Un sac à dos de randonneur sur les épaules, je me lançais pour ma prochaine expédition. En théorie, je n'oubliais rien, tout avait été méticuleusement vérifié. Vêtements de rechange au cas où les températures chutent brutalement, trousse médical pour les petits bobos, un couteau suisse bien pratique, quelques denrées alimentaires glucidiques à assimilation rapides, évidemment une gourde dans la poche du côté pour ne pas se déshydrater, et un kit de découverte. Savait-on jamais, peut-être que je tomberais sur un fossile, une pierre rare, ou un objet précieux que je pourrais revendre à un beau prix.
Mais bon, c'était beau de rêver... Sans aucun doute cette exploration allait être aussi laborieuse et ennuyante que les autres. Enfin... savait-on jamais, ma vie avait tendance à être pas mal mouvementée sur ces lieux de découverte insolites. Je devrais peut-être arrêté de rencontrer du monde, ça permettra éventuellement d'accroître ma ligne de vie !
Accompagné de ma fidèle acolyte Kyora, je me rendis d'un pied ferme jusqu'à mon futur lieu d'exploration. Ma Tarsal gravit les rochers côte à côté de cette Mâchoire de Fer. Habituellement, je choisissais des lieux plus sûrs, mais voilà, je me suis dit que s'il y avait du danger, la récolte sera peut-être meilleure. Les ennuis risquaient de l'être aussi mais je ne voulais absolument pas revenir bredouille.

Nous eûmes peu de problème à gravir la montagne. C'était si plaisant l'effet de l'effort et cette fierté de pouvoir admirer l'horizon de si haut. Malheureusement, ce sentiment de plénitude fut de courte durée : Des Charpentis sont venus nous attaquer. Manque de chance, Kyora les faisait fuir grâce à ses attaques psychiques, super efficaces contre eux.
Cependant, Kyora et moi-même fûmes tout de même dans l'obligation de courir car nous étions visiblement face à un nid complet. Nous n'avons guère le temps de nous en occuper. Néanmoins, Kyora fut ravie de pouvoir s'échauffer et tester ses capacités. Une séance d'entraînement imprévue, ça ne faisait jamais de mal ! Rien qu'à entendre ses "rugissements" énergiques, elle en redemandait sans vergogne, en plus !

Une fois que nous jugions être suffisamment loin de la troupe de Pokémons - non véritablement dangereux, ils ont simplement dû se sentir agressés car nous étions sur leur territoire, j'imagine -, je m'arrêtais de courir et posais Tarsal au sol. Respirant grandement, sans la moindre élégance, je reprenais mon souffle. Dégainant ma gourde, j'avalais une grande gorgée d'eau - malgré mon côté économiste compulsif en exploration pour que cela dure le plus possible, je pouvais me le permettre car je n'y avais pratiquement pas toucher - et une sensation de fraîcheur enivra ma peau, commençant par mon tronc avant de se propager partout dans le reste de mon corps.
Ensuite, je rangeais ma gourde avec vivacité, me recoiffais et remettais de l'ordre dans ma précieuse cape noire, et repris la marche vers un potentiel endroit intéressant.

Non loin, je remarquais une forme se dessiner à l'horizon. Si je ne m'abusais, cette silhouette n'avait rien d'un Pokémon. Par ailleurs, elle semblait m'avoir reconnu, puisqu'elle fusait droit sur moi. Que devais-je faire ? S'agissait-il d'une âme ennemie ou amie ?
Par réflexe, je me décalais pour l'éviter mais visiblement, cette personne maîtrisait parfaitement ses capacités et s'arrêta pile devant moi, m'apostrophant sur le chemin, me demandant de m'arrêter.
De ce que je voyais, j'avais affaire à un homme à la carrure puissante, me dominant sans peine, qui m'avait l'air un peu rustre. Je fus donc incroyablement surpris dès lors qu'il s'adressa à moi avec un dialecte aussi ancien et m'imposa un respect soutenu.
Kyora le regardait d'un air suspicieux, fixant alors le Monorpale qu'il tenait derrière lui. Il était vrai qu'il avait tout l'air d'un chevalier, finalement. Ne ressentant aucune onde négative ou dérangeante provenant de lui, je décidais de lui sourire et lui offrir ma gourde de bon cœur.


