L’air côtier, l’embruns de la mer, la lente montée et descente du bateau sur le vagues, c’est juste génial !
Mais, remettons un peu les choses dans le contexte !
Il y a de cela quelques semaines, j’ai vu une annonce qui demandait de l’aide pour une expédition sous-marine : matériel fournit, trajet payé et frisson garanti !
A Hoenn, j’avais toujours rêvé de faire de la plongée ! Découvrir des ruines d’anciennes civilisations, visiter des épaves… Et en plus c’était l’occasion de passer du temps avec Miloxyloto ! Que demande le peuple ? Je ne sais pas, mais moi j’en demande pas plus !
En plus, après avoir échangé nos numéros de téléphones l’autre jour, Mae et moi avons un peu continué à discuter - d’oeufs choses et d’autres. Lorsque je lui ai dit que j’allais participer à cette expédition, elle a eu l’air assez intéressée pour que je lui propose de m’accompagner. Résultat, je ne suis même pas seul !
Du coup je suis installé à la proue du bateau de l’historien qui nous a engagés, une sorte de chalutier aménagé pour la plongée et l’archéologie. Fatigué d’avoir à voler, Chunchun s’est posé sur ma tête. J’ai essayé de le convaincre de m’attendre à la maison, mais rien à faire ! Du coup, il m’attendra ici le temps que je remonte. J’espère qu’il ne causera pas trop de soucis aux marins…
Non loin derrière, Milo se prélasse sur le pont, au soleil. Elle a reprit de la confiance, depuis qu’elle a évolué, mais j’espère réussir à lui faire passer un nouveau cap avec cette histoire !
Quoi qu’il en soit, on devrait pas tarder à approcher de notre point de chute. Excité comme un poux, je me dirige vers les cabines pour me changer. Je croise Mae à l'entrée de celles-ci, et lui adresse un sourire rassurant :
Mae peinait à tenir en place. En elle, se disputait l’excitation et l’anxiété, comme bien souvent malheureusement. Quelques jours auparavant, alors qu’elle discutait par message avec Sanzo, ce dernier lui avait parlé d’une excursion qu’il comptait faire au Chenal 110, en faisant de la plongée. La demoiselle avait répondu avec enthousiasme, et le garçon lui avait alors proposé d’en faire parti. Elle avait été très touchée d’être invité, et l’idée de cette expérience était plutôt intéressante, mais elle n’avait jamais pratiqué la plongée, et craignait d’être en difficulté. Elle avait cependant accepté, bien trop heureuse de pouvoir revoir son ami. Lors de leur première rencontre, le jeune homme et elle s’étaient plutôt bien entendu, et avaient longuement discuté autour d’un joli panier de pâtisserie. Suite à cette rencontre, ils avaient échangés de nombreuses messages, pour prendre régulièrement des nouvelles. Sanzo n’était pas avare en question au sujet des oeufs, un vaste sujet qui les avait bien occupé lors de leur rencontre. Il semblait à présent plus à l’aise avec la question, ce qui avait vite soulagé Mae. Elle lui faisait confiance pour prendre soin de son oeuf, mais elle craignait qu’il ne panique, et qu’il ne fasse des erreurs de débutants, qu’il pouvait naturellement éviter.
L’éleveuse se trouvait donc à présent sur un bateau, et ce dernier se dirigeait vers le lieu où ils allaient plonger. Ce n’était pas uniquement pour le plaisir que les deux jeunes gens allaient s’adonner à cette activité. Sanzo avait repéré l’annonce d’un chercheur qui semblait avoir trouvé l’emplacement d’une épave, et qui cherchait des courageux pour aller à sa rencontre. Mae ne se considérait pas vraiment comme la définition même de “courage”, mais elle avait accepté malgré tout. Elle avait fait d’énorme progrès en la matière depuis le début de son aventure, et même depuis la dernière fois qu’elle avait vu Sanzo ! Sans doute serait-il étonné de la voir plus confiante, moins tremblante. Enfin, elle continuait de rougir pour tout et n’importe quoi, et était grandement incapable de prendre des décisions sans y avoir réfléchi au moins une vingtaine de minutes au préalable, mais c’était toujours ça de gagner ! Et puis, Mae sans sa timidité légendaire et sa maladresse, ce n’était plus vraiment Mae. C’était ce que ses parents lui répétaient souvent, avec leur tendresse coutumière. La jeune fille s’efforçait donc de garder confiance. Apparemment, Sanzo l’appréciait malgré ses défauts, elle pouvait aujourd’hui le considérer comme un ami.
Après être resté un moment sur le pont, la demoiselle était descendue dans les cabines pour se changer. On leur avait prêté le nécessaire pour la plongée, ainsi qu’une combinaison. La jeune fille grimaça en constata que cette dernière collait énormément à la peau, ce qui n’était pas des plus agréables. Après quelques mouvements, elle s’habitua au contact, et sortit de la cabine. Sur la palier, elle croisa Sanzo, qui était sans doute aller faire de même.
- Alors, prête pour le grand bleu ?
Mae esquissa un sourire, espérant avoir l’air confiante. Son inquiétude devait cependant se lire dans le fond de ses yeux, elle ne savait pas mentir. Elle lâcha alors un petit soupir, baissa les yeux un instant, puis se redressa, un nouvel éclat dans le regard. Pas question de se laisser décourager, elle devait le faire ! C’était une grande expérience, pas question de cracher dessus.
- Je suis un peu nerveuse, mais ça va aller ! Heureusement qu’on le fait ensemble, je ne sais pas si j’aurai eu le courage de faire ça seule !
Elle retourna sur le pont, et le bateau s’arrêta. Ils étaient visiblement arrivé à destination. Pendant que le pilote plaçait l’ancre, le scientifique vint à leur rencontre. Il leur expliqua rapidement qu’il s’agissait de l’emplacement où ses satellites, avaient détectés la présence d’une épave, et qu’il n’y avait plus qu’à plonger pour s’en assurer. Mae se tourna vers le jeune homme, qui avait lui aussi enfila sa combinaison, et se dirigea vers les bouteilles. Eh bien, ce n’était plus le moment de faire demi tour. Une fois entièrement parée, elle pivota vers Sanzo, pour chercher du courage dans ses yeux.
- On se lance ?
Elle n’attendait que signal pour se jeter à l’eau, essayant de mettre de côté toutes ses inquiétudes.
« Je suis un peu nerveuse, mais ça va aller ! Heureusement qu’on le fait ensemble, je ne sais pas si j’aurai eu le courage de faire ça seule ! »
Elle a l’air un peu hésitante, mais je la comprend :
« Haha, c’est vrai que je maintenant qu’on y est, je me sens un peu impressionné. Mais je suis sur que ça va bien se passer. »
Enfin, j’espère. J’aurais pas l’air fin sinon.
J’entre dans la cabine pour me changer, et découvre avec beaucoup d’embarras que c’est bien plus moulant que ce à quoi je m’attendais. J’ai l’impression d’avoir enfilé une deuxième peau, c’est troublant. Sans parler des palmes avec lesquelles j’ai vraiment pas l’air malin - si Gerugeruni était la, il se moquerait joyeusement de moi. J’abandonne l’idée de les utiliser tant qu’on est sur la bateau, je les mettrais avant de plonger.
Ce qui ne va pas tarder, vu que le bateau s’est arrêté.
De retour sur le pont, je vois Milo qui regarde le ciel avec anxiété, à la recherche d’un quelconque prédateur qui viendrait la chercher. Je pense qu’elle ne se rend pas encore compte de sa nouvelle taille…
Je lui caresse la tête pour la rassurer avant d’aller récupérer les derniers équipements de plongée : la bouteille d’oxygène, bien sur, mais également un dispositif pour nous permettre de communiquer, Mae et moi, par textos sous l’eau et enfin un appareil photo pour rapporter des preuves.
Nous sommes fins prêts. Milo se laisse glisser dans l’eau avec un plaisir non feint : ça se voyais depuis qu’on était à bord qu’elle en mourrait d’envie. Personnellement, j’ai une petite boule dans le ventre, mais l’excitation est plus forte que l’anxiété pour une fois : je vais visiter une épave sous l’eau !
