Alors que se déroulait le premier jour de notre nouvelle vie...
Izaiah
Sera
18h50 La vie suivait son cours et personne ne s’en souciait vraiment. On ne s’arrêtait ni ne se questionnait à savoir la composition potentielle de demain : pour beaucoup, c’était une évidence. Pour d’autres, c’était un peu plus obscur sans être alarmant pour autant : loin d’être une date butoir, le 16 juin s’annonçait être une journée comme toutes les autres.
Tu étais dans le deuxième groupe : dans l’insouciance même de ne pas savoir à quoi ressemblerait ta journée demain, tu ne te questionnais pas. Tu t’en foutais. Demain, après-demain ou toutes les autres journées qui suivraient revêtaient dorénavant une douce saveur d’amertume récurrente qui te saoulait plus qu’elle ne te donnait envie de te lever à l’aube comme autrefois. Les belles habitudes de vie et le quotidien bien chargé étaient devenus des fantômes du passé et tu ne t’inquiétais plus de combler le vide jadis naguère blah blah blah.
Bref. Le 16 juin, une journée comme les autres. Une journée comme le 15 juin.
Plaquant ton dos contre les pierres froides d’édifice au pied duquel tu t’es assis, tu passes une main à la commissure de tes lèvres en retenant de justesse la grimace de douleur qui menace de trahir ta belle indifférence. Que le sang sur tes doigts te serve de témoin : même si le saignement a cessé, le sang n’a toujours pas séché. Maugréant contre toi-même, tu serres le poing en tentant vainement de calmer la tension qui bloque tes épaules, ton corps, ton âme. Tout va bien.
19h00 La pancarte qui grésillait jusqu’à présent sur la façade devant toi s’éteint brusquement suivi de peu par les feux de circulation de l’intersection non loin. Dubitatif, tu te redresses en te relevant tranquillement. Prenant appuis sur la texture revêche des briques de béton, tu penches légèrement la tête sur le côté. Une grimace d’incompréhension, presque exagérée, déforme les traits de ton visage. Une panne de courant, à cette heure-ci de la journée ?
Instinctivement, ta main libre tâte les poches de ton pantalon jusqu’à sentir une forme sphérique sous tes doigts. Si nuit éternelle il doit y avoir (Tu abuses un peu quand même), alors tu ne vois qu’une solution. Faisant rouler la pokéball entre tes doigts, tu hésites quelques secondes puis fini par appeler Hawkeye -ton braségali- à toi. Sur place, celui-ci te fixe avec autant de surprise que d’incompréhension : tu fais rarement appel à lui. Depuis quatre mois, c’est rare que tu appelles qui que ce soit. Dans le confort de ton appartement, l’ambiance s’est dégradée jusqu’à ce que tu cesses complètement de laisser Agape, Opéra, Paradox, Agony, Hawkeye et Ifrit s’y promener à leur guise. Personne n’a vraiment compris… Et toi, tu n’as jamais vraiment pris le temps de leur expliquer que tu ne comprends plus le sens de ta misérable existence. Ça ne les concerne pas. Ça ne concerne personne.
- Hey… Tu as vu ? Demandes-tu simplement en désignant d’un mouvement de menton l’obscurité de la rue.
Loin d’être impressionné, le Braségali balaie les alentours du regard avant de reposer ses pupilles désappointées sur ta personne. Tu crois presque y discerner ses pensées : Wow ! Les lumières se sont éteintes, on va tous mourir !.
- Ok, j’ai compris. Laisse tomber. T'es préposé à l'allumage ce soir, j'espère que tu es prêt.
Murmures-tu. Heureusement, tu ne sembles pas être le seul troublé par la perte soudaine d’électricité dans la ville. Non loin de vous, une jeune fille. Oui enfin, les jeunes filles ce n’est pas ce qui manque à Voltapolis vous me direz… Mais celle-ci, visiblement trop distraite par la situation -Enfin, tu imagines, mais peut-être pense-t-elle à son repas du soir. Malheureusement pour elle, elle va probablement devoir se contenter d’une salade vu la situation-, ne regarde pas où elle met les pieds. Quelques mètres devant elle, une bouche d’égout visiblement ouverte pour des réparations … Mais que personne n’a pris le temps d’indiquer : pas de banderole jaune l’entourant, pas de pancarte « ATTENTION », pas de cône orange : rien.
Et c’est tout naturellement que la blondinette, sous ton regard effaré, ne remarque absolument pas dans quelle galère elle s’apprête à tomber. Et lorsque ça arrive, trop rapidement pour être prévenu, c’est à Hawkeye que tu dois faire signe d’intervenir si vous ne souhaitez pas la récupérer au fond du réseau d’égouts de la ville. À cette idée, un haut le cœur et une grimace préventive pour l’odeur que vous parvenez à éviter lorsque le Braségali récupère la demoiselle dans ses bras puis la ramène… Loin de tout danger. Soupirant, tu la dévisages quelques secondes en silence. Et les bonnes vieilles habitudes, Iza ?
- Je… Tu veux pas faire attention un peu ?
Ah, elle est loin l’époque où tu n’étais que douceur et empathie. Où tu pardonnais tout et où tu ne formulais jamais le moindre reproche… Arceus sait pourtant qu’elle te manque comme nulle autre pareil…
Il commence à se faire tard et la jeune fille doit rejoindre la chambre d’hôtel qu’elle a prise pour la nuit. Mais qu’est-ce que viens faire Sera exactement à Voltapolis ? Et bien, elle a tout simplement rejoint l’amie de sa mère qui souhaitait jeter un petit coup d’oeil à l’oeuf qu’elle lui a confié il y a quelques temps. Même si ça n’a pas tellement enchanté la jeune fille de faire autant de chemin, il faut dire que Kishika ce n’est pas la porte à côté, elle ne se voyait pas refuser. Et puis, ça l’aiderait sûrement pour s’occuper de son oeuf correctement d’avoir l’avis d’une personne, une experte visiblement dans ce domaine. Elle est donc partie au petit matin, arrivé dans la ville vers midi et n’a pas prit le temps de déjeuner, elle l’a directement rejoint. Sauf que ça duré une éternité aux yeux de la petite blonde !
Eh oui, c’est que l’amie de sa mère est drôlement bavarde. Le moindre petit truc est sujet à divers bavardages, commentaires et autres. Même si Sera apprécié de faire la conversation, elle a réellement eut cette impression que ça ne se terminerait jamais. Mais bon, elle est trop gentille pour dire ou faire quoi que ce soit, elle n’aurait pas voulu la vexer en plus de ça, alors elle est resté assise sur le sofa à attendre et à écouter les commentaires de cette dame qu’elle ne connaît que si peu. Bon la bonne nouvelle, c’est que visiblement elle s’occupe assez bien de son oeuf et que celui-ci grandit à bonne vitesse. Une chance pour la jeune fille qui ne cesse de se remémorer le premier jour où elle a eut l’oeuf entre les doigts et le fait qu’elle a manqué de le faire tomber une trentaine de minutes après… Ouais, Sera peut-être très maladroite par moment. Pendant cet échange interminable, elle en a profité pour poser quelques questions, histoire de savoir à quoi s’attendre avec le pokémon qui sortira de la coquille.
La seule réponse qu’elle a eut ? “Oh, je ne sais pas, ce sera une surprise !” Elle en a des bonnes celle-ci ! Une surprise ! Sera ça ne l’arrange pas du tout d’avoir des surprises. Même si habituellement elle est heureuse pour un oui ou pour un non, là, ça ne lui dit trop rien. Mais comme toujours, la petite blonde a juste hoché la tête timidement sans faire de commentaire. Bien évidemment, dans sa tête, elle retourne la chose un bon millier de fois sur la possible espèce que cela sera. Elle croise juste les doigts pour que ce ne soit pas un Mimigale, n’étant pas très à l’aise avec celui-ci depuis cette mauvaise rencontre quand elle était gamine.
Enfin bref. Lorsqu’elle ressortit de son appartement, elle a regardé rapidement sa montre et a remarqué qu’il était déjà plus de dix-neuf heures ! Non pas que la ville ne lui plait pas, mais la jeune fille n’est franchement fan de se balader dans les rues si tard. Au moins, une chose pour la rassurer : il y a pleins de lumières partout et elle pourra facilement retrouver son chemin. Ah oui, un petit détail, qui a tout de même son importance : elle n’a aucun sens de l’orientation et risque bien de se perdre dans les rues de cette grande ville.
