On dit souvent que la nuit porte conseil mais tout le monde sait que tu n’en fais qu’à ta tête.
Un lourd soupire s’échappe de tes lèvres reluisantes de gloss fraichement réappliqué. Tes émeraudes fixent longuement le chandelier suspendu au-dessus de vos têtes, alors que tu fais longuement battre tes faux cils sous l’exaspération.

Tu es fatiguée.
Tu en a marre qu’on te prenne pour une idiote.
Tu as beau être blonde, tu aimerais qu’on réalise enfin que tu as quelque chose entre les deux oreilles.
Et ce quelque chose n’est pas toujours aussi positif que tu aimerais le croire.




Le petit traintrain routinier que tu partageais avec Lestat te convenait parfaitement. Oh votre relation n’avait strictement rien de parfait, vous aviez tous les deux vos démons. Vous aviez tous les deux des personnalités très fortes. Vous aviez tous les deux de terribles défauts qui énervaient l’un et l’autre. Et pourtant? Tu te tenais encore et toujours à ses côtés. Fidèlement accrochée à son avant-bras, à l’admirer, à le dévorer des yeux. Tu pourrais boire chacune de ses paroles tant tu l’aimais ton Lestat.

Et dire que ça ne devait qu’être un acte à la base.
Tu réalisais seulement que tu étais tombée amoureuse d’un dangereux criminel?
Si seulement on savait que tu étais la plus dangereuse des deux Madelyn.

Pour une rare fois, vous délaissiez le confort de votre précieuse Nemerya, de votre appartement que vous partagiez à deux, de votre casino qui vous gériez à deux. Aujourd’hui, vous aviez plus important à gérer. Enfin, vous.
Ça te concernant toi surtout plutôt Madelyn.
Car aujourd’hui, tu avais une rencontre professionnelle avec ton cher et tendre père, le légendaire papa Lodge, nul autre que Robert Lodge. Cet homme d’affaires corrompu que tu peinais encore à comprendre. À respecter. Oh tu n’étais pas d’accord avec sa mentalité dépassé et ses méthodes quelque peu orthodoxe. Mais tu ne pouvais nier le fait que c’était un homme terriblement puissant. Personne avait réussi à le faire tomber, d’aussi loin que tu puisses te souvenir. Les gens respectaient Robert. Les gens craignaient Robert

Si seulement ils étaient conscient de la tempête en approche…


Fidèle à tes habitudes, tu passais le quart de ton après-midi sur ton apparence pour être le plus présentable possible. Après tout, un entretient avec Papa Lodge ne se faisait pas en pyjama. Il te retirerait de l’héritage sans hésitation.

L’héritage?

Ah oui.
Depuis le suicide de ton frère, Oliver Lodge, tu étais la seule et unique héritière légitime de l’empire Lodge. Oh ta mère pourrait très bien reprendre le contrôle sauf que… C’est une femme. Ce serait idiot de croire que Robert Lodge laisserait une femme prendre sa place, non?
Mais avec ce terrible et malheureux incident concernant ton frère, il n’avait que d’autres choix que de te montrer comment gérer cet empire qu’il avait lui-même bâti. Entre toi et moi, cette option ne l’enchantait aucunement. Car Papa Lodge est un peu, beaucoup, sexiste. Il parle fort, il parle mal. Papa Lodge à une langue de Seviper.
Comme quoi la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre, n’es-tu pas d’accord?

Un frisson parcourait ton échine, alors que tu sentais les doigts de ta moitié se glisser derrière ta nuque pour remonter la fermeture éclair de ta robe, puis y attacher ton collier entièrement recouvert de diamants. Tu es dispendieuse ce soir ma chérie, qui cherches-tu à impressionner?

