Dusk Lumiris

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02. Concours de narration
Dusk
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Dusk
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Concours de narration



Dans le parc, alors que le soleil se couche, des feux s’allument à l’orée de la forêt. Des braseros et une grande flambée, voilà les seules sources de chaleurs et de lumières alors que les ténèbres étendent leurs bras sur le monde. La forêt s’anime de sombres silhouettes et craquent comme autant de squelettes se mettant en branle.

Un homme vous interpelle; Imposant, il porte les cheveux brun long et une barbe épaisse. ses larges épaules projette une silhouette terrifiante sur les arbres et sa voix grave semble venir du tréfond de la terre. Ses yeux bleu clair vous regardent alors que chacun se réunit autour du grand feu, abandonnant les braseros qui finissent par s’éteindre, transformant le brasier en l’unique cercle de lumière du parc.

Oyez! Approchez et oyez ! Malheur à ceux qui n’ont pas le courage de rester et à ceux suffisamment téméraire pour s’éloigner de la lumière. En cette nuit des plus noirs, alors que les spectres et les ténèbres sont les plus puissants, il est temps pour nous de nous rassembler et partager nos histoires et avertissements. Conteurs et conteuses, néophytes et vétérans, laissez-vous porter par les esprits et nous narrent vos histoires des temps sombres.

Ainsi s’ouvre le concours de narration d’Halloween.

Ce concours porte sur votre capacité à conter, narrer, faire vivre une histoire. Installer autour du feu, raconter une histoire d’Halloween, terrifiante ou non, comme votre personnage le ferait.

N’oubliez pas votre environnement: vous êtes dehors, la nuit, il fait froid et êtes installés autour d’un feu sous les étoiles. Une forêt se dresse derrière vous.

Veillez à faire bien attention à ces trois points pendant ce concours :


  • la qualité de votre histoire (début, milieu, fin, respect du thème...)
  • la qualité de la narration (votre personnage parle-t-il tel un conteur, y a-t-il du dynamisme…)
  • la qualité de la rédaction (faute d’orthographe, construction de phrase, le français…)

Un jury jugera les conteurs sur ces critères et désignera un vainqueur. Un autre prix sera remis selon un vote populaire.

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Un mât très noir.



Tu n’es vraiment pas du genre à te donner en spectacle, Elijah, tout ce qui te connaissent le savent ; et aucun d’entre eux n’aurais parié te voir un jour raconter une histoire fantaisiste devant des gosses en quête de frissons. C’est pourtant oublier une chose fondamentale : tu es un opportuniste prêt à beaucoup pour un gain substantiel, même à devenir le centre de l’attention pour quelques minutes.

Cela faisait un moment que tu tenais ton stand, quand l’un des passant se plaignit ouvertement de l’absence de récits effrayants dans le cadre du concours. Avec un rire ironique, il avait ajouté : « au final, il suffira d’y aller et de faire « bouh » pour gagner le premier prix ». Bien sûr, ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd : après tout, non seulement tu pourrais mettre la main sur une récompense, mais en plus, cela pourrait te ramener des clients par après. Tu as beau détester sortir de l’ombre, tu n’as plus vraiment le choix, maintenant que tu es un « free-lance »… Tu as donc temporairement fermé ton stand, légèrement rassuré par la promesse de ton voisin de veiller dessus -  tu avais fait de même pour le sien quelques heures plus tôt - mais emportant malgré tout la coûteuse arbalète louée et le reste de ton déguisement.

Tu arrives à l’endroit prévu et, faute d’orateur actuel, l’organisateur te fait signe d’y aller directement. Tu ne te fais pas prier : autant gagner du temps. Ton récit n’est pas court, et ton stand n’est pas encore rentabilisé ; ce qui incarne probablement ta pire crainte en ce 31 octobre. Alors… allons-y.
____

