« Vite, Adalrik, on doit absolument prévenir Auguste ! »
Wolfe courait à toute allure dans les rues de Voltapolis, manquant parfois de bousculer des passants, les yeux écarquillés et les poings clos. Derrière lui, le jeune Scalpion suivait la vitesse de son dresseur, l’œil sérieux. Que venait-il de se passer pour que cet infatigable duo semble aussi pressé de trouver ce fameux Auguste ? Wolfe venait sûrement d'entendre une information primordiale qui permettrait au Ranger confirmée, Auguste d'Epernelle, de pouvoir mettre la main sur un groupe de sales types après lesquels il courait depuis un petit moment. Le jeune homme en avait parfois parlé à Wolfe et puis, Wolfe avait l'habitude d'entendre beaucoup de choses à force de se balader ci et là, ses oreilles traînaient partout.
Sa grande curiosité n'aidait guère à ne pas le faire fouiller dans les affaires d'autrui mais voilà qu'aujourd'hui les choses payaient, le grand garçon avait entendu de la bouche de trois hommes que "La pêche avait été bonne" et qu'avec ces "Trois puissants Pokémon dérobés" ils allaient briller, ce soir à l'entrepôt. Wolfe les avait alors suivit discrètement, tombant sur un entrepôt pas vraiment caché (il se trouvait en plein cœur de la ville) et qui, d'apparence, abritait simplement des commandes venues d'un peu partout de Lumiris, un lieu où le travail battait son plein et que personne ne soupçonnerait être le théâtre de faits particulièrement obscures. Dans tous les cas le noiraud n'avait pas perdu de temps pour filer à la Base Ranger, débarquant en son sein en appelant Auguste. Quand il tomba enfin sur lui, Wolfe lui empoigna le bras.
« Auguste ! Tu dois absolument venir ! J'ai entendu des choses par rapport à l'affaire sur laquelle tu bosses ! L'entrepôt où ils entreposent plein de euh, cartons ? Tu vois, entre des grands immeubles, il y a toujours beaucoup d'activité ! Il va se passer quelque chose mais je ne sais pas trop quoi, j'ai juste entendu une histoire de vol ! »
Wolfe avait parlé extrêmement vite, tirant en même temps sur le bras du Ranger pour l'entraîner à sa suite, le visage un peu transpirant à cause de sa folle course.
« Auguste ! Il y a quelqu’un qui te cherche, il t’attend dans le hall d’entrée ! »
Qui cela pouvait être, l’homme n’en avait pas la moindre idée mais pour qu’on vienne le chercher jusqu’ici, ce devait être important. Aussi, il cessa ce qu’il était en train de faire, c’est-à-dire pas grand-chose, et se dirigea vers l’entrée de la Base des Rangers où l’attendait cet impromptu visiteur. Pourvu de son habituel café, le Pulsar traversait les couloirs sans traîner. Il fit de son mieux pour ne pas perdre trop de temps, se contentant de saluer distraitement les connaissances qu’il croisait sur la route et dans les escaliers.
Voilà à peu près deux mois qu’il avait rejoint les rangs des Rangers. Une décision qu’il ne regrettait pas, même si elle l’avait contraint à modifier sévèrement son emploi du temps. Il n’avait heureusement plus à passer autant de temps qu’auparavant dans le Nord de Lumiris, il ne sait pas comment il serait parvenu à caser tout cela dans des journées d’à-peine vingt-quatre heures. Peut-être qu’en se limitant à deux heures de sommeil par nuit… ? Non, cela ne semblait pas être une bonne idée. La majeure partie de son travail se passait désormais depuis son bureau, à Nemerya et il jouissait désormais d’une plus grande flexibilité au niveau de ses horaires puisqu’il travaillait quand il le voulait. Il y consacrait donc quelques heures par jour, quand il n’était pas occupé par ses activités de Rangers.
« Hey, Wolfe ! »dit-il gaiement pour saluer le jeune homme,« Quel bon vent t’amène ? Tu voulais me v-… »
Il n’avait même pas eu le temps de finir sa phrase que déjà, il se faisait empoigner le bras et tirer il ne sait où. Qu’il parvienne à ne pas renverser son café tenait du miracle. Auguste se dégagea souplement de l’emprise du garçon, ce dernier étant en train de lui exposer mille et une choses à la seconde. Il était étonnant de voir qu’il ne s’était pas mordu la langue en parlant aussi vite mais dans tous les cas, son interlocuteur n’avait pas compris la moitié de ce qu’il lui voulait.
« Wouah. Doucement, Wolfe. Je n’ai rien compris du tout. » Bon, il avait compris certains éléments mais il n’aurait vraiment pas été contre qu’il reprenne depuis le début. Cette fois-ci, ce fut à son tour d’attraper son jeune ami par le poignet et de le tirer dans le sens inverse jusqu’à l’amener à s’asseoir sur un siège.
« Respire un coup. »dit-il, presque amusé par sa hâte,« Voilà, c’est mieux ? Recommence ton histoire. Et doucement, s’il te plait. »
D’après ce qu’il avait saisi lors de sa première écoute, cela concernait une piste qu’il suivait depuis quelques semaines. Et encore, piste était un bien grand mot puisque le faible nombre d’indice à sa disposition ne le menaient nulle part. Il y avait eu ces derniers temps plusieurs vols de Pokémons dans les environs. Rien d’inhabituel en soi, cela arrivait régulièrement puisque selon la créature dont il était question, on pouvait en tirer un bon prix. Les prix grimpaient très vite en fonction de la rareté et de la puissance des Pokémons volés. Même ceux dont la transaction était légale pouvaient atteindre des sommes astronomiques. Il suffisait de voir les prix proposés dans élevages pour comprendre ce qu’Auguste avait en tête.