Mae se tourne vers moi :
« On se lance ? »
Je vois dans ses yeux qu’elle n’est toujours pas entièrement rassurée, mais je trouve le fait qu’elle se force à avancer très courageux de sa part. Je m’assois sur le bord, à coté d’elle et lui propose :
« Ensemble ? »
Elle hoche de la tête.
« On y va à trois ! Prête ? »
Nouveau hochement de tête. On enfile tous les deux nos masques. Je suis tendu, et Mae aussi, je le sens. C’est une grande première pour nous deux. Je prend la main de Mae dans la mienne, en veillant à ne pas trop la serrer.
Je ne sais même pas pourquoi je l’ai fait. Pour la guider ? Pour la rassurer ? Ou peut-être pour me rassurer moi-même ? Je ne sais pas trop. Je n’aurais jamais osé ça en temps normal. L’excitation me donne des ailes, je m’en rends bien compte.
Allez. Il est temps d’y aller. J’articule tant bien que mal à travers le masque :
« Un. Deux. Trois ! »
A trois, je nous laisse tous les deux tomber en arrière. Un cours instant de chute, et puis soudain.
Plus rien.
Le calme.
Les sons qui me semblaient normaux un instant plus tôt me semble assourdissants face au silence dans lequel nous nous retrouvons, uniquement troublé par nos respirations. La lumière perce le plafond irrégulier de l’eau pour se diffuser comme une aura dans ce monde ou la pesanteur semble avoir oublié ses propres règles.
Je lâche la main de Mae pour la laisser libre de ses mouvements. Une Milo toute contente viens nager autour de moi, gracieuse dans toute sa splendeur, splendide dans toute sa grâce. La lumière du ciel se reflète sur ses écailles, diffusant une douce aura verte autour d’elle. Elle chante quelques notes que la déformation de l’eau semble rendre mystiques.
Heureux de la voir aussi épanouie, je la serre brièvement dans mes bras. Après m’être assuré que tout va bien pour Mae, je lui envoie :
Assis au bord de l’eau, les deux jeunes gens se préparaient à se jeter à l’eau. Mae sentit dans le regard de son ami que ce dernier était avec elle, à cent pour cent, et qu’il ne l’abandonnerait pas. Cette certitude la rassura, quelque part, et calma légèrement les pulsations nerveuses de son coeur. Elle prit une grande inspiration, pour achever de s’apaiser. Elle avait déjà nagé en eau profonde, ce n’était pas la première fois. La demoiselle avait passé une grande partie de sa vie sur une île après tout. Mais là, avec un masque, des bouteilles, et la perspective de partir explorer une zone enfouie, tout paraissait plus effrayant. Elle se concentra sur Sanzo, qui prit la parole.
- Ensemble ? On y va à trois ! Prête ?
Elle hocha la tête, et sentit la main du garçon attraper la sienne. Ce contact l’étonna, mais elle s’y accrocha avec une certaine ferveur. Tant que son ami était avec elle, ils ne pourraient leur arriver. Sans doute était-ce une réflexion idiote et dénuée de sens, un peu comme l’idée que les parents peuvent toujours protéger leurs enfants, mais cette étrange certitude faisait du bien à la jeune éleveuse. Elle entendit son camarade entamer le décompte, enfila son masque, et se prépara. Sauter était toujours le plus difficile. Une fois dans l’eau, tout irait bien, mais encore fallait-il avoir le courage de s’élancer. Mae ne pouvait pas reculer cependant, elle devait le faire. Lorsqu’elle entendit le mot “trois”, un grand calme s’empara d’elle. Doucement, et pourtant si vite, les deux jeunes gens basculèrent dans l’eau, comme propulsé par une énergie inconnue. La chute ne dura qu’un instant, avant que l’eau ne les entoure, les enveloppe, dans une sensation de paix absolue.
Mae garda les yeux fermés plusieurs secondes, et les rouvrit finalement. Elle avait bêtement retenu sa respiration, oubliant qu’elle était équipée de bouteilles. Se souvenant de ce détail, elle inspira plusieurs fois pour se rassurer, et fut rapidement rassuré. Tout fonctionnait parfaitement, comme lors des test sur le quai. La demoiselle réalisa que le garçon tenait toujours sa main lorsqu’il la libéra, pour se tourner vers sa Milobellus, qui prenait également part à l’aventure. La présence du magnifique Pokémon apaisa l’éleveuse. En cas de problème, ils pourraient toujours compter sur elle, elle en avait la certitude. Un peu plus confiante, Mae esquissa quelques mouvements, se sentant rapidement à l’aise. Elle n’était pas une spécialiste de la natation, et les palmes la rendaient plus maladroites, mais elle avait tout de même une certaine pratique de la neige en mer. Une vibration sur son flan attira son attention. Il s’agissait du petit appareil qu’on leur avait confié avant qu’ils partent, et qui leur permettait de communiquer entre eux dans l’eau.
- C’est le pied ! Allez, on y va ! ;)
Mae aurait bien voulu sourire, mais le câble dans sa bouche l’empêchait d’avoir une expression adéquat. Elle hocha donc la tête et s’arma à son tour de l’appareil pour lui répondre quelques mots.
- Oui, c’est parfait !
Elle entama de nager vers le fond, suivant les directives que le scientifique leur avait donné. Elle avait tâché d’écouter le plus attentivement possible, et espérait ne pas avoir manqué une information importante. L’épave devait se situer à une dizaine de mètre en dessous d’eux, ce qui faisait un peu de nage à effectuer. Ce n’était cependant pas extrêmement profond, en comparaison avec le reste de l’océan. Pour leur niveau de plongée - assez bas donc - cela allait cependant demander un petit effort. Mae se répétait les consignes que les maîtres plongeurs leur avait donné avant qu’ils partent : faire attention aux paliers de respiration, ne pas se précipiter, respirer doucement. En cas de danger, ils pouvaient communiquer avec le bateau, où d’autres bouteilles d’oxygènes pouvaient leur être envoyé. Ils ne risquaient rien, en somme.
C’était ce que l’éleveuse ne cessait de se répéter, alors qu’elle battait des pieds et des mains pour avancer. Elle se rendit néanmoins compte, au bout de plusieurs minutes, qu’ils ne s’étaient même pas éloignés de la surface, comme si leurs efforts étaient inutiles. Une sorte de force invisible les empêchait d’avancer, exerçant une étrange pression sur eux, sans qu’ils ne s’en aperçoivent. Mae se tourna vers Sanzo, interrogative.
- C’est étrange, on avance pas. Tu le sens toi aussi ?
Ce fut lorsqu’elle entendit un étrange ricanement que sa curiosité se transforma en inquiétude. Elle tourna sur elle-même, en quête d’une explication, mais autour d’eux il n’y avait que de l’eau. Toujours et encore de l’eau.
Ce calme, la faible pression des courants aquatiques sur mon corps, la pesanteur altérée et l’impression de flotter, tout ça me donne une impression de plénitude comme j’en ai rarement ressenti.
Sans parler de l’excitation de visiter cette épave ! J’ai tellement hâte d’arriver au fond ! J’en oublierais presque de faire mes paliers si Mae n’était pas la pour modérer l’allure -une bonne chose, mais je trépigne quand même.
Mais, tout à mon plaisir de nager, je ne me rends pas compte que le temps passe et passe et que quelque chose cloche. C’est finalement Mae qui va éveiller ma curiosité avec un message :
“ C’est étrange, on avance pas. Tu le sens toi aussi ? ”
Surprit, je me retourne vers la surface. Effectivement, on n’en est encore séparés que d’une dizaine de mètres. Ça fait pourtant un bon moment qu’on nage, on aurait du atteindre la fond - ou presque.
Fronçant les sourcils, j’essaye de plonger un peu plus profondément, en prêtant attention à mon environnement cette fois ci. Je ne remarque rien au premier abord, mais décèle finalement une légère résistance au niveau de mes épaules, avant de me rendre compte que je remonte plus que je ne plonge.
