C'était une bien belle ville, Mirawen. Une grande cité, pas aussi imposante que Voltapolis et Nemerya, mais mille fois plus charmante. S'il devait choisir une grande ville où s'installer, Wallace ne doutait pas une seconde que l'heureuse élue serait celle-ci. Dommage que de chez lui, il faille passer par Sunyra, prendre un bateau pour Port-Corail et prendre encore la route une fois arrivé au port... Forcément, ça allongeait le voyage ! Impossible pour lui, donc, de visiter la belle cité plus régulièrement, mais il s'offrait tout de même une virée quand il pouvait. Aujourd'hui, il avait pu se libérer pour la journée et il comptait bien faire les touristes !
Sauf que... Sauf que s'il était évident que Wallace se perde à Artiesta, il n'était pas beaucoup plus dégourdi à Mirawen. La ville lui semblait plus familière, mais il restait quand même très loin de sa fermette. Et si la première heure passée à Mirawen se passa dans la plus grande des sérénités, un sourire enjoué sur le visage, le pas sûr tandis qu'il flânait au hasard dans les jolies rues pavées, admirant l'architecture des lieux... Celles qui suivirent le firent déchanter. Se dégourdir les jambes une heure, c'est chouette; trois, ça devient une randonnée. Et Wallace de tourner en rond, de ne plus savoir se repérer, de chercher en vain un café pas trop bondé où se poser. Mais les touristes, il y en avait des tas ici, et le pauvre se retrouvait confronté à des gens aussi perdus que lui à chaque fois qu'il tentait de demander une indication.
Alors, au bout de sa vie, Wallace se laissa soudain choir sur le trottoir. Tant pis, il se reposerait là ! Ça ne lui faisait pas peur de s'asseoir par terre ! Mais malgré son désespoir, le jeune homme n'en avait pas perdu son sourire et sa bonne humeur - en fait, il commençait même à rire doucement, s'amusant beaucoup de la situation dans laquelle il s'était fourré. Ahlàlà Wallace, qu'est-ce que tu vas faire, maintenant ? T'es un bien bel abruti ! se prit-il à penser en pouffant - de la pure autodérision, bien sûr !
Mirawen, mirawen... J'adore cette ville. Cela fait des années que j'y habite, et je connais chacun de ses recoins comme ma poche. Je ne sais pas ce qui fait que je m'attache autant à ce lieu, mais absolument tout me plait. Ses coloris, ses routes pavées à l'ancienne, son côté décalé et la bonne odeur qui titille les narines à chaque instant, un vrai petit coin de paradis. Et pourtant, j'avais pris la décision de partir.
Je déambule dans les rues de ma ville natale, Electicat suivant mes pas avec précaution, restant derrière moi. Mes pas se fondent dans le brouhaha collectif, dans toute l'agitation joyeuse de la cité, et je laisse mon regard se perdre dans la foule, un poil mélancolique mais enjouée par la perspective de l'aventure qui s'annonce. Comme mes parents, je m'en vais découvrir le monde, le connaitre jusque ses moindres recoins, apprendre ses spécificités pour faire mien toute sa splendeur... Ce qu'il me reste à découvrir est si vaste que mon excitation s'en fait croissante. Mon pas s'accélère, et je souris d'impatience, tandis que mon lixy accélère le rythme pour arriver à suivre ma cadence, manifestant lui aussi son envie d'aventure par de brefs ronrons.
Mais je stoppe mon avancée, me figeant au milieu de la rue pour observer quelqu'un qui attire mon attention. Assis par terre, vêtu comme un fermier, un homme semble au mieux complètement perdu, au pire complètement épuisé. j'aurai pu le laisser dans le pétrin pour partir à l'aventure, mais j'ai quand même un minimum de morale. Et je sens qu'Electicat a envie d'aller le voir, comme si il ressentait quelque chose avec lui. D'ailleurs, il me devance, pour s'approcher de lui comme si de rien n'était. Je ralentis le pas, suivant mon pokémon, avant de finalement arriver au niveau de l'inconnu :
"Bonjour ! Vous avez l'air un peu perdu, ou alors fatigué, je me trompe ? Si vous avez besoin d'aide pour vous repérer, je peux vous aider, je connais très bien cette ville !"
