Elle était belle, elle était heureuse de vivre, heureuse d'occuper ce monde. Elle avait du coeur au ventre, aventurière, courageuse, ses éclats de rire incantaient une douce chaleur au fond de l'enveloppe charnelle de ceux qui l'écoutaient, tout comme sa voix et son chant digne envoutant. Elle était très belle. Des cheveux roses qui lui tombaient aux épaules, des prunelles enchanteresses, un constant sourire à la commissure des lèvres, svelte, des courbes aguicheuses qu'elle n'hésitait pas à mettre en valeur pour titiller les curieux. Oui, Rose était jeune, et c'est jeune qu'elle est morte.

Rose Saralyn Evans, était une dresseuse aguerrie qui avait parcouru Unys en long, en large et en travers. C'est d'ailleurs durant son périple qu'elle avait rencontré Piéris, l'un des maîtres pokémon du conseil des 4. Leur idylle semblait proche de la perfection dès l'incipit. Pourtant, les liens se sont effrités, petit à petit, la présence de l'un, bien que manquant à l'autre, s'amenuisait au fur et à mesure que les jours filaient tels des étoiles. L'amant de Rose fini par oublier les vraies valeurs et se consacrait bien trop à son occupation de maître. Il en oubliait ses priorités, ce qui causait du tort à la jeune femme qui parvenait tout de même à cacher le désespoir qui l'accompagnait tout comme le fantôme d'une relation perdue, encore officielle aux yeux de tous.

Cela faisait bientôt un an qu'elle s'était installée à la route victoire, à proximité de la grotte qui mène à la ligue. Bien que très proche de l'endroit où trône fièrement son amour, celui-ci reste très réduit au sein de leurs rapports. Mais un jour, la solitude prit quelques jours de congés. Rose rencontra un vaillant collectionneur qui, en voulant braver le mont, s'était sans le vouloir, perdu dans la cave creusée par le temps et les pokémons. C'était d'ailleurs pour ses recherches que celui-ci était venu. Il s'appelait Arthur, Arthur MacNeil. Ce n'était pas le coup de foudre, juste un pulsion physique qui l'amena à le laisser la séduire au fur et à mesure que ses lèvres débitaient ses exploits et son vécu jusqu'à ce retrouver dans la demeure de Rose.

La jeune femme apprit qu'il s'était rendu spécialement dans cet endroit pour compléter et étendre la diversité du Parc Safari dont il est le directeur. Les discussions, intéressantes finirent par se taire sous les baisers, sous les couvertures. Il aura suffit d'une nuit pour qu'une seconde utopie naisse. Malheureusement, elle ne fut qu'éphémère, et la solitude revint de ses vacances, plus amère que jamais. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Il avait promis qu'il reviendrait. Rose avait promis qu'elle l'attendrait. Des vertiges, des nausées, des migraines, et dans l'attente, son profil se gonflait. Elle était enceinte. Enceinte et heureuse... en apparence. Non pas qu'elle regrettait ce qui s'était passé, non pas qu'elle regrettait de s'être offerte à un autre. Les sentiments... quelle drôle d'affaire.

Rose n'est pas décédé suite à l'accouchement de son petit garçon. Clive comme elle l'avait appelé, en souvenir de son père, et Eden, car pour elle, il était la porte d'un paradis. Ce qui attristait Rose, c'est que son fils devrait grandir sans obtenir l'amour paternel, sans être serré quotidiennement, sans s'endormir au creux d'un cocon familial. Rose cessa de se nourrir. La dépression, le fardeau de ce qu'elle avait toujours combattu a finalement eu raison d'elle. Avant de quitter ce monde de déception permanente où le mensonge règne en maître, Rose parvint à confier  la garde de Clive à son père biologique. Un couffin, une enveloppe, le tout accompagné d'une pokéball où se loge le pokémon qu'elle avait prévu d'offrir à sa chair le jour où elle le sentirait prêt.

Rose se fana, et Clive fut confié à une nouvelle famille. Son véritable père le reçu, encore bambin. Les lignes manuscrites écrites quelques jours plutôt lui arrachèrent ses ressentis, visibles par sa femme qui tremblait de rage après avoir prit connaissance de ce qu'il s'était produit une dizaine de mois plus tôt. Deux enfants à charge à présent. Et oui, Héléna MacNeil, femme d'Arthur MacNeil avait elle aussi été fécondée pour donner la vie, six mois plus tôt à son enfant légitime, Kean MacNeil. Elle voyait d'un très mauvais œil l'aventure de son mari, qui avait une préférence pour Clive, tandis que son homonyme féminin le haïssait de toutes ses forces, de toutes ses tripes. Arthur en était bien conscient, c'est pourquoi la jeunesse de Clive, en compagnie de son "grand frère" se passait sans trop d'anicroches.

