Le sol était chaud et doux, mais la jeune fille était mouillée et avait froid. Elle était épuisée, et son Kaiminus, comment allait-il ? Un rapide coup d’œil lui permit de constater qu’il respirait toujours. Heureusement ! La jeune fille ne l’avait pas lâché, et ne le lâcherait pas. Il fallait qu’elle lui transmette sa chaleur. Il ne fallait pas que sa température descende trop bas, pour ne pas qu’il fasse une hypothermie. Elle s’enroula autour de son Pokémon, se battant pour ne pas perdre conscience. Il ne fallait pas qu’elle s’endorme. Il fallait qu’elle reste conscience. Mais la fatigue était forte, et l’adrénaline se retirait petit à petit de son organisme laissant un corps douloureux. Les bras de Morphée n’en étaient que plus séduisant ! Dormir pour ne pas sentir la douleur.

Combien de temps resta-t-elle ainsi avec ses pensées ? Sa lutte intérieure contre l’endormissement ? D’ailleurs où était-elle ? Et ses parents ? Tant de question se bousculaient dans son esprit embrumé. Juste 5 min se disait-elle. Mais alors que son corps commençait à sombrer elle lutta à nouveau pour ne pas dormir. Sa main sur le corps de Kaiminus confirmait qu’il respirait toujours. Mais il était toujours inconscient. Mais elle ne pouvait pas bouger. Et si elle ne pouvait pas bouger, qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir faire. Elle ne pouvait pas se nourrir ni nourrir Kaiminus ou se désaltérer. Est-ce que quelqu’un allait les trouver ? Mais personne ne venait. Elle attendait. Mais depuis combien de temps ? Était-ce des secondes ou des heures ? Et où était-elle. Elle voulait regarder mais n’avait pas la force d’ouvrir les yeux. Et kaiminus ne se réveillait pas. Et s’il ne se réveillait jamais ?

Un bruit de pas, de l’aide ? Ou un agresseur ? Il fallait qu’elle bouge. Mais son corps était douloureux. Le moindre mouvement lui faisait mal. Respirer lui faisait mal. Mais Kaiminus était toujours inconscient. Il ne s’était pas réveillé et Ayama était inquiète. Bon vu la situation, qui ne le serait pas. Mais elle n’était pas inquiète pour elle mais bien pour son Pokémon. Elle devait se lever, voire d’où venait le bruit. De l’aide. Elle devait demander de l’aide pour son Pokémon. Un ultime effort et la voilà assise. Elle avait mal, elle pleurait de douleur, elle avait froid et pleine de sable. Du sable partout. Elle ne voyait rien à cause des larmes. Mais elle ne pouvait pas toucher ses yeux car ses mains étaient pleines de sable. Parler, elle devait parler. Elle tenta d’établir une communication mais un faible couinement sorti de ses cordes vocales.

Demander de l’aide pour Kaiminus ! Il le fallait. Elle voyait une forme se rapprocher d’elle.

-Sauvez mon Kaiminus !

Ayama espérait que l’inconnu la comprendrait. Sa voix était tellement rauque. Et si c’était un Pokémon sauvage ? Et si elle avait fait tout ça pour rien ? Elle ne voyait rien. Des tâches noires commencèrent à apparaître devant ses yeux. Elle ne devait pas perdre connaissance. Elle devait résister.

-Mon… Kaiminus…

C’est dans cet ultime effort que la jeune fille perdit connaissance. Elle ne pouvait plus lutter. Son kaiminus était toujours dans ses bras. Au moins elle pouvait lui tenir chaud même évanouit.

Une violente tempête avait frappé la région, des vents monstrueux, hurlant contre les habitations, une pluie battante, fouettant la peau des fous osant s'aventurer à l'extérieur, des éclats de foudre accompagnés par le tonnerre grondant comme une bête enragée. Bref, le genre de temps qui poussait le directeur de refuge à sortir pour aider les Rangers dans un premier temps, mais aussi et surtout pour récupérer les Pokémons blessés et les ramener au refuge pour qu'ils puissent se rétablir avant de retourner dans la nature.

Voilà donc pourquoi Lionel se retrouvait à longer la plage à la recherches de blessés. Dans un premier temps, ce fut la quantité de déchets ramené par la mer, puis son regard ambré se posa sur une forme sablonneuse qui semblait bouger. Quand une voix faible appela pour de l'aide, son sang se figea dans ses veines. En quelques enjambées, il arriva au niveau d'une jeune femme à bout de force, un Kaiminus lové tout contre elle.