Pas de doute, il y a quelque chose d’étrange. Un ricanement résonne dans l’eau. Je me redresse dans le bon sens - bon, faut avouer que c’est le coté pas pratique d’être dans l’eau - les sens aux aguets.
Bon, je me force à respirer tranquillement, parce que j’ai pas une réserve d’air illimitée - et surtout que c’est vraiment pas le meilleur endroit pour paniquer. Je détache la lampe de poche de ma ceinture et commence à tourner sur moi-même à la recherche de la source de ce rire.
Un mouvement capte mon regard et j’aiguille immédiatement mon faisceau dans cette direction, mais il n’y a déjà plus rien. Mon coeur commence à s’accélérer et je sens ma respiration s’alourdir, mais je fais de mon mieux pour garder mon sang froid.
On est dans la mer après tout, c’est normal qu’il y ait des créatures autour de nous… pas vrai ? Mais je sens une présence dans mon dos. Je fais volte-face pour me retrouver nez à nez avec une dentition qui ferait palir d’envie un Mysdibule !
De peur, j’en lâche ma lampe torche qui commence à couler lentement vers le fond pendant que j’agite des pieds pour m’éloigner de mon “agresseur”. Celui-ci s’échappe d’ailleurs à nouveau, sans que je puisse voir de lui autre chose que sa couleur rosée - enfin je crois, les couleurs sont légèrement altérées sous l’eau.
Sanzo n’avait pas l’air à l’aise non plus. Mae ne pouvait deviner son expression, avec son masque devant les yeux et son tuba dans la bouche, mais ses mouvements devenus saccadé l’inquiétait un peu. Elle aurait préféré le voir serein et détendu, cela aurait peut-être apaisé ses propres craintes. Et si un véritable danger pesait sur eux ? La jeune fille regardait autour d’elle, cherchant d’où pouvait venir cet étrange ricanement. Un Pokémon était-il en train de leur tourner autour ? L’éleveuse tenta de se rappeler quel genre d’espèce pouvait représenter une menace dans les eaux profondes, et elle pensa aussitôt à Sharpedo. A Alola, les maîtres nageurs qui surveillaient les côtes rappelaient toujours qu’en présence d’un Sharpedo, il fallait garder son calme. Ses Pokémons n’attaquaient que s’ils se sentaient menacer, il fallait donc éviter les mouvements brusques en leur présence. Généralement, ils se montraient curieux et pouvaient s’approcher, mais les humains n’étaient pas une proie pour eux, à moins de se trouver sur leur territoire de chasse. La demoiselle se concentra pour respirer calmement, et pointa sa lampe torche très doucement d’une direction à l’autre, cherchant du regard la présence de la massive créature.
Un mouvement dans l’eau attira enfin son attention. Elle se figea, et cru voir un éclair rose passer devant elle, à vive allure. Avec cette teinte, ce n’était pas un Sharpedo, cela ne faisait aucun doute. Elle se figea, le coeur battant soudain la chamade. Elle se tourna vers Sanzo, pour l’alerter, mais ce dernier avait visiblement vu le Pokémon. Il battait furieusement des palmes, comme pour échapper à quelque chose.
- Tu a vu ça ?
Il avait écrit son message précipitamment, et semblait particulièrement inquiet. Mae ne pouvait que partager ses craintes. Elle se glissa à son côté, faisant d’énormes efforts pour ne pas céder à la panique. Elle aurait peut-être préféré un Sharpedo, au moins elle aurait su à quoi s’attendre. Là, elle n’avait aucune idée de ce qui pouvait bien rôder autour d’eux. Le ricanement se fit entendre à nouveau, et un mouvement à sa droite attira son attention. Mae se tourna très lentement, et cette fois, elle vit le Pokémon clairement. Ses écailles roses, jaunes et bleues, ses grands yeux mauves, et ses canines tranchantes comme des lames de rasoirs. Un Denticrisse. Instinctivement, la jeune fille s’agrippa à Sanzo, sachant très bien que ce dernier ne pourrait pas l’aider grandement. Ces Pokémons pouvaient broyer la coquilles des Kokiyas à l’aide de leur dent, autant dire que leur fragile peau d’humain ne ferait pas long feu. Était-il dangereux pour autant ? La petite voix intérieur de l’éleveuse lui hurlait qu’évidemment, qu’il allait les dévorer. Pourtant, si le Denticrisse avait voulu les manger, il l’aurait déjà fait n’est-ce pas ?
Et s’il voulait simplement s’amuser ? Il s’agissait d’un Polémon de type Psy, il pouvait utiliser ses pouvoirs pour les empêcher d’avancer, et ainsi leur faire une farce. Très lentement, pour ne pas énerver la créature, Mae écrivit un message à son ami, évitant de se tourner vers lui.
- Je ne sais pas s’il nous veut du mal. Peut-être Milo pourrait nous aider ?
Elle se rendit compte qu’elle était toujours agripper à lui, mais ne bougea pas. Elle craignait qu’un seul geste brusque n’agace le Pokémon, et que ce dernier ne passe à l’attaque. Elle coula un regard vers le Millobelus, et pria pour que ce dernier, Pokémon aquatique également, puisse communiquer avec le Denticrisse sans l’énerver.
Enfin, pas vraiment, mais le mal est fait, j’ai effrayé tout le monde : la tension est à son comble et Mae comme moi sommes en alerte. Elle s’est même rapprochée de moi, par sécurité. Milo s’est mise à décrire des cercles autour de nous, pour nous protéger.
Le premier moment de surprise passé, je me force à réfléchir : pourquoi est-ce qu’il joue avec nous ? Est-ce qu’il n’a pas eu assez d’occasions de nous attaquer ? Et surtout, est-ce qu’on a moyen de profiter de ça pour lui échapper ?
Me tirant de mes pensées, Mae s’agrippe à moi, et je suis son regard pour voir notre agresseur : un poisson aux couleurs bariolées et à la dentition… au moins impressionnante. Je n’ai jamais vu ce pokémon, mais si ce truc la décide de nous attaquer, on fera pas long feu.
Vibrations, message. Je le lis pendant que la créature apparaît et disparaît de notre vue.
“ Je ne sais pas s’il nous veut du mal. Peut-être Milo pourrait nous aider ? ”
SI il nous veux du mal ? Hmmm, c’est vrai qu’il ne nous a toujours pas attaqué, alors qu’on est totalement à sa merci… ça peut valoir le coup d’essayer, surtout que Milo a déjà prouvé qu’elle savait se défendre.
J’attire son attention d’une petite tape sur son long corps serpentin. Comment lui expliquer ? Je la pointe elle, puis le poisson, avant de lever un pouce. Plutôt clair, non ?
Non. Elle me regarde, perplexe, puis ses longs cils commencent à se dresser : est-ce qu’elle doit l’attaquer ?
J’agite des mains négativement : “non non non” ! On serait à la surface, je soupirerais - mais si on était à la surface, je n’aurais pas besoin de lui expliquer ce que je veux avec des signes. Après quelques essais infructueux, je fini par lui faire comprendre ce que je veux - elle, lui, poignée de main, pouce en l’air.
D’où je viens, les Milobellus sont réputés pour être capables de mettre fin à n’importe quel conflit par leurs simple présence. Enfin, c’est ce que ma mère m’a raconté le jour à j’ai ramené Milo à la maison - pauvre petite chose blessée et disgracieuse. J’imagine que c’est le moment de tester les légendes ?
D’un élégant tourniquet, Milo s’approche du pokémon qui, d’abord méfiant, fait une petite manoeuvre vers l’arrière. Mais Milo est patiente. Elle le charme de sa Voix Enjôleuse, l’attire de ses gracieux mouvements. Rapidement, le “prédateur” se laisse aller à faire quelques gestes lui aussi.
Alors qu’il baisse sa garde, Milo lui donne une petite tape sur le nez du bout de la nageoire avant de s’en éloigner. D’abord surprit, le poisson comprend très vite le principe du jeu et se met à poursuivre Milo pour la toucher à son tour - je le soupçonne d’utiliser ses pouvoirs pour tricher un peu, mais avec une dentition comme la sienne, qui l’en empecherait, pas vrai ?