« Pas trop nerveux à l’idée de revoir ton cher et tendre beau-père? »
Un rictus s’échappe de tes lèvres, crispées dans un tendre sourire, alors que tu te retournes pour lui faire face. Une main douce se glissait contre sa mâchoire, une caresse douce, brève, tu le sais que peu friand des contacts physiques prolongés. D’ailleurs, parlant de contact, tu ne pouvais t’empêcher de venir déposer tes lèvres contre les siennes. Après t’être mit du gloss? Bien évidemment, tu voulais rappeler à Lumiris tout entier que Burton était ton partenaire. Tu voulais rappeler à ton père qu’il s’était planté en pensant te piéger avec Burton.
Tu voulais lui faire comprendre qu’enfin, tu étais heureuse. Et ce, sans son aide. Tu n’avais besoin que de Lestat pour atteindre un tel sentiment d’euphorie.

Un baiser échangé, quelques paroles adressées et voilà que vous étiez en route.
En route? Où donc?

Si originalement les Lodge étaient installés au cœur de Nemerya, rapidement Papa Lodge avait jugé plus sage d’ouvrir son bureau au sud de Artiesta. Loin des regards indiscrets, loin des taupes, loin de vous. Enfin. Pas assez visiblement, puisqu’il avait une échange de prévu avec toi et ton précieux Burton ce soir même.


Pour l’occasion, vous vous étiez mis d’accord tous les deux de laisser vos principaux Pokémon dans leur ball respectives. Oh vous alliez avoir une sacrée crise venant de Chubby Doll et Prada surtout. Mais ta petite voix te hurlait de garder toutes formes de distraction au plus bas pour ce soir. Tu avais besoin de toute ta tête et tous tes sens en présence de Bobby Lodge. Toute ta tête? C’était nouveau ça pour toi. Toi qui avais pour l’habitude de cacher ton anxiété derrière…

Sitôt sortie de la voiture, tu guidais ta précieuse moitié au sein de cet immeuble que tu ne connaissais que trop bien. Tu connaissais chaque couloir, chaque recoin. Tu connaissais ses angles morts, tu savais où fauter. D’ailleurs, vu l’heure tardive, les couloirs étaient pratiquement vide. Si ce n’était que d’une secrétaire qui terminait ses dossiers, un concierge qui lavait le plancher au 4ième étage. Le claquement de tes semelles rouges contre le sol de marbre fraichement nettoyé ne manquait pas d’attirer le peu d’attention présent dans les environs, alors qu’on prévenait ton vieux de ton arrivé.

D’ailleurs, il vous attendait, assit au fond de sa chaise, un verre en main, l’air sévère. Oh ça commençait bien déjà, tu trépignais d’impatience!

- Ah Madelyn, Lestat, quelle agréable de vous voir, fidèles à l’heure même? Je suis abasourdi!

« Père, merci encore d’avoir accepté de nous recevoir à une heure aussi tardive. J’espère que la journée n’a pas été trop pénible. »

Une bise forcée, de l’amour empoisonner, tout ce que tu connaissais que si parfaitement grace à cet homme qui empestait l’hypocrisie. Assise aux cotés de ta moitié, coupe de champagne en main, tu surveillais jalousement les faits et geste de ton vieux. Pourquoi n’avait-il toujours pas bu dans son verre? Que prévoyait-il comme arnaque ce soir?
D’un mouvement de pied subtil, tu notifiais Lestat de demeurer sur ses gardes, alors qu’il s’occupait du plus gros de la conversation avec ton vieux.
Tu écoutais à moitié. À la fois distraite et ennuyée. Tu étais surtout méfiante de cet homme, tu le savais dangereux et tu t’en voudrais de pousser l’homme le plus précieux de ton existence entre ses crocs empoisonnés. Mais alors qu’il offrait une cigarette à Lestat, tu ne pouvais t’empêcher de froncer les sourcils.

- Il va de soi que je ne me fais plus jeune et je crois que Lodge Inc pourrait jouir d’un peu de sang frais.

Oh déjà ce blabla lourd et vide de sens?