-Tout va bien maintenant..

Ne lui laissant pas vraiment le temps de finir sa phrase, la naufragée perdit connaissance dans ses bras, et une évidence le frappa. Elle était gelée ! Sans réfléchir, il ouvrit sa veste pour la coller tout contre lui et essayer de la réchauffer.

-Merde..Courage ! J'ai besoin de toi ! Vite !

Les oreilles dressées, l'immense Arcanin accourut à l'appel de son dresseur. Lui aussi eu un moment d'arrêt en constatant la situation, avant de finalement se lover autour des corps froids. Sa fourrure épaisse et chaude eut le don de réchauffer et apaiser l’unysien, il allait attendre un peu que la demoiselle entre ses bras reprenne une température moins effrayante, puis ils iraient tous jusqu'au centre de soin le plus proche.

Quand ce fut enfin le cas, Lionel la plaça sur le dos du canidé de Feu, gardant une main sur elle pour s'assurer qu'aucune chute ne viendrait aggraver son état, l'autre frottant doucement le dos du Kaiminus caché dans sa veste. Le trajet se fit prudemment, d'autres Pokémons ayant aussi besoin d'aide. Pour les plus urgents, ils furent pris en charge par son Drattak, il irait s'occuper des autres quand ses nouvelles protégées seraient en sécurité.

Une fois sur place, le dreadeux confia les échouées à des infirmières avant de retourner affronter la tempête et ainsi, récupérer les victimes croisées plus tôt. Quand tout se calma enfin, il revint au chevet de la mystérieuse jeune femme, discutant avec une aide soignante qui passait justement par là.

-Comment elle va ? Sa Kaiminus est où ?

-Elle est tirée d'affaire, mais risque de dormir un moment. Sa Kaiminus est au Centre Pokémon juste à côté. N'ayant aucun papier d'identités, on suppose qu'il s'agit de mademoiselle Ayama Asuka, c'est le nom enregistré dans la base de données pour la Kaiminus.

Un soupire de soulagement franchit ses lèvres alors que dans un geste pensif, sa main se glissa sur sa nuque. La dernière fois qu'ils avaient dû recourir à ce genre de méthodes, tout ce qu'ils avaient trouvé du dresseur fut son sang. Il réprima un frisson d'horreur avant de planter de nouveau son regard dans celui de son interlocutrice.

-Un bateau s'est retourné au large. On a eu quelques personnes admises, mais surtout des morts. Elle n'a personne..Consentiriez vous à..À vous occuper d'elle à son réveil..? J'ai vérifié les registres, et les Asuka sont introuvables, les chances pour qu'ils soient encore en vie sont minces, elle sera seule à son réveil..Vous n'êtes pas obligé d'accepter bien sûr, mais vous êtes celui qui l'a sauvée, elle aura sûrement plus confiance en vous qu'en n'impo..

-J'accepte.

La trentenaire fut dans un premier surprise, puis soulagée. Après un rapide remerciement, elle fit demi tour pour s'occuper d'autres patients qui semblaient affluer avec la récente tempête. Lionel fit de même, allant voir la Kaiminus directement dans la salle de repos. Celle-ci semblait complètement paniquée, alors le brun s'approcha contre l'avis des personnes présentes pour lui tendre la main. L'odeur de la jeune Asuka y était encore, il espérait donc que ça la pousserait à lui faire confiance.

-Ta dresseuse se repose. Elle est hors de danger grâce à toi. Tu l'as aidée à garder la tête hors de l'eau n'est-ce pas ?

Finalement, le directeur resta un bon moment à rassurer le Pokémon Eau, et put même sortir avec elle pour voir la miraculée. Grâce à l'accord passé plus tôt, il n'eut même pas besoin de justifier sa visite, et, malgré les machines bruyantes et les tubes sortant du corps frêle, on ne pouvait que remarquer les couleurs reprises. Définitivement soulagé, Lionel se permit un peu de repos, sa tête posée sur le lit, une main sur la Kaiminus, l'autre sur les doigts fins de la jeune femme. Le moindre mouvement de l'une ou de l'autre le réveillerait.

