Mon aventure vers les plus beaux endroits de Lumiris m'emmena à Kishika, un petit village paisible où il fait bon vivre. Un village vraiment tout mignon avec quelques groupements de maisonnettes typiques, habitées par des personnes véritablement enjouées au mode de vie le plus simple possible, entouré par des champs de culture hauts à perte de vue, où il était agréable de se laisser porter par ce sentiment de plénitude et de déconnection totale.
Mon aspiration de capture des plus beaux lieux m'avait emmené ici, et je n'étais absolument pas déçu. Bien au contraire, en sachant que cela me permettait aussi quelques petites vacances. Cela apportera de la diversité à mon blog, entre deux photos démontrant la grandeur et l'urbanisme de Nemerya.

D'habitude, depuis mon séjour à Kishika, je m'offrais une petite balade digestive en longeant les Champs de tournesols. Toutefois, aujourd'hui, j'ai été un peu laxiste, et j'ai retardée cette marche à l'heure du goûter, sous les dix-sept heure pétante. Je me fondais dans les petits chemins de terre qui séparaient les parcelles, parfois de manière irrégulière pour donner un certain côté « naturel », non façonné par l'Homme.
Évidemment, Kyora, ma Tarsal, marchait tranquillement à mes côtés, dodelinant joyeusement de la tête. Cette tête aussi innocente me faisait toujours rire tellement le mensonge était aussi grossièrement affiché. Cette innocence si inexistante, alors qu'une malice était clairement présente.
Cette marche me permettait vraiment de me reconnecter à la nature, si peu présente lors de ma vie estudiantine à Nemerya. Vraiment, être loin de tout, au milieu de « rien », presque sans repère, à écouter le chant des oiseaux ou les froissements des Pokémons marchant dans les hautes plantes, bref cette atmosphère avait quelque chose de vivifiant, de régénérant.

Comme à mon habitude, je croisais quelques autochtones, principalement des petits couples de personnes âgées serviables et affectueux en manque de compagnie - j'adorais les retrouver, échanger quelques mots pour certains, passer un moment plus long pour d'autres. Malgré tout, ayant commencé ma marche depuis peu, je fus contraint de décliner les invitations pour boire le thé.
Je croisais également quelques enfants qui jouaient innocemment près des hautes plantes, sans risquer de se faire attaquer par des Pokémons sauvages. Ici, ils étaient paisibles.
En m'avançant plus loin, je croisais un duo de jeunes adultes, l'une aux cheveux violets recouverts d'un bonnet bordeaux et l'autre aux cheveux bleu marine recouvert lui aussi d'un bonnet, entièrement vêtus d'une tenue sombre. Ils marchaient d'un air décidé et ne dégageaient aucunement le sentiment de quiétude du village et ses occupants. Tandis que je continuais tout droit sur l'axe principal, eux décidèrent après m'avoir dépassé de tourner vers un petit chemin.
Par ailleurs, inutile de préciser qu'il était assez rare de croiser la jeunesse en ces lieux. Pour dire vrai, nous en faisions très vite le tour. Que je les connaisse personnellement ou seulement de vue, nous pouvions les remarquer en quelques coups d'œil en y restant quelques jours.
J'oubliais assez vite ces deux jeunes gens en voyant une adolescente blonde aux pointes roses prendre le chemin inverse. J'avais bien sympathisé avec elle à mon arrivée, j'imaginais sûrement qu'elle revenait des cours en vue de l'heure. Je lui souriais et échangeais seulement quelques mots car elle m'informait qu'elle état pressée. Un petit rendez-vous galant, j'imaginais !

Alors, je la laissais poursuivre sa route et je continuais à marcher. Horrible : Je ne pouvais m'empêcher de trouver ces deux jeunes gens rencontrés précédemment assez louches, mon instinct me criait de me méfier. Ils avaient tout sauf l'air d'être des touristes. En plus, ils étaient bien trop habillés pour des températures estivales aussi douces !
Mais, pour une fois, Kyora ne sembla pressentir aucun danger potentiel. Ma partenaire était ma valeur sûre alors je me disais que j'étais peut-être un peu trop parano et que je devrais peut-être me détendre un peu.

Toutefois, à peine quelques minutes après, j'entendis l'adolescente de Kishika crier. Il avait dû lui arriver quelque chose.
Tarsal me regarda, partageant immédiatement le même sentiment de détermination, et nous nous fûmes marche arrière.
Un peu plus profondément au niveau du croisement, les deux jeunes suspicieux tenaient l'adolescente. Quatre Nosferaptis tournoyaient autour d'elle en battant des ailes, hurlant des ultrasons à en faire mal aux oreilles.
La criminelle regarda son partenaire et lança : « On s'est fait grillés. On se planque ! »

Les Nosferaptis battirent des ailes encore plus fort et la tornade finit par envoler l'adolescente. Grâce à leur parfaite synchro, ils dirigèrent la tornade où bon la voulait leurs maîtres.
Ils avaient déjà pas mal d'avance, mais le syndrome du héros m'envahit. Je devais les rattraper. Kyora sauta sur mes épaules, s'accrochant à ma tête comme elle pouvait.

– Lâchez-la ! Arrêtez-vous ! Ou je vous le ferais regretter !

Alors que mon côté Ranger refoulé refaisait surface, il me semblait avoir senti du bruit dans les feuillages d'à côté. Mais j'étais bien trop concentré sur mes cibles pour véritablement y porter attention.

 
J’allais devoir accélérer la cadence. La distance entre les deux malfrats et moi-même s’accentuait, je ne parlerais même pas de l’avancée fulgurante de la tornade de Nosferaptis.
J’avais voulu jouer au héros, mais je n’étais pas spécialement préparé. Mes gadgets étaient restés à Nemerya et ma Tarsal n’était pas d’un grand recours - malgré son enthousiasme irréfutable - aussi éloignée de ces cibles. J’accentuais tout de même mon allure, en allongeant ma foulée et rapprochement les pas.
Quand tout à coup, un jeune homme jaillit de nulle part. Il se plaça juste devant les deux cinglés et en frappa un. Forcément, ils dirigèrent la tornade de Nosferaptis vers lui afin de se venger de cet affront. Je ne le connaissais pas mais quelque chose me disait qu’il était loin d’être un débutant, loin d’être à son premier essai… son aura dégageait de une parfaite assurance, maîtrisée et sensée.
L’inconnu ne s’arrêta pas là, évidemment. L’action qui suivit prouva ce que je pressentais dans le paragraphe précédent. Un Pokémon attaqua à vive allure un des êtres aériens. Le caractère de surprise fut crucial et le Nosferapti s’effondra sur le coup. Désormais déséquilibrés ou désorientés, la tornade se dissipa peu à peu et l’adolescente s’écroula au sol, parfaitement inconsciente.
Désormais, nous étions en champs d’attaque, nous pouvions agir. C’était notre heure.

