Demyan Aslanov
Feat Noiz de DRAMATICAL MURDERAu premier abord, Demyan n’est possiblement pas le genre de personne avec laquelle on pourrait avoir de discuter de la pluie et du beau temps. Il semble névrosé, peu accessible. Certains pourraient même ressentir l’envie de lui coller une étiquette sur le front avec le mot pathétique écrit dessus. C’est sans doute vrai. Aux yeux de quelques individus, il est possible qu’il le soit réellement. Mais la réalité est quelque peu différente, dans les faits. Et lorsque l’on parvient à entrer dans sa bulle, on peut alors avoir une image bien différente de ce que les apparences laissent croire à son sujet.
Les gens, les rencontres, la société, ce n’est pas franchement son truc. Il ressent quelques difficultés à comprendre le monde. Il a la profonde impression que ce monde n’est pas pour lui, qu’il en restera toujours un peu à l’écart, peu importe les efforts qu’il peut fournir pour contourner tout cela. Mais est-ce réellement à cause de sa personnalité ? N’est-ce pas plutôt en raison des brimades familiales qui l’enferment toujours plus dans cette case trop petite pour lui ? C’est une possibilité importante. En grandissant, il s’est construit une sorte de bulle bien à lui. Une sorte de protection contre les autres personnes. Ils ne veulent pas le comprendre, alors il ne voit pas pourquoi il devrait fournir des efforts pour tenter de le faire, de son côté. Demyan, il n’est pas vraiment doué d’empathie. Ce n’est pas son truc. Il cherche à éviter les gens. Il ne veut pas les comprendre. Il ne veut pas savoir ce qu’ils peuvent ressentir. Cela ne l’intéresse pas. Alors il se cache dans sa bulle. Il met un point d’honneur à faire semblant de ne pas entendre les critiques, à les faire passer au-dessus de sa tête. Il fait tout pour rompre la moindre communication avec l’extérieur. Ou plutôt avec sa famille puisqu’ils sont les seuls individus qu’il est dans l’obligation de croiser au quotidien.
Finalement, la seule personne avec laquelle il a un jour pu communiquer, c’est sa grande mère maternelle. Il n’a jamais ressenti le moindre jugement de sa part. Mais désormais, elle n’est plus. Il reste donc seul avec lui-même, avec sa tristesse qui ne semble pas vouloir s’éloigner alors que le temps défile autour de lui. Il ne parvient pas à faire son deuil. Cela a le don de le mettre hors de lui, de voir que les gens semblent carrément oublier l’existence même, de celle qui a tant compté à ses yeux.
Souvent persécuté, souvent moqué. Pourtant, au fond de lui, derrière sa bulle et ses angoisses, Demyan serait plutôt un garçon enjoué. Ses échanges avec ses amis d’internet le montrent, c’est un jeune homme intelligent, qui aime rigoler bien qu’il rencontre de nombreuses difficultés à comprendre les blagues. Il ne parvient pas à comprendre la notion de sarcasme, ce qui a bien souvent tendance à produire des situations hilarantes pour ses amis. Un peu moins pour lui, puisqu’il ne comprend pas la raison d’être du quiproquo. Un jeune homme avec un cerveau performant donc, sans doute un peu trop. Il tourne trop rapidement. Il passe d’une idée à une autre. Il éprouve bien des difficultés à rester concentré sur une seule chose. C’est d’ailleurs l’une des raisons de son retrait de la scolarité normale.
