Anja Schneider
Feat Original art de Ilya KuvshinovDescription de votre personnage
Je suis passée par tellement d'étapes, que ce soit sur le plan physique que mentale en l'espace de ces deux dernières années. D'abord blonde, puis brune, puis de nouveau blonde, cheveux longs ou coupés en carré. Le corps athlétique, mince ou avec un ventre arrondi. La mine heureuse, ou à se cacher derrière un masque, les joues creusées par des larmes ou encore le regard de détermination. Mais une chose n'a jamais changé : je n'ai jamais baissé les bras !
Mais qu'en est-il d'aujourd'hui ?
Sur le plan physique, je suis revenue au point de départ. Le retour de la crinière blonde, ondulée et indomptable. Celle qui me tombe dans le dos mais qui finit très souvent attachée en un chignon le plus serré possible, mais qui ne tient jamais plus de deux heure. Des lunettes, uniquement lorsque je suis fatiguée ou que je dois me concentrer sur mon travail. En dehors de ça, je ne les porte pas. Mais elles sont toujours à portée de main. Mon regard noir a retrouvé son brin de malice comme autrefois, mais avec ce petit quelque chose en plus, vous savez, ce truc qui vous dit que la personne en a bavé dans sa vie, qui a connu des trucs tout juste improbable mais qui utilise toutes ces choses pour avancer !
Il y a bien sûr des choses qui ont changé. Tout d'abord mon corps. Même si ce dernier semble ressembler très portait à vos souvenir, sous les vêtements, c'est autre chose. Les vergetures sur mon ventre, suite à ma grossesse, ne sont pas encore totalement disparues, malgré mon ventre de nouveau plat. Je pense qu'elles ne disparaitront jamais. Mon corps a gardé beaucoup de traces de ce moment-là, en plus de ces cicatrices. Je suis devenue moins endurante, malgré que je fasse du sport tous les jours pour y remédier. Mon dos aussi a pris cher, j'ai beau essayer de le remuscler, mais impossible pour moi maintenant de porter des charges lourdes pendant longtemps. Bref, je suis devenue une petite mamie avant l'heure.
Et sur le plan mental ? Là, j'ai énormément travailler sur moi-même et cela n'a pas été facile de retrouver un équilibre. Après tout ce qui s'est passé ici mais aussi lorsque j'ai dû retourner dans mon pays. Je crois bien que j'avais touché le fond et même si je faisais mine d'aller bien, ou ne serait-ce qu'un peu mieux. Je peux le dire ouvertement maintenant, non, je n'allais pas bien. Il me fallait tout reprendre à zéro. Cela a été une déchirure de laisser tout le monde derrière moi, que ce soit les gens ou mes pokemons. Mais je sais qu'aujourd'hui ils sont heureux. Il est donc à mon tour de l'être.
J'ai beaucoup pleuré, je me suis renfermée sur moi-même. J'ai fait des bêtises et je me suis voilée la face. Mais aujourd'hui, j'ai les yeux grands ouverts. Certains vont croire que je suis redevenue celle des premiers instants, celle qui rit de tous, qui n'hésite pas un seul instant à aller faire la fête avant de maudire le monde le lendemain à cause de la gueule de bois. Sachez juste que je revis ! Mais je revis en ayant un œil différent. Oui, je profite de nouveau, mais en gardant toujours une distance avec les gens. Je crois qu'il est devenu très difficile pour moi de m'attacher de nouveau à quelqu'un. Pourquoi ? Tout simplement par peur de souffrir de nouveau. Je ne veux plus de relation toxique comme j'ai pu avoir. Aujourd'hui, j'ai remonté la pente, peut-être pas complètement, mais personne ne me refera tomber !
histoire
Il s’en est passé de ces choses en deux ans. Que ce soit ici à Lumiris qu’à mon retour dans ma ville natale … Bon d’accord, il s’est passé beaucoup trop de choses ici en si peu de temps que je crois que j’ai fait un burnout … Comment ça vous n’êtes pas au courant ? Cela n’est pas étonnant à vrai dire. Il faut dire que les problèmes de la région étaient bien plus important que ma petite personne. Mais je vais vous faire un rapide résumé pour les trois du fond qui n’ont pas suivi les épisodes des feux de l’amour qu’a été ma vie ces deux dernières années.