Un lourd soupire s’échappe de tes lèvres reluisantes de gloss fraichement réappliqué. Tes émeraudes fixent longuement le chandelier suspendu au-dessus de vos têtes, alors que tu fais longuement battre tes faux cils sous l’exaspération.
Mais plus les hommes parlent et plus tu fronces les sourcils, jusqu’à finalement briser ton silence de ta voix clairement agacé.

« Sans vouloir vous offensez messieurs, jusqu’aux dernières nouvelles, je, Madelyn Lodge, est la seule et unique héritière légitime de l’empire Lodge. Dois-je vous rappeler que je ne suis pas encore morte? Malheureusement pour vous, je doute rejoindre mon frère dans un avenir rapproché. »

- Madelyn, ne sois pas insolente, ne t’ai-je jamais apprit à réfléchir avant de dire des âneries?

« Âneries? Écoutez-vous parler un peu… »

- Suffit.

Un regard noir t’était lancé, résultant dans un lourd soupire alors que tu croisais les bras. Un truc te dérangeait mais tu peinais à mettre le doigt sur la chose exactement. Mais voilà que tu soupirais lourdement, non sans reposer ton verre sur le bureau de ton père et t’éclipser. Tu avais besoin de prendre un peu d’air. De te changer les idées. Oh l’idée de laisser Lestat avec cet homme ne te réjouissait aucunement mais c’était soit ça, soit tu lui sautais à la gorge.
Et plutôt que se soucier de ton départ, Robert semblait surtout en profiter pour parler un peu plus… Intimement avec ton décoloré.

- … Comme convenu, Lestat, il va de soi que le choix le plus logique serait de continuer avec toi, à la tête de la compagnie.

Huh?

- Comme les choses ne vont guères comme convenu. D’autant plus qu’avec un diagnostic aussi lourd que celui de Madelyn, ce serait d’un suicide social de la laisser prendre contrôle de la compagnie.

Outch.

- Et puis, avec Oliver…

Tes cents pas t’attiraient d’étranges trouvailles. Ton trouble était visible des milles à la ronde, alors que tu pressais le pas pour retourner dans le bureau de ton baron. Vous deviez sortir d’ici au plus vite. Mais en arrivant, tu tiltais à l’attente d’un prénom jadis oublié.

« … De quoi parlez-vous très exactement? »

- Occupes-toi de tes affaires Madelyn.

« Pourquoi parlez-vous de Oliver…? »

Ta confusion était visible, tu étais particulièrement dérangée par… Plusieurs choses en faites. Mais arriver en pleine conversation concernant un défunt? Impossible pour toi de rester de pierre, ta curiosité n’était que trop grande en ce moment.

« Lestat, réponds? »

- Oh mais je ne me soucis que trop peu de vos petites aventures dans le casino, je parle d’affaires sérieuses ici Lestat. N’importe qui peut travailler dans un casino, je ne vais pas féliciter ma fille pour quelque chose d’aussi banal.

Le ton de voix de Robert était froid, ferme, il fixait longuement le décoloré dans les yeux. Il semblait particulièrement ennuyé. Encore plus alors que ses mirettes recroisaient les tiennes. Oh il détestait que tu glisses ton sale petit nez n’importe où. Souvent, tu voyais juste, trop souvent, tu savais que tu devrais plutôt se méfier de lui et t’en tenir le plus loin possible.

Tu n’aimes pas Robert Lodge.
Tu ne lui fait pas confiance.
Tu le veux le plus loin de ton existence.
Tu le veux le plus loin de Lestat.


Des paroles dépourvues de sens et pourtant, tu essayais tellement fort de comprendre ce charabia que tu ne comprenais que trop peu. Tu faisais longuement battre tes faux cils, non sans croiser les bras. Le silence était lourd. Terriblement lourd. Tu avais l’impression de devenir folle. Pourquoi maintenant semblait être le meilleur moment pour parler de Oliver? Pourquoi devaient-ils en parler pendant ta petite escapade pour te changer les idées?
Spoiler, ça n’avait pas fonctionné. Tu étais encore plus sur les nerfs, encore plus méfiante, tu n’avais qu’un but et c’était de sortir d’ici au plus vite. Mais tu n’étais pas assez bête pour croire que vous pourriez sortir de cet enfer aussi facilement.

