C'est aujourd'hui que je m'étais promis de rendre visite à Mémé. J'ai même fait tout le trajet jusqu'à Kishika en me disant que ça allait être le jour... Car ce n'est pas la première fois que j'abandonne en chemin. J'aime beaucoup ma grand-mère, c'est elle qui m'a hebergée lorsque je suis arrivé à Lumiris ! Mais en même temps, elle n'a jamais rien vu d'autre en moi qu'un raté, comme le reste de ma famille..
Donc, disons que.. Nos conversations finissent souvent assez mal. A vrai dire, j'ai même peur de lui faire une visite surprise aujourd'hui.. M-Mais j'ai emmené des fleurs, ça lui fera peut-être plaisir !
J'ai vraiment peur.
J'ai décidé de prendre un chemin un peu plus long aujourd'hui, il est rare les temps où on peux vraiment profiter de son environnement, sans être pressé par le temps ! Il fait plutôt bon d'ailleurs, même pour une période d'Hiver. Les pokémons sauvages continuent de parcourir les champs et les pokémons d'élevages profitent d'un bol d'air frais. D'ailleurs.. Suis-je déja passé par ici auparavant ? Si les lieux me disent vaguement quelque chose, les installations et les fermes alentours m'étaient inconnu.
Poussé par la curiosité, et probablement par le désir d'esquiver ma visite, je m'avance alors près des limites de ce qui semble être un terrain habité. Il y a...
"Haaan ! Des Tiboudets ! Poutchi poutchii.."
De tout les pokémons en ce monde, le Tiboudet fait parti de mes favoris ! Ils sont petits, mignons, le plus souvent si gentil et doux et sont d'excellents Pokémons, en plus de ça ! J'essaye de les attirer vers moi mais sans ne savoir quoi dire, je ne fais qu’émettre des petits son un peu embarrassant.
L'un d'eux s'approche, j'essaye de glisser mon bras doucement pour essayer de le caresser sans me faire mordre. Pas qu'ils soient méchant, mais eux, peuvent penser que je sois méchant ! Alors que non, fin, j-je ne pense pas..
Malgré tout, je suis vraiment heureux, toutes mes angoisses ont disparues en un instant. Si bien que je ne faisais même plus attention aux fleurs dans mes mains qui tombaient doucement au sol, ni aux regards des fermiers non loin..
- Hé m'fils, y'a un gars qui touche à tes baudets. - AH ! sursauta l'intéressé en se retournant vers la route qui bordait la fermette, la fourche à la main. Si c'est encore un de ces hippies avec leur bien-être animal, j'm'en vas l'embrocher ! fit-il d'un ton féroce, presque assez pour avoir l'air crédible. Mais sa moue effrontée ne fit qu'arracher un sourire bienveillant à son paternel. Il fallait dire qu'il comprenait l'énervement de son fils : dernièrement, une vague de Pokémaniacs tarés était venue leur hurler dessus, prétextant que leurs bêtes travaillaient trop et qu'elles seraient bien plus heureuses en liberté. Le genre d’imbécillités qui allait les mettre sur la paille ! - Il a plutôt l'air d'un citadin qu'a jamais vu un Tiboudet d'sa vie, ha ! Une dernière tape sur l'épaule, et le père était déjà retourné à ses choux-fleurs en riant.
Sa curiosité attisée, il n'en fallut pas plus à Wallace pour revenir à la douceur qu'on lui connaissait. Il abandonna donc son arme de fortune pour s'approcher du pré des ânons, à petits pas, en tripotant ses doigts comme un enfant nerveux. C'était pas de sa faute - les citadins l'impressionnaient tellement ! Il portait pas sa belle chemise, en plus - et celle qu'il avait était déjà toute crottée. Ce fut donc avec inquiétude mais bravoure qu'il prit connaissance de la scène...
