Auguste n’avait pas de très bons souvenirs de l’arène Feu. Pas celle-ci, la précédente. Il possédait en effet le Badge Etincelle, remporté lors d’un combat contre l’ancien champion Feu, Aedan. Un drôle de bonhomme. Le pulsar ne l’appréciait pas beaucoup et arriver à ne pas se faire aimer de quelqu’un aussi facile à vivre que lui, c’était presque un exploit. Aedan n’était guère plus qu’une connaissance mais son tempérament – l’exact opposé du type dont il était spécialiste – était agaçant. Il n’y avait chez lui ni passion ni envie. Rien. À ce jour, Auguste ne comprenait toujours pas pourquoi il était devenu champion d’arène, hormis pour l’argent et la renommée. Avec des idéaux aussi différents des siens, il était difficile pour les deux collègues de s’apprécier et de ce fait, qu’Aedan et été remplacé n’était peut-être pas une si mauvaise chose que cela.

L’arène était facile d’accès. Auguste s’était garé au pied du Volcan Eneka pour faire le reste du chemin à pied. Il aurait été encore plus vite s’il avait demandé de l’aide à ses Pokémons mais à moins d’en avoir réellement besoin, il était le genre d’homme à se reposer autant que possible sur lui-même. Puis, marcher avant un match lui permettait de réfléchir. Se repasser les différentes stratégies utilisables face au type Feu, chercher s’il y avait des failles dans celles-ci et les corriger, … un travail qu’il avait fait en amont, bien entendu, mais une dernière vérification n’était jamais superflue. Le brun était confiant. Il savait de quoi ses Pokémons et lui étaient capables. Voilà longtemps qu’il n’avait plus été nerveux avant un combat. L’excitation était un sentiment récurrent mais la crainte de la défaite, celle de savoir s’il allait bien faire, il était incapable de dire quand est-ce qu’il avait ressenti cela pour la dernière fois. Les treize badges Lumirien en sa possession étaient la preuve qu’il n’avait pas à s’inquiéter. Il n’avait plus rien à prouver, que ce soit aux autres ou à lui-même.

Cela ne signifiait pas qu’il prenait le nouveau champion à la légère, bien au contraire. S’il était sûr de lui, Auguste ne commettait jamais l’erreur de sous-estimer un adversaire, quand bien même celui-ci venait tout juste de prendre ses fonctions. Mikhail Tsekov. C’était son nom. Le champion psy ne l’avait jamais vu mais, étant donné sa relation avec certains de ses collègues, il avait entendu parler de lui. Il n’était pas rare qu’il échange des informations avec d’autres champions d’arène au sujet de dresseurs qu’il convenait de tenir à l’œil pour en surveiller la progression. L’homme n’était donc pas un illustre inconnu pour lui mais leur confrontation aujourd’hui marquait la première fois qu’ils se rencontraient face-à-face.

Il approchait. Traversant un onsen, l’ancien ranger avançait en toute tranquillité, suivant les directions indiquées et demandant par deux fois son chemin à quelqu’un qui passait par là. L’endroit était charmant. Difficile de voir cela sans penser aux nombreux établissements de ce genre qui se trouvaient à Vermilava, sa ville natale. Et puisque celle-ci se trouvait au pied d’un volcan, faire le parallèle était normal pour lui. La tentation de se laisser aller aux plaisirs d’une source chaude était présente et il dut se faire violence pour continuer son chemin. Aujourd’hui, il était là pour le badge. Auguste se promit toutefois de revenir dans le seul but de se détendre en se laissant baigner par la nostalgie. Et pourquoi pas inviter Séréna par la même occasion ? Voilà qui lui ferait plaisir.

Au sommet d’un gigantesque escalier, le pulsar touchait au but. Et il arrivait même avec un peu d’avance. Le temps de descendre, sa montre indiquerait cinq minutes avant quatorze heures. L’heure de son rendez-vous. L’arène accueillait librement les challengers en semaines mais, le week-end, il fallait s’arranger avec le maître des lieux pour celui souhaitant le défier. Auguste avait fait cela. D’une part parce qu’il savait avoir son samedi de libre et d’autre part parce que sa propre arène était ouverte uniquement sur rendez-vous et il trouvait se système pratique. Ainsi, il pouvait organiser ses journées à l’avance en sachant de manière très préciser le nombre de challengers à affronter et il n’y avait plus aucun risque d’être débordé si quand plusieurs dresseurs se présentaient en même temps. Procéder ainsi était plus facile pour lui, et ça l’était sans doute aussi pour Mikhail.

« C’est une bien belle arène que tu as là ! » lança-t-il gaiement en guise de salutations. « Beaucoup plus accueillante que celle d’Aedan. »

Il avait descendu toutes les marches de l’escalier et se trouvait à présent au cœur du volcan. Il faisait si chaud ici, autrefois. Les temps avaient changé… Le champion était un peu plus loin et, sans presser le pas, le brun parcourut la distance qui les séparait. Son regarde se baladait sur les alentours pour se perdre par moment dans les flammes des braséros disséminés un peu partout. Arrivé face à l’homme qu’il était venu voir, le Pulsar tendit une main vers lui.

