Innocent avait entendu parler, au file de ses divagations, d’une petite tradition de Lumiris, concernant cette endroit que l’on appelait la Plage Mystique. Chaque soir, alors que le jour laissait place à la nuit, les habitants du coin venait y déposer une lanterne, qui s’élevait ensuite pour illuminait le ciel de plein de petit point lumineux. Une vision des plus splendides en somme. Il avait déjà tenté d’y aller, à plusieurs reprise, mais c’était finalement confronté à quelques soucis avant d’y parvenir. Résultat ? Et bien, il avait finit par trouver le temps, un soir où le ciel était malheureusement bien chargé par les nuages, et ou le vent soufflait un peu plus fort que d’habitude. Est-ce qu’il y aurait au moins un lâché de lanternes ce soir là ?… Il espérait bien que oui. Même s’il savait qu’à présent il allait vivre à Lumiris, il voulait tout de même pouvoir les voir ce soir. Après tout, on ne savait pas ce que le futur pouvait nous réserver.
Ainsi donc, le rouquin avait finit sur cette plage. La main dans la poche, frissonnant un peu à chaque coup de vent un peu plus fort que les autres, il marchait d’un pas tranquille sur le sable, ignorant les autres, se concentrant uniquement sur les alentours. Il était ici pour profiter du calme, en premier lieu. Au final, s’il avait pensé être tranquille à Port-Corail, les regards mélangeant curiosité et pitié devant son cache-œil avait finit par avoir raison de lui. Ici au moins, il pouvait les éviter. Ou plutôt les ignorer plus facilement. Après avoir finit par se stopper, Il ce mit à contempler la mer d’un air absent. Il admirait simplement les vagues. Il écoutait simplement le chant de la mer, couplé à celui du vent, qui accompagnaient les goélises.
Il ne manquerait plus que l’image soit en sépia et je me retrouve dans une scène d’un vieux film… Héhéhé… hm…
Un sourire léger glissa sur ses lèvres en réaction, imaginant bien la scène avec le bruit de la pellicule qui défile… Enfin. Le roux finit par laisser échapper un soupire, avant de lever le regard vers le ciel. Une goute de pluie venait de tomber sur sa joue. Et le ciel qu’il voyait se montrait plus menaçant que jamais. Hm… Peut-être que c’était une mauvaise idée de venir en fin de compte… Surtout lorsqu’il entendit un léger grondement d’orage en arrière plan. Bon. Les lanternes, ce ne sera donc pas pour ce soir. A croire que le destin s’acharné à lui refuser ça.
Aussitôt il se mit en route, pensant pouvoir regagner la ville avant que ça ne s’aggrave plus. Mais c’était en soit, une grossière erreur. Trop optimiste sans doute ? Quoi qu’il en soit, les quelques gouttes se transformèrent rapidement en averse, et le balafré dut ce résoudre à trouver un abris rapidement, plutôt que de vouloir rejoindre la ville. Rester comme ça, c’était pas l’idée du siècle, d’autant qu’il se savait fragilisé avec tout ces traitements. Il se mit donc à courir, tant bien que mal avec ses tongs… Pour arriver finalement à l’abris sous une sorte de petit préau d’une petite cabane de plage. Ce n’était pas bien confortable, mais au moins ici, il ne devrait pas craindre grand-chose n’est-ce pas ? Avec un sourire amusé il secoua la tête afin de virer l’eau qui c’était accumulé dans sa tignasse, avant de finir par s’adosser au mur de bois de la petite construction. Surement une sorte de petit bar de plage non ? Qui devait ouvrir les jours d’été… Quoi qu’il en soit il était bien décidé à ne pas quitter la zone avant que la pluie ne cesse. D’ailleurs, d’un geste rapide de la main il vint fermer ce manteau qui était posé sur ses épaules, de façon à cacher son corps du vent…
Qu’il est long le chemin jusqu’à Mirawen. C’est pour la bonne cause, cependant. En effet, je rentre au bercail pour souligner l’anniversaire de mon vieux père et lui rappeler qu’il doit ménager son dos. En plus de potentiellement lui donner un coup de main dans son atelier avec un projet quelconque, ce ne serait pas la première fois. J’ai d’ailleurs pris la peine d’emporter mon instrument avec moi, ce dernier reposant dans son étui, dans mon dos. Exactement là où il devrait être. Il n’est pas question que ce voyage de quelques jours m’empêche de faire mes répétitions quotidiennes. Je traîne également derrière moi une petite valise sur roulettes dont la poignée est extensible, ce qui s’avère très pratique. Hors de sa balle comme à l’habitude, Diego m’a tenu compagnie tout au long du voyage. Ce n’est que la seconde fois qu’il va avoir la chance de passer du temps dans ma ville natale et l’excitation est donc à son comble. Je comprends ça et, dans une vague de nostalgie mélancolique, songe à mon Caninos. Si seulement Diego avait pu faire sa connaissance… Le pincement au cœur me motive à effectuer un arrêt imprévu avant d’arriver à destination. Le soleil s’est couché et nous sommes dans les environs de la Plage Mystique, pourquoi pas en profiter ? Je suis certaine que mon camarade en sera très heureux et, de mon côté, peut-être cette escapade imprévue me permettra-t-elle de faire taire ma culpabilité.