De la chaleur. De la sécurité. De la douceur. Ses sensations flottaient dans l'esprit de la jeune fille. Ayama rêvait. Elle était avec ses parents à Lumiris. Il faisait beau et ils étaient en sécurité. Ils étaient sur une plage et observaient les Pokémon sauvage propre à cet environnement. Kaiminus s’amusait à creuser des trous dans le sable. Ils avaient croisé un homme avec son Arcanin qui se baladait. Ils l’avaient salué poliment avant de retourner à leur activité. Ayama était tout simplement heureuse. Un bonheur qui devait durer. Mais un bonheur qui sonnait faux.

Alors qu'ils discutaient, une pluie diluvienne se mit à tomber. Les parents d'Ayama ne semblaient pas s'en préoccuper plus que cela. Ils continuaient leur activité comme si de rien n’était, mais la dresseuse était inquiète. Il y avait quelque chose de mal. Elle avait un mauvais pressentiment. Elle voulut en parler à ses parents mais aucun son ne sortait tandis qu’elle essayait de parler. De les alerter. Ils allaient se noyer. Disparaître. Elle devait les prévenir mais elle n'y arrivait pas. L'eau de la mer commençait à monter. Comme s'ils étaient dans une pièce fermée qu'on remplissait d'eau. Les parents ne bougeaient pas. Ils restaient dans la même position tandis que l’eau montait de plus en plus. L’image de ses parents devenait de plus en plus floue. Et kaiminus? Où était-elle? Elle tentait de nager mais n'y parvenait pas.

Ayama devait la sauver. Kaiminus allait se noyer, mais elle ne parvenait pas à bouger, son corps était raide… Bouge…. Bouge !! La jeune fille se réveilla en sursaut. Son corps tout endolori bougeait, elle pouvait sauver son pokémon. Où était-il ? Et quelle était cet endroit ? La jeune fille voulait se lever mais de nombreux tubes étaient reliés à son corps. Qu’est-ce que c’était que tout cela ? Ayama s’agitait de plus en plus. Ne comprenant pas la situation. Kaiminus !

Des souvenirs revenaient en trombe dans son esprit. Le corps de Kaiminus inerte alors qu’ils étaient sur la plage. Ayama demandant de l’aide. Des larmes commencèrent à perler sur ses joues. La jeune fille était en pleine crise de panique, elle ne voyait rien de ce qui l’entourait, n’entendait rien. Elle était seule. Elle se souvenait de ne pas trouver ses parents. De lutter contre les vagues avec Kaiminus. Elle voulait crier mais ne pouvait pas, un tube sortant de sa bouche l’empêchait de parler. Elle ne parvenait qu’à produire des sons inintelligibles.

Un son désagréable, différent du son régulier des machines tira Lionel de son sommeil, sans même réfléchir, il appuya le bouton servant à appeler les infirmières en cas de problèmes. Si on se fiait au rythme accéléré, aux pupilles dilatée et au souffle rauque, la jeune femme venait de se réveiller et ne savait pas ce qui lui arrivait. De plus, le tube dans sa gorge l’aider à respirer, et elle devait sûrement lutter contre la machine pour prendre le relais. Dans un second temps, sa main serra celle de la blanche, son regard ambré se plongeant dans le sien, sa voix se voulant rassurante malgré les légers tremblements.

-Ne paniques pas, ils vont venir enlever tout ça, regardes moi, tout va bien ? Ta Kaiminus va bien, tu vas bien, vous êtes en sécurité d’accord ?

Il eut tout juste le temps de finir sa phrase que des médecins le firent reculer pour s’occuper d’Ayama. Ils retirèrent tout d’abord le tuyau qui l’aidait à respirer dans son sommeil, puis lui parlèrent, ne prenant pas vraiment de pincettes, ce qui fit grimacer le Jefferson, comment réagirait-il si on lui apprenait qu’il était à présent seul au monde ? Que tous les gens qu’il aimait étaient morts, portés disparus ou très loin ?

-Mademoiselle Asuka ? Je suis le docteur Vague. Le bateau sur lequel vous étiez a basculé, vous êtes l’une des rares miraculés. Votre Kaiminus a été soignée et pourra passer du temps avec vous quand vous sortirez. Le jeune homme que voici..
-Lionel, Lionel Jefferson.
-Monsieur Jefferson s’est porté volontaire pour vous loger et vous aider jusqu’à avoir une situation stable.

