La maladie l'avait de nouveau attrapé, toussant, crachant ses poumons comme un vieillard ayant trop fumé. Pourtant habitué à ce genre de problèmes, Asmaël continuait sa vie sans-abri comme si de rien n'était. Il vivait de ses petits vols à l'étalage, de quelques vivres trouvées au sol mais jamais de la manche. Pour le monstre, s'était salissant à son nom, de ce voir offrir un peu de bonheur par une communauté peu noble à ses yeux.
Et aussi, il avait appris à voyager, malgré ses habits qui ne convinrent pas aux longues marches et à la météo changeante au fur des saisons. Asmaël fuyait la police, sûrement à cause de son crime passé. Il n'était pas effrayé mais voulait à tout pris garder sa liberté. C'était un grand mot parce que vous voyez, on est dans le monde de Pokémon et on ne peut pas spécialement parler de liberté. Nous y enfermons des créatures dans des capsules, les utilisant comme bon nous semble, les torturant de toutes les manières. C'est de l’esclavagisme, du pur plaisir pour l'être humain de voir souffrir de pauvres créatures. Et voilà où on en est. À capturer des putains de pokémons.
C'était un Karaclee. Un pokémon de type combat, du genre maître en l'art de donner des baffes avec les pieds. Le genre de pokémon qui dit jamais non pour se voir traîner dans la bout et servir d'esclave à des gens appelés dresseurs. Ouais, c'était ça.
Il donnait des coups de poings contre le mur de la grotte avant de se retourner vers Asmaël. Non merci pour lui, il n'avait pas trop envie de se battre, le monstre. Il était malade, affaibli et n'avait sûrement pas envie de se retrouver victime d'un pokémon futur esclave d'un humain. Alors, le sans-abri tourna des talons, prenant un autre chemin que celui qui l'avait mené jusqu'ici. Peut-être trouvera-t-il meilleur endroit dans cette grotte que ce fou furieux qui veut le mettre en hachis ?
C'est qu'il trouve la société étrange, nulle. Asmaël tousse alors qu'il ramène son manteau un peu plus sur lui, pour éviter le froid mordant qui régnait en ces lieux.
Il marchait, toussant ses poumons. Jusqu'à ce qu'on lui éclate la gueule violemment. Asmaël vit sa tête valser en arrière alors qu'un léger filet de sang gicla de son nez. Le monstre fulmina, portant ses mains à son visage tout en secouant la tête. Finalement, il regarda le coupable. Un nosferapti, se débattant au sol. Normalement, ce genre de créature arrive normalement bien à se déplacer grâce aux ultrasons. Alors, pourquoi ne l'avait-il pas esquiver ? Il se relève maladroitement, tente de prendre son envol et s'écrase telle une mouche sur la glace de la grotte. Pitoyable.
C'était ce genre de pokémon qui sortait de l'ordinaire... Un reclus de la société nosferaptienne parce que ses ultrasons marchaient pas. Sûrement. Alors, Asmaël, prit de pitié pour ce genre de créature, se baisse et le prend dans ses mains, le fixant de ses yeux bleus.
Asmaël le tenait du dos, pas trop fort pour ne pas briser les os du pokémon mais assez pour le maintenir. Celui-ci battait des ailes sans réussir à reprendre son envol, il giflait même de temps en temps le visage brûlé du monstre, provoquant quelques bourrasques légères. Le nosferapti était misérable, pitoyable... Il aurait pu en rire mais rien ne sortit de sa gorge. Il le fixait simplement se débattre dans sa main avant que l'autre vienne par-dessus, bloquant alors les ailes de la petite chauve-souris. - Allons, je ne vais pas te faire de mal. Arrête de gesticuler.
Asmaël n'était pas un grand coeur mais il se voyait, à la place du nosferapti. Et il voulait faire la même chose que ce qu'avait fait Vincent avec lui... Prendre soin de ceux qui sont rejetés par la société. Alors, le monstre mène le pokémon plus proche de lui et souffle dessus afin de le réchauffer. Pauvre petite créature aveugle.
Il tentait de le réchauffer, du mieux qu'il pouvait, avec son souffle. Mais l'air était glacial et la pauvre chauve-souris ne faisait que de se débattre. Asmaël avait de la peine pour celui-ci et, lors de la manipulation de ses ailes, il se rendit compte qu'elle était blessée. Il se devait à tout prix de calmer le nosferapti afin d'éviter d'autres blessures et de l'emmener au plus vite dans un autre endroit aussi hostile que celui-ci.
Asmaël regretta l'absence de son amie Carcasse, qui l'aurait sûrement bien aidé à réchauffer ce petit pokémon de sa douce chaleur. Il tint un peu plus fort le nosferapti, l'enveloppant de ses mains à moitié carbonisés alors qu'il se dirigea vers la sortie.
- " Je t'en supplie. Tu es déjà assez blessé comme ça."
Sa voix était désormais plus ferme, plus forte que précédemment, tentant de se faire obéir par le nosferapti, s'il comprenait. Actuellement, c'était plus une petite boule très agitée qui ne voyait rien et faisait tout pour s'enfuir de l'emprise d'Asmaël.
Peut-être que, sous la voix d'Asmaël, le nosferapti s'arrêta de bouger. Plus aucun geste, le silence. On n'entendait plus ses petits cris perçants, le battement d'ailes. Plus rien que le pas du monstre qui se dirigeait vers la sortie de la grotte. Désormais, la petite chauve-souris respirait fortement, rapidement, mais ne bougeait pas d'un poil. Légèrement gelée, Asmaël tentait de la garder au chaud dans ses peaumes. Il voulait la protéger, la soigner et prendre soin d'elle. Elle était si fragile, aveugle et ne volait pas très bien. Alors, ça lui brisait le coeur, beaucoup.
- " Voilà. Maintenant, laisse-moi m'occuper de toi, petit froussard."
Pour la première fois, il sourit. Et porta ce petit être vulnérable auprès de son coeur.