« Auguste d’Epernelle, enchanté. J’avais pris rendez-vous quatorze heures. C’est la première fois que nous nous croisons mais permets-moi de te féliciter de vive voix pour l’ouverture de ton arène. En revanche, j’ignore tous des règles spécifiques à celle-ci. »

S’il existait un tronc commun aux règles appliquées par les différents champions d’arène, chacun y ajoutait les siennes selon ce qui lui avait semblé justifié. Et puisque Auguste ne se battait pas à domicile, il entendait bien appliquer celles de Mikhail.

« Ça me va ! » répondit-il avec entrain lorsque le champion lui proposa un match double.

Un style de combat auxquels peu de gens se risquaient. Croire qu’avoir deux Pokémons sur le terrain signifiait deux fois plus de puissance de feu et donc, plus de facilité, ce serait une erreur. C’était même l’inverse. Non seulement il fallait choisir ses combattant en fonction de ce qu’il y avait en face mais en plus il convenait de veiller à ce qu’ils aient une bonne synergie entre eux. Sans quoi, un dresseur risquait de voir ses Pokémons se blesser entre eux. Un match double signifiait davantage de difficulté. Coordonner les actions de deux Pokémons n’était pas une tâche aisée et quand bien même Auguste avait de l’expérience dans ce domaine, il n’était jamais à l’abri d’une erreur. Néanmoins, cela restait un exercice intéressant.

À son tour, Auguste avait pris place de à l’opposé de Mikhail, de l’autre côté du terrain. Ses pensées étaient déjà tournées vers le match à venir, celui sur lequel reposait son treizième badge. S’il avait l’avantage de ne pas être handicapé par un type unique, il aurait été fou de croire que le match était gagné d’avance pour lui. Ce n’était pas le cas. Une surprise pouvait toujours survenir. Un Pokémon qu’il connaissait peu, une erreur de jugement, une stratégie redoutable mise en place par son adversaire, … les possibilités de défaites étaient nombreuses et quand bien même Auguste se considérait comme un excellent dresseur, il ne se relâchait jamais avant la fin d’un combat.

« J’applique à peu près la même règle dans mon arène. »

Laisser le challenger ouvrir le bal était un risque à prendre mais pour lui qui testait ses challengers plus qu’il ne les combattait, ce procédé était idéal. Le choix d’un Pokémon en disait long sur un dresseur. Connaissait-il sa table des types ? S’était-il renseigné sur les Pokémons Psy du champion ? A quoi ressemblait sa stratégie quand il n’avait aucune pression sur les épaules ? Ces questions trouvaient quelquefois une réponse dans les premières minutes d’un match, en particulier lors de l’ouverture. Mikhail avait envoyé ses deux premiers combattants. Goupelin et Simiabraz. Deux Pokémons familiers à Auguste. Commencer en terrain connu lui convenait.

« Charlie, Lévia, à vous ! »

Un Braségali et un Dracolosse. Deux Pokémons qui se connaissaient depuis plusieurs années et qui, avant d’intégrer l’équipe du pulsar, appartenaient à la même dresseuse. Autant dire qu’il n’était pas inquiété concernant le travail d’équipe entre eux. Charlie et Levia étaient parfaitement en mesure d’agir de concert.

« Prêt ? » demanda-t-il en dirigeant sa question autant vers ses Pokémons que vers son adversaire. « On va commencer en douceur : Charlie, lance Poing Boost ! Levia, Cascade ! Sur Simiabraz ! »

Le premier assaut était coordonné. Les deux Pokémons s’élancèrent vers leur cible afin de lui porter des coups redoutables. Poing Boost n’était pas l’attaque la plus efficace pour un Braségali, surtout pas contre de tels adversaires mais cela servait à poser les bases pour la suite du combat.

« On continue : Séisme et Eboulement ! »

Pas besoin de préciser qui devait utiliser quelle attaque. Les deux Pokémons avaient suffisamment combattu côté à côte pour savoir qui devait agir. Si Dracolosse utilisait Séisme, cela signifiait que Braségali était aussi blessé par l’attaque. Cela aurait été une grave erreur et, de fait, la capacité avait été lancée par l’autre Pokémon. Le dragon étant également de type vol, il n’avait rien à craindre d’une telle attaque. Le danger venait à la fois d’en bas avec Séisme, mais aussi d’en haut avec Eboulement. Auguste cherchait à prendre les Pokémons de son adversaire entre le marteau et l’enclume.

• Dracolosse et Braségali sont envoyés au combat.
• Braségali utilise Poing Boost (+1 atk.) sur Simiabraz et Séisme (Touche tout le monde sauf Dracolosse).
• Dracolosse utilise Cascade (30% de chances d'apeurer la cible) sur Simiabraz et Eboulement (Touche tous les adversaires + 30% de chances d'apeurer la cible).
• Turbo augmente la vitesse de Braségali de +1.