Comme chaque soir, les habitants du coin viendraient déposer des lanternes. Une tradition qui durait depuis des siècles, si on en croit les racontars. J’ose espérer que ce n’est pas vrai ou, au minimum, qu’elles sont faites de matériaux biodégradables. Non parce que, qu’on se le dise, un tel nombre de lanternes et à chaque soir pendant des siècles, ça ne peut que te ruiner l’écosystème. C’est bien beau les Pokémons légendaires, mais il y a peut-être une raison pour laquelle il n’est pas revenu. Je veux dire, si on me déversait des tonnes de déchets dans mon chez moi chaque soir… voilà. Enfin, trêve de cynisme. Diego, plus enclin à l’émerveillement que moi, se dandine avec impatience jusqu’au sable. Je dois marquer un temps d’arrêt pour rabaisser la poignée de ma valise et soulever mon bagage. Il n’y a aucune chance que ces petites roues arrivent à tracer leur chemin sans s’enliser. Bizarrement, peu de gens semblent s’être déplacés ce soir. Un regard en direction du ciel éclaire ma lanterne, sans mauvais jeu de mot. La température ne semble pas idéale pour traîner sur la plage et je regrette soudainement d’avoir, pour une fois dans ma vie, pris la décisions impulsive et irréfléchie de descendre de l’autobus pour m’attarder ici. Comme pour ne rien arranger, voilà que je recevais une goutte de pluie en plein front.
« Diego ? Viens mon cœur, on va trouver un abri. »
C’est le mieux à faire, vu la façon dont se lève le vent. Je n’ai pas nécessairement l’envie de finir le chemin à pied dans une température exécrable, encore moins avec mon petit Pokémon adoré. Puisqu’il est trop petit pour que je puisse lui tenir la patte en marchant pour le guider avec moi vers ce qui semble être une solution temporaire acceptable, je pose ma main libre sur sa tête. S’il avait été un petit garçon au lieu d’un Pokémon, on aurait dit que je lui avais mis la main dans les cheveux pour le rassurer. Heureusement nous gagnons vite les abords de la petite cabane et, sur place, je découvre que nous avons été devancés. Par chance il y a bien assez de place pour nous tous, mais c’est un brin malaisant de rester plantés là sans rien dire à côté d’un inconnu. Alors je force un sourire qui se veut poli, même si ça se voit fort probablement dans mon regard ennuyé et dans ma voix d’alto un peu monochorde que je préférerais encore ne pas être là.