Oh ! Oh ça oui, c'est vrai qu'ils étaient les plus mignons, les tiboudets ! Déjà, ils étaient trop chou, mais même pour un tiboudet, son Tiboudet à lui était le plus mignon de tous les tiboudets du monde ! Et c'était bien ce tiboudet-là qui profitait des grattouilles, pas les autres ! Wallace se sentit tout fier et afficha un large sourire. Il aimait bien ce gars ! Alors oui, d'habitude c'était les enfants qui caressaient les bêtes comme ça, mais il l'aimait bien quand même ! Il s'approcha encore un peu, doucement, pour ne pas briser ce joli moment - jusqu'à ce qu'il remarque le manège de Tiboudet et se précipite vers le pré au quart de tour.
- Ah je le savais, saligaud ! hurla-t-il au Pokemon en escaladant la clôture pour passer à l'intérieur du petit pâturage. J'le savais que tu savais pas être gentil ! T'es qu'un intéressé, sale bête ! Sans doute était-il trop brut, comme toujours. Trop vrai. Sans rien pour filtrer ses émotions pures. Mais il fallait bien au moins ça pour faire reculer la tête de mule d'un pas, d'un seul. Wallace rajouta une tape derrière les oreilles de l'animal en arrivant - une tape qui fit à peine broncher l'habitué. En se tournant enfin vers le jeune homme, toute la colère du fermier mourut en un instant, et son visage se transforma en une moue de chien battu.
- J'suis vraiment désolé m'sieur, il pensait pas à mal, en vrai c'est une brave bête ! se précipita-t-il en excuses en s'agenouillant pour passer les bras sous la clôture et essayer en vain de sauver ce qu'il restait du bouquet. Bouquet dont la moitié des fleurs avait été gobée en une bouchée par ce brave Tiboudet - c'était sans doute ce qui l'avait le plus intéressé, bien avant les caresses. Ohlala, c'était des belles fleurs en plus ! Vous inquiétez pas m'sieur, j'vais vous en racheter !
Tout chez Wallace témoignait de la plus pure des désolations : à genoux en train de ramasser les fleurs abîmées au sol, on n'aurait pas mieux fait dans le rôle de l'innocent fermier au cœur sincère.
C'était un moment de pur bonheur pour moi. Je pense pas être quelqu'un de très difficile, si je peux câliner des trucs choupi, ça me va parfaitement !
Mais je sentais que je ne devais pas m'éterniser. J'ai entendu quelqu'un crier au loin, même si je ne l'ai pas vu. Sûrement un éleveur, qui ne veux pas que l'on touche à ses pokémons.. Ce qui est très normal en même temps ! Mince, qu'est ce que je dois faire, je dois m'excuser, implorer, payer ?! J-JE SAIS PAS !
C'est avec un petit cri de surprise que j'ai finalement rencontré l’éleveur de Bourricos, qui.. Réprimandait son pokémon. M-Mais pourquoi, ça parle de.. AH. IL M'A MANGER MES FLEURS. Bon, en soit, ce n'est pas trop grave, il les a certainement plus apprécié que ne les auraient aimé, la personne à qui je comptais les offrir..
Je me confonds en excuse.
"P-Pardon pardon ! Je n'aurais pas du, c'est une bêtise, je sais que c'est mal de toucher le pokémon d'un autre sans demander l'autorisation !" Ce n'était pas obligatoire de le dire, ça..
La personne rencontré avait des allures plutôt classiques, mais avec un visage vraiment ensoleillé, comme si il portait le bonheur du monde sur ses épaules ! Il est rare de rencontrer ce genre de personne, mais le simple fait de poser ses yeux sur lui donne un sentiment de bien-être.. H-Ha. Cependant, il se glisse sous la barrière pour ramasser le reste des fleurs qui pouvaient encore être sauvées.
Je m’exécute pour faire de même, le priant de cesser.
"Ce n'est pas grave, vraiment, j'aurais du faire bien plus attention ! C'est pas de sa faute. Puis, le simple fait de l'avoir vu à rendu ma journée bien meilleure.. H-Ha, pardon ! Je m'appelle Narcisse !"