Pensive, elle avance sans vraiment regardé autour d’elle, l’oeuf toujours entre les mains. Et bien entendu, toutes ses pensées sont tournées vers l’oeuf. Elle est rassuré par les mots de cette dame, mais elle se dit qu’elle pourrait probablement faire plus pour qu’il se sente mieux. Mais quoi ? Elle a déjà tout installé ce qu’il fallait et elle ne le lâche jamais du regard ! La preuve, depuis qu’elle l’a, elle ne le lâche pas. A croire qu’il va s’envoler. Mais ce n’est qu’un oeuf, il n’a pas d’aile. Sky marchant à ses côtés, surveillent les alentours, mais alors que la blonde est dans ses pensées, soudain, toutes les lumières coupent d’un coup et la ville est totalement plongé dans le noir.
Sur le coup, la gamine elle est un peu surprise et regarde autour d’elle, peu rassuré. Elle se dit qu’il serait intelligent d'accélérer le pas pour retrouver le chemin de l’hôtel et c’est ce qu’elle fait, tout en intimant à son loup de la suivre. Mais bon, était-ce réellement une bonne idée ? Non pas du tout. Ses pas la mène dans une large rue, et elle est persuadé que l’hôtel est par là. Mais à ne pas regarder où elle met ses pieds qui avancent dans la pénombre, elle sent d’abord cette sensation que ses pieds s’échappent sous elle.
Plusieurs sentiments passent dans sa tête : l’incompréhension, la peur, la panique et un sentiment de perdue. Sauf qu’au lieu de se dérober sous elle ne sait trop quoi, un pokémon la retient et l’attrape entre ses pattes pour bondir et la déposer plus loin face à un inconnu. Son corps est entièrement paralysé et elle cherche une explication à ce qu’il vient de se produire.
Elle l’écoute, cligne des yeux et tente de remettre de l’ordre dans sa tête. Mais elle n’a pas le temps de dire ou faire quoi que ce soit. Son pokémon plus rapide arrive aux côtés de la jeune fille et se place entre elle et le jeune homme, ainsi que le pokémon feu. Le poil hérissé sur son dos, les crocs dévoilés, il aboie agressif, protecteur et menaçant à la fois. Sera est alors tirés de ses pensées, secouant la tête, elle s’accroupit à côté de son lougaroc et tente de le calmer pour ne pas envenimer la situation.
“ du calme Sky ! tout va bien ! il ne m’a rien fait je t’assure du calme ! ”
Lui dit-elle en caressant le haut de son crâne, entre ses oreilles. Le loup de roche grogne toujours, menaçant l’inconnu, le fusillant du regard avant de finalement se reculer un peu, mais surveillant chaque mouvements des deux inconnus. Sera soupire longuement et replace une mèche de ses cheveux tout en tenant bien l’oeuf contre elle et regarde timidement l’homme qui lui fait face. Un nouveau sentiment vient se mêler à tout ça : l’insécurité. Se retrouver dans les ténèbres face à quelqu’un qu’elle ne connaît pas, qui fait une ou deux têtes de plus qu’elle, ce n’est pas pour la mettre en confiance.
Mais il ne peut pas être méchant après tout, son pokémon vient de la rattraper d’une chute qu’elle n’a pas eu le temps de voir arriver. Elle se recule d’un pas, comme pour mettre une plus grande distance et le regarde de nouveau, méfiante.
“ merci, je suppose ? et désolé pour Lougaroc. Il a tendance à être trop protecteur. Et j’aurais bien voulu faire attention, mais dans le noir… c’est plus compliqué… ”
Dit la jeune femme comme ci c’était une évidence. Bien évidemment qu’elle aurait fait attention si les lumières ne s'était pas subitement toutes éteintes. Et maintenant qu’elle y pense, pourquoi tout est éteint comme ça ? Il faut dire que ça ne l’arrange pas du tout ! Elle le regarde de nouveau et murmure, pinçant sa lèvre timidement.
“ est-ce que vous… mh.. .vous êtes du coin ? je dois me rendre quelque part, mais sans lumière je n’arrive pas à retrouver mon chemin… ”
Alors que se déroulait le premier jour de notre nouvelle vie...
Izaiah
Sera
Et jamais encore il n’avait vu. Jamais encore tu n’avais vu la méfiance dans les yeux d’autrui. Jamais encore on ne t’avait regardé comme ça. Surpris, tu entrouvres légèrement les lèvres afin de protester contre sa méfiance, contre l’océan trouble dans lequel ses noient ses pupilles, mais aucun mot ne sort. Parce que tu es devenu l’un de ces types là.
Prenant une grande inspiration, tu détournes légèrement ton regard d’elle afin de cacher ton visage et les blessures qui s’inscrivent sur sa peau diaphane. Discrètement, tu essaies d’essuyer le sang séché de ta lèvre, mais rien n’y fait. Au final, tu l’as probablement plus étendu qu’effacé… Et pour ça aussi, tu t’en veux un peu.
Lorsque son Lougaroc s’était interposé entre elle et toi, Hawkeye s’était contenté de se dresser face à lui, le dominant sans mal de son mètre quatre-vingt-dix sans pour autant se faire agressif ou hostile… À aucun moment tu ne l’avais sommé de se calmer, pas plus que tu ne l’avais rappelé à l’ordre. Dans la contemplation pure, tu t’étais contenté d’un regard sur la situation et sur l’ordre qui s’était brisé entre vous.
Heureusement, elle avait été plus proactive que toi.
La voyant calmer Sky, tu t’étais empressé de rappeler Hawkeye près de toi. Et c’est là que tu avais vu ses yeux. Et que cet horrible sentiment de honte t’avais pris aux tripes. Et maintenant ? Tu estimais que si tu évitais son regard, que si tu te tenais à distance et que tu ne te faisais pas trop… existant -envahissant, tout irait bien. N’est-ce pas ? C’était la seule pseudo certitude que tu possédais face à une situation à laquelle tu n’avais encore jamais été confronté. Face à une honte qui ne t’avait encore jamais assailli…
- Pas de souci… Ce sont des choses qui arrivent je présume.
Murmures-tu finalement lorsqu’elle te remercie finalement, non sans une pointe d’hésitation qui ne manque pas de te faire friser les oreilles. Tu ne sais pas comment gérer ce genre de chose. Depuis de nombreuses années on te disait solaire et avenant, mais encore fallait-il croire qu’il existait une date de péremption à ta douceur caractéristique. Tes qualités n’existaient que pour un temps, disparaissaient à la nuit tombée pour ne jamais pointer de nouveau le bout de leur nez. Parce que, ta nuit à toi, elle était tombée depuis beaucoup trop longtemps. Parce que, ta nuit à toi, elle s’éternisait jusqu’à t’étouffer dans sa noirceur, dans son absence de douceur et de raison.
Prenant une grande inspiration, tu roules tes épaules deux trois fois en écoutant d’une oreille distraite la question de la blondinette. Amusé, tu te permets un sourire destiné à se perdre dans l’obscurité qui commence à pointer le bout de son nez. L’admirant du coin de l’œil, tu cherches une solution destinée à faire disparaitre l’insupportable ambiance qui règne au-dessus de vos têtes. C’était beaucoup plus facile avant -avant les gens ne te craignaient pas. Comment avais-tu pu tomber si bas ?
- Je suis du coin oui, tu veux que t’y accompagne ? Avec la panne de courant, ce sera peut-être plus… prudent.
Parce que t’as changé, parce que t’es désormais capable de … de beaucoup plus qu’autrefois. Et parce que ça te rend un peu malade de te dire que ce serait sympa, tiens, que ça se passe mal. Pas pour elle. Juste pour toi. Parce que t’es devenu un peu con en quatre mois. Un peu violent aussi, mais qui irait le dire ?
- Je… Écoute, je ne te ferai aucun mal ok ? Tu peux te détendre, je n’ai pas encore ajouté "agresser de jeunes inconnues dans la rue" dans la liste de mes passions. Si tu veux, je rappelle Hawkeye dans sa pokéball et je laisse ton Lougaroc me fliquer en guise d’assurance… Je peux t’assurer que j’ai pas spécialement envie de finir en pâté pour chiens.
Rigoles-tu doucement. Putain, t’en es vraiment à préciser ce genre de chose ?
