Peut-être que le grand huit était un peu trop fort, mais son train c’est carrément l’opposé. Je suis sûre de m’endormir de dedans pendant qu’il bouge. Alors que le train que je propose à l’air bien plus amusant.

Even essaye tout de même de me convaincre de partir pour un ennui mortel. Je le toise du regard. Nous reposer ? En visitant le parc ? Je ne sais pas si je pourrai voir grand-chose les yeux fermés.

Malgré mon regard froid, il continue. Mais je ne cèderai pas. J’ai envie de faire les montagnes russes. Et non, ce n’est pas la même attraction que tout à l’heure, puisque là, on reste dans le bon sens tout le temps. Je le regarde en fronçant les sourcils et cela vaut tous ses arguments manifestement.

Il accepte donc ma proposition et je me mets en marche avec un pas déterminer, Vulca dans les bras. Je ne pense pas la prendre avec moi dans l’attraction, elle a eu assez de sensation forte pour la journée, et la connaissant, elle sera plus à son aise sous un arbre décoratif que dans le train.

Alors que je l’entraine vers l’attraction il me cite plusieurs attractions. Je ne sais pas ce que veut dire aquatique mais je m’en fous. Plus tard. D’abord ça. Je balaye ses proposition de la main.

Encore une queue. Pourquoi il y a toujours la queue partout ? Même à ton train, il y avait la queue. C’est vraiment trop nul.

Nous avançons peu à peu. Et quand arrive notre tour, je laisse Vulca de l’autre côté. Finalement, c’est dynamique, ça fait des guili dans le ventre mais on est loin du malaise et des secousses du grand huit. Je suis toute sourire quand nous sortons. C’est bien mieux que le grand huit. Bon, ton tour de choisir. Et vite. Lance-je à Even. Et pas ton train débile.

L’autre jeune homme réfléchit un instant. Pourquoi ai-je l’impression de lui mettre la pression ? Il m’invite dans un parc, certes sans rien payer mais tout de même, et j’ai l’impression d’être un peu tyrannique. Bof, ce n’est qu’une impression puisqu’il a l’air toujours aussi enjoué. A moins qu’il ne fasse partie de la même race que Leonard, celle des idiots naïfs toujours heureux. A chaque fois que j’imagine un peuple entièrement constitué de Leonard, je l’imagine petit et bleu, avec des bonnet blanc et pareil pour les pantalons. C’est trop bizarre.

Je suis le jeune homme qui m’annonce enfin son idée.

Un ascenseur ? Je le regarde à la fois perplexe, dépitée et énervée. Un ascenseur vraiment ? S’il est infernal, qu’est-ce qu’il va nous arriver. On va se retrouver bloquer avec des inconnus pendant une demie heure ?

Une fenêtre s’ouvre dans le bâtiment de l’attraction. Une très grande fenêtre. Je distingue beaucoup de gens assis, avec des harnais. Okay, donc l’Ascenseur infernal d’Even est juste un panorama. Ce garçon est définitivement stupide.

Brutalement les gens disparaissent en hurlant, comme s’ils étaient tombés. Par Arceus, c’est ça qui est infernal. On laisse tomber les gens dans le vide. D’assez haut. Ils remontent à la fenêtre un instant, puis retombent de nouveau et la fenêtre se ferme. On entend encore des hurlements réguliers. Je ne sais pas ce qu’il y a dedans, mais ce n’est pas rassurant du tout.

Je reste un moment bouche bée devant ce que je viens de voir. Je regarde Even, mais je sais que je ne peux pas reculer maintenant. Pas après ce que je lui ai dit.

Bah, on a qu’à aller voir ça de plus près.

Je m’engage dans la file d’attente qui est bien différente des autres. D’abord, c’est normal, c’est comme un jardin, avec des bancs, c’est assez mignon, bien qu’il y ait un truc bizarre, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus.

On entre rapidement dans un le bâtiment qui ressemble un hôtel de luxe, complètement vide. On marche entre des canapé vide avec sur la table basse des tasse de thé, des journaux. On a l’impression qu’il y avait quelqu’un puis plus personne. Des bagage sont laissées à l’abandon aux pieds des escaliers ou de l’ascenseur.

Nous passons devant un comptoir qui sert d’accueil. Une clé est posée dessus, et un vieux téléphone à fil est décroché, sonnant faiblement tout seul.

Finalement, nous nous trouvons devant un ascenseur à l’ancienne, avec la grille en guise de porte. Un homme nous compte et je me retrouve avec Even est six autres personnes dans la cabine.

Un instant je me dis que ce sera comme ce que j’ai dit à Even car après être un peu monté, l’ascenseur s’arrête et une voix nous raconte une histoire. C’est l’histoire de l’hôtel je crois et qu’un jour tout le monde a disparu. C’est presque plus inquiétant que la maison hantée.