Je l'écoutai ce morfondre, être désolé pour les actions de son pokémons qui sont loin d'être grave.. Et là, une seule chose me vient en tête : Protect that smile. Le genre de personne que tu veux protéger de tout, et que si il lui arrivait malheur, tu tuerais tout le monde, puis toi ensuite ! Le soucis, c'est que j'arriverai jamais à être comme ça... Dur réalité.
Les fleurs dorénavent dans les mains du bonhomme, je réfléchis à ce que je pourrais bien en faire. Les donner à Tiboudet est une mauvaise idée, son alimentation pourrait en être détérioré.. Et les donner à ma grand-mère, ne me cataloguera qu'au titre de "petit-fils inutile, pas même fichu de garder un bouquet en vie".
Triste vie.
"Encore pardon de vous avoir embêté avec tout ça, je pensais pas à mal ! J-Je vais pas rester plus longtemps, encore pardon ! Je n'avais encore jamais vu cet endroit avant, j'étias assez curieux, héhé !
Je commençais déjà a remballer toutes mes affaires, prêt à décamper. Pour être honnête, je n'avais aucune envie de partir, désirant simplement laisser passer le temps a regarder les pâturages et ses adorables créatures.. Mais parfois, il faut savoir affronter le destin, aussi embêtant soit-il. Puis, je ne dois pas être égoïste en embêtant cette pauvre personne, qui n'a certainement pas demander qu'on vienne la déranger !
Parfois, il n'y avait rien de plus merveilleux au monde que de rencontrer quelqu'un de semblable à soi. Parfois, ça menait à de petits désastres. Comme là, maintenant, alors que les deux jeunes hommes étaient tous les deux à quatre pattes pour ramasser les fleurs, chacun de son côté de la clôture, à se confondre dans un concert d'excuses et de désolations. Wallace en rirait sans doute plus tard - et n'importe quel spectateur aurait trouvé la scène cocasse - mais pour l'instant, il se sentait terriblement mal d'avoir gâché le bouquet de fleurs de cet inconnu. Enfin, ce n'était pas directement de sa faute, mais il se sentait tout de même responsable des actions de Tiboudet. Sauf que ce n'était pas l'avis de l'autre qui, dans ses excuses à lui, se blâmait lui-même de n'avoir pas été assez vigilant.
Enfin, ils se relevèrent tous les deux, mais le ballet d'excuses n'avait pas cessé. Et voici que Narcisse disait vouloir partir, rassemblant ses affaires en vue de s'enfuir de cette affreuse situation - jetant Wallace dans une panique monstre. Il était impensable pour lui de s'arrêter sur une mauvaise interaction et de donner une mauvaise image de la ferme à qui que ce soit (à un futur client ?).
- Non, attends ! Ni une ni deux, le fermier escalada la clôture en deux enjambées pour passer du côté de la route. Une fois de l'autre côté, il se stoppa net, se demandant ce qu'il était en train de faire. Et quoi, si le gars était pressé et qu'il voulait partir, il allait faire quoi ? Le tacler bien comme il faut ? Ce ne fut que là qu'il réalisa l'absurdité de la situation et, tout d'un coup, la panique le quitta. Pire encore - il se mit à rire, à rire simplement, comme l'imbécile qu'il était. Le pauvre n'en pouvait plus, il était pris d'un fou rire de la pire espèce, et il était presque sûr que Narcisse allait en profiter pour décamper.
- Je-- désolé-- réussit-il difficilement à hoqueter entre ses éclats. Il dut même se saisir un côté, la douleur commençant à se faire sentir. Mais par miracle, il réussit à se calmer et passa quelques secondes à prendre de grandes respirations, les yeux mouillés de larmes. Pfff... J'suis désolé, je sais pas ce qui s'est passé. Pour le fou rire, et pour leur concert d'excuses un peu plus tôt. Tout sourire, le pauvre Wallace était susceptible de repartir en fou rire à la première occasion. Mais au moins, ses nerfs avaient pu se détendre, et il était presque calmé.