― Kyora, c’est à toi de jouer maintenant !

Tarsal sauta de mon dos, profitant également de ce temps pour amuser la galerie en s’adonnant à quelques acrobaties, et termina en roulade sur un endroit qui lui offrait un agréable champs d’actions.

― Montre-nous de quoi tu es capable. A l’attaque !

Kyora s’adonna à quelques mouvements dansants et poétiques histoire de se retrouver avec la Fantyrm de notre allié dans le dos pour ne pas la toucher en l’excluant de sa zone de portée. Puis, elle laisser ses ondes psychiques fondre sur ses ennemis.
Les Nosferaptis restants subirent des spasmes puissants, presque comme s’ils vivaient une crise d’épilepsie. Deux rejoignirent le premier qui commençait à se relever. Mais ce qui était sûr, c’étaient qu’eux ne se relèveraient pas tant qu’ils ne seraient pas passer dans un Centre Pokémon pour s’octroyer des soins. Le survivant de l’attaque psychique battait tout de même sacrément de l’aile.
Les deux malfrats s’énervèrent, se tirant presque furieusement les cheveux et en sautant par terre avec hargne. Ils lancèrent des ordres de manière sèche et expéditive.
Dorénavant, l’objectif était d’attendre la jeune femme. Hélas, elle était sérieusement gardée par les Nosferaptis restants, tournoyant autour. L’un lançait des Ultrasons et l’autre lançait des Ondes de Folies, rendant la zone infranchissable.

― Là, ça va être plus compliqué… Kyora, sois prudente, soufflais-je à mon Pokémon, en un murmure sage et protecteur.

Rappelons-le : Si je n’étais pas suffisamment ferme, Tarsal pourrait rapidement perdre le fil et jouer avec le feu. La prudence, elle connaissait, mais de manière très, très, relative. Disons que pour faire écho à son côté protecteur, elle était capable de prendre risques inconsidérés.
J’entendais les malfrats rire moqueusement avant de se rapprocher de nous comme s’ils voulaient que l’on en vienne aux mains. Je n’avais jamais été à mon avantage dans les corps-à-corps, les affronts directs. Malgré tout, ils s’arrêtèrent vite de rire dès lors qu’ils virent Kyora s’approcher des Nosferaptis. Tout d’abord, elle se mit à rugir avec intensité et les Nosferaptis cessèrent leurs attaques, alors elle en profita immédiatement pour relâcher ses ondes psychiques pour offrir un deuxième électrochoc.
Hélas, j’avais sous-estimé nos ennemis : C’était un leurre. Les Nosferaptis reprirent immédiatement leurs attaques déconcertantes et une course contre la montre débuta. Quelles attaques toucheront l’autre et déterminera la suite de ce combat ?

― Kyora ! Reviens tout de suite ! m'écriais-je, d'une voix teintée par la crainte que j'essayais tout de même de cacher au plus profond de moi en ravalant ma salive.

Malgré la vitesse de Kyora, les Nosferaptis semblaient l’être encore plus. Les ondes psychiques dévalaient les environs mais les ondes folles filaient sur la fréquence d’un TGV et ne manqueraient pas de corrompre la Tarsal combattante.
Le combat allait prendre une tournure beaucoup plus sombre, je le craignais.

    Dès qu'un assaut aérien tombait, un autre réapparaissait. Kyora avait beau faire des ravages grâce à l'avantage de son type, elle avait quand-même sombré face au nombre.
Oui, malgré ses ondes psychiques qui lui conservait l'ascendance, la confusion finit par corrompre son esprit. Je l'ai vu immédiatement : Elle perdit ce qui faisait d'elle un Pokémon, son énergie, et l'innocence de ses gestes pourtant acérés. Elle ne semblait ne plus dissocier les éléments qui se trouvaient face à elle. Mais le pire, c'était qu'elle ne semblait même plus me reconnaître. Son regard s'était noirci et une manière combative beaucoup plus sombre l'avait animée.
Elle lança ses ondes psychiques tout en tournoyant sur elle-même. L'attaque toucha une partie de la nouvelle vague de Nosferaptis. Kyora ne semblait plus pouvoir s'arrêter, comme si elle était devenue un générateur d'ondes létales en puissance, parfaitement permanent. J'allais sûrement me faire toucher à force d'être aussi imprudent, mais voilà, c'était mon partenaire de vie que je devais protéger… principalement d'elle-même.

— Kyora, reviens à toi ! La confusion, c'est pas pour toi. T'es plus forte que ça. Tu es et sera toujours maîtresse de tes moyens ! Reconnais-moi !

