L'ambiance est électrifié. Illumine est sortie de sa pokéball et elle ne cesse d'émettre quelques petits éclairs par moment. Rien de bien dangereux, mais c'est suffisant pour qu'Azuris garde une certaine distance. Il ne cesse de la rassurer que tout va bien et qu'il ne lui en veut pas, mais en tant que pokémon aquatique, il préfère simplement s'éloigner et garder une certaine distance par simple sécurité. Ma petite posipi se sent attirée par les parages, sans doute parce que nous sommes non loin de la centrale électrique. Elle ne semble pas savoir décider s'il s'agit de sensations désagréables ou à l'inverse si elle se sent bien, peu habituée d'être entourée par un tel champ électrique.
Nous marchons depuis un petit moment maintenant. Je n'aime pas vraiment la ville, comme pas mal toutes celles du centre de Lumiris. Ce genre d'ambiance, ce n'est pas pour moi. Je préfère la nature et le plein air que ce sentiment d'être étouffée par tous ces bâtiments qui nous entourent. Je suis un peu perdue dans la ville, ne sachant toujours pas m'y repérer, mais je fais de mon mieux. Pour l'instant, tout ce que je cherche à faire, c'est m'éloigner des lieux trop peuplés pour pouvoir me détendre un peu. Ce n'est pas l'idéal et je préférerais encore être sur une route qui serait sans doute plus calme, mais bon, je fais avec ce que je peux.
Je ne pense pas rester longtemps à Voltapolis. Ma curiosité me pousse à peut-être vouloir visiter plus tard la centrale électrique, afin de voir si Posipi pourrait y trouver d'autres amis avec qui s'amuser, mais ce ne sera pas pour tout de suite. Je sais aussi qu'Azuris risque beaucoup en entrant dans ce lieu, même s'il est plus fort qu'il ne l'était au départ, lorsque nous nous sommes rencontré. Ce qui n'est pas surprenant, sachant qu'il venait tout juste d'éclore et que je m'occupe de lui depuis avant même sa venue au monde. Il faudra sans doute le convaincre d'entrer dans sa pokéball ou l'entraîner encore un peu. Je pense qu'il préférera cette seconde option, même si pour ma part je n'aime pas trop le faire combattre.
D’humeur volcanique, Eric se sentait en pleine forme. Un nouveau Pokémon avait rejoint son équipe depuis peu, Five avait évolué et il se trouvait actuellement dans une ville immense à l’atmosphère pétillante. Tout ne pouvait que bien aller ! Le jeune homme, son Draby toujours sur sa tête, s’était déjà promené dans les rues de Voltapolis un peu plus tôt dans la journée, et aimait le charme de cette métropole dynamique. C’était si éloigné de ce que lui avait connu toute sa vie à Vermilava, il ne pouvait que savourer cette différence. Il avait essayé de laisser Ship et Five hors de leur Pokeball, mais ces derniers étaient bien trop excité et avaient vite tendance à s’éloigner de leur dresseur. Eric les avait donc fait retourner à l’intérieur de leur sphère d’acier respective, les empêchant ainsi de se perdre ou de s’attirer des ennuis. Buddy, plus calme, restait toujours près de lui. Il commençait à s’habituer aux grandes villes où son maître aimait flâner et savait désormais comment se comporter lorsqu’il y avait foule. Le petit dragon ne voulait pas se retrouver égaré loin de son dresseur, au milieu d’une masse de personne inconnues qui risquait de lui marcher dessus. Cette idée suffisait à le faire tenir tranquille.
La veille, après avoir capturé le Wattouat, le jeune homme s’était un peu éloigné de la ville et avait commencé son entraînement. Il avait été ravi de voir avec quel ardeur Ship se démenait pour progresser, et était très confiant. Rien que la veille, il avait réussi à maîtriser une nouvelle capacité de type Électrique, qui lui serait très utile lors de prochains combats. Le Vigoroth s’était montré plein d’entrain pour l’entraînement du mouton, ce qui le changeait complètement par rapport à son ancienne forme. L’évolution avait fait le plus grand bien, Eric était ravi. Il n’avait plus très envie de voir Five se changer en Monaflèmit à présent, craignant qu’il ne perde de son énergie en grossissant et en grandissant. Mais le jeune homme pouvait se rassurer, cela n’arriverait pas avant un moment. Il devait tout d’abord concentrer ses efforts sur Wattouat, afin qu’il atteigne le même niveau que les autres membres de l’équipe, et également sur Buddy, qui voulait gagner en puissance lui aussi. Le petit dragon, comme tous les autres représentants de son espèce, aspirait à devenir un puissant Drattak et à pouvoir arpenter les cieux, plus tard. Eric comptait bien aider son partenaire à atteindre son but, et ainsi avoir un Pokémon extrêmement fort à ses côtés.
