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sorry not sorry (auguste)
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sorry not sorry (auguste) 100313

sorry not sorry

Jade & Auguste


Ça fait quelques semaines que tu as commencé à travailler ici, que tu as décidé de prendre un boulot pour ainsi pouvoir vivre de façon indépendante. Tu ne veux dépendre de rien ni personne et donc, pour ça, il te faut une certaine stabilité financière. Bon, ta situation n’est pas vraiment parfaite, il t’arrive de dépenser un peu plus que prévu ou alors faire un peu moins de pourboires que les semaines précédentes mais t’arrives quand même à t’en sortir tant bien que mal. C’est pas toujours facile mais c’est la vie et donc, tu ne peux qu’aller de l’avant et faire du mieux que tu peux pour garder cette indépendance fraîchement acquise. Et pour ça, tu te dois de travailler quelques soirs par semaine, surtout les fins de semaine à vrai dire, dans ce bar que tu as connu en cherchant justement un endroit où ils pourraient t’embaucher. Parce que tu n’avais ni qualification ni grande étude ni expérience de travail. Tu ne pouvais donc pas te montrer trop exigeante puis, au final, t’aimes bien la place et ta patronne est assez sympathique.

Il s’agit donc d’une soirée comme les autres. Une soirée banale. T’es perchée sur des talons hauts peut-être un peu trop hauts, tendant de passer outre l’inconfort en te disant que c’est pour la bonne cause. Parce que bon, tu l’as remarqué, ce sont les soirs où tu as mis le plus d’efforts dans ta tenue que tu reçois le plus de pourboires. Tu peux donc supporter tes chaussures le temps d’une soirée, ceux-là même qui marquent chacun de tes pas d’un claquement régulier contre le sol. Claquement presque pressé tandis que tu quittes une table pour te diriger vers le bar avant d’y revenir. Pas si pressé que ça parce que la soirée est tranquille. Il y a quelques clients réguliers, quelques groupes ici et là mais la scène est vide pour aujourd’hui, le public est donc moins présent. Tous préfèrent sans doute profiter d’un verre entre amis ou collègues dans cet ambiance tenant plus du speakeasy que de la grosse boîte de nuit. Une clientèle un peu plus mature que ce que tu retrouves lorsque tu sors toi-même en boîte de nuit.

C’est pas pour te déplaire.
Généralement, ces gens-là ont plus d’argent.

Pas que tu penses qu’à l’argent mais si quand même. En tant que jeune adulte qui tente de s’en sortir seule dans ce vaste monde, t’as pas trop le choix. Tu as pris la commande d’un homme assis sur l’une des banquettes, le rassurant que tu t’empresses de revenir avec son verre et lorsque tu es finalement de retour vers lui, quelqu’un te bouscule. Un accident bête, une légère perte d’équilibre. Pas assez pour t’envoyer au sol mais assez pour te faire renverser le verre sur ton client. Et merde. Tu grimaces un peu, pas enchantée par l’idée. Pas tant parce que tu viens d’embêter un homme, non, ça vraiment t’en as rien à faire en fait, mais plutôt parce que tu vois ton potentiel pourboire s’envoler. Alors tu affiches ton plus beau sourire contrit, t’efforçant de sortir ton plus beau jeu d’acteur.

- Oh ! Je suis désolée. Terriblement désolée, plus pour toi-même que pour lui, mais ça, il n’est pas obligé de le savoir. - C’est que… Tu essaierais presque de te justifier avant de te raviser, ne trouvant même plus le coupable des yeux. Ça te donne envie de pester, voir même d’insulter le premier qui passe, mais tu te retiens, tout ça pour faire bonne figure. - Y a-t-il quelque chose que je peux faire ? Offrant ainsi ton aide sans trop savoir exactement ce que tu peux faire. - Je vais d’abord commencer par… Nettoyer la table, ça te semble être une bonne idée tandis que tu déposes un linge sur cette dernière. - Et je vais vous ramener un verre. Et je vous l’offre. Parce que je suis vraiment, vraiment désolée. Peut-être que t’en fais trop. Peut-être que ton ton est trop mielleux. T’en sais rien. C’est ton premier boulot. La première fois de ta vie où tu te dois d’être presque hypocrite, tout ça pour respecter un code tacite de service à la clientèle. Pas facile tous les jours que d’être à ta place.
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« Qu’est-ce qu’il lui trouve de plus qu’à moi, hein ? »

