Il y a peu de choses à dire sur Cyrielle. Ou pas mal, si on veut. Elle est née dans la région d’Hoenn à Algatia. Ouais, là où il y a le Centre Spatial. Gamine, ça lui donnait des étoiles dans les yeux et elle rêvait de devenir astronaute. Elle aimait regarder le ciel bleu et les points de lumière la nuit, sentir le vent frais lui caresser les cheveux et l’herbe humide sous ses pieds. Cyrielle était bien plus rêveuse quand elle était enfant. Mais Cyrielle ne savait pas dire non, et elle ne sait toujours pas le dire, à vrai dire. Son père était le vendeur de vélos du coin, et était un maniaque de la mécanique sur les bords. Réparer quelque chose, ça, il savait faire. La mère de Cyrielle ne travaillait pas, mais était très active dans une association qui recueillait les Pokémons abandonnés. Si on regardait la petite famille, elle avait un air de banalité et de normalité à n’en plus finir. Sauf Thomas, le frère de Cyrielle, qui était définitivement le clown, ou plutôt le magicien de la famille, et qui allait de route en route dans le pays, ou Liz, la grand-mère maternelle, qui était une sacrée globetrotteuse à 80 ans. On n’en parlait pas à la maison, c’était tout simplement le sujet tabou. Ça n’empêchait pas Cyrielle d’adorer sa grand-mère, pour toutes les choses atypiques et incroyables qu’elle ramenait de ses voyages.

La boutique de vélos était là depuis des générations, et avec le départ et la rebiffée de Thomas, il ne restait que Cyrielle pour reprendre le flambeau, si on veut. Alors Cyrielle n’a pas dit non. Réparer les vélos, voire réparer d’autres trucs, ça avait un côté amusant, quand on a quinze ans. Elle est devenue mécanicienne, touchant un peu à tout, mais surtout aux vélos. Et les mois, et les années ont passé, avec la même routine morne et simple. Et Cyrielle n’a jamais dit non, ou « je préfèrerais… ». Cyrielle n’a pas choisi. Elle a simplement tué sa propre voix pour suivre et ne pas faire de vagues.

La mort de sa grand-mère Liz lorsqu’elle eut 19 ans la marqua profondément. Elle hérita de son Couafarel au passage, si on pouvait appeler la boule de poils baveuse un cadeau. C’est peut-être cela qui la poussa à demander à faire une pause pendant un moment, avant de revenir à la boutique de vélos. C’est peut-être cela qui l’a poussée, pour une fois dans sa vie, à dire « je veux », « je souhaite », ou encore « j’aimerais ». La mort donne des ailes, même si le dicton est plus joyeux dans sa forme régulière.

Son bagage, ses outils sur le dos, et Niji à ses côtés, cela fait maintenant quelques mois que Cyrielle s’offre une année sabbatique à Lumiris, coin moins fréquenté qu’Hoenn et les autres grandes régions, mais qui a tout de même son charme. Et plus Cyrielle y marche, plus ses rêves et ses envies lui montent en tête.