règlement... Lui n’en avait rien à foutre.
Lui comptait bien batifoler si le cœur lui en disait, si le démon sur son épaule le convainquait de détourner Léandre du droit chemin. Je ne promet pas que ce sera chose aisée... Clin d’oeil appuyé alors que sa main tire nonchalamment celle de Léandre pour qu’ils avancent et qu’ils s’éloignent enfin de l’aura blasée de l’employée.

Remerciant le brun d’un signe de la tête lorsque la porte s’ouvre sur son passage, Mana’arii veille néanmoins à se retourner dans sa direction afin de ne pas marquer la distance de quelque manière que ce soit.
Il ressent ce besoin inexplicable de le garder près de lui, comme s’il risquait de s’envoler dès qu’il aurait le dos tourné… Il savait que ce genre de sentiment était irrationnel et que les gens s’envolaient rarement dans la vie.
Mais, parfois, Mana’arii se demandait si, cette vie, il ne l’avait pas rêvée.

Ça allait un peu trop bien après tout… Non?

Néanmoins, dès qu’il se retourne, c’est un sifflement d’admiration qui franchit ses lèvres.
Comme s’il n’avait jamais rien vu de tel (En effet, dans le cadre du boulot, c’est à l’aquarium qu’il préférait se présenter… L’observatoire, c’était une première.).
S’enivrant des nuances rosées qui arpentent le faux-ciel qui les gouvernent, le brun écarquille les yeux d’admiration. On dirait un gosse.
Il le sait. Il en a conscience et, s’il s’y attardait une seconde de trop, ça ne manquerait pas de le saouler.
Il aimait bien se croire adulte… Mais Mana’arii était l’un de ceux qui ressentaient chaque expérience dans les extrêmes. Il n’était pas modéré… L’émerveillement, l’amour, la colère et la tristesse : il en expérimentait chaque subtilité sans jamais prendre de raccourci. Heureusement, les gens préféraient normalement s’attendrir de sa naïveté que de s’en offusquer.
En espérant que Léandre soit l’un d’eux...

« Si la proximité te dérange, on peut changer de salle, t’inquiète. » Hein? Surpris, le jeune homme secoue légèrement la tête puis détourne son attention des lumières pour la reporter sur son véritable intérêt de la soirée.
Et ce n’est qu’à ce moment qu’il remarque la distance mangée entre son corps et le sien… Dans sa contemplation, il n’avait rien vu passé.
Rien du tout.
Se sentait-il intimidé? Déglutissant maladroitement, il s’empresse de secouer doucement la tête en retirant sa main de la sienne afin de glisser ses bras autour du sien afin de s’y accrocher comme l’aurait fait une adolescente un peu collante. Il suffit néanmoins de croiser l’éclat amusé de son regard pour comprendre qu’il n’est pas sérieux, que ce geste n’est qu’humoristique. (Vraiment?) Non. Au contraire, ça me donne un excellent prétexte... s’amuse-t-il. Nouveau clin d’oeil.

Il n’avait jamais eu peur. Peur de la proximité, peur de déplaire, peur que ses limites soient forcées…
Peut-être parce que lui-même n’avait pas conscience de ses propres limites.
Peut-être parce que son désir de plaire transcendait jusqu’à ses valeurs morales.

À la vue des perséides, la question de Léandre ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Soudain beaucoup plus sérieux, le jeune homme prend une grande inspiration et, sans s’accorder le temps de réfléchir, s’entend dire : De connaître une vie différence de celle de mes parents...

Grossière erreur.
C’était beaucoup trop honnête, pas assez détendu.
Se mordant discrètement la langue, le blondinet détourne son regard de celui de son vis-à-vis en cherchant une parade à sa bêtise. Ainsi qu’une villa sur le bord de la mer.
N’importe quoi.
Il aimait la mer, pas les villas.
Et même si Mana’arii était parfois superficiel, la vie des riches ne l’attirait pas. Il voulait juste… Exister sans chaînes à son pied. Il voulait connaître la douceur des longs fleuves tranquilles et se soustraire aux colères de l’océan.
C’était tout ce qu’il demandait… Sauf que ce n’était pas le genre de chose que l’on balançait dans une première date. Et toi? Non, non, non. Attend. Laisse-moi deviner. Quelle idée de merde. (Il ne devinerait jamais.)
Il était incontestablement le pire diseur de bonne aventure de tout Lumiris. Il aurait dû tirer les cartes avant de partir, prévoir cette situation même si c’était impossible. Je suis convaincu que tu possèdes encore un vieux rêve d’enfant que tu regrettes de n’avoir jamais réalisé... (*sighs*) Est-ce que, toi aussi, tu désirais désespérément un ponyta quand t’étais gamin? Sourire appuyé, fossettes traîtres.
Il ne lisait pas le cœur des gens… Mais il aimait bien leur inventer une vie. Plus sérieusement... Allez, vas-y. Dis-moi tout.