Je lui parle d'un ton calme, bien que j'observe surtout Electicat qui lui tourne autour, comme intrigué. Et faut dire que ça m'intrigue aussi, il n'est pas farouche mais il semble carrément amical avec l'inconnu. Il le connais ? Ou alors il lui trouve une qualité que je ne voie pas ?
Wallace n'était pas là depuis longtemps que, déjà, un petit être venait s'inquiéter de son sort. Il baissa les yeux sur un petit pokémon électrique qu'il semblait avoir intéressé. Il n'en fallait pas plus pour que le sourire du paysan s'étire davantage, et il eut le réflexe de baisser une main vers la boule de poils. Cependant, il fut stoppé dans son élan avant même d'avoir pu amorcer son geste par une voix féminine pleine de bonnes intentions.
- Bonjour ! Vous avez l'air un peu perdu, ou alors fatigué, je me trompe ? Si vous avez besoin d'aide pour vous repérer, je peux vous aider, je connais très bien cette ville ! Oh ! La propriétaire de la boule de poils, sans doute ! Il leva les yeux vers elle, et découvrit une jeune fille à la chevelure rosâtre. Son premier réflexe fut de joindre rapidement les paumes, les doigts levés vers le ciel, dans une prière de remerciement silencieuse. Mais il quitta sa posture religieuse très vite et se remit à sourire avec gratitude.
- Merci beaucoup mam'zelle, vous êtes adorable ! Trop affable, peut-être ? Je viens de débarquer, et j'avoue être complètement paumé ! Un aveu qu'il fit sans mal, laissant même un nouveau rire s'échapper de sa gorge. J'ai déjà fait le tour des cafés du coin, mais ils sont bondés ! Si vous connaissiez un autre endroit où me poser, peut-être moins assailli par les touristes... ?
A mesure qu'il parlait, le petit pokémon l'intéressait de plus en plus, et Wallace commençait presque à regretter de ne pas avoir emmené Tiboudet. Mais l'âne n'aimait pas les voyages en pokéball, et puis il était mieux dans son pré ! Oui mais voilà : la solitude, ce n'était clairement pas fait pour Wallace, et il commençait déjà à en sentir le poids. Alors, il posa une main à terre, la paume vers le ciel, pour inviter la petite bête à venir le renifler. Il avait la chance de s'y connaître en animaux et n'avait aucunement l'intention de brusquer le pokémon !
L'inconnu arrête d'observer mon pokémon pour me regarder, fin je crois... car il joins les mains dans un geste qui ressemble à une prière, comme si il me remerciait. Je fais un petit pas en arrière, surprise sur le coup. Je ne m'attendais pas vraiment à une telle réaction, je ne fais que lui donner un petit coup de main après tout... C'est pourquoi je lui fait directement un signe de la main d'apaisement, comme pour lui dire "c'est bon, c'est pas la peine", bien que ça me mette un poil mal a l'aise. Et je sens les regards des passants se poser sur nous, intrigués par la supplication de l'homme. Heureusement, il ne reste pas bien longtemps dans cette position, laissant ses mains choir pour m'adresser un sourire, que je lui rends, bien qu'un peu gênée :
"- Merci beaucoup mam'zelle, vous êtes adorable !"
Je me passe une main dans les cheveux, sourire aux lèvres. Son accent un peu campagnard et son franc parler me plaisent assez bien, il n'a pas l'air d'être un mauvais bougre pour deux sous.
"Je viens de débarquer, et j'avoue être complètement paumé ! J'ai déjà fait le tour des cafés du coin, mais ils sont bondés ! Si vous connaissiez un autre endroit où me poser, peut-être moins assailli par les touristes... ?"
J'ai un petit rire malgré moi. Il était donc effectivement complètement paumé. En même temps il y'a de quoi, Mirawen peut être un vrai piège pour ceux qui ne la connaissent pas. Dire que c'est une cité tentaculaire serait à peine exagéré !
"Oh, je pense pouvoir vous renseigner ! Bien sur, dès qu'on pense au café, tout le monde vous conseillera le velvet café... Mais il risque d'être complet à cette heure..."
Je pose un doigt sur mon menton, réfléchissant un instant :
"Sinon, y'a le stan & buck coffee... Il est beaucoup moins populaire, et, bien que les cafés ne soient pas aussi bons qu'au velvet, les tenanciers sont très sympas ! ce sont des amis de la famille, pour tout vous dire."