Du haut de ses dix-huit ans, presque dix-neuf désormais, il a toujours des difficultés à se sortir de l’image de gamin puéril et immature qui lui colle à la peau. En même temps, entre ses goûts vestimentaires quelque peu particuliers et son visage aux traits enfantins, cela peu se comprendre aisément. Il n’a pas eu de chances de ce côté-là. Il fait bien plus jeune que son âge. Surtout que sa pilosité, qu’elle soit faciale ou corporelle, ne semble pas vraiment décidée à faire son apparition. Même l’extravagance de ses piercings n’empêche pas les caissières de lui demander une pièce d’identité pour vérifier qu’il a l’âge suffisant pour les produits qu’il désire acheter. Pour lui, c’est frustrant. Il a la sensation, que peu importe les années, le monde extérieur continuera de le considérer comme un gamin à la tignasse blonde et aux yeux verts. En grandissant, il s’est dit que sa taille finirait par faire changer les choses. Mais même en culminant à un mètre quatre-vingt, il reste un gamin. Il lui est souvent conseillé de prendre un peu de volume, mais rien n’y fait. Il a beau se nourrir n’importe comment, les chiffres sur la balance refusent catégoriquement d’augmenter. Ils semblent restés bloqués à cinquante-cinq kilos. Quant à la prise musculaire, le sport et lui, ce n’est pas vraiment ça, l’équation ne donne pas un bon résultat. Bien trop épuisant pour ce flemmard incorrigible. Il conserve donc désespérément sa carrure de lampadaire : fin et élancé.
S’ouvrira-t-il au monde en laissant derrière lui tout ce qu’il a toujours connu ? C’est à découvrir dès maintenant.
Wattoo, aux yeux de Demyan, c’est bien plus qu’un simple pokémon. C’est son ami, probablement le seul qu’il a réellement réussi à se faire depuis le début de son existence. C’est également son confident, celui qui va l’écouter sans se moquer, le seul auprès duquel il peut parler ouvertement sans se sentir juger. C’est son compagnon du quotidien, celui qui l’accompagne dans le moindre de ses déplacements. Au plus grand dam de ses parents qui ont bien des difficultés à supporter la présence du Pokémon.
C’est une créature relativement modeste et heureuse de vivre. Il est toujours présent lorsque le moral de Demyan est au plus bas et est toujours enjoué à l’idée de passer du temps avec son dresseur. Toutefois, il n’est pas du genre à s’enflammer lors d’une grande réussite. Il se trémousse d’une patte à l’autre, comme s’il ne sait pas où se mettre, dès lors que l’on commence à le couvrir de compliments. En combat, il garde généralement la tête froide, il est rare qu’une émotion particulière vienne brouiller sa concentration. Il reste habituellement dans l’action, même lorsqu’il pourrait déjà se considérer comme vainqueur.
En deux années, c’est donc une véritable relation qui s’est crée entre ces deux-là, une profonde amitié qui semble ne pas pouvoir rencontrer de véritables obstacles.
histoire
Si l’on remonte aux plus lointaines origines, la famille de Demyan provient de la région de Sinnoh. C’est d’ailleurs dans cette dernière que Galina, la grand-mère maternelle du jeune homme a vécu ses derniers jours. Bien loin de celui qui aurait voulu être auprès d’elle pour ces derniers instants. Surtout, qu’il n’a même pas eu la possibilité d’être présent lors des funérailles ! Seule sa mère a fait le déplacement, et encore, seulement pour des motifs administratifs. Un motif de plus sur la longue liste des rancœurs que le jeune homme ressent vis-à-vis de ceux qui sont considérés sur le papier comme sa famille, ou encore comme ses relations les plus proches. Mais pour lui, ils sont loin de mériter ce genre d’appellations.
Les parents de Demyan se sont installés dans la région d’Hoenn bien avant la naissance du jeune homme et de ses frères. Pour des motifs professionnels, une mutation du père qui s’est soudainement retrouvé médecin titulaire à l’hôpital de Nénucrique, ils se sont installés dans cette ville. Ils ont fait l’acquisition d’une belle maison et ont pris la décision d’y établir leur famille. Ils ont eu deux autres fils avant l’arrivée de Demyan, Benedikt et Alexei, qui sont respectivement de six et quatre ans ses aînés. Les apparences ont toujours donné la sensation d’une famille heureuse et unie, mais la réalité est bien moins agréable à regarder. Dès son plus jeune âge, tout le monde s’est toujours acharné à faire comprendre à Demyan qu’il n’était que le vilain petit canard, le boulet venu déranger la belle harmonie construite entre les véritables membres de cette famille. Ses difficultés relationnelles et fonctionnelles aidant à ce simple constat.
