Abordée à la volée par un supérieur, devant les portes automatiques de la base ranger, je m’arrête. En proie aux coups de vent d’un côté, assaillie par le brouhaha du hall de l’autre, on m’informe brièvement de la situation. Une lycéenne en découverte du monde professionnel, un collègue, son tuteur, absent, et voilà posées les première pierres constituant ma journée. Répondant par la positive à mes nouvelles obligations, je pénètre le bâtiment avant que d’autres feuilles orangées ne s’engouffrent dans l’entrée.
Au fil des couloirs, je salue de près ou de loin quelques collègues. Rares sont ceux à ne plus me dévisager étrangement depuis les incidents de cet été. Rescapée d’une croisière mortelle, un visage nouveau au retour de congés, et des migraines vaguement récurrentes, quoi que moins fréquentes ces dernières semaines. Je sais le nombre de questions leur brûlant les lèvres. Interrogations auxquelles je ne veux, ni ne peux, répondre. Les choses ont changé, et satisfaire leur curiosité déplacée ne fera avancer personne.
Empruntant l’une des cabines inhospitalières du vestiaire, je me change et enfile ma tenue de travail. Un tour de poignet suffit à ouvrir mon casier, dans lequel je range mes affaires, avant de verrouiller la porte de métal d’un nouveau coup de clé. Je ne garde qu’une Pokéball à mon côté. Sirius sera mon partenaire, aujourd’hui. Son tempérament serviable, docile et joueur sera parfait pour accueillir une potentielle future recrue. Les autres attendront sagement dans mon casier.
Pleinement équipée, je me met en marche vers la cour arrière, selon les instructions de mon supérieur. L’absence imprévue de la personne que je remplace me vaut une bonne demi-heure de retard sur l’heure initialement prévue pour ce rendez-vous qui n’était pas le mien. Hâtivement, je rejoint la porte arrière de la base, où une jeune femme déjà en tenue m’attend.
-Bonjour! Lancé-je depuis l’angle du couloir.
Autant un salut qu’un signal de ma présence.
-Excuse-moi pour le retard. On m’a prévenue au dernier moment que tu étais là.
Je lui passe les détails, de façon à garder la face. Elle n’a pas besoin de savoir que je ne suis pas la personne qu’elle attendait. Je préfère lui tendre une main amicale.
-Mon supérieur m’a dit que tu étais en stage via ton lycée, c’est ça? Donc on va…
Oiseau chasseur enserrant sa proie d’un douloureux cri, la migraine est violente. Mes mâchoires se crispent, tentant de camoufler la tempête intense éveillée par ces yeux verts encadrés de fin cheveux bruns. Je reste sans voix face à cette inconnue, même encore quelques secondes après mon bref mal de crâne.
-Tu…
Comment formuler ça? Comment expliquer cet étrange sentiment si virulent né de rien? Comment décrire à ʎǝɹpnⱯ, qui ne me connaît pas, le plaisir que j’ai à la (re)voir? Comment expliquer, particulièrement à moi-même, le sentiment si familier que me laisse cette jeune femme dont les traits n’ont jamais été touchés par mon regard?
-Comment tu t’appelles? Demandé-je, oubliant ma tirade initiale, succombant au besoin irrépressible de connaître ce nom que mon esprit tourne en boucle sans y trouver de place.
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Audrey R. Davis
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Assise sur un banc, en bordure de la cour arrière de la base de Rangers de Voltapolis, je jette un coup d'œil à l'écran de mon téléphone portable. Bientôt une demi-heure que j'attends – et presque dix minutes qu'on m'a prévenue que je n'étais pas oubliée, mais que c'était un peu la course ce matin. Je lâche un soupir en rangeant mon appareil dans la poche de la veste qu'on m'a prêtée, et reporte mon attention sur Wifi qui s'aventure librement dans la cour et enchaîne les allers-retours de moi à quelque découverte plus ou moins intéressante sur ce terrain encore inconnu pour elle.
Un frisson qui remonte le long de mes bras me pousse à remonter la fermeture éclair de la veste et à me redresser – je suis la petite Emolga dans ses péripéties, pour ne plus stagner et dans l'espoir de me réchauffer. La saison n'est pourtant pas encore vraiment froide, mais les températures ne cessent de se rafraîchir ces dernières semaines. L'été a filé à une vitesse folle – volé par des imbéciles aux idéaux insipides. La rentrée est arrivée, le dernier automne sur les bancs sur lycée, et bientôt un semblant de liberté. Une dernière année à trimer et je pourrai enfin me barrer ; une dernière année sous son toit et… « Bonjour! »
Dans un léger sursaut, je me détourne de mon Emolga – qui, de toute façon, curieuse comme elle est, a entrepris instantanément de m'escalader de la cheville jusqu'à l'épaule – pour chercher l'origine de cette salutation inattendue. « Bonjour. » Par principe – et politesse – je sors les mains de mes poches et m'avance en direction de la jeune femme qui s'approche. « Excuse-moi pour le retard. On m’a prévenue au dernier moment que tu étais là. » Je tends la main pour serrer la sienne, haussant légèrement les épaules. Je me dis que c'aurait pu être pire – il aurait pu pleuvoir. « Pas de souci, c'est rien. On m'a prévenue. » On n’a pas eu suffisamment de cruauté pour laisser une adolescente dans le froid automnal sans explication.