« Sale température, n’est-ce pas ? Vous êtes venu voir les lanternes vous aussi ? »
Bon, combien de temps allait donc durer l’averse ? Il espérait que ça ne prenne pas des heures au moins. Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire ici, à part s’ennuyer ? Les gens disparaissaient de la plage un à un. Ils avaient put prévoir le parapluie au moins. Tout ce qu’il lui restait à observer au final, c’était ce temps. Cette obscurité grandissante aussi. Ça allait être coton pour rentrer à Port-Corail ensuite. Quoi que… Il avait put prévoir la route et c’était doté d’une lampe de poche. Juste au cas ou. Mais bon. Alors qu’il pensait passer ce bout de soirée en solitaire, il finit par l’apercevoir, cette jeune femme aux cheveux blancs, accompagné par un Osselait. Il les accueillit d’ailleurs par un sourire, l’observant un instant de son unique œil visible, avant de détourner le regard, tout en restant emmitouflé dans son manteau posé en cape. A force de côtoyer les gens, il avait bien finit par remarquer que ce pansement posé sur l’œil gauche avait tendance à gêner les gens. Pour quelle raison ? Hmph… Non. Il n’avait pas eut l’envie de la découvrir.
Ce fut finalement l’inconnue qui brisa le chant de la pluie, laissant entendre une voix qui trahissait cette envie d’être ailleurs. Avait-elle dut faire un effort pour sortir ces simples mots ? Aux yeux du roux, il n’en faisait aucun doute. Alors puisqu’ils étaient coincé ici pour un moment, autant rester aimable et pas trop chiant. De toute façon, il n’avait pas non plus l’envie de titiller qui que ce soit en cette froide soirée.
- Ouai… J’aurais du me méfier du temps. Mais ça fait des jours que j’essaie de venir ici pour les voir, ces lanternes. Et à chaque fois il m’arrive une tuile. - Il laissa échapper un léger rire - A croire qu’Arceus à décidé que je ne les verrais pas.
Pour quelle raison ? Et bien… C’était un dieu. Un pokemon. Qui pouvait donc se venter de comprendre les actions d’un être pareil ? Pas lui en tout cas. Il avait déjà décidé de le laisser en vie, c’était déjà un bon point remarquez. Enfin bon. On était pas là pour parler de chose qui nous dépassait, n’est-ce pas ? Et puis, si elle avait fait un effort pour briser le silence entre les deux, il pouvait en faire un de son côté pour garder ça à flot. Peut-être qu’avec les minutes et les mots, elle finirait par se détendre un peu ? Lui en tout cas, ne montrait aucun stresse. Toujours calme, posé… Amicale aussi.
- Et vous ? Vous êtes de passage par ici ?
Simple supposition, juste par la présence de cette valise. D’ailleurs, pourquoi venir sur une plage avec une valise ? En tout cas, il aurait put penser qu’elle venait de Kantô, qu’elle faisait un voyage par ici. Juste avec la valise et le pokemon qui l’accompagnait. Mais c’était faire une déduction bien trop rapide. Avec les échanges aujourd’hui, tout était possible. Et puis il lui semblait que ces petits Pokémons étaient présent dans d’autre région que la sienne… Et surtout, que Lumiris regorgé de pokemon venant de tout les horizons…
Maintenant que je le regarde, parce que ce ne serait pas très poli de sourire sans établir aussi un contact visuel, je remarque que cet inconnu a l’air… Bah il n’a pas l’air en grande forme quoi. Ou peut-être est-ce simplement une impression qui me vient à la vue du pansement sur son œil ? Au moins il a la politesse de me répondre et, du même coup, je ne regrette pas totalement d’avoir fait un effort. L’homme me raconte d’ailleurs ses mésaventures et ses essais infructueux pour venir admirer les lanternes. J’ai envie de lui dire qu’il n’a qu’à revenir demain ou même le jour d’après, ce ne sont pas les occasions qui manquent. Mais je me retiens en me mordant la lèvre inférieure. Si ça se trouve il y a une raison pour laquelle il est amoché comme ça. Peut-être que de se déplacer jusqu’ici lui a demandé de grands efforts et peut-être qu’il n’aura pas d’autres occasions de le faire de sitôt. Si c’est le cas, il serait très insensible de lui faire remarquer qu’il n’a qu’à revenir demain. Quant à son commentaire sur Arceus, je préfère ne pas y répondre du tout. Chacun a le droit à ses croyances, mais j’ai du mal à croire qu’un Pokémon ait son mot à dire sur le déroulement de ma vie, tout connement. Je choisis donc d’y aller avec une réponse plus sécuritaire, plus passe-partout.