Mais aujourd’hui, ce n’était pas vraiment l’entraînement qui motivait le garçon à se balader dans les rues. Il avait fourni beaucoup d’efforts la veille et estimait avoir droit à un peu de repos. Il cherchait donc une activité pour s’occuper, lorsqu’il aperçu l’élégante silhouette d’une jolie fille blonde. Aussi interpellé, il sentit son fidèle sourire charmeur se dessiner sur ses lèvres, et passa une main dans ses cheveux pour remettre sa coupe en place. Exaspéré, Buddy repoussa la main et secoua la tête, mais son dresseur l’ignora. Il se dirigeait déjà vers la jeune fille, qu’il aborda d’une voix chaleureuse :
- Bien le bonjour mademoiselle ! Belle journée n’est-ce pas ? Qu’est-ce qu’une charmante personne comme vous fait dans cette si grande et électrique ville ?
Le petit dragon priait pour que la demoiselle ne lui balance pas un coup de sac, regardant la scène à travers la chevelure de son maître. Ce dernier avait encore fait preuve d’excentricité. Même si sa carrière de dresseur progressait bien, il n’en oubliait pas ses fantaisies, à savoir les femmes…
Je ne sais pas vraiment où je vais et j'ai l'impression de vagabonder plus qu'autre chose. Ce n'est pas nouveau. Chaque fois que je viens dans les grandes villes, je finis toujours par me perdre et je marche souvent sans parvenir à réfléchir correctement tant je suis intimidée par le nombre de bâtiments. J'ai du mal à me dire que certains ont toujours vécu ainsi et en ont l'habitude. C'est tellement différent que de vivre au cœur de la nature, bien moins chaleureux et accueillant. La forêt d'Ehretia a quelque chose de beaucoup plus calme, même si certains me qualifieraient de sauvage d'habiter aussi loin de la civilisation. Difficile de me considérer comme telle quand je vois les gens qui ne savent pas du tout se tenir dans des lieux tels qu'Artiesta.
Une voix attire mon attention et je tourne donc le regard en direction de celui qui s'adresse visiblement à moi. Semblerait-il que mes pensées aient décidé de se manifester ici-même, à voir les doux surnoms que l'on me donne. Azuris et moi soupirons en même temps, tous deux exaspérés à l'avance de ce qui risque d'arriver sous peu. Posipi, quant à elle, est bien trop distraite par les sensations électrisantes qui l'entourent pour se soucier d'une telle intervention de la part de l'inconnu. Je m'efforce de lui adresser la parole avec calme, me retenant difficilement de lever les yeux au ciel.
— J'avais l'intention de me promener en paix avec mes pokémons, mais il semblerait qu'on en ait décidé autrement.
Oui, c'est moi calme, ça. J'aurais pu être bien plus directe, mais j'essais de faire un peu plus d'effort. J'espère qu'il comprendra que je n'ai pas envie de me faire embêter pour rien. S'il est là juste pour me faire la cour, autant continuer son chemin parce qu'il ne gagnera rien en faisant cela avec moi. Je m'étonne d'ailleurs de voir qu'autant de gens s'essaient malgré mon attitude froide à l'égard des autres ainsi que mon apparence que beaucoup juge jeune et enfantine. Je ne sais pas ci c'est parce que beaucoup ont une attirance malsaine pour les adolescentes ou simplement que finalement, je ne parais pas aussi jeune que je le pensais. Au moins, celui-là, contrairement à d'autres, me semble proche de mon âge, alors ce n'est pas aussi dérangeant que s'il avait eu dans la quarantaine passée. Car oui, ça m'est arrivée plus d'une fois. Pas surprenant que je n'aime pas rester dans les grandes villes, à voir tous les idiots qu'on y trouve...