« Mon supérieur m’a dit que tu étais en stage via ton lycée, c’est ça? Donc on va… » Elle s’interrompt, et je laisse retomber ma main sans un mot – rien qu’un peu perplexe. « Tu… » Je ? « Oui ? » Je fronce les sourcils, sans comprendre – ni ses hésitations, ni l’éclat étrange dans ses yeux, indéchiffrable. Wifi, sur mon épaule, tapote ma joue de sa petite patte, et son regard curieux me fait comprendre qu’elle non plus ne saisit pas tout. Comment tu t’appelles ? et la question est si simple qu’elle en est déroutante – c’est absurde qu’une interrogation si simpliste ponctue un trouble pareil. Soit. « Audrey. » Réponse sans détour ni fioritures. « Euh, et vous ? » Renvoi de balle, par politesse plus qu’autre chose – et pour meubler une gêne que je saisis à peine. « Vous allez bien ? »
Je jette un coup d’oeil aux alentours, sans trop savoir s’il faudrait que je fasse comme si de rien n’était ou si m’inquiéter est légitime. « Vous disiez qu’on allait…? » Retomber sur les banalités.
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Lauriane Feroë
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Je vois son regard qui me dévisage, ses prunelles qui s’interrogent et qui attendent la suite de mon discours. Mais je n’ai aucune explication à fournir, ni à elle, ni à moi-même. Je tente de reprendre le contrôle de mon état, de me réintroduire dans cette conversation que j’ai déserté l’espace d’un instant, en formulant cette question qui me brûle les lèvres. Elle y répond, tout simplement.
Audrey. Oui, Audrey. C’est ça. Je te connais, Audrey. Tu ne me reconnais pas, toi, mais moi je sais qui tu es. Je suis juste incapable de m’en rappeler. Je n’ose pas le dire, ne serait-ce que parce que je n’explique pas moi-même ce sentiment, et qu’il me paraît aussi étrange qu’à toi si je mettais des mots dessus : je suis contente de te voir.
-Euh… Oui, ça va. Juste une migraine. Ça m’arrive, des fois.
Je ne dis pas tout, mais je ne ment pas. Pour qui me prendrait-elle, si je lui parlais de tout ce qu’il se passe dans ma tête? Si je lui racontais tout ce que Dialga m’a fait, et ce que je vis depuis lors? Elle me prendrait pour une cinglée. D’autant que ces histoires ne l’intéressent probablement pas, à cette heure. Elle n’est pas ici pour ça.
Par honnêteté envers moi-même, je suis forcée d’admettre que ça me blesse. Audrey n’est pas ici pour moi. Qu’importe qui elle est pour moi, dans ce monde-là je ne suis rien pour elle. Je ne dois pas laisser ma perception biaisée me faire oublier que nous ne sommes en réalité que deux inconnues. Peu importe notre lien dans les autres temporalités, celui de celle-ci est inexistant. Donc il va falloir repartir de zéro, si j'espère recréer quelque chose. En espérant ne pas me trouver dans une ligne temporelle où cette relation est vouée à prendre un tournant négatif. En supposant que l'univers fonctionne de cette façon.
-Je m’appelle Lauriane. Et tu peux me tutoyer, si tu veux.
Laissant mon trouble de côté, je prend une inspiration et glisse un sourire à la créature perchée sur l’épaule de la stagiaire.
-Je vois que tu as déjà un partenaire, c’est bien.
Ma main, paume vers le haut, s’approche doucement du rongeur. Suffisamment pour être à sa portée, pas trop près pour éviter de n’entrer dans sa zone de confort. Tout en observant la réaction du Pokémon, je continue enfin ma tirade interrompue précédemment.
-Comme j’allais te le dire, on va passer la journée ensemble. Je te propose de commencer par un petit tour dans la base pour te présenter les lieux, puis cet aprem, si ça te tente, on ira sur le terrain. Tu as déjà une approche du métier de ranger? En pratique, ou en théorie?
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Audrey R. Davis
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« Je m’appelle Lauriane. Et tu peux me tutoyer, si tu veux. » J’acquiesce, lentement – quand bien même je suis presque persuadée d‘être tout à fait incapable de la tutoyer. Quand bien même je n’en suis pas à dire Madame Lauriane, griller les étapes avec la hiérarchie n’est pas mon principal savoir-faire. Je jette un coup d’oeil en direction de l’Emolga sur mon épaule lorsqu’elle tend la main dans sa direction. C’est sans attendre qu’elle se redresse, dressée sur ses pattes arrières et le nez en l’air pour humer la paume tendue. « Elle s’appelle Wifi. » L’économie des mots – toujours. Je garde un regard méfiant en direction de la petite boule de poils que je connais trop bien.
Dans une (vaine) tentative d’empêcher une future bêtise de sa part, je pose ma main sur sa tête, dans l’espoir d’attirer suffisamment son attention pour qu’elle se désintéresse de ma responsable du jour. « Comme j’allais te le dire, on va passer la journée ensemble. Je te propose de commencer par un petit tour dans la base pour te présenter les lieux, puis cet aprem, si ça te tente, on ira sur le terrain. Tu as déjà une approche du métier de ranger? En pratique, ou en théorie? » Je hoche la tête en signe d’approbation à son programme – j’estime n’avoir de toute façon pas d’autre choix que de m’y plier – et puis hausse (doucement, faudrait pas déloger l’écureuil auquel je sers de perchoir) les épaules. « Surtout théorique. On nous a fait faire un dossier préliminaire sur le métier de notre choix, donc j’ai fait des recherches sur le net, tout ça. Mais là, on doit rendre un dossier complété, histoire de confronter nos préjugés et la ré… Hé ! » Trop tard.
