Dans les bois hurlants, il y avait des bois... Et il y avait des hurlements. Mais, contrairement à ce que l'on pouvait entendre d'habitude en ces lieux, cette fois-ci, il y avait - sur une zone - bien moins de bois qu'autrefois. Et beaucoup plus de hurlements. Des hurlements de douleur, physique. Des sévices corporelles poussés à l'extrême. Il y avait un homme, agenouillé au sol, fixant l'horizon, le regard vide. Dans ses yeux, se reflétaient néanmoins quelque chose. Un grand brasier. Comme un feu de joie. Mais ce feu là, n'avait rien de joyeux. C'était plutôt un feu de l'enfer. Un feu de pénitence. Un feu qu'on allumait pour carboniser quelqu'un ou quelque chose, jusqu'à ce qu'il ne soit plus que miettes. Le visage fermé, il semblait, pour la première fois depuis son retour, vide. Non pas vidé de son énergie, mais plutôt comme si on lui avait ôté le cœur, et que ce n'était qu'un vulgaire pantin sans âme. Voilà. Vous avez une très bonne image de Tim.

De l'autre côté du brasier, il y avait des arbres carbonisés et deux silhouettes qui se distinguaient parmi tant d'autres. Celle d'un Typhlosion et celle d'un Lugulabre. Et, à leurs pieds, plusieurs petits pokémons. Des Pitrouilles pour la plupart. Des Brocélôme et autres créatures des environs. A la merci de deux prédateurs venant les chasser. Bien évidemment, il y avait une raison à ça. Aujourd'hui, il avait envie de voir à une plus grand échelle, ce que c'était, la véritable douleur, la véritable peine, la désolation. Histoire de se l'illustrer, de se l'ancrer, et pourquoi pas, en ressortir plus fort. S'il en ressortait, déjà.

Les cris. Les hurlements de ses bois. La panique. Ils fuyaient, par troupes pour la plupart. Et ceux qui n'étaient pas assez rapides allaient devoir mettre un certain temps et user de rappel max pour pouvoir se relever. Et se relever, ça n'allait pas être quelque chose qu'ils feront de sitôt. La chaleur aidait à le réconforter. Et sur le sol, se trouvait son téléphone. Il n'avait toujours pas répondu au message. L'écran semblait s'être figé, malgré que les minutes elles, passaient.

Désolé, je vais rentrer seule à la maison.

Bien évidemment, il ne lui en voulait pas. Lui aussi n'aurait pas eu le courage d'appeler pour une truc pareil. Il ne s'en voulait pas à lui-même non plus. Il en voulait tout simplement à ce qu'on appelle la vie, vie qu'il était en train de détruire dans ses lieux.

Quelqu'un ou quelque chose s'approchait, et pourtant, il n'avait guère daigné le ou la regarder. Du bruit,
peut être des mots ou des paroles, n'avaient guère arrivés à atteindre ses oreilles. Il entendait une véritable mélasse de mots. Et on pouvait le secouer, le bouger dans tout les sens, que ça n'y changerait rien. C'était peut être un pokémon sauvage, ou un être humain, ça n'y changeait rien. Pour le moment,
il avait juste besoin d'entendre ça. Le cliquetis des flammes qui sortaient de la gueule d'Ajani et les hurlements sinistres de ceux qui tentaient d'y échapper. C'était presque mélodieux.

• Apparition d'un pokémon
• utilisation de la spé type spectre svp.

L’enfer sur terre. Certains avouaient l’avoir déjà côtoyé. En voyant les flammes jaillirent de nulle part, je ne pouvais pas croire que les autres aient déjà réellement vu l’enfer. Je le vivais à l’instant. Il faisait une chaleur étouffante. La fumée noire envahissait les bois. Les hurlements me prenaient aux tripes. Le feu grandissait de plus en plus. Ma vision se brouillait, je devais sortir de là avant d’être engloutie par le mur incandescent qui s’avançait vers moi. Dire que j’étais venue camper. Après la Grotte Givrée, voilà les bois enflammés. Décidément, le destin voulait ma mort. Je commençais même à m’étouffer tellement l’air devenait irrespirable. Cela devenait compliqué d’avancer à travers la mélasse noire et épaisse. Klaus et les autres étaient rentrés dans leur Pokéballs respective. Seule Kyuu était debout à mes côtés. La petite Goupix ne craignait pas les flammes. La chaleur insupportable semblait se rapprocher de nous. Et ces cris… Incessants. Douloureux. Apeurés. Que pouvait-il se passer ? Je cherchais à voir d’où provenait la source de ce brasier. J’avançais péniblement, toussant. J’étais presque obligée de ramper au sol pour éviter de mourir d’étouffement. Kyuu galopait à une vitesse hallucinante et s’arrêtait net quand elle tomba sur deux Pokémons. Deux que je reconnaissais bien. Ils semblaient s’en donner à cœur joie. Je me redressais et courais à travers la brume noircie. Mon visage salit par la suie, les cendres, le désespoir, se décomposait quand je vis Tim au sol. Il était sur ses genoux, presque sans vie. Je dérapais à son niveau afin de le secouer.