Souvent, les Pokémons volés étaient transportés au loin et vendus là-bas afin qu’ils soient difficiles à retracer jusqu’à leur propriétaire d’origine. C’était triste mais ce genre de pratiques n’était pas facile à prévenir. La prudence des dresseurs demeurait la meilleure arme contre cela. Auguste avait récemment commencé à se douter qu’il y avait quelque chose de plus à ces vols. Dans une rivière non loin de Voltapolis, on avait retrouvé l’un des Pokémon volé, un Roserade dérobé un mois auparavant, emballé dans un sac poubelle et jeté à l’eau. Il était dans un sale état après avoir traîné là tout ce temps et la putréfaction du cadavre n’aidait pas mais il avait été établi que le Pokémon n’était pas mort à cause de la noyade mais bien à cause d’une maltraitance physique intense et répétée. Le Pulsar n’avait pas vu le Roserade de ses propres yeux mais s’il en croyait l’autopsie menée par les autorités compétentes, il avait le corps recouvert de blessures, certaines très graves, et c’était sans aucun doute la raison du décès.
Pourquoi voler un Pokémon si c’était pour lui faire subir ce genre de traitement ? Les criminels ne les vendaient-ils pas ? Puis, vu l’endroit où avait été retrouvé le corps, les Pokémons devaient encore être gardés près de Voltapolis ou en tout cas, ils n’avaient pas quittés Lumiris. Tout cela était étrange, suffisamment pour qu’Auguste veuille faire la lumière sur toute cette affaire. Toute cette histoire faisait remonter de désagréables souvenirs à la surface et il voulait en avoir le cœur net. Ses premiers doutes avaient rendus cette affaire très personnelle, sans quoi il ne s’en serait jamais mêlé. Voilà la raison pour laquelle il s’était à son tour assis avant de plonger son regard dans celui de Wolfe, attendant avec impatience que ce dernier lui fasse part de sa découverte.
Wolfe s'apprêtait à attraper de nouveau le bras d'Auguste pour le tirer à lui quand ce-dernier l'empoigna afin de l'asseoir, l'emmenant en sens inverse. Le plus grand des deux - qui était également le plus jeune - jeta un regard désespéré vers la sortie, l'air inquiet ; Il se laissa tout de même asseoir, posant ses mains fermées sur ses cuisses et levant un regard de Malosse battu en direction du Ranger confirmé. Il inspira un grand coup après avoir échangé un regard avec Adalrik, essayant de s'apaiser et de calmer son esprit en ébullition. Le jeune homme rassembla ses pensées, essayant de les remettre en ordre afin de pouvoir sortir de sa bouche un discours un peu plus compréhensible pour Auguste.
« Désolé de ma précipitation... » Fit le jeune homme en se frottant la nuque, détournant ses prunelles dorées, le minois gêné. Après sa folle course et son excitation, sa respiration s'apaisait tout doucement et son torse se soulevait maintenant avec moins de force.
Bien, alors, par quoi commencer ? Wolfe fronça un peu ses sourcils, songeant un bref instant. Il releva finalement son regard vers Auguste, l'air sérieux, son visage habituellement souriant ne l'était pas du tout à cet instant.
« Tu m'avais parlé d'une affaire sur laquelle tu étais, tu sais, avec les vols de Pokémon ? Le cadavre du Roserade ? » Il prenait maintenant son temps pour parler, encrant son regard dans celui, sombre, de son aîné pour voir s'il assimilait bien tout et s'il ne s'exprimait pas trop vite. « J'étais dans les ruelles de Voltapolis tout à l'heure et j'ai entendu des hommes parler. Ils parlaient de Pokémon volés, je crois qu'ils parlaient de combat... Je ne sais pas trop mais ils ont parlé d'un entrepôt et je les ai suivit, je pense que je sais où ils font le trafic ! »
Il avait terminé en s'emballant un peu et l'idée même d'imaginer pouvoir mettre la main sur ces malfaiteurs réveilla à nouveau l'énergie de Wolfe, il s'était brusquement relevé, attrapant une main d'Auguste. L'apprenti Ranger eut un léger sourire au coin de ses lippes, l’œil allumé d'une lueur brillante.
« Laisse moi te montrer, d'accord ? Suis-moi, tu vas peut-être enfin pouvoir résoudre tout ça ! »
Ceci-dit, il ne laissa pas la possibilité à Auguste de dire grand-chose, l'emmenant à sa suite. Ecoutant à peine les éventuelles paroles de son aîné, Wolfe passa les portes de la Base Ranger d'un pas vif, se dirigeant rapidement en direction dudit entrepôt. Il mourrait d'envie de courir mais se contenait, mieux valait ne pas trop se fatiguer maintenant, n'est-ce pas ? Dans tous les cas, Wolfe était prêt à combattre, se préparant à cette éventualité de tout son cœur. Pourtant... Le pauvre et innocent jeune homme était bien loin de se douter de ce qu'il pouvait bien s'y tramer, dans cette entrepôt, une fois la nuit tombée.
Ils arrivèrent dans les alentours peut-être quinze minutes plus tard, la nuit approchait mais l'activité était encore présente. Quelques honnêtes travailleurs quittaient à peine le lieu, se saluant, agitant leurs mains et souriant, se souhaitant de passer une bonne soirée. Wolfe s'était arrêté, scrutant les lieux avant de glisser son regard sur Auguste.
Auguste s’était assis face à son interlocuteur, curieux de savoir ce que lui voulait ce dernier. Pour qu’il soit aussi agité, ce devait être important. Il croisa ses doigts sous son menton et attendit que le jeune homme rassemble ses idées et commence à lui expliquer ce qui le turlupinait autant.