Wifi a déjà bondit sur l’avant-bras de la ranger, pour s’y agripper de toute la force de ses minuscules griffes. Je n’ai même pas eu le temps de tendre la main qu’elle a déjà escaladé sa veste jusqu’à son épaule. « Wifi ! » Elle ne me regarde même pas, toute occupée qu’elle est à creuser un nid confortable dans la capuche de ma responsable. « Je… Euh- Je… Pardon, elle… » Je m’agite, nerveuse et confuse, un peu honteuse tandis que Wifi, parfaitement insouciante de la situation dans laquelle je me retrouve par sa faute, s’apprête à piquer son petit somme, hors de ma portée.
Une inspiration forcée plus tard, et un semblant de calme retrouvé, je me pince l’arrête du nez. « … À vrai dire, cette partenaire-là m’attire plus de problèmes qu’elle ne m’en sort… » Quitte à ne rien pouvoir y faire… autant en rire ?
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Lauriane Feroë
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La petite créature affiche un large sourire sur mes lèvres lorsqu’elle vient m’escalader le bras pour se réfugier dans mon col. Si sa dresseuse semble embarrassée par le comportement de son Pokémon, ce dernier n’y prête pas la moindre attention. Un regard par dessus mon épaule, essayant d’apercevoir le Pokémon blottit contre ma nuque, je m’empresse de rassurer la stagiaire.
-T’inquiètes pas, c’est pas un problème.
Cependant un élément m’interpelle dans le discours de la jeune femme.
-Vous vous connaissez depuis longtemps, toutes les deux? Vous êtes proches?
Je n’ai pas pour intention d’être indiscrète. Ma question n’a qu’un but professionnel. Il est important pour un ranger de connaître ses partenaires, humains, comme Pokémon. La mésentente avec (ou la méconnaissance de) ses coéquipiers peut se révéler problématique en conditions réelles. Les situations auxquelles font parfois face les rangers peuvent être dangereuses, il est donc important de pouvoir faire confiance aux membres de son groupe. Je ne l’ai pas mentionné, mais c’est aussi à cela que servira cette matinée. Je ne compte pas embarquer Audrey dans une mission trop dangereuse, mais l’imprévu traçant rapidement son chemin, mieux vaut s’y préparer.
Ne m’attardant pas plus longtemps au milieu de ce couloir, je fais signe à la potentielle future recrue de me suivre. Nos pas nous guident à travers les bureaux et vestiaires, sur lesquels j’essaye de ne pas m’attarder.
-Ces bureaux là sont surtout occupés par des secrétaires chargés de recueillir les réclamations, ou de gérer la paperasse en lien avec le public. Recueillir des témoignages, les candidatures pour l’embauche, ou négocier certaines autorisations pour des patrouilles dans des lieux spécifiques. Par exemple, aux alentours de la centrale, depuis les évènements de l’été dernier. Dans les étages supérieurs, on retrouve les personnes chargées de la logistique, les ressources humaines et pokémon, les enquêteurs, les cadres, etc…
L’Emolga toujours accroché à ma veste, je continue la visite. Le reste du bâtiment n’a que très peu besoin d’explications: cantine, salles de repos, infirmerie, quelques entrepôts et enfin, la salle d’équipement. C’est devant cette dernière porte que je m’arrête pour faire face à Audrey, et planter mon regard dans ses yeux si familiers.
-Je ne t’ai pas invitée à le faire jusque là, mais n’hésite pas à m’interrompre, si tu as des questions. Avant d’aller jeter un oeil à nos équipements, est-ce que tu en as?
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Audrey R. Davis
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La question de la ranger me pousse à me plonger dans mes réflexions. Les calculs sont aussi rapides que douloureux – son adoption coïncide de trop près avec la perte de ma moitié. J'inspire, brièvement déboussolée, avant de hausser les épaules. « Ça fait plus ou moins huit ou neuf mois, il me semble. J'ai dû l'adopter en janvier, quelque chose comme ça ? » Petite boule de poils abîmée, couverte de cicatrices et qui, depuis la fin de l'été, réapprend à peine à planer droit. « Je l'ai récupérée dans un refuge. On connaît pas vraiment son histoire, mais quand je l'ai adoptée, elle volait même pas. Et elle était beaucoup plus… calme et réservée, disons ? C'est tout récent qu'elle soit… comme ça. » Joueuse, enjouée, aventureuse, sociable et familière. C'était une petite chose effrayée dont certains soupçonnaient que son rapport aux mains humaines n'était sans doute pas des plus tendres. Trouvée dans la forêt, épuisée et en sale état ; ses jours n'étaient pas comptés mais elle se laissait manipuler comme une créature morte, inerte et sans volonté – c'est ce qu'on m'a racontée. Alors… Qu'importent les problèmes qu'elle peut bien m'attirer. « J'aime la voir comme ça… » Je murmure – réalise une seconde trop tard que je l'ai dit à voix haute, mais tant pis. Je n'aurais jamais honte de l'aimer. « Je suis pas très branchée Pokémon, à la base. » C'était le délire d'Elvire, ces bestioles-là. « Mais elle, c'est différent. » Je crois que son existence m'aide, aussi. Parce que tant qu'elle est là ; tant que j'ai un être vivant sur lequel veiller et qui compte sur moi, alors je suis obligée de tenir bon.