Il est assez rare que la petite blonde se montre si peu confiante avec quelqu’un, mais il faut le dire, la situation ‘aide pas du tout à ce qu’elle se sente à l’aise face à une personne qu’elle ne connaît pas. Déjà, ils sont totalement plongés dans le noir et ce n’est pas quelque chose qui plait beaucoup à la gamine, puis le gars qui lui fait face est clairement beaucoup, beaucoup plus grand qu’elle ! Son air assez sombre ne la mets pas en bonne condition. Mais pour ne pas paraître impoli face à celui-ci, après tout, il vient de lui sauver la mise ! Et probablement une bonne grosse honte aussi… De ce qu’elle pense, elle suppose que c’était une plaque d'égout décaler légèrement ? Bref. Ses yeux passent du pokémon feu qui ne bouge pas d’un centimètre, au jeune homme. Se retenant très clairement de pas s’enfuir, ou de trépigner sur place pour prouver son mal aise.
Sera essaye de se détendre, osant même demander à celui-ci s’il connaît bien le coin et qu’il pourrait peut-être l’aider à retrouver son chemin. La jeune femme est partagé entre deux sentiments sur le moment : veut-elle réellement aller avec lui ? Ou veut-elle se retrouver toute seule ? Elle ne sait pas. Oui, elle n’est pas très à l’aise avec cet inconnu, mais elle est aussi peu attiré par cette idée de marcher dans le noir seule. Mais si dans le fond, Sera sait qu’elle n’a rien à craindre, elle a son pokémon qui est là, prêt à mordre le premier qui osera l’emmerder. La preuve ! Il n’a eut une seconde d’hésitation pour bondir entre cet homme, le pokémon et sa dresseuse grondant menaçant.
Il demande finalement si elle souhaite se faire raccompagner. Elle hésitante, elle est entrain de réfléchir, puis, elle finit par hocher de nouveau la tête, essayant de se détendre un peu, pinçant machinalement sa lèvre inférieure, jouant nerveusement de ses mains sur l’oeuf qu’elle tient, toujours, se rappelant soudainement qu’elle doit faire attention à celui-ci et c’est ce qui aide Sera dans sa décision : elle ne peut pas prendre le risque d’avancer seule comme ça, avec pas avec un oeuf pokémon si fragile sous sa surveillance.
“ si ça ne vous dérange pas, je ne dirais pas non… je ne suis pas très à l’aise dans cette obscurité et toute seule… ”
La voix de Sera est timide, elle tente cependant un petit sourire. Dans l’espoir de détendre l’atmosphère et surtout pour se rassurer elle-même ! La jeune fille prend de nouveau plusieurs secondes pour le regarder en détail, puis de regarder le pokémon feu qui reste imperturbable. Contrairement à Sky qui reste méfiant, les crocs dévoiler, le regard qui fusille, le poil tout hérissé.
Suite à ça, le jeune homme rajoute une phrase. Qui, en tant normal, aurait probablement tendu une personne normale, mais pas Sera. Elle a même sourit amusé, replaçant une mèche de cheveux, encore ! Un tic qu’elle a depuis des années. Hochant légèrement la tête, de nouveau, une fois encore, elle tente de se faire un peu moins dans le renfermement, essayant de se montrer plus à l’aise, il vient de lui dire pour la rassurer qu’elle n’est pas entre des mauvaises mains. Même si l’allure du garçon pourrait faire croire le contraire.
“ non non, j’ai pas peur, c’est… j’avoue que la situation ne me rend pas tranquille, mais aucun souci pour votre pokémon, il n’est pas dérangeant et mon Lougaroc ne fera rien, il est seulement très protecteur… mais vous ne risquez rien… ”
Mensonge et demi vérité. Mensonge, vu qu’elle a peur, enfin elle a ce sentiment. Et demi vérité, il ne risque rien avec Sky, ce n’est pas totalement vrai. Tant qu’il reste tranquille, il n’y aura aucun souci, mais s’il fait un geste quelconque, les crocs de son pokémon n’hésiterons pas à lui rappeler à l’ordre.
Se raclant un peu la gorge, tentant de se montrer avec plus d’assurance.
“ du coup, est-ce que vous connaissez, l’adresse de cet hôtel ? ”
Elle lui donne l’adresse de l’endroit en question. Le regardant avec un certain espoir, n’ayant pas envie du tout de s’éterniser dans la rue sombre. Même si la jeune fille se pose plusieurs questions à ce sujet : pourquoi y a t-il une soudaine coupure de courant ? Que se passe t-il ? Trop de question.
“ au fait, je suis désolé de paraître… si craintive, ce n’est vraiment pas votre faute, c’est… juste l’ambiance… ”
Tient-elle à rajouter une fois encore, afin de s’assurer qu’il ne se vexe pas de son comportement renfermer. Sourire très léger sur le visage, elle vient glisser une main sur la tête de son loup qui se calme, mais ne lâche pas du regard le jeune homme.
Alors que se déroulait le premier jour de notre nouvelle vie...
Izaiah
Sera
Et jamais encore il ne s’était senti aussi mal d’être lui-même… Tu te demandais comment tu faisais « avant » : comment les conversations naissaient, comment le dialogue coulait et comment les sourires se permettaient. Plus tu y pensais, moins tu comprenais la cassure et le manque de fluidité de tes propres mots… Tu ne voyais pas comment on pouvait changer autant en si peu de temps, comment il était possible de devenir aussi aisément une pire version de soi-même. Des gens se battaient au quotidien pour devenir meilleurs et toi… À cette idée, tu t’empresses de secouer vivement la tête en passant une main sur tes paupières afin de chasser ces pensées obscures. Ça n’avait aucune importance. Tu te prenais la tête sur des futilités, tu accordais trop d’importance au regard d’une parfaite inconnue, au reflet de ta propre âme dans ses iris -ça non plus, ça ne te ressemblait pas.
Ce que tu redoutais réellement, ce n’était pas d’être rejeté par une demoiselle dont tu ne connaissais même pas le nom… Mais de perdre l’affection de ceux et celles qui comptaient. C’était qu’ils se butent au changement, qu’ils méprisent ce qu’ils ignoraient. Depuis quatre mois, tu faisais profil bas. Depuis quatre mois, tu te contentais de leur communiquer quelques nouvelles par SMS et tu ficelais ton mensonge. Encore et encore, sans jamais avoir le courage de raconter la vérité. Tu disais que tu étais trop occupé pour les voir, que l’hôpital prenait tout ton temps, que tu avais demandé plus d’heures de bénévolat parce qu’ils avaient besoin de toi et tout le monde y croyait. Tout le monde acceptait l’excuse, savait combien tu t’investissais auprès du centre hospitalier : personne ne se doutait.
Les ecchymoses et les blessures nées de ton addiction se cachait sous de faux prétextes ridicules : les escaliers, une bouche d’égout ouverte, une altercation avec un patient, tu ne manquais jamais d’un bon prétexte pour justifier les yeux au beurre noir et les plaies. Et même si rien n’était crédible, les principaux intéressés comme Eleanore s’en contentaient toujours. Parce que ça ne les regardait pas.
À côté de tout ça, que représentait vraiment l’opinion d’une étrangère ?
Et pourtant, la jeune femme finit par se détendre un peu. Pas de quoi crier victoire trop tôt, mais c’est une petite réussite à laquelle tu ne restes pas indifférent. Sur son visage, un léger sourire amusé alors qu’elle replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille et, dans ton cœur, une enclume en moins pour te tirer vers le bas. Tu te sens mieux, un peu rassuré de savoir encore un peu parler aux gens. Si tu fais quelques efforts en plus, si tu retravailles un peu tes formulations et le contenu de tes échanges… Tu devrais pouvoir franchir le seuil de méfiance de Hazel, Kiana et Isaac. T’as intérêt à réussir, Iza.
- Peur du noir peut-être ? Je ne dis pas ça pour me moquer hein… Mais j’imagine que se retrouver dans le noir dans une ville que l’on ne connait pas ne doit pas être très reposant.
Puis, regardant son lougaroc, tu prends une grande inspiration. De toute manière, tu n’as aucune arrière-pensée ni idée derrière la tête. Tu veux seulement aider parce que… Parce que, de toujours, c’est la seule chose que tu sais faire : aider. Et si l’on t’a privé de ton salut, de ta raison d’exister, ce n’est pas pour autant une raison pour arrêter. Tu es Izaiah Lux Silvērsteiń : ce n’est pas parce que ta vie a perdu le nord que tu dois te détourner du droit chemin -tu sais juste pas pourquoi tu as survécu, si ce n’est pas pour aider les gens. C’est juste compliqué, de ne pas savoir pourquoi l’on respire.
Regardant l’adresse qu’elle te file, tu esquisses un sourire sincère avant d’acquiescer.
- C’est ton jour de chance : il n’est pas très loin de chez moi ! Je le connais bien, je passe devant chaque matin.