- Tim ? Tim ! BORDEL REPRENDS-TOI !

Il ne daignait pas me répondre comme absorbé par le spectacle des flammes dansantes et la mélodie hurlante qui hantait ces bois. Je le secouais, serrais le poing. Prête à lui en coller une. Mais je me ravisais. Ce n’était clairement pas une bonne idée. Quelque chose n’allait pas, et cette peur revenait à moi au pas de course. Mes tripes se tordaient, et une quinte de toux m’attrapait la gorge. Impossible de respirer ici. Il n’y avait qu’une chose à faire. Arrêtez les acteurs de ce massacre. Je n’avais aucun Pokémon pour affronter ces deux là. Il fallait y aller moi-même. Mais c’était sans compter sur Klaus qui sortait de lui-même pour me porter assistance. Il savait qu’il ne faisait pas le poids, mais il n’allait pas me laisser agir seule. J’approchais de Sia avant de m’opposer aux deux. S’ils voulaient continuer, ils allaient devoir me passer sur le corps. Je n’avais pas forcément envie de protéger ces bois, mais il fallait bien que quelqu’un fasse quelque chose. Si cela permettait de me racheter pour toutes les erreurs que j’ai faite par le passé. Et puis, je lui avais promis d’être son soutien. C’était le moment de mettre cette promesse à exécution. J’essuyais mon visage plein de suie afin d’y laisser apparaître la peau blanchâtre et balafré. Mon œil était toujours rougi par les blessures administrées par mon frangin. Cela ne m’empêchait pas de voir qu’un désastre allait se produire.

- TIM, SI TU M’ENTENDS, REDRESSE-TOI ET PARTONS !

Ou tes compagnons ne feront qu’une bouchée de moi… Une ombre apparaissait dans les flammes, au loin. Il fallait l’aider. J’envoyais ma Goupix en reconnaissance afin de la faire approcher de nous. Il fallait la guider hors de ce feu de l’enfer qui sévissait autour de nous. Et si nous ne partions pas, alors nous allions tous finir en rôti. J’attrapais Sia par une chandelle qui en profitait alors pour se rendre intangible. Je tentais une approche du Typhlosion pour l’emmener loin de là, mais son regard ne me disait rien qui vaille. J’étais dans la merde totale. Je ne savais pas comment nous sortir de là, et si je n’agissais pas vite, j’allais finir carbonisée par les flammes qui approchaient de nous… Ou alors par les deux compagnons de mon ami ci-présent. Son regard était toujours vide, mon cœur battait la chamade, j’avais de plus en plus de mal à respirer et mes jambes tremblaient tant l’oxygène manquait à mes poumons. Dire que j’étais venue me ressourcer. C’est râté.

Les ténèbres l'happait, l'engloutissait dans un nuage toxique, noirâtre. En son épicentre, tout était que restes d'arbres calcinés, de pokémons ayant succombés à de grave blessures. Il était malheureux, le monde devait l'être avec lui. Une bouillasse, que dis-je, une mélasse de mots arrivaient à ses oreilles. Mais il n'arrivait à rien en distinguer. Il comptait se laisser abattre. Il était là et las, complètement lassé de la nouvelle qu'il venait d'apprendre. La fumée lui remplissait les poumons, il suffoquait. Mais rien n'y changeait. Il en avait presque une petite larmichette, presque. Plus rien ne sortait, il était totalement vide et vidé de toute énergie qui aurait pu l'alimenter. Son corps était lourd, les connexions étaient difficiles, bouger était un réel supplice.

Puis.
Vint un déclic.
Est-ce que c'était ça, la réaction qu'il devait avoir ?
Est-ce que c'était comme ça qu'on résolvait un problème ?