J'emboîte le pas à ma responsable du jour, jetant des œillades régulières en direction du nid improvisé de Wifi qu'elle ne semble pas déterminée à quitter de sitôt. Par principe – et parce que mon lycée attend de moi un compte-rendu détaillé – je prends des notes sur mon téléphone portable à mesures qu'on avance, j'acquiesce et j'observe ce qui m'entoure. La base est plus grande que ce que j'aurais imaginé – et ce sont finalement beaucoup de bureaux et de postes réservés à l'administratif (autrement dit : le plus grand des némésis de l'humanité). Pas la première chose à laquelle on pense quand on imagine des rangers en action : on entend beaucoup plus parler de leurs interventions aux côtés des sapeurs-pompiers lors des feux de forêt que de leur comptabilité.
« Hm ? » Je relève les yeux dans la direction de ma guide, un instant confuse, avant de secouer la tête. « Ah, euh, non. C'est assez clair, jusqu'ici. Enfin, euh, j'en ai, mais ça ne concerne pas vraiment… ça. » D'un geste, je désigne ce qui nous entoure – bâtiments, couloirs, salles fermées. « C'est plus… Enfin, j'imagine que je m'avance un peu trop et qu'on y viendra plus tard, mais j'admets que ce qui me rend le plus curieuse c'est le terrain. Je veux dire… On entend parler des exploits, mais pas tant du quotidien. Du style, c'est quoi une journée type ? De quoi c'est fait, concrètement, la journée d'un ranger en action ? » Parce qu'à choisir, c'est clairement pas la paperasse qui m'intéresse dans le métier.
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Lauriane Feroë
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Je n’interromps pas Audrey pendant qu’elle me parle de sa relation avec son Emolga. C’est une histoire que j’ai déjà entendu. Mais impossible de savoir si c’est encore mon cerveau qui fait des siennes, ou simplement la répétition des histoires de ce type qui me laisse cette impression.
J’acquiesce silencieusement à la fin de son court récit. Elles se côtoient depuis assez longtemps pour se connaître mutuellement, je suppose. Après autant de temps, j’avais déjà un lien fort avec mon starter. A la différence près que je me suis occupé de l’oeuf de Stahl, là où ce Pokémon avait vécu d’autres histoires avant Audrey, ce qui ne facilite pas toujours la création d’un lien.
En revanche, la dernière tirade de la stagiaire me laisse perplexe. Pourquoi avoir choisit le métier de ranger si les Pokémon ne sont pas son fort? Notre travail est étroitement lié à ces créatures, et il y existe d’autres métiers se rapprochant du notre sans être autant au contact avec les Pokémon. Estimant que ces interrogations ne me concernent pas, je ne lui fait pas part de mon incompréhension. A chacun ses raisons.
Je l’invite donc à me suivre à travers le bâtiment. La jeune pulsar, studieuse, prend des notes en silence. J’ai consciemment commencé par le moins intéressant. En vérité, ces couloirs sont une zone qui sera vite expédiée dans son rapport. Le plus concret reste à venir. Je m’attendais à la question qu’elle me pose en arrivant devant la salle d’équipements.
-Pour tout ce qui concerne le terrain, on va y venir.
Je toque deux fois sur le battant de bois à côté de moi.
-C’est là qu’on trouve tout notre matos. On va t’équiper un peu, puis je te ferai visiter la suite du complexe qui sera plus intéressante. En ce qui concerne la journée type d’un ranger… Je crois que c’est un peu ce qui me plait dans ce métier: aucune journée ne ressemble à la précédente. Déjà, il faut savoir que chaque personne qui travaille ici a eu une formation de ranger. Même la plupart des comptables ou autres qui sont dans les bureaux sont habilités à se rendre sur le terrain en cas de besoin. Mais pour un ranger spécialisé dans les missions de terrain… Je dirais qu’il y a trois activités principales.
-Les patrouilles. C’est souvent les nouvelles recrues qui y prennent part pour se familiariser avec le métier. Le but est simplement de surveiller une zone précise. En été, on a beaucoup de patrouilles en forêt, par exemple, pour prévenir les incendies. Ou après une tempête, on envoie toujours des équipes vérifier que les routes ne sont pas bloquées, ou qu’aucun Pokémon ou bateau ne s’est échoué sur la plage. S’il y a un problème à leur portée, les patrouilleurs peuvent être amenés à le résoudre sur place.
Mon index se lève, désignant ainsi la deuxième tâche.
-Les missions. Ce qu’on appelle “missions”, c’est généralement les interventions qui demandent plus de moyens. On va à un endroit donné pour un but précis, parce qu’un problème a été signalé, soit par les patrouilleurs, soit par la population. Ça peut être pour venir en aide à un Pokémon en danger, pour lutter contre des phénomènes climatiques, pour s’occuper d’un Pokémon trop dangereux, ou pour mener des enquêtes sur la présence d’un nuisible. Entre autres.
Enfin, mon majeur vient compléter le trio.
-Et après, il y a la partie la moins drôle, la rédaction de rapports. A faire depuis la base, ou depuis chez soi, donc c’est pas vraiment du terrain. Mais les seules personnes qui peuvent écrire un compte-rendu détaillé des évènements sont ceux qui étaient présents au moment des faits. Donc les rangers de terrain.
Je baisse la main, m’interrogeant sur la qualité de mon exposition, que j’espère ni trop longue pour ne pas paraître ennuyante, ni trop rapide pour qu’elle ait le temps de prendre des notes.
-Pour en revenir à ta question, donc… C’est compliqué de définir une “journée type”, parce que ça fonctionne vraiment au jour le jour en fonction des besoins et du personnel disponible. Sans compter qu’un ranger peut être appelé en urgence sur son temps de repos s’il y en a besoin. En général, quoi qu’il arrive on passe beaucoup par la base. C’est le meilleur moyen de se tenir au courant des missions en attente, des lieux de patrouille à privilégier, etc… Et si vraiment il n’y a rien d’urgent, on peut toujours rester pour aider les autres services.