Passais devant. Mais la précision te déchirerait trop les cordes vocales pour que tu t’y risques. À la place, tu te contentes de prendre une grande inspiration tout en évitant autant que possible de tourner ton visage vers la jeune femme. Est-ce que c’était possible de mettre tes pensées sur off ? Parce qu’elles commençaient vraiment à devenir lourdes là. Et ça te saoulait : t’étais pas le genre de mec à avoir des pensées lourdes. Normalement, le trois quart de ton vide crânien était destiné aux réflexions sur des inutilités telles que : Si je renverse de la nourriture ou un breuvage au restaurant, les serveurs aiment-ils ou non que je les aide à nettoyer ? Ce n’était pas un endroit dédié aux réflexions sombres et sérieuses comme en nourrissaient parfois les personnages obscurs (cc sasuke) des shonens. C’était un temple de la connerie, point.
- Pas la peine de demander pardon pour ça… C’est pas comme si tu t’étais mise à crier à l’aide et à me menacer avec ton poivre de Cayenne.
Mauvais souvenir ? Pas du tout, mais tu ne tenais pas à créer un antécédent quelconque. Ah ça non. Ce n’était pas vraiment l’image que tu te faisais d’une bonne anecdote à raconter : Un jour, j’ai sauvé de justesse une fille qui s’apprêtait à tomber dans les égouts, après ça elle s’est mise à hurler et elle m’a balancé du poivre de Cayenne dans les yeux ha ha ^^ #balancetonporc. Bref.
- C’est un œuf de quoi ?
Demandes-tu simplement. Les œufs, ça t’intéressait un peu depuis la naissance d’Opéra. Tu n’y connaissais pas grand-chose, mais… Enfin, voilà quoi. Mieux vaut trouver un sujet de discussion que de marcher pendant quinze ou vingt minutes dans le silence avec genre un rappel constant que tu fais peur.
La jeune fille relâche son regard pour quelques secondes du moins, le garçon du regard, essayant de remettre un peu d’ordre dans son esprit. Entre la peur, le stress, l’inquiétude : que ce soit pour elle-même ou que ce soit pour ses pokémons, même son oeuf ! Elle a juste une seule hâte, pouvoir rentrer dans sa chambre d’hôtel et mettre tout le monde à l’abri dès que possible. Même si une chose vient de lui traverser l’esprit comme un éclair de lumière : s’il n’y a plus du tout de lumière dans toute la ville, il n’y en aura probablement pas non plus dans sa chambre d’hôtel ? Ouais, probablement et ce n’est clairement pas une chose qui rassure la petite blonde.
Soudain le jeune homme lui pose une question à ce sujet, sujet qui lui fait se poser plusieurs questions. A t-il peur du noir ou est-ce une seule impression du fait de l’ambiance assez pesante qui est actuel. Peut-être un peu des deux. Dans le fond, la petite gamine n’a jamais été très à l’aise avec le noir, mais pas au point de dire qu’elle en a réellement peur. Une simple appréhension, comme tous les enfants en ont peur un jour ou l’autre, avec le mythe du monstre sous le lit. Toutes ses petites choses qui vous marquent pour certains et pour d’autres pas du tout. Bref ! Elle lance un nouveau regard vers celui-ci, redressant légèrement le visage dans sa direction, réfléchissant à la question qu’il lui pose, juste quelques secondes; avant de reprendre d’une voix plus posé.
« Oui, je pense que c’est le fait de ne pas être dans un endroit que je connais qui me provoque ce ressenti de peur, mais non, d’habitude je n’ai pas plus peur que ça...»
Dit-elle tout simplement, un peu comme pour se rassurer elle-même qu’elle n’a pas plus peur que ça dans le fond. Puis, les deux finissent par se concentrer sur le sujet principal, soit le fait qu’il est accepté de la raccompagner jusqu'à l’hôtel où elle séjourne avant de repartir demain en direction du village de Kishika. Même si l’idée de rejoindre sa chambre lui fait beaucoup moins envie maintenant…
Cependant, le fait qu’il précise qu’il connaît bien ce chemin rassure un peu Sera, qi se dit qu’au moins, elle ne se perdra pas ! Et elle ne sera pas toute seule dans une situation étrange et ne risque pas de se retrouver à passer de nouveau au travers du sol ou d’une plaque d'égout quelconque.
« bon, tant mieux pour moi je suppose ? Comme ça, on se perdra pas à deux et je ne passerais pas de nouveau sous une plaque d’égoût… »
Petite rire pour détendre l’atmosphère. Même si de son côté, elle se sent moins sur ses gardes, elle comprend bien que ce n’est pas encore totalement ça, alors une petite blague pour détendre, ça ne fait jamais de mal ! Sauf si on s’appelle Sky, lougaroc de Sera. Lui, il reste sur ses appuis, ses yeux bleus ne lâchent pas d’une miette les mouvements du dresseur. Elle secoue un peu la tête sous son comportement et tente de le calmer, caressant le haut de son crâne, avant d’hausser un sourcil en écoutant le jeune homme.
Visiblement, lui aussi il essaye de blaguer un peu. Mais, c’est… Un humour des plus étranges ? Enfin, non pas qu’elle trouve ça bizarre, elle ne compte pas faire de remarque ou quoi, elle reste juste souriante.
« C’est sur que ce serait un peu étrange de t’attaquer avec du poivre de Cayenne… Mais ça fait une bonne anecdote à raconter ! »
Au bout de quelques minutes, les deux commencent à prendre la marche vers l’hôtel. Elle restant sur le côté, sourire très léger sur le visage, restant néanmoins distante. Elle veut bien se montrer douce et détendue à ses côtés, elle ne peut tout de même pas se défaire aussi vite de son anxiété.
Lorsqu’il lui demande ce qu’est l’oeuf. Elle regarde l’oeuf qu’elle tient entre ses bras, le serrant fermement tout contre son torse, passant ses doigts sur la coquille d’un air attendri sur le visage, étant très protectrice avec celui-ci. Depuis la dernière fois qu’elle a manqué de le faire tomber encore plus ! Sourire, elle hausse une épaule.
« Pour tout dire, je ne sais pas… On m’a confié l’oeuf sans rien me dire à son sujet, je l’ai depuis plusieurs jours et j’ai hâte de voir ce qu’il va en sortir ! »
De nouveau grand sourire sur le visage. Elle se pose toujours des milliers de question au sujet de l’oeuf en question. Elle l’a regardé sous toutes les coutures, essayant de trouver un petit détail qui pourrait lui laisser un indice sur l’espèce de pokémon qui va en sortir ! Mais rien. Elle n’a rien trouvé à son sujet ! Pas même une tâche, une rayure, rien. Du coup, elle se sent très excitée à l’idée que l’oeuf éclose.
Finalement, la petite demoiselle, le regarde du coin de l’oeil continuant de marcher, osant enfin poser la question qui brûle les lèvres.
« je peux te demander à quel est ton prénom… ? Et est-ce qu’on peut se tutoyer ? »
Alors que se déroulait le premier jour de notre nouvelle vie...
Izaiah
Sera
Et jamais encore [insérez une fin dramatique à cette phrase]… Tu essaies de te détendre, de calmer les tensions qui te bloquent les épaules, qui te transforment. En parallèle, c’est aussi ton esprit que tu tentes d’apaiser. Parce que tu sais que tu manques de naturel, parce que tu t’es un peu repris, mais pas totalement, parce que ton comportement, même dans le mimétisme, n’est visiblement pas assez rassurant pour gagner les points dont tu as cruellement besoin.
C’est épuisant d’être quelqu’un d’autre. À cette idée, un haut le cœur te prend et tes tripes se tordent douloureusement. Quelqu’un d’autre. Parce qu’est finalement arrivé un stade où tu admets n’être plus qu’une vulgaire copie d’autre chose : l’attitude que tu adoptes est celle d’un reflet du passé, celle d’un rôle dont tu revêts peut-être l’apparence, mais certainement pas le cœur. Rien ne va… Et c’est désagréable, même pour toi, de reconnaître que l’on se ment à soi-même, que l’on se cache derrière les vestiges du passé pour construire son identité et sa dignité. Tu n’avances plus, Iza, tu recules.
Allez en prison. Rendez-vous directement à la prison. Ne franchissez pas la case « départ ». Ne touchez pas 200p$
- Il y a des fi… des gens qui se défendent pour un oui et pour un non, on ne sait jamais. En revanche, évitons si tu veux bien... Ok ?
