Il y a, à Exilar, cette douce sensation d'être loin de tout. Une sensation apaisante d'être éloignée de tous les soucis qui pouvaient s'imposer, faire ployer les épaules.
Il y avait, à Exilar, une douce apparence de refuge et sous ton unique oeil fonctionne, la rivière argentée s'écoulait. Elle brillait, elle sinuait - et tu la laissais suivre son cours sans jamais intervenir. Tu ne l'avais même pas frôlé du bout des doigts alors que ta main se retrouvait à quelques centimètres seulement de cette rivière.

Tu étais venue ici une fois et tu en avais trouvé un calme que tu ne pouvais jamais décrire, et tu étais revenue aujourd'hui sans savoir ce que tu cherchais, sans jamais savoir ce que tu attendais. Un lieu ne possédait pas le moindre pouvoir magique et pourtant, tu te situais ici comme si tu pouvais trouver. Trouver quelque chose, trouver une réponse, une libération - trouver. Tu ne savais pas. Tu ne savais pas ce que tu attendais de la rivière dont tu entendais l'eau qui heurtait les quelques rochers. Mais tu étais là, les yeux désormais fermés, en attente des secondes qui s'écoulaient.

Pixel et Nox étaient tous les deux près de la rivière, te regardant, attendant, et Mimosa flottait à vos côtés. Ils surveillaient tous les trois Edelweiss qui n'était pas du tout le pokémon le plus obéissant. Et sur tes épaules, Cosmog qui était toujours présent. Cosmog qui se blottissait dans ton cou en recherchant la chaleur de ta personne. Tu avais légèrement souri.
Sourire faible, sourire discret. Sourire qui s'étendait toujours sur tes lèvres - le même sourire que tous les autres sourires que tu avais laissé apparaître sur ton visage en présence d'autres personnes.

Tu n'avais pas retrouvé Ancolie encore - il t'en voulait toujours de ne pas être venu les voir et tu ne savais pas trop comment tu pouvais te faire pardonner d'avoir été totalement et entièrement lâche. Tu n'aurais jamais dû partir ainsi et tu ne pouvais que comprendre qu'il te reprochait ton absence. Mais Ancolie ne pouvait pas survivre dans la nature, il n'était pas habitué et il était beaucoup trop paresseux pour trouver par lui-même de la nourriture.
Ancolie était important pour toi et tu te demandais vraiment s'il ne lui était pas déjà arrivé quelque chose. Si ton pokémon venait à être blessé par ta faute, clairement, tu ne serais jamais en mesure de te le pardonner.

Tu avais tellement perdu. Tu avais tellement perdu et d'autres avaient été blessés parce que tu n'avais pas su les épargner. C'était difficile d'oublier la culpabilité mordante qui ne cessait de monter, de s'imposer. Difficile de ne pas se détester, de s'en vouloir - encore, et toujours. Et tes pokémons étaient tellement importants, tu avais hâte de pouvoir le tenir dans tes bras et de lui expliquer que ça n'allait pas se reproduire, que tu étais désolée et que tu ne partirais plus jamais ainsi. T'assurer qu'il était intact et pas blessé.