En t’installant, tu retires machinalement les machins qui te servent de déguisement de fortune : ail, croix, pieux et, bien sûr, arbalète. Devant le regard interloqué de l’un d’eux, tu commences :
<< Vous n’êtes plus des gamins. Les vampires, c’est un mythe stupide, et j’ai autre chose à faire qu’inventer des histoires pour gosses. Croyez-moi, il y a bien plus flippant dans le vrai monde… D’ailleurs, certains savent que je suis nouveau sur Illumis. Il y a une raison.>>
Voilà qui servira d’intro. Tu enchaînes :
<< Il y a un an encore, j’étais homme à tout faire dans la région de Johto>>

Tu ne comptes pas révéler ton ancienne profession ni ton origine. D’une part pour brouiller les pistes, et de l’autre parce que ça ne concerne personne. Et de toute façon, peu importe pour cette histoire…

<< Avec deux compagnons, Claude et Johanna, nous devions retrouver une gosse disparue dans un vieux village isolé. Quand nous sommes allés voir la mère, elle nous a confié un ruban rose. "On l’a retrouvé sur le chemin interdit de la forêt", pleurait-elle ; "et jamais Laurie ne s’en serait séparée : c’est un souvenir de son père décédé". Alors, j’avais attaché le ruban à mon poignet, pour ne pas le perdre et le montrer plus facilement aux éventuels témoins : même si la piste semblait claire, il fallait en savoir plus. Et à force de questionner les habitants, nous découvrîmes une paire d’histoires...

D’abord, nous apprîmes qu’elle n’était pas la première gosse volatilisée ; et que le précédent, avant de disparaître, avait affirmé avoir rencontré un drôle de garçon aux yeux rouges. Pas de l’iris, non… Du globe entier. "On a joué toute la journée ! Il m’a dit qu’il était content parce qu’il cherchait un ami, et il m’a invité chez lui ", clamait-il à ses parents. Bien entendu, ces derniers avaient refusé tout net, inquiets, et devant l’insistance de leur garçon, avaient préféré fermer la porte de la chambre à clé. Pourtant… cela n’avait pas suffi : ils avaient été réveillés par le son d’une fenêtre qui claque violemment contre le mur. Le temps d’atteindre la chambre-prison et de l’ouvrir… il n’y avait plus rien. Juste une tâche violette s’éloignant dans le ciel d’encre vers la forêt – un baudrive, devinai-je. Bien sûr, ils ne l’ont jamais retrouvé et, de ce qu’il se dit, n’ont pas pris la peine de chercher. Au final, ils ne l’aimaient pas tant, disait-on dans le village. Certains parents sont atroces, n’est-ce pas… ? >>
Tu leur jettes un regard perçant. À cet âge, la plupart sont en conflits avec les leurs, dans un cycle insupportable de disputes… ce qui ne peut qu’accentuer l’horreur de parents indifférents.

Et puis, tu reprends :

<< Le second récit nous avait semblé sans pertinence, au début. Une vieille histoire selon laquelle, cent ans plus tôt, quatorze enfants avaient disparu en même temps au cœur de ces bois maudits. Ils avaient décidé de se prouver mutuellement leur courage en affrontant la forêt ensemble après les festivités d’Halloween, et le village n’y avait pas prêté attention, supposant qu’ils se dégonfleraient vite. Une erreur... tragique. Seuls treize corps avaient été retrouvés dans les bois le lendemain, morts de faim, de froid, ou de blessures mystérieuses. Bref, rien qu’une légende comme ils en existaient cent pour dissuader les gamins de s‘aventurer trop loin, pensions-nous alors. Pas de quoi nous dissuader de suivre la piste…

Pourtant, dès nos premiers pas entre ces foutus arbres, une sensation oppressante nous enveloppa. Celle d’être épiée, d’être écrasé par l’atmosphère ténébreuse, d’être des proies inconscientes de leur propre faiblesse – et de leur propre saveur. Aucun de nous ne parlait, d’ailleurs… jusqu’à ce que Claude rompe le silence.>>
Tu n’essaies pas d’imiter la voix de ce dernier. À vrai dire, tu ne te départis même pas du ton sombre et constant que tu utilises depuis le début. Tu n’es qu’un narrateur, tu leur laisses le soin de peindre le dessin avec leur propre esprit… Ils le feront toujours mieux que toi, tu le sais. Plus intimement.
<< - Bon sang… regardez ça ! Lâcha Claude.
Nous suivîmes son regard.