- Tenez, voilà pour vous. Et ne vous inquiétez pas, vous ne me dérangez pas. Ma foi, vous avez l'air épuisé, que s'est-il passé Monsieur ?

Je décidais de le laisser boire pour étancher sa soif, quitte à diminuer mes propres rations. Je me devais d'aider les personnes dans le besoin. En outre, sa situation m'intriguait. J'espérais que rien ne lui était arrivé, sinon je n'étais pas sûr de pouvoir survivre à ce qu'il aurait fui, mastoc comme il était.

Je le laissais boire tranquillement. Je notais son effort d'hygiène en veillant à ne pas accoler ses lèvres au goulot de ma gourde.

— Avec plaisir, monsieur !répondis-je avec le même entrain.

Bon d'accord, la tape dans le dos n'était peut-être pas nécessaire. Un peu trop familier à mon goût, il allait devoir se détendre.
Autrement, il s'asseya sur le rocher et débuta le récit de son périple, m'expliquant ses raisons pour que ses pieds aient foulés ses terres.
À l'entendre parler, j'avais affaire à un homme de défis, un habitué de la difficulté, en parfaite synergie avec son Pokémon.

— C'est avec plaisir que j'ai pu vous aider à répondre à ce besoin. J'espère que votre journée d'entraînement a été fructueuse. Vous avez l'air d'être robuste comme un roc et votre Monorpale en a l’air tout autant.

Suite à ma réponse, je me tournais vers Kyora pour m'assurer que tout allait bien. Elle n'était pas gênée, cela voulait dire que les deux êtres ne devaient être considérés comme un danger. Elle dodelinait joyeusement de la tête comme à son habitude. Son innocence si fourbe, si espiègle, m'amusait toujours autant.

— L'entraînement ? Pas trop, non. Je suis un passionné d'escalade, de randonnée. Je gravite de région en région, de mont en mont, ou de forêts en forêts, pour découvrir tous les coins les plus secrets et magnifiques du monde. Et potentiellement, dénicher des objets rares ou utiles.

Je faisais face au dresseur, je ne voyais donc pas ce qui pourrait se passer derrière. Alors, tout naturellement, je me présentais en lui tendant la main :

— Autrement, je m'appelle Khoren, enchanté.

Cependant, j'entendis rapidement après des cailloux roulés sur le sol, le regard du dresseur résistant attiré derrière moi vers le haut, démontrant cette agitation provenant des plateaux supérieurs alentour. Je me retournais et remarquais également ces ombres mobiles.
Kyora s'échauffa les poignets, comprenant de tout de suite ce qui se tramait. Elles étaient plusieurs, tournoyant autour de nous. Cela n’apportait rien de bon, nous allions subir un get-apens. Oui, nous étions attaqués.

Cet homme à l'allure de chevalier m'apparaissait comme quelqu'un de sympathique, malgré son air flagrant de décalé, avec ses habits et ses manières de personnes du passé. De personnes honorables du passé.
J'avais d'ailleurs beaucoup apprécié sa réponse. Cette phrase philosophique pouvait agir pour tout le monde, toutes et tous pouvaient se sentir concernés.

— Les efforts ont visiblement porté leurs fruits. C'est un dicton motivant ceci dit. Autrement, notre vie est une multiplication de choix, et nous sommes la somme de ces choix.

Je pensais vraiment pouvoir passer une journée tranquille aujourd'hui, je n'étais pas encore un habitué de l'action, mais visiblement, ça ne serait pas le cas.
Alors, tandis qu'il s'apprêtait à se présenter à son tour, quelque chose attira son attention derrière moi. Mes sens étaient en alerte, encore pire dès lors que je vis les ombre se faufiler à travers les plateaux rocheux.
Kyora se retourna, faisant face au Absol. Son sang ne fit qu'un tour et elle fit volte-face, faisant quelques pas en avant.