Répliques-tu simplement sans perdre de ton sourire. Tu savais qu’être une femme, à une époque comme la vôtre, était quelque chose d’assez angoissant… Enfin, c’était ce que l’on t’avait déjà dit donc tu imaginais que devait être vrai. C’était comme vivre avec une ombre permanente au-dessus de sa tête et la crainte dans les os. Tu ne t’étonnais pas de savoir que certaines filles gardaient toujours quelque chose pour se défendre sous le coude. Ça ne te choquait même pas. Parce que la vie était ainsi faite, parce que le monde n’était pas l’endroit sécuritaire dont tu avais estimé l’existence pendant vingt-deux ans : il était autre chose. Va savoir quoi maintenant.
Lorsqu’elle t’explique ne pas savoir ce que contient l’œuf qu’elle tient contre toi, tu ne peux t’empêcher de ricaner légèrement. Un léger soubresaut traverse tes épaules puis tu reprends vite contenance. Curieux, tu penches un peu la tête sur le côté en le détaillant du coin de l’œil. Ça avait été pareil avec Opéra. (Au final, c’était mieux ainsi : si, à cette époque, tu en avais connu le contenu tu l’aurais sans doute réellement noyé à l’aquaoeuf avec Taiyo) Parfois on se faisait confier des êtres vivants dont on ne savait strictement rien et il fallait composer avec. C’était un drôle de monde quand même que ce monde ci : du jour au lendemain on vous foutait un œuf -un truc qui s’arrête à NAÎTRE- dans les bras et on s’en lavait les mains en vous indiquant de bien en prendre soin parce que « c’est un être vivant quand même ». Ce n’était pas normal. Quel parent faisait vraiment ça ?
- J’ai hâte pour toi que tu saches ! C’est toujours un peu excitant.
Ou effrayant. Ça dépendait toujours de son contenu réel.
Tu savais que ta réaction, à la naissance de ton Mostisma, avait été exécrable. La peur avait tout gagné, jusqu’à ta logique. Un autre spectre sous ton toit. À ce jour et pour toujours, c’était le quatrième à rejoindre tes rangs et, putain, tu n’avais pas besoin ni envie de ça. Tu les avais détestés si longtemps et avec tant de hargne que l’idée d’en avoir un de plus à prendre sous ton aile t’avait rendu malade pendant plusieurs jours d’affilé. Cet œuf que tu avais tant couvé avait doucement prit les allures d’un terrible cauchemar et… et au final il avait fallu que tu réalises par toi-même l’amour que tu avais pour eux -pour tes spectres- en dépit de la crainte pour réussir à l’accepter. Parce que tu étais un dresseur abominable, parce que tu ne méritais définitivement pas d’avoir autant de pokémons sous ta tutelle, parce que ce n’était pas une bonne idée d’avoir pris la décision d’ouvrir ta porte à d’autres espèces qu’Agony.
Tu aurais dû y penser par deux fois, te faire pousser un cerveau un peu plus convainquant.
- Euh… Oui pas de soucis.
L’avais-tu seulement vouvoyé une seule fois ? Tu ne te souvenais plus. C’était rare que tu accordes de ton attention à ce genre de truc. Tu parlais souvent sans réfléchir et sans même imaginer que tes codes sociaux puissent ne pas être les mêmes dans d’autres existences que la tienne. Tu étais un peu plus individualiste qu’avant, un peu moins en phase avec le reste du monde.
- Izaiah, mais tu peux m’appeler Iza. Et toi ?
Moment de silence. Et si tu ne voulais pas que le reste de votre petite balade improvisée s’en contente.
- Sinon, qu’est-ce que tu viens faire de bon à Voltapolis ? Puisque tu dors dans un hôtel et que t’es complètement paumée, j’en déduis que tu ne dois pas être d’ici…
Ils commencent doucement à marcher dans l’obscurité la plus complète qu’ils commencent à marcher, l’un à côté de l’autre, l’ambiance plus pesante que jamais, ça on peut le dire. Même avec Vincent, même avec cet agent avec qui la jeune femme a eut un peu de mal au début, jusqu’au moment où il l’a entraîné du moins, elle s’était presque sentie plus à l’aise. Là, Sera, de par cette ambiance lugubre, sentait qu’une chose était bizarre. Est-ce uniquement les lumières manquantes ? Non probablement que non. Sans doute autre chose, peut-être qu’il est simplement pas à l’aise avec ceux ou celles qu’il rencontre la première fois ? Il y a un tas de personnes comme ça, qui ne sont pas à l’aise. Mais une fois encore, elle n’a pas l’impression que ce soit non plus.
Elle ne sait pas, mais ça lui donne une chose à réfléchir au moins. Et oui, c’est bête à dire sans doute, mais elle aime bien avoir une chose sur laquelle la petite blonde puisse méditer. Même si ce n’est pas toujours passionnant, disons le. Mais bon, Sera est du genre à se perdre facilement, passer d’un sujet à un autre, sans qu’il n’y est aucuns rapports entre ses sujets. C’est Sera quoi ! Très vite, les deux finissent par passer à un autre sujet que les filles qui se défendent comme elles le peuvent. Faut clairement dire que le sujet n’est pas des plus joyeux, déjà que l’ambiance est morne, pas besoin d’en rajouter d’avantages. Ils se sont donc tournés sur le sujet de l’oeuf et du contenu si mystérieux qu’il renferme.
Si Sera sait ce qu’elle ne veut pas avoir, elle ne sait pas en revanche, ce qu’elle aimerait avoir. Elle ne s’est jamais posé la question sur une éventuelle équipe à construire, ce n’est pas le genre de chose qui la perturbe. Minidraco et psystigri n’étaient absolument pas prévu et pourtant, ils sont là ! Dans le fond, la chercheuse espère aussi, un petit peu, ne pas avoir la même espèce qu’elle n’a déjà, même si ce ne serait pas très dérangeant non plus. Sourire sur les lèvres, elle hoche un peu la tête à ses mots, sentant elle même une véritable excitation à découvrir le futur nouveau né.
« je suis vraiment pressé de voir ce qu’il va en sortir, même si je suis un peu stressé, je ne me suis jamais occupé d’un nouveau né, alors j’espère que je ferais les choses bien.. .»
Et oui, la plus grande crainte de Sera vis-à-vis du pokémon à venir, c’est de ne pas savoir s’en occuper. Et si c’était un bébé pokémon de type feu ? Il risque de mettre feu à la maison de sa mère. Si c’est un pokémon eau, elle ne veut pas se retrouver avec un tsunami dans son salon, et tout un tas de chose de ce genre là. Et puis, serait-il heureux avec elle ? Sera t-il bien ? Elle n’en sait rien et ce sont tous ses petits éléments qui la font douter. Douter de sa capacité à s’occuper correctement d’un nouveau né. Elle regarde de nouveau le jeune homme du coin de l’oeil, osant demander avec cette toujours timidité.
« Tu, mh, tu as déjà eu à t’occuper d’un oeuf ? »
Peut-être que si c’est le cas, peut-être qu’il pourrait lui donner quelques conseils sur comment faire ? Les choses à faire ou à ne pas faire par exemple. Tous conseils sont bons à prendre pour une débutante comme la petite blonde !
Finalement, ils finissent par se tutoyer, la preuve, elle vient de le faire sans même s’en rendre compte. Une habitude qu’elle ne peut pas perdre, elle est tellement plus à l’aise. Et des quelques rayons de lumières produit par la lune, elle est persuadé que Izaiah, vu que c’est le prénom qu’il vient de lui dire, n’est pas beaucoup plus âgé qu’elle. Peut-être trois ou quatre ans ? C’est donc normal de se sentir bien plus à l’aise avec le tutoiement pour une personne de sa génération.
« Enchanté Izaiah, je m’appelle Sera, je te présente Sky aussi »
Ajoute la jeune fille en désignant d’un mouvement de menton vers son loup qui reste toujours entre les deux jeunes alors qu’ils marchent doucement dans la rue. Celui-ci tenant absolument que le dresseur tienne sa distance ! Et que s’il ose un mouvement, croc, coup de dent ! C’est Sky quoi. Même si dans le fond il n’est pas méchant, mais ce n’est pas l’image qu’il renvoie là tout de suite.
Regardant de nouveau droit devant elle, elle serre un peu plus l’oeuf entre ses bras, et replace son sac sur son épaule, regardant droit devant elle, ayant même besoin de plisser un peu le regard pour voir où est-ce que ses pieds les mènent.