Je m’autorise enfin à être soulagé. Je ne m’étais pas rendu compte d’à quel point j’ai été tendu pendant tout l’échange. Je pose une main rassurante sur le bras de Mae qui tiens toujours le miens et lui fait un petit pouce en l’air - je crois que je commence à devenir bon, à cette histoire de langage des signes.
Les deux jeunes gens n’en menaient pas large. Sur la terre ferme, l’éleveuse aurait tenté de gérer la situation en tendant la main au Pokémon, en lui proposant de la nourriture, ou quelque chose du genre. Mais dans l’eau, elle se sentait bien plus démunie, et fragile. Elle n’était pas vraiment dans son élément, et elle savait qu’un seul moment de panique pouvait lui être fatal. Si elle respirait trop vite, elle viderait ses bouteilles avant d’être arrivé au bateau, et elle ne donnait alors pas cher de sa peau. Sanzo ne semblait pas plus confiant. Il venait de lire le message de la jeune fille, et essayait de faire comprendre à son Millobelus qu’il devait tenter de faire ami-ami avec le Denticrisse. Il n’était pas aisé de communiquer sans pouvoir parler avec des mots, et le magnifique serpent des mers ne pouvaient pas lire leur message écrit. Il tentait donc de lui exprimer son idée avec des gestes, qui semblaient laisser le Pokémon assez perplexe. Mae elle-même devait reconnaître que les gesticulations de son ami n’étaient peut-être pas d’une grande clarté, mais elle s’abstint de tout commentaire.
Milo sembla finalement comprendre où le garçon voulait en venir, et s’approcha gracieusement du poisson, qui le regardait d’un air méfiant. Les deux Pokémons se tournèrent autour, puis la Millobelus lança une attaque Voix Enjôleuse, ce qui sembla apaiser les craintes du Denticrisse. Mae ne pouvait détacher ses yeux de la scène, hypnotisée par la nage pleine d’élégance du partenaire de Sanzo. Il s’agissait vraiment d’un très beau spécimen, chromatique qui plus est, et ce dernier semblait très bien s’en sortir avec son camarade poisson. L’instant d’après, ils jouaient ensemble, au grand soulagement des deux adolescents. La jeune fille restait encore un peu sur ses gardes, mais elle se sentait immensément rassurée. Heureusement que son ami avait eu la bonne idée d’emmener son Pokémon ! L’éleveuse ne possédait pas d’équipier de type Eau, et c’était une lacune qu’elle allait devoir combler très prochainement. Pour l’heure, elle remercia intérieurement sa bonne étoile, ce n’était pas aujourd’hui qu’elle finirait manger par un gros poisson tout rose ! Elle espérait par ailleurs que ce jour ne viendrait jamais, ce n’était pas une aventure qu’elle souhaitait vivre.
Elle manqua de sursauter en sentant la main de Sanzo sur son bras, et constata que même si le danger était passé, elle ne l’avait pas lâché. Il leva son pouce, en signe qu’ils étaient en sécurité, et la demoiselle se sentit rougir, réalisant qu’elle se trouvait vraiment très près du garçon. Elle le lâcha, gênée, et fut heureuse que son masque cache ses joues en cet instant. Elle sentit son appareil de communication vibrer, et constata que le jeune home venait de lui écrire.
- On devrait être tranquilles maintenant !
Elle hocha la tête, constatant avec une légère surprise que le Denticrisse paraissait réellement bien s’entendre avec la Millobelus. Cette dernière s’était donc fait un nouvel ami ! Le poisson à la belle dentition allait-il se joindre à eux pour leur exploration des profondeurs ? Cela semblait probable, en effet. Ils venaient de gagner un allié non négligeable, ils n’allaient pas s’en plaindre. Le petit groupe se remit donc à nager, et Mae se sentit soulagée de pouvoir avancer activement. Cette fois, les forces psychiques du poisson rose ne les empêchaient plus de se déplacer, ils allaient pouvoir atteindre l’épave en un rien de temps ! La jeune fille tentait cependant de ne pas se précipiter, elle n’oubliait pas les paliers, et se montrait attentive. Une simple erreur d’inattention, et la pression bloquerait leur respiration, et risquerait de les faire s’évanouir. Elle veillait également à ce que Sanzo ne se montre pas trop précipité, même si son enthousiasme était mignon.
Après plusieurs minutes de nage, aux côtés du Millobelus et du Dentirisse, Mae aperçu une forme sombre, plus bas. Elle plissa les yeux et braqua sa lampe torche dans sa direction. Elle ne croyait pas se tromper en devinant la coque du navire qu’ils étaient supposés trouver. Elle s’immobilisa et fit un signe de la main à Sanzo, avant de lui envoyer un message.
- Je crois qu’on a atteint notre destination ! Essayons de trouver une entrée.
Cette épave semblait être devenu un repère de choix pour tout un écosystème de Pokémon. Des Kokyias s’étaient agglutinés sur la coque, des Ecayons sortaient de part et d’autres de minuscules fissures, et quelques Tentacool nageaient tranquillement autour. Le navire était d’une taille assez impressionnante, il devait forcément y avoir un moyen d’entrer à l’intérieur. Les deux jeunes gens commencèrent à faire le tour du bateau, et Mae remarqua qu’un hublot plus grand que les autres s’étaient brisés, laissant suffisamment d’espace pour un corps humain pour passer. A l’intérieur, il faisait terriblement noir. La lampe torche dirigé vers l’obscurité, déglutissant difficilement. Son courage commençait à l’abandonner. Elle se tourna vers Sanzo, espérant qu’il prendrait les devants, et guiderait la voie dans la pénombre.
Oh… Et bien ça s’est même encore mieux passé que ce que je pensais ! Voila que le pokémons nous accompagne jusqu’à notre destination, comme c’est aimable !
Sur le chemin, lui et Milo continuent leur jeu de chat et de la souris (version avec moins de poils et plus d’écailles), tandis que Mae et moi reprenons notre descente. Maintenant que notre nage n’est plus entravée, on avance à bon train - malgré les escales occasionnées par les paliers de plongée - et c’est au bout d’une dizaine de minutes qu’on aperçoit enfin notre destination : une gigantesque épave se fondant dans le fond marin.
Sans rire, elle est ENORME ! Je veux dire : je savais que c’était le cas, mais le voir, c’est autre chose ! Elle doit bien faire quelque chose comme 200 mètres de long ! Mais qu’est-ce qui peut bien faire couler un truc pareil ? C’est bien l’un des objectifs de notre excursion !
“ Je crois qu’on a atteint notre destination ! Essayons de trouver une entrée. ”
Et bien, c’est la que ma mission de reporter commence ! Je prend quelques photos de l’épave avant de m’approcher à la suite de Mae.
Depuis les années qu’il est la, le navire à commencé à servir de refuge à la faune et la flore ambiante : algues, poissons, crustacés, tout le monde semble y trouver son compte ! Tant et si bien qu’il est même impossible de trouver la moindre trace du nom du bateau sur la coque. Encore quelques photos, mais rien de concluant.
En soit, on a encore aucune preuve qu’il s’agisse bien du bateau qu’on cherche. J’espère qu’on pourra trouver de quoi effacer tous les doutes une fois dedans - même si bon, deux épaves de cette taille au même endroit, ça serait quand même une sacré coïncidence.
Mae fini par nous dénicher un hublot brisé laissant assez de place pour rentrer - on a pas vraiment envie d’avoir à casser des choses nous même, tout doit rester dans le meilleur état possible.
Un coup de lampe torche dans l’ouverture ne révèle pas grand chose. Il va falloir rentrer pour en savoir plus ! Je vois Mae hésiter, puis se tourner vers moi. Pas de soucis ! Je prend les devants ! Depuis qu’on a vu l’épave, j’ai le pouls qui s’accélère d’excitation. Enfin ! Une véritable aventure, comme dans les films ! Quelle classe !
“ Je vais passer devant, tu peux me tenir le passage éclairé ? ”
Je me glisse ensuite à l’interieur, prenant garde à ne pas me couper sur les bords tranchants du hublot. Une fois dedans, un rapide coup d’oeil me permet de comprendre qu’on est dans un couloir qui semble longer le flanc du navire. Au vu de la mécanique apparente, je doute que ce soit une partie ouverte au public.