« Oui, le Roserade. Tu as appris quelque chose ? »
Son intérêt piqué à vif, le Pulsar se pencha en avant et posa ses coudes sur ses cuisses. Il tendit une oreille plus attentive que jamais, comme s’il craignait de perdre des informations importantes au cours de cette conversation. Wolfe lui révéla avoir vu et entendu des choses à ce sujet. Voilà qui était intéressant. « Tu es absolument sûr de toi ? »
Si cela était vrai, c’était sans aucun doute la piste la plus prometteuse qu’il tenait depuis le début. Où et par quel hasard miraculeux était-il parvenu à dénicher cela ? Auguste n’en savait rien mais il était impératif de mener l’enquête. Il pouvait néanmoins s’agir d’éléments complètement étrangers à l’affaire sur laquelle il était ; un esprit biaisé pouvait trouver des indices et des preuves là où il n’y en avait pas… Ils n’avaient pas le choix pour autant, il leur faudrait se rendre sur place.
« Montre-moi. Je te suis. »
Le Pulsar essayait de se contenir mais autant dire que c’était loin d’être gagné. Au final, son calme apparent n’était déjà plus qu’un masque fissuré. Il n’était au fond pas moins emballé que son ami. Cela se voyait à sa démarche rapide, quand bien même il faisait tous les efforts du monde pour garder la bride sur ses émotions. Ce n’était ni le moment de s’énerver ni celui de se précipiter.
Wolfe le mena jusqu’aux entrepôts de Voltapolis. En plein milieu de la ville ? Mais c’était à la vue de tous ! Cacher leur trafic dans un endroit si évident que personne n’y chercherait. Auguste ne savait pas s’il devait être scandalisé par tant d’idiotie où s’il devait crier au génie. Reconnaître que des criminels se jouaient de tout le monde lui était difficile à admettre… Ah ! Le voilà qui parlait déjà comme s’il était certain de les trouver ici. Prenant une profonde inspiration, l’homme parfait à faire de nouveau primer la raison.
L’après-midi touchant à sa fin, la nuit drapait peu à peu Lumiris de son manteau d’ombre. Il était encore trop tôt pour que tous aient quitté les lieux et il ne douta pas une seconde que chaque homme croisé ici était un honnête citoyen qui venait gagner son salaire. De plus, chaque entrepôt ouvert devant lequel ils passaient paraissait on ne peut plus normal. Il n’y avait absolument rien de suspect ici.
« Montre-toi discret. Aie l’air naturel. Il ne faut surtout pas que les pensent que nous n’avons rien à faire ici. »glissa-t-il à voix basse au jeune homme avant de saluer un travailleur arrivant en sens inverse d’un hochement de tête,« Tu es vraiment sûr que c’est ici ? Ca ressemblent à des entrepôts tout ce qu’il y a de plus banal. » Ils firent le tour des lieux, jetant un œil là où ils le pouvaient sans avoir l’air de fouineurs. Rien. Niets. Nada. Les voilà bien avancés mais Auguste ne baissa pas encore les bras. C’était sa seule piste et avant de l’abandonner, il comptait bien s’assurer qu’elle ne menait nulle part. « Sortons d’ici. J’ai peut-être une idée. » Le ton était doux mais ferme. Il n’attendait pas de contestation de son cadet, celui-ci recevrait tous les détails dans les prochaines minutes. Sans rien dire de plus et en s’efforçant de ne pas avoir l’air suspect, les deux compères quittèrent les lieux et allèrent s’asseoir en terrasse d’un petit troquet où s’étaient rendus plusieurs des travailleurs croisés plus tôt. Ceux-ci, fatigués par une dure journée de travail, préféraient s’installer à l’intérieur.
« Je t’explique. »commença-t-il sans élever la voix plus que nécessaire,« Je n’ai rien vu de frappant mais au fond, ça ne m’étonne pas. Si personne ne sait où chercher nos malfaiteurs, c’est qu’ils cachent leur affaire durant le jour. Il y a beaucoup trop de monde pour que personne ne se doute de quelque chose. La nuit, par contre… » Il lança un regard entendu au brun. Ce dernier devait avoir compris où il voulait en venir. Peut-être qu’Auguste s’acharnait pour rien, peut-être que tout ceci n’était qu’une perte sèche de temps mais il voulait en avoir le cœur net.
« On y retournera dans quelques heures. S’il y a encore des gens, l’obscurité nous couvrira et on pourra surveiller ce qui se dit en toute quiétude et si c’est désert, on pourra toujours essayer de fouiller par nous-même. Qu’en penses-tu ? »
Suivant fidèlement les directives d’Auguste, le jeune homme hochait doucement la tête, persuadé que c’était ici. Certes il se savait très dissipé et un peu trop survolté mais, il était foncièrement sûr de lui, surtout cette-fois. Il avait entendu parler de cette affaire pas très rose et aider, cela lui tenait à coeur. Il n’avait pas rêvé ces discussions, il les avaient suivit jusqu’ici ! Pourtant, son minois se décomposait au fur et à mesure qu’ils visitaient discrètement les lieux : il n’y avait rien ici. Pas la moindre trace de trafic, pas la moindre trace de quoique ce soit. Peut-être… Peut-être qu’il avait encore une fois été trop emballé. Quand son aîné décida de la suite des choses, il voulut répliquer mais le ton était suffisamment ferme et son esprit trop éprit d’incompréhension, Wolfe céda sans rien dire, jetant un dernier regard vers les entrepôts.
