Nombreux sont ceux qui pensent que tu n’y arriveras pas, qui ne croient pas que c’est humain de se démener de la sorte pour les études, et le travail, et des buts personnelles. Nombreux sont ceux qui peut-être même souhaitent te voir tomber. Tu doutes qu’un jour tu tomberas, de très haut même, mais tu ne t’arrêteras pas de grimper tant que tu ne seras pas au plus haut point, sur le bord du vide qui te tendra les bras. Avant, tu étais plus réservé et effrayé à l’idée de te donner autant dans tes projets, parce que tu avais perdu tes parents, les seules personnes qui pouvaient amortir le tout quand tu tomberais. Mais maintenant… tu as Lys, tu as Capucine… tu as Mana. Ces gens prennent de l’importance dans ta vie monotone, tu ne te le répéteras jamais assez, et il n’y a plus une seule journée qui passe sans que tu n’aies pas envie de tous les remercier un à un pour l’impact qu’ils ont sur toi. Ils te poussent à continuer, ils te poussent à avancer, ils te poussent à vivre de nouveau…

Peu de gens comprennent, tu ne peux pas blâmer Mana’arii pour ne pas trop comprendre le feu qui te brûle les fesses tous les jours, qui fait en sorte que des moments comme celui que vous passez ensemble. Peu de gens cherchent à comprendre, ou s’y intéresse même, mais ça te fait toujours un peu rire. C’est pourquoi tu ricanes un peu quand il te l’avoue à voix haute, répondant simplement suivit d’un haussement d’épaule :

Honnêtement… parfois je ne sais pas plus que toi comment j’y arrive. Ou même si j’y arrive réellement. Un pas devant l’autre, un jour à la fois, je me relève, j’avance et je retombe. Un cycle qui se répète, mais qui me motive d’une façon inexplicable.

Puis, Mana te dit que tu allais gérer peu importe, transformant ton ricanement d’un peu plus tôt en rire lorsqu’il parle de ne pas faire de l’ombre aux mortels. Il est surtout drôle que Mana pense que les gens ont des aspects de ta vie qu’ils envient, parce qu’honnêtement, tu n’as rien. Tu n’as même plus un domicile fixe, toujours jonglant entre le refuge et l’appartement. Un constat qui te fait toujours un peu mal de réaliser, mais au fonds, tu n’y peux pas grand-chose. Tes Pokémons sont-là avec toi.

Je ne vaux pas plus qu’un autre Mana honnêtement… je suis probablement la personne la plus basique que tu puisses rencontrer.

C’est ce que tu fais croire aux autres mais surtout à toi-même. Tu refuses de reconnaître que tu en fais plus que les autres, que tu te démène beaucoup plus que bien des gens dans ta tranche d’âge. Tu ne le reconnaîtras pas, même si on te mettait des statistiques sous les yeux, seulement parce que tu considère qu’être basique et tout ce dont tu as besoin pour être heureux, et surtout que tu n’as rien à prouver à personne d’autre que ta propre personne. Tu écoutes le nouveau nom de Mitaine, un nom auquel tu ne t’attenais pas, mais qui sonne très poétique à tes oreilles.

Eh bien, c’est plus joli et original que Mitaine, sans oublier que ça décrit bien un Pokémon de type feu… l’important, c’est que tu sois heureux avec lui, et que ce soit réciproque.

C’est tout ce qui compte au fond de ton cœur endurci par le temps, qui se réchauffe peu à peu. Essuyant la sueur qui glisse le long de ta tempe, tu regardes le soleil un instant qui commence à se cacher peu à peu. Il doit être pr;s de 15h, mais tu ne veux pas sortir ton téléphone, tu N,en ressens pas le besoin.

Ça fait du bien cette marche… je suis content de passer la journée ici. Et euh- avec toi.

C’est bizarre de dire à quelqu’un qu’on apprécie sa compagnie. Il faudra que t’y habitues un jour ou l’autre, te dis-tu, mais ce n’est pas une bataille de gagnée. Elyria s’approche de Mana et semble lui chanter un petite sérénade en restant près d’eux, aimant particulièrement l’attention et faire quelques prestations ici et là.