« J’espère que vous aurez plus de chance la prochaine fois. »
Ça ne relance pas la conversation, mais ce n’est pas nécessairement un mal. J’aime bien le silence, le bruit des gouttes de pluie qui percutent le petit toit qui nous abrite. Ce serait très agréable si le vent n’était pas aussi frisquet et qu’il n’y avait pas les rumeurs d’un orage pour gronder dans les nuages. Diego s’était pressé contre ma jambe, du côté opposé au borgne, et sa petite tête curieuse dépassait pour le détailler. Je suppose que je vais devoir lui rappeler qu’il est impoli de fixer des inconnus. Pour l’heure, ceci dit, c’est au tour de l’homme en question de briser le silence, curieux des raisons qui m’amènent dans les environs. On m’a appris depuis longtemps à me méfier des étrangers et j’ignore donc comment prendre la question. Simple conversation innocente ? Demande intéressée pour savoir si je suis seule ici avec mon jeune Osselait ? Valait mieux y aller d’une réponse sécuritaire.
« Je suis attendue chez mes parents, à Mirawen, pour un anniversaire. »
Sous-entendu : si je disparais mystérieusement ce soir pour une raison ou pour une autre, il y a des gens qui vont s’en rendre compte. Et ces gens habitent tout proche alors ils vont rapidement s’en rendre compte. Est-ce que j’exagère ? J’espère en tout cas, mais on n’est jamais trop prudent. Peut-être devrais-je quand même essayer d’en apprendre un peu plus sur lui pour voir si mes inquiétudes sont fondées ou pas ? Si c’est vraiment qu’un mec handicapé qui est venu essayer de voir les lanternes, ça la fout mal de l’avoir pris pour un agresseur ou un membre de la Team Mistral qui se fait passer pour quelqu’un de sympathique.
« Vous n’êtes pas venu ici que pour les lanternes j'espère ? Et le voyage n’a pas été trop rude ? »
Innocent ne mit pas longtemps à comprendre qu’elle n'était pas bien à l’aise en sa présence. Que craignait-elle ? Qu’il lui fasse du mal ? Hm… C’était triste à dire, mais… Il avait l’habitude. Son look n’aidait en rien il faut dire. Malgré son sourire amical, ce sourire qui voulait dire « n’ayez pas peur ! Je suis là pour vous aider, pour veiller sur vous »… Alors au final… Il ne lui en voulait pas. Peut-être qu’avec cette pluie diluvienne, et cet orage qui grondait dans le fond, ils auraient un peu de temps pour se connaitre, et lui du temps pour lui prouver qu’elle n’avait rien à craindre ? Parce que oui. Au final… S’il avait l’habitude, ce n’était pas une situation qui le rendait joyeux, au contraire… Enfin. Il avait donc répondu à sa question, ce à quoi elle lui souhaitait de réussir à les voir.
- Oh ça. Je ne compte pas m’arrêter là. Demain je retenterais sans doute. En croisant les doigts pour qu’on ne vienne pas m’ennuyer avant.
Il eut un rire léger, alors qu’il pensait à cette femme à qui on avait demandé de le surveiller. En somme. C’était vrai qu’il avait la réputation de faire un peu tout et n’importe quoi, en fonction de ce qu’il pouvait voir, mais pour le coup… Vue son état… Il avait plus tendance à vouloir rester tranquille.
Au final, il avait reposé son regard sur ce paysage, alors qu’il posait sa question, savoir ce qui l’amenait ici. Question sans grand intérêt, si ce n’était pour sa propre curiosité, et pour qu’ils puissent voir le temps passer plus rapidement qu’à ne rien dire, à ne rien faire. Il apprit donc qu’elle était attendu chez ses parents non loin d’ici. Enfin. Mirawen. C’était bien à côté n’est-ce pas ? Il avait encore un peu de mal avec la carte de la région… Et pour le coup, il ne comprit pas le sous-entendu. Se contentant simplement d’acquiescer. Mirawen… Un lieu qu’il n’avait pas encore été visité. Peut-être étais-ce là l’occasion d’en apprendre d’avantage ? Mais avant qu’il puisse poser sa question, la jeune femme reprend la parole, le questionnant sur sa venue ici. Et son voyage.