Il semble un peu plus curieux qu’il y a quelques minutes. Mais c’est probablement pour faire la conversation, on peut bien le dire : si la situation est déjà tendue, avec des blancs, c’est encore bien pire ! Alors, s’il ne l’avait pas fait, la blonde aurait probablement essayé de meubler à sa façon une conversation. Histoire de ne pas se montrer trop gêné de cette situation (qui pourtant est malaisante au possible!)
«Je sui venu voir la dame qui m’a confiée l’oeuf justement, elle voulait voir comment il grandit et l’étudier un peu plus… d’ailleurs, elle ne sait pas non plus de quel espèce il s’agit, alors je ne suis pas beaucoup aidé… .»
Ajoute la jeune fille en exclamant un petit rire assez léger. C’est vrai que l’amie de sa mère n’avait pas l’air très au courant de ce qu’elle a confié à la chercheuse. Ni très fûté ! Même si la petite blonde suppose grandement qu’elle lui a confié pour que justement, elle devine miraculeusement le type/espèce de celui-ci, pour peut-être le récupérer s’il est intéressant ? Elle n’en a pas la moindre idée. Mais il est hors de question qu’elle lui laisse l’oeuf maintenant ! La jeune fille s’en occupe depuis plusieurs jours et fait très attention à celui-ci , elle s’en est vraiment attaché à ce petit oeuf et ce petit être si fragile à venir. Hors de question qu’on lui reprenne !
« Et toi, tu es d’ici ? Tu m’as l’air de bien connaître la ville en plus de ça… Une chance pour moi… »
Elle lui adresse un nouveau petit sourire. Toujours dans le but de détendre l’atmosphère, de pouvoir sentir que tout est normal, mais en rien ça ne l’est malheureusement !
« d’ailleurs, di moi, tu sais ce qu’il se passe ? Enfin je veux dire pourquoi toutes les lumières se sont coupés d’un coup … ? C’est normal ? »
Peut-être que Sera est un peu naïve. Mais la coupure fut si soudaine qu’elle s’est posé la question si ce n’était pas simplement une extinction programmé, pour, elle ne sait pas, peut-être une économie ou quelque chose dans ce genre-là ?
Alors que se déroulait le premier jour de notre nouvelle vie...
Izaiah
Sera
Tu ne t’inquiétais pas outre mesure. Parce que ce n’était pas dans ta nature de t’inquiéter – même depuis que tu savais que le monde n’était pas beau et sécuritaire. Tu ne te questionnais plus sur la raison de cette perte de courant généralisée, te contentant de remarquer – au fil des rues – que le problème semblait s’étendre sur une bonne partie de la ville. Il faut croire qu’il y avait d’autres informations que ton esprit estimait plus urgent à traiter tel que le malaise installé entre toi et la mademoiselle. C’était devenu une obsession ridicule d’ailleurs, sans doute parce que tu n’en avais pas l’habitude – Oublions Hazel, c’était loin derrière – et que tu n’avais jamais ressenti le besoin d’expérimenter. Ça t’ennuyait. Profondément.
Alors que, au fond, tu étais conscient de mériter ce genre de regard, ce genre de jugement.
Au moins, vous étiez parvenu à broder une sorte de conversation dont l’existence suffisait à te donner espoir. Et puis, même si aujourd’hui n’était pas forcément un bon jour, ce n’était pas comme si tu allais croiser les autres aujourd’hui. Tu pouvais te permettre d’être un type flippant une fois de temps en temps – Non. Pour être franc, tu faisais rarement des fixettes à la fois aussi ridicules et tenaces : tu ne te gérais définitivement plus. Tu ne pouvais pas simplement passer l’éponge et oublier ?
- Ouais… Une fois. D’ailleurs, si je peux te conseiller une super activité pour nouer des liens avec lui, tu t’intéresseras à l’aquaoeuf ! C’est comme l’aqua-poussette et, à ce temps-ci de l’année surtout, parce qu’il faut chaud, tu comprends, c’est super pour se rafraîchir tout en te rapprochant de ton œuf.
D’accord. Toi, tu ne gardais pas un bon souvenir de cette activité – Dieu merci, Taiyo t’avait rendu la tâche un peu moins pénible à l’inverse de son Grimalin… Mais peut-être que d’autres personnes plus « ciblées » sauraient apprécier le cauchemar. Enfin, le… L’activité.
Toi, tu n’essayerais plus. De toute manière, ce n’était pas comme si tu comptais reprendre un œuf sous ta responsabilité. Tu avais déjà assez de ta vie à gérer, de tes propres conneries à assumer pour ne pas te faire retomber dans le piège : la paternité ce n’était définitivement pas un truc pour toi. Ce l’était encore au moins aujourd’hui qu’autrefois…
Relevant ton regard vers la lune, tu portes inconsciemment ta main à ton visage afin de tâter ta blessure. Tu es heureux que l’obscurité grandissante soit suffisante pour masquer le plus gros des traces… Ou enfin, peut-être te voiles-tu simplement les yeux. Dans ton désir de croire que la demoiselle ne sait rien, tu parviens peut-être à te convaincre suffisamment pour verser dans le déni. T’en sais trop rien… Et une part de toi se refuse à savoir. L’ignorance, parfois, ça faisait du bien aussi.
Tu aurais bien aimé pouvoir t’en contenter un peu plus longtemps.
Aussi conscient l’un que l’autre qu’il est nécessaire de parler pour ne pas que le silence devienne trop présent, toi et Sera – C’est son nom apparemment – continuez de partager des banalités qui, bien qu’elles soient intéressantes, sont d’une … banalité sans nom. Enfin, c’est un peu le but des banalités tu supposes – Que ce soit banal. Tu as des réflexions stupides aujourd’hui, Iza.
- Ce sera une surprise totale alors... Ce n’est pas plus mal, à condition que le trois-quart du pokédex ne te répugne pas complètement. Est-ce que tu as certaines espèces en horreur ?
Demandes-tu simplement, parce que, toi, tu avais définitivement été malchanceux au tirage donc ce n’était pas à exclure que cela arrive à quelqu’un d’autre. Enfin, tu ne le souhaitais pas hein… Mais ça pouvait arriver.
Tout pouvait arriver. Il n’y a pas de certitude en ce monde, aucune ancre suffisamment solide à laquelle s’accrocher pour espérer y passer toute sa vie... Et quand il était temps de semer la malchance, le destin était particulièrement malin avec ceux et celles qui tiraient le mauvais numéro. Il n’avait pas de pitié. Avec toi, il n’en avait pas eu. Et encore, rejeter la faute sur le destin était bien la preuve que tu n’avais rien compris et rien retenu.
- Oui, j’habite ici depuis… je sais pas, près d’un an je crois, déjà, alors je commence à bien connaître le coin.
Expliques-tu simplement. Il n’y avait pas vraiment de précisions à donner sur le sujet, pas vraiment de mots plus pertinents à ajouter. Tu vivais à Voltapolis, c’était tout à ton honneur, mais ce n’était pas vraiment un exploit. Ce n’était pas comme vivre à Nemerya où le prix des loyers était exorbitant et où il était nécessaire de gagner trois fois le salaire d’un citoyen lambda pour posséder un appartement au cœur de la ville.
Toi, t’étais juste à Voltapolis : Le Nemerya du pauvre. Le Artiesta des gens ennuyants.
- J’aimerais bien pouvoir te répondre, mais je n’en sais ri-…
Le bruit sourd de la détonation qui gronde derrière vous, ton sang qui ne fait qu’un tour dans tes veines. La panique qui s’empare soudainement des entrailles de la ville alors que, un instant plus tôt, c’était l’incompréhension qui grouillait dans les rues. Et toi, toujours, tu ne comprends pas. Te retournant brusquement vers l’origine de l’explosion, tu écarquilles légèrement les yeux alors que, dans tes tempes, les battements saccadés de ton cœur mettent le monde en sourdine. Tu en oublies presque le bruit des sirènes qui se mettent à hurler jusqu’à ce que…
- Avis à la population. Ceci n’est pas un exercice. Je répète ceci n’est pas un exercice. Tous les résidents de Voltapolis sont priés de se rendre à Némérya dans les plus brefs délais. Veuillez évacuer la ville le plus vite possible. La centrale électrique est actuellement sous un assaut terroriste. Nous demandons à tout un chacun d’évacuer la ville dans les plus brefs délais. Pour tous ceux ayant une aptitude et un intérêt pouvant service au service de police, prière de vous reporter au poste de police de votre ville. Toute aide sera la bienvenue. Je répète: Ceci n’est pas un exercice. Évacuez Voltapolis. Merci de votre collaboration.