Nous pouvions sentir la détresse dans mes paroles. En même temps, je culpabilisais d'être aussi incompétent dans l'éducation de ma Tarsal. Elle a toujours été très indépendante et a toujours su me surprendre positivement. Peut-être que malgré ses talents stratégiques indéniables permettant de nous sortir de certaines embrouilles, je devrais sans crainte influencer sa manière de jouer pour justement la défendre de ce genre d'écarts qu'elle ne sentait pas à cause de cette prétention ambulante.
Tarsal se tourna vers moi, tendant sa main blanche dans ma direction, la tête baissée.
Durant ce petit contre-temps, notre allié et son dragon astral en profitèrent pour attaquer les troubles-fêtes. Quelques attaques bien placées, profitant de la diversion causée par les phénomènes adjacents, permirent de les déséquilibrer. Instinctivement, ils attirèrent les Nosferaptis vers lui et sa compagne pour les protéger.
Deuxième coup déterminant : Notre allié fit sortir un deuxième Pokémon, un dinosaure aux mâchoires acérées. Ce dernier vint se jeter sur l'homme et lui dévorait le bras.
Désormais, nous avions affaire à un coup de bluff. Quoi que, je ne connaissais pas mon allié, mais je sentais que malgré sa puissance, il ne l'était pas autant qu'il ne le affirmait. J'espérais tout de même que cela serait suffisant pour effleurer la réflexion de leur adversaire et questionner leurs risques à continuer de nous défier.
Le jeune homme nous avait fait gagnés du temps, il était temps que je fasse de même.
J'essayais une nouvelle fois de raisonner Kyora en m'approchant d'elle, en vain. Prise de risque inconsidérée à cause de nos sentiments, mais je sentis qu'elle essayait de lutter. Son corps luttait contre la confusion et dans un geste de protection, elle a envoyé son bras dans ma direction avant de fondre sur les Nosferaptis en mode folie furieuse. L'onde me frappa et je fus éjecté à quelques mètres.
Cela faisait mal, je le reconnaissais, mais la puissance d'attaque était moindre que celle envoyée aux Pokémons adverses.
Pas le temps de m'assurer que tout allait bien, je me relevais et rejoignais l'adolescente. Inconsciente, plutôt excentrée, mais elle allait bien, je me disais qu'il était préférable de me concentrer sur d'autres points du combat et la laisser tranquille. Elle était sans danger à ce stade.
Je regardais la scène pour voir ce que je pouvais faire : Le dresseur était face aux malfrats, entourés d'un essaim de chauve-souris et des deux Pokémon de notre allié. J'étais derrière les malfrats et Kyora venait de les prendre en revers en passant sur un côté. La confusion semblait décupler ses forces et elle donnait l'impression de
Je profitais que nos ennemis soient particulièrement occupés pour m'approcher discrètement des deux malfrats, principalement de l'homme qui était moins imposant que la jeune femme. Je dégainais mon couteau suisse de ma poche et frappais l'homme à la tempe. Ensuite, je fis coulisser la lame du couteau pour la mettre sous son cou, tout en resserrant mon étreinte.
Il avait beau se débattre, c'était inutile. Je forçais à mort pour maintenir l'étreinte.

— Tu ferais mieux de t'écarter de ton ami si tu ne veux pas que je le plante. Pigé ? menaçais-je, d'une voix bien trop imprégnée de venin, avant de simplement reprendre avec courage. Vous feriez mieux d'écouter ce qu'il vous dit. On ne vous le répètera pas deux fois. Partez ou on appelle la Police.

J'espérais ne pas avoir inquiété mon allié. Même moi, je ne savais pas ce que je faisais. À côté de ma Tarsal folle, nous faisions tout de même un duo parfaitement atypique et… dérangé. Pas spécialement terrible comme première impression. Mais voilà, la situation désespérée de la jeune habitante de Kishika avait réussi à faire ressortir « ça » de moi. Ça, un héros ? Ou un antagoniste ?
Tant que je ne dépassais pas le point de non retour, ma conscience en sera épargnée.

    Peut-être que j'y étais allé un peu fort. D'accord, j'avais clairement abusé. Mais nos actions coordonnées avaient toutefois mis fin au conflit.
Tout d'abord, ce fut l'homme qui rappelait ses Pokémons un à un, auquel je m'étais détaché en rangeant rapidement mon couteau-suisse - comme je voulais oublier au plus vite ce qui venait de se passer - tout en continuant d'assurer une posture confiante. Ensuite, la femme suivit l'exemple du premier et rappela également ses chauve-souris.
Ma foi, j'étais déçu de voir les kidnappeurs nous filer entre les doigts. Il était impératif qu'on mène l'alerte, que des hordes de Caninos ou d'Arcanins policiers les prennent en chasse et les retrouvent.

— Ils s'enfuient, c'est malin… grommelais-je, en détournant le regard, le plus bas possible.

Je retournais ensuite vers la jeune femme, en récupérant Tarsal au passage, la transportant dans mes bras. La jeune femme semblait revenir à elle, égayant immédiatement mon visage.

— T'en fais pas, ça va aller. Les personnes qui ont voulu t'enlever ne te nuiront plus. Tu es hors de danger maintenant, lui soufflais-je pour la rassurer, en me mettant au plus d'elle, et lançais un regard vers l'autre dresseur avec la même douceur dans la voix. Oui, il va falloir que tu passes à la Police dès que tu te sentiras mieux.

Ensuite, le dresseur s'adressa à moi une fois que l'adolescente s'était relevée, accoudée sur lui.

— Oui, tout va bien, je te remercie. Pour Kyora, un peu moins. Au moins pour elle, elle a vraiment besoin de soin. Mais oui, avant ça, allons au poste de Police.

Je regardais ma Tarsal et oui, les efforts éprouvés ainsi que les dégâts subis, amplifiés par les écarts de la confusion, l'avaient sacrément atteintes. Je sortis alors ma Pokéball et tout en l'entendant broncher à la mort, je la fis rentrer de nouveau dans celle-ci. Oui, rappelons qu'elle n'appréciait absolument pas y entrer. Déjà à son âge, elle avait un sacré caractère.

Puis, je me tournais vers lui et l'adolescente.

— Attends, je vais t'aider, soufflais-je, affable.

Sans attendre la réponse, je me mis du côté opposé au dresseur et me cala de l'autre côté de l'adolescente, mettant mon bras dans son dos, sous celui de mon allié du soir. Allons au poste de Police, la nuit commençait déjà à bien bien sombrer.
À peine quelques mètres après, je me tournais vers le dresseur altruiste à l'allure sombre.

— Au fait, je m'appelle Khoren. Enchanté et merci de m'avoir aidé. Je te dois une fière chandelle !

Puis, sur ces mots, nous retournions lentement mais sûrement vers la ville. Un trajet nous permettant de tranquillement parler avec la jeune femme et l'inconnu qui n'avait pas hésité à rejoindre le danger pour la sauver.

    Certes, j'étais frustré que les crapules disparaisse, mais je ne pouvais prendre le rôle d'un policier, je ne pouvais pas plus nous mettre en danger. Les équipes compétences allaient faire leur travail, et je l'espérais, efficacement.