Une nuée d’yeux brillaient dans les ténèbres. Flottants entre les arbres tordus, des brocélômes nous fixaient sans un bruit, sans un geste. Ils nous accompagnaient doucement, à distance prudente, escorte muette et impassible. Claude, le plus peureux, murmura – comme s’il craignait d’être entendu par les spectres :
 - Ils sont treize… Comme les corps, il y a cent ans…
Johanne répondit du tac au tac un « foutaise » assuré ; et qui, pourtant, cachait mal la nervosité qui commençait lentement à la ronger.
 - Non non, c’est vrai… Vous savez, on dit que les brocélômes-
- Ferme-là, Claude
, assénai-je sèchement.
Nous savions tous ce qu’il se disait sur ses bouts de bois vivants, qu’ils seraient autant d’âmes enfantines hantant les lieux de leur mort ; mais aucun de nous trois n‘avait besoin de ce genre de théories fumeuses. L’angoisse tordait déjà nos nerfs…

Et la marche repris, atrocement silencieuse. Seules quelques feuilles mortes craquaient sous nos pieds alors que les lueurs fragiles des spectres nous suivaient inlassablement. Nos mains se tenaient proches de nos armes mais nous avions la désagréable sensation que face à ce qui pouvait nous attendre, elles ne nous serviraient à rien…

Au bout de quelques minutes – ou de quelques heures, nul n’aurait su le dire –, une immense bâtisse s’éleva entre les arbres. Elle semblait vouloir percer le ciel, ou plutôt naître des ombres projetés par ce dernier, comme si les ténèbres elles-mêmes avaient pris forme de manoir ; pourtant, certaines pièces étaient illuminées par des lueurs pourpres et violettes, comme si la bicoque en ruine était encore habitée. D’ailleurs, une nuée de polichombres glissaient sur la face et s’aggloméraient sur les vitres tels des papillons attirés par la lumière.  Ou plutôt…
 - La rancœur, souffla Claude.
Johanna haussa les épaules, feignant avec peu de succès l’indifférence et le scepticisme. Pour ma part, je ne relevai pas.
 - On y va, ordonnai-je.
J’avançai vers les larges portes et m’apprêtai à les ouvrir ; mais quand ma main se posa sur la poignée, celle-ci tourna d’elle-même. Je reculai rapidement en saisissant mon arme, prêt à descendre ce qui pourrait nous attaquer…

Mais ce fut un enfant qui apparut.>>
Tu laisses flotter l’instant.

Puis tu reprends, toujours avec la même voix, peut-être légèrement plus traînante pour imiter le nouveau-venu :

<<  - Ho, bonjour, chers invités ! Il est rare de voir des gens passer par ce chemin… Puis-je vous proposer une boisson chaude ?
Il ne semblait pourtant guère surpris… et son invitation semblait moins spontanée qu’étrangement habituelle. Je sentais presque mes deux collègues se raidir derrière moi : nous partagions le même instinct, et rien chez ce gosse n’inspirait confiance.

Ce qui n’était qu’une raison de plus d’accepter.
 - Oui. Nous avons à parler.
Son sourire s’élargit, et il s’effaça pour nous laisser passer. J’entrai, suivi de près par Claude. Au moment de franchir le palier, Johanna se retourna : les brocélômes avaient disparu. Elle avait alors, me souffla-t-elle, la sombre impression que nous venions de quitter nos derniers alliés…>>
Le début de ton récit prend fin. As-tu réussi à saisir leur écoute  ? Tu ne peux que l'espérer ; d'habitude, quand tu cherches à avoir l'attention de quelqu'un, c'est par la menace que tu y arrives... Difficile, en l'occurence. Alors, tu continues...

ou plutôt, tu commences.