Je ponctue ma phrase d'un clin d’œil, avant de reporter mon attention sur Electicat. Intrigué, le petit Lixy renifle la main de l'homme, comme si il cherchait un contact, qu'il l'appréciait bien. J'observe le spectacle avec curiosité un bref instant, avant de reprendre mon explication :
"Le café est dans le sud de la ville... C'est pas bien loin d'ici, une petite dizaine de minutes de marche; Et puis, comme ça vous vous écarterez des rues pleines de monde pour découvrir le Mirawen calme, le meilleur de la ville !"
le principal étant dit, je m'apprête à reprendre ma route. J'ai une aventure à mener, et bien qu'il me soit très sympathique, mon excitation se fait grandissante à la perspective de l'aventure qui s'annonce. Je lance un regard enjoué à Electicat... Qui ne me rends même pas mon regard, trop occupé à se frotter contre la main de l'homme. je vous jure, il me les aura toutes faites celui là. Comprenant que je veuille partir, il me lance un regard suppliant, comme voulant rester un peu avec lui, et l'homme a à peu près la même expression. Je crois que mes explication sont loin d'êtres claires pour lui... Je soupire donc, avant de lui dire :
"Bon, Et si on y allait ensemble ? De toute façon, je prendrai bien un dernier café avant de quitter ma ville ! Et puis, ça serait dommage que vous visitiez Mirawen sans voir ses meilleurs coins... Au fait, je ne me suis même pas présentée ! Ariane, exploratrice et dresseuse à ses heures perdues. Et lui..."
Je pointe le petit pokémon qui joue avec la main de l'homme :
"C'est Electicat, mon pokémon. Je dois dire que je suis impressionnée, c'est rare qu'il soit aussi amical avec un inconnu !"
Wallace avait décidément le chic pour s'attirer les bonnes grâces des jeunes demoiselles ! Celle-ci semblait avenante et ne tarda pas à s'amuser de la situation avec lui, finissant même par lui indiquer un café moins bondé ! Il lui répondit d'un large sourire, pensant déjà à la remercier avant de prendre congé, jusqu'à ce qu'il se rende compte que... " un café dans le sud de la ville, à une dizaine de minutes de marche ", ce n'était pas ultra spécifique comme indication. Mais elle se détournait déjà et le pauvre paysan, trop honteux de devoir demander des précisions, dut se pincer les lèvres pour ne pas la rappeler. Cependant, son regard en disait long sur sa détresse - et peut-être le petit pokémon l'avait-il comprise, car il n'avait guère quitté sa main.
Le lixy alla même jusqu'à seconder son regard suppliant, comme pour l'aider, à sa manière. Ils devaient être beaux tous les deux, avec leurs têtes de chiens battus ! Des expressions qui ne passèrent nullement inaperçues à la jeune fille, qui finit par se résigner avec un soupir.
- Bon, et si on y allait ensemble ? Wallace se redressa à cette proposition, sa mine atterrée laissant immédiatement place au sourire qu'on lui connaissait. De toute façon, je prendrai bien un dernier café avant de quitter ma ville ! Et puis, ça serait dommage que vous visitiez Mirawen sans voir ses meilleurs coins... Que de bonnes idées que voilà ! Au fait, je ne me suis même pas présentée ! Ariane, exploratrice et dresseuse à ses heures perdues. Et lui... C'est Electicat, mon pokémon. Je dois dire que je suis impressionnée, c'est rare qu'il soit aussi amical avec un inconnu !
Le campagnard se leva d'un bond, réjoui au possible. Encore une dresseuse en herbe prête pour l'aventure ! C'était la saison, ou bien ? En quelques jours, c'était bien la quatrième qu'il rencontrait ! Il lui tendit une main, pressé de se présenter à son tour.
- Et moi c'est Wallace, Wallace MacGregor ! Quand on a un business familial à faire tourner, on n'hésite plus à donner son nom de famille à tout-va. Je vous r'mercie encore, vous me sauvez la vie ! Et c'était bien vrai, parce que Wally n'avait pas le luxe de voyager quand il voulait. Un seul jour de vacances, c'était sacré, et s'il l'avait passé sur le trottoir... Le pauvre en aurait grandement souffert. Il est très mignon, vot'compagnon de route ! continua-t-il en baissant les yeux sur le lixy. On a pas mal de pokémons chez moi, peut-être qu'il a senti ça ?