- Le voyage c’est très bien passé. Juste un petit soucis pour porter les valises à l’arrivé mais ça c’est vite réglé. - Avec cette jeune femme à l’air éteinte qu’il avait capturé dès son arrivé…- J’ai été muté. En faites. Je travaillais sur Kantô, dans les forces de l‘ordre, et ils ont décidé de m’envoyer ici pour… Plus de calme d’après eux. Alors j’essaie de découvrir un peu la région avant que je ne prenne mon nouveau poste, d‘ici quelques mois.
Est-ce que le fait de savoir qu’il était policier allait la rassurer un peu ? Il l’espérait en tout cas. Il n’avait pas envie de passer tout ce temps avec quelqu’un de méfiant envers lui. Même si bon, si elle persistait, il ne pourrait pas l’obliger à lâcher prise.
- Je n’ai pas encore eut la chance de voir Mirawen par contre. C’est comment là bas ?
Autant aller sur un sujet qu’elle pouvait connaitre du coup ? Enfin, en espérant qu’elle n’allait pas voir ses parents par obligation, et que ça la gavait… Il le saurait bien assez tôt dans tout les cas…
Alors cet inconnu compte revenir demain ? Tant mieux pour lui. Comme ça il devrait pouvoir les voir. Pour ma part ? Je crois avoir eu ma dose de sable, bien franchement. Et de pluie. Enfin, peut-être s’il fait beau, en revenant de chez mes parents. Je verrai bien. Toujours est-il que je ne passai pas de commentaire additionnel sur ses intentions, n’étant pas assez investie dans les projets d’étrangers pour surenchérir. La conversation avait malgré tout suivit son cours et, méfiante, j’avais évoqué ma famille et, par la suite, lui avait moi aussi adressé quelques questions. Un soucis avec les valises ? Je n’ai jamais quitté Lumiris, mais les stéréotypes de voyages aériens me suffisent pour prendre pour acquis qu’on a dû égarer l’un de ses bagages en cours de route. C’est ce qu’il doit vouloir dire, non ?
J’apprends ensuite qu’il se trouve ici pour des raisons professionnelles, ayant été muté dans la région. Oh. Il doit donc bosser pour une boite internationale ou un truc comme ça ? Les forces de l’ordre de Kantô. Ah, rien que ça. Plus de calme ? Et il ne prendrait pas son poste avant quelques mois ? Un et un faisant deux, j’imagine que ça a quelque chose à voir avec son œil. Aurait-il été blessé durant l’exercice de ses fonctions ? Maintenant je me sens encore plus mal de l’avoir pris pour quelqu’un de dangereux. Sauf si c’est exactement ce qu’il veut… ? Approcher les gens seuls en se faisant passer pour un flic, c’est une stratégie connue. Moi, trop parano ? J’avoue, ça m’arrive.
« J’espère que vous vous plairez dans la région dans ce cas. Vous allez avoir du boulot. Enfin, je suppose que vous savez ce que je veux dire. »
Je rajoute la dernière phrase un peu sur le tard, évoquant la Team Mistral et les problèmes qu’ils causent dans la région. C’est même précisément à cause d’eux que j’ai fait l’acquisition de Diego à la base, car je voulais un Pokémon pour me défendre. J’ignore s’il arriverait vraiment à combattre, mais j’y ai gagné, par un heureux tour du destin, un compagnon précieux. Ce après quoi l’inconnu me questionne sur Mirawen. Un truc que ferait un nouveau venu, je suppose. Je suis un peu moins tendue, mais ma main n’a toujours pas quitté la tête de mon pokémon sol.
« C’est un bel endroit. Un peu vieillot peut-être, mais… Je sais pas, je m’y sens chez moi. Je pense que c’est une bonne façon de le décrire. C’est accueillant. Peut-être que c’est justement ce qui attire les touristes. »
Je réalise, un brin tardivement, que je donne l’impression de l’inclure dans cette dernière catégorie, n’est-ce pas ? Il n’est pas nécessairement péjoratif d’être un touriste, mais s’il est ici en congé forcé ça pourrait ne pas être très délicat. J’essaie donc de me rattraper en me forçant à sourire.