La jolie blonde se tourna vers Eric, d’abord surprise, puis une expression clairement agacée sur le visage. Elle leva les yeux au ciel et sembla attendre quelques seconde pour retrouver son calme. Le jeune homme continua de sourire sans se départir de son éternelle confiance, tandis que Buddy craignait pour leur vie. Et si elle décidait d’appeler la police ? C’était déjà arrivé, et passer une heure en garde à vue, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus drôle, il fallait le reconnaître. Enfin, la police finissait toujours par les relâcher en constatant qu’Eric n’était pas dangereux, juste pénible. Il avait même profité d’être incarcéré pour faire du gringue à une jeune flic plutôt mignonne, ce qui avait poussé cette dernière à le libérer sans trop tarder, pouvant difficilement supporter ses avances. Une histoire qu’il se garderait bien de raconter, elle n’était pas vraiment à son avantage. La fille finit par répondre, semblant contenir son énervement, mais dans une froideur palpable.
- J'avais l'intention de me promener en paix avec mes pokémons, mais il semblerait qu'on en ait décidé autrement.
Bien, les choses s’annonçaient un peu plus corsées, mais ce n’était pas un problème. Elle n’avait pas l’air vraiment ravie de se faire accoster, il fallait lui faire changer d’avis. Cette fois, c’était le moment de sortir la carte Beau parleur, dont les capacités faisaient généralement des ravages. Eric plongea son regard dans celui de la demoiselle, voulant tout d’abord essayer de la perturber en jouant sur son physique plutôt avantageux. Il était un bel homme, pour ne pas le mettre en avant après tout ? Les femmes ne se privaient pas pour le faire, elles ! Cela fonctionnait par ailleurs généralement mieux pour la gente féminine, les hommes se prenaient plutôt des coups de sac. Mais bon, cela n’arrêterait pas le grand Eric, toujours en quête de défi ! Prenant ainsi sa plus belle voix, il déclara avec emphase :
- Je regrette profondément de vous importuner, mais en vous voyant, je n’ai pas pu m’empêcher d’aller à votre rencontre. Il me semble voir dans vos yeux la réponse à toutes les questions que je peux me poser. Me permettrez de passer un court instant en votre compagnie et de vous offrir un verre ?
Il arborait un sourire plus doux, sincère et presque implorant, ses yeux sombres toujours plantés dans ceux, d’un bleu splendide, de la demoiselle. Une fois encore, Buddy s’immobilisa. Il avait beau être un Pokémon, il comprenait parfaitement tout ce que disait son dresseur, et savait très bien que ce genre de paroles pouvaient énerver les humaines.
Mais qu'est-ce qu'il peut être fatiguant avec ses avances ! Je me retiens de soupirer une fois de plus, Azuris aussi embêté que moi de le voir insister autant. Je suis cependant distraire de ce qu'il me dit quand Illumine, ma petite posipi, lance quelques éclairs qui menacent de nous frapper autant moi que le jeune homme qui tente de me draguer. Azuris s'éloigne d'un bon, craintif d'être touché par le coup de pokémon électrique et surpris de la voir agir ainsi. Immédiatement, je me penche à sa hauteur.
— Est-ce que ça va, Illumine ?
Elle secoue la tête négativement, répétant son nom à quelques reprises en guise de parole. Je comprend de ce qu'elle peut me dire qu'elle n'a pas fait exprès. Elle ne semble pas être mal en point, mais ici, dans cette ville à l'ambiance électrisante, elle a un peu plus de mal à contrôler ses capacités de même type. C'est peu dire qu'elle risque de devenir dangereuse si nous restons trop longtemps ici. Je soupire donc, regardant l'homme qui s'amuse à me draguer, en me disant que je n'ai pas vraiment le choix. Je ne sais pas du tout où aller et j'aimerais trouver un endroit où Illumine n'aura pas autant de difficulté à se retenir de lancer de telles attaques.
— Tu ne pourrais pas plutôt m'inviter à manger ? Je ne connais pas le coin et je ne dirais pas non pour trouver un restaurant. Assez loin de la centrale, si possible...
Quoi ? Je ne peux pas en profiter un peu ? C'est lui qui m'a proposé de prendre un verre, moi je ne fais que prendre l'opportunité qu'on me tend. Même si je n'ai aucune intention de céder à ses avances. S'il s'attend absolument à recevoir quelque chose en échange, alors c'est son problème, parce qu'il est tombé sur la mauvaise personne.