Wallace avait cru comprendre que les citadins n'accueillaient qu'un ou deux pokémons chez eux - c'était loin du groupe réuni à la ferme ! Et encore, ce n'était qu'une fermette familiale : on n'y comptait même pas un grand cheptel.
- Et donc comme ça, vous partiez à l'aventure, là ? Partiez, car il venait malencontreusement de ralentir ses plans. Quoique... L'aventure ne commençait-elle pas dès que nous quittions le pas de notre maison ? Et si la première étape de son aventure, c'était lui, le fermier en détresse ? Un premier allié, qui payerait sa dette ensuite, quand sa quête la mènerait aux abords de Kishika... ?
A ma proposition, sa mine atterrée se fait remplacer par un sourire éclatant, et il se lève d'un bond, acceptant ma proposition. Il me tends une main, franche, amicale, que je serre doucement, presque du bout des doigts, tandis qu'il me rends ma tentative en me la serrant franchement. Nul doute, il a de la poigne !
"Et moi c'est Wallace, Wallace MacGregor ! Je vous r'mercie encore, vous me sauvez la vie !"
Je fais un petit signe de la main pour lui signaler que ce n'est rien, pas besoin de me remercier, ce qui m'arrache un petit sourire, que je tente de ne pas rendre méprisant. Il est vraiment très expansif, c'est amusant a voir. Et son accent me fait bien comprendre qu'il n'est pas du coin, il pourra peut être m'apprendre quelques trucs que je ne connais pas encore sur le monde ?
"Il est très mignon, vot'compagnon de route !"
Je lui lance un nouveau sourire, cette fois sincère. Clairement, Electicat est adorable. J'adore les Lixy, et j'adore cette petite boule de poils. Même si, bon, il a la fâcheuse habitude de me taquiner en m'envoyant des petites décharges de temps en temps, surtout quand il a faim... Le campagnard continue sur sa lancée :
"On a pas mal de pokémons chez moi, peut-être qu'il a senti ça ?"
Oh, voilà qui titille ma curiosité. Je sais qu'en campagne les gens on plus de pokémons qu'en ville, et que certains se consacrent également à l'élevage de ces derniers, au lieu de simplement les capturer. Ce n'est pas quelque chose qui m'attire, mais ça m'intrigue quand même. Je n'ai pas le temps de lui poser la question, car il continue, un vrai moulin à paroles :
"Et donc comme ça, vous partiez à l'aventure, là ?"
Partiez... Effectivement, ça ne sera finalement pas pour tout de suite. Wallace et mon Lixy me l'ont bien fait comprendre !
"Effectivement, j'allai partir découvrir la région avant qu'Electicat ne se prenne d'amour pour vous !"
Je lui envoie un regard mi-accusateur, mi-taquin. Je ne lui en veut pas vraiment, je crois que je me sers surtout de la situation pour faire un dernier tour dans ma ville... Eh, ça fait quand même 17 ans que j'y vis sans l'avoir quittée, c'est normal ! Et non, je ne me cherche pas des excuses.
"J'ai envie de partir explorer les recoins les plus mystérieux du monde, comme mon père. L'histoire, la mythologie, c'est passionnant ! Et puis..."
Je lui lance un regard complice :
"De vous a moi, j'ai aussi envie de devenir une grande dresseuse, et d'avoir tous les badges ! Même si c'est sans doute un rêve de gamine, j'ai envie de le réaliser. Et Electicat aussi, c'est une vraie pile électrique qui adore le combat !"
Mais, rattrapée par la réalité, je redescends très vite sur terre :
"M'enfin, pour l'instant je n'ai pas encore mis un pied hors de ma ville natale, je suis loin du compte !"
Je laisse échapper un rire nerveux. J'ai de grand rêves parfois, mais serai-je capable de les mener à bien ? Enfin. Durant notre petite discussion, nous avons commencé notre petite promenade, et nous sommes maintenant loin de la foule bruyante. la ville semble calme, apaisée, et nous déambulons dans de petites rues pavées, entourées par d'imposantes maisons colorées. Certaines sont peintes en bleu, d'autres en vert, voire de multiples couleurs, et les volets rouges renforcent un peu cette atmosphère féérique. je marche à un rythme soutenu, sachant parfaitement où je me rends.