Certes, il avait plongé, les deux pieds en avant dans la démence, pendant ses quatre mois.
Était-il nécessaire de réitérer ?

A la base, il voulait tout simplement assouvir sa soif de vengeance. Ajani était son bras armé, il usait de ses attaques feu contre des types plantes. Puis, sans vraiment y prêter attention, il avait démarré un sacré brasier. Sia continuait de son côté. Et lui, regardait la scène, sans vraiment la regarder, et sans vraiment décrocher.

D'un grand geste, il élevait son bras droit vers le ciel, poing armé. Poing qui retombe à même le sol, éclatant une branche au passage, qui n'avait rien demandé à quiconque. Ajani se trouvait nez-à-nez avec Liz. Et au lieu de se demander ce qu'elle foutait là, il s'inquiétait plutôt de l'air hautain d'Ajani. Si elle continuait de s'interposer, et bien, elle aura peut être la chance d'avoir le même visage que Tim. Oui, la chance. Parce que la malchance voudrait qu'elle y perde la vie. Le dresseur fit un signe à son compère. Ses yeux reprirent de leurs éclats. Il y avait une tierce personne à côté, dont il ignorait totalement le nom, qui crachait ses poumons. Lui également d'ailleurs. Il remarquait tout juste que la forêt était à feu et à sang. Il avait trop longtemps était un simple spectateur. A présent, il allait devenir un acteur.

Dans sa tête, cette phrase. "Putain... Qu'est-ce que j'ai foutu?" qui tourne en boucle.

Le bonhomme se ressaisit, prend son téléphone et le remet dans sa poche. Il se lève tel un seul homme, torse bombé, et s'engouffre à travers les flammes. Lui aussi, avec sa gueule brûlée, était comme Ajani et s'y sentait en son élément. Ni une ni deux, il fit comprendre à Ajani qu'il fallait décamper, et que la survie du groupe était prioritaire. Ajani acquiesçait. Il s'était bien amusé, maintenant, il fallait foutre le camp.

Mais, c'est lorsqu'il vit le Brindibou tenter de s'envoler, peinant comme pas possible, qu'il comprit.
Il comprit, tardivement, qu'il venait de commettre une grossière erreur. Alors, l'espace de quelques secondes, il s'était dit qu'il lui devait quelque chose. Il lui devait la vie, une protection, afin que plus jamais il ne se retrouve dans un merdier pareil sans rien avoir demandé. C'était un mélange de maladresse et de tristesse qui l'avait emparé quelques temps plus tôt. A présent, il avait comprit qu'il fallait réagir autrement. Ce fut une véritable claque dans la gueule.

▬ Partez. Je reviens.

Il toussait, crachait ses poumons. Et pourtant, même si physiquement il était à bout, c'était sa tête et sa mentalité d'acier trempée qui le faisait avancer. Tim arrivait à passer du coq à l'âne niveau émotions. Il était plutôt lunatique, il pouvait déforester un lieu pour se venger et la minute d'après, réaliser que c'était une connerie, et tenter de risquer sa vie pour se rattraper.

Ce fut un électrochoc. Il avait demandé la main d'une infirmière pokémon, qui allait certainement perdre un sacré paquet de temps et d'énergie à soigner tout les blessés, blessés qui sont entièrement de sa faute. Sans véritablement le vouloir, ils avaient engendré quelque chose de leurs relations. Un petit bonhomme ou une petite bombasse allait en sortir. Et finalement, la vie avait récupérer ce qui lui était de droit. L'ascenseur émotionnel était violent. Et alors ? Qu'est-ce qui pouvait l'empêcher aujourd'hui, de la prendre dans ses bras, de la réconforter, lui dire que tout allait bien, et se préparer cette fois-ci, se préparer comme il le faut, à engendrer quelque chose de leurs relations ? Et bien, à dire vrai, rien ne les empêchait.

Il s'était ressaisit. Difficilement, avec peine. Mais pour en sortir plus fort. Son air était déterminé. Il affrontait les flammes pour sauver le Brindibou sauvage, dont il ne connaissait ni le nom ni les motivations. Et à ce moment précis, il se dit que pour commencer à se racheter, il allait en faire sien. Il allait le protéger. Le nourrir comme il se doit. L'élever. Tim voulait réparer ce qui venait de se briser en lui, le boulot commençait dès maintenant.