À l’entente des mots de Mana, tu relèves la tête vers lui, fronçant des sourcils. Tu es modeste, tu ne te prends pas pour un autre et pour toi, le fait de travailler fort pour tes ambitions n’est pas signe que tu es mieux qu’un autre. Plus débrouillard, plus déterminé ? Certes. Mais qu’est-ce que la détermination de quelqu’un vient faire lorsqu’il est question de le définir ? Pas grand-chose. Des gens avec moins d’ambitions, de détermination et de motivations sont tout aussi capables de faire des choses extraordinaires. Tu n’es pas le genre à te sentir supérieur aux autres sauf lorsqu’il est question d’une personne qui maltraite ses Pokémon. Ça, tu ne le laisseras jamais passer et tu auras toujours tendance à faire comprendre bien rapidement au fautif en question ta façon de penser là-dessus. Les traitements que l’on fait à ses Pokémon représente aussi ceux que le dresseur devrait subir. Mais bon, tu useras plus souvent des mots que des poings pour faire comprendre ton message.

Tu pousses un son qui laisse savoir un peu ton inconfort face à la situation et préfères porter ton attention sur Ako’Vahta un instant. Juste le temps de ne plus penser qu’on te prend pour quelqu’un hors de l’ordinaires alors que tu n’es rien de tout ça. Tu restes un homme avec ses insécurités et sers nombreux défauts qui s’accumulent au fil des années, aux manies parfois dérangeantes et aux ambitions presqu’impossible. Tu es un homme qui a de la difficulté à voir le soleil se lever le matin sans regretter de s’être réveillé, qui voit plutôt le négatif dans toutes les situations et qui se prépare constamment au pire. Tu es aussi un homme qui a peur, peur que toute cette ambition et tendance à te mêler à des problèmes qui ne te regardent pas te traînent encore plus dans des circonstances précaires et dangereuses. Tu es un homme qui, malgré les apparences, reste assez faible et fragile au fond de lui. Ce sont tous des pensées que tu ne partages pas parce qu’elles sont plus faciles à garder à l’intérieur que de les partager et risquer de te faire contredire sur des choses que tu n’arrives pas à retirer de ta tête.

Mais qui sait, peut-être un jour…

Peut-être un jour pourras tu te sentir à l’aise et te vider le cœur, que ce soit avec Mana ou Lys, voire Capucine… mais pour l’instant, il est l’heure pour Mana’arii de partir puisque d’autres activités l’attendent. Enfin, le travail l’attend plutôt, mais aller au parc d’attraction, tu penses bien que l’homme doit avoir eu des demandes bien pires. Tu hoches donc la tête, restant néanmoins assis sur ton trône de bois inconfortable.

Je vois. Pour ma part, je pense que je vais rester un peu ici… eh bien, ça a été plaisant de pouvoir passer ce temps avec toi, bien qu’il soit un peu écourté. J’espère que ça ne sera pas trop pénible et- essaie d’en profiter pour t’amuser un peu, non ?

Tu n’es pas le meilleur pour les au revoir. Comment dit-on au revoir aux amis ? Un câlin, est-ce que c’est trop ? Une poignée de main, est-ce trop solennel ? Ne rien faire, est-ce maladroit, voire méchant ? ton visage change d’expression, laissant paraître un certain malaise fasse à cet au revoir et tu finis par répondre, brossant le derrière de ta nuque de tes doigts abîmés par le froid :

C’est pigé frère, t’inquiète. À la revoyure, toi-même tu sais starfullah et euh- ouais.

Toujours aussi maladroit dans tes interactions sociales faut croire. Elyria salue Mana’arii d’un petit tapotement de patte doux sur la main de l’insulaire, puis elle revient à tes côtés alors que tu souris en guise de signe d’au revoir parce qu’honnêtement, tu ne sais pas quoi faire d’autre sans rendre l’autre inconfortable. Un jour, je m’améliorai… mais j’ai l’impression que ce sera à force de m’ouvrir aux autres. C’est un constat difficile qui te guette alors que tu regardes le basané qui au loin s’éloigne, accompagné de son fidèle compagnon à six pattes.