histoire

Comme on pourrait s’en douter, la vie de Johnny est loin de susciter les passions. De sa naissance jusqu’à ce jour, ce fut un long fleuve tranquille, comme pas mal de gens au final. Né dans une petite communauté de fermiers à l’est d’Artiesta, la famille de Johnny élevait, et continue encore aujourd’hui d’ailleurs, des écrémeuhs afin de vendre leur lait sur les marchés de toute l’île. Il y avait donc deux équipes bien distinctes dans ce groupement de petites productions familiales : les éleveurs et les commerçants. Tout le monde s’entendait bien, et certains s’étaient installés là depuis longtemps déjà. Néanmoins, tout ce beau monde ne représentait qu’une vingtaine de personnes, tout au plus, et seulement quatre enfants, dont Johnny. Autant dire que pour découvrir le monde, c’est assez limité.

Malgré tout, vers l’âge de six ans, Johnny fut envoyé à l’école la plus proche. Personne ne souhaitait vraiment qu’il y aille, surtout pas lui, mais elle demeurait obligatoire pour tous les enfants de son âge, et peut-être découvrirait-il une passion pour l’érudition ? Raté. Elève atroce, autant au niveau des notes que du comportement, le jeune garçon s’échappait sans cesse de l’école dès que c’était possible pour aller parcourir les plaines nimbées du vent venu de la mer. Les années suivantes furent tout aussi pénible, mais une petite décennie plus tard il en avait terminé avec cette étape de sa vie, de laquelle il avait retiré une sainte horreur des villes, des uniformes, et des doubles décimètres en plastique.

On aurait pu croire qu’il retournerait à la ferme pour aider sa grande famille, mais une surprise l’attendait pour ses seize ans. Un ami de la famille, Stuart Powel, gérant d’une pension pokémon dans les environs de Nemerya, avait amené à la maison l’œuf du galopa de son père. Celui-ci avait été placé là-bas en secret, Turner Père prétextant une maladie du pokémon pour faire taire les soupçons de l’adolescent. Maintenant, il avait l’œuf de deux galopas entre les mains, et il enfermait ce qui allait être son premier pokémon. La joie de Johnny ne connut, depuis, plus de limite. Mr.Powel profita de cette euphorie pour proposer un poste d’apprenti dans sa pension au vigoureux jeune homme, qui accepta sans hésiter. Il était bien trop heureux pour songer que ladite pension se trouvait à seulement quelques sauts de mouche de l’une des plus grandes villes de l’île. Il devrait s’y habituer, de toute manière, l’attraction de l’île étant en plein essor depuis l’ouverture de l’académie pokémon.

Seulement quelques semaines après cet évènement, l’œuf finit enfin par se fendre, puis se briser, laissant sortir un ponyta poisseux, au pelage blanc crème, et qui n’avait pas encore de flammes. Cela ne tarda pas, pourtant, et la première nuit que passa Johnny dans l’étable avec son nouveau compagnon ne fut pas des plus reposantes. Néanmoins, il avait déjà une réelle affection pour ce fragile bébé pokémon, qu’il entreprit de nourrir lui-même pendant les premiers jours de sa vie. C’est qu’on prend vite l’habitude quand on est enfant de fermier.

Il fallut attendre encore un an avant que le ponyta, entre-temps surnommé Faindu par son dresseur, ne puisse porter ce dernier sur son dos. Oh, bien sûr, il avait déjà eu le temps de parcourir l’île sous la surveillance de la famille Turner, mais il allait enfin pouvoir le faire, pour la première fois, au plus près de son dresseur. Inutile de vous décrire la magie de leur première escapade, une éclatante nostalgie enveloppant constamment Johnny qui se rappelait alors les balades sur le galopa du paternel. Depuis ce jour, ce genre de sortie est quotidien. Johnny va au travail avec Faindu, revient avec lui, et entre-temps le pokémon est bien à l’abri dans l’unique pokéball attachée à la ceinture du jeune éleveur.

En parlant de travail, d’ailleurs, la fréquentation de la pension pokémon a eu un drôle d’effet sur Johnny. Le contact avec les clients n’étant pas sa tasse de thé, il a très vite été attaché à s’occuper des pensionnaires de l’établissement, et c’est là qu’il découvrit toute l’étendue des pokémons qui peuplaient l’île. Bien sûr, il en avait rencontré quelques-uns à part écrémeuh durant son enfance, mais c’était bien autre chose que les grodoudous, les rhinocorne, ou même la demi-douzaine d’évolutions d’évoli qu’il a eu l’occasion de voir depuis. Ce travail l’a rendu éminemment curieux, désireux de découvrir d’autres espèces de pokémon et d’en apprendre sur eux pendant qu’il s’en occupe. On lui conseille également d’en profiter pour aller fréquenter d’autres gens par la même occasion, mais chaque chose en son temps.