Il y a donc deux ans, mon diplôme d’infirmière pokemon fraichement en poche, je suis venue dans cette région. Pourquoi celle-ci est pas une autre ? Parce qu’on ne connaissait rien sur elle et pas grand-chose sur les pokemons qui y habitaient. En gros, un super terrain de jeu pour moi, avide de découverte et en plus, c’était une très bonne excuse pour partir à l’autre bout du monde sans avoir mes parents sur le dos.
Une fois sur place, j’ai pas mal crapahuté à droite et à gauche, effectuant beaucoup de petites missions sans jamais me poser. Mon équipe de pokemon c’est aussi petit à petit étouffée jusqu’à former une véritable équipe et surtout une nouvelle famille. J’ai fait de nombreuses rencontre, pour certaines très agréables, d’autre moins. Et puis surtout, j’ai croisé son chemin : celui de Tim … En l’espace d’un an, j’ai tout connu avec lui : la joie, l’euphorie, la dépendance de l’autre, l’amour, la défaite, la trahison, l’ambition, l’humiliation, le rabaissement, l’espoir, l’abandon et le désespoir. J’ai été heureuse avec lui, mais c’est aussi à cause de lui que j’ai touché le fond. J’ai cru que j’aurai pu construire quelque chose avec lui, moi qui enchainait les histoires sans lendemain depuis des années. Je m’étais donnée complètement à lui. Il avait voulu faire de même, il avait essayé … Mais il m’a finalement abandonné après de nombreuses promesses non tenues. Et c’est devant l’autel en robe blanche, abandonnée définitivement que j’ai totalement sombré …
J’ai essayé de me reconstruire. J’ai beaucoup bu, j’ai cherché à m’évader dans le travail mais aussi dans l’achat dans un manoir à retaper. Quelle folie ! Je me demande dans quel état il est aujourd’hui. J’ai passé des jours et des nuits à bricoler dans cette demeure. Je me suis complètement enfermée dans ce projet, à ne plus voir personne, seulement mes pokemons.
Et il y a eu ce coup de téléphone. Il fallait que je rentre au plus vite à Frimapic. Ma mère était tombée gravement malade et mon père ne pouvait tout gérer par lui-même. Rentrer n’était pas un souci pour moi, plus rien ne me retenait dans cette région et revenir aux sources allait me faire le plus grand bien. Mais bien sûr, il y avait un grand hic là-dedans. Je n’allais pas pouvoir revenir avec mes pokemons. Pourquoi ? C’est assez compliqué à expliquer mais pour faire simple, ma mère piquait des crises monstres dès qu’elle voyait ou ne suspectait la présence d’un pokemon. Elle qui avait été infirmière pokemon depuis des années, voilà qu’elle ne supportait plus leur vision. Il m’a donc fallu dire au revoir à mes compagnons. Cela a été un déchirement, heureusement, j’ai pu trouver des personnes de confiance à qui les confier, et c’est le cœur léger que j’ai pu rentrer.
Puis le choc en arrivant : mon père qui avait pris un sacré coup de vieux et ma mère, qui semblait habitée par la folie, ne me reconnaissant même pas. Les mois qui suivirent dans la maison familiale ne furent pas les plus joyeux. A garder constamment un œil sur ma mère qui semblait régresser de jour en jour, telle une enfant à qui on devait tout apprendre, avec des crises d’hystéries en plus des pertes de mémoires. Je peux vous dire que cela fait bizarre d’entendre sa propre mère vous dire qu’elle vous aime et que dans les secondes suivantes elle vous dit d’aller vous pendre … La joie à l’état pure …
Et il y a eu ce matin de Janvier, peu de temps après le nouvel an. Cela faisait maintenant quelques mois que j’étais revenue, même si j’avais l’impression que cela faisait des années. Elle est tombée … Pendant que je dormais et que mon père l’avait laissé juste quelques instants, elle a voulu prendre les escaliers toute seule alors qu’elle ne tenait plus sur ses jambes. Elle a trébuché … La chute a été très mauvaise … Et ça a été la fin … Aussi brut que l’information de sa maladie, que sa folie, que le bruit sourd tombant dans ces escaliers.