Assit face à Auguste, jambes et bras croisés, le jeune homme l’écoutait en souriant. Il avait perdu de son air abattu pour écouter entièrement son aîné Ranger. Ce qu’il disait tenait parfaitement la route, non ? Après tout, ça grouillait de monde en pleine journée mais… Il y avait sûrement des cachettes secrètes pour accéder à une partie insoupçonnée, n’est-ce pas ? Ou quelque chose comme ça. Ou alors, il avait regardé trop de films…. Quoique, ce scénario était plutôt digne d’un film, non ? Wolfe bouillonnait intérieurement. Il ne savait pas du tout à quoi il devait s’attendre mais il crevait d’envie d’agir, d’aider Auguste et de pouvoir ainsi montrer que lui aussi était capable de grandes choses !
« Super idée ! Buuuaaaaaaah, je suis trop excité ! On va les dé-…. Enfin, héhéhéhé, ça va le faire. » Mieux valait ne pas trop s’enthousiasmer pour le moment, n’est-ce pas ?
Quelques heures plus tard, la nuit est avancée.
Le duo était de retour aux alentours des entrepôts et cette-fois, il ne se passait pas rien. Cachés derrière un mur, Auguste et Wolfe avaient une vue sur un regroupement d’hommes qui s’enfonçait dans l’un des entrepôts. Ils s’enfoncèrent assez loin et le duo pu aisément s’avancer discrètement pour voir de plus près ce qu’ils fabriquaient. Usant d’un levier, ils soulevèrent une énorme machine sûrement factice qui llibéra ainsi un passage où ils disparurent en silence. Derrière eux, la machine s’abaissa et le silence revint.
Devant ce spectacle, les orbes dorées de Wolfe s’écarquillèrent et il se plaqua une main devant la bouche, choqué. Il venait bien de voir ce qu’il avait vu ? Qu’est-ce que cela pouvait signifier ? Il se tramait donc vraiment quelque chose de bizarre ici ? Doucement, il reposa son regard sur son aîné, l’air interrogatif.
« On fait quoi alors ? On entre aussi ? »
Il ne pouvait empêcher un sourire d’étirer les commissures de ses lèvres alors que ses mirettes brillaient de milles feux.
Wolfe avait l’air emballé par la suggestion de l’autre Ranger ou du moins, l’idée ne lui déplaisait pas. Il était difficile de déterminer comment agir dans une telle situation pour la simple et bonne raison qu’il n’avait jamais connu cela et se baser sur ce qu’il avait pu voir dans certaines œuvres cinématographiques était sans aucune doute un mauvais plan. Réfléchir, envisager les possibilités les plus probables et agir en conséquence. Voilà l’idéal. Cela restait cependant plus facile à dire qu’à faire, surtout quand il y avait plus de questions que de réponses.
« C’est parfait, alors. Patientons quelques heures et retournons-y. »
Le reste de la journée avait défilé avec une lenteur accablante – impression renforcée par l’atmosphère tendue dans laquelle ils avaient patienté – mais enfin, le soleil avait décliné et les ténèbres avaient recouvert peu à peu Lumiris. C’était le moment. Wolfe et Auguste s’étaient levés de leur chaise avant de régler l’addition pour toutes les boissons consommées.
« Tu as bien tous tes Pokémons avec toi ? Si tes informations s’avèrent vraies, on va en avoir besoin. Nous ne sommes que deux, ceci dit, il vaut mieux ne pas déclencher de combats inutiles tant qu’on ne sait pas contre qui nous sommes et combien ils sont. »
Le Pulsar pouvait avoir l’air d’une figure paternaliste à donner ainsi ses ordres mais une fois encore, ni son cadet ni lui-même ne s’étaient retrouvés dans pareille situation et c’est pour cela qu’il préférait énoncer ces directives. Faute d’un plan bien défini, autant qu’ils soient d’accord sur ce qu’ils devaient ou ne devaient pas faire et en l’occurrence, batailler à deux contre le monde semblait être la pire idée possible.
Les deux compètes rôdaient désormais dans la zone des entrepôts jusqu’à ce que leur attention soit attirée par le mouvement d’un groupe en partie dissimulé par la pénombre. Cela les empêchait de savoir exactement combien ils étaient mais grâce à cela, ils étaient capables de s’approcher très près d’eux, presque assez pour les entendre parler. Auguste ne manqua pas une miette de la scène quand ces gens à l’air louche déplacèrent une énorme machine afin de se dégager un chemin qu’ils empruntèrent ensuite. Il n’avait pas été le seul à être surpris. Sur ce point-là, la réaction de Wolfe parlait d’elle-même.
« Ça te parait normal de faire ce qu’ils viennent de faire en pleine nuit ? Moi non. Je ne sais pas ce qu’ils fabriquent exactement mais je compte bien en avoir le cœur net. »murmura-t-il.
Ils n’avaient encore aucune confirmation quant à si oui ou non il s’agissait des voleurs de Pokémons mais ce qui était maintenant certain, c’est qu’ils avaient mis la main de d’étranges individus. Il y avait encore la possibilité que tout cela ne soit qu’un malentendu mais Auguste n’y croyait pas.
« N’oublie pas, on n’est pas là pour se battre. Dans la mesure du possible, contentons-nous d’observer jusqu’à être sûr de ce que nous avons déniché. On avisera ensuite. »
L’apprenti Ranger étant du genre sanguin, son aîné craignait de le voir faire quelque chose de stupide parce qu’il aurait agi avant de réfléchir. Ceci dit, Wolfe n’était pas non plus un idiot incapable de se maîtriser. Sur ces bonnes paroles, le Pulsar quitta sa cachette et, suivi de l’autre homme, ils se faufilèrent à la suite du groupe précédent. Auguste n’avait aucune idée de ce qui l’attendait et par précaution, il gardait toujours une Pokéball à portée de main. On n’était jamais trop prudent…
Fit-il dans un murmure, le cœur battant la chamade. Il n'était jamais intervenu sur une telle mission et il sentait que le stress enserrait peu à peu son corps. Il avait beau être du genre insouciant et à foncer tête baissée, il ne savait pas du tout à quoi s'attendre et c'était terrifiant. Wolfe tâchait cependant de ne pas laisser son imagination s'emballer, il n'avait pas envie de tout faire rater parce qu'il avait un peu la frousse.