Ma position est délicate. Je ne sais pas comment Audrey va recevoir mes explications, ni si elle osera me faire répéter, me questionner d’avantage, ou me signaler un problème si je vais trop vite ou si elle ne comprend pas. Je la laisse finir de prendre ses notes sur son téléphone, en profitant pour contempler plus ou moins discrètement les traits de son visage si familier, comme si cela pouvait me faire remonter de quelconques souvenirs la concernant. Mais rien ne me vient. Lorsque ses yeux quittent son écran, je me contente de l’interroger du regard, afin de savoir si elle se sent prête à passer à la suite.
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J’écoute, sans un mot. Attentive et appliquée, je note le plus de choses possibles – j’use et j’abuse du langage SMS et des abréviations que, ce soir, même moi j’aurai du mal à relire quand viendra l’heure de retaper mes notes au clavier. Mais j’essaie de ne rien louper – j’essaie de tout garder, que ce soit pour mon rapport ou pour moi. Je ne sais des rangers que ce que disent les pages internet du métier, ou tout ce que déblatérait Elvire à leur propos. C’aurait dû être elle à ma place, et moi probablement dans un cabinet d’avocat – mais j’aurais d’autres occasions, et je crois que j’avais besoin de ça, aujourd’hui. Retrouver un peu d’elle ici ; imaginer ce qu’elle aurait été, écouter comme elle aurait écouté, apprendre comme elle aurait appris. Qu’importe que mon avenir ne soit pas entre ces murs comme le sien l’était. Minute après minute – c’est comme ça qu’on retrouve l’élan de vivre ; et rien que l’instant présent c’est assez. J’espère parfois qu’elle voit le monde au travers de mes yeux depuis que les siens se sont éteints.
Seconde de trouble, quand je réalise que j’ai perdu le fil. Mes pouces se sont immobilisés à la surface de l’écran, et la phrase est interrompue, laissée en suspens par les dérives de mes idées. Je ferme les yeux, et j’inspire, avant de les rouvrir et de relever les prunelles en direction de la ranger. « Vous… Tu disais… Enfin, euh, si j’ai bien compris, c’est un peu dans la même veine que tout ce qui est flic, pompier, infirmier, en termes de “on peut être appelés n’importe quand” ? » Pour le peu que j’en sais, de ces métiers-là… Je résume l’information en quelques frôlers sur mon écran, survole brièvement mes notes du regard pour m’assurer d’un semblant de cohérence dans le propos.
« Je crois que c’est tout bon. » je lance avec une esquisse de sourire, un peu désolée d’avoir manqué à ma promesse d’être attentive et de ne pas m’éparpiller dans mes pensées. « Ça fait combien de temps que vous… que tu fais ça ? Ranger ? Et… Enfin, y’avait une raison particulière ? Métier passion, vocation ? » Je crois que j’aimerais trouver une raison, moi aussi – une raison à tout ce que je fais, une raison d’être là, une raison de chercher encore du sens à tous les jours qui passent et qui perdent encore leurs couleurs une heure sur deux. J’aimerais retrouver la flamme, l’envie, la rage – et c’est peut-être pour ça que je suis ici. Pour comprendre ce qui faisait briller ses yeux quand elle parlait de ce plus tard dont elle rêvait. Ce qu’elle aimait tant, ici, dans ses fantasmes d’enfant passionnée. Je crois qu’on n’était pas si différentes, au fond – elle comme moi, on n’attendait que notre chance d’un jour changer les choses, changer la donne ; sauver rien qu’une existence dans ce monde pour donner du sens à la nôtre.
Du sens à la déraison de nos vies.
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Lauriane Feroë
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Messages : 1711 Née le : 28/07/1999 Age : 25 Région : Oliville, Johto Pokédollars : 2069 Stardust : 7022 Stardust utilisés : 4952 Equipe pokemon :
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Le parallèle entre les rangers et les services de l’ordre et de secours est rapidement fait. Je souris à la remarque perspicace d’Audrey.
-C’est ça. La police et les pompiers vont plutôt être amenés à intervenir dans des situations où le soucis est humain ou urbain, là où les rangers ont plus de poids quand il s’agit de problèmes naturels. Même si les différents organismes peuvent être amenés à collaborer, pour traiter différents aspects d’une situation, chacun a son domaine.
Les doigts agiles de la jeune femme pianotent sur l’écran de son téléphone pour y noter ces informations. Un sourire étrange se dessine sur mes lèvres. En seulement quelques minutes, cette lycéenne a su me rappeler celle que j’étais il y a quelques années. Attentive, studieuse et, si j’en crois son attrait apparent pour le métier de ranger, sa volonté de rejoindre un corps de métier actif sur le terrain. A son âge, passer mes jours derrière un bureau me paraissait inimaginable. A ce sujet, l’interrogation suivante de la stagiaire vient à la recherche d’informations plus personnelles.
-Hum… J’ai toujours voulu être en contact avec les Pokémon. J’ai intégré une école de dressage après le lycée, où j’ai pu entrer en contact avec un professeur renommé. Après un stage, il m’a recrutée en tant que chercheuse, il y environ deux ans. Mais les études de terrain, je sais pas… Ça me suffisait pas, je voulais quelque chose de plus… mouvementé. Donc j’ai rejoins assez vite les rangers après ça. Il y a un an et demi, environ. Et au final, je trouve ça… grisant d’être au coeur du problème et d’y apporter une solution, de se rendre utile.