Dis-moi tout qu’on puisse en effacer ma sincérité dérangeante.
Que je puisse rigoler, m’attendrir et t’aimer, peut-être.
Qui sait?
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Dans sa voix, cette pointe d’ironie que je savais si bien mépriser ressortait comme la sensation du vent printanier qui effleurait délicatement ma peau. Cet amusement constant à rebondir sur le moindre mot que je prononçais, cette petite fibre de vie qui me faisait sentir en sécurité, comme si ma vie avait été compromise l’instant précédent. Je buvais ses paroles avec amusement. Ne me gênant pas d’échapper de petits rires en réaction çà et là pour lui communiquer ma présence. Je n’étais pas la personne la plus verbomotrice que je connaissais. Ni la plus hilare. Ni la plus sympathique. À vrai dire, j’avais tellement contraint mon « moi » intérieur qu’il en fallait beaucoup pour que je concède à ouvrir la porte de mes expressions. Et pourtant, là, en cet instant précis, je le sentais brûler tant il voulait sortir de cette cage de velours que je lui avais créée non sans aucune larme. Je n’avais pas parlé quand il avait parlé des règles qu’il ne fallait surtout pas enfreindre, j’avais échappé un rire discret. J’avais été assez peu expressif. D’une part, parce que je ne voulais pas que mon emploi fuse de toute part tout au long de la soirée, de l’autre perce que cette réflexion m’amusait effectivement. Et si. Et si ce soir, je n’étais pas monsieur le policier. Et si ce soir, je n’étais que cet homme à moitié sorti de sa puberté qui voulait profiter de la vie. Et si ce soir, l’uniforme s’en était allée ? Et si ce soir, je laissais le peu d’esprit rebelle qui me restait saisir le taureau par les cornes et gérer l’ensemble de la soirée.

Tant pis pour les regrets. Tant pis pour les remords. Ils me dévoreraient si c’était le prix à payer pour avoir profiter de ma propre fougue trop souvent refourguée à ce garde-robe dans lequel je m’enfermais.

J’aurais dû, comme lui, river mes yeux vers les perséïdes. J’aurais dû, comme lui, penser à mon souhait. Il me retournerait la question, c’est ce que tout le monde faisait toujours à un premier rendez-vous… retourner les questions pour s’apprivoiser, jongler avec les réponses habilement pour ne pas perdre la face, se surprendre à s’oublier pour satisfaire l’égo de l’autre. J’aurais dû faire comme lui, au lieu de ça, je plongeai mes yeux vers sa nuque, happé par son teint et son raffinement. Happé par le charme de cet homme qui se tenait devant moi. Happé par son aise. Happé par sa fierté. Happé par ce côté décontracté qu’il pouvait présenter alors que moi, j’étais tendu comme pas deux. Parce que personne ici ne connaissait mon histoire. Parce que je ne voulais pas être surpris. Parce que cette tendresse devait rester entre nous deux et ne jamais sortir au grand jour, rares étaient ceux qui acceptaient ces termes. Rares étaient ceux qui jubilaient à l’idée de ne jamais pouvoir manifester publiquement le moindre signe d’affection.

Lorsqu’il répondit enfin, je fus surpris. Non pas par la voix qui venait de plaquer le silence au sol comme s’il n’avait jamais existé, mais plutôt par la vivacité et le caractère intime et sincère de sa réponse. Ses parents ? Quel genre de vie avaient-ils mené ? Pourquoi la balayait-il de la main ? Ça m’intriguait, comme ça aurait intriguer n’importe qui. Ce n’est pas le gendre de phrase que l’on disait ainsi à la légère. Autant étais-je sidéré, figé sur place que j’étais heureux de cette confidence, de cette confiance. Je devais trouver quelque chose de bien moi aussi. Je devais l’amuser moi aussi. Je devais lui plaire… moi aussi. Je devais beaucoup. J’avais cette dette immense envers lui. Il avait ouvert sur une cicatrice, même s’il l’avait balayée de la main l’instant suivant. Même si par une candeur maladroite, il tentait de détourner mon attention, mais je n’oubliais pas. Un policier n’oubliait pas les détails.

