Raaaaaah, j'aime pas en parler. Certes, ça révèle pas mal de choses que l'on pourrait décrire sur moi et auxquelles personne ne pense - moi y compris - mais c'est chiaaaaant, putaiiiin...

Tout le monde rencontre des difficultés dans la vie. La plupart des gens les vivent mal, voire de façon dramatique. Certaines personnes ont pourtant peu de raisons de se plaindre.

Issu de la classe moyenne de Kalos, Kalem n'a jamais vécu de drame familial, politique ou quoi que ce soit. En revanche, comme toute personne dite neuroatypique, son intégration en milieu scolaire ne fut jamais évidente. Un développement dyssynchronique durant ses premières années lui causa d'ailleurs un certain retard sur l'aspect moteur, contrairement à son intellect précocement développé. Fort heureusement, il se rééquilibra par la suite.

Peu importe. Il est inutile de détailler.

Kalem fut de ceux qui eurent la chance de bénéficier d'un enseignement privé. Celui-ci comprenait des matières générales ainsi que le dressage de Pokémon. En effet, dans un monde peuplé de Pokémon mais dénué de politique, la principale autorité pseudo-gouvernementale - s'il y en a une - est la Ligue régionale. Sans aller jusqu'à en faire une discipline nationale comme à Galar, toutes les régions dotées d'une Ligue en sont très fières car elles peuvent alors comparer leur "puissance", leur "valeur" face aux autres. Kalem avait beau être passionné de combat, il réalisa rapidement la véritable couleur du monde soi-disant chimérique dans lequel il vivait. Il ne trouva jamais de réponse philosophiquement satisfaisante aux grandes question de la liberté des Pokémon. Cependant, convergea toujours avec la doxa : les équipes fondées sur du volontariat et de véritables liens sont légitimes, avec un réel investissement psychologique de l'humain à défaut de pouvoir se battre aussi.

Ouais, bon, allez, on accélère.

Kalem ne fut pas de ceux qui s'affirmaient face aux autres, car la majorité ne le prit jamais au sérieux avant un certain âge. Tout petit, il était plus gentil et très généreux, mais hautain et condescendant. Évoluant constamment au sens littéral, là où les autres évoluaient plus "ponctuellement", Kalem conserva toujours son bon fond et une même ligne directrice : "faire quelque chose de bien". Par ces mots, il signifiait accomplir un haut fait qui aurait un réel impact positif sur ce monde. Au moins un seul petit haut fait un tant soit peu signifiant. Il a plusieurs fois déménagé et changé d'établissement, mais demeura toujours au sein de la grande Illumis.

Ça s'étale...

À l'âge de huit ans, le professeur Pokémon de la région lui remit plus ou moins par hasard un Salamèche des plus audacieux. Le petit Pokémon et le timide petit garçon s'étaient attaché l'un à l'autre par pur hasard dans un parc. C'est pourquoi le professeur, tout comme ses parents, comprit que les deux seraient plus heureux s'ils restaient ensemble. Le Salamèche pourrait influer sur le courage inexistant d'un petit Kalem peureux et le détendre. À l'inverse, Kalem serait là pour lui faire réfléchir à deux fois avant d'agir trop vite... S'il ne se laissait pas aller tel un héros cliché de shonen dès l'année suivante. Si seules quelques personnes supportaient Kalem, tous lui reconnurent un talent : il était doué en combat, aux côté d'un Salamèche tout aussi redoutable. Kalem, sous n'importe quelle émotion, brûlait d'un feu ardent. Il laissa toujours de côté son apparente mollesse, doublée d'une fausse froideur, dès lors qu'il fut à l'aise dans une situation.

Ouais, allez, suivant.

Kalem s'est beaucoup épanoui grâce aux jeux vidéo et, plus généralement, le Pokéweb. Il y a fort longtemps, il y rencontra quelqu'un qui s'avéra devenir une excellente amie virtuelle : Madelyn Lodge. Elle en avait bien plus bavé que lui, et cette prise de conscience lui fit relativiser toute la noirceur de sa vie scolaire. Celle-ci semblait en réalité soutenable en comparaison. Le bouc émissaire n'était pas non plus le persécuté.

Résumons maintenant l'ado, sans fioriture ni détail parce que c'est gênant.

Lors de son adolescence, dans un nouvel établissement, il devint un impopulaire. Aussi anodin cela puisse-t-il paraître, cette considération parut à Kalem comme une véritable ascension. Outre cela, cette période marqua son premier réel accomplissement en tant que dresseur passionné. En effet, l'académie où il était confiait des Pokémon aux nouveaux élèves. Ces derniers devaient en prendre grand soin pour savoir vivre avec eux et ne pas tomber dans le spécisme. Toutefois, Kalem n'était arrivé ici qu'au milieu de l'enseignement secondaire. Il avait donc un retard colossal de deux ans à rattraper sur ceux qui étaient là depuis le début. En revanche, le nouveau partenaire de Salamèche et Kalem se révéla tout à fait à la hauteur : un Draby ! Celui-là était chromatique, et donc différent des autres.

Vu que les zones habituellement bleues, ou vertes en chromatique, sont cette fois blanches, il est donc même différent de la plupart des chroma'...

Néanmoins, comme bon nombre de ses pairs, il rêvait d'apprendre à voler. Si cela paraissait aberrant pour un Pokémon sans aile, Kalem savait qu'il pouvait en acquérir par le biais de l'évolution, justement grâce à cet objectif de vie essentiel à son épanouissement. À la surprise générale, de longues séances d'entraînement portèrent leurs fruits au point de permettre au Draby de rattraper ses pairs. À la fin de ce qui s'appelait la classe de "Troisième" à Kalos, le dragonnet avait évolué en Drackhaus.

Au cas où ça paraîtrait pas évident, j'ai toujours gardé contact avec Maddy, hein. Ouais, c'est le diminutif Madelyn.

Les trois années qui suivirent et conclurent sa scolarité se passèrent mieux : il sut rester un "lambda" et conserver ses amis de son côté. On le prit toujours pour un "sans-ami" comme si c'était péjoratif. Assez ironique : même sans compter la vie virtuelle, Kalem était sans doute mieux entouré et accompagné que l'écrasante majorité des gens en ce monde. Il n'avait seulement pas l'occasion de le montrer dans son environnement proche scolaire. Le Drackhaus devint un majestueux et imposant Drattak blanc par la même occasion et réalisa donc son éternel rêve : prendre son envol.

Ça fait bizarre d'en avoir fini avec les chapitres de la scolarité. M'enfin, j'entame la partie suivante. J'ai pas oublié que ce que je devais faire depuis tout ce temps.

Afin de devenir plus fort en tant que dresseur, moyen efficace de devenir bienfaiteur par le biais de la Ligue, Kalem se promit de voyager en Kalos à partir du mois d'août. Entre temps, il comptait bien rendre visite à son amie Madelyn, actuellement dans la petite région de Lumiris. Pour la première fois, ils allaient se voir matériellement.

Après avoir minutieusement veillé à sélectionner les bonnes dates et le bon port, la traversée maritime commença. Apparemment, l'avion n'était plus disponible. Kalem débarqua quelques jours plus tard à Port-Corail. C'est alors que la compagnie annonça un problème technique empêchant tout retour avant le lendemain de la date prévue par le jeune homme. Les billets n'étaient toutefois pas remboursables sans quoi la modeste compagnie maritime n'aurait pas assez de fonds pour financer la résolution du problème.

Bien évidemment, et afin que cela ne soit trop facile, Kalem et ses parents n'avaient pas les moyens de repayer un autre billet ce mois-ci.