— Qu'est-ce… murmurai-je, mon visage se décomposant au fur et à mesure que je voyais une immense masse arriver sur nous.

Malgré tout, le chevalier dénommé Olbéric finit de se présenter en faisant face au Duralugon, dégainant son Monorpale. Une pratique que je n'avais jamais vu, que je ne pouvais m'empêcher de trouver bizarre mais Azoth avait l'air parfaitement en accord avec ça.


— Si je peux me permettre, il n'a pas l'air là pour rigoler… Re… Regarde, il n'est pas tout seul ! Il a de la compagnie !

Derrière les rochers des plateaux se trouvaient des dinosaures bruns plutôt moyens à la tête et autres éléments dorés, des Écaïds.
Le Duralugon frappa vigoureusement le seul, déclenchant un certain séisme qui ébranla Kyora, lui faisant perdre l'équilibre.
Les Écaïds glissèrent, sûrement malgré eux, vers nous et Kyora se ressaisit en faisant face aux Pokémons, nous devançant. Elle rugit à sa manière et lança des chocs psychiques qui les repoussèrent un temps, avant de se faire encerclée et attaquée de toutes parts, la forçant à esquiver et riposter seulement lorsque qu'une faille était possible dans la structure ennemie.
Trop d'ennemis, Kyora ne pourra s'en occuper et Olbéric Sandacier et Azoth s'occupe du Duralugon, ou du moins de faire copain-copain avec… ça serait bien, ça éviterait d'autres ennuis.
Puis, alors que je pensais que tout était perdu, une ombre jaillit d'au-dessus de ma tête, percutant l'Écaïd qui faisait barrage entre Tarsal et nous. Ensuite, le Pokémon blanc et noir, comme le Yin et le Yang, ou la Lumière et les Ténèbres, entoura Tarsal à la vitesse de la lumière, repoussant les chocs physiques des Écaïds tout en faisant de gros yeux pour faire fuir l'Ennemi en le mettant dans une position inconfortable.
Je profitais de l'ouverture pour repousser violemment l'Écaïd sonné pour l'éjecter de la ronde et ainsi rejoindre Tarsal, et en contrepartie rallier les deux bouts entre Olbéric/Azoth et moi/Tarsal.
Ensuite l'Absol griffait les Écaïds qui se rapprochaient, après s'être vus repoussés par ses Vive-Attaques.
Coup final : Sans comprendre pourquoi, les Écaïds se mirent à tressaillir, comme s'ils subissaient un choc électrique. Ils s'évanouirent tous après-coup, tel était les massacres d'une Prescience bien maîtrisée.
Par la suite, il se mit devant Kyora et moi, et abaissa sa patte droite sous la gauche pour nous saluer avec respect, tel un protecteur, faisant voler sa mèche ténébreuse au vent. Kyora s'approcha de lui et Absol la fit sauter sur sa tête, prêt à faire du rodéo. Mais avant ça, il attendait quelque chose. Ceci étant, il paraissait hésitant.
Je m'approchais alors de lui, une Pokéball en main et lui lançais pour le capturer.

Grâce à l'aide de l'Absol sauvage, d'Azoth le Monorpale, et de Kyora la Tarsal, nous viendrions à bout de l'invasion d'Écaïds. Enfin surtout de l'aide d'Absol et d'Azoth, ne mentons pas. Kyora avait surtout permis une diversion, attirant l'attention ailleurs que sur nous.
Par ailleurs, Azoth en avait dans le ventre ! Olbéric le maniait à la perfection et les taillades se renvoyaient avec puissance.
Je me sentis extrêmement flatté face aux compliments d'Olbéric. En outre, grâce à sa manière si soutenue de s'exprimer, je trouvais que le côté mélioratif se voyait amplifier. Le sens de certains mots m'échappait, mais grâce au sens général de la syntaxe, je déduisais les particularités inconnues de son langage.

— C'était plutôt brouillon mais nous faisons au mieux. Avec Kyora, nous sommes des êtres d'action, nous suivons notre cœur et notre instinct. Nous agissons au feeling et n'hésitons pas à braver le danger pour préserver l'intérêt commun. Même si, notre insouciance nous met parfois en danger nous-même.