• lancer d'une pokéball sur Brindibou. (reste 18)

Le brasier semblait se nourrir de tout l’oxygène aux alentours. Il grandissait. Se mouvait toujours plus rapidement. Et le spectacle n’en était que plus palpitant. Mais je n’étais pas là pour mourir. Pas aujourd’hui. Ni demain. Je me sentais revivre. Il n’y avait que dans les moments pareils qu’on pouvait retrouver l’adrénaline nécessaire à la survie. Cette façon qu’a le corps de nous faire comprendre qu’il était temps de décamper était magistrale. Courir ou mourir. Marche ou crève. C’était exactement le principe actuellement. L’ombre que j’avais remarqué quelques instants plutôt fit son apparition sous la forme d’une jeune femme. Merde, je ne pouvais pas la laisser périr ici. Elle s’était approchée du ténébreux aux yeux vides avant de lui dire qu’il fallait déguerpir d’ici. Autrefois, le brun avait commencé à brûlé. Etait-ce ainsi qu’il souhaitait finir sa vie ? Carbonisé jusqu’à ce que poussière naisse de son corps ? Il fallait que je le sorte de là, ainsi que la demoiselle. Nous étions trois dans une pagaille terrible. Enfin, c’est ce que je pensais. LE feu s’étendait toujours plus, touchant des parcelles inaccessibles et invisibles depuis notre position. Qui sait si d’autres personnes ne sont pas prises au piège.

Avant que je n’agisse, je vis une nouvelle lueur pétiller dans les prunelles du jeune homme. Double face avait enfin retrouvé la raison. Je fixais toujours son Typhlosion, prête à tout. Puis, il lui fit un signe et la tension était redescendue d’un cran. Ce qui n’était pas le cas de l’enfer grandissant derrière nous. Plusieurs Pokémons s’alliaient pour tenter de réduire les dégâts. C’était louable, et courageux de leur part. Cependant, ce n’était pas suffisant. Un Brindibou tentait la fuite. Il avait tout compris. Un Natu usait de ses forces psychiques pour retarder l’inévitable. Un effort futile. De l’autre côté, un Brôcelome souhaitait sauver ses alliés. Tout comme nous étions entrain de faire. J’approchais en toussant et en crachant un liquide noir, mes poumons se remplissaient de fumée. C’était mauvais signe. Je regardais le brun dans les yeux avant de lui dire, essoufflée.

- T’as intérêt à sortir de là, sinon je viens te rechercher au fond de l’enfer pour te botter le derche. Je t’en fais la promesse.

C’était de circonstance. Mais j’espérais bien le voir sortir de là. De notre côté, il fallait qu’on sauve ces créatures. Elles ne pouvaient pas rester là à subir les conséquences d’un épisode de folie humaine. Je m’approchais de la demoiselle, il fallait que l’on s’éloigne un peu, juste pour chercher un peu d’air frais avant de revenir sauver tout ce qu’on pouvait. Personnellement, c’est ce que je comptais faire. Klaus s’approchait, tendant la main. Je pouvais monter sur ses épaules, et il pouvait attraper la demoiselle dans ses bras. Le Machopeur chromatique était costaud, et nous porter serait un challenge bien trop simple. Je faisais en sorte de me rapprocher de la jeune fille afin de lui parler. Je devais user le moins d’air possible.

- On va s’éloigner un peu, pour respirer. Il ne faut pas qu’on reste ici. En ce qui me concerne, je reviendrai ici pour ramener le grand brun. Libre à toi de faire un choix ensuite. Mais il faut qu’on respire avant tout, ou personne ne sortira d’ici.

J’écoutais les hurlements qui se distordaient à mesure que le feu gagnait en puissance. Je demandais alors à Klaus d’aider les petits Pokémons d’abord. J’avais encore assez de force pour m’extirper de ce merdier. Même si je toussais à la mort, que mes poumons me suppliaient de les laisser périr en paix, je me battrai.

L'apocalypse ressemblait donc à ça, en quelques sortes. Une vaste étendue de terres boisées, dévastée dans un torrent de flammes haineuses. Le glas était sonné, il n'en avait pas pour très longtemps avant de trépasser, enfin, sauf s'ils se magnaient le cul pour en sortir. C'est ce qu'avait fait Liz et l'autre fille. Pour Tim, c'était plus compliqué...

Un peu plus tôt dans la journée...