___

<< L’enfant nous mena jusqu’à une vaste salle à manger décorée de statues tordues, de flammes spectrales et de tables d’ébènes. J’avais la sombre impression que plus nous restions ici, plus le risque grandissait ; quel risque, je l’ignorais, et cela ne rendait cet instinct que plus pressant encore…
 - Où sont les gosses ? attaquai-je sans attendre. Celle qui portait ce ruban, ajoutai-je, le portant toujours au poignet. Nous savons que vous leur avez parlé avant la disparition.
Il n’avait pas les yeux rouges, mais tout le désignait. Et au pire… appelez ça du bluff.

Il feignit l’étonnement, sans pourtant prendre la peine de le rendre crédible.
 - De quoi parlez-vous ? Je suis le seul enfant ici, et mes parents sont partis.
 - Où ?
Demanda Claude.
Il n’eut pour réponse qu’un sourire étrange.
 - Goûtez donc plutôt ce thé. Vous devez être frigorifiés…
Il tendit une tasse à Johanna, une étincelle de défi dans les yeux. Elle avait peur, cela sautait aux yeux ; mais elle avait une fâcheuse tendance à surcompenser ce qu’elle voyait comme une honte, préférant la témérité stupide à l’infâme prudence. Alors, d’un geste décidé, elle porta la tasse à ses lèvres…
 - Imbécile ! Grognai-je en frappant la tasse, la lui arrachant des mains pour qu’elle s’écrase au sol. Loin de se briser, le contenant poussa un cri de douleur, puis disparut sous la table avec un rire méchant. Un Théffroi, réputé pour absorber davantage de sa victime que ce qu’elle boira… Ce gosse voulait nous empoisonner.

Pourtant, il ne quitta pas son sourire amusé.
 - Allons, cette pauvre tasse ! Elle voulait vous jouer un petit tout innocent, voilà t-
 - ASSEZ !
>>
En disant ces mots, tu frappes – réellement – du poing le tronc sur lequel j’étais assis, faisant sursauter les gosses qui t'écoutent.

Et tu reprends naturellement, comme si tu n’avais pas vu leur peur :

<< - Tu vas me dire immédiatement où sont les gosses, où je te jure que ce foutu poison sera un délice comparé à ce que je te ferai subir.
Alors, son sourire devint torve et ses yeux, à glacer le sang. Avec humeur, il répéta :
 - Je vous ai dit qu’il n’y avait personne ic-
Une longue plainte traversa le manoir, le démentant à la seconde : des sanglots d’enfants. Et ils venaient de l’étage. Le gosse perdit légèrement de son assurance et se mordit la lèvre, apparemment contrarié : une occasion à saisir.
 - Avec moi, lançai-je à Johanna. Claude, tu le surveilles.
Il blêmit, mais ne protesta pas ; il me connaissait, il perdait sa salive et mon temps en vain. Alors, il sortit son arme et s’assit, tentant de contrôler ses tremblements ; mais il cachait bien mal l’insidieuse terreur qui coulait dans ses veines…

Johanna et moi nous précipitâmes à l’étage, ignorant les craquements inquiétants de cette bâtisse à l’abandon. Alors que nous traversions en courant un long couloir, suivant l’interminable et douloureuse plainte, notre souffle se fit court et nos jambes, anormalement lourdes. Pourtant, nous avions déjà couru des distances bien pires auparavant… Johanna grogna, haletante :
 - Ces foutues bougies et lampes, ce sont elles qui nous bouffent.
Elle avait raison, compris-je tout de suite. Je lâchai un juron et redoublai la cadence, alors qu’une pensée glaçante s’imposait doucement à moi : si même l’éclairage nous suçait lentement notre vie, alors chaque seconde dans ce manoir pouvait tous nous envoyer dans la tombe… ou pire.

Finalement, nous arrivâmes à la pièce concernée. Les sanglots se glissaient par l’embrasure de la porte entrouverte, plus limpides que jamais ; j’ouvris rapidement la porte et jetai un regard.

Rien.

Avec prudence, nous entrâmes dans ce qui était manifestement une chambre, sans trouver la moindre trace d’un gosse en pleurs. Perturbée, Johanna s’avança vers la source des sanglots, une armoire à double battant. Quand elle l’ouvrit… elle poussa un hurlement.

