J’ai grandi dans une famille banale, à Illumis, dans la région de Kalos. Ma naissance, les galères, l’éducation de mon frère et moi-même. C’était un bordel sans nom. Ma mère n’a jamais eu d’autorités sur quiconque. Autant vous dire que nous étions de vraies saloperies, avec mon grand frère Jake. C’était une vie normale, nous aurions pu être qualifiées de famille lambda. Mais voilà, le destin a décidé de chambouler nos projets simples. Grandir, découvrir le monde, les joies de la solidarité entre frère et sœur… Du jour au lendemain, il a disparu. Mon paternel l’a emmené loin, et j’étais bien trop petite pour comprendre ce qui était entrain de se produire. Une séparation banale dans les yeux de mes parents, une déchirure monumentale dans les yeux d’une enfant. Un frère, une éducation à deux, de l’amusement, de l’épanouissement. Je n’ai pas connu tout ça finalement. Ils sont partis bien trop tôt. Je n’avais plus eu de nouvelles, car les tensions entre eux étaient bien trop grandes. Il ne me restait plus que le néant et la solitude pour compagnie. Jusqu’au jour où une lettre fût déposée dans ma boite, à l’internat. Elle n’était signée que d’un J. Mais l’odeur qui en émanait me semblait bien connue. Mon corps fût prit d’un sentiment inexistant auparavant. De la joie. De l’excitation. Était-ce Jake ? Une petite sphère bicolore accompagnait la lettre. Je me rappelle encore de ces quelques mots, pleins d’espoirs… On va se revoir, mais en attendant, accepte mon pardon. Ce cadeau venait certainement de mon frère disparu. Je n’ai que des bribes de visage, et je ne saurais dire si je saurais le reconnaître aujourd’hui. Mais j’allais le retrouver...

Cependant, la vie n’en avait toujours pas décidé ainsi. La pauvreté nous avait gagnés, et il fallait qu’on s’en sorte le plus rapidement possible. Ma mère n’arrivait plus à assumer ces montagnes de factures, la ville était entrain d’engloutir sa santé et sa vie. Je lui en voulais pour beaucoup de choses, d’ailleurs. L’absence de mon frère en particulier. Mais je ne pouvais pas la laisser flancher. Des amis m’avaient dis un jour, pour rire : 'pourquoi tu ne te lancerais pas dans la musique ? T’as bien une guitare électrique, tu pousses un peu la chansonnette et hop, te voilà riche comme Crésus'. Ils ne savaient pas à quel point ils avaient raison. Ce n’était qu’une blague, mais désespérée, je l’ai prise au sérieux. De retour à la maison, j’arrachais la guitare de son socle et commençait à gratter. Mes doigts se faisaient happer par les cordes, et les mélodies s’enchaînaient parfaitement. En quelques années, j’allais devenir la plus connue des stars de Kalos. J’avais ma tête sur toutes les affiches : Blaze, la fureur des jeunes. La passion de la musique, je l’avais toujours eu. Mais je n’avais jamais pensé à la développer pour en faire mon métier. A entendre les autres, les artistes ne survivent pas longtemps. J’étais une preuve vivante du contraire. Je venais d’écraser toutes leur utopies, les études ne servaient à rien… Seule la passion comptait. Et le rock m’avait porté dans les bras des plus grands. Je jouais souvent à des endroits très réputés, je n’avais pas une minute de libre. J’en avais presque oublié pourquoi j’avais fais ça. Le destin avait aidé ma mère à se racheter pour ses pêchés. Il m’avait poussé sur le devant de la scène. Du haut de mes vingt ans, je cartonnais, tous les soirs… Sur scène, les gens scandaient mon nom. Blaze. La flambée.

Ce nom de scène me suivait depuis le tout premier concert auquel j’avais participé. En première partie de Strykna, spécialement venue d’Unys pour un concert gigantesque à Illumis, j’avais mis le feu au public. Littéralement. Un incident qui ne fit pas de blessé. Plus de peur que de mal, comme on dit. Tout s’est produit très vite. Nous, les stars du rock, on adore les effets spéciaux sur scène. Seulement, un accessoire mal préparé et c’est le drame. Un petit lance-flamme utilisé uniquement sur scène n’était pas correctement fixé, et sans faire vraiment attention, j’avais donné un coup de pied dedans. La flamme a dévié de sa trajectoire pour atteindre la fosse. Les barrières de sécurité se mirent à flamber et depuis, le monde du spectacle m’a donné le nom de Blaze. Comme quoi, tout n’est qu’une question de destinée. Mais après de nombreuses années à exercer sur scène, j’avais envie de reprendre la route. Je voulais m’éloigner de mes origines, du succès devenu étouffant. Et une fois encore, il fallait que je retrouve mon frère. Mes recherches m’avaient menée ici, à Lumiris. Je continuais à faire la fête, à donner des concerts privés, mais au moins, la célébrité ne m’avait pas suivie autant qu’à Kalos. Cela faisait du bien de retrouver sa liberté, aux côtés de Klaus, qui ne m’a jamais laissé tombé depuis le jour où je l’ai fait sortir de sa Pokéball. Seules quelques rares personnes arrivent à me reconnaître, parfois on me demande des autographes. Mais l’air arrive enfin à accéder à mes poumons correctement. Je n’ai peut-être plus besoin de me camoufler finalement… Cependant, ce n’est pas une habitude que je perdrai si facilement. Par ailleurs, je sens que des obstacles comptent se dresser devant nous, mais nous les abattrons un à un !