Je remarquais que les Pokémons de mon allié s'en sortaient en plutôt bon état. Sa maîtrise était nettement plus aiguisée que moi. Avec mes erreurs de débutant, je menais, parfois même inconsciemment, Kyora dans des états inconsidérés. Désormais, elle avait activement besoin de soin. Pour rester dans le positif, au moins la jeune femme n'avait rien - ou du moins pas grand-chose - et que les vauriens avaient cessé et cesseront de nuire bientôt.

Tout en aidant la victime de ces malfrats, nous faisions plus humble connaissances. C'était la moindre des choses après tous ces vifs événements.

— Enchanté Akari, tu as une bonne équipe que tu coordonnes parfaitement.

Ensuite, il me donna quelques adresses envers des services publics plus que nécessaires actuellement.

— J'irais soigner Kyora, ça urge un peu. Et oui, j'apporterais le début de toute cette histoire. Après tout, c'est moi qui les ai croisés en premier… mon instinct me criait qu'ils étaient louches, mais j'ai continué ma route, je culpabilise un peu.

Le fameux « un peu » couramment utilisé aujourd'hui qui ne servait qu'à atténuer les faits, les minimiser… alors que la réalité était toute autre. Je culpabilisais atrocement de ne pas avoir suivi mon instinct, c'était aussi pour ça que je m'étais démené pour la sauver.
J'étais déçu que la jeune femme avec qui j'avais beaucoup sympathisé ne veuille prendre part à la conversation. Toutefois, je comprenais parfaitement que cette soirée l'avait énormément perturbée. À ce que j'avais vu de Kishika, c'était un village tranquille, serein, et sans histoire.
La discussion nous aillant mener rapidement au seuil du poste de Police. Je remarquais rapidement la croix médicale caractéristique des Centres Pokémons, qu'on ne pouvait guère louper tellement elle était lumineuse.
Le dénommé Akari me proposa un scénario du reste de la soirée. Je le trouvais pertinent donc je comptais le suivre. Je voulais vraiment montrer à quel point j'étais quelqu'un de mignon-innocent et pas quelqu'un qui menace ses congénères.

— Je vais soigner Kyora et je reviens après, affirmais-je avec conviction. Oui, ils auront mon témoignage. Depuis que j'ai posé les yeux sur eux jusqu'à ce qu'ils ont disparu de mon champs visuel… en excluant les détails jouant en notre défaveur.

Je m'impressionnais moi-même d'être aussi assuré dans mes paroles. Mais je ne voulais pas salir mon cassier judiciaire à cause d'une action incontrôlée à cause de la pression ardente.

Je le saluais de la tête, loyal et solennel, et adressais mes meilleurs sentiments à la victime des troubles-fêtes pour qui la soirée était loin d'être terminée.

— Bon courage pour les témoignages vous deux, je vous rejoins une fois que j'ai signé Kyora. Vous avez besoin de quelque chose en particulier pendant ce saut au Centre Pokemon ? demandais-je, d'un ton léger et affable.

Ensuite, prenant leurs informations en compte, je me dirigeais d'un pas déterminé vers le Centre Pokémon qui était évidemment toujours ouvert.
J'entrais à l'intérieur lentement, presque avec une certaine gêne, n'étant pas habitué à visiter ce genre de lieu… ou du moins d'en avoir usage.
Je voyais une salle d'attente immense, un bureau vitrée ou se tenait trois secrétaires, deux femmes et un homme, que l'on devait accoster pour bénéficier des soins.
Je me dirigeais vers la file où il y avait le moins de monde, celle où l'homme se trouvait, et après une petite attente, j'arrivais à lui. J'expliquais mon soucis et il me demanda pas mal d'informations sur moi, mon Pokémon, histoire d'engrosser leur base de données.
Ensuite, me tendant un numéro, j'attends encore un peu avant qu'une infirmière aux cheveux roses avec des boucles, d'une douceur dont j'avais extrêmement besoin après toutes ces tensions, et elle m'emmèna dans une salle où une machine faisant un peu plus la moitié de ma taille s'y trouvait. Avec des luminaires partout. J'y inscèrais la Pokéball de Kyora et l'infirmière tapa quelques informations sur l'ordinateur intégré.
Puis, un bruit retentit et se répéta, une lumière se répétait également dans l'ensemble. Sur l'écran, on voyait l'hologramme de Tarsal en gris qui se faisait traverser par une ligne lumineuse et au fur et à mesure, l'hologramme s'illuminait jusqu'à ce que les soins soient arrivés à expiration. Au bout d'une quinzaine minutes, c'était réglé. Kyora était de nouveau comme neuve, pleine de vitalité, prête à faire feu.
Après tout ça, les formalités et politesses, je sortais du Centre Pokémon et, non pas sans crainte, je retournais aux portes du Commissariat.

Rapidement, avec quelques explications, ils retrouvèrent l'affaire. Rappelons que les affaires aussi spectaculaires étaient rares dans ce village calme et sans histoire.
Je retrouvais Akari, sûrement avait-il terminé ou les policiers lui octroyaient une pause. En tout cas, la jeune femme n'était pas là, ils devaient la garder pour les interrogatories. Je le questionnais alors, intéressé de savoir comme ça s'était passé pour lui.

— Alors, c'était comment ? Tu es passé ? Tu penses qu'ils pourront faire quelque chose ? Peut-être qu'ils ne sont pas partis trop loin, qu'on peut les rattraper.

Je me dépêchais un peu car j'imaginais qu'ils ne tarderaient pas à venir me chercher pour l'interrogatoire complémentaire.

 Après cette soirée mouvementée, ce passage au Centre Pokémon pour Kyora, j'étais revenu au Commissariat. De ce que j'en déduisis, son interrogatoire a été bref et que je n'avais pas suffisamment été clair dans mes propos en vue de ce qui se suivait. Akari avait fait un amalgame, que j'avais inconsciemment créé en m'exprimant ainsi. Je devais me vivement rectifier le tir, rectifier la compréhension.

— J'espère que ça va bien se passer pour moi aussi… soupirais-je, un peu stressé.