- Narcisse, c'est ça ? Moi c'est Wallace. Une main toujours appuyée sur un côté, comme pour comprimer la douleur, il lui tendit l'autre. Wallace MacGregor ! T'en fais pas pour les tiboudets, tout le monde a le droit de les caresser, y'a pas de mal ! Tout le monde avait même le droit de demander à visiter la ferme ! Mais pour tes fleurs... écoute, je peux pas te laisser aller retrouver ta fiancée les mains vides. On va trouver une solution. Forcément, Wallace avait vite fait un raccourci. Mais il était sincère dans sa démarche, et il réfléchit sérieusement au problème. Y'a beaucoup de fleurs sauvages qui poussent dans les prés... Tu veux y jeter un coup d’œil ? J'suis sûr que y'a moyen de refaire un beau bouquet ! Presque aussi beau qu'un bouquet de fleuriste - et peut-être plus, parce qu'il y aurait le charme du côté artisanal ! Mais si t'as vraiment pas le temps, dis-moi combien il a coûté et je te rembourse. 'Vaut mieux arriver les mains vides que lui poser un lapin !
Large sourire enjoué. Honnêtement, Wallace était un bon gars.
Des désastres, ça, c'est certain. Quand deux personnes avec de tels caractères se réunissent, il est impossible que cela n'apporte pas des scènes cocasses ! Quiconque se moquerait de nous, a faire tant d'histoires pour si peu de chose ! D'ailleurs, il serait surement bon de laisser le calme revenir et de calmer un peu le tout.
Enfin, l'idée que tout ceci était ma faute, que j'ai fais une chose que je n'aurais pas du faire et que la fuite serait sûrement la meilleure idée pour apaiser tout ses petits conflits.
Mais... Je n'en ai pas eu la chance ! L'éleveur sauta la barrière que je pensais électrique, pour se retrouver de mon coté. Il semblait bien plus impressionnant vu de prêt, plus grand, de prime abord.. Mais lorsqu'il se mit à rire, je n'ai pas pu m’empêcher de rougir de honte. Comment en est-on arrivé là, est ce que ma bêtise était si honteuse pour que l'on me rie au nez ?
Au final, je resta coincé là, à le regarder rire sans savoir quoi faire de plus. Je n'avais même pas la force de l'accompagner dans sa rigolade ! Mais au moins, il semblait heureux, et diable sait que le travail d'un éleveur n'est pas des plus aisé ! Bon, j'en savais pas non plus des masses, mes parents étaient plus éleveur dans une pension pokémon qu'autre chose.
Elever des oeufs et des Tiboudets, ça doit être une toute autre paire de manche.
"En-enchanté, Wallace ! Ca me rassure, je pensais faire une bêtise en les touchant.. Niveau germes, tout ça tout ça !" On ne sait jamais, certains pokémons sont plus fragiles que d'autres. "Oh, non, ce n'est pas pour...E-Euhm.. Ok ! J'ai un peu de temps devant moi, mais je ne veux pas te déranger pendant ton travail pour.. Cueillir des fleurs !"
Tiens, je le tutoie maintenant ? Mais c'est vrai, ce serait une demande vraiment égoïste, il a sûrement d'autres chose à faire ! Mais l'attention était vraiment adorable, il est rare de croiser des gens aussi gentil, surtout lorsqu'on les importune.. Ce qui me rends encore plus coupable..
Je trouverai un moyen de le remercier à l'avenir. Par un gâteau, où l'inviter ou peu importe.. Mais ce qui est sûr, c'est que je vais à nouveau emprunter ce chemin, et à nouveau, le revoir ! C'est un bon gars.
J'essaye de faire partir mes rougeurs, en lui présentant cette fois-ci, un vrai sourire chaleureux. Autant repartir sur de bonnes bases, c'est le mieux !
"Si ça ne gène pas, je suis partant pour ceuillir quelques fleurs ! Mais j'insiste, je ne veux pas prendre ton précieux temps ! ...Et laisser à l'abandon ses adorables poutchi.. E-Euh, Tiboudets !"