“ A ton tour, fait attention à ne pas te couper ”
Je tiens la lumière pour que Mae puisse passer à son tour. Viendra ensuite Milo - et son nouvel ami, s’il souhaite se joindre à nous.
Par chance, le garçon semblait moins inquiet que la demoiselle, il paraissait même plutôt excité. Mae aurait aimé partager son enthousiasme, après tout ils avaient découvert un bateau gigantesque, sans doute écrasé dans les fonds marin depuis belle lurette. C’était plutôt électrisant, il fallait le reconnaître. L’éleveuse avait simplement du mal à se laisser submerger par cette émotion, rapidement dominé par ses craintes. La présence de son ami l’apaisait néanmoins, son expression joviale l’encourageait à se montrer optimiste.
- Je vais passer devant, tu peux me tenir le passage éclairé ?
Elle hocha la tête, et dirigea le faisceau lumineux vers le hublot brisé, essayant d’ignorer sa peur de l’obscurité. Elle avait la sincère impression que la pénombre allait l’aspirer dans un autre monde si elle s’enfonçait à l’intérieur. Elle regarda Sanzo se faufiler dans le bateau, son regard soudainement attiré par les bords coupant du hublot. Elle n’avait pas remarqué jusque là, mais ce n’était peut-être pas l’entrée la plus sûre. Ils n’avaient cependant pas un temps illimité, leur bouteille ne leur permettait pas de rester sous l’eau des heures. Puisqu’ils n’avaient pas le choix, autant se lancer.
- A ton tour, fait attention à ne pas te couper.
Mae respira doucement, et nagea jusqu’à son camarade, prenant garde à rester éloignée du verre qui dépassait. Une fois à ses côtés, elle regarda autour d’elle, braquant sa lampe de part et d’autres du couloir dans lequel ils semblaient être. Elle remarqua assez rapidement une première porte, et se demanda de quel côté du bateau ils pouvaient être. Le navire qu’ils avaient trouvés était vraiment vaste, ils devaient pouvoir contenir des centaines de personnes, en plus de l’équipage. La demoiselle se tourna vers Sanzo, sentant que la curiosité prenait le dessus sur son inquiétude.
- On essaye de trouver le poste de pilotage ? On trouvera sans doute des informations sur le bateau là bas.
Elle n’avait cependant pas la moindre idée de comment se diriger dans un bateau. Enfin, elle était déjà montée sur des petits voiliers de plaisancier, à Alola, mais jamais dans un paquebot de ce gabarit. Elle pouvait cependant estimer que la cabine de pilotage se trouvait à l’avant, et ils se trouvaient sur le côté. Cela ne devait pas être bien difficile à trouver ! L’éleveuse s’approcha d’une première porte, et hésita avant de l’ouvrir. Savoir où ils se trouvaient les aideraient à se repérer pour la suite, mais quelque chose la retenait.
- Tu crois qu’on trouvera des "gens" ?
Elle avait terriblement hésité sur le dernier mot, l’écrivant avec une lenteur démesurée. Elle ne pouvait pas se résoudre à penser que si le navire se trouvait ici à présent, c’était sans doute qu’il avait coulé. Combien de personnes avaient perdu la vie dans ce naufrage ?
Mae a traversé à son tour le hublot : on est officiellement dedans.
‘ On essaye de trouver le poste de pilotage ? On trouvera sans doute des informations sur le bateau là bas. ’
Je lui fait un ‘ok’ de la main, pas besoin de s’embêter à écrire pour un message aussi simple. Elle prend les devants en s’apprêtant à ouvrir une première porte, mais s’interrompt avant de le faire.
Elle commence à m’écrire un message, mais je la vois hésiter sur un mot. Je reçois finalement :
‘ Tu crois qu’on trouvera des "gens" ? ’
Oh la douche froide ! J’avoue que j’avais pas pensé à ça ! Si ce navire est au fond de la mer, c’est pas quelqu’un qui l’a mit la pour la déco ! Idiot, idiot !
Bon, essayons de réfléchir : le scientifique ne nous a pas parlé de cette éventualité. Pour ne pas nous effrayer ? Non, il aurait été obligé de nous en parler, pas vrai ? C’est le moment où je me rend compte que j’aurais peut-être dut me renseigner sur le sujet avant de me lancer la dedans…
Un peu tard pour ça. Concentrons nous sur l’instant présent :
‘ Je ne pense pas, on nous aurait prévenus. ’
J’hésite sur la marche à suivre. Je doute qu’on trouve ce qu’on cherche ici. De ce que j’ai comprit de l’architecture du bateau, on est un peu trop bas. Le poste de pilotage devrait se trouver en hauteur, pas vrai ?
‘ Essayons plutôt de trouver des escaliers qui montent ’
Je passe derrière elle en lui donnant une petite tape rassurante sur l’épaule. J’avance sur quelques mètres avant de m’arrêter à nouveau :
‘ Oh, et hésite pas à me prévenir sur tu trouve un plan du bateau, ça nous faciliterais la tache ! ’
L’expression atterrée de Sanzo ainsi que sa longue hésitation indiquèrent à Mae qu’il n’était pas plus avancé qu’elle sur le sujet, ni plus à l’aise. Cela ne rassura pas la demoiselle, qui commençait à réellement s’inquiéter. Elle savait qu’elle ne risquait rien, face à un cadavre, ce n’était pas comme s’il allait se relever et tenter de la manger, comme dans les séries à la mode, mais elle n’était vraiment pas à l’aise avec cette idée. Le bateau avait du couler des décennie dans le passé, les corps avaient du se désagréger depuis le temps. Il ne restait peut-être que des squelettes. Ce n’était pas plus rassurant, en vérité.
- Je ne pense pas, on nous aurait prévenus.
Elle lu la réponse du garçon plusieurs fois pour tenter de s’apaiser. Oui, il avait raison, le scientifique aurait abordé ce point s’ils avaient du le prendre en compte. Mae tenta d’évaluer ce qu’il pouvait bien rester de cadavre après quasiment un siècle passé sous l’eau, et elle détermina que cela devait s’évaluer à pas grand chose. Ils trouveraient peut-être des objets ayant appartenus à ces personnes cependant, et ce n’était pas plus joyeux. A quoi s’attendait-elle à acceptant de visiter une épave ? Ce n’était pas une sortie scolaire bon sang ! Elle secoua la tête, et tâcha de prendre sur elle. Elle devait se préparer à toute éventualité, et garder son calme, comme avec le Denticrisse. Les deux Pokémons aquatique étaient par ailleurs à leur côté, ce qui était rassurant, malgré l’apparence un peu effrayante de celui qui s’était joint à eux. L’éleveuse était contente de ne pas le compter dans son équipe, celui là.
- Essayons plutôt de trouver des escaliers qui montent
Ils se détournèrent donc de la porte, qui attisait la curiosité de la jeune fille mais l’inquiétait également. Elle était contente de reporter cette étape à plus tard. Ils auraient tous le temps pour des mauvaises surprises, après tout. Sanzo avait raison, s’ils voulaient trouver le poste de pilotage, ils allaient devoir monter. D’un point de vue logique, le capitaine du navire devait pouvoir voir en hauteur pour observer l’ensemble de la situation lorsqu’il dirigeait le bateau. Elle sentit la main du garçon effleurer son épaule, et sentit l’appareil vibrer pour lui annoncer un nouveau message.
- Oh, et hésite pas à me prévenir sur tu trouve un plan du bateau, ça nous faciliterais la tache !
