Il était à peine midi quand je décidai de m’arrêter pour manger. J’étais généralement plutôt à cheval sur les heures quand il s’agit de manger. Il faut dire qu’il n’y a rien de mieux qu’un bon repas passé avec ses Pokémon. Sauf peut-être aller chez le coiffeur et se faire manucurer en même temps. Ou même passer du temps avec Wolfe. Il est tellement beau… Bref, le fait est que j’aime manger en bonne compagnie.
J’attrapai alors les deux Pokéballs attachées à ma ceinture et fis appel à Sumpfie et Naht. Eux aussi devait avoir faim. Je sortis alors une grande gamelle et y versai leur nourriture avant de sortir mon propre repas. Malheureusement, cela faisait plusieurs jours que j’avais épuisé les plats préparés par maman et j’avais dû en acheter Heresis. Ce n’était pas pareil, mais très bon quand même.
Bon appétit les amis !
Diiiile !
Laaar Veeeyette !
Dans les minutes qui suivirent, le seul bruit qui provenait des environs, c’était des « CROUNCH CROUNCH ». En même temps, je leur avais pris des croquettes de marque exprès. De plus, mon papa dit souvent que si on ne parle pas pendant qu’on mange, c’est que c’est bon. Et il n’a pas complètement tort…
Tandis que mes deux compagnons terminaient de manger, je m’allongeai dans l’herbe avec l’intention de faire une petite sieste, mais Sumpfie ne fut pas vraiment de cet avis-là. Il s’arrêta de manger d’un seul coup pour sauter sur moi et me mordiller la jambe droite. Généralement, ça ne me dérangeait pas trop, mais-là j’avais mis une robe et mes jambes était découverte. Du coup, ça me chatouillait. Sauf que j’étais très sensible à ce niveau-là et je commençai à rigoler et à me tordre sur le sol. Je n’arrivais même pas à dire à mon Crocrodile d’arrêter. De plus, je n’entendis pas la personne qui s’approchait à ce moment-là
Il faisait encore bon pour cette fin d’automne. Le concours d’Halloween paraissait être un lointain souvenir, à la fois amer et sucré pour la coordinatrice débutante qu’était Camille. Elle avait rapidement pris la route pour le sud, sans de raison évidente, simplement parce qu’elle ne voulait pas rester au même endroit. Elle avait donc marché, faut quelques spectacles de magie, gagné un peu d’argent, s’était entrainée, beaucoup entrainée. Il fallait qu’elle soit plus performante et Milo aussi pour devenir célèbre.
Elle marchait depuis deux bonnes heures, flânant de ci et de là, s’arrêtant pour regarder une fleur, un vol de Papillusion, ou de Nirondelle allant dans le même sens qu’elle. C’était agréable. Elle n’avait pas pris la peine de s’apprêter comme pour un concours. Ses cheveux noirs corbeau étaient coiffés en deux tresses qui lui tombaient du part et d’autre du visage et devant les épaules. Ses yeux émeraudes regardaient avec curiosité les alentours et un doux sourire flottait sur ses lèvres. Ses chaussures de randonnées d’un autre âge étaient presque entièrement dissimulées sous un pantalon large tenu par une ceinture et pour ne pas avoir froid, Camille portait en plus un sweat à capuche, lui aussi trop large pour elle. On aurait dit qu’elle flottait dans les vêtements de sa grande sœur du lycée alors que Camille était encore au collège. Ce n’était pas le cas, car ces vêtements étaient bien les siens et que Camille n’avait qu’n petit frère. C’était sa tenue décontractée, trop large, douillet, chaud et très agréable à porter.
L’heure de manger approchait doucement, mais elle n’avait pas encore spécialement faim et continua à marcher. De son côté, Milo, le petit Evoli gambadait un peu partout, venant quémander des caresses ou des câlins à sa dresseuse, mais il ne s’éloignait jamais trop d’elle, pour qu’elle puisse toujours le voir et n’ai pas à l’appeler.
Cependant, il disparut, après avoir appelé Camille, derrière un buisson d’où provenait des rires étranges. Camille le suivit un plutôt perplexe. Milo était très curieux de tout, beaucoup plus que Camille, à qui l’idée d’aller voir l’origine des bruits ne lui serait pas venu à l’esprit.
Arrivant sur la scène, elle vit une fille en robe se tordre sur le sol et vit qu’ne Crocrodile lui mordait la jambe. Sans une hésitation Camille se précipita pour saisir le Pokémon agressif et l’éloignait de la jeune fille. Elle le tira avec autant de force qu’elle put avant de se remettre entre lui et l’inconnue. Si c’était une attaque, Camille n’avait aucune chance car elle et Milo ne savait pas se battre, mais peut-être que la fille pourrait l’aider.
Mais Milo ne semblait pas prêt à affronter le danger car il était collé à la jeune femme comme il le fait avec toute nouvelle personne, dans l’espoir de sympathiser par des papouilles. C’était vraiment pas de chance. Camille eut une sueur froide à l’idée de faire face à un Pokémon sauvage, seule.