« Enfin, et les nouveaux arrivants aussi. »
On va dire que c’était bien joué, même si du coup j’ai l’impression de m’être enfoncée. Je retrousse la lèvre du bas en une expression de : well I kind of fucked up et tente de trouver quelque chose pour faire oublier ce faux pas plus qu’évident, selon moi en tout cas.
« Et du coup, Lumiris c’est très différent de Kantô ? Je n’y suis jamais allée. »
Pour le moment, innocent ne parvenait pas vraiment à voir s’il avait réussi à calmer cette personne. Enfin, en tout cas, elle semblait toujours vouloir garder son pokemon contre elle. Ce n’était pas un signe qu’il qualifierait de positif de ce fait. A moins qu’elle ait envie de le protéger de la pluie ? Hm.. Oui. Cette idée lui était plus agréable, alors il préféra s’y tourner. Dans tout les cas, la jeune femme lui fit savoir qu’elle espérait qu’il se sente bien à Lumiris, avant de parler vaguement du boulot qui l’attendait avec les Mistrals. A ces mots, il redressa la tête, laissant son unique œil se perdre au milieu de cette pluie diluvienne. Ce n’était pas dans l’état actuel des choses qu’il allait pouvoir faire quoi que ce soit. Hm…
- Si je suis apte à m’occuper de ce genre de chose oui. Dans l’état actuel des choses, il est fort probable que je sois obligé de m’occuper de la circulation et des voitures mal garé. - Il eut un sourire amusé malgré tout - Peut-être que je devrais songer à entrainer une équipe, avant que le congé ne ce termine. Mes anciens Pokémons appartenaient à la Police de Kantô, alors ils sont resté là bas.
Son supérieur avait tenté de muter les Pokémons avec lui, mais la demande avait été refusé. Pour la simple raison qu’ils ne voulaient pas laisser de pokemon qu’ils avaient payé et entretenu si longtemps, partir dans une autre région qui n’y avait versé aucun centime. Enfin…
La conversation continua donc, partant à présent sur la ville de Mirawen. Il avait demandé quelques informations sur l’endroit et eut un sourire amusé en entendant l’inconnue parler de la zone. Charmant mais un peu vieillot ? Un endroit ayant du charme, qui attire les touristes… Et les nouveaux arrivants. Et non, il n’avait pas relevé le « malaise » qui c’était emparé de l’inconnue alors qu’elle pensait avoir mal dit.
- D’accord. Il faudra que j’aille y faire un tour à l’occasion en tout cas.
Il manqua de rajouter « On pourra peut-être s’y croiser ! » mais se reprit rapidement. Peut-être une mauvaise idée, surtout si elle continuait de se méfier de lui. EN tout cas, a peine eut-il finit sa phrase qu’elle était repartie sur autre chose, venant de parler de Kantô, d’en apprendre plus sur cette région.
- C’est différent de Lumiris oui. C’est un endroit plutôt tempéré, verdoyant, parfois sec à certains endroit… C’est beaucoup de petite ville et village tranquille, qui entour Celadopole et Safrania. On y vit en principe tranquillement. Mais si Lumiris à ses Mistrals, Kantô à ses Rockets, et je serais incapable de vous dire lequel des deux groupes est le pire. Enfin. D’expérience je dirais les rockets. Mais je n’ai pas vraiment eut l’occasion de les connaitre, ceux de Lumiris, alors mon jugement est surement faussé.
Il lui semblait avoir entendu parlé de mort par ici, lors des attaques de ces gens. Les rockets n’avaient pas grand-chose à leur envié non plus, mais du coup… Le calme promis par son ancien chef était déjà bien disparut depuis qu’il avait choisi cette destination. Il fallait espérer que cela se passe mieux… Et pour cela, peut-être qu’il allait devoir se bouger les fesses. Enfin non, c’était même sûr. S’il voulait pouvoir se débrouiller, et être de ces policiers efficaces, il ne pouvait pas rester à rien faire comme il le faisait depuis sa sortie d’hôpital…
- Enfin… Et vous ? Vous faites quoi dans la vie ?