Un feuforêve venait de sauter gaiement dans ses cheveux et les tordait à présent dans tous les sens, faisant naître une panique irraisonnée chez ma collègue :  elle agitait frénétiquement les bras pour saisir la chose accrochée à elle et ne faisait que l’emmêler plus encore, faisant encore grimper sa terreur d’un cran. Avec un juron, je me précipitai pour la libérer ; mais le spectre, me voyant arriver, se détacha avec un rire moqueur. Cette saleté venait de nous avoir avec son coup le plus classique : il n’y avait jamais eu de gosse ici, juste un fantôme avide de peur. Je lui jetai un regard assassin et grognai un inutile :
 - Dégage.
Elle cessa de sourire et me fixa en retour. Elle semblait mécontente, probablement parce que j’avais le sang-froid d’affronter son regard ; alors, je ne plaisais pas aux fantômes, hein… Parfait.

Mais cette petite victoire me fut violemment arrachée : des cris désarticulés nous parvinrent du rez-de-chaussée. Pas d’appel à l’aide, pas de suppliques… juste des morceaux de phrases dénués de tout sens, comme un disque rayé au volume maximum.

Claude.

Johanna me jeta un regard interloqué, que je ne lui rendis pas : avec un nouveau juron, je me précipitai vers la sortie. Il fallait l’aider, et vite, sinon… Sinon quoi ? Je n’en avais plus aucune idée, toutes les horreurs imaginables ou non devenaient possibles ; et alors que je m’engageais dans le couloir, le long rire triomphant du feuforêve m’accompagna…>>
Encore une fois, tu laisses quelques secondes s’écouler. Vous arrivez à la moitié du récit environ, et il faut bien leur laisser le temps de respirer : la suite ne serait pas plus tendre…

Finalement, tu reprends la parole.

<< Plus essoufflés et affaiblis encore par les funécires, nous arrivâmes enfin à la salle d’ébène. Clause gisait contre le mur. Un filet de bave coulait de ses lèvres ; ses yeux fixaient un point invisible face à lui ; et de ses lèvres s’échappaient des sons inintelligibles, comme une incantation ou un mantra mystérieux. Johanna se précipita vers lui le secoua, dans l’espoir de lui faire reprendre ses esprits… en vain. Il continuait à marmonner en bavant, comme s’il avait perdu toute conscience ; et les gifles de sa collègue n’y changèrent rien.
 - Shit ! Lâcha Johanna, désespérée. Pour ma part, tentant de faire abstraction de cette perte humaine – il fallait survivre avant tout –, je tentai de saisir l’un ou l’autre mot de son babillage éperdu.
 - Pa… Pi… pik… chu… Pa… pi… ka… Le… le voile… en-dessous… fille… pas… pas pika…
Alors que je tentais de comprendre, Johanna m’appela faiblement. Je me retournai… et compris ce que Claude avait vu.

Face à nous, un pikachu se tenait sur la table. Ou plutôt… une parodie, une ombre, une copie bâclée aussi attristante que glauque : un mimiqui. Ses yeux dessinés au charbon nous fixaient sans ciller, et lui-même restait immobile.  Des traces de main tâchaient le bas de son déguisement terne : celles de Claude. La source de sa folie…
 - Bord…
Je reculai vivement. Soudain, son regard se braqua sur mon poignet : alors, une légère plainte déchirante résonna. Il s’avançait vers ma main, comme fasciné et triste à la fois. Pourtant, ce n’était pas l’arme qui l’intéressait… c’était le ruban rose. Il le suivait du regard quels que soient mes mouvements, comme si rien d’autre ne comptait, et des sanglots se laissaient entendre sous le drap gribouillé.

Drap ? Non… C’était une robe déchirée, peinte tant bien que mal.

Une robe de petite fille.
 - Bon sang, Elijah…
Je devinais ce qu’elle allait dire. Plus tôt, je n’y aurais pas cru… mais maintenant ? Même moi, je le sentais. Non… je le savais.
 - C’est la gamine. Laurie.>>
Tu te tais. Tu baisses les yeux comme si tu accusais le coup, cinq ans plus tard.