La clé dans la serrure, j’ouvre la porte à l’intérieur de laquelle nous étions arrêtées. A l’intérieur de cette nouvelle pièce, divers étagères s’enchaînent contre les murs et au milieu de la pièce. Des caisses remplies de matériel, des vêtements suspendus ou pliés, de l’électronique en tout genre sont minutieusement organisés. Au fond de la pièce, un bureau où reposent une multiprise alimentant divers appareils, ainsi qu’un cahier aux côtés d’un pot de stylos.
-Ici c’est la salle où on s’équipe. Ou du moins, où s’équipent ceux qui n’ont pas leur propre matériel en permanence. On y trouve de tout : des tenues, divers modèles de capstiks, des respireau, des combinaisons spéciales conçues pour être portées dans les profondeurs aquatiques ou dans les lieux à forte chaleur, des explorakits, et d’autres trucs utilitaires un peu plus communs. Beaucoup de rangers gardent leur tenue et leur capstik avec eux, en général. Tout ne sera pas intéressant pour toi, aujourd’hui. Une tenue et un capstik devraient suffire.
En quelques pas, je parcours la distance me séparant du mur de droite. Sur l’une des étagères, figurent plusieurs socles, chacun le support d’un appareil rouge arborant un logo blanc et bleu. La plupart y voient un diamant. Les quelques uns au fait du fonctionnement de nos équipement savent que l’emblème représente en réalité un disque de capture.
J’opte pour le modèle le plus courant du Capstik, celui originaire d’Almia, également utilisé dans les écoles de formation.
Je le tend à la jeune femme qui m’accompagne.
-Tu sais ce que c’est?
(c) TakeItEzy
Audrey R. Davis
Dresseur·euse Pulsar & Administrateur·rice
Messages : 439 Née le : 03/11/2003 Age : 21 Région : Lumiris (Mirawen) Pokédollars : 2259 Stardust : 866 Stardust utilisés : 595 Equipe pokemon :
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Du travail, de la chance et des opportunités. C'était ce que je comprenais de son parcours. Il avait été parsemé de bonnes occasions et de oui bien placés. Il avait été marqué par des réussites hasardeuses – elle s'en était donné les moyens, mais le monde et le réseau avaient aussi tourné dans son sens. J'avais la sensation désagréable qu'autour de moi, les trajectoires étaient assurées. Les gens savaient ce qu'ils faisaient, et pressaient le pas dans des direction pré-programmées. Ils avaient trouvé leur voie, et se contentaient de suivre les allées sinueuses de ces destins désirés. Je ne comprenais pas… Pourquoi ne sanctifiait-on que les victoires ? Pourquoi ne plaçait-on sur un piédestal que l'ambition et la réussite ? Était-ce si mal de douter, de trembler, de changer d'avis et d'échouer ? Était-ce donc une erreur que d'accepter qu'on avait parfois tort de s'être engagé sur un chemin qui ne nous ressemblait pas ? Pourquoi n'y avait-il pas moins de success stories, et plus du reste ? Plus d'histoires des autres ? Pourquoi essayait-on de nous faire croire que c'était si facile ; pourquoi muselait-on ceux pour qui ça l'était moins que le monde le prétendait si souvent ?
Je m'étais muée dans un silence confus et un peu morose malgré moi. J'avais préféré me taire que de verbaliser mon amertume. J'ignorais tout de son parcours – auprès des inconnus, on arrondissait toujours les angles. Je l'avais simplement suivie, silencieuse mais pas moins intéressée. Mon regard avait balayé l'étendue du matériel dispersé dans la pièce – n'avait pas accroché quoique ce soit de vraiment familier, mis à part, peut-être… L'instrument qu'elle me tendait, et dont je me saisis avec précautions. J'étais… presque sûre qu'Elvire m'en avait déjà parlé, qu'elle m'en avait déjà montré un sur internet. Elle venait de dire le nom, pas vrai ? « Un… cap… truc ? » J'avais grimacé, un peu désolée de ne pas connaître avec précision l'information. « Je crois que vous ven… Que tu viens de le dire. Je… Ça sert à la capture des Pokémon sauvages, non ? Enfin… Ça remplace nos Pokéballs, quoi… » J'avais plissé le nez, perdue dans mes réflexions. « Pourquoi les Rangers n'utilisent pas des Pokéballs, d'ailleurs ? » J'avais réfléchi un instant puis, hésitante, m'étais risquée à avancer une hypothèse. « Est-ce que ça a un rapport avec la durabilité du lien ? Les Pokéball sont là pour garder captifs des Pokémon dont on devient le dresseur… Pas cette chose-là, j'imagine. » Je ne me risquerais pas à prononcer une nom une seconde fois.
Soupesant l'appareil dans ma main, je m'étais finalement immobilisée. Le genre de réflexions qui me tourmentaient était-il à propos ? « Est-ce que… Ça a été aussi facile que ça en a l'air, quand vous racontez votre parcours ? » Est-ce que c'était si simple d'en arriver là où vous vous trouviez aujourd'hui ? « Ou est-ce que ça vous est arrivé de douter, de vous dire que vous étiez en train de vous planter ? » J'avais marqué une pause brève, marqué par une légère moue sur mes traits. « Tu. » Cette familiarité là n'était définitivement pas la mienne.
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Lauriane Feroë
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Je ne sais trop comment interpréter le silence d’Audrey. Elle qui semblait intéressée et prompte à poser des questions, s’est soudain murée dans le silence. Soucieuse d’avoir fauté à un quelconque endroit de mon récit, je ne formule pas mes doutes et continue simplement la visite pour en venir à l’attirail des rangers.