Les mots tournent en boucle dans ta tête et met un temps fou à être analysés par ton cortex cérébral. Les yeux rivés sur la centrale, tu laisses la stupéfaction se digérer jusqu’à laisser place à l’urgence de la situation. Alors seulement, tu te retournes vers Sera.
- Je vais te guider jusqu’à la sortie de la ville… Mais ne perdons pas de temps, je dois y aller. Serre bien ton œuf contre toi.
Aller où ? Jouer les héros ? Te prouver que tu pouvais encore être utile ? Face à l’absurdité de tes réflexes, un rire étouffé se manifeste quasi dans un coin de tes pensées. Mais bien sûr : avais-tu d’autres excellentes idées comme ça à exprimer ?
Tu n’étais définitivement pas un héros… Inutile d’essayer de te faire gober le contraire : il n’y avait personne pour y croire.
Tout en continuant de marcher aux côtés du jeune homme, son regard se porte vers les lumières de la ville, les lampadaires qui semblent habituellement éclairé les rues pour que cela passe moins pour lugubre, les habitations qui habituellement font rayonner la ville pleine de vie. Mais là tout est sombre et il n’y a pas un chat dans les rues. Comme ci le temps tournait, comme si le temps essayait de faire passer un message. Une certaine tension était présente, mais au-delà de cette sensation entre les deux dresseurs, Sera a réellement l’impression qu’une chose se trame. Comme un noeud dans la gorge, cette semi-sensation de ne plus pouvoir respirer, elle sait que ce n’est pas normal dans le fond. Mais elle essaye de se rassurer au possible, ce n’est probablement qu’une simple petite panne de courant qui sera vite réparé et les lumières vont revenir. Oui voilà, exactement, il n’y a pas à s’alarmer, pour le moment du moins.
Puis en marchant aux côtés de ce jeune homme, la conversation se tourne très vite vers l’oeuf et le contenu de celui-ci, elle demande même des conseils à se dresseur qui semble plus expérimenté de toute évidence. Peut-être peut-il lui donner des conseils sur comment s’en occuper correctement ? Histoire qu’elle ne fasse pas trop de bêtise. Même si dans le fond, Sera sait qu’elle est capable de gérer. Depuis son arrivée dans la ville de Lumiris, ses différentes rencontres, les situations auxquels elle a fait face lui permette de garder la tête sur les épaules et d’avoir confiance en ses propres capacités. Et puis au pire, Iris sera là pour lui donner les bonnes indications pour s’occuper de son oeuf correctement !
Néanmoins, le jeune homme lui parle d’une activité qui lui permettrait de nouer des liens et de se rapprocher de l’oeuf. L’aquaoeuf. C’est une bonne idée comme activité ! Et ça lui permettrait, comme il le dit, de s’en rapprocher. De mieux comprendre certaines choses et peut-être de découvrir des nouvelles choses. Oui, elle le prend bien note dans un coin de sa tête et quand elle sera rentré sur Kishika, elle se renseignera pour en faire.
«oui, c’est une excellente idée d’activité, je me renseignerais ! merci !.»
Dit-elle dans un grand sourire qu’elle lui accorde en tournant un peu la tête vers lui. Ses pas continuent de la guider dans les ténèbres de la nuit, seulement éclairé par la lumière de la lune. C’est à la fois agréable et angoissant. Puis, la dresseuse remarque un instant que son loup stoppe sa marche et tourne la tête plus vers le nord de la ville, les oreilles dressés. Comme ci quelques choses le perturbait. Mais la jeune fille n’y prête pas plus attention que ça ! Elle se dit qu’il a probablement senti l’odeur d’un autre pokémon. Rien de très inquiétant.
C’est pour cette raison qu’elle se concentre de nouveau sur le jeune homme qui lui demande si elle a certain pokémon en horreur. Un frisson la parcourt alors en pensant à Migalos et Mimigale ! Ce serait très franchement la pire chose qui pourrait lui arriver. Mais, ce serait vraiment un manque de chance incroyable qu’elle tombe sur cette espèce. Et puis, même si c’est le cas, elle essaierait de dépasser sa peur. Elle n’aurait pas vraiment le choix de toute façon. Il ajoute rapidement qu’il vit ici depuis environ une année et qu’il connait bien. Il répond à ses questions et la chercheuse attend simplement qu’il finit pour ne pas lui couper la parole. Ce ne serait pas poli.
Une fois que c’est son tour de parler, elle sourit de nouveau légèrement, revenant d’abord sur le sujet des espèces pokémons et sur son souhait qu’elle espère ne pas tomber sur le seul pokémon capable de la faire tourner de l’oeil en un claquement de doigt.
«et bien à part une seule espèce de pokémon, je n’ai pas vraiment de problème, mais j’espère ne pas tomber sur un Mi…. .»
Interruption soudain de ses mots et de ceux du jeune homme qui s’apprête déjà à répondre.
Une détonation, forte, capable de se faire entendre dans tout un périmètre certain. Ses yeux se perdent sur l’horizon d’où vient ce son horrible et inquiétante. Le temps semble se ralentir dans l’esprit de Sera. Voir s’arrêter. Elle voit les personnes qui sont médusés, effrayés, certains court, certains restent planter là. Des mots, des cris, des pleures. Puis une épaisse fumée noir qui semble emplir le ciel de suite à l’explosion entendu juste avant.
Puis une annonce retentit dans les rues de la ville. Faisant revenir le temps à son état normal. Secoué, elle a du mal à reprendre ses esprits, trop absorbé par ce qui l’entoure. Le mouvement de panique. Sera remarque que Lougaroc a toujours le museau pointé dans cette direction même, les oreilles droites, les babines retroussé et le poil hérissé. Plus contre le jeune homme, mais contre une menace bien réelle.
La ville demande de l’aide aux plus vaillants à ceux qui sont prêt à aider les autres et la police pour tirer la centrale des griffes des assaillants. Sera ne compte pas rester à rien faire. Même si elle sait que son niveau en tant que dresseuse est bien plus bas que certains autres, elle sait qu’elle pourra se rendre utile, d’une façon ou d’une autre. Elle n’ira pas se cacher chez elle, ou loin de la ville en attendant de voir que les choses se déroulent toute seule. C’est pour ça qu’elle se tourne vers Izaiah, froncement de sourcil et secoue la tête à ses mots.
« hors de question que je reste sans rien faire après ce que je viens d’entendre. .»
Son ton est presque plus ferme, plus d’assurance. Elle n’est pas cette gentille petite blonde timide et presque apeurée qu’il y a plusieurs minutes face à lui. Elle sait parfaitement ce qu’elle doit faire, du moins, elle croit. S’abaissant en posant l’oeuf à ses pieds, elle ouvre son sac et elle le met à l’intérieur en le calant correctement avant de remettre le sac sur ses épaules. Elle regrette de l’avoir avec elle, ne voulant pas le mettre en danger, mais elle est aussi reconnaissante de porter toujours un grand sac dans des cas comme ça. Merci la formation de photographie et l’habitude de toujours avoir pleins de bordel sur elle !
En se redressant sur ses jambes, elle siffle Sky qui vient se poser à côté d’elle, lui aussi, plein d’assurance et d’une volonté à l’épreuve de tout.
« je pense que tu sais où est le poste de police ? Je t’y accompagne et ce n’est pas la peine d’essayer de m’en dissuader .»
Une fois de plus, son ton était assez ferme et serein dans un sens. Elle ne se laisserait pas faire, dicter son comportement. Elle compte bien agir et ne pas rester les yeux fermés.
Alors que se déroulait le premier jour de notre nouvelle vie...
Izaiah
Sera
Tu n’étais pas quelqu’un de courageux. Pas plus que tu n’étais un héros des temps modernes. Ton époque s’était essoufflée, ta capacité à aider s’était dissipée et, au final, même les vies que tu avais sauvées ne comptaient plus qu’à moitié dans l’océan pétrolier dans lequel la dernière s’était noyée. Si ton instinct hurlait à l’idiotie, ce n’était pas pour autant que tu comptais l’écouter. Tu ne servais plus à rien. Ta raison d’être s’était émiettée jusqu’à ne laisser qu’une traînée de poudre dont l’existence te confrontait sans cesse à tes propres échecs. Ça faisait trop mal de rester dans l’inactivité et d’espérer qu’un jour viendrait où tu pourrais te faire pardonner tes péchés et honorer cette existence perdue…
Depuis quatre mois, tu t’en voulais d’être vivant. Loin de chez toi et dans l’obligation d’être confronté à ton reflet chaque matin, tu avais commencé à regretter les quatre années de sursit que t’avait offert mère nature. Si tu ne vivais pas pour sauver les autres… Alors pourquoi ? De toutes les personnes qui n’entendaient qu’à être sauvées, de toutes ces âmes dix fois plus méritantes que la tienne, pourquoi était-ce toi que l’on avait tiré des griffes de l’enfer ? Depuis ton opération, tu pensais savoir ce que tu ignorais complètement… Et maintenant que l’absurdité de tes croyances avait été mise à jour, tu ne comprenais plus pourquoi. Et ça te rendait malade.