Les yeux plongés dans les siens, absorbé par cette iris bleue, je souris. Présentant chacune de mes dents, présentant ce sourire blanc et droit comme si ça avait été nécessaire pour prouver mes charmes. « Comment t’as deviné. Ponyta best bae. » Et je me tus, laissant glousser un rire nerveux. Je n’avais rien de son humour. Je n’étais pas drôle. Je n’étais pas sarcastique. Je n’étais pas de ceux qui pouvaient faire des blagues aussi légèrement, pas avec cette impression qui m’envahissait et m’assaillait. Une grimace ponctua ma phrase et je fermai un instant les yeux pour me ressaisir, pour me parler à moi-même. « Je blague eh ! J’te rassure. » Comme si j’avais besoin de le lui dire, comme si la simple manifestation de mon amertume envers mes mots n’avait pas suffi. Comme s’il n’avait rien dit. « J’ai toujours préféré Machamp… » essayais-je de gagner du temps ? Oui. « T’imagine tout ce que t’aurait pu toucher à la fois avec quatre bras. Ce mec c’mon idole. » Oui. Félicitations Léandre. Félicitations moi-même. Félicitations. Les blagues de harem et de masturbation dans une date, ça fait rire les collègues au poste, mais dans un premier rendez-vous, galant qui plus, c’est assez moyen. Le sous-entendu était léger, mais il était là. Un enfant aurait été floué. Pas lui. Pas Mana’arii. Pas l’homme trop à l’aise pour rendez-vous favorisant l’intimité et le rapprochement. « Ouais pardon… j’suis pas trop fort en humour. Ça pourrait être mon vœu… j’crois. »

Le doute.

Le doute s’installait en moi comme si j’avais été une proie facile. Je voulais l’éloigner, le chasser, je voulais le fuir et il venait me prendre à la gorge. J’étais maladroit. Ça ne fonctionnerait pas. J’étais trop maladroit. Je voulais trop. Ça ne fonctionnerait pas. Ça ne fonctionnerait forcément pas.

Sauf si je me rachetais. Sauf si j’égalais le malaise qu’il avait ressenti, sauf si, moi aussi, j’y allais trop fort. « Du coup, la réponse facile, ce serait d’apprendre que mon géniteur est mort. Mais c’est macabre et pas très approprié pour une première date. Donc j’te dirais que j’aimerais trouver ma place… genre pas dans le monde ou au boulot… mais juste trouver l’endroit exact où je me sentirais bien en permanence. » dis-je le souffle court, rompu par l’agonie de mon angoisse. Elle partait. Elle me quittait. Deviendrais-je normal ? Y arriverais-je ? Pourrais-je lui montrer qui j’étais réellement ? Peut-être. L’heure des confidences avait ouvert une porte étrange. Une porte que normalement je verrouillais à double tour et qui, cette fois, avait été défoncée d’un grand coup de masse.

« Et je crois qu’ici c’est bien. » dis-je en posant mes mains sur ses hanches. Devant une comédie romantique, j’aurais vomi à l’énoncé de ces paroles. Devant une comédie romantique, j’aurais éteint la télévision pour aller faire autre chose… mais j’étais la comédie romantique cette fois. J’étais l’homme cliché qui semblait sous l’effet d’un sort charnel et qui semblait persuadé que cet instant était le signe d’un grand amour naissant. J’étais cet adolescent lourd qui croyait trouver son unique amour dans une ambiance aussi nauséeuse qu’attendrissante.

Mais l’instant était trop parfait, trop léché pour que je puisse réellement l’apprécier.

« Monsieur le policier a oublié son badge et son carnet de règles par contre. » dis-je d’un sourire attachant quand je relâchai sa taille. Sa fine taille. Sa fine et sensible taille. Sa fine et si sensible taille que j’aurais voulu protéger de tous les dangers, mais que j’avais peur de rompre comme j’avais rompu ce contact avec un clin d’œil que je lui renvoyais.

Mais ça vaudrait la peine.

Ce bref clin d’œil était verbal et physique. Je reculai d’un pas et déboutonnai trois des cinq boutons de ma chemise. Les mieux choisis. Ceux du haut. Pourquoi ? Pour cette réplique qu’il m’avait dite. Pour cette provocation que j’avais sentie dans sa voix plus tôt. « Quelle disgrâce ce serait de ne pas se conformer. » Au diable. Il n’y avait aucune règle pour un adolescent en date, il n’y en avait pas non plus pour un policier qui voulait prouver – ou se prouver ? – que sa vie n’était pas définie par son seul métier. « Donc monsieur policier va devoir mener son interrogatoire autrement. » Il y avait dans ma voix, un ton mielleux et séducteur, comme si je m’apprêtais à vouer mon corps à un jeu de rôle érotique. « J’espère que tu cours vite, sinon on ne pourra pas respecter les règles. Si ta réponse ne me satisfait pas, j’enlève un autre bouton et j’essaie de t’attraper. » Cette soirée tournait donc en un jeu candide, en une folie que je ne me permettrais pas normalement. Cette soirée était celle de toutes les folies, celle où je ne craignais pas le jugement pour fois. Ici, j’étais moi-même. Sous ces blacklights, j’étais celui que je cachais au quotidien… à mon grand dam. « Tes parents ou un bain dans du jus de moule glacé ? Pourquoi ? » dis-je avec amusement en fléchissant les genoux comme si je m’apprêtais à courir.

