Mana’arii était devenu un véritable vagabond au cours de ces quelques mois passés à Lumiris. (Sur Lumiris ?)
Ce n’était donc pas une surprise pour personne que de le voir à l’autre bout de la map, loin de Sunyra et de son appartement, pour y jouer… les touristes (Ouais, disons ça comme ça). On disait de la rivière argentée qu’elle possédait à la fois l’eau la plus pure et la plus claire de tout Lumiris : ce n’était pas le genre de détail que l’on prenait à la légère lorsque l’on était originaire d’Alola et de ses mers à perte de vue.
L’eau (Oui, oui : il était là pour l’eau) telle qu’il la connaissait dans sa région natale lui manquait terriblement : le goût salé du flot des vagues venant mourir sur la berge, le cris des oiseaux de mer, l’orgelet naissant au lendemain des journées passées sur la plage… (Mana’arii s’ennuyait de vraiment pas grand-chose.)

Bref. Voici la logique dont découlaient les heures de transport en commun et de marche.
Maintenant, s’il était planqué derrière un buisson, le cœur battant et la respiration courte… C’était une autre histoire.

Mana’arii pensait vraiment être seul. (Comme si, de tout Lumiris, il était le seul à s’être dit que ce serait intéressant de venir ici…)
Il était arrivé, l’esprit aussi léger que le pied et… Il était tombé nez à nez avec la courbe prononcée d’un fessier dans son champ de vision. (Il n’avait rien compris.)

Dans l’incompréhension – Excès de maturité –, il s’était précipité derrière un buisson dans l’espoir de ne pas être remarqué.

Et, depuis, il y était. (Toujours derrière le buisson)
Ça faisait bien cinq minutes (Trois siècles et demi*) qu’il se demandait quoi faire. Dans un excédent de respect, il n’avait même pas osé regarder si l’étranger et sa nudité probante étaient toujours présents. À la place, il s’était contenté, à de nombreuses reprises, de tendre l’oreille vers le moindre bruit, vers la moindre indication d’un quelconque signe de vie (Oh ! Le cri d’un Pokémon ! Oh ! Un rire. Ah tiens, c’est curieux : ce rire lui disait vaguement quelque chose :strab:).

Intrigué, il finit par se retourner en repoussant légèrement le feuillage qui lui bloque la vue (Que Arceus le pardonne) pour mieux discerner la scène. (C’est simplement pour mieux voir si l’inconnu est toujours présent. Rien de plus.)
Il y est toujours. Le corps à moitié baigné dans le lac, il est dos à lui.
Impossible pour Mana’arii de reconnaître le brun classique d’une chevelure ou le pigment hâlé de tous les étrangers de la région. À la place, il se contente de laisser son regard voguer sur les muscles de son dos qui se tendent et se détendent à chaque mouvement que fait l’autre.
Déglutissant, le gamin se frotte les yeux dans l’espoir de faire disparaître le tableau de sa vision, mais rien n’y fait. Est-il en train de mourir ? (Spoiler Alert : Il allait probablement se jeter de la Javel dans les yeux en revenant chez lui ce soir donc oui.)
L’eau qui ruisselle le long de ses omoplates pour venir se perdre sur la courbe perdue d’une fesse dissimulée par le lac lui fait comprendre que (Oui) non.
L’eau n’existe clairement pas au paradis. (Il n’a aucune idée d’où il tire une telle conclusion)

Hypnotisé par le moment, par les quelques mèches de cheveux bruns venant chatouiller la nuque mise à nue de l’homme et ce corps musclé par des années de travail physique (Mana’arii reconnaissait ce genre de musculature. Ele’i avait la même.), il ne remarque pas le contact qui se fait entre le plumeline et ce dernier.
Lorsqu’il pige que quelque chose d’important est en train de se passer, c’est parce que celui-ci rejoint la rive à la brasse. D’instinct, Mana’arii soupire. Il roule les yeux une seconde de trop, ne remarque pas le visage de l’inconnu avant qu’il ne quitte le lac à la hâte.

Les yeux de l'insulaire s’attardent d’abord sur ses jambes dévoilées au grand jour.
Il esquisse un sourire. (Qu’il s’empresse d’effacer, ça va pas la tête ?)
Mana’arii aimait le corps des hommes. Il aimait leur musculature virile et finement découpée sous la peau tannée par le soleil des natifs d’Alola… (Alola ?)
Intrigué, il continue son inspection, bug lorsque son regard tombe trois secondes de trop sur le manque de pudeur du baigneur, puis s’arrête sur le trait en V qui a tendance à le faire craquer lorsqu’il a la possibilité de s’y attarder plus d'une demi-seconde.
Mana’arii aime ce qu’il voit. Il aime le mouvement harmonieux de ce corps taillé, la cohésion de cette anatomie en tous points parfaite…

Ce qu’il aime beaucoup moins, c’est le visage de l’inconnu.
Son sourire disparaît.
Il laisse volontiers sa place à l’envie de gerber qui lui prend promptement lorsqu’il réalise l’horreur de ce qu’il vient de faire. Nez à nez avec le regard d’un Ele’i qui ne le remarque même pas (Ce rire pouvait bien lui dire quelque chose.), il ignore comment réagir.

Il est figé sur place, les paupières grandes ouvertes et l’ombre de la mort traversant son regard innocent.
Voyant l’autre (À tout jamais, il sera « l’autre ») retourner dans l’eau, Mana’arii ramasse son sac et ses pokéballs.
Il se relève, tourne machinalement les talons.

Tout ceci n’a jamais eu lieux.
La dernière fois qu’il avait vu Ele’i, c’était aux ruines.
Et son dernier souvenir y resterait. (De la javel donc.)