Il est tout de même question des Lodge. Et qui dit Lodge dit aussi..

Pardon?

Tu ne te souviens pas Madelyn?
Tu clignais longuement des yeux, faisant valser tes mirettes d’émeraudes sur celles de ta moitié. Puis dans ce regard d’un bleu trop pâle qu’abordait ton père. Mais à voir la mine qu’il tirait, un truc le dérangeait.

« … Excuse-moi, quoi..? »

Et si tu écoutais les paroles de ton petit ami, tu ne l’entendais pas réellement. En fait, tu avais besoin de t’asseoir surtout face à une telle… Bombe.
Ainsi, Oliver serait toujours en vie? Mais a quelle funérailles étais-tu présente ce jour-là? Pourquoi Oliver aurait disparu si soudainement? Pourquoi tes parents l’auraient fait passer pour mort? Que c’était-il passé réellement? Tant de questions se bousculaient dans ta tête, tu avais soudainement la nausée. Ta robe était beaucoup trop juste à ton corps, tu avais besoin de bouger. Tu avais besoin de dégager.

- Non mais tu l’as écouté un peu Madelyn? Cet homme ne sait pas ce qu’il dit.

Lestat, ne pas savoir ce qu’il disait..?
Oh ta confusion était grande, ta respiration était terriblement lourde et sacadé en ce moment. D’ailleurs, tu cherchais soutient et regard dans le regard froid et stoïque de ta moitié. Lestat ne te mentirait tout de même pas sur quelque chose d’aussi gros mais…

« ... Pourquoi n’as-tu rien dit..? »

Parce que tu étais trop défoncée.
Parce qu’il savait que tu ne te rappellerais de rien.
Tu forçais un sourire, alors que tu relevais tes mirettes vers celles de ton géniteur.

« … Alors c’est ça? C’est ça le secret des Lodge? »

- Madelyn, franchement, utilise ta tête pour une fois!

«  Utiliser ma tête? Moi? »

Un rictus t’échappait, alors que tu t’avançais sur ta chaise, de façon à t’approcher du bureau qui vous séparais vous et ton cher et tendre père. Tes long boucles blondes retombaient lentement le long de tes bras dénudés, alors que tu venais poser ton coude contre ton genou et mieux y enfoncer ton menton au creux de ta main.

« Alors c’est ça le but de cette rencontre? Quand un enfant ne nous satisfait plus, on s’en débarrasse et le remplace? Mais comme Maman est maintenant infertile, c’est long et chiant trouver un remplaçant. Pourtant, vous êtes désespérés au point de prendre Lestat comme héritier? Et je suis celle qui n’utilise pas sa tête? »

Un rire forcé s’échappait de tes lèvres reluisantes de ce gloss trop collant à la saveur de cerise. Lèvres que tu crispais dans un sourire, alors que Robert fronçait les sourcils, non sans se crisper.

- Madelyn, ça suffit.

« Oh? Sinon quoi? Je vais rejoindre Oliver peut-être? »

- Ne sois pas idiote!

« Ah? Pourtant, vous me traiter encore comme si j’étais folle, c’est…  Drôle. »

Tu faisais un premier pas en sa direction.

« Pourtant, mon union avec Lestat ne vaut absolument rien légalement parlant. Vous débarrasser de moi n’aiderait en rien. Nous ne sommes même pas mariés et puis… »

Tu haussais des épaules, non sans croiser les bras.