Mais tu reprends, plus sombre que jamais :

<< La… « chose » s’était approchée. D’un coup, elle sauta désespérément depuis la table pour saisir le ruban ; mais je reculai, par réflexe, et elle s’écrasa au sol. Alors, ses sanglots redoublèrent… jusqu’à ce qu’elle se rende compte que le choc avait brisé la nuque de son déguisement. Alors, ce ne furent plus des larmes… Ce furent des hurlements stridents. À briser les tympans, à torturer les cœurs ; des cris qui évoquaient la voix d’une petite fille mais en plus horrible, en plus perçant, en plus terrifiant. Des cris tordus par le chagrin, le désespoir… et la haine, pour les coupables. Nous.>>

Qu’imaginaient-ils comme suite ? Sentaient-ils eux-mêmes qu’il n’y avait plus rien à sauver, ou se berçaient-ils d’illusions ? Dans ce dernier cas, ils te détesteront pour la suite… mais tant pis. Tu as été trop loin pour t’arrêter maintenant.

<< Elle voulait notre mort et était devenue un monstre capable de rendre fou quiconque découvrait ce qu’elle était devenue, Claude en était la preuve : nous n’avions plus rien à faire dans ce manoir. Alors, malgré l’épuisement et l’échec, nous commençâmes à courir vers l’entrée – ou plutôt la sortie –, poursuivi par l’horreur ivre de vengeance ; mais elle fut vite semée, et seuls ses hurlements nous parvenaient encore. Pour autant, nous ne ralentîmes pas notre course malgré la fatigue: avoir survécu jusqu’ici nous semblait être un miracle, il était temps de foutre le camp et ordonner aux villageois de ne jamais s’approcher.

Oui, nous avions encore une chance de nous en sortir… et pourtant, alors que nous courions vers la sortie, Johanna changea d’avis. Elle venait de regarder par une porte ouverte et, surprise, me cria :
 - Elijah ! Il y a un gosse ici !
Avec un juron, je lui hurlai de courir ; elle refusa. Je m’approchai, décidé à en finir.

Elle avait raison. Un enfant occupait cette pièce sans lumière, sans meubles, sans fenêtres. Dans sa main, il tenait une petite pelle avec laquelle il creusait dans le sol et formait un tas de sable. Méthodiquement. Encore. Et encore. Il n’avait pas réagi à nos cris, à notre présence. Il psalmodiait doucement :
 - Creuser…. Creuser… Creuser… Creuser…. Creuser… Creuser… Creuser…. Creuser… Creuser…
La scène était irréaliste ; et Johanna ne tenait plus. Elle voulait donner un sens à tout ça, à Claude, à cette chose qu’était devenue la gamine, elle ne pouvait pas abandonner ce gosse – peu importe son état ou le danger.
 - Bon… j’y vais, Eli.
 - NON ! ATT-

Avec un frisson d’horreur, je venais de remarquer les deux sphères brillantes dans le sable ; deux yeux malveillants, affamés, concentrés. Mais Johanna ne me laissa pas le temps de la retenir. Elle fonça dans la pièce.

La porte claqua derrière elle. Pris d’un horrible pressentiment, je me mis à tambouriner violemment dessus, à tenter de la forcer par tous les moyens, à décharger en vain mon flingue sur la serrure. Je devais la sauver, au moins elle ; nous étions proches de la sortie, de l’abri…
 - JOHANNA, BON SANG ! SORS !
Et puis… mes craintes prirent forme. Un fracas atroce me parvenait depuis l’intérieur ; les cris épouvantés de Johanna, ses ongles faisant frénétiquement crisser le sol, ses appels à l’aide désespérés, le son de choses glissant lentement mais inexorablement dans le sol. Et puis…

Plus rien. Un silence absolu s’était abattu brusquement sur le manoir. Je n‘entendais plus sa voix, elle ne répondait pas à mes appels… comme si j’avais tout imaginé, que je venais de me réveiller.

Alors, lentement, la porte s’ouvrit devant moi.

Elle n‘était plus là. L’enfant non plus.