Ç’aurait été plus simple si j’avais simplement posé la question. Ç’aurait été plus simple si j’avais été direct, mais je ne voulais pas brisé cette pseudo-connexion que je sentais. Je ne voulais pas brusquer les aveux sur les chimères qui le hantaient…

Mais un peu quand même…

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Mana était amoureux de l’Amour.
Il s’était amouraché de l’image que l’on véhiculait de l’âme-sœur et des coeurs en harmonie, de l’idée sans doute un peu fausse que l’on se faisait du grand Amour. De celui-là même qui bouleversait votre existence et qui vous changeait à tout jamais. De celui qui donnait un sens à tous vos échecs passés…
Plusieurs fois, il s’était dit qu’il aimerait bien tenter sa chance au grand loto de la vie, qu’il crevait d’envie d’être cette personne vraiment spéciale dans le regard de quelqu’un… Mais ça n’avait jamais fonctionné.
Ah, il n’était pas un grand romantique, Mana.
Il était juste à l’image de son siècle raté : amoureux de l’Amour, mais incapable de se poser et de cultiver les graines de l’adoration. Comme bien des jeunes de son âge, il n’arrosait  ni n’entretenait son jardin... Ainsi, lorsque les fleurs de la passion fanaient, il se décourageait des heures inutilement sacrifiées puis partait simplement à la conquête d’une toute nouvelle terre à fertiliser. Jamais encore il n’avait trouvé.

Sans doute ne trouverait-il jamais.

Et pourtant, il se surprenait encore à vouloir s’abandonner aux espoirs vains. Parfois, l’organe qui lui servait de cœur battait un peu trop rapidement et… Il croyait. Il croyait désespérément, pour le temps que ça durait.

Sa confidence l’avait laissé inconfortable.
Il avait tenté de détourner le sujet, de ramener l’attention de Léandre vers autre chose sans même se soucier de l’intérêt réel de sa parade.(Ponyta best bae.)
Et un rictus amusé qui force la commissure de ses lèvres, qui l’invite à ne pas détourner le regard. Il aimait inventer des vies aux gens.
Même si ça ne faisait aucun sens, même s’il était à des lieux de toute vérité possible.
Il appréciait tout simplement l’exercice de laisser son esprit vagabonder vers des horizons sans queue ni tête, vers des ouvertures jamais explorées. Dommage. répondit-il avec une pointe de malice dans la voix.
À quoi bon préciser la blague? Ça rendait tout beaucoup plus fade. Ça évinçait les « et si... », annulait l’effet escompté et tuait l’imagination. Mana’arii n’aimait pas que l’on précise qu’une blague n’était rien de plus… qu’une blague justement.
Mais il ne comptait pas s’attarder sur le sujet. Il ne comptait même pas en faire un sujet.

« T’imagine tout ce que t’aurait pu toucher à la fois avec quatre bras. Ce mec c’mon idole. » (Wat?) Comment en était-on arriver là déjà? Surpris, le blondinet secoue légèrement la tête en tentant de tirer tous les liens logiques qui lui avaient échappé entre la candeur de Ponyta et la perversion de Machamp.
Et il n’y arrive définitivement pas.
Et de la surprise et de l’absurde naît finalement un fou-rire qu’il tente en vain de dissimuler derrière une main portée à sa bouche. Je - Il ne comprend pas la gradation.
Il ne comprend même pas comment Léandre a pu atteindre ce genre de réflexion ultra sophistiquée.  Pinçant les lèvres, il tente de garder son sérieux afin de ne pas exacerber le malaise déjà présent sur les lieux du crime. Mon rêve. J’espère vraiment qu’un jour viendra où les mutations génétiques deviendront la norme. (Une chance qu’il ne fallait rien ajouter au malaise.)

Mana’arii se fichait de la justesse des sens de l’humour.
Même s’il avait des idéaux très arrêtés, il était capable de séparer le vrai du faux et de ne pas s’insurger d’une simple blague. Parfois, ses propos étaient limites.
Parfois, ils étaient même carrément wrong. Mais qu’en avait-on à faire? Son siècle était forgé à même l’absurdité et la certitude qu’il valait mieux préférer le rire aux larmes.