Le sourire de Narcisse ne fit que relancer de plus belle la bonne humeur de Wallace. Le gaillard se mit à rire, partant déjà vers les prés fleuris en faisant signe à son nouvel ami de lui emboîter le pas.
- Tu m'gênes pas, voyons ! assura-t-il avec conviction. S'il avait vraiment été trop occupé, il ne se serait tout simplement pas montré - même si, admettons-le, Wallace n'était guère du genre à mettre ses corvées journalières au-dessus du service à la communauté. Il avait beau adorer ses Pokémons, il aimait tout autant leurs dresseurs. Un cœur gros comme ça, je vous dis !
Ils arrivèrent bien vite à l'un des prés vides, dont Wallace ouvrit le portail pour laisser entrer Narcisse. T'en fais pas, y'a pas de Pokémons ici, se crut-il obligé de faire au jeune homme d'un ton qui se voulait rassurant, mais qui pouvait peut-être sonner un tantinet trop maternel. Difficile de l'en blâmer : Narcisse semblait si frêle et si délicat, il se sentait obligé de vouloir le protéger. Un tauros a abîmé une clôture, alors le pré est vide en attendant qu'on répare. Mais ils n'en avaient pas encore eu le temps, vu comme leurs journées étaient déjà bien remplies. Wallace savait ce qui l'attendait au prochain temps libre...
L'herbe bien verte du champ était parsemée de myriades de petites fleurs aux tons pastel. Rien de criard, mais que des couleurs douces - des petites clochettes à la forme parfaite, des boutons d'or passant presque inaperçus, des pâquerettes par centaines... C'est que des fleurs des champs, alors forcément... s'excusait déjà Wallace. On pourra aller jeter un coup d’œil du côté du potager, si tu veux... Les fleurs des citrouilles étaient grandes et d'un jaune profond : de quoi attirer l’œil au premier regard, s'il préférait ce genre de bouquet.
On se croirait dans une de ses émissions à la télé, où le héros principal rencontre l'amour à la campagne, et finit par faire des choses assez inimaginables.. C-C'est plutôt embarrassant de penser que je vais batifoler dans la nature avec un parfait inconnu pour chercher des fleurs ! C'est peut-être agréable, mais pour une fois, je n'arrive pas a cesser mon embarras. Surtout pour quelques fleurs... Est-ce que ça vaux le coup ?
A-Ah.. La situation peux être difficilement plus cocasse. Mais c'est souvent lorsque l'on dit ce genre de chose qu'il arrive le pire.
Je le suis donc en direction du pré qu'il a conseillé, une grande étendue de verdure aux allures champêtre. Il est vrai qu'il était bien vide, et après confirmation de Wallace, l'endroit semblait vraiment des plus calme. Une barrière cassée..? Je savais maintenant comment lui venir en aide ! Je suis plutôt doué en bricolage !
Mais je ne vais rien lui dire pour le moment, peut-être attendre qu'il ne regarde pas ou.. A-Ah; non, c'est pas bien, c'est de la violation de propriété privée !
"Mince, c'est pas de chance.. Heureusement, ça a pas l'air trop difficile à réparer, je pense ! "
Un océan de petites fleurs. C'était peut-être exagéré, mais la scène était vraiment magnifique. Le pastel donnait un coté doux et relaxant, bien différent des fleurs que j'ai acheté plus tôt, qui étaient plus vifs et colorés. Mais c'est peut-être mieux comme ça.
"Elles sont très bien ! Ça ne gène vraiment pas si j'en prend quelques unes ? ...C-C'est presque criminels, de les arracher.."
Forcément, c'est un crève-cœur ! Pas seulement parce que mon propre nom est celui d'une fleur, mais parce que chaque vie est précieuse. ...Alors oui, on peux me dire que je suis fragile, niais, ou bien trop émotifs, mais il n'y aucune différence à faire souffrir une plante qu'un pokémon ou un humain !