Une fois encore, et malgré les belles paroles d’Eric, la jeune fille semblait exaspérée. Le garçon avait pourtant tout donné avec cette réplique hors du commun ! La réticence de son interlocutrice était incompréhensible. Il aurait peut-être du prendre des fleurs, cela avait toujours son petit effet… La demoiselle était sans doute sur le point de lancer une remarque désobligeante lorsque son petit Pokémon se mit à bouger vivement. Eric remarqua alors que la jolie blonde était accompagné d’un Kaiminus et d’un Posipi, qui semblait particulièrement agité. Se demandant d’abord pourquoi, le dresseur se rappela ensuite qu’il s’agissait d’un Pokémon Electrique, et que la ville possédait une centrale. Les spécimens un peu jeune avait parfois du mal à contrôler leur puissance face à tant d’énergie, surtout s’il n’y était pas habitué. C’était visiblement le cas du fameux Illumine. La fille se tourna finalement vers Eric et lui lança :
- Tu ne pourrais pas plutôt m'inviter à manger ? Je ne connais pas le coin et je ne dirais pas non pour trouver un restaurant. Assez loin de la centrale, si possible...
Voyant sa chance tourner, le garçon retrouva son vaste sourire. Tiens, voilà qu’elle avait changé d’avis ! Certes, n’importe quel idiot aurait vu qu’elle voulait simplement profiter du jeune homme, mais pour Eric il s’agissait de la preuve que ses belles paroles avaient fonctionné. Il se remémora le plan mental qu’il s’était fait de Voltapolis, visualisant la centrale et se rappelant d’un petit restaurant dans lequel il était aller, et qui se trouvait suffisamment loin pour que le Posipi ne soit pas dérangé. Il fit donc un signe élégant de la main à la demoiselle, et déclara :
- Avec plaisir ! Suivez moi donc, je sais exactement où aller ! Au fait, je me nomme Eric, Eric Looper. Comment puis-je t’appeler, si le tutoiement ne te dérange pas ?
Sentant que sa journée tranquille touchait vraiment à sa fin, Buddy poussa un long soupir de soulagement et posa sa tête contre le crâne de son dresseur. Il ne pouvait décidément jamais passer une journée sans que son maître ne fasse n’importe quoi ! Eric était quant à lui ravi de voir comment la situation avait tourné, et arborait un grand sourire confiant. D’un pas énergique et assuré, il se frayant un chemin dans le dédale des rues, et trouva le restaurant. Une fois devant la terrasse, il s’inclina de façon théâtrale et lança :
- Cela convient-il à Madame ?
Peut-être jouait-il un peu trop la carte du chevalier servant, mais il savait d’expérience que cela faisait généralement son petit effet. Même si les filles trouvaient cela vieux jeu, elles ne pouvaient que craquer devant tant d’attention !
Zut. Je n'ai pas envie de lui donner mon nom. Franchement, il en fait beaucoup trop et je préfèrerais ne pas avoir à le recroiser, alors si possible éviter de lui dire qui je suis, ce serait bien. Ça peut sembler cruel, mais certaines femmes l'auraient déjà frappé à ce stade de son petit jeu de drague. Il ne fait rien de mal, au fond, enfin j'entend qu'il n'a pas encore essayé une approche physique, mais cela n'empêche pas que c'est lourd de se faire parler ainsi. Moi qui n'avait même pas réalisé jusqu'à tout récemment que les hommes étaient ainsi. Mais bon, depuis que je suis sortie de la forêt, on m'a dragué un nombre incalculable de fois, souvent par des hommes saouls. Lui ne l'est pas, mais c'est tout juste si on pourrait le croire tant il agit de façon exagérée.
Je ne sais pas pourquoi j'insiste pour ne pas lui donner mon nom. Peut-être pour rajouter une barrière invisible entre nous. Non parce que je ne veux pas qu'il s'immisce trop dans ma vie, c'est le genre de personne un peu trop insistante qui me déplaît fortement. Je le suis en silence, Illumine et Azuris sur mes talons. Le petit pokémon aquatique tente tant bien que mal de mettre une distance entre Éric et moi, se positionnant entre nous et lui envoyant des regards sévères moindrement qu'il le trouve un peu trop près à son goût. Cela dure jusqu'à ce que nous arrivons enfin au restaurant, où une fois de plus, il joue le serviteur. Je soupire et lui souris sarcastiquement, levant les yeux au ciel alors que je m’assois.