« Lestat Burton n’existe même pas sur la map. »

Il semblait surprit par cette information, alors que toi? Tu jouais distraitement avec l’une de tes longues boucles d’or. Oh, ça dérangeait maintenant que tu utilises ta tête? Visiblement, ça dérangeait que tu plonges ton nez dans des informations qui ne te concernaient aucunement. Pourtant, ce serait idiot de croire que tu resterais droite et innocente aux côtés d’un homme aussi puissant et craint comme Lestat Burton.

- Non mais qu'est-ce que tu t'embêtes, tu t’entends un peu?

« Ah? Pourtant, c’est vous qui avez organiser cette relation père. Pardonner ma confusion, je ne fais qu’obéir. »

- Sale insolente!

Tu le voyais bondir de sa chaise. Oh face à lui tu étais petite. Toute petite même. Pas même tes louboutin te sauvais de ce cotés. Il te fixait de haut, il te fusillait du regard. Oh tu lui rendais ce même regard, non sans conserver ce petit sourire en coin. L’arrogance en personne, tu méritais clairement une gifle Madelyn et pourtant? Il ne bougeait pas.

- Il est temps que tu saches où est ta place, jeune fille.

« Oh mais je n’attends que ça, père. »

Ce sourire demeurait encore et toujours sur tes lèvres. Mais voilà que Robert faisait volte face, bousculant une petite boite sur son bureau pour finalement pointer… une arme sur Lestat?!

Oh.

OH.

Tu manquais un battement de cœur ou cinq, alors que tu te reculais brusquement de quelques pas toi-même. À quoi jouait-il le vieux?!

- C’est ça? C’est ça que tu veux, Madelyn? Après tout, ça ne changera rien, il n’existe même pas sur la map.

Tu pouvais sentir ton cœur s’alourdir, ton souffle se faire plus difficile, alors que tu fixais les deux hommes à tour de rôles.

« J’t’en prie arrête!! »

Toute cette… Cacophonie te donnait horriblement mal à la tête.
Tu dissociais.
Tu dissociais tellement fort en ce moment même Madelyn. Oh sans doute était le pire moment pour une petite crise existentielle mais c’était tellement plus fort que tout ce que tu pourrais contrôler Madelyn. Tu entendais l’écho de voix qui se criait dessus. Tu voyais ta vision se flouer, alors que tu avais un mouvement de recul. Rapidement, tu posais ta main contre ta tête, ce n’était pas le temps d’avoir un malaise. Pas alors que ton père était armé.

… Ton père était armé.

Ça te frappait d’un coup, alors que tu resserrais maigrement ton étreinte contre l’avant-bras de ta moitié. Tiens, depuis quand Lestat était face à toi? Tu ne suivais que trop mal la scène qui se déroulait face à tes mirettes un peu trop confuse. Tout semblait si lent, si flou, si… Tordu.

Oui.

Cette situation était tordue.

Tu ressentais des choses fortes.
Tellement fortes Madelyn.
Beaucoup trop fortes pour ton pauvre petit cœur.

Tu ressentais de la peur, de la rage, de la haine surtout.
Tu étais… Écoeurée? Dégoutée? Dépassée? Toutes ces réponses?
Ah assurément.

Tu sentais ta faible enveloppe corporelle trembler, alors que tu tentais de te reprendre au mieux. Ce n’était pas le temps de te perdre dans tes songes ma chérie.

- Mais fermes la à la fin Burton! Tu n’es rien, tu vas crever en étant absolument rien!

… Crever?
Tu clignais longuement des yeux avant de les relever… Sur ton père.
Oh. OH.
Il pointait son arme directement sur Lestat!

Tu sentais ton cœur s’arrêter mais le décoloré était davantage concentré sur ton père, pouvais-tu réellement lui en vouloir? Oh tu criais, tu n’entendais même pas l’écho de ta vix. Tu déconnectais totalement de la réalité en ce moment.
Tu entendais des voix mais tu n’écoutais absolument rien. Parce que quelque chose d’autre attirait soudainement ton attention. Une arme…?