Et après tout ça ? Le printemps et les premières fleurs ? Pas vraiment, ou du moins pas tout de suite. Il y a eu d’abord le deuil, des pleurs et un soutient énorme de tout le village. Elle avait été l’infirmière Joëlle du village depuis des années, donc connu de tous. Tout le monde été au courant de son état de santé et ce fut un choc pour tout le monde de la voir partir si soudainement.
Puis la vie a repris doucement son cour. Mon père a recommencé à travailler pendant que je faisais de même dans le centre pokemon de ma ville. Mais avec l’étiquette de ma mère, cela était bien compliqué. Je ne me sentais pas à ma place. J’avais l’impression de remplir le trou qu’elle avait laissé, mais juste parce qu’il manquait quelqu’un. J’ai vite démissionné car je ne pouvais supporter ces regards mais aussi les comparatifs envers ma mère. J’ai alors trainé pendant un temps, ne sachant plus quoi faire de ma vie. Je restais enfermée dans ma chambre d’enfance à regarder par la fenêtre la neige tomber. Et de temps en temps, je me motivais à sortir le soir dans un semblant d’endroit joyeux où je buvais jusqu’à ne plus rien me souvenir de quoi que ce soit.
C’est d’ailleurs un soir que j’ai rencontré ce petit héricendre. Un pokemon improbable dans la neige mais qui semblait bien s’amuser. Sur le coup, je m’étais dit que ce petit n’avait été que le fruit de mon imagination, certainement dû à mon alcoolisme trop poussé. Et puis, voir un héricendre ne pouvait me faire penser qu’à lui. Il avait fait de son typhlosion mon garde du corps et il n’y avait que moi qui pouvait le toucher si on oubliait Tim. Mais que ne fut pas ma surprise de le revoir dans ma chambre le lendemain matin, à courir partout et à sauter sur le lit. Une vraie boule d’énergie !
J’ai cherché pendant près d’une semaine d’où pouvait venir ce petit pokemon. Un héricendre sauvage à Frimapic, cela était juste impossible. Mais après avoir fait le tour des gens, avoir surfé sur les réseaux pour voir si personne n’avait perdu son compagnon, j’en ai conclu qu’il n’était pas à personne, et vu qu’il ne voulait pas me lâcher, j’ai décidé de le garder. Et mine de rien, ce petit m’a fait le plus grand bien. Il m’a fait retrouver mon sourire que j’avais perdu depuis bien longtemps, il m’a fait sortir de ma chambre autre que pour aller au pub du coin. Ce petit être de feu m’a fait tout simplement reprendre goût à la vie, à me rappeler les moments de joie que j’avais pu avoir en tant que dresseuse et surtout en tant qu’humaine. Il m’avait fait comprendre que j’avais aimé prendre mon sac à dos et partir à l’aventure. Et pourquoi ne pas recommencer ?
J’ai pendant quelques temps réfléchis à cette question. Jusqu’à ce matin-là, où d’un coup j’ai fait mon sac à dos et sur un coup de tête, je suis repartie. Avant, je ne tournais pas autour du pot, alors pourquoi le faire maintenant ? Et puis, qu’est-ce qui m’attachait encore à ma ville ? Mon père ? Il avait repris sa vie et semblait même heureux de me revoir avec un pokemon depuis que ce petit héricendre avait fait éruption dans ma vie. Alors me voir prendre le large ne lui ferait que plaisir.
Et puis, je savais où aller. Quitte à repartir de zéro, autant revenir à Lumiris et y reconstruire une nouvelle histoire. Mais une histoire joyeuse cette fois-ci, aussi joyeuse que pouvait être mon nouveau compagnon.
Lumiris, me re-voilà !
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