Néanmoins, la réponse qui s’en suit le surprend assez pour étouffer définitivement les relents de fou-rire tenaces qui menaçaient de franchir la frontière de ses lèvres.
Pris au dépourvu, l’Ehu-kai ramène le bleu de ses iris sur Léandre qu’il reconsidère du tout au tout. Il avait été sincère.
Plus sincère que Mana’arii pensait qu’il le serait… Plus sérieux aussi. Mana n’arrivait pas à cerner sa date. Il n’arrivait pas à comprendre la dichotomie qui faisait rage en lui, l’opposition faite entre ce qu’il devait être et ce qu’il voulait être.
Et même s’ils ne se connaissaient que depuis quelques minutes, il voyait bien l’immensité de la guerre qui faisait rage sous l’assurance et la flegme. Si seulement il avait sû comment y réagir, comment s’y positionner…

Troublé, il ne peut s’empêcher de rougir légèrement lorsque l’autre dépose ses mains sur ses hanches. (Mana’arii ne rougissait pas assez souvent. C’était contre ses valeurs.)
Entrouvrant légèrement la bouche, il sent une bouffée de chaleur le saisir alors que, ridiculement timide, il baisse légèrement le regard.
Il se sentait comme une pucelle. S’il avait eu le temps d’y penser, il se serait détesté pour cet acte de faiblesse, pour voir osé détourner ses yeux de Léandre. Il valait mieux que ça. Il n’était pas censé être facilement impressionnable. En aucune circonstance. Aucune.
Pourtant, les faits sont là : même lorsque le beau brun qui l’accompagne relâche sa prise sur lui, il ne parvient pas à chasser le trouble qui embrume son esprit.
Il ne gère pas. Aujourd’hui, il n’a rien d’un professionnel.
Il n’a pas plus de panache d’une lycéenne et… et c’est douloureux de retomber aussi bas.

Il lui faut secouer la tête puis regarder Léandre s’éloigner en déboutant des boutons de sa chemise (Il ne comptait pas s’en plaindre.) pour reprendre un semblant de dignité.
Intrigué, il fronce alors les sourcils en penchant légèrement sa tête sur le côté. Oh? Il me tarde de découvrir ce que vous me réservez monsieur l’agent..., s’amuse-t-il avec sincérité. Il était réellement intrigué.
Et soucieux de redorer son image, de ne plus laisser la sincérité des paroles soufflées venir détruire les contours de sa perfection travaillée.

« J’espère que tu cours vite, sinon on ne pourra pas respecter les règles. Si ta réponse ne me satisfait pas, j’enlève un autre bouton et j’essaie de t’attraper. » … Mana’arii courrait parfois au parc avec Kane.
Mais c’était surtout pour sauver les apparences et canaliser l’énergie débordante du chiot. Dans les faits, il n’était pas spécialement en forme et certainement pas de taille face à Léandre et son corps ridiculement sublime.
Esquissant une grimace ennuyée, il fait un pas vers l’arrière comme si cette longueur d’avance pouvait lui assurer la victoire. (Victoire sur quoi? Lui-même l’ignorait.) « Tes parents ou un bain dans du jus de moule glacé ? Pourquoi ? » Oh.
La position de l’insulaire ne mentait pas : il était prêt à fuir. Parce qu’il ignorait qu’elle était la bonne réponse et, surtout, ce qu’il avait envie de découvrir de sa vie.
Dans tous les cas, il regrettait sa naïveté de croire que Léandre ne reviendrait pas sur le sujet.

Refusant de se laisser décontenancer, le jeune homme arque finalement un sourcil avec amusement et une pointe dans le défi dans le regard : Comme si tu avais la moindre chance de me rattraper… Je te trouve bien sur de toi soudainement., confit-il. Doucement, il esquisse un deuxième pas vers l’arrière. Ne perd rien de son amusement et de sa malice. (Comme s’il avait une chance de lui échapper.) Je suis dans le regret de t’annoncer que je n’accepterai de répondre à tes questions qu’une fois que tu m’auras rattrapé. Pas avant. Mana’arii n’aimait pas courir, mais...

