Ha ! Illumis la grande, la flamboyante, la vivante !
Illumis, ville touristique par excellence qui voit affluer tant de curieux tout au long de l'année. Autant de gens qui viennent découvrir ces cafés colorés et les grands artères spacieuses de la capitale. Pourtant, derrière cette image lisse et charmante de l'endroit, on en oublierait presque que, ici aussi, sous les pavés éclatant, règne tout de même une certaine misère.
Lorsque l'on détourne le regard des grandes avenues bien achalandées et que l'on se perd dans les petites ruelles étroites, on rencontre alors un autre visage d'Illumis : celui de son ombre.
Après tout, ne dit-on pas que plus quelque chose est brillant, plus son ombre est grande ?

C'est à l'ombre de la Tour Prismatique qui Yuri vit le jour.
Né d'un père inconnu et de la jeune Alma Bravinsky, le petit garçon passa une enfance tortueuse seul avec sa mère. Elle était une couturière de seconde main qui peinait à trouver un travail mais surtout, à le garder. Ce n'était pas faute de motivation mais plutôt car elle avait la malchance de tomber sur des patrons qui finissaient tôt ou tard à lui faire des avances plus que grasses. Alors, pour éviter tout problèmes, elle partait. Quand aux femmes ? Elles la toisaient envieusement du regard, préférant l'ignorer ou rejeter ses propositions de poste par peur qu'elle leur vole la vedette de par sa beauté.
Car oui, Alma était indéniablement d'une beauté à couper le souffle.
Étant encore dans la jeunesse que lui octroyait ses 23 ans, Alma était en plus une femme possédant un charme fou. Jolie brune aux cheveux brillants et souples qui lui arrivait à la taille, elle possédait des yeux verts desquels émanaient une douceur sans pareille. Bien qu'ayant eut son petit Yuri tôt pour son âge, elle n'avait jamais regretté une seule seconde son choix et elle offrait à son fils tout l'amour qu'elle pouvait lui donner. Prenant tout le maigre temps libre dont elle bénéficiait pour jouer et s'occuper de lui, Alma lui apprit également -quelques années plus tard- la couture, activité pour laquelle le petit garçon se passionna follement.
Mais, malgré cet amour maternel sincère, il fallait qu'Alma trouve de l'argent pour que son fils puisse aller à l'école et avoir un minimum d’instruction, chose qu'elle souhaitait de tout cœur. Alors, elle commença rapidement à enchaîner les petits jobs qu'elle trouvait, se forçant à supporter les avances lourdingues de certains de ses collègues.
C'était pour son fils, elle pouvait le faire, elle pouvait l'endurer.
A force de travailler d'arrache-pied, la jeune maman réussit à payer l'école à son fils, ce dernier étant trop heureux de pouvoir y aller. Malheureusement pour lui, lui qui ne demandait qu'à se faire des amis, il eut droit à une douche assez glaciale.
Quelques langues de serpents acérées et jalouses avaient chuchotées à l'oreille de certains enfants que la mère de Yuri travaillait en vérité comme prostituée dans les bas quartiers. Moqué, évité et raillé par ses camarades de classe, le petit garçon ne se laissa pas faire pour autant et leur rentra dans le lard avec toute la colère et l'injustice qu'il ressentait alors.
Sa mère avait un travail décent, il le savait ! Elle travaillait comme personne pour lui permettre de venir ici et il n'accepterait pas que quiconque bafoue son nom en sa présence.
Après la première semaine suivant la rentrée, Alma fut appelé par le proviseur de l'école pour parler du comportement de Yuri. A force de se battre, il avait cassé le bras d'un garçon de sa classe. Alma s'excusa platement et elle promit que ça n'arriverait plus. Yuri ne comprenait pas pourquoi elle faisait ça. Ce n'était pas elle qui était en tord, c'était eux ! C'était eux qui mentaient ! Eux qui la diffamait sans vergogne !
Il dit tout ça à sa mère lorsqu'ils furent rentrés et il partit aussi sec bouder sur les toits. Il ne laissa pas le temps à sa mère de lui répondre et, s'il avait été un peu plus attentif, il aurait vu un sourire triste se peindre sur ses lèvres et une larme rouler sur sa joue.