Comme s’ils n’avaient jamais existé.>>
Tu te tais. La douleur qui pointe subtilement dans ta voix… elle a quelque chose de sincère, cette fois. Tu as vécu tout cela, après tout, cette perte brutale…

Mais le récit n’est pas terminé. Il reste le final, bien entendu.


_____

<< J’étais seul, à présent, mais toujours déterminé à survivre. La sortie était proche : je l’atteignis rapidement. Je me jetai sur les portes et secoua frénétiquement la poignée…en vain.  Elles étaient fermées à clef – ou magiquement.

Alors, une voix moqueuse grinça dans mon dos :
 - Vous voulez déjà partir ? Nous avons à peine fait connaissance…
Je me retournai lentement, tentant de garder mon sang-froid. Il se tenait en haut de l’autre côté de la pièce, en haut d’escaliers pourpres. J’avais reconnu la voix : c’était celle du gosse qui nous avait accueilli, celui qui avait attiré ses proies jusqu’ici. Pourtant, il y avait une différence…

Ses yeux étaient rouges.
 - Restez donc ! Depuis que j’ai perdu mes treize amis, je m’ennuie tellement ici, je suis si seul… Je ne suis pas sûr de réussir à faire rester tous nos invités, malheureusement ; il faut bien des regrets et pensées sombres pour devenir un spectre ! Mais vous… Vous ! Vous avez ce potentiel.
La plupart auraient abandonné la partie, à cet instant, perdu espoir ; mais… je n’en avais jamais eu, alors comment le perdre ? Je comptais encore foutre le camp et, plus tard, brûler ce foutu manoir. Alors, dissimulant mes craintes sous un visage impassible, je lançai :
 - Et la gamine ? Vous l’avez tuée et elle est restée. Que cela vous suffise, et tout ira bien…
Il eut alors un rire léger. Trop léger. Comme les notes d’une mélodie oubliée, sans musiciens, qui ne croit plus elle-même à ce qu’elle chante.
 - Elle ? Elle ne fait que pleurnicher… Et puis, je ne l’ai pas tuée. C’est lui qui s’en est occupé.
Un frisson me parcourut l’échine alors que ce « lui » sortait de l’ombre, aux côtés de l’enfant.

Un skelénox.

Il me fixait de ses yeux rougeoyants, vides et pourtant plein de promesses… De sanglantes promesses.
 - Apparemment, vous êtes sa nouvelle proie ! C’est un excellent traqueur, vous savez… Fuir ne fera que vous torturer plus longtemps. Il est infatigable. Inexorable. Fatal. Cruel.
À chaque adjectif, son sourire s’élargissait encore, jusqu’à s’étirer de façon inhumaine, impossible pour un enfant ; littéralement jusqu’aux oreilles. Alors, sa peau se teinta de mauve, ses bras s’épaissirent, jusqu’à ce que l’illusion soit pleinement brisée. Un ectoplasma, un foutu monstre surévolué.

Et pourtant… ils n’étaient que deux. Et je n’avais plus rien à perdre. J’avais toutes les chances d’y passer dans les pires tourments, mais… pas sans essayer de m’en sortir. Je sortis mon pistolet, ce qui ne fit qu’élargir son sourire : bien sûr, ils ne craignaient pas les balles…  Mais le feu ?

Je tirai trois fois, et réussis à atteindre le chandelier au-dessus du skelénox. Il chuta lourdement sur ce dernier et, en une paire de secondes, l’embrasa : un sifflement strident de douleur me vrilla les tympans alors que le monstre se roulait frénétiquement sur le sol – ne faisant que répandre le feu sur le tapis. Je ne pouvais qu’espérer l’avoir mis hors service, et non l’avoir juste davantage énervé… Oui, je craignais sa vengeance. Mais, pire : il n’était pas seul.

Le visage de l’ectoplasma se tordit d’une rage mal contenue, d’une envie manifeste de vengeance. Il n’aimait pas perdre, même un peu, et ne supporterait pas de voir sa proie lui échapper. D’une voix plus grinçante que jamais, il me lança, d’une amabilité dégoulinante de sarcasme :
 - Vous êtes plutôt un enfant turbulent, vous, non ? Ça tombe bien, c’est notre spécialité…
 - Un gosse ? J’ai jeté ma dernière peluche depuis longtemps,
grognai-je en retour.
Alors… il eut un sourire torve.