Il était vrai qu'être dans ce genre de lieu n'avait rien de rassurant, même dans les cas où nous n'avions rien du tout à nous reprocher.
Puis, je rectifiais ma pensée. Au début, je riais jaune avant que la gêne ne se dissipe totalement.


— Aaaah, nous, moi, les poursuivre ? Oooh noon, mais pas du tout, Akari ! C'est pas ce que je voulais dire, haha ! J'ai déjà eu suffisamment de sensations fortes pour la soirée… c'était un « on » général, je pensais à la Police. Elle devrait pouvoir leur mettre la main dessus, les agresseurs ne devraient pas être trop loin, ou n'ont sûrement pas eu le temps de quitter la zone ou la région.

Rapidement, comme je le pressentais, un agent de police vint me chercher pour l'interrogatoire. Je le salue brièvement, avec sérieux, avant de me tourner vers Akari, avec un sourire bienveillant.


— Je reviens tout de suite après l'interrogatoire.

Je suivis l'agent dans les couloirs du commissariat, prenant mon temps d'inspecter les visages dans le couloir des salles d'interrogatoire, et j'aperçus la jeune femme. Je lui fis un signe de la main en souriant grandement, avant de murmurer un « Courage ». Puis, je fus installé sur une chaise de bois dur, inconfortable, face à un bureau des plus conformes, dans une salle bien trop épurée pour trouver, ne serait-ce, un détail de familier et donc rassurant pour s'y accrocher.
Peut-être que l'agent qui était venu me chercher avait l'air sympathique mais celui, reprenant le cliché du flic, avait simplement l'air aigri, peu enjoué d'être là. Il aurait pu au moins me proposer un donut !
Puis, avec à peine une formulation de phrase complète, il me soutira mes informations et la raison de ma venue ici et me demanda de dire ce que je savais : Je racontais avoir vu les deux malfrats me dépasser, que je trouvais déjà louches, avant de les décrire, puis avoir vu et sympathisé avec la jeune femme avec qui je m'entendais bien depuis mon séjour à Kishika. Ensuite, l'avoir entendu crier, et mettre senti obligé de venir l'aider. Là, un bras de fer a débuté pour ne pas qu'elle soit enlevé, la venue d'Akari, et ainsi à nous deux et quelques procédés illégaux que j'omettais évidemment, nous en étions venus à bout. Enfin, qu'ils ont fuis quoi, mais que la victime était sauve.
Bizarrement, j'essayais de leur donner le plus détails possibles mais en même temps, j'essayais d'être rapide pour aller vite. Me semblait-il ressentir un certain trouble que le policier sentait plus ou moins, ce qui le poussait à être insistant sur le fameux « Pensez-vous n'avoir rien d'autres à ajouter ? »
D'un visage neutre et stoïque, j'acquiesçais jusqu'au dénouement de l'interrogatoire.
À la fin, le monsieur sourit, presque amusé. Nous rigolions ensemble sur ce temps informel, cette espèce de pause pour lui, un moment de détente dans cette journée sûrement chargée.

Puis, je sortais dehors. Akari m'attendait toujours, malgré qu'il soit aussi tard et que nous ne nous devions rien l'un envers l'autre. [/i]


— J'ai dû être un peu plus long que toi. J'espère ne pas t'avoir trop fait attendre ! Ils ont dit que c'était bon signe. Le portrait robot devrait être super représentatifs, selon leurs dires. Avec nos témoignages, ça devrait bien rouler.

   Avouons-le, j'étais plutôt surpris qu'Akari soit toujours là, à m'attendre, ses intentions m'échappant complètement. Ce n'était peut-être qu'un certain sens des responsabilités, du devoir, qui nous poussait à rester l'un pour l'autre. Engagés, nous étions ensemble et nous terminerons sûrement cette histoire ensemble.
Je ne pouvais d'ailleurs que confirmer la réponse à mes propos. Je soupirais tout autant que lui.

— C'est ce côté paisible qui m'a attiré ici, pour prendre quelques vacances. Les gens ici sont si calmes et sereins, j'aime beaucoup cette simplicité, comme si les ennuis glissaient sur eux comme de vulgaires gouttelettes de pluie. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette affaire va perturber le calme si caractéristique de Kishika.

Ensuite, il me remercia avant de me dire qu'il devait se rendre dans la forêt bordant le tranquille village. Dans la forêt, à cette heure ? C'était parfaitement inapproprié pour un humain disons « normal ». Que pouvait-il bien avoir à faire dans la forêt en plein milieu de la nuit ? Ou plutôt, que devait-il y faire ? Cela me fit penser que je ne savais rien d'Akari, qu’il était en fin de compte un parfait inconnu, je le trouvais de suite particulièrement intriguant… voire étrange.
Je répondis alors de la manière la plus naturelle possible, peut-être que ce n'était pas pour y faire des choses complètement tordues :

— Tu as des choses à faire dans la forêt ? Je peux t'accompagner, si tu veux. Même si je commence à fatiguer et, personnellement, j'irais plutôt rejoindre ma petite location que j'ai prise à l'occasion de me mon court séjour. J’avais besoin de retrouver un certain calme, de l’ordre dans ma vie qui devenait fouillie, perdue sous le sens. Si jamais, tu peux venir dormir si ça t'arrange après qu'on ait fait ce que tu devais faire.

J’avais révélé certains informations d’un ton presque normal, sans émotion, pour exprimer des choses aussi profondes. J'haussais ensuite les épaules en me reculant un peu, en levant les bras, prenant un air innocent, ne voulant absolument pas forcer ma présence.

— Après, c'est vraiment comme tu veux ! Je ne t'oblige en rien ! On peut très bien rentrer chacun chez soi, après tout.

Mon regard se perdit au loin des deux côtés de la rue, il n'y avait pas d'âme qui vive. Enfin, à part quelques vieillards insomniaques aux fenêtres ou sur leur balcons, mais c'était tout. Il n'y avait personne. Juste Akari, juste lui et moi, sous la lumière de l'astre lunaire et le voile d'ombre du néant étoilée, et le silence si agréablement crispant du monde endormi.