Suite à ça, le jeune Yuri s'isola du reste des enfants de son âge. Si c'était pour être moqué, mieux valait qu'il resta seul. Se renfermant sur lui-même, il faisait cependant attention à ne pas faire trop de vagues. Il ne voulait pas être expulsé de l'école, il savait que ça ferait trop mal à sa mère. Elle travaillait pour ça et il n'allait surtout pas détruire tout ce qu'elle avait mis autant de temps à construire. Alors, quand il était à l'école tout du moins, il faisait profil bas. Par contre, dès qu'il passait les portes de la sortie, il rendait la monnaie de leur pièce à ces fils à papas prétentieux. Et, rapidement, il comprit que s'il voulait se défendre, il fallait jouer des poings ; il devint terriblement bon à ça et il cultiverait l'art du corps à corps jusqu'à l'âge adulte.
Ainsi, l'enfance de Yuri fut bercé par les bagarres de rues récurrentes dont certaines amochèrent son visage pour en faire ce qu'il est aujourd'hui. A chaque fois sa mère lui disait d’arrêter, à chaque fois il recommençait. Ce n'était pas par plaisir qu'il le faisait, c'était pour défendre celle qu'il aimait.
Puis, arriva un jour où le monde du petit garçon encore naïf qu'il était bascula.
Il avait 11 ans et ce fut la première fois qu'il voyait un homme à la maison.
Ce ne fut malheureusement pas le dernier.
C'est à ce moment là qu'il se rendit compte que les rumeurs étaient en vérité fondées.
Cette réalité lui brisa le cœur au point qu'il s'en voulu d'être vivant. Il se disait que, s'il n'avait pas été là, sa mère aurait pu avoir une vie plus belle, plus confortable... Quand il fit par de ses pensées à sa mère, elle lui retourna une gifle sèche. C'était la première fois qu'elle levait la main sur lui. Il ne comprit pas. Il eut envie de râler, d’hurler, mais quand il releva la tête et vit le visage déformé par la tristesse de sa mère, il ne put rien faire. Il noya simplement son visage dans ses genoux en lui demandant pardon.
Ils n’abordèrent plus jamais le sujet et ne parlèrent jamais du métier d'Alma.

Dans un même temps, pour soulager sa mère, le petit garçon se débrouilla pour apprendre de lui-même comment tenir une maison. Ménage, vaisselle, préparer le repas, faire des lessives de vêtements... Il apprit tout de façon autodidacte, non sans avoir rétrécie quelques uns de ses t-shirts et fait cramer plusieurs poêles ! C'était des efforts que sa mère appréciait et elle était terriblement fière de son petit.
Avec le temps, Alma commença à ne plus venir le chercher à l'école. Puis, elle commença à rentrer de plus en plus tard.
Tacitement, le petit comprenait bien ce que ça voulait dire mais il garda ça pour lui, ne se plaignant jamais, gardant toujours leur petite appartement propre et laissant toujours une assiette chaude dehors le soir pour sa mère.
Lentement, les années passèrent et Yuri atteignit les 15 ans.
Continuant à aller à l'école, il était devenu le marginal, le fou furieux, celui à qui personne ne parlait et personne ne devait approcher. Mais d'un autre côté, il était aussi l'élève le plus brillant de sa classe, décrochant les meilleures notes, bien loin devant les autres.  
Hors des cours, il avait prit l'habitude de traîner dans les rues ainsi, les bas quartiers d'Illumis n'avaient plus de secret pour lui ; il y était aussi à l'aise que sur le petit toit de son appartement miteux.
Toujours désireux d'aider sa mère, le petit ado' s'était mis en tête de trouver un petit boulot, n'importe quoi qui ferait l'affaire.
Ce fut alors qu'il rencontra Dan.  



Dan était un garçon blond et élancé d'une vingtaine d'années, toujours accompagné d'un Snubbull caractériel. Il avait déjà vu le petit brun se balader en ville et avait noté son aisance à se déplacé dans les recoins les plus obscures et mal famés de la ville. Et ça lui plaisait. Aussi proposa-t-il à Yuri ceci : il se baladait dans la ville puis, à une certaine heure, il venait trouver Dan à un certain endroit pour lui rapporter s'il avait vu quelques voyageurs curieux égarés ou un peu trop éloignés des axes touristiques. Être payé pour observer les gens ? C'était parfait ! Ce n'était pas difficile et ça n'empiéterait pas trop sur ses obligations d'hôte donc c'était tout bénéf' ! Il accepta donc avec joie.
Ce qu'il ne savait pas à ce moment là, c'était que Dan faisait partie de la Team Flare, une bande de voleurs assez connue dans les basses sphères de la métropole.