Le brun se retint de rouler des yeux, ils n’avaient en effet pas pensé à l’inscrire sur son dossier, et encore moins à demander comment il s’appelait. Si ça avait été un fou dérangé du bulbe ça aurait pareil, ils auraient laissé une jeune femme sans défense et affaiblie sous sa garde. Ne souhaitant cependant pas créer de conflit devant la demoiselle, il se retint de faire la remarque. Quand enfin ils furent partis, Lionel laissa la Kaiminus voir sa dresseuse, elle allait avoir besoin d’un visage familier pour assimiler tout ça.

Finalement, il reprit place à côté du lit, sur la chaise réservée aux visiteurs, son regard doux restait posé sur sa protégée, sa voix se fit de nouveau légère, chaleureuse pour être sûr de ne pas l’effrayer.

-On va faire ça un peu mieux. Bonjour, Asuka, je suis Lionel. Mon Arcanin et moi t’avons trouvée sur la plage avec ta Kaiminus, elle va bien comme tu peux le voir. On va habiter ensemble un moment quand tu seras sortie d’ici. Ne t’inquiète pas, je suis pas un vieux dégueulasse, tu ne risques rien avec moi, et encore moins avec mes petits..Tu dois avoir mal à la gorge, je vais te chercher de l’eau ? De la glace ?

-Ne panique pas, ils vont venir enlever tout ça, regarde-moi, tout va bien ? Ta Kaiminus va bien, tu vas bien, vous êtes en sécurité, d’accord ?

Qui lui parlait ? Elle ne comprenait pas ce qu’on lui disait mais la voix était rassurante. Elle plongea alors son regard dans celui de la personne qui lui parlait. Ses yeux étaient magnifiques et semblaient sincères. Le temps semblait s’être arrêté. Elle connaissait ces yeux. Mais ces quelques secondes de calme qui lui paraissaient durer une éternité furent rapidement remplacés par de l’agitation, des gens qui parlaient fort et qui n’avaient que faire de la jeune fille. Ils retirèrent enfin le tuyau qui aidait la jeune fille à respirer. Cette sensation était absolument désagréable et la délicatesse de ces gens n’aidait absolument pas. Pendant ces quelques secondes qui lui semblèrent être des heures de supplices, alors qu’on retirait ce tube de sa gorge, la jeune fille suppliait que cela s’arrête. Ses yeux étaient remplis de larmes. Quand le tube fut enfin retiré, Ayama eut des nausées violentes. Alors qu’elle tentait tant bien que mal de reprendre ses esprits, un docteur vint lui parler.

- Mademoiselle Asuka ? Je suis le docteur Vague. Le bateau sur lequel vous étiez a basculé, vous êtes l’une des rares miraculés. Votre Kaiminus a été soignée et pourra passer du temps avec vous quand vous sortirez. Le jeune homme que voici...
- Lionel, Lionel Jefferson.
- Monsieur Jefferson s’est porté volontaire pour vous loger et vous aider jusqu’à avoir une situation stable.

L’une des rare miraculés. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Kaiminus allait bien. Heureusement. La jeune fille se détendit lorsqu’elle entendit ces mots. Lionel. La jeune fille jeta un regard au fameux Lionel. C’était lui qui avait de beaux yeux. Des yeux qu’elle connaissait. Et cette carrure, cette coiffure, elle ne comprenait pas pourquoi mais elle le connaissait. Elle l’avait déjà vu. Mais où ? Elle était à Lumiris depuis peu. Elle ne connaissait personne. Son esprit devait lui jouer des tours... C’était la seule explication. La jeune fille ne remarqua même pas que l’équipe soignante était partie. Elle fixait juste cet homme silencieusement.

- On va faire ça un peu mieux. Bonjour, Asuka, je suis Lionel. Mon Arcanin et moi t’avons trouvée sur la plage avec ta Kaiminus, elle va bien comme tu peux le voir. On va habiter ensemble un moment quand tu seras sortie d’ici. Ne t’inquiète pas, je ne suis pas un vieux dégueulasse, tu ne risques rien avec moi, et encore moins avec mes petits...Tu dois avoir mal à la gorge, je vais te chercher de l’eau ? De la glace ?

Un Arcanin. Son rêve ! Voilà d’où il venait, elle l’avait vu dans son rêve avant que sa famille et elle se fassent engloutir. Comme était-ce possible ? Kaiminus allait bien. Kaiminus. Son Pokémon monta sur son lit et la jeune fille la serra fort contre elle. Elle fut rassurée. Elle allait bien. Et c’était grâce à Lionel, de ce qu’elle avait compris. Elle reporta à nouveau son regard vers l’étranger. Elle allait vivre avec lui. Il avait l’air gentil. Des larmes coulèrent à nouveau sur ses joues. Pourquoi pleurait-elle ? Était-ce la gentillesse de son sauveur, ou le fait que Kaiminus et elle étaient seules ?