La question posée, je laisse la stagiaire se débrouiller un instant avec les informations que j’ai moi même donné un peu plus tôt ainsi que ses propres connaissances et déductions. Son approche de la vérité me provoque un léger sourire et quelques acquiescement. Constatant avec satisfaction que les devoirs ont été au moins partiellement faits, je prend la parole, partageant quelques éléments supplémentaires de mon savoir.
-Cap-stick. Commencé-je par corriger. ”Cap” comme dans “capture”, et “stick” comme… comme un bâton, je suppose. J’imagine que “bâton de capture” est pas si loin de ce que sont les Capsticks à la base.
Je marque une pause durant laquelle je la laisse se saisir de l’objet qui l’accompagnera dans ses fonctions temporaires, puis reprend.
-Pour le reste, c’est pas mal ça. Le Capstick a plusieurs utilités. Il permet de communiquer entre nous sur des lignes privées, il peut faire office de GPS ou de Pokédex par exemple, entre autre. Mais ouais, il est principalement utilisé pour la capture. Et comme tu t’en doutes, il y a une différence avec les Pokéball. Elles, elles font que le Pokémon t’appartient, elles te donnent un pouvoir de contrôle sur le Pokémon. Elles te donnent la possibilité de mettre un Ronflex dans ta poche, de l’appeler ou de le faire disparaître à ta guise. C’est pas pour autant qu’il appréciera sa condition de captif ou qu’il sera heureux d’être à tes côtés. Ça c’est un truc à construire entre toi et lui au fil du temps.
Mon regard s’attarde sur son visage, tentant d’y deceler un quelconque doute, un signe qu’elle aurait décroché ou pas compris quelque chose. Il y a tellement de choses que l’on apprend jamais, de choses que l’on aurait aimé savoir, de questions que l’on se pose et auxquelles on a pas toujours la réponse. Être précise, quitte à un peu trop m’étaler sur un sujet, me paraît important, autant pour elle que pour moi.
-En revanche, avec un Capstick, tu ne contrôles le Pokémon que de façon très limitées. Parce qu’il reste sauvage ou appartenant à son propriétaire. Mais tu pourras plus facilement t’approprier ses faveurs, pour le rendre moins agressif, moins peureux ou plus enclin à t’aider. C’est un lien créé de façon beaucoup plus artificielle, et qui n’a pas pour but de durer dans le temps. C’est pratique, quand t’as besoin d’un Pokémon particulier en mission, ou que tu es face à une difficulté. Ça peut te permettre de te débarrasser d’un Pokémon dangereux sans blesser qui que ce soit dans un combat, et même d’utiliser ce Pokémon à ton avantage par la suite… Ça va ? Hésite pas à me le dire si je vais trop vite, ou si tu as des questions.
Je ne m’attendais cependant pas à ce type de questionnement. Voilà donc le point l’ayant travaillé un peu plus tôt. Pendant un instant, je me revois à mon arrivée à Lumiris. Je me revois admirer tous ces grands dresseurs pour qui tout semblait si facile, si anodin. Kei à qui rien ne semblait pouvoir résister, Lionel et sa pension qui remplissait déjà bien ses journées, Auguste et son professionnalisme sur le terrain. Des murs blancs qu’on estime forts, inébranlables, qu’on imagine pas n’avoir été que de simples petits murets gris aux fondations bancales.
Je me revois douter de moi même, parce que moi je devais me battre. Parce qu’ils étaient devenus un objectif que j’avais l’impression de ne pas pouvoir atteindre. Parce que ces gens m’ont fait rêver, et miroiter qu’il pouvait exister quelque chose de parfait en ce monde, et m’ont fait tomber au plus bas quand j’ai réalisé que cette utopie n’était pas pour moi. Et en même temps, je ne peux leur en vouloir parce qu’une gamine a porté sur eux les mirages qu’ils n’ont jamais choisi de refléter dans ses yeux. Ce n’est pas leur faute, mais je ne veux pas être comme eux, qu’on ait cette image de moi. Je ne veux pas qu’on m’érige un piédestal du bas duquel on me regarde en oubliant que là, juste sous nos pieds, il y a un précipice capable de tous nous avaler pour al moindre erreur, le moindre doute. Ils méritent mieux que ça. Audrey mérite mieux que ça.
-J’en ai bavé. Je rentrerai pas dans les détails mais… Ouais, non, c’est dur. Et je parle pas d’études, de job, de missions, de formation ou quoi que ce soit. C’est un tout. C’est dur. Des doutes, j’en ai. Des cicatrices aussi. Tout le monde en a. J’ai vécu des choses qui m’ont descendues au plus bas. J’ai déjà eu envie de tout plaquer, d’arrêter, de juste… laisser tomber. J’imagine que ça se voit pas forcément, professionnellement je m’en sors pas trop mal, au bout du compte. Mais… Dis toi que les gens sont jamais que les réussites qu’ils laissent paraître. J’ai vécu des choses très difficiles aussi. Comme to... toi.
Une sensation éclair, une affirmation pertinente un quart de secondes avant de paraître infiniment plus stupide celui d’après. Une impression de savoir de quoi je parle en prononçant le premier mot, puis celle de faire fausse route en enchaînant sur le second.
-Enfin… Comme… tout le monde. Je suppose. Tenté-je de rattraper, sans parvenir à dissimuler mon propre trouble.