D'une part, la tâche qu'il devait faire dans la forêt en pleine nuit m'inquiétait par son caractère étrange en rappelant que des vauriens s'en étaient pris à la tranquillité du village et le danger n'avait peut-être pas entièrement disparu, et d'autre part, en vue de l'heure et des événements éprouvés dernièrement, il n'était peut-être pas prudent de vagabonder dans les bois. Oui, c'était plus un temps pour s'enfouir sous la couette jusqu'au matin.
Ses expressions faciales exprimaient un certain malaise. Un malaise que je comprenais sciemment, c'était étrange de proposer à un inconnu de dormir chez soi, même après un événement qui aurait pu créer un lien, un devoir mutuel.
Encore une fois, il paraissait bien mystérieux. Ma proposition était plus « pertinente » que les deux autres ? Quelles autres propositions ? Je décidais de ne pas en tenir vigueur, je savais depuis longtemps qu'une personne parlerait si et seulement si elle avait envie de parler.

— Je sais que c'est un peu bizarre mais je suis comme ça, même avec les inconnus… mais j'ai l'impression que je peux te faire confiance, dis-je en détournant le regard, avant de revenir vers lui en esquissant un léger sourire.
Et oui, peu importe ce que tu cherches, tu ne devrais rien trouver d'exceptionnel à cette heure-ci.

Alors, ni une, ni deux, je le guidais jusqu'à chez moi, une petite location dans le centre du village. Une maison d'hôtes qui avait été divisé en quatre studios pour faire fonctionner le tourisme, un peu, de Kishika.
Je retirais ma cape emblématique, retirais mes grosses chaussures noires, et face au miroir, je laissais ma main arranger mes cheveux par simple plaisir puisque l'intérêt était futile. Le petit hall d'entrée ouvrait directement sur un salon, assez simple mais cosy, aux murs blancs et au sol en parquet brun clair, avec une mini-télé écran plat dans un coin sur un meuble blanc, face à un canapé pourpre avec une table basse en verre entre les deux, un autre meuble pour le rangement, le petit Îlot central pour la cuisine, et quelques plantes vertes. Une autre pièce au fond, de l'autre côté de la cuisine, menait à la salle bain où se tenait en plus de la douche à l'italienne un lavabo et les toilettes. Un style plutôt simple, épurée, sans trop de décoration, mais qui éclairait beaucoup la pièce et lui permettait de la mettre en valeur.

— Voilà chez moi. C'est pas grand-chose, c'est le minimum niveau confort mais ça reste toujours mieux que ma chambre étudiante à Nemerya, dis-je en esquissant un sourire. La douche est là-bas si tu veux en profiter, d'ailleurs. Autrement, tu fais comme chez toi !

Les paysages de Kishika avaient vraiment quelque chose de vivifiants, de déconcertants, dans le sens où ma sérénité qui émanait du village et son côté naturel qui cherchait à prendre le dessus sur les vieilles habitations. Surtout de nuit, l'ambiance calme était amplifié, augmentant le sentiment de béatitude qui agissait en moi en ces lieux.

Je ne regrettais pas d'avoir invité Akari dans ma petite location où je m'y sentais presque comme chez-moi. C'était même mieux que chez moi puisque je ne vivais que dans une chambre étudiante à Nemerya. Bref, j'avais un bon feeling avec le dresseur qui m'avait soutenu pour sauver la jeune femme, je ne le pensais pas capable de me faire un sale coup et son histoire me touchait.

— J'avais senti le mal être, je crois. C'est pour ça que je t'ai proposé de venir ici.

Mais voilà, j'étais comme ça. Dévoué, altruiste, généreux, donnez l'adjectif que vous voulez. C'était en moi, je me sentais presque obligé de venir en aide aux autres, même s'il n'était pas aussi dépourvu que le jeune homme. La reconnaissance des autres avait usage de satisfaction de mon besoin d'estime, c'était grâce à celle-ci que je me sentais vivant.
J’ajoutais alors au sujet de l’utilisation de la douche :

— Et vas-y, vas-y, la douche est à toi ! Fais toi plaisir ! Hésite même pas à rester deux heures dedans pour bien en profiter.

Je le laissais prendre possession des lieux et s’y laisser à son aise. Sans trop savoir pourquoi, des images particulières me venaient en tête à l’écoute des bruits que j’entendais dans la salle de bain, comme le fait qu’il retirait ses vêtements, l’eau qui coulait… Des images suggestives me venaient alors en tête. Sûrement que cela faisait longtemps que je n’avais pas expérimenter son désir, que je ne m’étais pas retrouvé dans un cadre aussi intime. Je n’avais pourtant pas spécialement envie de passer à l’acte, mais les images du fantasme me faisait voyager.
Plutôt honteux de ce genre d’images, je choisis de concentrer mon esprit ailleurs. Je m’étais alors posé sur le bureau où mon ordinateur portable était disposé et continuais la rédaction de mon article du blog avec les clichés du jour que j’avais pas pris le temps de poster. Thème nature et Pokémon aujourd’hui !

 

J'avais alors eu l'idée d'inviter le dénommé Akari à venir se reposer dans ma petite location. Je m'étais déchargé de ma fidèle cape noire que j'avais mise sur le porte-manteau avant de lui proposer un accès à la salle de bain et le moins que l'on puisse fut qu'il avait été très rapide. Personnellement, j'en profiterais sûrement un peu plus. Par chance, ma productivité battait des records et je venais tout juste, à l'instant même où la porte s'ouvrit de nouveau, de poster l'article sur mon blog de photo où j'y racontais un peu ma vie en donnant quelques conseils ou en me laissant écrire quelques vers poétiques sur le papier.
Je me tournais lentement vers lui et le regardais, souriant de bon cœur face à la petite blague d'autodérision sur ses cheveux.

— Haha, mais t'en fais pas ! T'es quand même toujours au top !

Sans même éteindre l'ordinateur ou le mettre en veille, je le prévins que j'allais de même me faire une petite toilette pour être plus présentable, me détendre, pour préparer mon corps au sommeil.

— Je vais à la douche ! Je reviens après.