Réveil matin, pas facile, gueule dans le cul, le froid pénètre le salon. Allongé, il passe le bras droit sur le côté pour attraper quelque chose. Mais il n'eu rien, si ce n'est un coussin vide. Effectivement, elle devait bouger dans la journée. Dommage que ce fut si tôt. Il fait une petite moue avant de se mettre à l'action. Se lever, prendre une douche, sortir. Chaque élément de cette maison lui rappelait sa belle, et chaque parcelle de cette maison avait quelque chose à y voir. La panière vide, qui jadis débordait de leurs deux fringues. L'armoire, trop grande pour un seul homme et toujours trop vide vu le peu de choses qu'ils trimballaient tout le deux. Une chemise de bûcheron au sol, appartenant à sa douce. La baignoire, dans laquelle ils avaient passé un bon moment. Bref. Tout lui renvoyait à elle, et étrangement, même si ça lui était bénéfique, en y étant seul, ça l’oppressait. Alors, il sort histoire de prendre l'air. Et là, une fois arrivé au bois pour faire son petit footing, ce fut le drame. Un message était arrivé. LE message, était arrivé. Ni une ni deux, il libérait Ajani & Sia de leurs pokéballs. Mêlant tristesse à mélancolie, il leur fit comprendre qu'il voulait détruire quelque chose de beau aujourd'hui. Des pokémons sauvages pour la plupart. Jusqu'à ce qu'une petite étincelle de trop fit démarrer la combustion de la forêt. Des herbes sèches un peu partout, du feu, et ça avait dégénéré. Et sur le coup, au lieu de s'arrêter et mettre les voiles, son esprit était brouillé. Il n'avait plus la force de bouger, de se lever, de mettre fin à tout ça ou au moins, de se barrer. Au lieu de ça, il avait une fière représentation de ce qu'il ressentait. Le tableau était carbonisant, des flammes de colère s'échappaient par grandes trombes. Plus rien n'avait de sens ni de goût. Les herbes, la vie, les pokémons, lui. Surtout lui.

A présent.

Un élan d'espoir, peut être. Sauver une vie, se racheter une conduite. Arrêter d'être le spectateur de ce funeste sort, et essayer d'en ressortir grandi, plus fort, torse bombé. Tim avait presque enfilé sa cape de super-Tim lorsqu'il bravait les flammes. Sa gueule était déjà à moitié brûlée, et ça ne l'avait pas empêcher de reconquérir un cœur. Alors, même si son cœur et tout son être était à feu et à sang, ça ne l'empêchait pas de continuer à vivre. Il y avait toujours un espoir. Le jeune homme avait retiré son T-shirt pour l'appliquer au niveau de sa bouche. Cela faisait un peu tampon avec les suies, le monoxyde de carbone, le dioxyde de carbone, et toutes les autres merdes qu'il respirait en restant ici. Car, il fallait le savoir, mais 80% des gens qui décèdent dans un incendie, c'était à cause de la fumée qu'il respirait. Et les autres 20% finissaient cramés jusqu'à la moelle, comme une viande sur le grill.

Il toussait. Il était proche de la fin. Il avançait à tâtons, passant là où il y avait des brèches. Mais à la fin, des brèches, il y en avait presque plus. Il s'arme d'une pokéball et la lance sur le Brindibou. La capture réussi. Miracle ? Peut être pas. Il était mieux dans une sphère que dans la nature, vu l'horreur qu'était devenu son habitat. Au moins ici, il pourrait être en paix. Ceci étant, Tim s'écroule. Plus de force. Plus assez d'air. Ses jambes ne répondent plus. Sa vision se brouille, tout devient noir, et plus rien... Une force l'attire et le déplace à vitesse grand V. Inconscient, sa main serrait naturellement la pokéball qui s'y tenait en son sein. Même dans cet état, il n'avait pas envie de le laisser tomber. Il se raccrochait à lui, inconsciemment, comme il se rattachait à la vie.

Ajani arrive en fier héros, torse bombé, Tim posé comme un sac à patates sur lui. Il galopait sur ses quatre pattes à travers les flammes pour enfin, arriver au niveau de Liz et l'autre fille. Un peu à la manière d'un lapin pour dire bonjour, il leur assène un petit coup de museau et dépose Tim à terre. Il s'assied à ses côtés et attend le réveil du garçon. Mais le feu s'approche... Et il n'a pas d'autres options que lui mettre des petits coups de pieds dans la tête pour le réveiller. Trivial comme réveil, ouais. Mais bon, ça fonctionne. Il ouvre les yeux, enfile sa pokéball à la ceinture pour la garder avec lui et tend la main à Ajani pour l'aider à se relever. Il marmonne, cependant, dans sa barbe.