Rapidement, je sentis la prise de mon Pokémon s’affaiblir et au bout de quelques secondes, je ne le sentais même plus. Cependant, ce n’est quand je fus enfin calmée que je relevai la tête pour constater avec étonnement que mon petit Crocrodile. À la place, une jeune fille à peine plus âgée que moi se tenait debout à mes pieds.
Malheureusement pour moi, au même moment, je fus pris d’un petit mal de tête qui apparut soudainement. Aussi, je ne me rendis pas compte tout de suite de l’effet qu’il avait eu sur moi…
Euh… Souv en zierua sap uv nom titep Iefpmus, rap drasah ? No tiaté ne niart ed reuoj li y a seuqleuq sednoces te siup… fuop ! Sulp àl. Li a urapsid, dis-je en me redressant pour m’assoir.
Comme je parlais, je ne remarquai qu’il y avait du mouvement derrière la jeune fille et ce n’est qu’au dernier moment que je vis mon petit compagnon se jeter sur moi.
Ahh... Et àliov ! iouqruop ut sa étêrra ed reuoj ceva iom ? No es tiasuma nieb tnatruop, non ?
Kaï Kaï Kaïminus.
Je me relevai alors en laissant Sumpfie sur le sol, depuis son évolution je n’arrivais plus à le porter même si lui en avait encore envie. J’observai alors l’inconnue : ses yeux, ses cheveux, sa bouche…
Ua tiaf, ej m’elleppa Ayam te iul, cec tse Eifpmus. Oit ce tse tnemmoc ? Te j’eroda set xuevehc. Ne sulp, el esor ce tse enu ed sem srueluoc seéréférp, siam ut siorc euq ej siarruop eriaf enu epuoc emmoc al enneit ? Ej en sias sap port is namam tiares drocca… Ferb, eétnahcne ed et rertnocner.
Quand elle m’eut répondu, je commençai à ranger toutes mes affaires que j’avais étalées sur le sol. La nourriture, le bol… Je retrouvai même les rollers que j’avais achetés à Kisara, elle n’était pas si méchante en fin de compte même elle essaye de me voler mon futur mari. Par contre, je ne savais toujours pas en faire et du coup, ils restaient attachés en permanence à mon sac à dos ce qui les rendait un peu inutiles… J’aurais bien voulu apprendre, mais je ne connaissais personne capable d’en faire. À moins que…
Sid, ut en siaruas sap eriaf ud rellor, rap drasah ? Te m’erdnerppa ? Es Tiiiialp-eeeeet-liiiii…
Je joignis alors les mains et fis des grands yeux. Ça allait fonctionner, j’en étais sûr.
Camille se dressait donc entre le Pokémon agresseur pas si agressif. Elle se mit à doutait du bienfondé de sa position en plusieurs points. Le premier étant qu’elle n’était pas une dresseuse Pokémon pour le combat, le deuxième était donc que Milo ne savait pas se battre. Le troisième qui en découlait était comme même si c’était le cas, le petit Evoli se frottait à l’inconnue avec beaucoup d’affection. Le quatrième, toujours dans une suite logique, était qu’elle se trouvait donc seule face à un Pokémon bien plus dangereux qu’elle. Mais surtout, l’autre ne semblait pas s’inquiétait plus que ça de l’attaque et le Kaïminus paraissait plus perplexe que méchant.
Camille se retourna en entendant les paroles incompréhensibles de l’autre. Elle parut s’adresser au Pokémon, insensible au charme de Milo. Camille rougit en comprenant son erreur. Ce n’était pas une agression mais un jeu. Mais l’inconnue ne sembla pas s’en formaliser plus que cela au grand soulagement de la jeune fille.
Mais toujours était que Camille ne comprenait pas ce que disait l’inconnu. Dans le doute, elle fit apparaitre entre ses doigts, comme par magie, une de ses cartes de visites, rose aux arabesques marron, avec son portrait de spectacle, cheveu marron et rose et lentilles assorties et celui de Milo, avec en grand inscrit : Fraise et Chocolat, et son prénom : Camille Gutenberg.
Elle sourit en grand en montra sa photo et se pointant du doigt. Elle salua gracieusement, ployant souplement le buste et faisant disparaitre la carte. Puis elle pointa l’inconnue du doigt avec une expression interrogatrice.
Cette dernière rangea ses affaires et sortit des Rollers et se tourna vers Camille. Malgré sa langue étrange, il ne fallut pas à la magicienne pour comprendre le message. Après tout, ele savait dialoguer sans un mot, alors que l’autre parle français ou non, ce n’était pas un problème.
Camille applaudit et posa son sac duquel elle sortit une vieille paire de roller. Elle les posa et les montra des deux mains comme pour faire un tadaaa. Mais sans le son. Du doigt elle désigna ses patins à roulette puis ses pieds puis fit de même avec ceux de l’inconnue. Elle délassa ensuite ses chaussures pour enfourcher ses pantins avec joie. A peine chose faite elle se rendit compte de son erreur car les deux jeunes filles étaient encore loin de la route mais elle haussa les épaules. Quand l’autre fut prête, elle lui tendit la main pour l’aider à se lever et se diriger vers la route où il sera plus simple de rouler.