"Et que fait un éleveur à Mirawen ? Vous venez attraper du couaneton ?"
Je tente de satisfaire un peu plus ma curiosité tout en apprenant plus sur Wallace, tandis que je commence à reconnaitre les rues non loin du café. Nous devrions bientôt arriver !
- Effectivement, j'allais partir découvrir la région avant qu'Electicat ne se prenne d'amour pour vous ! Wallace laissa échapper un léger rire, ravi que la petite chose l'ait tant aimé. J'ai envie de partir explorer les recoins les plus mystérieux du monde, comme mon père. L'histoire, la mythologie, c'est passionnant ! Et puis... De vous à moi, j'ai aussi envie de devenir une grande dresseuse, et d'avoir tous les badges ! Même si c'est sans doute un rêve de gamine, j'ai envie de le réaliser. Et Electicat aussi, c'est une vraie pile électrique qui adore le combat ! Il l'écouta avec bienveillance, hochant la tête de temps à autre en signe d'accord. Un rêve de gamine ? Oui, en effet - un rêve qu'ils avaient tous eu, un rêve qu'il avait eu lui-même. Mais tout le monde n'avait pas l'opportunité de l'entreprendre, ce rêve, alors il lui souhaitait beaucoup de courage et de détermination. Si elle avait la chance de partir à l'aventure, le mieux était de la mener à bien, et d'en apprendre le plus possible !
- M'enfin, pour l'instant je n'ai pas encore mis un pied hors de ma ville natale, je suis loin du compte ! Son rire gêné peina un peu le cœur du gentil fermier. Craignait-elle de ne pas être à la hauteur de ses ambitions ? D'un certain côté, il pouvait comprendre : lui-même avait la chance de ne pas avoir de grandes ambitions, mais peinait déjà à réaliser ses tout petits rêves à lui. Il était même à deux doigts de considérer sa vie comme ratée - tout autour de lui prospéraient de jeunes dresseurs, chercheurs de trésors et autres coordinateurs en tout genre; alors que lui, il n'était qu'un bon à rien de paysan. Même pas fichu de garder une fiancée ! Et s'il oubliait ses tracas la plupart du temps, il arrivait des jours où l'entrain de Wallace à la ferme s'épuisait, où sa bonne humeur et son amour du travail de la terre s'éteignaient peu à peu. Ces jours-là, il avait besoin de sortir, d'aller voir du monde - et c'était exactement ce qui était arrivé aujourd'hui.
- Et que fait un éleveur à Mirawen ? Vous venez attraper du couaneton ? le sortit-elle de ses sombres pensées. Il se mit à rire, de son léger rire insouciant.
- Oh naaan, pour une fois, j'suis pas là en affaires ! Par réflexe, et comme souvent quand il parlait de la ferme, il porta une main au bord de son chapeau et l'inclina légèrement. Je prends un jour de vacances ! Ça fait du bien, des fois... Sur quoi il roula des épaules, comme pour soulager ses courbatures. Sa vie semblait bien simple, comparée à toutes les aventures qui attendaient Ariane, juste là-bas, au-delà de la porte de la ville. Alors, il centra à nouveau la conversation sur elle - Wallace ayant l'habitude de s'effacer au profit des autres.
- Vot'rêve, là, d'avoir les badges... C'est un bien beau rêve ! Ça risque de prendre du temps, mais vous avez l'air d'avoir c'qu'y faut pour ! Parce qu'il en avait vu défiler, des gamins partis à l'aventure, et... Ils n'avaient pas tous la prestance et l'intelligence d'Ariane. Elle parlait d'Histoire, de mythologie, d'exploration - une vraie archéologue aventurière ! Pas une minette irresponsable en quête de sensations fortes.
- Perdez pas espoir, conclut-il en lui offrant l'un de ses plus beaux sourires d'encouragement.
Ma question lui arrache un rire, très communicatif, qui me fait sourire.
"- Oh naaan, pour une fois, j'suis pas là en affaires !"