Il finit par reposer le regard sur elle, curieux d’en apprendre un peu à son sujet…
L’inconnu me corrige sur ses hypothétiques fonctions futures en conservant son attitude détendue et amicale. Donc assez en forme pour venir à la plage tout seul, mais pas pour s’occuper de quelque chose de plus actif ou de plus dangereux que la circulation. Qui sait ce qui lui est arrivé et si ça a un lien avec le pansement que je peux voir. Et les trucs que je ne peux pas voir. Peut-être souffre-t-il de syndrome post-traumatique ou d’autres inconvénients que je suis dans l’impossibilité de remarquer. Dans ce cas là oui, le congé forcé dans une autre région peut être une bonne idée je suppose. Suis-je en train de lui faire revivre de mauvais souvenirs à cause de cette conversation ? J’espère que non. Quant au fait d’avoir laissé ses Pokémons derrière lui, je ne peux que compatir.
« Ça ne doit pas être facile. Être séparé de ses Pokémons je veux dire. »
Suite à quoi nous avions évoqué ma ville natale alors que j’avais essayé de lui en dresser un portrait fidèle. Pour être honnête j’aurais probablement pu donner une meilleure impression de l’ambiance qu’il y régnait en jouant quelque chose, mais bizarrement la pluie qui ne donnait aucun signe de faiblesse ne me motivait pas à sortir mon instrument. Ma description achevée, j’avais ensuite demandé au policier en civil de me parler de sa région d’origine, Kanto. Le début ne me parla pas beaucoup, puisque je n’étais pas très versée dans l’art de la météorologie et des climats. Heureusement la suite est plus parlante alors qu’il évoque des villes et des villages. Puis c’est lui qui évoque de nouveau les Mistrals, les comparant à une autre Team dont les activités n’ont encore jamais impacté ma vie : la Team Rocket. Je comprends ce qu’il veut dire, lorsqu’il évoque un jugement sans doute biaisé.
« Sans doute. Pour ma part les Rockets ne m’ont jamais forcée à déménager. »
En bon langage du réseau Dusk : rip le quartier résidentiel de Nemerya. Vous pouvez envoyer vos « F » dans le chat. Mais bon, inutile de me lancer dans un long discours à ce sujet. Je n’avais pas l’intention de me plaindre de ma pauvre petite vie, bien que j’aurais eu la possibilité de m’accompagner moi-même d’une musique triste au violon. Une idée à garder pour une opportunité ultérieure puisque, dans l’immédiat, il était au tour de cet homme de m’interroger sur ce que je faisais dans la vie. Je suppose qu’il n’a pas remarqué l’étui à violon dans mon dos. Ou alors qu’il ne sait pas ce que c’est. Ou il se dit que c’est peut-être un simple passe-temps pour moi. Dans tous les cas il ne peut probablement pas deviner si je ne dis rien, n’est-ce pas ?
« Violoniste. Je fais parfois des représentations et j’offre des cours privés de violon. J’ai aussi des bases avec d’autres instruments, mais ce n’est pas— »
C’est le moment que choisi le ciel pour s’illuminer un bref instant, ce qui suffit à m’interrompre dans ma lancée. Un volcan Eneka. Deux volcans Eneka. Trois volcans Eneka. Qua— Et voilà le tonnerre. J’enfonce la tête dans mes épaules et mon Osselait ne semble pas beaucoup plus ravi. Le pauvre a l’air effrayé, ses pattes fermement accrochées à son os alors qu’il est toujours collé à ma jambe. Je lui offre une nouvelle caresse sur la tête et m’adresse à mon Pokémon avec le plus de douceur que je peux, considérant que nous sommes dehors, pratiquement sous la pluie en plein orage.
« Ne t’inquiète pas, Diego. Tu es de type sol, la foudre ne peut pas te faire de mal. Tout va bien aller. »
Je dis ça, mais au fond moi-même je ne suis pas très sereine.