▬ Un jour, je me vengerais de toi, saloperie.

Merci pour le bridibouille

Tout semblait s’éloigner à vue d’œil. Les flammes, les cris, la peur, la vie. Tout disparaissait derrière nous. Courir semblait la plus facile des solutions. Même si cela me demandait de puiser dans mes dernières forces, je ne souhaitais pas y laisser ma peau ici. Je n’avais pas souhaité une mort de la sorte. Klaus avait beau jouer les gros durs, il savait y faire quand il fallait sauver des miches. La jeune fille dans ses bras, moi sur ses épaules. La course contre la faucheuse avait débuté il y a quelques minutes. Le brasier semblait avancer tout aussi rapidement que nous. Dévorant la vie et les derniers souffles de milliers de Pokémons. Et peut-être même celui de mon ami. Je ne voulais pas y penser. Il fallait juste trouver un endroit où l’air était moins étouffant qu’ici. Au bout de quelques mètres de courses, le ciel s’était éclairci, la vision devenait plus claire aussi. Le souffle reprenait un sens. Je respirais à plein poumons, toussant au passage, les derniers morceaux de fumée noire. Cependant, le combat n’était pas terminé. Il fallait arrêter cet enfer. Ce mur incandescent qui ne demandait qu’à supprimer toute chose que mère Nature aurait créée. Puis, je me rappelle de la phrase de la demoiselle. Certes, on ne se connaissait pas, mais je pouvais comprendre son envie de nous voir tous sortir en vie.

- Je vais y retourner, mon ami n’est toujours pas sorti du brasier. Je ne pars pas sans lui. Et crois-moi, tu n’auras pas de cadavres sur la conscience.

C’était comme une promesse que je lui faisais. Je ne souhaitais pas la voir vivre avec ma mort sur la conscience. Il n’y avait rien de pire que de continuer son chemin avec un fantôme sur le dos, surtout quand on n’y était pas préparé. Je commençais donc à m’avancer vers les flammes qui souhaitaient nous happer tel de vulgaires insectes. Puis un couple d’oiseau s’écrasait devant nous. Pauvres créatures, l’une d’elle avait l’aile brûlée, l’autre faisait tout son possible pour le sauver. Je regardais la jeune fille. Nous étions dans le même cas, les blessures en moins. J’appelais Klaus afin qu’il sauve ces deux créatures pendant que je fonçais droit vers la mélasse noire. La différence de température entre l’endroit que nous avions atteint avec la jeune demoiselle et ici était monumentale. Je n’y voyais rien, mes yeux pleuraient tant la fumée était agressive. J’avais envie de hurler le nom de Grayson, mais l’air me manquait. Je ne pouvais plus retourner sur nos pas. A moins d’avoir envie de suffoquer. Chose qui se passait progressivement. Je m’accroupissais au sol, bras devant mes voies respiratoires et reculais progressivement. Merde. Et s’il était mort là-bas ? Qu’allais-je dire… Non ! Ce n’était pas le moment de penser à tous ces malheurs. Le brun s’était sorti de situations plus dangereuses. Il avait déjà affronté les flammes, y avait déjà survécu, et les avais dompté. Il n’allait pas succomber à un brasier.

Je venais de reculer sur quelqu’un. La demoiselle était là, prête à en découdre avec l’enfer. Je lui faisais signe de retourner au point de départ. Il fallait qu’elle comprenne que c’était trop tard, et peine perdue. Autant sauver ce qui pouvait l’être encore. Une fois à l’air presque libre, car oui, le feu ne s’était pas heurté à un mur invisible qui l’arrêterait, je me tournais vers la jeunette.

- Retourner là-bas est impossible, la fumée est de plus en plus épaisse, toxique, et les flammes avancent plus vite que nous. Bientôt, nous seront prises au piège. Sauvons ce qui vit encore, et fuyons. Tim est certainement…

Je ne finissais pas ma phrase car un Typhlosion venait nous saluer, le grand brun sur son dos. Je savais qu’il ne périrait pas ici. Je n’avais pas perdu espoir, même si je pensais bien que c’était nos derniers instants. Il semblait cependant inconscient, je m’agenouillais à ses côtés avant de voir que le pyromane tapotait dans la tête de son compère pour le réveiller. Ce qui avait fonctionné. Je l’avais entendu marmonner quelque chose, mais ce n’était pas le moment pour chercher l’embrouille.