Était-ce en partie pour cette raison que tu souhaitais te rendre à la centrale plutôt que de prier pour ta vie ? Pour y trouver ton salut, pour espérer pouvoir y demander pardon à Arceus ? L’idée même était si risible que tu hésitais à en rire ou à en pleurer. Ce n’était pas en sautant dans la fosse aux liens que tu gagnerais ton ciel, Iza… Et pourtant, ta propre conscience ne suffirait pas à t’en détourner.
- …
Tu ne savais pas vraiment quoi répondre à son refus catégorique d’être escortée jusqu’à la sortie de la ville. Était-elle sérieuse ? Le froncement de ses sourcils, le sérieux de son regard… Tout semblait indiquer que oui, mais c’était difficile de concevoir la véracité de ce que tu venais d’entendre. Comment pouvait-on alors peur d’un mec lambda rencontré dans la rue – Et qui viens de vous éviter une rencontre avec les égouts de la ville – puis décider de se jeter corps et âme dans une mission suicide dans la même demi-heure ? Ça ne faisait aucun sens. Aucun… Mais était-ce toi qui allait lui indiquer ? Absolument pas. Ce n’était pas ton problème à toi si elle était plus suicidaire que les trois-quarts des patients que tu avais rencontré à l’hôpital – Idée à laquelle ton cœur se sert légèrement. En ce qui te concernait, tu n’avais jamais estimé être en droit de dire à quelqu’un ce qu’il devait faire ou non. C’était une réflexion qui t’avait effleuré le jour où Lyanora avait regardé le soleil puis était partie se noyer dans l’océan quelques minutes plus tard : les décisions des gens relevaient de leur responsabilité, pas de la tienne. Tant que ça ne se finissait pas à l’hôpital, tant qu’il n’y avait pas de mal de vivre à la clé… Le reste, tu pouvais tout à fait l’accepter.
- Je…
Tu n’as pas vraiment le temps de répliquer plus longuement que, déjà, elle reprend la parole après avoir rangé son œuf dans son sac à dos. Sa décision semble prise, la tienne aussi, alors soit. De toute manière, dans la panique du moment, tu n’as pas envie d’escorter une touriste jusqu’aux limites de la ville. Tu ne sais pas ce qui vous attend sur le chemin et tu crains que la majorité de Voltapolis ne cherche à évacuer les lieux sans vraiment prendre le temps de suivre les indications et plans d’évacuation instaurés par les autorités. Si tu peux éviter ce genre de foule, ce genre de folie, ce n’est certainement pas toi qui iras t’en plaindre. Vraiment.
- Je ne comptais pas t’en dissuader. C’est ta décision, tu fais ce que tu veux… Tu as quoi, la vingtaine ? Un peu moins ? Je ne suis pas ton père ni ton frère, je n’ai pas l’intention de jouer les machos en te disant que les femmes et les enfants doivent se mettre à l’abri à tous prix.
Soupires-tu, comme pour te justifier à toi-même. De toute manière, cette conversation n’a pas lieu d’être : vous devez réagir maintenant. Vous n’alliez quand même pas prendre le thé en admirant la volute de fumée noire s’échappant de la centrale pendant que vous débattiez à savoir si, oui ou non, la place d’une gamine – Gamine. Iza. IZA. – était au cœur d’une centrale attaquée. Parce que si ce n’était pas la place de Sera, ce n’était certainement pas plus la tienne. Ce n’était pas parce que tu allais au gym depuis quatre mois que tu étais soudainement un surhomme. Quoi que tu tentes de faire gober aux gens, tu n’étais pas plus Arnold Schwarzenegger que le mois passé.
- Bref, comme tu le sens. Tu n’as qu’à me suivre dans ce cas… On risque de rencontrer pas mal de gens en sens inverse donc essaie de ne pas me perdre de vue. Tu peux faire ça ?
Indiques-tu simplement. Tu étais froid et tendu… Tes paroles étaient beaucoup moins chaleureuses qu’elles ne l’avaient jamais été et, à bien y penser, ça faisait un peu mal au cœur de t’y entendre. Qu’arriverait-il lorsque, enfin, tu les reverrais ?
Le son de cette explosion a fait faire un tour dans les veines de la jeune fille. Elle n’a jamais vécu de catastrophe de cet ampleur, elle n’a jamais vécu d’attaque sur une ville, elle n’a rien vécu de tout ça et pourtant, elle savait parfaitement ce qu’elle voulait et ce qu’elle devait faire. Elle ne pouvait rester à rien faire, regarder de loin et de se dire qu’elle aurait pu filer un coup de main. Bien évidemment, elle ne pourrait faire partie des grands héros qui iront aux fronts, ce n’est pas dans ses capacités, elle ne sait pas combattre, du moins, pas vraiment. Mais elle compte faire de son mieux pour permettre aux autres de sauver cette centrale, de libérer les gens, permettre une certaine diversion, proposer ses capacités à d’autres endroits qu’en ont également besoin. Elle ne peut donc vraiment pas tourner dos aux gens qui ont besoin d’aide dans cette centrale. Et oui, au delà de cette explosion, la chercheuse se doute qu’il y a encore du monde entre ses murs. Des employés qui sont prit au piège, des personnes appelant à l’aide, des personnes qui ne pourront pas s’en sortir seul. Elle ne peut définitivement pas les abandonner, les laisser se débrouiller seuls, ils ont besoin d’aide.
Elle a regardé ce jeune homme qu’elle a rencontré y a tout juste une dizaine de minutes, lui indiquant donc d’une voix bien décidé, d’un air assuré, tout dans sa posture, dans son regard et sa façon d’agir montre qu’elle n’est pas prête à abandonner. Elle lui demande tout simplement de la conduire, de l’aider à trouver le chemin du poste de police où ils pourront donc se présenter pour proposer leurs aides. Oui, elle a bien compris que le garçon a bien prévu de donner de lui aussi pour aider la centrale.
Mais elle comprend aussi bien vite dans son regard qu’il ne comprend pas. Est-ce de la folie ? Est-ce inconscient de sa part de se proposer comme ça ? Oui probablement. Non, elle en est certaine ! C’est totalement inconscient de sa part ! Mais finalement, quand on connaît le tempérament de Sera, y'a rien de surprenant. Mais lui, il ne la connaît pas. La seule chose qu’il a pu voir d’elle, c’est une fille qui serait capable d’avoir peur de sa propre ombre. Cependant, le plus important et qu’elle retient c’est qu’il accepte de l’y conduire. Il semble d’abord se justifier, justification qu’elle ne prend pas la peine d’écouter. Son coeur tambourine comme pour lui indiquer qu’ils n’ont pas une seule seconde à perdre et qu’ils doivent, ils ont l’urgence de rejoindre la police. Son regard se détache de lui pour s’attarder un peu plus sur cette fumée noire, enveloppant le ciel avec menace, avec terreur.
« Oui ne t’en fais pas, je ne te lâcherai pas du regard, je te suis. .»
Dit-elle simplement comme une invitation à vite prendre le chemin. Pour qu’elle ne soit pas gêné par la présence de son loup, elle le regarde, un air désolé et le rentre dans sa pokéball. Chose si rare qu’il est nécessaire de le notifier. Elle vérifie tout de même que son oeuf est bien calé dans son sac et qu’il n’a aucun risque avant d’emboiter le pas à la suite du garçon qui se dirige dans les rues au pas de courses.
Les minutes, les secondes pressent. Il n’y a pas une seule seconde à perdre s’ils veulent pouvoir arriver à temps et se rendre utile. L’esprit embrouillé certes, le coeur tapant à pleine vitesse dans sa poitrine, le souffle court, le regard perdu sur la foule qui fuit dans toutes les directions, elle ne le lâche pas une seconde des yeux, s’enfonçant un peu plus à chaque pas vers le vif de l’action. Elle ne sait pas ce qui l’attend, elle ne veut pas le savoir. Mais elle y va.
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