Puis, je ne sais pas ce qui s'est passé mais j'ai bugué un moment. En observant mes fleurs, puis, les cheveux de Wallace. Lui mettre des fleurs dans les cheveux serait drôle. Mais je le connais à peine, c'est déplacé.. Autant que je les garde pour constituer un petit bouquet. Tant pis si il paie pas de mine !
Le commentaire de Narcisse sur la clôture abîmée remplit Wallace d'intérêt. S'y connaissait-il, ou n'était-ce juste là qu'une façon de lui répondre poliment ? Sur le coup, il eut le réflexe de vouloir lui demander un coup de main - par chance, il sut se rattraper avant d'avoir prononcé un mot, se souvenant qu'il n'était pas convenable de faire travailler ses invités. Et tout le monde ne trouvait pas les après-midi marteau, clous et sueur particulièrement amusantes... De plus, Narcisse semblait bien trop délicat pour ce genre d'activité et Wallace se rendit soudain compte qu'à côté, il devait avoir l'air d'un paysan bourru et sans éducation. Presque honteux, il baissa les yeux sur les fleurs des champs en pinçant les lèvres.
Par chance, les humeurs de notre fermier étaient aussi changeantes que la girouette perchée sur la grange, et l'intérêt innocent de Narcisse pour les fleurs lui fit instantanément oublier ses misères. Il... s'inquiétait pour son futur bouquet ? N'était-ce pas la chose la plus adorable au monde ? Bien sûr, Wallace et son côté pragmatique ne comprirent pas tout à fait la sensibilité de son interlocuteur, et il crut que, plutôt que de s'inquiéter pour les fleurs en elle-même, Narcisse s'inquiétait de l'état de la prairie s'il en ôtait quelques fleurs importantes. Car tout fermier savait que la qualité d'un pré dépendait surtout de la qualité de ce qui y poussait - et dans le cas d'un pré fleuri, ce n'était pas tant l'herbe que les fleurs qui comptaient. C'était elles qui nourrissaient réellement les écrémeuh et leur faisaient produire des laits si doux et délicatement parfumés !
- Mais non ! Elles préféreront sûrement intégrer un joli bouquet qu'on va aimer, plutôt que se faire manger par une écrémeuh ! voulut le rassurer Wallace en riant légèrement, malgré le cruel destin qu'il venait d'évoquer. Tiens, d'ailleurs ! Tu savais que le lait a un goût différent en fonction de ce qu'elles mangent ? Les écrémeuh ?
Évidemment, Wallace trouvait le sujet passionnant. Grand sourire, il s'assit au milieu des fleurs - en prenant garde de n'en écraser aucune - et commença à les désigner une à une, comme pour les présenter à leur futur propriétaire.
- Les pâquerettes, les boutons d'or, c'est classique. Mais ça, là, c'est du cosmos; ça pousse tout seul et ça peut avoir une dizaine de couleurs différentes ! Tout excité, le jeune homme pointait du doigt en direction d'un parterre plus coloré que le reste, recouvert de fleurs roses, oranges, jaunes, blanches, rouges et même pourpres ! Et ce, dans toutes les nuances possibles. Et ici, reprit-il en cueillant une petite fleur violette en forme d'étoile, c'est une bourrache. J'adore leur forme, mais surtout, on peut en manger ! Ma mère en garnit les assiettes, quand on reçoit du monde. Sur quoi Wallace tendit la fleur à Narcisse, avec son sourire ensoleillé, pour la lui offrir. Sans se rendre compte, dans son innocence, à quoi ça pouvait ressembler.
Si Wallace était habituellement plus branché faune, il ne manquait pas de connaissances sur la flore de sa ferme. Bien sûr, si on lui posait la question, il répondrait d'office qu'il n'y connaissait rien - sa propension à douter de lui-même et à se croire idiot le convainquant qu'il ne pouvait tout simplement pas posséder de réelles connaissances sur quoi que ce soit, et qu'il était bête à manger du foin. Mais en ce moment précis, sa passion pour tout ce qui faisait partie de sa propriété se faisait nettement ressentir, et son cœur débordait d'affection pour même la plus petite des marguerites qui l'entouraient.