Les yeux larmoyants, la blonde posa son regard sur Auguste, assis de l’autre côté de la table. Eh, quoi, elle attendait vraiment une réponse ? L’homme fit mine de réfléchir une seconde avant d’hausser les épaules pour simplement dire qu’elle était trop bien pour lui. Pas le moins du monde convaincue, Sarah plissa ses grands yeux verts jusqu’à reporter son attention sur son cocktail à moitié vide. Elle porta la paille à ses lèvres et replongea dans ses pensées. Cela faisait combien de verre pour elle ? Cinq ? Six ? Auguste n’avait pas compté mais les effets de l’alcool commençaient à se voir chez elle. Avec son regard vide et ses jours légèrement rougie, il n’y avait aucun doute à avoir sur le fait qu’elle soit éméchée. L’ancien ranger était quant à lui plus modéré. S’il avait pris deux ou trois bières sur la soirée, il avait habilement commandé un café ou une limonade par moment. Il devait encore prendre le volant pour rentrer jusqu’à Nemerya, il devait donc se montrer prudent avec l’alcool – ce qui n’était pas le cas de sa jeune amie.

« Peut-être que je devrais rappeler Marc… » souffla-t-elle à mi-voix.
« Je préfère que tu t’abstiennes. Je n’ai vraiment pas envie de me battre ce soir. »

Leur regard se croisèrent. Un sourire entendu et ils ricanèrent de concert. L’agréable rire de la jeune femme fut ponctué par un « T’es bête. » qu’elle ne pensait pas, de toute évidence. La plaisanterie apporta une distraction bienvenue pour elle détourner son attention de sa peine de cœur. L’homme qu’elle avait suggéré de recontacter était un de ses ex, avec qui Auguste ne s’entendait pas. Leur première rencontre s’était terminée lorsque le champion lui avait collé son poing dans la figure. Marc et lui étaient depuis à couteaux tirés. C’était une personne toxique et pour être honnête, mieux valait que Sarah se tienne le plus loin possible de lui. Entretemps, le brun apostropha la serveuse pour lui demander un verre de limonade.

« Mais tu as raison. Après j’enchaîne avec une soirée entre filles, il n’y a pas de place pour les mecs ! »

Vu l’état dans lequel elle se trouvait déjà, il avait peur d’imaginer à quoi elle ressemblerait à la fin de la soirée. Enfin, sortir lui ferait du bien. Pour soulager un cœur brisé, il n’y avait rien de tel que de se changer les idées. Faire la fête, boire de tout son soûl et subir le lendemain était une recette qui avaient maintes fois fait ses preuves. Les filles dont il était question, Auguste en connaissait quelques-unes. Cela le rassurait car elle allait être bien entourée. Elles ne devraient d’ailleurs plus tarder. L’heure convenue approchait. D’ailleurs, le portable de Sarah vibra l’instant d’après, comme si le fait d’y pensait avait déclenché la chose. Juste en la voyant vider son verre d’une traite, il comprit qu’elle s’apprêtait à y aller.

« Laisse, c’est pour moi. » dit-il lorsqu’elle sortit son portefeuille de son sac à main.
« Merci… Tu es sûr que tu ne veux pas venir avec nous ? »
« Tu viens de dire qu’il n’y avait pas de place pour les hommes. »
« Elles peuvent faire une soirée entre filles et nous une soirée entre nous. »


Pour toute réponse, Auguste roula des yeux. Cela provoqua un soupir chez elle, qui se releva avant de reprendre la parole avait l’air le plus dramatique possible.

« Encore quelqu’un qui me rejette, suis-je donc condamnée à noyer mes problèmes dans l’alcool. »
« Comme si ça te dérangeait. »
« Pas le moins du monde, c’est vrai. »
répondit-elle en faisant le tour de la table pour aller se blottir contre le Pulsar. « Merci de m’avoir tenu compagnie cet après-midi. C’était sympa de te revoir, même si je n’étais pas au meilleur de ma forme aujourd’hui. Tu me préviens quand tu repasses sur Artiesta, n’est-ce pas ? »
« Et toi sur Nemerya. »
« Marché conclu. Bonne soirée Auguste, et à tout bientôt. »


Elle l’embrassa sur la joue et consentit à le lâcher pour se diriger vers la sortie du bar. Un dernier signe de la main lorsqu’elle ouvrit la porte et Sarah disparut dans la nuit d’Artiesta même si, pour elle, la soirée ne faisait que commencer. La serveuse, une jeune pousse qui ne devait pas avoir plus de vingt ans, revint avec la limonade qu’il avait oublié avoir commandé. Ah ! S’il avait su que son amie partirait si tôt, il n’aurait peut-être pas repris quelque chose à boire.