Course poursuite sous les perséides et le voile des aurores boréales.
C’en était presque romantique.
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feat. Mana’Ari Ehu-Kai
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Et si je jouais le jeu. Et si je feignais que j’étais incapable de l’attraper, que ferait-il ? À l’opposé, si par une impulsion orgueilleuse je me surprenais à l’attraper sans lui laisser une seule chance ? Comment réagirait-il ? Que ferait-il ? Était-ce à quoi il s’attendait ? Je m’étais aventuré sur ce terrain sans réellement me questionner sur ce que je voulais et ne voulais pas laisser paraître. On dit toujours d’être authentique lors de ce genre de rendez-vous, mais pour moi l’authenticité est aussi vraie que fausse. Voulais-je réellement savoir ? Voulais-je réellement faire de moi l’homme qui s’immisçait dans les pensées et les interdits de l’autre par curiosité ? Ou voulais-je attendre que de la confiance acquise naisse cette confession ? Je ne savais pas. Je n’avais pas l’habitude. Constamment, dans ma tête, se répercutait ses mots « Comme si tu avais la moindre chance de m’attraper… » Oh, j’avais toutes les chances du monde, ça je n’en doutais pas. C’était mon métier de mettre la main sur ceux qui ne voulaient pas qu’on les retrouve. Mais lui ? Lui, que voulait-il ? Pour une fois… pour une rare fois, je prenais le temps de me demander ce que mon vis-à-vis voulait à travers ce rire joueur et ce sourire franc.

Et je ne trouvais pas de réponse.

S’il voulait… était-ce, vraiment, la chose à faire ; le pousser à ressasser des souvenirs qu’il ne chérit pas particulièrement ? S’il ne voulait pas, voulais-je d’une relation dont le fondement ne serait pas établi sur la confiance ? Pas après Émile. Jamais après Émile. Jamais après avoir été trahi comme il l’avait fait.  Mon sourire taquin tourna. Il devint carnassier. J’avais fait mon choix. Les secrets n’étaient pas pour moi. J’avais besoin de savoir. Et à quelque part, il devait bien le vouloir pour ainsi me provoquer. À quelque part, il devait se douter que, considérant mon métier, j’avais une meilleure forme physique que lui. Il était intelligent. Il savait.

Surveillant ses pas, je jetai un rapide regard aux alentours. Les obstacles étaient nombreux. Les culs-de-sac tout autant. « De toute évidence, non. Tu es bien trop rapide. » musais-je en portant mes mains au second bouton de ma chemise, puis au troisième, puis au quatrième jusqu’à ce qu’elle s’ouvre d’elle-même, victime de ma témérité et de mon égo. Je voulais l’impressionner. Je voulais qu’il me regarde. « Sauf si tu trébuches parce que quelque chose te déconcentre. » ajoutais-je avec amusement. Comme si ce jeu de séduction avait été mon favori. Ce n’était pas complètement faux non plus. Je m’amusais à imaginer l’emprise séductrice que je pouvais avoir sur une personne et s’il devait s’emmêler les pattes parce que mes épaules étaient maintenant nues et que cette chemise que j’avais si vaillamment choisie reposait au sol, je ne pourrais qu’être satisfait.

Et je ne courus pas. Je ne courrais pas. Pas tout de suite.

Je fis un pas lent vers lui, un pas décidé. « Si seulement je pouvais avoir des aptitudes pour te poursuivre, mais on n’m’en a pas donné. Tout est allé à mes frères. Rip. » Était-ce la première fois que je les mentionnais ? Était-ce la première fois, depuis que l’on s’écrivait, que, par inadvertance, je mentionnais mes frères ? Probablement. Je ne parlais jamais d’eux. Je ne voulais pas parler d’eux… Mais je venais de lui donner du pouvoir en tentant d’exercer le mien. Ma droiture se cambra. Je me dégonflai un peu. Réagissant visiblement à cet aveu que j’aurais préféré cacher. Je passai ma main sur mon épaule, effleurant ma cicatrice et je souris. « Ou peut-être pas. » Comme si de rien était, comme si je n’avais rien dit. À mon tour, j’espérais qu’il ignore complètement cette mention de ma famille. Comme lui, je me dérobais à ma transparence. Je me dérobais à cette connexion que l’on tentait d’avoir.

Je préférais conserver un léger jardin secret… au moins pour quelques temps.

Et je courus. Vers lui. Vers cette effigie immense de notre galaxie. Pour qu’il oublie, pour qu’il ne relève pas, pour qu’il ne me demande pas quel lien j’avais avec ma fratrie. Je ne les détestais pas, mais ils appartenaient à un passé que je préférais loin derrière que chevauchant mon présent. Ils n’avaient rien fait. Ils n’avaient jamais rien fait de mal. Au contraire. Mais j’avais honte. Je ne courus pas vite. À peine assez pour dire que j’avais augmenter la cadence de mes pas. En à peine quelques enjambées, je l’aurais rattrapé et je ne voulais pas. Je voulais que ce jeu du chat et de la souris soit une diversion éternelle. Que les questions ne soient qu’à sens unique. Toujours.

Parce que je n’étais pas prêt de m’ouvrir.