-Merci…. Merci ! Merci ! Merci !

La jeune fille continuait de le remercier, en larmes, la voix tremblante. Elle serrait toujours sa kaiminus dans ses bras. Son Pokémon était encore en vie. Elle enfouit son visage sur le ventre de son Pokémon. Elle était toute chaude. Elle allait bien. Ayama et Kaiminus allaient bien. Elle tenta de se calmer. Sa gorge la faisait souffrir, et plus elle avait de sanglots plus elle avait mal. Elle voulut répondre à la question de Lionel, comme quoi elle voudrait bien de l’eau mais elle ne réussit qu’à sortir un petit couinement suraigu qu’il ne pouvait certainement pas comprendre. Elle était fatiguée. Son corps n’avait plus de force et l’adrénaline était en train de partir. La jeune fille se repositionna. Elle était fatiguée mais elle voulait sortir. Elle n’aimait pas cet endroit.

Elle se redressa dans un dernier effort et tendit la main vers Lionel. Elle prit une grande inspiration pour rester calme et pour que sa voix ne devienne pas inaudible.

- Je veux sortir.

En voyant la jeune femme fondre en larmes sans réussir à s'exprimer convenablement, le coeur de Lionel se serra dans sa poitrine. Doucement, il s'assit sur le bord du lit, la prenant dans serrés bras, sa tête reposant sur celle de sa cadette, le Pokémon entre eux. Sa main glissait tendrement contre le dos de la rescapée, son aura chaleureuse les enveloppant complètement.

-Pleure, tu as le droit. Autant que tu veux, je te laisse pas.

Sa voix basse n'était audible que pour elle, ne souhaitant pas lui faire peur ou la brusquer. Ils restèrent ainsi un moment, jusqu'à que les secousses contre le torse du brun se calment un peu. Sans pour autant se décoller, son bras attrapa le verre rempli avant que les larmes n'arrivent pour le tendre à Ayama.

-Bois, ça va te faire du bien.

Une fois le précieux liquide avalé, Lionel reposa le verre sur la table à leur côté, finissant par laisser la blanche se rallonger. Il avait bien senti qu'elle commençait à se faire plus molle contre lui. Doucement, sa main attrapa celle de sa protégée, un sourire doux aux lèvres.

-Je vais en parler avec eux. Mais ils vont sûrement vouloir te garder quelques jours. Si tu veux, je resterai avec toi, ne t'inquiète pas d'accord ?

Cela faisait combien de temps maintenant qu’elle était à l’hôpital ? La jeune fille laissait passer les jours les uns après les autres et recouvrait la santé. Elle avait largement assez de force pour sortir mais non, l’hôpital continuait de la garder. Ils avaient au moins autorisé Kaiminus à rester avec sa dresseuse. Elle avait bien tenté d’utiliser un jargon médical avec eux mais rien n’y faisait, ils ne voulaient pas la laisser sortir. A force de rester à l’hôpital, la jeune fille avait acquis de bonne connaissance du médical. Cela était toujours utile !

Elle appréciait les visites de Lionel et il était le seul à qui elle acceptait de s’ouvrir. Elle serait capable de tout envers son sauveur. Ils avaient, au fur et à mesure des jours, apprit à se connaitre. La jeune fille ne s’était jamais aussi rapidement lié à quelqu’un. En même temps, la jeune fille n’avait jamais été dans une telle situation. Mais par son geste, Lionel avec gagné la fidélité de la jeune fille. Mais malgré tout, la jeune fille était comme un lion en cage ! Elle n’était pas faite pour rester enfermée, elle était le produit du terrain, elle devait ressentir cette joie de liberté, elle devait sortir d’ici !

Le médecin de garde passa par sa chambre. Pas de chance, il allait subir le long discours de la jeune fille pour qu’il la laisse sortir. Il pénétra dans sa chambre et observa son dossier. La jeune fille lui souriait niaisement. Elle devait lui montrer qu’il avait l’ascendant sur elle puis lui retourner le cerveau subtilement, sans qu’il ne s’en rende compte. Son plan avait échoué un certain nombre de fois, mais cette fois-ci ça fonctionnerait !

- Docteur, je voulais vous voir et….

- Vous pouvez sortir.