— C'est parfait ! Merci, oh mon chevalier !
On nous jette des regards étranges, à moitié dû aux actions un peu trop exagérées et à moitié parce que je n'ai aucune manière. Je m'appuie les coudes sur la table, mon visage dans l'une de mes mains et cela se voit que je suis ennuyée. C'est presque marrant le contraste entre Éric, qui fait tout pour être galant, et moi, qui lance mes manières par la fenêtre. Même si, on peut dire que draguer une fille qu'il ne connait même pas ainsi, c'est un peu osé. Au moins, Illumine semble un peu mieux, alors je n'ai pas tout perdu à venir ici.
La demoiselle sembla quelque peu embarrassée lorsqu’Eric lui demanda son nom, mais ce dernier ne remarqua bien, concentré sur son trajet dans les rues de la ville. Buddy, qui pouvait l’observer, remarqua qu’elle ne semblait pas tout à fait à son aise, ce qui le rendit plus méfiant. Les humains étaient parfois armés de mauvaises intentions, il avait apprit à ne pas baisser sa garde trop vite. Elle n’avait pas l’air bien dangereuse, mais elle prévoyait peut-être un mauvais coup.
Le jeune homme ne douta pas un seul instant de la véracité des propos de son interlocutrice, qui se nommait donc Olive. Il fallait qu’il trouve de jolies tournures de phrases pour aller avec ce prénom, il allait devoir méditer là dessus. Il arriva donc devant le restaurant, sentant le regard acéré du petit crocodile dans sa nuque mais tâchant de l’ignorer. Les Pokémons pouvaient parfois se montrer très protecteur avec leur dresseur, mais Eric était confiant. La mignonne blonde ne le laisserait pas se faire mordre… Pas vrai ? Il fallait l’espérer.
- C'est parfait ! Merci, oh mon chevalier !
Une fois encore, le garçon ne vit pas le sarcasme dans les paroles de la demoiselle et son sourire redoubla. Il prit place et incita Olive à faire de même. Nonchalamment, il attrapa la carte et la parcouru du regard tout en cherchant un sujet de conversation intéressant. Généralement, lors des premiers instants de séduction, il était conseiller d’orientation la discussion autour de la fille, afin de la mettre en avant. C’était une assez bonne directive, il décida donc d’opter pour celle-ci. Il ne fallait cependant pas faire trop commun en disant simplement “Parle moi de toi”, il fallait être plus malin.
- Ton petit Posipi va mieux ? La centrale l’excite un peu apparemment ! Je comprends, mon Wattouat est pareil, il ne tient pas en place !
Le garçon ria avec légèreté. Trouver des points commun ? C’était fait ! Bon, avoir un Pokémon électrique n’était pas le meilleur point commun à mettre en avant, mais c’était mieux que rien. Il embraya sur autre chose, conscient que la conversation ne se ferait pas toute seule :
- Alors, dis moi, qu’est-ce que tu fais de beau ici, à Voltapolis ? Tu es une dresseuse ?
S’appuyant tranquillement contre le dossier de sa chaise, Eric observa Olive comme s’il s’agissait de la chose la plus importante en ce monde. Et en cet instant, c’était le cas !
Je suis bien moins embêtée par le fait qu’il me parle lorsqu’il s’enquiert de l’état de mon Posipi et mon parle de son Wattouat. Je n’aime peut-être pas parler avec des inconnus -ou avec quiconque en général en fait- de sujets banales, mais lorsque cela concerne le bien-être des pokémons, je suis toute ouie et bien moins froide qu’à l’ordinaire. Seulement Éric décide de changer de sujets et de me questionner sur ma venue à Voltapolis, ramenant ma méfiance habituelle, même si je le suis un peu moins qu’avant.
— Je ne suis pas une dresseuse, non.
Un ton hautain et un air de dégoût trahissent ma haine envers ces gens-là. J’ai rencontré quelques exceptions, dont Jun qui me paraît prendre un très grand soin de ses pokémons, mais la plupart des gens que j’ai rencontré finissait toujours par mettre leurs pokémons dans des situations où ils se retrouvaient blessés, comme les combats. Je n’aime vraiment pas cette façon de faire, ce que tous ceux qui me rencontrent finissent par comprendre.