Il secoua négativement la tête en scrutant toujours la grosse machine, les lèvres pincées et un peu sèches. Son regard s'était assombrit alors qu'il détournait légèrement la tête vers son aîné, la hochant un peu. Ne pas faire de vagues, surtout ne pas le faire. Wolfe prit un air entendu et emboîta le pas d'Auguste. Il se savait bien trop impulsif et ça l'effrayait à cet instant, et si quelque chose, une vision particulière tirait en lui une pulsion incontrôlable et qu'il fonçait dans le tas ? Ce serait si dangereux. Ils n'étaient que deux et même si Auguste était très bon dresseur, pourraient-ils lutter efficacement ? Non, ne pas penser au pire, tout irait bien.
Avançant dans un genre de couloir légèrement éclairé, ils finirent par devoir descendre des escaliers et s'enfoncer sous terre. Sans un bruit, les deux Rangers se faufilèrent et plus ils avançaient, plus du bruit était audible. Des cris, des rires gras, des voix qui semblaient un peu colériques et aussi, des bruits typiques de Pokémon. Il y avait un sacré raffut, si bien que les deux bruns n'eurent pas de difficulté à se faufiler pour paraître invisible. Il y avait beaucoup de monde, de quoi boire et manger. Ce qui attira cependant l'oeil de Wolfe, ce fut le cercle formé par la plupart des humains présents là : ils étaient agglutinés autour d'un cercle fermé où deux Pokémon combattaient avec acharnement.
Wolfe plaqua une main sur sa bouche, s'empêchait de dire quoique ce soit... Pourtant, son sang commençait déjà à bouillonner. Que se passait-il ici ? Quelle était cette ferveur dans l'air et pourquoi une odeur de sang régnait ? Son nez n'appréciait guère ce qu'il sentait, ce mélange de liquide pourpre, de sueur. L'ambiance pesait sur son cœur et ses épaules, si bien qu'il jeta un regard incompréhensif vers son aîné.
Plus Auguste progressait dans ce couloir et plus il craignait ce qu'il allait découvrir. Ce qu'il entendait et les odeurs désagréables lui chatouillant les narines n'annonçaient rien de bon... Pour autant, c'était hors de question pour lui de faire machine arrière. Ce n'était pas de la peur, juste qu'il appréhendait déjà les horreurs qu'il allait découvrir un peu plus loin. Vu l'état dans lequel le Rosérade avait été retrouvé, il ne fallait pas être un génie pour deviner que ça n'allait pas être beau à voir. Des idées toutes plus saugrenues les unes que les autres se bousculaient dans la tête du Pulsar. S'agissait-il d'un laboratoire où des gens dérangés expérimentaient sur de pauvres Pokémons ? Peut-être. Il ne pouvait jurer de rien mais il entendait bien ne pas repartir d'ici avant d'avoir fait la lumière sur toute cette affaire.
Wolfe et lui débouchèrent sur un espace souterrain un peu plus vaste. Là, plusieurs personnes personnes étaient rassemblés autour de ce qui pouvait être qualifié d'une arène dans le sens de terrain de combat.De là où il était, Auguste ne voyait pas grand-chose mais il était sûr et certain qu'au milieu de ce cercles se tenaient deux Pokémons en train de s'affronter. Les bruits de combat provenant de cet endroit-là ne laissaient pas de place au doute... Furtivement, le Ranger tentait de jeter l'un où l'autre coup d’œil depuis sa cachette tout en essayant de ne pas se faire voir. Heureusement qu'en plus d'être abrités derrière des palettes en bois, la pénombre les dissimulait. Mieux valait se montrer prudent malgré tout...
Son attention fut finalement attirée par le tumulte émanant du groupe. Certains exultaient tandis que d'autres arboraient une expression allant de la déception à la rage. Tout le monde ne pouvait pas être satisfait par l'issue d'un combat. Lorsque l'agitation retomba, plusieurs hommes s'échangèrent des liasses de billets. Il semblait que les paris étaient un business profitable quand on savait sur quel cheval miser... D'ailleurs en parlant de cheval, du cercle de combat fut sorti un Ponyta, traîné par deux hommes de mains qui le traînaient par les pattes. Dire qu'il était en mauvais état n'était pas assez pour décrire ce que vit Auguste. Son corps était lacéré de part, certaines plaies ne dataient pas d'aujourd'hui d'ailleurs. Les flammes composant sa crinière étaient presque inexistantes, preuve de sa faiblesse extrême. Le Ponyta fut jeté dans une cage vide sans aucune forme de douceur. À le voir ainsi, Auguste sut que ce Pokémon n'en aurait plus pour longtemps si rien n'était fait pour lui.
« Quelle horreur... »murmura-t-il.
Les affrontements entre Pokémons étaient monnaies courantes mais la décence amenait les dresseurs à s'arrêter avant d'en être à ce point-là. Même le vainqueur, un Granbull recouvert de blessures, n'était pas en bien meilleur état mais il semblait qu'il n'y aurait pas de repos pour les braves car déjà, on amenait une autre cage contenant le prochain adversaire du vainqueur. Ce manège infernal avait-il une fin ? Chaque Pokémon était-il contraint de se battre jusqu'à qu'il soit à bout de force, pour être ressorti à la prochain occasion ? La vue de tout cela dégoûtait profondément Auguste.