Il attrape son chapeau de paille à cet instant, comme si parler de ses affaires lui rappelle sa condition, d'où il vient. malgré son insouciance et sa joie de vivre, je me doute que des jours de repos, il ne doit pas en avoir beaucoup.
"Je prends un jour de vacances ! Ça fait du bien, des fois..."
Ces paroles me font penser que j'ai bien de la chance. Je n'ai pas de travail harassant ou contraignant qui me fatigue, je suis toujours en train de faire ce qui me plait, en vacances. Et nul doute que mon voyage sera la plus grande vacance que j'ai passée de toute ma vie ! Je lui jette un regard presque compatissant, tandis qu'il bouge ses épaules, comme pour chasser des courbatures. Son travail doit vraiment être difficile... Mais je sens bien qu'il doit apprécier son travail, même si il n'en parle pas vraiment. Sinon, il serait déjà parti, n'est ce pas ? Nous continuons notre avancée, dans les rues de Mirawen, toujours entourés par cette atmosphère presque magique, propre à la ville, avant que Wallace ne relance la conversation :
- Vot'rêve, là, d'avoir les badges... C'est un bien beau rêve ! Ça risque de prendre du temps, mais vous avez l'air d'avoir c'qu'y faut pour !
Mon sourire ne quitte pas mes lèvres, bien contente de voir qu'il comprends toute l'exaltation qui peut se dégager d'un tel objectif. Je sais très bien que ça sera long, difficile, mais je suis déterminée. Je veux prouver à mes parents que je suis meilleure qu'eux, et je veux écrire ma légende personnelle. C'est surement parce que j'ai un égo aussi grand que la plus grosse maison de la ville, tiens. Mais, hé, une grande ambition pousse aux grandes choses ! Wallace finis par un sourire d'encouragement, pour ponctuer ses dires :
- Perdez pas espoir.
Je lui rends son sourire, bien que le mien devienne presque carnassier devant la perspective du défi à relever :
"Ne vous en faites pas, je ne perdrai pas espoir ! J'y arriverai, je le sais. Et je n'ai pas besoin de plus !"
Je pense que mon enthousiasme se communique à mon Lixy, qui se rapproche de moi en envoyant des décharges un peu partout, illuminant un peu la rue. Je lâche un soupir faussement las :
"Et avec ce félin à canaliser, je ne peux que réussir."
Comme si il comprenait qu'on parlait de lui, Electicat continue son numéro, tournant autour de nous alors que nous continuons notre avancée. Et, justement, nous arrivons ! En effet, nous tournons à la fin de la rue, pour nous retrouver dans une ruelle calme, peuplée de quelques maisonnettes passables mais surtout d'une grande échoppe ronde qu'on peut difficilement rater. D'un marron clair dû au bois utilisé pour la construction, la bâtisse d'une dizaine de mètres de haut ,mais au détails de style asiatiques raffinés, surplombe les quelques rues adjacentes, représentative de la décadence Merywennienne. Et, sur le toit, une inscription "Stan & buck coffee" accompagnée d'un petit symbole de café nous domine de toute sa splendeur. Ahh, j'adore cette ville. j'informe Wallace :
"Nous y sommes ! Le Stan & buck coffee. Tenu par deux frères jumeaux, nous nous connaissons depuis longtemps. Mais bon, même avec tout ce temps, je suis incapable de les reconnaitre entre eux... C'est pas trop grave, ça ne les vexe pas. Fin, presque pas. Bon, on entre ?"
Sur cette question bien plus rhétorique que réelle, j'entre avec assurance sans attendre sa réponse, suivie par Electicat. L'intérieur est à l'image de l'extérieur, simple, boisé, mais assez immensse. Le comptoir, clair, composé de bambous, avec une nouvelle inscription, est occupé par l'un des deux tenanciers. Cheveux grisonnant, petit bouc, habillé en costume, classe, et les yeux pétillants. Derrière lui, de grosses machines torréfient le café en temps réel, donnant une odeur puissante de café, qui réchauffe le cœur avant même d'avoir consommé.