Elle hocha la tête et regarda autour d’elle tout en nageant le long du couloir. Des portes s’enchaînèrent, toutes identiques. L’éleveuse devina qu’il devait s’agit de cabine de passagers. De simples chambres sans doute, rien qui vaille le coup d’être visiter, de son point de vu cependant. Sanzo semblait le partager, car il ne s’arrêta pas. Arrivé au bout du couloir, ils se heurtèrent à la première porte qu’ils ne pouvaient éviter. Cette fois, Mae décida de prendre les devant et l’ouvrit, sans réfléchir. Plus elle se posait de question, plus elle s’inquiéter. Si elle gardait la tête vide, elle évitait de céder à la panique. Par chance, derrière la porte se dessina un escalier, qui menait vers l’étage supérieur. Elle se tourna vers le jeune homme, et lui fit un signe du pouce, assez soulagée. Ils s’engagèrent donc, montant assez rapidement grâce à leur palme, et se retrouvèrent dans un nouveau couloir, qui se séparait en deux cette fois-ci. La logique aurait voulu qu’ils se séparent pour chercher plus vite, mais la demoiselle n’avait pas vraiment envie de se retrouver toute seule. Elle jeta un coup d’oeil nerveux à son ami, le questionnant du regard.
Elle finit par se décider, se rappelant qu’ils n’avaient pas un temps infini à leur disposition. Elle s’engagea dans la première bifurcation, s’assurant que Sanzo suivait toujours, et décida d’ouvrir une porte. Il s’agissait d’une simple cabine, rien de bien grandiose. Un lit, dont les draps avaient été gonflés et gondolés par l’eau, une table qui flottait ainsi que des petits objets, comme figé dans le temps. Mae tenta de ne pas trop s’en émouvoir, et referma la porte. Elle remarqua alors qu’au sol, enfermé dans un cadre de verre, se trouvait ce qui ressemblait à un plan du bateau. Elle le ramassa, et le montra à Sanzo.
- Voilà qui devrait nous aider !
Elle le regarda attentivement, essayant de deviner où ils se trouvaient, et où pouvait être la cabine du capitaine. La carte était ancienne, mais par chance, protégée par le verre, elle ne s’était pas imbibée d’eau. Du bout du doigt, elle indiqua ce qui lui semblait être leur position, et écrivit.
- J’ai l’impression qu’on est ici.
lle déplaça son doigt vers un point, plus haut, où elle avait l’impression de lire le mot “capitaine”, mais l’écriture était quelque peu effacée.
- La cabine de pilotage devrait se situer là. Ce n’est pas très loin.
Elle regarda autour d’elle. Cela correspondait. Ils avaient juste à monter deux escaliers, et ils y seraient ! Que trouveraient-ils là dedans ? C’était une autre question, et elle n’avait pas la réponse. Peut-être des documents qui prouveraient qu’il s’agissait bien du bateau, mais si ces papiers existaient, ne seraient-ils pas abîmé par l’eau ? Ils allaient devoir trouver la cabine pour en être sûr. De toute façon, ils avaient toujours l’appareil pour prendre des photo.
Mae nous a trouvé une carte, quelle chance ! Après analyse, on est assez proches de la cabine de pilotage, juste deux étages à monter.
Eclairant la carte pour essayer d’y voir plus clair, je finis par comprendre un peu la topographie du navire. J’en profite pour prendre une photo de la carte, au cas elle viendrait à s’abimer. Encore quelques instants et je repère la cage d’escaliers, cachée derriere l’une des portes qu’on a croisé.
Je guide la marche arrière jusqu’à la porte et entreprend de l’ouvrir - en espérant qu’il n’y ai pas de… de “gens”. Petit problème, la “porte” est en réalité un sas, fermé par une manivelle gripée et rouillée jusqu’à l’os. Ça va être coton de l’ouvrir - surtout que je ne suis pas vraiment axé sur la muscu, et je pense pas que Mae soit mieux dotée que moi sur la question… Je galère pendant une bonne minute avant de sentir une soudaine facilité. Tournant la tête, je comprend que c’est le Denticrisse qui utilise ses pouvoirs pour me faciliter la tache !
Je lui fait un petit merci de la main avant de me remettre au travail. Encore quelques tours, et la porte est déverrouillée - mais toujours rouillée, haha ! Plus qu’à l’ouvrir ! La porte offre une nouvelle fois résistance, mais Denticrisse semble en avoir asses d’attendre. Avec ses pouvoirs Psy, il ouvre la porte un grand coup et un immense appel d’air se produit, m’aspirant à l’interieur et me projetant sur les premières marches.
Je suis un peu sonné, mais je fais signe à Mae que tout va bien. Plus de peur que de mal. Je lève les yeux pour comprendre ce qu’il s’est passé : le sas a visiblement permit de préserver l’air dans une grande partie du bateau. Heureusement que ce n’est pas trop profond, sinon les vitres se seraient probablement toutes brisées sous la pression de l’eau !
Gravissant les dernières marches avec autant de grâce que le permettent mes palmes. Une fois à la euh… “surface”, je retire prudemment mon masque. L’air est saturé d’une odeur d’algues et de saumure, mais semble plutôt respirable… Je ne sais même pas comment c’est possible !
« Si je m’attendais à ça ! »
J’ai presque faillit l’écrire, par réflexe ! L’excitation reviens dans mon esprit. J’aide Mae à monter les marches - parce qu’il faut quand même avouer que c’est pas pratique - tout en lui faisant signe qu’elle peut enlever son masque - ce qui est un peu bête, parce qu’elle peut le voir…
Grâce au plan, les deux jeunes gens parvinrent à rapidement trouver la direction à prendre pour rejoindre l’escalier qui les mènerait vers les étages supérieurs. Après avoir traversé un nouveau couloir, ils déboulèrent devant une porte, qui semblait définitivement close. Sanzo s’acharna ce qui sembla être une éternité sur la poignée, la tournant dans tous les sens, sans qu’il n’y ait le moindre changement. Mae commençait à désespérer, ne sachant guère que faire pour l’aider, lorsque le verrou se leva, comme par magie. La jeune fille se tourna vers Denticrisse, qui semblait passablement agacé par le temps que les humains mettaient à ouvrir le passage. Ce fut finalement le poisson et ses pouvoirs psychiques qui forcèrent la porte, leur ouvrant la voie. L’éleveuse fut soulagée, elle ne pouvait s’empêcher de regarder le compteur qui indiquait combien d’oxygène il leur restait. Elle savait qu’ils avaient de la marge, mais elle ne voulait prendre aucun risque, ni pour elle, ni pour son ami. Elle comptait regagner la surface bien avant qu’ils ne soient en difficulté. Il était hors de question d’attendre trop longtemps et de faire quelque chose d’idiot.
Alors que le passage était libre, le jeune homme s’engagea le premier, et tomba à la renverse, tête la première. Mae le suivit du regard, estomaquée. En s’avançait, elle se retrouva elle aussi attiré par la pression, et comprit qu’il s’agissait là d’une poche d’air. Elle parvint à éviter la chute en se retenant contre les murs, et suivit Sanzo du regard. Celui-ci avait ôté son masque, et grimpait les marches avec une démarches de Couaneton, pieds écartés, mis en difficulté par ses palmes. La demoiselle eu du mal à se retenir de rire. Elle retira elle aussi ce qui lui permettait de respirer, et prit une étrange bouffée d’air.
- Si je m’attendais à ça !
Il lui tendit la main pour l’aider à gravir les marches, ce qu’elle accepta volontiers. Elle avança prudemment, consciente qu’avec sa maladresse naturelle, elle risquait de les entraîner tous les deux dans une chute douloureuse. Mae arborait un vaste sourire étonné, peinant à comprendre comment ce phénomène était possible. De l’air, sous l’eau… Voilà qui était tout à fait hors du commun ! Enfin, elle n’en savait rien, c’était bien la première fois qu’elle visitait une épave, mais cela lui paraissait bien surprenant en tous cas.
- C’est incroyable ! Je n’aurai jamais cru qu’on trouverait de…
Elle trébucha sur sa palme et manqua de s’écraser sur le garçon. Elle s’agrippa à son bras et parvint à rester sur ses pieds, une fois en haut des marches. Elle se sentit aussitôt rougir, et lâcha son ami avant de virer complètement au pivoine. Elle regarda à nouveau le plan, et constata qu’il leur restait encore un étage à grimper avant d’arriver tout en haut, à la cabine du pilote. Encore une fois, le couloir était en ligne droite, mais cette fois, il n’y avait que deux portes, l’une en face de l’autre, et non des rangées comme dans les étages inférieures. Et cette fois, ils pouvaient respirer.