Le roux fit un non de la tête en première réponse. Être séparé de ses Pokémons… Même s’il les avait toujours prit pour des… Collègues, au final, il avait toujours vécu avec eux. Ils le suivaient partout. Maintenant cela faisait comme un vide…
- Ouai… C’est un vide… Ils étaient trois. Je les ai vue grandir, je les entrainé, je les ai aidé à se renforcer… On ne s’imagine pas à quel point ils peuvent être… Enfin… A quel point on s’y attache au final. Je pensais que ce serait comme quitter des collègues. Mais au final…
Il avait le regard dans le vide lorsqu’il laissait échapper ses mots… Repensant à eux. Peut-être qu’il pourrait les revoir un jour. Les rapatrier ici ?… Non. La police de Kantô y était bien trop accroché. Ils avaient dut surement déjà rejoint de nouvelles équipes pour continuer leur boulot. Enfin… La conversation continua donc, passant sur le sujet du village, aux teams qui tentaient de faire leur lois. Tenter… C’était bien là un mot qui le faisait doucement rire tiens. A force d’affrontement, il avait bien remarqué que les rockets avaient sut faire main basse sur pas mal de chose du côté de Kantô. Mais aussi de Johto. Ils avaient un réseau bien sombre d’ailleurs, et parvenait bien trop souvent à son gout à parvenir à leur fin. Il écouta donc les paroles de la jeune femme, avant de sourire. Elle avait surement dut déménager à cause d’eux, au vue de sa réaction. Non ?
- Les Rockets aussi en sont capable.
La preuve. Il était lui-même la preuve. Mais il ne rajouta rien là-dessus, peut-être qu’elle parviendrait à le déduire elle-même ? Dans tout les cas, il n’avait pas envie de parler de son rapport directe avec ce groupuscule. Peut-être trop parano sur le sujet. Peut-être à cause de cette peur qui le rongeait, qui lui disait qu’un jour ou l’autre, ils viendraient… Alors qu’une autre partie de lui-même lui assurait que jamais ils ne bougeraient les fesses pour un être aussi insignifiant que lui…
Puis Innocent avait finit par demander ce qu’elle faisait dans la vie. Et lorsqu’elle répondit, il comprit bien mieux la présence de l’étui. Elle lui fit alors savoir aussi qu’elle faisait des cours de musique, et … Fut couper dans son élan par un éclair bien trop proche à son gout… Hmph… Non, il ne pouvait pas prétendre ne pas avoir sursauté pour le coup. En tout cas, si l’un des deux avait eut l’idée de tenter la fuite en courant, elle avait surement disparut en … Un éclair… Hm… Le grondement finit par arriver, prouvant donc le rapprochement de ce temps dangereux, ce qui en soit, ne fut pas pour plaire au roux. Silencieux, immobile, le regard rivé vers la plage, il laissa un instant à la jeune femme pour tenter de calmer son pokemon qui avait l’air bien effrayé. Une jeune animal pour sûr. Finalement, Innocent finit par poser le regard sur le petit pokemon et la jeune femme… Avant de se redresser et d’étirer un instant son bras -et ce qui lui restait de l’autre- pour faire craquer ses épaules…
- Visiblement, le temps n’a pas envie de se calmer… Vous feriez mieux de vous approcher un peu plus du milieu… Et de vous assoir aussi…
Suivant ses propres recommandations, il se laissa glisser le long du mur pour finir assit à même le bois de cette pseudo terrasse, étant de toute manière assez proche du milieu en fin de compte, puisqu’il avait tenté d’esquiver les rebonds de la pluie. Néanmoins il s’inquiétait un peu pour cette pauvre créature. Ne serait-il pas mieux dans une pokeball ? Ou alors ils parvenaient à se rassurer l’un l’autre par leur simple présence… Un peu comme lui avec son guériaigle… Il commença alors à songer vaguement à retirer son manteau pour permettre à l’osselet de se cacher tout en restant présent…
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L'orage n'avait pas duré bien longtemps finalement. Et lorsque la pluie cessa enfin, la jeune femme avait décidé de reprendre sa route, laissant le roux sur place. Innocent la salua simplement, et la regarda partir, un peu amère. Hm. Cette rencontre n'avait pas été des plus agréable, au final. Un silence pesant avait en grande parti prit la place, brisé de temps à autre par les fracas du tonnerre. Tant pis. Innocent profita encore de l'instant pour observer le paysage, malgré cette obscurité. Puis il finit par se lever, pour rejoindre Port-corail, et retrouver la chaleur de sa chambre d'hôtel...