Ce fut lors d'une de ses « patrouilles » en ville que Yuri rencontra Pixel.
C'était le début de l'hiver et la nuit tombait vite. Les gens ne faisaient pas long feu dehors dans les bas-fonds en revanche, pour ce qui était des grandes avenues, le froid ne semblait pas déranger plus que ça les touristes. Tant mieux pour lui cela dit !
Il venait de faire son rapport à Dan et il était sur le chemin de son appartement lorsqu'il entendit un rire guttural sortit de nulle part. Étonné, le garçon regarda en toutes direction dans la ruelle sombre dans laquelle il était : personne. Finalement, il haussa les épaules et continua son chemin. Quelques pas plus tard, il entendit de nouveau le rire, plus fort et plus proche de lui. Il se retourna en direction du son mais là encore, rien. Frissonnant sous le froid, il reprit sa marche. Une troisième fois le rire se fit entendre et, lorsque Yuri se retourna, il se retrouva nez à nez avec un Fantominus grimaçant qui lui fit un grand « bouh ! ».
Si toute cette mise en ambiance et cette apparition soudaine auraient suffit à faire peur à une personne normalement constituée, le jeune adolescence lui, ne montra aucun signe du tout. Il ne daigna même pas lever un sourcil d'étonnement. Il était habitué à voir des Fantominus, il y en avait quelques uns qui traînaient de temps en temps. Et puis, à ses yeux, les humains étaient infiniment plus terrifiants que les pokémons. Aussi, c'était pourquoi il ne s’alarma pas plus que ça.
Le fantominus taquin quand à lui, en voyant l'absence de réaction de l'humain, en fut grandement frustré. Il réitéra son « bouh ! », espérant qu'il aurait plus de succès : en vain. Yuri lui souffla simplement dessus, ce qui eut pour effet d'envoyer voler la boule de gaz un peu plus loin puis, il tourna les talons et rentra chez lui.  
En proie à une terrible frustration de n'avoir pas réussit à faire peur à ce petit humain, le fantominus ne comptait pas s’arrêter là ! Il se mit à suivre cet étrange garçon sans émotion et, tout les soirs, il tentait de lui faire peur, toujours avec le même manque cruel de succès.
Et un jour, alors que le fantominus attaquait de nouveau Yuri d'un « bouh ! » il se fit fourrer dans la gueule un petit pain chaud. Il ne comprit pas ce qu'il se passait car c'était la première fois qu'un humain réagissait ainsi à son égard mais il avala quand même l'aliment étrange, le trouvant fort bon.
Depuis ce jour, le fantominus ne quitta plus le garçon et Alma le surnomma affectueusement Pixel.  

Une année passa ainsi jusqu'au moment où Dan proposa à Yuri d'intégrer la Team Flare, lui faisant miroiter un salaire bien plus élevé que ce qu'il gagnait actuellement. Attiré par l’appât du gain, encore une fois, le petit Yuri accepta.
Fier d'avoir trouver un « vrai » travail, il l'annonça à sa mère qui le félicita tout en le mettant en garde contre cette organisation. Il lui promit tout ce qu'il pouvait qu'il resterait sur ses gardes même s'il ne voyait pas trop où était le mal.
Durant les années qui suivirent, Yuri grandit et apprit tout les codes et façons de faire du parfait voleur de pokémons. Détroussant les touristes et étant payé pour ça, bien qu'il éprouva du remord, il se disait que c'était pour la bonne cause, c'était pour sortir sa mère de l'engrenage dans lequel elle était depuis trop longtemps. Ça le faisait tenir. En plus de ça, avec sa mine naturellement antipathique, il se retrouvait souvent au cœur de bagarres de rues. Ce fut à ce moment là qu'il perfectionna sa façon de se battre avec laquelle il était familière depuis bien des années déjà.
Malgré ses remords, le jeune adulte était heureux du pactole qu'il avait réussit à mettre de côté au bout de ses quelques années de travail. Tout fier de lui, il rentra un peu plus tôt que d'habitude chez lui.
Ce fut là qu'il le découvrit.