« Wolfe, prépare-toi. » Il était censé être le plus calme des deux. Pourtant, à la vue de ce spectacle dégoûtant, la colère montait en lui sans qu'il puisse se contrôler. La mâchoire serrée, sa main glissa jusqu'à sa ceinture d'où il décrocha deux Pokéballs. C'était trop dangereux, agir maintenant était insensé... Il essayait de s'en convaincre mais lorsque ses yeux se posèrent sur les cages entassées contre le mur du fond, où des cris plaintifs s'échappaient à intervalles réguliers, ce qu'il lui restait de bon sens s'envola. Eh. Il aurait l'effet de surprise, après tout, il serait dommage de ne pas en profiter. « Maîtrisez-les. »
Le ton était dur. Le calme et la mesure se faisaient de plus en plus rares chez lui et sa voix vibrait désormais sous l'effet de la colère. Sourde et froide, cette rage obscurcissait son jugement au point de le pousser à prendre une décision aussi risquée. Qu'importe. Il était trop tard pour revenir en arrière. Métalosse et Dracolosse avaient déjà été appelés hors de leurs Pokéballs et les ordres étaient donnés. Les Pokémons du Pulsar n'avaient guère l'habitude qu'on leur demande de s'en prendre à des humains mais il ne discutèrent pas les directives de leur dresseur. Il y avait des ennemis et il leur fallait s'en débarrasser, c'était aussi simple que cela. Autant dire que vu la carrure des deux combattants, les hommes en face avaient tout intérêt à avoir leurs propres Pokémons.
Wolfe sentait son sang bouillonner de plus en plus, poings serrés, le regard sombre, il se retenait de se jeter impulsivement dans le tas pour distribuer des beignes à tout va. Sûrement qu'il l'aurait fait si Auguste n'était pas là et c'était tant mieux : même fort comme il l'était, il aurait sûrement été bien vite maîtrisé. Quand Auguste lui somma de se préparer, la musculature du brun se tendit à son maximum, comme un Démolosse prêt à se jeter dans la bataille. Ses doigts glissèrent sur ses quatre Pokéballs, à vrai dire, les seules. Scalpion, Ouistricram, Zébibron et Furaiglon. Ils avaient beau être à leur premier stade d'évolution, cela ne les empêchait pas d'êtres armés d'une belle détermination !
"N'oublie pas, nous ne sommes pas là pour se battre." C'est ce qu'Auguste avait préalablement dit mais là, tout changeait. Il était temps de s'occuper de ces fous furieux. Le jeune apprenti libéra ses propres Pokémon qui, sans tarder, se ruèrent dans la bataille. Le petit zèbre était sûrement le plus utile, distribuant de l’électricité à qui en voulait afin d'immobiliser le plus grand nombre. Wolfe cependant décida de ne pas rester les bras croisés et repérant celui qui semblait vouloir un peu trop s’échapper, il fonça sans réfléchir. Bondissant par-dessus des caisses, il prépara son poing.
C'était un homme énormément vêtu qui tentait de fuir plus que les autres, plus discrètement, son visage était à peine visible. L'un des organisateurs, peut-être ? C'était pour cela qu'il tentait de se cacher ainsi ? Wolfe tenta de lui envoyer un coup de poing mais il fut intercepté avant par un type sortant de l'ombre. Encaissant un coup de poing dans le plexus, le jeune homme se courba en avant, le souffle coupé sous le coup surprise. Urf. L'apprenti releva sa tête et se jeta alors comme une bête enragée sur celui qui venait de le frapper, désireux de le virer de sa route afin de mettre la main sur celui qui profitait de la situation pour filer. Avec un peu de chance, Auguste ou ses Pokémon y parviendraient pendant qu'il s'occupait de ce gorille !
La scène avait viré au carnage en l’espace de quelques secondes. La panique s’était emparée des malfrats, la plupart ayant été trop surpris pour réagir avant que Dracolosse ou Métalosse ne leur mette la main dessus. Auguste, bien en retrait afin de ne pas s’exposer au danger, hurlait de temps à autre un ordre, se contentant bien souvent d’attirer l’attention d’un de ses Pokémons sur une cible en particulier. Un autre Pokémon qui tentait de les contourner ou un homme essayant de s’en prendre directement au Pulsar étaient d’excellentes raisons pour cela. Il n’avait aucune idée de la douleur qu’occasionnait le fait de se faire frapper voire écraser par un Métalosse mais à en juger par les cris étouffés que certains poussaient, l’expérience ne devait pas être agréable.
« Contentez-vous de les immobiliser ! »
Avoir les jambes fauchées par une patte de Krang empêchait bien souvent la victime de se relever. Si les deux monstres veillaient à ne pas occasionner de blessures critiques aux gens qu’ils frappaient, Auguste ne garantissait pas qu’aucun n’ait de séquelle. Il suffisait de voir cette femme qui se trainait par terre, incapable de se remettre debout car une de ses jambes était pliée selon un angle effrayant. Peut-être que le Ranger jugerait cet usage de violence excessif une fois que les choses se seraient calmées et qu’il aurait pris un peu de recul. Allait-il s’en vouloir ? Eh. Même lui n’en savait rien. « Evitez les cages ! »
Hors de questions de mettre encore plus en danger des Pokémons déjà maltraités par ces vauriens. Krang et Levia l’avaient bien compris et se battaient d’instinct à bonne distance de ces cages ou en tout cas, de sorte à ne pas les endommager ni les secouer. Pendant que le combat faisait rage, Auguste veillait toutefois à garder un œil sur Wolfe, se tenant prêt à l’aider s’il menaçait d’être débordé. Contrairement à lui, l’apprenti Ranger était allé au contact et rendait coup sur coup aux hommes assez fous pour se trouver sur son chemin. Avec sa carrure, il fallait déjà être sacrément courageux pour oser lui faire face et les mandales qu’il leur collait avaient l’air de faire mal. Auguste, s’il n’avait pas à rougir de sa force et de sa condition physique, préférait laisser ses Pokémons faire le travail car ceux-ci obtiendraient sans doute un meilleur résultat pour dix fois moins d’effort. Pesez cinq cent kilos avait ses avantages…
La seule fois où le Pulsar intervint physiquement fut quand un homme tenta de s’échapper. Manque de chance, il se tenait toujours près de l’endroit par lequel Wolfe et lui étaient arrivés, à savoir la seule issue de cet endroit. Le fuyard fut accueilli par un coup de poing bien senti qui lui éclata le nez. La violence du coup le fit tomber au sol et Auguste en profita pour en remettre une couche et s’assurer qu’il ne puisse pas se relever de sitôt. Le tumulte du début finit par retomber, indiquant que les combats opposants et les Rangers et leurs Pokémons au groupe de malfrat arrivaient à leur terme.