J’étais cette moule qui résistait et qui refusait de flancher malgré la force des mains qui tentaient de me forcer. Je voulais regagner la mer. Je voulais regagner l’immensité de la mer. Je voulais me dissimuler dans les vagues. Dans le vague, la noirceur, le flou. J’y étais bien. Et j’avais l’impression qu’à chacun de mes mouvements, je risquais de briser un œuf en marchant dessus. J’avais peur le faire fuir. J’avais peur qu’il quitte la salle et qu’il ne revienne jamais. Qu’il s’enfuit avec l’image de ma vulnérabilité… celle que, naïvement, je croyais bien dissimuler… même si on m’avait souvent forcé au-delà de ces non-dits que je m’imposais récemment. Je m’ouvrirais un jour, mais pas maintenant. « Attention, j’approche… » dis-je en doutant, espérant qu’il ne détecte pas ma soudaine baisse d’assurance, espérant passer outre ses filtres et ses alarmes internes.

J’approchais bel et bien, sans aucune furtivité. J’avançais vers lui et s’il voulait fuir vers la porte, je bondirais pour le retenir, je sprinterais. Je ne voulais pas que tout ça se finisse parce que j’avais des secrets… ou parce que j’allais trop vite… parce que j’étais déjà torse nu dans un endroit où il était tabou de l’être. Parce que ça m’amusait, parce que je voulais qu’il me regarde.

Parce que c’était tout ce que j’avais pour le convaincre de rester. J’étais trop insipide.


(c) TakeItEzy

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Mana’arii n’avait pas honte d’être un Ehu-kai.
Il connaissait l’histoire de sa famille autant qu’il en connaissait les failles et les victoires. Il n’avait jamais hésité à dire qui il était ni d’où il venait… La fierté qu’il tirait de son passé, il ne l’avait jamais volé.
Le problème était plus profond que cela, davantage orienté vers l’avenir. Même s’il avait toujours apprécié la liberté et les rares avantages d’une enfance à la ferme, il s’inquiétait souvent de savoir sous quels traits son futur se dessinerait. Et si la malédiction de ses parents lui collait à la peau?
Et s’il mettait accidentellement une femme enceinte, rompait son vœu de ne jamais fonder famille? Et s’il était incapable d’élever cet enfant correctement?
Plus que tout, Mana redoutait de répéter les erreurs de ses propres géniteurs. Et s’il avait eu droit à un seul souhait, il aurait demandé à ne jamais marcher dans leurs traces. Aussi blessant cela était-il à formuler.

Posant ses prunelles sur Léandre, il tente alors de chasser toutes ces mauvaises pensées de son esprit. Il devait se recentrer, penser à autre chose, trouver quelque chose de plus – Oh.
(Oh.)
C’est tout ce que son esprit parvient à penser lorsque Léandre fait sauter le deuxième bouton de sa chemise. Déglutissant, l’Ehu-kai tente de ne pas s’attarder sur les morceaux de peau qui se découvrent sous son regard affamé, mais c’est peine perdue : dès que le brun retire le troisième, le blondinet n’arrive plus à réfléchir correctement. Qu’est-il en train de vivre? Il n’en sait rien.
Comment en sont-ils arrivés là? Ça non plus, il n’en sait rien.
Mais ses yeux ne quittent plus l’objet de sa convoitise, ne se détournent plus de l’efficacité de ce geste. « Sauf si tu trébuches parce que quelque chose te déconcentre. » Ainsi donc se dévoilait l’objectif de cette mise à nue littérale. (Léandre est ultra bien foutu, ça n’aide pas.)

Déglutissant, le jeune adulte relève légèrement le menton en tentant de masquer son trouble. (Léandre est ultra bien foutu, ça n’aide pas.) Je ne vois rien de tel à l’horizon. Sa voix manque d’assurance.
Mana’arii a toujours aimé les jolies choses. D’aussi loin qu’il se souvenait, il avait toujours eu un faible pour autant pour la courbe des muscles que celle des hanches ou d’une poitrine. Le corps humain était l’objet d’une fascination, d’une adoration, sincère sur laquelle il n’avait jamais exprimé le désir de faire une croix.

Malheureusement pour lui, le point faible de tous les coureurs de jupons était on ne peut plus simple à utiliser contre eux et il venait de payer le prix fort de son indécence.

Jetant un œil derrière lui afin de ne pas se cogner à un obstacle, l’insulaire s’empresse faire un pas vers l’arrière lorsque Léandre commence à s’avancer dans sa direction. Malgré ses tendances à la distraction, il offre néanmoins une oreille attentive au le policier dont il ne souhaite surtout pas manquer le discours et les menaces : « Si seulement je pouvais avoir des aptitudes pour te poursuivre, mais on n’m’en a pas donné. Tout est allé à mes frères. Rip. » Des… frères? D’aussi loin qu’il se souvenait, il ne l’avait jamais entendu (Ni lu) mentionner l’existence de d’autres Prescott dans sa vie…
Troublé, le blondinet penche légèrement la tête. Pendant une fraction de seconde, il parvient même à en oublier le torse nu aux muscles saillants de son agresseur.