- On devrait prendre des photos, le scientifique sera sans doute étonné que cette poche d’air existe !
Impatients d’approcher du but, ils se dirigèrent vers le prochain escalier. Un peu lassée de cette démarche hésitante, Mae voulu retirer ses palmes, mais elle craignait de devoir marcher pieds nus. Ils n’étaient pas à l’abri de bouts de verre, qui ne manqueraient pas d’être douloureux. Après avoir grimpé des marches, avec les mêmes difficultés que précédemment, et en se tenant l’un à l’autre pour ne pas tomber, ils arrivèrent devant la dernière porte du navire : celle qui annonçait l’entrée de la cabine du capitaine. Un peu excitée, Mae se tourna vers son ami et lui lança :
- On y est presque ! J’ai du mal à croire qu’on ait réussi à aller si loin ! Enfin, non pas que je doutais de toi, mais je n’imaginai pas en être capable. Je pense vraiment que si je l’ai fais… C’est grâce à toi.
Elle sourit, puis se sentit gênée d’avoir parlé si librement. Sanzo allait-il être mal à l’aise ? Piquant du fard, la demoiselle se tourna vers la porte, et l’ouvrit, espérant que cela détournerait l’attention de ses paroles.
« C’est incroyable ! Je n’aurai jamais cru qu’on trouverait de… »
Je manque de tomber, bousculé par Mae qui a perdu l’équilibre. Je retiens un petit rire : je suis pas assez bien placé niveau adresse pour rire de la maladresse des autres.
Après avoir fait signe aux pokémons de nous attendre ici, on arrive à l’étage intermédiaire qui nous laisse peu de place à l’exploration. Mieux vaut éviter d’ouvrir ces portes, si on veut pas se retrouver avec une surprise inverse à celle qu’on viens de voir.
« On devrait prendre des photos, le scientifique sera sans doute étonné que cette poche d’air existe ! »
« Oh oui, tu a raison ! »
J’étais tellement étonné et émerveillé que j’en ai presque oublié la raison de notre venue ici. Je prend quelques clichés, mais je pense que l’étage du dessus sera plus intéressant. Nouvelle série de marches en canards. Ça serait plus pratique sans les palmes, mais on vois à peine ou on met les pieds, j’ai pas spécialement envie de me promener pieds nus ici. Enfin bref, en s’entraidant, on arrive en haut sans trop de soucis.
« On y est presque ! J’ai du mal à croire qu’on ait réussi à aller si loin ! Enfin, non pas que je doutais de toi, mais je n’imaginai pas en être capable. Je pense vraiment que si je l’ai fais… C’est grâce à toi. »
W-wow, euh… D’où ça sort ça ? C’est super touchant ! Heureusement qu’il fait sombre, sinon mon embarrât aurait été parfaitement visible sur mes joues.
« Oh euh… Merci. Enfin, je n’ai rien fait de particulier tu sais ! C’est même plutôt moi qui te suis reconnaissant. À la base, je devais venir ici seul. Je l’aurais fait, bien sur, mais ça aurait été bien moins agréable - et peut-être même bien plus effrayant ! C’est toujours mieux de partager des expériences avec les personnes qu’on apprécie. Alors euh… merci à toi d’être venue. »
C’est bon, je suis couleur Ceriz. Non pas que ce ne soit pas une jolie couleur hein, c’est juste que… Baaaah ! Après lui avoir fait un sourire que à la fois reconnaissant et timide, j’ouvre le dernier obstacle entre nous et notre objectif.
La pièce est étonnamment lumineuse : trois de ses murs sont une série de fenêtres. Alors que je m’en approche, je me rends compte que l’endroit offre une magnifique vue sur le pont du bateau et les fonds marins alentours. La lumière diffuse du soleil se répand sur la paysage sous-marin à travers son filtre bleuté, dévoilant la faune marine et son activité. C’est…
« Magnifique… »
Une photo s’impose, même si elle ne rendra probablement jamais honneur à la majesté et à l’onirisme de l’instant. Aprés un instant à observer en silence, je me tourne vers Mae :
« Ça aurait été triste d’être seul à profiter de cette vue, tu ne crois pas ? »
Mae sentit l’étonnement de son ami, il s’était immobilisé et la fixait avec une expression de réelle surprise. Malgré l’obscurité, la demoiselle était sûre d’avoir vu ses joues rosir, tout comme les siennes. Leur regard se croisèrent un instant, et l’éleveuse vit à l’expression de Sanzo qu’il était sincèrement touché par ce qu’elle venait de lui dire. Quelque chose dans le fond de ses yeux avait perdu de sa légèreté, s’en était presque palpable. Elle ignorait si c’était une bonne ou une mauvaise chose, mais elle se sentait toute drôle.
- Oh euh… Merci. Enfin, je n’ai rien fait de particulier tu sais ! C’est même plutôt moi qui te suis reconnaissant. À la base, je devais venir ici seul. Je l’aurais fait, bien sur, mais ça aurait été bien moins agréable - et peut-être même bien plus effrayant ! C’est toujours mieux de partager des expériences avec les personnes qu’on apprécie. Alors euh… merci à toi d’être venue.
Un petit sourire amusé se dessina sur les lèvres de la jeune fille. La sincérité et la petite gêne du garçon lui permirent de se détendre, elle poussa un petit soupir discret. Les deux jeunes gens étaient bien rouges, comme lors de leur première rencontre, mais cette fois ce n’était pas seulement du malaise. Cette fois, Mae sentait bien que les choses étaient différentes, même si elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Elle tâcha d’écarter ces pensées, et regarda son camarade ouvrir la porte, dévoilant la cabine qu’ils avaient passés du temps à chercher. Il fallu quelques secondes à la demoiselle pour comprendre ce qu’elle voyait, et elle en eu le souffle coupé. La pièce n’était pas gigantesque, mais devant eux, à la place de simple murs se trouvait de grandes baies vitrées, qui donnait directement sur les fonds marins. Cette vue avait du servir au pilote pour diriger le navire tout en étudiant aisément son environnement, mais il s’était transformé en point d’observation du monde sous-marin. C’était absolument unique.
Ainsi, ils pouvaient observer de nombreux Pokémons mener leur petite vie, visiblement peu conscient d’être observé. Mae souriait, un peu bêtement, totalement émerveillé par ce qu’elle voyait. Un banc d’Ecayon passa devant eux, et se dispersa soudainement pour laisser passer un Démanta, lui-même suivi par plusieurs Rémoraid. La demoiselle se tourna vers Sanzo, qui venait de dégainer l’appareil photo. Il semblait tout aussi déboussolé qu’elle devant cette vision magique.
- Magnifique… Ça aurait été triste d’être seul à profiter de cette vue, tu ne crois pas ?
Une petite chaleur lui monta aux joues, mais elle ne pouvait s’empêcher de sourire. En effet, elle n’aurait sans doute pas autant apprécié ce spectacle si elle avait été seule. Elle se sentait étrangement privilégiée en cet instant, et pas seulement pour la vue. La compagnie de Sanzo jouait beaucoup là dedans. Elle se détourna, consciente qu’elle l’observait sans rien depuis quelques secondes, et reporta son attention sur les vitres.
- Oui tu as raison ! On dirait qu’on est hors du temps ici, c’est vraiment incroyable…
Elle fit quelques pas dans la cabine, et se rappela qu’ils n’étaient pas ici uniquement pour faire du tourisme. Le scientifique serait content de cette découverte, mais s’ils pouvaient ramener des documents prouvant qu’il s’agissait bien de ce bateau, ce serait encore mieux. L’éleveuse ramassa donc des papiers où figurait des noms, sans doute les membres de l’équipage, mais également des plans plutôt complexe du navire. Ils étaient bien plus difficile à lire que celui qu’ils avaient trouvé un peu plus tôt ! Elle ramassa également un beau carnet, dont la couverture en cuire indiquait les mots brodés “Journal de bord”. Un objet très précieux donc ! Il devait contenir de nombreuses informations. Elle rassembla ses trouvailles dans le sac étanche qu’on leur avait confié, et après s’être assuré qu’il était bien fermé, elle se tourna de nouveau vers Sanzo.