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Audrey R. Davis
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J'avançais dans des pas aux empreintes abîmées, à l'aveugle comme trop d'autres de mon âge. On nous demandait de savoir déjà à quel nom nous sacrifierions les quarante-cinq prochaines années de nos vies, oubliant trop vite que nous n'étions, finalement, que des enfants qui s'acharnaient à essayer de donner du sens à un monde qui en manquait cruellement. C'était ignorer toutes les histoires et juger tout le monde de la même façon – c'était oublier que certains d'entre nous avançaient amputés et composaient des récits bancals avec tout juste ce qu'il restait de force et de dignité pour ne pas s'effondrer. C'était oublier que de nos dix-sept années écoulées, on en avait passé la plupart à tenter de construire une version moins malheureuse de nous-mêmes pour un avenir dont on n’était même pas certains qu’il existerait. Parce que la vie nous avait appris qu’elle était fragile… Que demain suffisait à la briser. Qu’il suffisait d’un instant ; d’une plaque de verglas, d’une pluie un peu drue, d’un clignement de paupières, d’un coup de volant – d’un pas de côté, d’une seconde au mauvais endroit, au mauvais moment.
Je serrai mes doigts tremblants sur le capstick, détaillant l’appareil sous toutes ses coutures pour me soustraire aux idées funestes qui m’assaillaient. J’avançais au fil de trop d’incertitudes pour que les chemins que je dessinais m’aient l’air tangibles – j’avais besoin de concret, de solide ; et il n’y avait rien de plus réel que la résistance des alliages de plastique et d’acier dans ma main. « Ça va… Je suis. Je connais déjà un peu, de loin. Ma soeur était à fond là-dedans. » J’aurais préféré l’idée qu’elle ait changé d’avis ; plutôt que celle qu’elle ne puisse plus rien aimer de là où elle était. Ça m’aurait paru moins insupportable, de parler au passé de goûts qui avaient changé, d’ambitions qui s’étaient altérées. Ç’aurait été moins suffocant, de se dire qu’elle avait encore la possibilité d’évoluer et de tourner le dos à ce qui faisait briller ses yeux la veille pour mieux s’éprendre de nouvelles déraisons passionnées. La brûlure aurait été moins vive, de se dire que le passé était ainsi figé si elle ne s’y était pas à tout jamais installée.
Des doutes, j’en ai. Des cicatrices aussi. J’esquivai son regard ; je laissais ses mots couler sur mon âme blessée comme de l’alcool sur les plaies. C’était douloureux, d’entendre d’autres conter des douleurs qu’on pensait inégalées. On se persuadait, malgré nous, que personne ne comprenait ; que notre douleur était singulière parce que trop de variables étaient impliquées. On oubliait trop vite que le chagrin nous laissait tous démunis et orphelins. On se pensait seuls à souffrir parce que la douleur était telle qu’il était impensable que quelqu’un d’autre, sur cette terre maudite, ait survécu à une autre semblable. Mais nous étions faits des mêmes atomes… Jetés aux mêmes cieux et tous promis à la même obscurité.
J’ai vécu des choses très difficiles aussi. Comme t… toi. Mon regard heurta brusquement le sien. Difficile de déchiffrer l’intonation de ses mots, qui avait sonné si certaine. Comme si elle avait prononcé une évidence, comme si elle savait. Était-ce écrit sur mon front ou dans mes yeux, la façon dont les vagues m’avaient précipitée sur les récifs ? J’inventais sans doute des intentions qui n’étaient pas les siennes – mes questions, à elles seules, trahissaient toutes les interrogations d’une adolescente perdue persuadée que plus rien ne l’attendait. Que le jour ne se lèverait plus sur son corps fatigué… Un sourire s’étira sur mes lèvres – vide de sens. Peut-être par principe de m’acharner à croire qu’il restait encore une étincelle à rallumer, une braise à souffler. J’espérais, de toutes mes forces, que l’incendie reprendrait – je préférais brûler que de me perdre dans ce néant qui me dévorait. J’oscillais encore de temps à autre, un pied dans la colère et l’autre dans la douleur ; mais je sentais la rage qui me quittait. Doucement, elle refluait – m’abandonnait à cette solitude que j’avais repoussée dans l’espoir qu’elle ne m’attraperait jamais par le cou.
Ses crocs étaient froids, sa morsure gelée. Je préférais le feu de l’ire – j’ignorais que son incandescence était vouée à s’éteindre. Qu’il ne resterait que des cendres et qu’on ne contruisait pas d’empire dans la poussière.
« Ouais… Puis on n’est pas là pour faire le concours de qui a eu la vie la plus malheureuse, hein ? » Le cynisme enlace mes intonations ; le sarcasme persifle dans ma voix – il n’y avait de toute façon rien à remporter ; pas de superbe trophée dont se vanter. La douleur n’avait rien d’une unité de mesure – rien non plus d’un galon rutilant. Je fit mine d’épousseter ma veste, cherchant contenance dans la nonchalance de mon geste pourtant soigneusement mesuré. « Bref… » À toute allure, mon esprit emballé s’était acharné à trouver relance qui ne soit pas trop insensée. Mes idées s’était portées sur les questions qu’on nous avait demandé de poser. « C’est quoi, les qualités qu’il faut pour être ranger, d’après v… toi ? Et les compétences ? » Je les imaginais comme ma soeur – braves, loyaux, déterminés à faire du monde qui les entourait un endroit un peu plus paisible ; un peu moins mauvais. D’ôter un peu de la tragédie à nos jours gris – d’en retirer des épingles de cruauté, à défaut d’en redorer les beautés ternies.
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