- Tu te sens d’aplomb pour avancer ? Les flammes nous encerclent, si on ne trouve pas vite une solution, on va pourrir ici.

Merci captain obvious, ce n’était pas suffisant de le vivre, il fallait que t’en rajoute une couche. Mais je n’avais pas le choix que de presser mes compagnons. Le temps nous manquait cruellement. La mort se rapprochait, sourire aux lèvres, prête à nous embraser et nous accueillir dans ses bras glacés.

Reprendre ses esprits n'était guère une chose aisée dans le contexte actuel. Étant tombé dans les pommes plus tôt, le jeune homme s'était levé après avoir reçu quelques coups de pattes provenant d'Ajani. Celui-ci avait un grand sourire aux lèvres, montrant qu'il était à la fois content et heureux de réveiller son maître de cette manière. Celui-ci ne payait rien pour attendre. Ceci étant, ils avaient tous d'autres préoccupations que le dressage de pokémons colériques, dans une forêt qui était en train de prendre feu. Il installait son attirait - notamment la sphère bicolore qu'il tenait entre les mains - au niveau de sa ceinture pour être certain qu'elle ne puisse se mouvoir dans leur courses, et il entreprenait d’échafauder un plan. Son seul et unique plan était de libérer Lilith, sa Viskuse Chromatique aux chatoyantes couleurs de noël - et du coca-cola - afin de l'utiliser comme "tampon" face à l'incendie.

▬ Arrose tout ce que tu peux avec tes attaques Tourniquet. Cela évitera la propagation rapide, l'humidification va être un frein à la déforestation... Enfin je crois.

Gagner du temps, ré-humidifier l'air pour qu'il devienne respirable, mouiller un peu tout ce qui bouge, balancer de la flotte par-ci par-là, bref, l'idée était plutôt bonne. Et même si le brasier avançait, l'attaque tourniquet était un grand frein, réduisant de moitié la puissance de propagation et du feu en lui-même. Il ne s'arrêtait pas, mais à présent, sur le long terme, il allait être contenu. Il suffisait maintenant de trouver autre chose. Il n'y avait guère de lac, et c'était regrettable. Il avait une soif d'enfer. De par la chaleur environnante, mais aussi, de par son ivresse. Car oui. Il s'était enquillé une demi-bouteille avant de laisser les deux types feu s'enguirlander, déclenchant un incendie par la suite. Son téléphone n'était plus fonctionnel pour le moment, le réseau était mort, tout comme sa batterie. Décidément, quand ça ne veux pas, ça ne veux pas.

Mais il restait de l'espoir. L'espoir dans sa pokéball, l'espoir de pouvoir survivre, l'espoir de minimiser le danger à présent. La chromatique au double type eau et spectre tournoyait sur elle-même, projetant de grosses rasades d'eau dans tout les sens, à 360°. Et derrière eux, elle inondait progressivement leurs fringues, qui commençaient à être trempés. Et ça avait le don d'agacer Ajani, qui grimaçait, grinçait des dents tout en portant son dresseur sur son dos. Il était à quatre pattes, Tim complètement à la renverse dessus, les yeux qui fixaient le ciel nuageux, un épais nuage de fumée l'empêchait de voir au travers, ne pouvant guère contempler le panorama aujourd'hui. Par la suite, ayant écouter l'idée de l'ado dont il n'avait clairement aucune idée du nom, il décidait de libérer son Motisma, Harleen de son nom - afin qu'elle puisse user de son Brouhaha pour essayer de faire venir quelqu'un à la rescousse. Espérons que les secours n'étaient pas loin... Parce que plus le temps passait, et plus c'était compliqué de garder les yeux ouverts. Ses yeux piquaient, certainement à cause de la fumée et des flammes qu'il avait franchi tantôt. Il se laissait doucement bercer par le mouvement d'Ajani qui le transportait. La chromatique continuait d'inonder tout ce qu'elle pouvait, jusqu'à l'épuisement. Et finalement, les flammes semblaient être derrières, franchissant en peu plus difficilement les mètres qui séparaient celles-ci même du groupe de dresseurs. Un précieux gain de temps.