Au centre de la pièce principale se tenait un homme large d'épaules à la mâchoire carrée. Yuro l'avait déjà vu ici, il était venu quelques fois au cours des derniers mois. Mais ce n'était pas sa présence qui glaça le jeune homme : c'était le pieds de biche qu'il tenait en main. Hypnotisé par cette barre métallique, ce fut un sanglot étouffé qui le fit revenir à réalité. Roulée en boule sur le sol, sa mère se protégeait la tête en reniflant. Ses bras et ses jambes étaient couvert d'ecchymoses et du sang coulait sur le sol.
Voyant instantanément rouge, le gamin sauta en hurlant de rage sur l'assaillant de sa mère. Ils roulèrent alors au sol, Yuri faisant pleuvoir sur l'homme une nuée de coups, se prenant également les coups les plus forts et les plus violents qu'il n'avait jamais eut. Mais l’adrénaline et la fureur le faisait tenir de façon terrible. Sa mère, hébétée, releva la tête et hurla de terreur en voyant son fils en proie à son client. Soudain, d'un mouvement ample, le petit corps du jeune homme traversa la pièce et alla percuté fortement le mur, ce qui le sonna. Fou de rage, l'homme se releva, le nez en sang et le visage tuméfié, prêt à battre le garçon. Pixel jaillit à ce moment là hors de l'ombre de son petit dresseur, râlant férocement, prêt à en découdre avec le colosse s'il posait un seul doigt sur le brun. Surprit par cette apparition, l'homme eut quelques secondes de flottements puis, il hoqueta. Quelque chose n'allait pas. Un truc le gênait au niveau du thorax... En baissant la tête, il se rendit compte que le pied de biche dépassait de sa poitrine.
Alma venait de l'empaler dessus par derrière pour protéger son enfant.
Sa voix basse acérée fut la dernière chose qu'il entendit.

 


Rapidement, il se propagea dans la ville la nouvelle de la mort d'un membre bien placé de la Team Flare. Si d'aucuns se frottaient les mains en disant que c'était bien fait pour cette bande d'escrocs et de voleurs, d'autres demandaient en revanche vengeance. La Team Flare en première ligne bien sur. Ce groupe avait des yeux et des oreilles partout dans la capitale aussi, il ne faisait pas bond de rester ici. En se faisant le plus rapide et le plus discret possible, Alma, Yuri et Pixel quittèrent Illumis.
Durant les 5 années qui suivirent, ils n'eurent de cesse d'échapper à la Team Flare et à leurs velléités de vengeance. Durant toute cette période, Yuri ne s'attacha à personne, repoussant quiconque tentait de l'approcher, à l'affut du moindre comportement suspect ou étrange, pouvant trahir un danger pour lui et sa génitrice. Parcourant tout Kalos, changeant même plusieurs fois de noms quand c'était nécessaire, à chaque fois qu'ils essayaient de se reconstruire quelque part, la team les retrouvait, les traquant inlassablement. D'autant plus qu'à leurs yeux, Yuri était un traître et un déserteur ayant participé à l'assassinat de leur supérieur.  
Ce fut au détour d'un bar qu'il entendit parler de l'île de Lumiris.
Archipel peut connu du grand public, le jeune homme glana toutes les informations qu'il pu auprès de deux voyageurs qui semblaient bien connaître l'endroit. Ils lui apprirent même qu'un navire de plaisance partirait de Relifac-le-Haut quatre jours plus tard. Ni une, ni deux, la mère et le fils embarquaient quatre jours plus tard en direction de Lumiris, espérant pouvoir ainsi tirer définitivement un trait sur leur passé.

La traversé fut des plus agréable et ce fut la première fois depuis des années que Yuri vit sa mère s'accorder un peu de repos. Du véritable repos.
Lorsqu'il arrivèrent à Port-Corail, ils furent vite aiguillé sur la marche à suivre.
Ainsi, ils apprirent qu'ils devaient se rendre à la ville de Némérya pour y rencontrer le professeur de la région, le respecté Docteur Baobab. Se pliant à la façon de faire locale, Alma et Yuri voyagèrent jusqu'à la dite ville, Alma tombant instantanément amoureuse des panoramas plein de calme et de quiétude de l’île principale.  
Les accueillant avec bienveillance, le vieux professeur leur donna à tout les deux des Dusk et offrit à Alma un Malosse ; enfin, ce fut plus le Malosse qui la choisit ! Alma accepta avec joie, ayant toujours voulu un pokémon sans jamais en avoir eut l'occasion ; elle le baptisa Voxel.  
Après quelques jours à se familiariser avec cette nouvelle ville qu'était Némérya, Yuri prit finalement une décision : il deviendrait dresseur, non pas pour capturer des pokémons ni même pour devenir maître, mais pour gagner le plus d'argent possible -légalement cette fois- pour que sa mère n'ait plus jamais à vivre dans le besoin. Touché par la dévotion de son enfant, Alma lui donna sa bénédiction, non sans lui faire les recommandations d'usage avant qu'il ne la quitte.