Mais Hélas, le travail d'Arthur lui imposait des horaires de plus en plus rallongés. De ce fait il était rarement à la maison. Toutefois, pour éviter de mauvaise intention venant de sa femme, il avait enfin confié à Clive la garde du pokémon que Rose lui avait accordé. Ainsi, le jeune garçon passerait bien plus de temps à se familiariser avec son nouvel ami. Une ruse qui donnait de bons résultat dans l'ensemble vu qu'Héléna grinçait souvent des dents, et se savoir impuissante ne faisait qu'accroitre son sentiment de rage envers Clive, si bien qu'elle finit par craquer et s'acharnait sur lui dès lors qu'une occasion se présentait, prétextant n'importe quel motif pour satisfaire ses pulsions sadique. Voilà comment elle se satisfaisait.

Bien que Clive était très complice avec Kean, le traitement qu'il recevait l'amena a être l'opposé de son frère. Kean était du genre sérieux, à cheval sur les règles alors que Clive était gamin et se contrefoutait totalement d'un règlement car il y voyait toujours une occasion de passer outre. Et ce n'est pas tout. Seize ans, puis dix-sept , puis dix-huit ans pour la fratrie. Clive sortait beaucoup, passait du temps hors de la maison pour faire la fête, s'amuser, profiter d'une liberté dont il ne jouissait pas lorsqu'il était emprisonné dans sa demeure d'accueil. Lors d'une soirée chez sa petite amie du moment il reçu en cadeau le pendentif qu'il arbore à son coup. Une plume, symbole de son sentiment de liberté. Hormis le comportement indigne de sa belle-mère, tout se passait bien.

Un soir, Clive avait convaincu Kean de faire le mur et d'aller visiter le Parc Safari alors que la nuit avait étendu son rideau depuis des heures. Clive avait crocheté la serrure, afin de libérer la voie vers leur futur méfait. Armés de lampes de poches, les deux adolescents chassaient le paysage nocturne. Un bourdonnement sourd se fit entendre. Instinctivement Clive se retourna pour voir d'où cela provenait. Un Dardargnan sauvage avait jaillit des hautes herbes et volait dans leur direction. Au lieu d'abaisser sa lumière, Clive la laissait braqué sur l'insecte, furieux d'être dérangé de cette manière. Kean lui cria quelque chose, mais Clive n'entendait rien. Il revint à lui lorsqu'une main le saisit par l'épaule pour le trainer en retrait.

C'était trop tard, un dard empoisonné, projeté fit mouche. Kean tomba par terre, la main contre son visage, ses cris déchirait les ombres et Clive, par instinct, ou par pure folie fonça sur son adversaire et lui envoya son projectile lumineux en plein dessus. L'abeille cessa ses bourdonnement de colère, assommée sur le coup. Clive se précipita ensuite vers Kean qui se lamentait. La douleur ne lui permettait pas de faire le moindre mouvement, comme si le venin qui se propageait le paralysait. L'adrénaline monta, et Clive l'aida à se relever tant bien que mal, il prit la lampe, passa le bras de son frère par dessus son épaule et le traina jusqu'à l'entrée en s'époumonant à l'aide. Alerté par ses cris, les secours se déplacèrent, Kean fut envoyé au centre en urgence.

Clive se tenait debout, dans la salle d'attente, incapable de s'asseoir. Le remord le rongeait, il était responsable de ce qui était arrivé à Kean. Et il faut avouer qu'Héléna ne c'est pas gêné pour lui reprocher ardemment, crachant toute sa fureur, utilisant Rose pour le blesser ainsi que d'autres termes qui résonnaient encore dans sa tête. Après la dispute, Clive s'était isolé dans le jardin avec son seul compagnon qui lui restait. La Solochi laissé par sa mère. Il en prenait soin, et l'aimait vraiment beaucoup. Ce soir là, il n'avait cessé de la serrer contre lui, lui parlant comme il l'aurait fait si Rose était à ses cotés.

Une blouse blanche apparue à l'embrasure de la pièce. Le médecin semblait à moitié content, les traits tirés, sérieux, comme embêté par quelque chose. Ce qu'il avait à dire n'était pas simple. Kean avait sans trop de problème résisté au venin, toutefois, son œil était irrécupérable. Folle de rage, Héléna MacNeil s'était jeté sur Clive. Arthur parvint à les séparer. Clive eu comme punition, le seul droit de contempler l'extérieur de sa fenêtre. Il était consigné dans sa chambre. C'est depuis lors que ses rapports avec Kean se sont dégradés. Toutes les excuses du monde, tous les regrets que Clive éprouvait ne suffisaient pas à atteindre Kean qui le prenait de haut, manipulé par son horrible mère, crevante de jalousie et fière de réussir si bien son œuvre.

Sachant que la situation était insoutenable de cette façon, Arthur décida d'envoyer Clive dans un école dont la réputation se dit élitiste, mais il s'agissait surtout d'éviter au jeune garçon les conflits, qu'ils soient familiaux ou tout autre car la région n'était plus le havre de paix qu'il avait connu. Grâce à l'une de ses connaissances, Arthur avait jugé bon d'accorder à Lumiris le crédit qui lui est dû. A prèsent, c'est à Clive de voler de ses propres ailes.