Les flammes de l’enfer nous léchaient le dos depuis un bon moment maintenant. Le jeune homme était réveillé, prêt à en découdre. Ou presque. Il n’avait pas du tout l’air en forme. La chaleur, la fumée, et certainement qu’il avait bu pour une raison obscure dont j’ignorais tout. Mais je savais que la vérité était proche. Rien ne me résistait et surtout pas Tim Grayson. Il finira par me raconter ce brin de folie qui dévastait la forêt entière. En attendant, notre survie restait notre besoin primaire. Et la jeune fille eût une idée brillante. Tout comme double face. De mon côté, je réfléchissais. Je n’avais ni Pokémon maîtrisant l’eau, ni Pokémon bruyant. Une équipe au poil. Viskuse arrosait ce qu’elle pouvait afin de ralentir la progression du feu. Une idée qui fonctionnerait pour un temps, nous laissant ainsi un peu de répit. Sans pour autant nous arrêter de courir, il libérait son Motisma. Celui qui m’avait donné du fil à retordre à la centrale. Celui-là même. Et il libérait un brouhaha assez puissant pour être entendu sur des kilomètres. Klaus eût une idée avec Chuck, c’était risqué, mais cela pouvait fonctionner. Le Sinistrail se rendait tangible et attendait que Klaus se prépare à user de sa puissance de combat après une jolie clairvoyance. Il se concentrait avant de frapper l’ancre de toutes ses forces et lorsqu’il retombait au sol, un fracas retentissait dans tous les bois. Une onde de choc nous soulevait par la même occasion, et soufflait même quelques flammes. Chuck semblait sonné, et je le fis revenir dans sa Pokéball, mais au moins, le bruit parcourait encore des kilomètres, attirant certainement quelques personnes pour nous porter secours.

- Maintenant, nous n’avons plus qu’à prier pour un peu d’aide. Notre héros apocalyptique semble en mauvaise posture, il faut se trouver un abri. Les flammes ont ralenties, et l’air est plus respirable ici.

Et c’était peu dire. Un Medhyena semblait affamé et me sautait dessus pour prendre appui, tentant alors de dévorer un oiseau. Sans grand succès. Il me regardait de ses petits yeux, je n’avais pas grand-chose à lui donner. Mais je ne pouvais pas le laisser là, à mourir comme tous les autres. Je m’abaissais afin de le prendre dans mes bras. Décidément, c’était la journée du sauvetage. Je m’arrêtais quelques instants afin de lui faire grignoter un peu de sucre. Puis je lui présentais une pokéball. Soit il décidait de me suivre, et il aurait une vie merveilleuse, à moins que nous décédions tous en ce jour funeste. Ou alors, il refusait et mourrait dans tous les cas puisque l’écosystème de la forêt venait de brûler. C’était un choix à faire. Et s’il n’était pas bête, il allait me suivre. Enfin, elle. Car la créature était une femelle.

- Il y a un endroit qui semble sûr, en contrebas. Allons-y et patientons. J’ai quelques vivres pour tenir, profitons d’un moment de répit pour nous reposer. Nous ne tiendrons pas longtemps à cette allure.

J’avançais jusqu’au fameux endroit en contrebas. Le sol s’était effondré et formait un trou facile à atteindre, sans se blesser. Nous n’avions pas le choix, la fatigue commençait à prendre tout le monde et Tim semblait mal en point. En revanche, nous n’avions pas des heures. Si nous avions ne serait-ce qu’une poignée de minute pour nous poser, c’était un plus. Cependant, il fallait que je laisse Klaus en haut afin de nous prévenir lorsque le feu reprendra des forces. Car tôt ou tard, il allait ressurgir pour nous dévorer. Je n’espérais pas rester mourir ici, mais une fois en bas, je demandais au Pokémon teigneux du ténébreux de le poser. Je prenais une bouteille d’eau avant de lui en verser doucement sur le visage et faisait tout pour le faire boire. Je me tournais aussi vers la demoiselle.

- Il y en a une autre dans le sac si tu le souhaite. Sers-toi, et prends de la nourriture aussi. Il faut reprendre des forces tant que nous le pouvons encore.

Un conseil, un ordre, elle le prenait comme elle le voulait. Mais je n’allais pas me priver de dévorer une barre chocolatée. Du sucre rapide pour des forces immédiates. Je surveillais Klaus, qui ne semblait pas s’inquiéter de l’arrivée des flammes. Est-ce qu’une force surnaturelle aurait eu pitié de nous ? Je n’y croyais pas vraiment.