Barman:
Au centre de la pièce gigantesque de réception se dresse un énorme escalier en bambou, qui grimpe en colimaçon, pour mener à un deuxième étage en mezzanine. Et, enfin, l'escalier grimpe encore pour mener jusqu’au toit, sur lequel est installé une terrasse. Lors qu'il m’aperçois, le barman lâche la serviette qu'il tenait en main pour la glisser dans un tiroir devant lui, puis me lance :
"Ah, Ariane ! Tu tombe bien, c'est désert aujourd'hui, tu peux choisir la place que tu veux !"
Son ton se durcis un peu lorsqu'il voit Electicat derrière moi :
"Tu ferras attention avec ton pokémon fou, qu'il mette pas le feu au bâtiment !"
Les frères ont un passif... douloureux avec les Lixy de ma famille. Ce serait trop long à expliquer, mais disons que les tendances électriques de ces pokémons ont déjà fait quelques dégats. Mais bon, je sais que sa remarque est plus une taquinerie qu'un reproche, donc je lui dis juste : "T'en fais pas va, je le surveillerais !"
Il voit ensuite Wallace, qui m'accompagne :
"Oh, tu ramène un ami à toi ? Je ne l'ai jamais vu ici, on se connait ?"
Je fais un petit signe à Wallace, l'enjoignant à se présenter. Stan, ou buck, n'est pas un méchant gaillard, et je sais qu'il appréciera quelqu'un qui se présente de lui même. Et, c'est l'intérêt d'un tel lieu, après tout, avoir un contact humain différent de l'usine à touriste qu'est devenu le Velvet Coffee ! On ne vient pas ici pour le café, on vient pour Stan et Buck...
L'aventurière en herbe n'avait guère besoin des encouragements de notre Wallace - et elle le lui prouva immédiatement, faisant preuve d'une détermination à toute épreuve. L'enthousiasme de la demoiselle était communicatif, et le jeune homme se surprit à rire derechef alors qu'elle le conduisait vers son fameux café. La bâtisse était typique de Mirawen, et il se mit à l'admirer d'un air satisfait, ravi de pouvoir jouer les touristes pour de vrai. Il laissa même échapper un sifflement admiratif tandis qu'elle lui présentait la devanture, anecdote sur les tenanciers y compris.
Les deux compères entrèrent donc, et Wallace fut immédiatement frappé par la bonne odeur de café qui embaumait les lieux. D'un coup, il sut qu'il allait adorer cet endroit : tout dans l'ameublement autant que dans la décoration témoignait d'un goût certain pour l'authenticité. Un fermier comme Wallace ne pouvait qu'y être sensible : lui qui se battait pour préserver l'artisanat ancestral de l'agriculture de Kishika préférait de loin un café fraîchement moulu et torréfié à un breuvage industriel. D'ailleurs, ses parents utilisaient encore leur vieux moulin à café... Il prit donc une profonde inspiration, savourant la senteur forte et puissante alors que le barman accueillait Ariane.
Perdu dans sa naïve contemplation, Wallace ne prêtait pas vraiment attention à ce qui se disait autour de lui. On aurait dit un enfant - de grands yeux curieux et étincelant d'émerveillement, le regard s'agitant à gauche et à droite pour s'empresser de tout voir et, bien sûr, son éternel sourire lumineux qui ne quittait que rarement son visage. Jusqu'au moment où, fatalement, on s'adressa à lui - sur quoi la bulle l'isolant du monde éclata, le ramenant soudain à la réalité.
- Oh, euh... se précipita-t-il en sentant déjà ses oreilles lui chauffer, honteux d'avoir été distrait. Je viens d'arriver, Monsieur ! expliqua-t-il en reprenant un peu de sa contenance. Je venais visiter Mirawen, et j'étais perdu quand Miss Ariane m'a trouvé. Elle me fait visiter les meilleurs coins de la ville ! crut-il bon de terminer sur un compliment, habile mais sincère, avant de finalement se raviser et d'ajouter en tendant une main vers le gérant des lieux : J'm'appelle Wallace, je viens du petit village de Kishika.
Où s'installer, maintenant ? Le café était immense, et Wallace ne manqua pas de remarquer les trois étages qui accueillaient les clients. Il posa un regard interrogateur sur Ariane, ne sachant pas trop où se mettre - un peu intimidé par la taille et la nouveauté des lieux, il n'osait guère faire le premier pas. Il se savait maladroit et prompt à faire des erreurs, et préférait donc s'en remettre à une experte.
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