Je filais en quelques enjambées dans la salle de bain, retirais mes affaires en deux secondes chrono tout en fermant la porte dans la volée et sautais dans la douche pour me retrouver rapidement recouvert d'une buée humide. Je repensais aux derniers événements tandis que l'eau chaude coulait sur mon corps et j'ai été des plus insouciants. Ma détermination était indéniable mais j'avais été imprudent, j'avais eu des comportements inconsidérés.
Fallait vraiment que j'apprenne à contrôler cette motivation et cette adrénaline trop puissante. Que j'apprenne à être un bon dresseur pour ne plus risquer la vie de mes Pokémons. Kyora avait été mise en difficulté à cause de mauvaises directives de ma part... je devais arranger ça. Je devais tout arranger dans ma manière de faire. Je devais apprendre.
J'arrivais à passer à autre chose et à relativiser. J'allais apprendre à réfléchir avant d'agir, apprendre de mes pairs et tout faire pour m'améliorer. Avec un sourire retrouvé, je sortais de la douche et me rhabillais d'une tenue beaucoup plus décontractée et légère. Une tenue pour dormir, quoi... ou pour les moments détentes. En sortant de la salle de bain, je retournais dans ma chambre pour y ranger mes affaires et retournais voir Akari, les cheveux guère mieux que lui.

— Je suis de retour et regarde, mes cheveux ne sont pas mieux que les tiens ! Haha !

Puis, je m'étais posé dans le canapé de cuir noir non loin de lui. Par instinct, j'avais sorti mon téléphone pour regarder mes notifications, messages et actualités sur Dusk, et scrollais sur mon profil, quand Akari brisa ce court silence avant qu'il ne s'installe complètement par une question lambda pour ouvrir un sujet, s'intéresser à l'autre.

— Je... je suis dresseur depuis quelques mois à peine. Disons que cela fait depuis très peu de temps que je m'improvise dresseur de combat, j'étais plus simplement éducateur avant... Avant, il y a quelques mois quoi. J'ai jamais été très proche des Pokémons avant mon arrivée à Lumiris. Et toi ? Tu as l'air d'avoir un passif un peu plus conséquent que le mien.

 

Après les tensions de la soirée, il était plus qu'essentiel de retourner sur des bases plus calmes, plus posées. La douche sous l'eau chaude était un bon moyen de se détendre pour commencer, à lâcher prise par exemple.
Quand j'étais sorti de la salle de bain revêtu d'un T-shirt un peu petit pour moi avec des motifs vraiment idiots et pas très beaux - la définition des tenues de nuit, quoi ! -, et un bas ample pour le confort, Akari était sur son téléphone. Belle manière de s'occuper, presque devenu une norme majoritaire aujourd'hui... Mais, il semblait contrarier, mais dès que j'avais passé l'entrebâillement de la porte, ses traits semblèrent se détendre immédiatement. Comme s'il ne voulait pas que je découvre son trouble. Après tout, j'étais pareil, je n'aimais pas montrer quand cela allait mal pour ne pas inquiéter les autres et surtout pour ne pas les importuner. Surtout que l'on ne se connaissait pas, il n'allait pas se confier à moi aussi facilement. Je décidais donc de passer outre et prendre la perche qu'il me tendit de son air sympathique et une discussion plutôt banale commença. Banale, mais utile pour déterminer à qui on avait affaire, apprendre à connaître son interlocuteur.

Je rigolais de la réponse à ma petite réplique légère sur ses cheveux et répondis à sa question qu'il répondit aussi aussitôt. Oui, je sais, il y a beaucoup trop de "répondre", ça fait des répétitions, d'accord, j'avais pas mieux et au moins ça crée un style !
Entre temps, Kyora était sortie de sa Pokémon et s'était assise juste à côté de moi et réagissait avec des mimiques très expressives sur notre conversation. Souvent, ses mimiques étaient calquées sur les miennes de manière beaucoup plus amplifiées.

Je ne comprenais que partiellement la totalité de ses propos. Enfin, je n'arrivais qu'à coller que peu d'images d'analyse avec la description. Quelque chose portait à confusion. Je n'arrivais pas à déceler de réponse franche. Il y avait toujours autant de zones d'ombre qui rendaient caduque la compréhension complète de ses paroles. Mais, est-ce que lui-même savait-il combler ces parts d'ombre ?
Malgré tout, je me retrouvais pas mal dans cette description.

— Je vois. Je suis un peu dans le même cas. Je ne combats pas vraiment pour la gloire ou les badges mais plus dans l'optique de protéger les personnes que j'aime et les personnes dans le besoin.

Je souris agréablement suite à la fin de sa phrase.

— J'aime beaucoup les expéditions aussi. Je suis vraiment toujours en vadrouille. Depuis que j'ai eu mon Pokémon, je ne suis plus beaucoup chez moi. J'ai l'impression d'être toujours sur le qui-vive mais bon... J'adore voyager maintenant ! Mais j'avoue que l'une des choses que je préfère dans ces voyages, ce sont les rencontres. Je n'aime pas vraiment voyager seul, heureusement que ma partenaire de vie est toujours avec moi, lorsqu'on va arpenter des Monts ou se perdre dans des cavernes !

Suite à sa dernière phrase, j'eus l'envie de me permettre une question plus personnelle, pouvant peut-être m'en apprendre plus sur mon mystérieux allié de la soirée. C'était une prise de risque j'étais prêt à prendre, en sachant que j'avais des choses à raconter. Une chose du moins, une chose qui m'avait marquée. Un événement qui déclenchera tous les autres, celui où je m'étais mis en danger pour la première fois, avant que le danger ne devienne presque une partie de moi.
— Tu parles d'endroits reculés où le danger est grand... Mais de quoi parle-tu par exemple ? Aurais-tu déjà vécu des aventures marquantes ? Ou non, d'ailleurs ?

 

Le côté philosophique et réfléchi d'Akari me plaisait plus particulièrement. Surtout que personnellement, la nuit m'apportait ce genre d'inspiration propice aux débats, aux discussions, aux échanges. Après tout, c'était plutôt la nuit que les individus refaisaient le monde.

