Tu étais… Résolu.
C’était sûrement le mot qui te correspondait le mieux, celui contre lequel tu n’avais pas grand-chose à dire tant il était
vrai. Résolu, ça définissait bien le caractère de quelqu’un qui avait abandonné l’espoir aux portes de son amour-propre et qui avait dû s’adapter en à son absence.
Assis sur une chaise et victime de poudres, fond de teint et autres artifices dont tu ne connais pas le nom, tu fixes le reflet insolite que te renvoies la glace.
Tu n’as jamais été un homme viril. Autant jouer la carte de la sincérité : personne n’avait un jour formulé le souhait de te voir faire la tête d’affiche d’un quelconque calendrier des pompiers. Tu n’étais tout simplement pas ce genre de garçon, ce genre d’espoir très ancré dans les mœurs et coutumes de l’humanité. Toi, t’étais un gamin malade. Tu étais la veuve et l’orphelin, le brin d’homme qui devait être
défendu à défaut de pouvoir assurer sa propre protection.
Au fond, tu n’étais pas grand-chose. Tu n’étais pas le fils dont ton père avait secrètement rêvé ni l’ami dont on avait besoin : tu n’étais qu’un produit défaillant, un véritable bug dans la matrice.
Ce rôle, malgré tout l’inconfort qui naissait dans tes yeux au contact de ton reflet dans la glace, te correspondait on ne peut mieux.
Tu étais une jeune fille en détresse, le genre de personne qu’il fallait
sauver… Et tu n’y pouvais rien, car quand bien même tu défendais bec et ongles ton utilité sur terre, les faits mentaient beaucoup moins que ton regard sur toi-même. Tu filtrais la vérité Iza’. Tu te pensais utile, à sauver les gens… Mais c’était toujours toi que l’on sortait des mauvais pas.
Poussant un soupire à t’en fendre l’âme, tu adresses un sourire à la jeune adulte en charge de ton maquillage. Posée à la racine de ton crâne, la longue perruque blondes aux mèches bouclées qui recouvre ta chevelure de blé est un tortionnaire inattendu, mais tu tentes de l’ignorer. Tu as hâte que ce soit terminé. Hâte de redevenir toi-même, hâte que le respect soit plus qu’une chimère en laquelle plus personne ne croit.
Pourquoi avoir accepté direz-vous ? Parce que tu étais comme ça. Quelqu’un avait eu besoin, quelqu’un t’avait demandé, supplié et tu n’avais pas pu dire
non. Un jour, peut-être, tu cesserais de faire passer les intérêts du monde avant les tiens… Mais ça ne valait pas la peine de trop espérer.
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J’ai terminé ! Tu es magnifiqueCurieux, tu ramènes ton attention vers ta maquilleuse du jour. Tu voudrais rigoler, lire l’amusement dans ses yeux… Mais tu te frottes à un obstacle de taille : l’admiration plutôt que la moquerie. Déglutissant, tu passes une main sur ta robe puis tu te relèves d’un geste ridiculement soigné et distingué. Ton accoutrement déteint sur toi, Iza.
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M-Merci beaucoup, j’apprécie disons… Où suis-je censé aller maintenant ? Si je peux me permettre.-
Vous pouvez aller rejoindre les autres acteurs de l’autre côté de la porte !Reçu 5/5. Faisant signe à Agony de t’emboiter le pas, tu quittes la loge improvisée pour rejoindre la petite dizaine d’acteurs qui s’agglutinent au lieu de rencontre. Peut-être qu’un jour, Arceus te récompenserait pour cette générosité ridicule et ce besoin indécent de tout donner aux autres. Combien de fois, déjà, avais-tu abandonné ton amour propre au nom de d’autres profits que les tiens ? Beaucoup trop. Ça avait commencé avec le costume de Lord Farquaad, les retrouvailles avec Kiana et Hazel… Ce jour-là, tu supposais que ta bonne étoile devait s’être suicidée ou quelque chose dans le genre. Chose certaine : tu ne l’avais pas sauvée et elle ne s’était pas ratée.
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Euh…Tu n’avais pas remarqué le jeu… l’Homme ? Qui s’était approché de toi pendant que tu réfléchissais au sens de ta vie. Surpris, tu papillonnes des paupières quelques secondes en tentant de reprendre contenance puis tu attrapes délicatement sa main en l’admirant de la tête aux pieds. Tu ne l’avais pas du tout entendu approcher… Mais peut-être était-ce toi qui se montrait trop indifférent à ton entourage ?
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Oui… C’est bien moi malheureusement.Rigoles-tu doucement. Tu ne sais pas quelle partie de l’homme face à toi est vraie et quelle autre partie appartient au personnage… Dans le doute, tu préfères ne pas te prononcer à ce sujet. Tu reconnaissais seulement le rôle pour l’avoir vu apparaître entre les lignes de ta propre copie du script… Mais surtout parce qu’il l’avait lui-même évoqué, au final.
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Ravi de faire votre connaissance Rosenwald, je suis… Silvērsteiń. Mais appelez-moi Iza’, d’accord ?Charmant. Qui qu’il soit, il était charmant… Et ça faisait du bien de rencontrer quelqu’un de sympathique dans un moment où rien n’était moins satisfaisant que ton être en entier.
Malheureusement, ça ne pouvait pas durer.
Voyant le Pokémon de ton vis-à-vis commencer à jouer avec les… volants (?) de ta robe, tu sens le rouge te monter légèrement aux joues. Embarras, inconfort. La tenue en elle-même t’insufflait déjà un profond malaise alors… Si on devait commencer à jour avec elle, tu n’allais sans doute pas t’en sortir.
T’avais pas prévu la suite, mon pauvre. T’aurais pas pu prévoir la suite.
Voyant « Seth » (?) s’infiltrer sous le vêtement, tu ne peux t’empêcher de lâcher un hoquet de surprise alors que tu t’empresses de tirer sur le vêtement pour l’en sortir.
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KYAAAAA ! >w<’’K…ya ? Plaquant le morceau de tissu contre toi afin d’éviter qu’il ne rapplique, tu couvres ta bouche de ta main libre. Comme si cela pouvait effacer l’existence humiliante ce cri beaucoup trop… féminin, beaucoup trop inusité. Est-ce que tout allait bien, Iza ?
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C-Ce n’est rien ! Derrière toi, Agony avait relevé la tête avec curiosité, mais tu le sentais prêt à rappliquer. C’était exactement comme lorsque Asriel avait volé ton sandwich… Ton Migalos c’était découvert un instinct protecteur dont tu ne soupçonnais même pas l’existence avant qu’il n’évolue. Tu ne le comprenais plus.
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Ne t’inquiète pas Agony, tout va bien ! Ce n’est qu’un malheureux malentendu… Tu prends une grande inspiration, tentes de reprendre un peu de ta contenance… Mais le mal est déjà fait ; ta virilité est morte en même temps ton amour propre.
Virilité d’Izaiah Lux Silvērsteiń
19XX – 20XX
À tout jamais dans nos cœurs.
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Pardonne-moi, je suis vraiment désolé. Je n’ai pas l’habitude et… et lui non plus.Dis-tu en désignant l’araignée non loin de vous.
C’était clair désormais que ce charmant jeune homme (était-il vraiment charmant ? était-ce vraiment un jeune homme ?) allait vous placer dans la catégorie
À éviter.
T’étais bon pour tout foutre en l’air, pour te ridiculiser complètement.