Si le destin voulut exaucer son souhait, il le fit d’une manière singulière car quelques secondes plus tard, le verre était vide après avoir généreusement arrosé le pantalon et la chemise du pulsar. Surpris, ce dernier eut un mouvement de recul mais c’était déjà trop tard. Il sortit par réflexe son téléphone de sa poche, histoire de ne pas ajouter une tragédie à cet incident, alors que la serveuse se confondait en excuses.


« Il n’y a pas de mal, ça arrive. » répondit-il sans se démonter.

Il quitta sa banquette pour la laisser essuyer sa maladresse. Les dégâts sur ses vêtements étaient minimes et il n’avait pas l’habitude de s’énerver pour si peu. L’espace d’un instant, Auguste voulut rétorquer qu’il comptait de toute façon y aller et refuser en même temps le verre qu’elle proposait de lui offrir mais une supplique en provenance de son estomac le poussa à se raviser. Il commençait à se faire tard et il n’avait encore rien mangé depuis ce midi.


« Je prendrai un café, à la place. Vous pouvez mettre un plateau de fromage avec, s’il vous plait. »

Il la laissa s’affairer au nettoyage et s’éloigna sans ajouter un mot. Arrivé au niveau du bar, Auguste prit place sur une chaise haute et attendit patiemment que la serveuse trouve le temps pour s’occuper de sa nouvelle commande. Maintenant qu’il était seul, il n’avait plus besoin d’occuper une table de quatre – il ne comptait pas s’attarder, de tout façon.
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sorry not sorry (auguste) 100313

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Jade & Auguste


Semblerait-il qu’aussi honnête tu te ventes d’être, tu sais te montrer un peu hypocrite lorsque la situation le veut. Ou alors c’est que t’es sincèrement désolée, juste pas vraiment de l’avoir embêté ni pour son costume. Dans tous les cas, tu lui offres ton meilleur sourire contrit tout en déposant ta serviette sur la table pour tenter de nettoyer un peu le précédent accident, faisant aussi ton possible pour te montrer calme. Heureusement que le réel coupable n’était plus dans ton champ de vision, autrement les choses auraient pu se dérouler un peu différemment. - C’est noté, pour le café et le plateau de fromage. Je vous ramène ça rapidement. Tu abandonnes donc la table quelques instants, allant aviser ceux travaillant derrière le comptoir ce qu’il te fallait avant de retourner terminer ce que tu as commencé, armée d’un produit nettoyant ainsi que d’une serviette supplémentaire.

Une fois toute trace de l’accident effacée, tu peux donc retourner vers le bar pour ensuite faire glisser devant l’homme ce qu’il t’avait commandé. - Voilà pour vous. Sans accident cette fois-ci. Tu fais preuve d’un peu d’humour, ton naturel te rattrapant assez rapidement, espérant qu’il y soit réceptif. Autrement, tant pis, même si tu ne voulais pas vraiment donner l’impression de te moquer du précédent événement. Peut-être que tu aurais dû te taire, finalement, parce que rien ne t’indique qu’il ne se vexera pas à ton commentaire pouvant potentiellement sembler très peu professionnel. Tu ne te laisses toutefois pas démonter par ces quelques pensées qui traversent ton esprit, affichant toujours un sourire se voulant agréable, te disant seulement que c’était finalement plus difficile que tu ne l’aurais cru aux premiers abords, travailler avec des clients.

Ou, tout du moins, travailler avec des clients qui se croyaient tout permis et qui s’attendaient à ce que tu puisses leur offrir leur monde sur ton joli plateau d’argent.

- Laisses-moi… Laissez-moi savoir... Tu te rattrapes, n’ayant pas pour habitude de t’embarrasser de mettre trop de formes à tout ce que tu dis. Pas que tu as été mal élevée, t’as juste jamais vraiment compris l’intérêt de tous ces artifices pour respecter un certain code social qui t’échappe plus souvent qu’autrement. - Si vous avez besoin de quoi que ce soit de plus. C’est la moindre des choses, déjà parce qu’il est un client et ensuite parce que bon, t’es pas non plus terrible et sans coeur. T’es peut-être pas coupable de l’accident (chose que tu nierais en bloc si on venait qu’à t’accuser) mais t’es celle qui avait malheureusement le verre dans ses mains.