Finalement la porte s’ouvre et nous nous retrouvons dans un long couloir sinistre. Des flèches au sol nous indique une direction et nous nous plaçons devant une porte, à côté, il y a deux autres files de six personnes qui attendent devant d’autres portes. Il reste trois portes.

Les gens arrivent régulièrement mais pendant qu’on les attend, il y a de drôle de bruit et je suis sûre d’avoir vu des silhouettes dans le miroir qui décore le couloir. De même que je suis sûre que l’une des portes s’entrouvre et qu’on nous regarde à la dérobée. C’est super glauque.

Finalement, la porte devant nous s’ouvre et nous nous avançons pour nous asseoir dans l’attraction. Des barres viennent nous tenir les épaules comme dans le grand huit. Je suis tendue et je me dis que j’ai bien fait de laisser Vulca en bas.

Les portes se ferment et le noir se fait. Puis il y a comme une salle qui apparait devant nous avec une musique inquiétante. Il me faut un moment pour comprendre qu’il s’agit en réalité d’un écran qui diffuse un petit film. Personnellement, j’ai rien compris à l’histoire, il y a une histoire de dimension où on va être envoyé, bref.

Le noir se fait de nouveau et je sens qu’on s’élève puisqu’on s’arrête. Une grande porte s’ouvre sur l’extérieur et on peut voir le parc. Je sais ce qu’il va se passer. Je suis prête.

Ce qui n’empêche que je suis tout de même prise par surprise quand nous sommes lâchés. Pendant un moment j’ai l’impression de flotter dans les airs mais les barres me poussent vers le bas. On remonte, on rechute puis c’est la descente par à-coup jusqu’à ce que ça s’arrête et qu’on s’immobilise.

C’est encore une fois tremblante que je sors de l’attraction. C’était moins éprouvant que le grand oui mais plus que les montagnes russes. Cette sensation de chute était agréablement désagréable. Les fourmillements dans le ventre, ce sentiment de flottement puis de chute.

A peine sortie, Vulca vient se jeter dans mes bras. Je ne pensais pas tant lui manquer aujourd’hui. Mais c’est aussi rare qu’on soit séparé longtemps, surtout dans de telles circonstances. Elle ne sait certainement pas ce qu’il se passe et je dois avouer que moi non plus, je ne comprends pas trop ce qu’il vient de m’arriver. Je crois avoir laisser mon estomac en haut de la tour.

Une voix dans un haut-parleur passe une étrange annonce. Je regarde Even, perplexe.

Une parade ? Oui, on peut y aller mais c’est quoi ? Je sais ce qu’est une parade, en théorie, mais en quoi ça consiste dans un parc d’attraction ? Et qui va parader ?

Je suis Even jusqu’à une foule et je me détends. Il y a beaucoup trop de monde pour voir et d’ailleurs, je ne vois rien. Ça m’énerve d’être aussi petite parfois. Pire encore, manifestement les gens m’ignorent encore plus que d’habitude pour essayer d’avoir une place.

Even me montre un arbre et s’y dirige. Je comprends vite l’idée, et le vois grimper dedans. Je ne sais pas si c’est vraiment autorisé de toute façon on s’en moque. Je fusille du regard son Pokémon qui s’approche de moi, comme pour m’aider à grimper. Je grogne légèrement et il recule pour s’apporhcer de Vulca qui lui répond encore moins amicalement que moi. Il nous prend pour qui ? Je pense avoir appris à grimper aux arbres bien avant que l’envie ne lui en prenne.

Vulca court vers moi bondit sur mon bras et je lui sers de tremplin pour atteindre une branche. Elle s’y aggripe comme elle peut et après un instant de gigotage de jambe dans le vide, la Goupix s’asseoit dignement sur la branche.

Pour ma part, je prends un rapide élan et après un appui puissant et quelques mouvements de balancier je me retrouve à califourchon avec mon Pokémon.

Une musique affreuse résonne dans le parc à ce moment-là et un long convoi de paillette et scintillement débute. Je trouve ça particulièrement moche et vraiment trop…

J’ouvre grand les yeux d’un seul coup. Sur l’un des chariots, il y a une femme, certainement une princesse. On dirait qu’elle vole dans une robe toute légère, bleue claire. Ses cheveux blonds sont longs et cascadent sur ses épaules. On dirait qu’il danse en douce boucle, alors que les miens son tellement noir et raide que je préfère les avoir courts ou attachés. Quand elle bouge il y tout plein de petits éclairs de lumière, comme autant de flash qui la font briller. Elle a l’air tellement gentille et elle rit bien plus naturellement que les autres. Elle jette des paillettes dans la foule ou des confettis je ne sais pas et je m’en fous.

Je reste bouche bée en suivant son chariot des yeux et même quand il est passé, je reste interdite. C’était le dernier char de la parade mais je n’ai pas fait attention, tant j’ai été émerveillée par cette princesse ou quoi qu’elle soit.