Demyan n’avait que onze ans lorsqu’un énième renvoi de son école oblige ses parents à le déscolariser du système normal pour lui faire suivre des cours à domicile. Une honte pour ceux qui comptent à ce point sur les apparences et sur l’image qu’ils renvoient aux autres. Mais il n’y avait plus d’autres possibilités. Plus aucune école dans les environs, qu’elle soit publique ou privée, ne voulait accepter son inscription. C’est donc ainsi que le garçon, puis le jeune homme qu’il est devenu a passé sa scolarité dans sa chambre. Entre des livres presque aussi lourds que lui et des heures indénombrables passés sur des moteurs de recherches et des sites internet pour accroître ses connaissances sur des sujets divers et variés.
Demyan a donc passé son enfance dans une famille lui faisant clairement comprendre qu’il n’a jamais été désiré au sein de celle-ci. Constamment enfermé dans sa chambre pour limiter au maximum les occasions de recevoir des critiques. Une enfance loin d’être heureuse qui a fait de lui le jeune homme torturé qu’il est désormais. Les seuls moments agréables furent ceux passés auprès de Galina. Sa grand-mère lui a offert un pokémon à l’occasion de son seizième anniversaire, quelque temps avant sa disparition tragique qui s’est déroulée avant qu’une autre année puisse être ajoutée au compteur du jeune homme. Un drame dont il ne se remet toujours pas.
Depuis l’atteinte de sa majorité, Demyan caresse le désir de s’éloigner de tout cet environnement toxique pour lui. De quitter tout cela sans regarder en arrière. Mais c’est difficile pour un mec qui n’a même jamais mis les pieds en dehors de sa ville de se lancer paisiblement à l’aventure dans une contrée loin de ce qu’il a toujours connu. Il a mis presque un an à prendre sa décision. Après avoir hésité entre différentes régions, il a finalement opté pour la région de Lumiris. Bien moins connue et exposée médiatiquement, elle lui a semblé comme une évidence pour commencer une nouvelle existence, libérée de ses chaînes. Et dire qu’il a failli passer à côté de cette occasion. Sans un prospectus publicitaire, reçu par mail, au sujet de l’académie de dresseurs de cette région, il n’aurait sans doute jamais cherché à obtenir des informations au sujet de cet endroit.
Le jeune homme vient de monter à bord du bateau qui va le guider vers sa nouvelle vie. Hors de question, pour lui, de prendre l’avion. Le risque d’accident est bien trop important à son goût. De plus, il panique dès qu’il est enfermé et qu’il ne peut pas sortir de l’endroit clos. Et il a lu sur une page internet que l’aéroport avait été totalement détruit quelque temps auparavant. Il est possiblement reconstruit depuis, mais il ne s’est pas donné la peine de regarder. De toute façon, voler à l’intérieur d’un gros bloc de métal, ce n’est pas son truc. C’est bien plus rassurant de naviguer sur les flots. Même si c’est bien plus long. Et puis c’est plus agréable, cela donne l’occasion d’admirer des créatures sauvages dans leur milieu naturel. Demyan a embarqué seul, sans que personne ne l’accompagne, sans qu’aucun individu ne soit présent pour lui dire au revoir. Il a quitté la maison discrètement avec ses affaires, se contentant de laisser un mot sur la table et une adresse pour se faire expédier ses autres affaires. Il veut laisser toutes ses angoisses derrière lui, même s’il sait que cela ne sera pas simple. Il va sans aucun doute devoir combattre ses démons et trouver un moyen de communiquer avec les autres sans passer pour une personne étrange ou déséquilibrée. Mais, avec Wattoo a ses côtés, il se sent prêt pour un nouveau départ, pour une nouvelle vie, pour de nouvelles expériences.