Tu retournes vaquer à tes occupations, quelques instants, servant d’autres clients avant de revenir vers le bar. La soirée est tranquille, un peu trop à ton goût, mais bon, ça, t’y peux pas grand chose. Et tes chaussures sont de plus en plus inconfortables, et ça non plus, t’y peux pas grand chose, la seule à blâmer étant toi-même. Tu prends donc un moment pour t’asseoir, de l’autre côté du comptoir, non loin de l’homme s’y étant assis seul avec son plateau de fromage. - Je me suis toujours demandée pourquoi est-ce que certaines personnes s’assoient seules dans des bars. C’est une question que tu lui adresses de manière plus ou moins détournée, qui t’a surtout échappé des lèvres faute de ta curiosité bien souvent mal placée. Peut-être que t’es trop jeune pour comprendre, trop toi pour apprendre à aimer la tranquillité d’un moment seule avec toi-même, sans doute même que c’est ça. Et donc tu te poses la question, glissant ton regard vers lui, tentant de voir s’il est ouvert à la discussion ou s’il préfère profiter de son plateau de fromage en toute tranquillité. Seul, donc.
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« Merci. » répondit-il en lui adressant un sourire en coin en réponse à sa plaisanterie.

Le fromage était à peu près tout ce qu’il attendait en provenance d’un bar : pas infect, mais rien d’exceptionnel pour autant. Cela dit, Auguste accueillit à bras ouvert le fait de se mettre quelque chose sous la dent. Puis, il avait été servi rapidement et sans que la serveuse maladroite ne lui fasse prendre une douche de fromage. Il n’avait pas à se plaindre.

Son choix se faisait à l’instinct. En fonction de la couleur, de la forme ou tout simplement de la distance vis-à-vis de sa main droite, le brun goûtait les fromages sans avoir d’ordre précis en tête. De toute façon, l’assortiment au complet risquait d’y passer. Alors qu’il commence par le brie ou le cantal, c’était du pareil au même. Puis, lui, il était juste content de pouvoir manger. Le sandwich dévoré sur le pouce à midi l’avait calé pour les heures qui suivaient mais maintenant qu’il commençait à se faire tard, son estomac semblait prendre un malin plaisir à lui demander de l’attention. En réfléchissant au temps qu’il lui faudrait pour rentrer jusque Nemerya et à son frigo vide, Auguste avait conclu qu’il était dans son intérêt de prendre un semblant de repas avant de quitter Artiesta. Puis, cela lui éviterait de passer par un fast-food. S’il s’entretenait et était en bonne forme, faire attention de temps à autre ne lui ferait pas de mal, surtout qu’il n’avait pas été particulièrement actif ces derniers jours.

Perdu dans ses pensées, le champion d’arène ne remarqua pas que la serveuse avait décidé de s’accorder une pause – méritée ou non – de l’autre côté du comptoir. Cette dernière le ramena sur terre quand elle décida de lui adresser la parole pour lui posée une question que d’aucuns auraient trouvée déplacée. Il termina de mâchonner ce qu’il avait en bouche avant de prendre une gorgée de café – noir, comme toujours.


« Je me pose la même question, quelquefois. »

S’il disait cela comme si ça ne le concernait pas, Auguste avait tout de même compris qu’elle parlait de lui. S’il était encore accompagné il y a de cela quelques instants, ce n’était plus le cas car le voici seul et accoudé au comptoir de ce bar. Il ne lui manquait plus qu’une grande pinte de blonde et il serait digne des plus grands piliers de comptoir. Il lui était déjà arrivé de se rendre seul dans un café, que ce soit pour tuer le temps avant de prendre un bus ou parce que le serveur était un ami, mais ce n’était pas une activité récurrente pour lui.

« Je suis seul depuis cinq minutes et déjà, je me dis que je pourrais faire la même chose mais au calme, ailleurs. Chez moi, par exemple. Quitte à être tout seul, je ne comprends vraiment pas les gens qui préfèrent être dans cette ambiance plutôt qu’une autre. »

Auguste avait souvent ces moments où il avait besoin d’être seul. Que ce soit pour réfléchir ou se relaxer, il lui arrivait souvent de s’isoler des autres personnes qu’il avait dans sa vie. C’étaient des occasions pour lui de se concentrer sur lui-même. Il méditait ou lisait, entre autres, mais il lui arrivait aussi de sortir se balader voire carrément de partir à l’aventure. Lui qui appréciait tant le contact de la nature, il n’était pas rare de le voir fourrer tout ce qui lui semblait nécessaire dans un sac puis de grimper dans sa voiture et de filer en direction de n’importe quel coin ayant suscité son intérêt à Lumiris.