Je regardais la Duralugon, elle paraissait beau oui plus affectueuse et douce que l'image terrifiante de l'imposante masse que j'avais à l'origine devant nous.
Quant à Absol, il avait décliné ma Pokéball. Devrais-je en déduire que je n'étais pas digne de lui ? Qu'il désirait protéger l'ensemble, les Pokémons alliés, de manière altruiste. Peut-être qu'Absol était un protecteur qui agissait de manière complètement désintéressée.
Le danger étant éliminé, il détournait déjà son attention ailleurs, se relevant de son salut.

— Je pense qu'il doit avoir un sens du devoir, comme tu en as un en tant que chevalier. Il n'y avait pas de motivations plus personnelles et spécifiques. Peut-être devrions-nous continuer notre route ? Le voyage est encore long au sein des Mâchoires de Fer. Peut-être que nous recroiserons cet Absol.

J'espérais profondément que notre route recroiserait ce Pokémon. Je lui prouverai que je serais digne de son acte.

Détachant ma déception juvénile, mon regard se concentra davantage vers la scène mythique qui se déroulait devant moi. Mine de rien, je n'attendais pas mieux d'un type de la trempe d'Olbéric. Ce duel de regard, jauger le potentiel et le cran de l'autre, pour s'achever sur un apprivoisement mutuelle, et ainsi la célèbre scène d'adoubement. Je trouvais cela toujours aussi anachronique mais j'aimais bien le sentiment que cette scène rare me procura. Ce type d'anciennes traditions avait quelque chose de fabuleux.

  Puis, une fois la cérémonie ancestrale faite, sa nouvelle Duralugon renommée Maganèse sur les talons et son Monorpale dans la main, Olbéric revint vers moi. La déception me fauchait de nouveau bien vite mais je comptais profiter de l'alchimie que la scène précédente pour le devancer et ainsi le féliciter.

— Félicitations Olbéric pour ta capture ! Magnifique cérémonie de capture ! Ca rend tellement le moment solennel, important. On a tellement tendance à vite passer ce moment alors qu'il est l'un des plus importants...

  Et, il me conseilla suite à l'échec de la capture d'Absol. Je prenais en considération ses propos, il avait sûrement raison après tout. Peut-être que je devais lui montrer que je pourrais être digne.

— Tu as sans doute raison. Tout ne m'est pas dû, même si je ne l'ai jamais pensé. C'est juste que je croyais que... puisqu'il était venu à notre secours. Mais comme je le disais, peut-être qu'il est simplement un protecteur du secteur. Je ferais tout dans ma vie pour être méritant aux yeux de toutes et tous, tel a toujours été mon but à mon arrivée à Lumiris : être sans attache, et dépasser mes limites jusqu'à ce que plus rien ne puisse me faire peur.

  Malgré mes dires, je laissais Tarsal au sol et me dirigeais vers le pan de montagne le plus proche. J'allais partir par un putain de sentiment de fierté, mais arrivé face au mur rocheux, je m'étais mis à rager et frapper le mur. Puis, je m'étais élancé vers le mur pour faire un saut mural en tournant sur moi-même, bref un truc stylé que j'étais capable de faire uniquement dans ce genre d'état où je n'étais pas complètement en contrôle de moi-même.
  Puis, j'étais revenu pour faire face à Absol. Il était toujours là, comme s'il avait volontairement pris le temps pour s'éloigner, comme s'il ne comptait pas véritablement partir.

— Absol ! Attends !

Il tourna la tête vers moi, sans daigner se rapprocher davantage. Une fois suffisamment près, son corps se tourna davantage vers moi, mais ce n'était pas encore ça. Il ne se laisserait pas apprivoiser si facilement, Olbéric avait raison.

— Absol, je te remercie d'être venu à notre secours. Vraiment, sans toi on aurait pas pu s'en sortir. Crois-tu que tu pourrais rejoindre mon équipe ? Sauf si ton devoir est trop important ici ? Tu sais, nous pourrions devenir une véritable équipe de protecteurs de Lumiris.