Tu ne m’avais pas dis que tu av… Les mots s’étouffent dans sa gorge : l’attitude de Léandre a changé. Imperceptiblement, certes, mais l’insulaire est sensible aux signaux d’alerte et il préfère encore se taire que de forcer des portes verrouillées.
Mana’arii n’a jamais voulu s’imposer dans la vie des gens, les forcer à arracher des pages de leur histoire pour les lui mettre sous le nez.
Le jardin secret de tous et chacun, Mana le respectait et l’appréciait à sa juste valeur. Un conjoint, une fréquentation ou même un ami n’avait pas à tout connaître de sa vie. C’était important de garder une certaine individualité, de ne pas nourrir le couple au détriment de la personne… Et c’était peut-être parce qu’il pensait trop ainsi qu’il n’avait jamais réussi à lier son cœur à celui d’un autre être humain.

Il n’y a que lorsque Léandre accélère la cadence que l’insulaire se laisse détourner de ses pensées. Pendant un moment, il regarde chacun de ses obstacles sur sa route, s’imagine les jeter derrière lui… Puis se rappelle qu’il n’est pas dans un jeu vidéo et qu’il n’a pas envie (ni les moyens) de payer les bris cassés.
Malheureusement pour lui, Vai’ata ne serait pas éternellement présente pour ramasser les pots cassés de sa stupidité. Ainsi, il parvient à contenir ses envies de grandeur... D’autant plus qu’il a conscience que ce ne serait ni sexy, ni charmant s’il se laissait gagner par la panique à ce point.

Le duo ne tarde néanmoins pas à atteindre la fin du parcours. Cul-de-sac.
Face à la porte donnant sur l’accueil, l’insulaire n’a d’autre choix que de se retourner vers Léandre qu’il couvre d’un regard à la fois amusé et provocateur. Il a envie de voir ce qu’il a dans la ventre, envie de voir s’il osera franchir cette porte avec lui malgré sa demi-nudité : jusqu’où est-il prêt à aller? Quelles sont ses limites? Retirer un vêtement lorsqu’il n’y avait personne était une chose, assumer son geste sous le regard d’un public extérieur en était une autre.
Mana’arii avait envie de flirter avec ses tabous, avec les contours de sa timidité. Je te l’ai déjà dis : tu n’as aucune ch- Il n’a pas le temps de compléter sa phrase, de pousser la provocation plus loin : à peine a-t-il le temps de mettre sa main sur la poignée que Léandre l’a déjà rattrapé.

Il a perdu.

Contre toutes attentes, c’est un rire qui franchit ses lèvres face à cette défaite inattendue. Lui qui pensait avoir une chance, lui qui croyait réellement pouvoir repousser les limites de cette plaisanterie… Il s’est fait avoir.
Son rire est franc, clair. Il ne dissimule aucune amertume, aucune frustration.
C’est la pression qui redescend, l’inquiétude irréelle de fuir quelqu’un qui ne lui veut aucun mal. D’accord, d’accord. C’est bon, je me rend. admet-il entre deux respirations.

Ce n’est qu’alors qu’il réalise sa proximité avec le brun.
Refusant de se laisser démonter, humilier par sa propre timidité, une fois de plus, l’insulaire s’efforce de ne pas baisser les yeux, de ne pas se laisser intimider par les centimètres et les courbes qui se mêlent. Mes parents. Sa voix n’est qu’un souffle. Je choisirais mes parents. Il a besoin de s’entendre dire que, malgré tout, ce n’est pas contre eux qu’il est en colère. Nous sommes… Onze enfants chez les Ehu-kai. Comme tu peux t’en douter, mes parents ont toujours eu une vision très archaïque de la « famille »... Il détourne doucement le regard, cherche à fuir celui de Léandre. Sauf qu’ils ont toujours eu du mal à joindre les deux bouts… Et ils ont préféré une famille nombreuse à une vie financièrement plus agréable. Tu n’imagines pas le prix que ça coûte de nourrir onze bouches… Alors autant dire qu’on a vécu dans la poussière toute notre enfance. Il se demandait parfois si cette spirale infernale de pauvreté avait une fin, si les pauvres mettaient au monde des enfants pauvres. J’ai eu la chance de grandir dans une famille aimante, mais je crains parfois que leurs choix de vie agissent sur nous comme une malédiction. Voilà. C’était ça, la vérité. Je déteste les trucs gluants. (Ah ok.)
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