Crispé, mélange de triomphe et de haine. Comme si je venais de dire les meilleurs mots qu'il puisse imaginer.
 - Vraiment ? Quelle cruauté pour votre ancien ami… N’est-ce pas, les garçons ?
De toute part, des espèces de marionnettes brisées et sales surgirent, agitant leurs griffes avec une impatience menaçante. Des branettes, des peluches abandonnées et ivre de rancœur… et qui venaient de trouver une cible à leur vengeance.

Ils s’approchaient lentement, savourant l’instant, savourant l’angoisse qui me tordait les tripes. Avec un juron, je saisis une chaise proche et la balançai contre une vitre. Elle résista ; j’en saisis une deuxième et me mis à frapper sur cette foutue fenêtre, encore, encore, jusqu’à en avoir les mains qui saignent, jusqu’à ce que la chaise se brise morceau par morceau. La panique me gagnait, j’entendais les pas feutrés s’approcher inexorablement, leurs griffes glisser les unes sur les autres, leur regard brûlant sur mon dos ; et je frappais, encore et encore, enchaînant les pires jurons…

Et la vitre explosa.

Tout fut comme suspendu. J’étais libre. Je pouvais fuir. Echapper à ces spectres.

Le hurlement de l’ectoplasme brisa l’instant, et je me jetai hors du manoir.
 - Skelénox te trouvera, imbécile ! Tôt ou tard, et tu crèveras comme un chien ! C’est une promesse !
Je ne l’écoutais plus. Sans me retourner, je courus, encore et encore, à travers cette foutue forêt ; pendant dix minutes, une heure, un siècle peut-être. Et puis… je vis les lumières du village.

J’étais sauvé.

Derrière moi, des yeux m’observaient. Treize paires. Et dans ces lueurs pâles, dans leur façon de baisser la tête et disparaître dans les ombres, je devinais leur déception. Le manoir sera toujours là, leur ancien ami aussi. D’autres souffriront de même, hanteront les lieux. Claude, peut-être, ou Johanna… Et cette gamine, ou ce qu’il en reste sous sa robe déchirée.

Mais j’étais sauf. C’était ce qui comptait. Enfin…

C’est ce que je pensais..>>
Tu inspires. Expire. Balaie leurs regards captivés – tu l’espères – et explique :
<< Je vous ai dit que j’étais nouveau ici, n’est-ce pas ? J’ai dû fuir. Fuir cette paire d’orbes rouges qui apparaissait dans chaque coin sombre, qui hantait chacune de mes nuits, qui me suivait où que j’aille, inlassablement. Il l’avait promis… le skelénox me suivrait, éternellement. Attendant le moindre moment de faiblesse, d’inattention. Il se méfie à présent, il sait que je ne suis pas une proie facile…>>
Tu jettes un regard aux bois qui vous entourent, comme y cherchant quelque chose des yeux. Puis à une ruelle sombre proche.
<< Peut-être même m’a-t-il suivi jusqu’ici… Peut-être m’observe-t-il, sa faux prête à me trancher la gorge, caché dans l’ombre.>>
Alors, tu plonges ton regard dans le leur et murmure :
<< … Inlassablement.>>
Plus personne ne parle. Des regards inquiets sont jetés à chaque coin sombre proche, des sourires mal à l’aise, des mains qui se tordent.

Et puis, l’un d’eux, un adolescent, lance bravement – ou plutôt, pour tromper sa peur :

 - … ouais, sauf que ça aussi, c’est des conneries ! Eh…
Tu le fixes de ton regard le plus glacial, mais tu restes muet.

Lentement, tu te lèves de ton siège. Plonge la main dans ta poche.

Tu en ressors un long ruban un peu sale. Il glisse entre tes doigts et s’écrase doucement au sol.

Rose.

Alors que leur regard se fixe sur le ruban, tu quittes la scène et te déplace vers le flux de passants. Tu jettes un dernier regard aux enfants en premier rang…

Puis tu disparais dans la foule.


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