  Suite à mes propos, Kyora fondit vers moi et bondit sur mon dos. Elle semblait renchérir suite à ce que j'avais proclamé. Je rappelais les exploits de Tarsal, ce diamant à l'état brut, cette future Lumière, cette future Dame Mystique.
  J'osais presque de lui faire une révérence, mais pas trop car je trouvais cela bizarre et que ce genre de politesse n'appartenait pas à mon habitus culturel. Puis, il redressa la tête comme s'il acquiesçait et il piétina quelques mètres devant avant de se retourner vers moi, le regard venant de s'illuminer.
  Je le suivis et il avança encore de quelques mètres, toujours en se retournant vers moi. Il jappa d'une manière qui mixait une certaine pression et une envie de défi, comme si on demandait sa présence quelque part mais quand même temps il voulait me tester pour vérifier ma dignité. Alors, je me tournais vers Olbéric, de nouveau joyeux. Cela n'allait pas être facile de le capturer mais tout n'était pas perdu. J'avais espoir et Kyora avait très envie de s'amuser.

— Olbéric, il veut qu'on le suive, tu viens ? Il doit y avoir d'autres Pokémons ou dresseurs à sauver ou quoi que ce soit du genre. Peut-être qu'ils sont bloqués quelque part, ou encore une attaque.

J'attendis sa réponse, j'espérais qu'il voudrait m'accompagner jouer les héros mais autrement cela ne m'empêcherait pas de sauver des êtres en détresse. J'étais un Ranger refoulé, je ne comptais pas indigner mes origines familiales.

L'Absol sauvage, un protecteur des Mâchoires de Fer, n'avait pas voulu être capturer. Comme s'il désirait conserver son statut, comme s'il voulait tester une fois encore ma légitimité d'être son dresseur. Ou alors qu'il était naturellement dévoué et qu'il ne tolérait pas de partir si encore l'un, l'une de ses protégé-e-s était en danger. J'avouais que même moi, j'aurais la conscience tranquille.
Mais... est-ce qu'Olbéric Sandacier était de cet avis là ? Nous allions bientôt le découvrir.
Je m'étais tourné vers lui pour avoir son opinion sur la question. Et qu'ai-je été bête de douter durant une seconde qu'il n'aurait pas voulu aider. C'était un chevalier ! Et les chevaliers avaient un code de l'honneur, ils ne pouvaient refuser de porter secourir à quiconque !
Il allait presque me donner l'envie de devenir chevalier. Il mobilisa ses troupes et demanda à Absol de nous guider vers où était les êtres à sauver.

— Alors suivons-le. Absol a l'air pressé. Cela doit être plutôt urgent.

Puis, dès lors que nous nous mîmes à le suivre, il accentua considérablement l'allure. Par Arceus le Créateur, qu'il était rapide !
Il nous emmena sur un des pants de d'une des montagnes la plus proche et nous emmena dans une côte abrupte où il était facile de glisser. C'était un espèce de gros canyon, un terrain dangereux au cœur des montagnes avec des crevasses à foison.
Rapidement, j'entendis des cris de Pokémons apeurés. L'Absol tendit le cou vers la dite crevasse et nous découvrions une famille de Férosinges uniquement rassemblés dans le halo de lumière causée par l'ouverture.

— Tu veux qu'on aille les sauver ? C'est vrai que c'est trop haut pour qu'ils puissent s'accrocher et certaines parties de la roche sont lisses, donc impossible à utiliser comme des prises. Et que toi, tu peux pas y aller...

Je venais de constater rapidement le terrain. La roche, ça me connaissait, tant bien même je n'avais aucun type Roche. Je laissais glisser mon sac de randonnée par terre et y fit sortir une corde et mon harnais pour l'accrocher à un rocher. J'espérais que mon nœud ferait l'affaire et qu'il ne partirait pas durant ma descente.

— Olbéric, je suis alpiniste depuis que j'ai huit ans. Je maîtrise. Je vais donc descendre en rappel pour les ramener. Je vais peut-être devoir faire plusieurs aller-retours, ils sont quatre.