- Il va être temps de remonter à la surface ! Faisons demi-tour, Milo et Denticrisse nous attendent sans doute là où on les a laissé.
En effet, les deux poissons ne les avaient pas suivis dans la poche d’air, préférant rester dans leur environnement. Mae savait que descendre les marches qu’ils avaient eu quelques difficulté à monter ne serait pas de tout repos, et elle n’avait pas hâte de remettre son masque, mais ils ne pouvaient pas s’attarder ici. Elle attrapa la main de son ami, et entama le chemin du retour, regrettant une fois encore de ne pas pouvoir enlever ses palmes qui l’empêchaient de marcher normalement.
Euh, oui, pourquoi ce long regard ? Il y a quelque chose derrière moi ? Non, pourtant rien. Le temps que je vérifie, elle a reporté son attention vers “l’extérieur”. Je dois me faire des idées…
« Oui tu as raison ! On dirait qu’on est hors du temps ici, c’est vraiment incroyable… »
C’est le mot : hors du temps. Sauf que malheureusement, du temps, on en a pas tant que ça. Il est temps de se remettre au travail. Alors que Mae fouille dans les papiers, je prends quelques photos. Sur le mur du fond, une esquisse du bateau, avec écrit en grand son nom : l’Invincible.
Il faut croire que les noms n’ont pas autant de pouvoir que certains le supposent. Nouvelle photo. De son coté, Mae a mit la main sur le journal de bord. Avec un peu de chance, le scientifique trouvera pour quelle raison le navire à coulé la dedans.
« Il va être temps de remonter à la surface ! Faisons demi-tour, Milo et Denticrisse nous attendent sans doute là où on les a laissé. »
Avec un soupir, je répond :
« Oui, tu a raison. Allons-y. »
Pourtant, je ne peux m’empêcher de jeter un dernier regard vers la pièce et sa vue aquatique. Cette épave - comme beaucoup d’épaves, probablement - est emplie d’une atmosphère… comment dire ? Nostalgique ? Mélancolique ? Oui, ça doit être ça… Je me sens touché par cette atmosphère. Mais peut être que je me fait des idées…
Une main dans la mienne me tire de mes pensées, Mae m’attire vers les escaliers. Ce n’est pas plus mal. Ce n’est probablement que pour avoir de l’aide pour descendre les escaliers, mais, à cet instant précis, la chaleur entre mes doigts trouve un écho dans ma poitrine. Un simple contact pour guérir des idées noires.
Avec une grande inspiration, je prend sur moi : haut les coeurs ! On descend les escaliers avec prudence pour retourner au niveau de l’eau. Enfin… j’me comprend. Avec un sourire que j’espère rassurant, je lâche la main de Mae pour commencer à remettre mon équipement. Un coup d’oeil à la bonbonne : on a assez d’air pour remonter en faisant nos paliers, mais c’est à peu prêt tout.
De retour dans l’eau, je retrouve avec plaisir la sensation agréable d’être en apesanteur. Je ne vois pas Milo ni notre compagnon immédiatement, mais je vois une forme passer dans le couloir, et je devine qu’ils ont joué pour passer le temps en nous attendant. Lorsqu’elle me vois, Milo viens me faire la fête - ce que je lui rends avec plaisir, évidemment.
Je vois Mae se glisser dans l’eau à son tour. Il est temps d’y aller.
Sanzo paraissait plutôt déçu de devoir partir si vite. Mae pouvait bien le comprendre, malgré l’air qui sentait fortement l’algue, cet endroit avait un certain charme. Elle savait que ce bateau avait coulé, et que cela impliquait sans doute la mort de certaines personnes, mais elle tâchait de ne pas y penser. Elle se sentait apaisée par cet endroit, où la vue était splendide. Elle ne reviendrait sans doute plus jamais ici, alors elle essaya d’enregistrer chaque détail de cette pièce dans son esprit. Elle ne voulait pas oublier ce moment, elle voulait qu’il reste gravé dans sa mémoire pour toujours.
- Oui, tu a raison. Allons-y.
Ils s’engagèrent donc dans les escaliers, avec prudence. La main du garçon dans la sienne lui donnait de l’assurance, elle craignait moins de se casser la figure, tête la première. Pourtant, si elle manquait une marche et tombait, son ami pourrait difficilement la retenir, il n’était pas beaucoup plus épais qu’elle. C’était évidemment plus psychologique qu’autre chose, et elle ne prenait pas vraiment le temps d’y penser. Si elle s’était concentrée sur ce point, sans doute aurait-elle été surprise par son audace. Ce n’était pas tous les jours qu’elle osait prendre quelqu’un par la main, un garçon qui plus est. Un garçon qui n’était autre que Sanzo. Par chance, tout cela restait dans un petit coin de son esprit, qu’elle tâchait de garder éloigné pour le moment. Ce n’était pas vraiment le moment d’y penser ! Elle aurait tout le temps de paniquer en se rappelant tout cela lorsqu’elle serait seule.
Ils retrouvèrent rapidement l’endroit où ils avaient laissés leur bouteille, et enfilèrent leur équipement. Mae se sentit aussitôt plus lourde, et elle regagna l’eau avec une certaine satisfaction. Le Milobellus et le Denticrisse les y attendaient patiemment. Qu’avaient-ils bien pu faire pendant leur absence ? Ils avaient l’air de bien s’entendre en tous cas. Ils n’eurent pas trop de mal à retrouver leur chemin, ils n’avaient suivis que des lignes droites pour le moment. Après quelques minutes à nager en silence, ils regagnèrent le hublot brisé par lequel ils étaient entrés, et se dirigèrent vers la surface. Mae vérifia que son ami respectait bien les paliers, elle le savait un peu impatient et ne voulait pas qu’il se fasse mal. Une remontée trop rapide pouvait leur couper la respiration, à cause de la pression qui descendait, d’un seul coup. Il fallait donc rester prudent.
Ce fut non sans un grand bonheur que Mae atteignit la surface. Elle retira aussitôt son masque et prit une grande bouffée d’air frais. Elle se tourna vers Sanzo, et lui lança :
- Sacrée aventure pas vrai ?
Le scientifique et l’équipage du bateau les attendaient. Ils avaient descendus l’échelle pour eux, et le chercheur semblait assez impatient de voir ce qu’ils avaient découvert.
La remontée se fait sans histoire. Les paliers semblent se succéder trop vite, c’est presque à regret que je perce la surface. J’aurais tant aimé que ça dure plus longtemps. Mais les bonnes choses ont une fin j’imagine ? J’espère que ce qu’on a se révélera utile.
Le bateau est toujours la, il n’a pas sombré - lui - et l’équipage s’active tel un essaim pour nous aider à remonter. Mae se tourne vers moi et… j’en reste un peu bête. Je ne sais pas pourquoi. En cet instant précis, éclairée par le timide soleil automnale, une mèche de cheveux mouillés collée au visage, elle a quelque chose de… ravissant.
Je me rends compte qu’elle m’a posé une question que je n’ai pas entendue, perdu dans mes pensées.
« Hein ? Euh, o-oui. Oui bien sur ! »
Ma légendaire éloquence. Pas vraiment le temps d’en dire plus : l’équipe de recherche nous presse de remonter pour entendre ce qu’on a à leurs dire. On remonte tous sur le bateau - avec un regard prudent vers le ciel pour Milo, les vieilles habitudes ont la vie dure. Le chercheur écoute notre histoire avec fascination, ne nous interrompant que pour crier un :
« J’EN ÉTAIS SUR ! »
Alors que je révèle le nom du navire échoué. Il semble presque ému lorsqu’il prend délicatement le journal des mains de Mae. Il ne cesse de nous remercier et ne tarie pas d’éloges à notre égards. Il nous offre même une boisson chaude le temps du retour, ce qu’on accepte avec joie - même si, honnêtement, j’ai surtout envie me changer : tant qu’on est dans l’eau, ça va, mais cette tenue est décidément trop moulante à mon goût.
Et vu la quantité de détails que nous demande l’équipe, l’occasion ne va pas se présenter de sitôt…