La jeune fille resta un instant saisi. Elle n’était pas sûr d’avoir bien compris ce que le médecin lui avait dit. Sortir, elle pouvait sortir ? Il ne fallait pas lui dire deux fois ! Elle pouvait sortir et elle le ferait ! Ni une ni deux, elle sorti du lit et commença à préparer ses affaires… mais quelles affaires ? Elle n’avait rien. Les seuls vêtements quelle avait étaient ceux qu’elle portait lorsque le bateau s’est renversé. Elle regarda ses vêtements qui la répugnait. Elle ne voulait pas les porter, mais elle n’avait rien d’autre. Mais elle ne pouvait pas sortir avec sa tenue d’hôpital… Comment allait-elle faire ?

Les jours défilaient bien assez vite pour le brun qui devait préparer l’arrivée d’une nouvelle habitante dans la maison Jefferson, beaucoup moins pour la jeune femme qu’il allait héberger. Elle demandait souvent à pouvoir sortir, mais les docteurs ne voulaient pas risquer que des complications puissent survenir, après tout, Lionel faisait pression pour qu’ils fassent correctement leur boulot. Pour s’en assurer, il restait dans la chambre avec elle pendant des après-midi entières, ça leur permettait d’en apprendre plus l’un sur l’autre au passage. Ayama devait maintenant connaître une bonne partie de ses petits à force d’en entendre parler.

Enfin, le grand jour arriva, le matin même, l’unysien avait reçu un appel de l’hôpital disant que sa protégée pourrait sortir dans la journée, et donc de lui ramener des vêtements propres. Bien sûr que c’était son rôle, mais ça les aurait tuer de prévenir plus tôt ? Tout ce qu’il avait sous la main, c’était les fringues de Julia, sa soeur, et elle allait sûrement le tuer si elle découvrait les larcins de son adorable frère aîné.

Comme convenu dans leur accord tacite de venir à l’ouverture des visites, Lionel se trouvait dans les couloirs de l’hôpital, Ayama savait elle déjà que la liberté lui ouvrait ses bras ? En entrant dans sa chambre, il put constater que, comme souvent, elle avait une petite mine, mais cette fois, c’était différent, pourquoi le serait elle alors que les docteurs la laissaient sortir ? Après avoir déposé le sac contenant les vêtements sur la table près de la fenêtre, il s’asseya sur le lit, questionnant la belle du regard avant de finalement le faire avec sa voix.

-Qu’est-ce qui ne va pas ?

Ses iris ambrés cherchaient à accrocher ceux de la blanche, il ne voulait pas la brusquer, mais son comportement n’était pas normal et ça l’inquiétait. QUelqu’un lui aurait fait du mal pendant qu’il avait le dos tourné ? Si oui, cette personne n’allait pas pouvoir recommencer de si tôt. Une main chaleureuse se posa sur l’avant bras frêle de la jeune femme pour l’encourager à parler.

La jeune fille restait plantée dans sa chambre comme un benêt. Ses sombres pensées prenaient le dessus et la jeune dresseuse déprimait de plus en plus. Ce moment qu'elle attendait tant. Sa sortie de l'hôpital était finalement une claque. Un brusque retour à la réalité. Une réalité dure à encaisser.
Alors qu'elle s'enfonçait de plus en plus dans sa déprime, son sauveur entra dans sa chambre. Lionel. Heureusement qu'il était là. Mais elle n'osait pas le regarder. Comment lui expliquer qu'elle n'avait plus de vêtements? Elle se trouvait idiote tout à coup.

-Qu’est-ce qui ne va pas ?

Il s'inquiétait. Il réussit à capter son regard et posa sa main doucement sur l'avant bras de la jeune fille. Elle était idiote d'inquiéter son sauveur de cette manière. Elle respira un bon coup et sourit au jeune homme.

- Je n'ai plus de vêtements...

Le rouge montait aux joues de la jeune fille. Elle était vraiment idiote de s'inquiéter pour ça. Au diable ses vieux vêtements. Elle s'en achèterait des nouveaux. Il fallait qu'elle prenne le dessus. Qu'elle vive. Qu'elle pense au futur et non au passé. C'était un travail compliqué mais elle ne pouvait pas rester à se morfondre toute sa vie. En plus, ce n'était pas du tout son genre.
Elle devait beaucoup à Lionel. En plus d'être son sauveur, il avait accepté de l'héberger. Quand la dresseuse y songeait, elle avait vraiment beaucoup de chance.