Je laissais un peu de temps à l'équipe de se préparer. Kyora la Tarsal attendit à côté de moi et tâchais de m'aider avec ses pouvoirs psychiques. Tendant la corde, prêt à descendre, je donnais quelques ultimes indications à Olbéric.

— Fais attention. Les ondes sismiques sont nombreuses ici. Il va falloir éviter que des rochers nous tombent dessus. S'ils bouchent l'entrée, nous sommes fichus. Ah et... est-ce que tu pourrais t'assurer que la corde tienne, j'espère que ça sera assez solide...

M'assurant que tout avait l'air potentiellement en ordre, je me lançais dans la descente en rappel. J'espérais véritablement qu'il n'y avait pas de Pokémons intrusifs dans cette crevasse, comme des Nosferaptis.

La corde fermement accrochée entre mes mains, je descendais petit pas par petit pas. Par question de sécurité, je ne pouvais pas descendre en même temps que la corde, donc j'avais décliné la proposition d'Olbéric - ou de ce que j'en avais compris, au moins -, autrement je me serais écrasé au sol. Non, j'étais maître de la descente de la corde, je descendais en rappel, sautant sur le mur de la grotte à chaque fois que je descendais... jusqu'à ce qu'il y eut du vide, jusqu'à ce qu'il n'y eut aucune paroi auquel se rattacher. Là, je fus bien obligé de me laisser glisser. Immanquablement face à la surprise et la vitesse, je ne pus me retenir de crier.

— AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHH

Par chance, mes pieds croisés autour de la corde, je réussis à ralentir ma chute pour éviter une douleur quelconque qui serait franchement mal venue. Je m'approchais des Férosinges qui semblaient divisés entre l'inquiétude et le soulagement. J'essayais de les rassurer comme je le pouvais, en tâchant de me sentir serein dans ce halo lumineux.

— Vous inquiétez pas, je suis là pour vous aider. On va sortir d'ici. Vous allez sortir, je vous le promets. Ca va le faire.

En écho, j'entendis ma Tarsal les rassurer d'en haut, comme pour dire qu'elle serait là pour les rattraper grâce à ses pouvoirs psychiques si jamais il y avait un problème.
Problème justement, la majorité des Férosinges ne se calmait pas. Deux d'entre eux filèrent sur la corde où ils n'eurent pas tant que cela des difficultés à remonter. Enfin, ils n'en étaient qu'à un quart du parcours, j'espérais que cela irait.
Problème bis, quand j'avais tenté d'en prendre un ou deux pour les remonter, ils s'étaient tous enfuis. Enfuis, disons qu'ils s'étaient juste écartés. Ils me pointaient un endroit dans l'ombre. Quoi ? Eux aussi ils avaient des choses à me faire voir ? L'un d'eux, sûrement le plus serein, me guida dans l'ombre et... j'entendis une respiration forte et hachée.
Mes yeux commençaient à s'habituer progressivement à l'obscurité. Une forme imposante commença à se dessiner, au sol, impuissante. Qu'est-ce que c'était ? Je libérais alors mes manches pour dévoiler mes bracelets luminescents, se gorgeant de la lumière du soleil et étaient capables de la recrâcher grâce au mouvement. Oui, j'étais un inventeur ! Je secouais donc activement mes bras et mes deux bracelets éclairèrent légèrement face à moi et je découvris... un Colossinge. Non, une, c'était leur maman. Je prévins Olbéric en criant, ma voix se réverbérant dans la petite caverne rocheuse. Je devais la rassurer, autrement, elle ne me laisserait pas la porter et je ne pourrais pas porter les petits.

— On va t'aider. On va soigner mais va falloir qu'on te sorte d'ici !

Elle était un peu énervée. Donc, pour accentuer la négociation, l'Absol traversa la tête et échangea avec la maman primate. Cependant, même si elle ne semblait plus me considérer comme une menace, elle continuait à être super attentive, tendue, et sur ses gardes, malgré la souffrance.
Tout cela compliquait drôlement la tâche. Porter un Férosinge, ça passait, mais une Colossinge, hum... c'était une autre histoire.
 