— Je suis à l'aise avec le fait que des Pokémons puissent se considérer ou être considéré comme des combattants, des défenseurs, mais pas trop dans l'idée de les considérer comme une arme. Je ne suis pas à l'aise avec l'idée d'instrumentaliser les créatures qui peuplent notre monde. Elles sont utiles mais j'espère qu'elles sont tous volontaires à assouvir les tâches qu'on leur assigne, dans  un monde idéal, évidemment. Même si je suis sûr que certains pensent comme ça, qu'ils considérent les Pokémons comme des armes ou des outils. Sauf qu'ils ont une conscience, une personnalité.

Je vis alors Akari s'assoir sur le sol. Je trouvais cela étrange avec des canapés ou fauteuils aussi confortables mais il était vrai que certaines personnes étaient plus à l'aise assise par terre. Lorsque j'expliquais ma passion pour les voyages, je ne pouvais m'empêcher de revoir des images marquantes de mon parcours et principalement celles où nous étions tous réunis. "Nous", les âmes que j'ai rencontrées, que j'ai aimées, autant les autres voyageurs, amis et évidemment ma partenaire de vie.
Par ailleurs, j'espérais que ma question ne l'avait pas troublé. Par chance, cela ne semblait guère être le cas. Et tant bien même que je m'attende à quelque chose d'incroyable, je fus quand même un peu déçu par cette réponse aussi généraliste. Akari donnait une importance capitale à son voile de mystères, quelle était son histoire pour qu'il ne puisse en dévoiler ?

— Haha, je te comprends parfaitement. J'essaie d'éviter le danger mais il arrive toujours sur ma route. Du moins, depuis que j'ai décidé de prendre mon envol à Lumiris. Mais au moins, je m'ennuie pas. J'ai beau adoré les scénarios de romans, je préfère les vrais récits d'aventure, même si ça a l'air plus "banale" et moins "épique". C'est un peu comme l'horreur, quelque chose avec des zombies risque de moins m'effrayer qu'un psychopathe, car c'est réel, possible. Si cela te dérange pas, je me ferais un plaisir d'écouter tes aventures. Tu as l'air d'avoir des choses à raconter.

Avant ma proposition d'écoute, je répondais à son propos léger autour de la réalité qui devait être plus décevante que la fiction sur un même ton aussi taquin. Puis... me montrais-je trop insistant ? Nous verrons bien, surtout que s'il n'avait pas daigné aller dans un registre plus personnel, c'était peut-être qu'il y avait une bonne raison. Mais je n'y pouvais rien. Ce type m'intriguait et j'avais une forte envie de découvrir son histoire. Mais, les personnages complexes ne se dévoilaient jamais facilement. Il fallait le mériter pour qu'ils se révèlent.
Je ne forcerais pas plus et me tournais vers ma Tarsal qui, comme il n'y avait aucun danger, n'était que douceur et innocence. Je jouais avec comme je pourrais jouer avec un très jeune bambin. Ses petits bruits, chuintements, me faisaient entièrement craqués.

 

Peut-être n'avais-je pas pris la peine de nuancer mes propos, peut-être n'avais-je pas tellement développé mon point de vue, peut-être m'étais-je seulement concentré sur une partie de l'argumentaire ou de la thématique, mais qu'est-ce que cela pouvais-je me faire ? Nous discussions le soir, tard dans la nuit, ce moment où les cœurs et les esprits sont les plus ouverts pour dévoiler les éléments les plus intimes ou secrets enfouis au fin fond de nous, constituant qui nous sommes, les fragments intimement liés de notre identité.
Et accessoirement, Akari n'avait pas renchéri ou demander des explications, alors peut-être qu'il n'en voulait pas ou que nous continuions à discuter sur ce sujet. Je préférais alors reprendre la suite, je souris en entendant ses paroles, surtout face à l'appellation d'un cliché pareille. Je répondis avec légèreté :

— Je comprends. Après, j'estime que qu'il ne faut pas toujours hiérarchiser les exploits. Peut-être que tu n'as pas vaincu un dragon mais si ce Pokémon sauvage était hostile, sans en connaître les détails, je peux te dire que ça peut être héroïque... surtout s'il s'en prenait à toi. Ou même aujourd'hui, comment t'es venu pour sauver la jolie demoiselle ! Et sinon, d'ailleurs, pourquoi est-ce que ça ne pourrait pas être une héroïne qui sauve un prince, pour changer ?

Ensuite, il me laissa la parole pour conter une de mes aventures. Depuis que j'étais arrivé à Lumiris, peu de choses m'étaient arrivées, mais elles avaient eu un grand impact sur mon existence qui était si... inexistante à Sinnoh, puisque je vivais dans l'ombre de mon grand frère parfait. Je n'avais pas vécu grand-chose mais l'une d'entre elles m'avait marqué à jamais.
Je m'étais peut-être emballé... Je n'avais aucune fierté à raconter cette aventure, cette épreuve autant physique que psychologique. Mon assurance devait s'être évaporé, ma respiration venant de s'accélérer en repensant à cette nuit inoubliable, Akari devait faire face à ma mine presque déconfite. Après tout, cette aventure m'avait sérieusement marqué. Pour me rassurer, je me disais que tout le monde aurait pu être traumatisé face à ça. Mais... je n'étais pas le plus à plaindre, regardez.

— J'aurais bien une histoire à raconter... Nous avons tendance à l'appeler la "Psychose".

Immédiatement, ma mignonne Tarsal s'arrêta de dodeliner joyeusement et me fixa, les yeux exorbités, anormalement crispée.

— Enfin... si tu es d'accord, bien sûr ?

Complètement inconsciemment, j'installais un atmosphère lugubre et terrifiant.

— Je peux te raconter cette histoire. Répondant à ma passion de découvrir Lumiris, je suis parti en exploration aux Bois Hurlants. Mon destin m'a mis sur la route de Lise Gray, la Championne Spectre. Engagée pour retrouver les Rangers du secteur qui avaient disparu, elle m'a proposé de l'accompagner dans cette mission... et c'est parti en n'importe quoi depuis cet instant.

Je conservais le peu d'assurance que j'avais pour exposer le contexte, tandis que Kyora était partie se cacher derrière les canapés, prête à rejoindre la chambre et se foudre sous la couette. Après, l'épouvantable Psychose pouvait me réhabiter, qu'importait, cela augmenterait le réalisme du récit. Comme si j'y étais encore...