Sans doute la pire erreur que Lestat pouvait faire.

Puisque tes mirettes se posaient sur l’arme a feu de ton père, sauf que… Voilà qu’elle était à tes pieds? S’étaient-ils battus pour un tel résultat? D’un mouvement lent, silencieux, tu glissais derrière le dos de ta moitié, telle son ombre, alors que tu étirais ton bras pour caresser du bout des doigts cette arme. Puis avant même de le réaliser, elle reposait dans ta main.

Était-ce une vraie arme?
Était-elle chargée?
Tant de questions, si peu de réponses.

Et comme souvent, on t’ignorait.
On t’ignorait alors que tu te retrouvais avec une arme à feu entre les mains.

Tu fixais longuement l’arme en question, la faisant pivoter de gauche à droite avant de froncer les sourcils. Oh, tu entendais un peu mieux d’un coup.

- Madelyn Olivia Lodge, lâche cette arme immédiatement!

Madelyn Oli… Depuis quand utilisait-il ton nom complet? Tu fronçais les sourcils, alors que tu avais un mouvement de recul, ta poigne sur l’arme ne devenant que plus ferme.

« Non, j’en ai marre, vous m’entendez? »

Ce à quoi Robert roulait des yeux avant de tendre la main vers… toi? Non Il réclamait clairement l’arme.

- Cesse tes sottises et laisse les adultes gérer les affaires de grandes personnes. Tu me fatigues à toujours agir comme une gamine

Une gamine?
Tu fronçais les sourcils, alors que tu le fusillais du regard. Et contre toute attente…?
Voilà que tu étais celle qui levait puis pointait l’arme sur Robert Lodge.
Ce à quoi il reculait d’abord avant de sourciller et rire, froidement.
Ce rire moqueur, alors qu’il s’approchait d’un pas lent.

- Ça suffit Madelyn, t’es aussi folle que ta mère.

« La ferme! »

- Eh bien vas-y? Qu’est-ce que tu attends? Tires.

Ta main droite tremblait, te forçant à poser ta main gauche au dessus pour un meilleur soutient, ce qui le faisait pester.

- Évidemment. T’es aussi faible que ton frère. Deux bon à rien. J’aurai dû mettre un terme à la grossesse si j’avais su qu’une telle honte m’atten…

Un son lourd se fit entendre une fois.
Puis une seconde.
Avant de ressentir des vibrations sur le sol.

Le tout fut bref, quelques secondes à peine, assez pour que tu te bouches les oreilles et ferme les yeux. Mais tu n’étais pas prête à ce qui t’attendait en ouvrant les yeux.

Il gisait là, sur le sol… Un liquide rougeâtre l’entourait au niveau de la tête…
Un liquide rougeâtre…?
Une sensation de nausée te secouait, alors que tes mirettes identifiaient mieux la situation et sitôt tu relâchais l’arme au sol, non sans plaquer tes mains contre tes lèvres.

« N-non.. Non-non-non-non-nonnonnon. »

À genoux à cotés de Robert, tu le secouais rapidement, cherchant un quelconque signe de vie. Un souffle, un poul. Mais rien. Absolument rien. Qu’un regard vide, une tête recouverte de sang et un torse recouvert de ce même liquide.

… Combien de fois avais-tu tiré?

(Deux, deux fois de trop)

Encore et encore, tu secouais le corps inerte de ton baron, alors que les larmes venaient flouer ta vision.

« Papa, arrêtes de déconner j’t’en prie… »

Sauf que c’est toi qui avait déconnée Madelyn.
Tu ne le réalisais que trop tardivement, alors que la réalité te frappais. Alors qu’un cri d’effroi s’échappait de tes poumons, alors que tu tombais sur tes genoux, tête entre tes mains tremblantes, souillées par ce même et unique liquide qui tâchait une partie de la carpette blanche par la même occasion…

C’est le concierge qui allait être content à son retour demain…!