— Je vais la porter pour la remonter, Olbéric et Kyora, soyez prêts à m'aider car ça risque d'être lourd. Va falloir tirer la corde quand je la porterais car je ne pourrais pas faire les deux... je suis pas Super-Man !

Les autres Férosinges peureux suivèrent le chemin   de leurs deux frères, seuls les deux plus confiants restèrent avec moi et m'aidèrent à porter leur mère. Et j'attendais que mes alliés en haut ne tire la corde. C'était le moment de voir le potentiel de la Duralugon, avec sa puissance et robustesse. Je me demandais ce que mes alliés allaient faire.

Durant les procédures de descente, d'exploration, et de sauvetage, Olbéric se tenait prêt à réagir en fonction de mes ressentis. Il faisait cela bien puisqu'il me demandait régulièrement comment cela allait, se tenait bien à jour sa la progression de la mission. Je lui avais répondu avec assurance.

— Oui, ça va !

J'avais failli rajouter, de manière nettement moins sûre, "enfin pour le moment..." mais la situation m'avait empêché dans rajouter. L'adrénaline me poussa à persévérer et ne pas songer à douter.
Ensuite, j'avais découvert une Colossinge, la mère des petits Férosinges à sauver de la fosse et je nous avais suffisamment installé pour qu'on puisse être remonté. Attendant son signal, je lui exprimais mon affirmation, nous étions prêts à être remonter.

— On est prêts à être remontés !

Puis, il tira sur le corde pour nous remonter. Sur le trajet, des roches semblèrent bouger dans l'ombre... étrange... Mais, nous eûmes pas le temps de voir ce que c'était car la vivacité d'Olbéric ne nous en laissa pas le temps. En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, nous étions pratiquement remontés. Au niveau de l'ouverture, j'utilisais mes pieds pour remonter sur la terre ferme et ainsi aider la Colossinge a revenir elle-aussi à la surface.
 
— Tout va bien. Juste, elle va avoir besoin de soins, sûrement. Peut-être que tu as quelques potions ou herbes ? Peut-être qu'il me reste quelques herbes médicinales dans mon sac de rando.

Une fois de retour sur terre, les Férosinges qui étaient remontés fondirent dans les bras de leur mère, tandis que Kyora fondit dans mes bras et l'Absol me toisa avec un air majestueux, que je considérais comme valorisant.
Je regardais ensuite dans le trou. Les deux Férosinges les plus peureux étaient en train de remonter, après m'être décroché et détendu la corde. J'imaginais qu'Olbéric l'aurait relâché une fois que je serais revenu pour libérer ses muscles de la pression. Les deux petits singes étaient nettement moins rapides que nous quand nous étions hissés par Olbéric le chevalier.
Alors, les pierres en profitèrent. Des Racailloux se dévoilèrent et tentèrent avec succès d'happer les deux Férosinges.

— Kyora, lance Choc Mental ! Ecarte-moi ces Pokémons opportunistes !

J'élançais ma main vers le trou tout en formulant mon ordre, et elle s'exécuta immédiatement. Sa puissance psychique jaillit et les deux Racailloux qui tenaient les Férosinges furent éjectés dans la paroi rocheuse. L'impact se chargea du reste, au détriment d'avoir la puissance nécessaire pour les mettre K.O rien qu'avec ses attaques.
Cette venue stressa les singes et ils accentuèrent l'allure. Mais, cela semblait avoir réveillé les rocheux de la caverne rocheuse... et il semblait très, très nombreux. Et ils semblaient bien garder la famille de Férosinges dans leur étreinte de roches.
J'encourageais les Férosinges pour qu'ils se dépêchent encore plus. Une fois qu'ils furent remontés à la surface, et pour empêcher les Racailloux de remonter à la surface, l'Absol utilisa ses attaques de vitesse, ses griffes, et des coups de boule pour les renvoyer vers le fond tandis que Kyora rugissait derrière tout en lâchant ses ondes psychiques pour le moins létales.
Même s'ils étaient beaucoup, il ne devrait pas poser tant de problème que cela. Numériquement, et surtout au niveau de la puissance, ils étaient largement supérieurs.