« Rappelez vos Pokémons. Ne nous obligez pas à les blesser davantage. Cessez de résister et il ne vous arrivera rien ! »
Un peu tard pour faire usage de diplomatie mais ce n’est pas comme s’ils auraient accepté de baisser les armes face à deux intrus seuls, de toute façon. Maintenant qu’une bonne partie des malfaiteurs gisait au sol, tout juste capable de laisser s’échapper un râle de douleur de temps à autre, Auguste était autrement plus convaincant. Lévia choisit ce moment pour attraper quelqu’un par le bras afin de le balancer à travers la pièce. Le pauvre s’écrasa sur des caisses en bois, l’épaule disloquée. « Pensez à vos Pokémons. Pensez à votre propre sécurité. »insista-t-il en leur faisant bien comprendre que faire les malins ne leur apporterait rien de bon.
Combien d’entre eux prenaient une part active dans les vols de Pokémons ? Il n’en avait aucune idée mais ce dont il était sûr, c’est que tous participaient aux combats ayant eu lieu ici ce soir et c’était suffisant. Le premier qui envisageait de résister allait passer un sale quart d’heure.
Il y eut des regards inquiets, d’autres hésitants mais au final, les quelques personnes encore en état de se battre cédèrent et rappelèrent leurs Pokémons dans une sphère métallique. Certains ne devaient être ici que pour miser sur des combats illégaux pour se faire un peu d’argent, rien qui vaille la peine d’être cloué sur un lit d’hôpital pour les prochains jours – et encore, ça, c’était pour les plus chanceux. Sage décision. Auguste entendait quant à lui tenir sa part du marché, à savoir ne pas s’acharner sur ceux qui s’étaient rendu. Quand bien même ces gens-là le dégoûtaient, il le leur avait promis à conditions qu’ils cessaient de se battre. Maintenant que c’était chose faite, il ne s’en prendrait plus à eux. « Rien de cassé, Wolfe ? »
Auguste avait pris quelques coups mais hormis sa lèvre éclatée, il n’avait guère plus que quelques égratignures. Le géant avait pris une part plus active dans la mêlée lorsque les choses avaient tourné au pugilat. Le Ranger espérait que l’apprenti n’ait rien de cassé.
« Chrom, Lucina, Faites le tour des cages et voyez pour venir en aide aux Pokémons dont l’état est le plus préoccupant. »
Sortis de leur Pokéball, Gardevoir et Gallame s’exécutèrent et se plièrent aux ordres de leur dresseur. Lucina était selon toute vraisemblance écœurée par ce qu’elle voyait. Très sensible, elle était incapable de demeurer insensible à la souffrance d’autres Pokémons et elle fit de son mieux pour soulages ceux-ci à l’aide de Vibra Soin. Chrom en fit de même. Dans un scénario idéal, Auguste aurait lui-même supervisé les opérations et décidé qui avait besoin d’une intervention urgente mais il devait s’en remettre au jugement de ses compagnons car pour le moment, il avait à s’assurer que tout ce beau monde se tienne tranquille. Ils s’étaient certes rendu mais il ne fallait pas se faire d’illusion, ils frapperaient à nouveau dès qu’il leur tournerait le dos. « Tu veux bien appeler la police s’il te plait ? Et le Centre Pokémon aussi. Ils pourront stabiliser les Pokémons gravement blessés mais des soins intensifs seront nécessaires pour certains. »
Au prix de quelques coups envoyés et rendus, Wolfe parvint à se débarrasser de son adversaire et le plaquer au sol, un genoux dans son dos pour l'empêcher de se mouvoir tandis qu'autour de lui le chaos continuait de régner. Au moins il eut la satisfaction de constater qu'Auguste avait intercepté le fuyard qui était possiblement le petit caïd de cette sombre affaire. Wolfe leva la tête vers Auguste et hocha la tête pour signifier qu'il allait bien, il ne ressentait pas encore la douleur des coups prit, l'adrénaline trop présente dans ses veines et son corps entier. Sans piper mot il se plia aux ordres d'Auguste et laissa le type qu'il avait maîtrisé aux soins d'Adalrik et Alwine. Le brun se releva en grimaçant légèrement puis appela rapidement après avoir trouvé un coin de réseau, pressant tout le beau monde en indiquant leur position et comment venir ici.