— Je me promène de villes en villes afin d’en apprendre plus sur les pokémons puisque je veux devenir éleveuse.
Une information qui n’est pas un mensonge m’échappe, mais ce n’est pas si grave. Il n’y a rien de mal à ce qu’il sache ce que je souhaite devenir plus tard. J’éviterai cependant de lui en dire trop sur moi, simplement parce que je n’ai pas du tout aimé sa première approche et que je ne veux pas avoir à subir cela à nouveau, alors moins il en sait sur moi et plus la distance entre nous me semble grande, même s’il n’en aura pas du tout conscience. Ce n’est pas grave, c’est bien plus pour moi que pour lui que je fais ça.
— Et toi, tu es un dresseur en quête d’arènes ?
Et voilà. La question qui tue. S’il me répond oui, il peut être certain qu’il n’aura rien de moi si ce n’est que du mépris. Je n’aime déjà pas qu’on s’approche de moi avec l’intention de me draguer, mais s’il s’agit en plus d’un dresseur, c’est foutu pour lui. Le plus gros qu’il obtiendra de moi, c’est ce repas !
Le visage de la demoiselle se crispa lorsqu’Eric lui demanda ce qu’elle faisait et qu’il évoqua la carrière de dresseur. Avait-il fait une bourde ? En si peu de temps, ce serait un record, même pour lui. Il lui fallait normalement au moins dix minutes de conversation pour mettre le doigt sur le sujet épineux à éviter, rarement quelques secondes. Enfin, plutôt il le trouvait et plus facilement il pouvait l’éviter.
- Je ne suis pas une dresseuse, non.
Bon, au vu de son ton et de sa moue, le sujet épineux était : les dresseurs. Voilà qui était un peu problématique, le but du garçon étant de devenir le Maître de Lumiris. Il allait devoir trouver un moyen d’éviter soigneusement d’évoquer cette partie là de sa vie, ce qui n’allait pas être aisé. Eric se mordilla la lèvre, cherchant un mensonge correct à sortir si jamais elle lui demandait s’il était dresseur. Plusieurs carrières pouvaient être crédibles, comme membre d’une ligue de super héros ou pilote d’hélicoptère. Il allait falloir faire un choix.
- Je me promène de villes en villes afin d’en apprendre plus sur les pokémons puisque je veux devenir éleveuse.
Une éleveuse donc. La fameuse rivalité entre dresseur et éleveur, les uns se concentrant sur les combats et donc sur la puissance des Pokémons, et les seconds se focalisant sur le bien-être des créatures et leur soin. L’un empêchait bien sûr pas l’autre, mais ces deux branches avaient tendance à ne pas trop s’apprécier. Eric s’était toujours davantage intéressé au dressage et au combat, mais il respectait énormément ceux qui vouaient leur vie à s’occuper des Pokémons. Il hocha donc la tête, un sourire intéressé aux lèvres.
- Et toi, tu es un dresseur en quête d’arènes ?
Ah, voilà donc l’instant fatidique. Heureusement, il s’était préparé, et parvint donc à garder une expression décontractée. Il n’avait cependant pas encore choisit le métier qu’il allait prétendre occuper. Buddy, toujours niché sur le crâne de son maître, avait visiblement sentit la tension et se demandait comment son maître allait s’en sortir. Tranquillement, Eric répondit, tout en désignant le Pokémon qui trônait sur sa tête :
- Absolument pas ! Ce petit gars ainsi que mes autres Pokémons et moi travaillons ensemble dans un cirque. Nous cherchons actuellement une nouvelle compagnie pour nous embaucher. Nous faisons des prestations divers ensemble, ça a son petit succès !
Bon, ce n’était pas vraiment épique comme histoire, mais c’était la première chose qui lui était venue. Il se pencha vers la jeune fille, préférant la lancer sur un autre sujet.
- Mais parle moi plutôt de ta vocation d’éleveuse. Je trouve ça fascinant !
Au moins ce n’était pas un mensonge cette fois ! Olive avait l’air d’une femme douce, mais en même temps ferme. Avait-elle pour désire d’ouvrir un refuge pour Pokémon, une sorte de pension où elle pourrait prendre soin des Pokémons blessés ?