« C'est fait. »
Le chaos s'était estompé, ceux trop blessés ne pouvaient se mouvoir, d'autres craignaient trop de finir ainsi pour tenter quelque chose et pour ceux qui le voudraient, leurs Pokémon surveillaient. En somme, tout le monde était neutralisé au prix de blessures et d'os cassés mais honnêtement, Wolfe s'en fichait. Ils ne méritaient pas plus pour ce qu'ils faisaient et avaient fait. L'apprenti se dirigea vers les cages pour observer les Pokémon s'y trouvant ; la plupart étaient dans de vilains états, maigres, des blessures à peine cicatrisées sur le corps, le regard vide... Le cœur du jeune homme se serra jusqu'à que, au fond de la salle, il ne distingue une forme couchée. Pas dans une cage mais attachée par une chaîné à un piquet, il y avait un Mustebouée qui respirait à peine. La gorge du jeune homme se serra et il se précipita à ses côtés, cherchant son pouls... terriblement faible. Rageusement, il parvint à libérer la loutre orangée de ses chaînes et elle montra les crocs faiblement, à peine capable d'ouvrir les yeux
Derrière des bruits de voix étaient audibles ; les secours devaient être-là. Rapidement Wolfe prit le Pokémon dans ses bras et le porta là où les autres étaient emmenés, se précipitant à l'étage pour courir directement vers les ambulances, particulièrement inquiet quant à l'état du Mustebouée.
« S'il vous plaît, regardez vite celui-là, il a l'air de presque mourir ! »
Fit-il rapidement en déposant délicatement le Pokémon dans les bras d'une infirmière du Centre Pokémon ayant envoyé des camions pour transporter les bêtes maltraitées. Ceci fait, il laissa une petite caresse sur la tête du Pokémon et repartit en bas pour aider à transporter les caisses et emmener les participants à cette sombre affaire, croisant Auguste. Il lui offrit un petit sourire.
« C'était balèze ce que tu as fait. » Déclara Wolfe, malgré son air fatigué, l'admiration était présente au fond de ses mirettes d'or. « Et merci de m'avoir cru et suivit, haha. »
Il conserva son sourire tout prenant une cage dans ses bras.
A mesure que la tension retombait, Auguste ressentit peu à peu la douleur. Rien de grave, heureusement. Il avait pris quelques coups qui laisseraient de jolis bleus et il s’était arraché la peau des doigts, là où son poing fermé entrait en contact avec ce qu’il avait frappé. Il ne s’en sortait pas trop mal, à vrai dire. Wolfe avait l’air entier également. Tant mieux. L’effet de surprise avait joué en leur faveur car sans celui-ci, ils n’auraient sans doute pas été en mesure d’affronter ce groupe de malfrat en souffrant d’une telle infériorité numérique.
Il n’avait cependant pas le temps de se reposer. Il soufflerait plus tard. Pour l’heure, il convenait de faire le tour des cages – et des lieux, de manière plus générale – afin de vérifier l’état dans lequel étaient les Pokémons captifs. Rares étaient ceux qui avaient l’air en forme. Entre les blessés, les inconscients, ceux souffrant de malnutrition et deux qui étaient si effrayés qu’ils tentaient d’arracher un morceau de chair à Auguste si celui-ci avait le malheur de s’approcher trop près des barreaux de la cage, la scène n’était pas jolie à voir.
« Depuis combien de temps est-ce qu’ils font leur petite affaire, pour avoir réussi à voler autant de Pokémon ? »grommela-t-il avant de cracher par terre le sang qui s’accumulait dans sa bouche, « Evitez d’ouvrir les cages et de manipulez les Pokémons qui sont dedans ! »
Cette dernière directive était destinée autant à Wolfe qu’à ses propres Pokémons. D’une part, certains captifs avaient montré être capables d’attaquer sous l’effet de la terreur et de l’autres, certains était si mal en point que les déplacer sans prendre de précaution risquait de faire empirer leur condition.
« Vous, là. Dégagez le passage. Collez-vous contre le mur là-bas et débrouillez-vous pour prendre avec vous vos amis qui ne savent plus marcher. » Quelques-uns étaient dans les vapes, d’autres se tordaient de douleur par terre mais à n’en point douter, il devait y en avoir qui avaient été très légèrement blessés et qui attendaient juste le bon moment pour repasser à l’offensive. Auguste était concentré sur les Pokémons et voyageait d’un bout à l’autre de la grande pièce, Wolfe aussi, c’était dangereux de laisser tout ce beau monde par terre. Tous réunis au même endroit, il serait plus facile de les tenir à l’œil.
Les secours arrivèrent peu après. Ça avait dû être le branle-bas de combat pour eux ; ce n’était pas tous les jours qu’ils avaient à intervenir pour un problème d’une telle envergure. Le Pulsar les assista du mieux qu’il put en orientant le personnel médical vers les Pokémons les plus gravement atteint pendant que lui transportait les préoccupations mineures jusqu’à l’extérieur. Lors d’un retour à vide, il croisa Wolfe qui, bien qu’exténue, fit de son mieux pour sourire.
« Je te retourne le compliment. Tu as eu du flair là-dessus. C’est grâce à toi qu’on a pu sauver tous ces Pokémons. »
Humble, l’homme reconnaissait que son cadet avait accompli la majeure partie du travail. Finalement, Auguste aurait pu être remplacé par à peu près n’importe quel autre Ranger et le résultat aurait été sensiblement le même.
« Et c’est grâce à toi que tous ces dresseurs vont retrouver leur compagnon. » conclut-il en se frottant les yeux dans une vaine tentative pour chasser la fatigue, « Mais assurons-nous d’abord que tous les Pokémons soient évacués. On se réjouira une fois tout le monde en sécurité et une fois les coupables mis derrière les barreaux. »
Il n’avait pas fallu lui dire deux fois. Wolfe avait déjà attrapé une autre cage pour la déplacer. Auguste l’imita. La journée était encore loin d’être finie mais les deux Rangers pouvaient être fier de ce qu’ils avaient fait aujourd’hui.
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