« Et pour ma part, je ne comprends pas les serveuses qui posent des questions aussi risquées sans y mettre les formes. Je pourrais croire qu’elles insinuent que je suis un homme tristement seul et me jugent pour ça. »

Un sourire plus franc ourla ses lèvres. Quelles que soient les intentions de la jeune femme, Auguste n’avait pas pris ça à cœur. Il en fallait plus que ça pour le froisser mais il s’étonnait tout de même qu’elle soit venue lui poser une telle question. Était-ce de l’audace ou de la maladresse ?
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Jade & Auguste


Il ne fait aucun doute que ta question est déplacée mais ça ne t’empêche pas de la poser quand même. Parce que t’es curieuse. Parce qu’il ne te semble pas bien méchant. Il ne s’est pas énervé plus tôt lorsque tu as renversé son verre et il a même étiré un sourire à ton trait d’humour, un peu plus tôt. Tu te dis donc que les risques sont moindre. Enfin, c’est sans doute ce que tu dirais si tu avais pris le temps de réfléchir. La vérité ? Ça t’a échappé, comme ça t’arrive bien souvent. Tu parles plus vite que tu ne réfléchis. Tu parles plus souvent que tu ne réfléchis, en vrai. C’est quotidien, ça, pour toi. Tu parles sans trop te soucier de ce que tu dis, la curiosité arrivant bien souvent à avoir le meilleur de toi-même. Comme à cet instant précis où tu es assise non loin de l’homme, appuyée contre le bar à siroter un verre de jus de pomme. Tu préfères éviter l’alcool, lorsque tu travailles, ne serait-ce que parce que tu ne tiens pas très bien l’alcool.

Seul depuis cinq minutes. Ah oui, tu l’avais déjà oublié, la jolie demoiselle qui s’était éclipsée peu avant que l’accident se produise. T’es pas du genre à faire attention aux détails ou encore à te souvenir de ce genre de trucs. Mais bon, ça limite un peu l’intérêt de ta question, parce que ça ne fait pas bien longtemps qu’il est seul ici. Quoique, non, l’intérêt est toujours présent. Pourquoi être resté ici plutôt que d’être rentré ? Tu laisses finalement entendre un rire, amusée par sa réponse, que ça ait été son intention ou pas. Parce qu’il se pose ces questions alors que lui-même se trouve dans cette situation et ça suffit à t’amuser. T’es vraiment un bon public ou alors c’est peut-être juste que tu rigoles vraiment beaucoup trop, de tout et de rien.

Tu n’as toutefois pas droit à une véritable réponse, que des questions sous formes de faits racontés. Un sourire vint décorer tes lèvres avant que tu ne fasses mine de réfléchir. - C’est vraiment pas du jugement, hein. Que tu précises. - Mais c’est pas rare qu’il y ait des hommes tristement seuls appuyés à ce bar. Est-ce que ça s’applique à lui ? Ça, tu ne l’as toujours pas déterminé. - Mais je sais pas, moi, quand je sors, c’est pour passer du bon temps. Pas pour bah… Tu sais pas trop comment formuler ta phrase. Et là encore, tu ne parles pas spécialement de lui. Tu parles de tous les autres que tu as vu défiler. Tu t’es juste dit que c’était le bon moment de questionner quelqu’un qui en saurait peut-être plus sur la question. - Pas pour rester seul ou être triste. Mais bon, ça c’est ce que toi tu fais. Toi jeune de dix-neuf ans qui a encore toute la vie devant elle et qui n’a pas encore été malmené par le temps et les épreuves.

- Je dis pas que c’est une mauvaise chose. Ou enfin, si, peut-être. Mais tu préfères ne pas le dire. Tu préfères ne pas porter de jugement. Qu’est-ce que tu connais de la vie ? Des épreuves ? Des malheurs ? Tu peux pas porter de jugement sur la peine des autres. Pas alors que ta plus grande peine a été ce coeur brisé lorsque tu avais à peine douze ans. - ‘Fin, voilà, je me demandais juste en fait. Qu’est-ce qu’il y a de plus à cette ambiance qu'à une autre ? J’aurais plus compris une boîte de nuit, c’est marrant danser mais là… Je sais pas trop. Tu sais pas. T’as pas honte d’admettre que tu ne sais pas. Surtout après un discours aussi maladroit de ta part.

Mais c’est fait sans méchanceté. Sans envie de juger ou encore blesser. T’es juste curieuse. Quelque chose t’échappe. T’aimes bien le bar dans lequel tu travailles, c’est bien vrai, mais tu te dis qu’il y a sûrement mieux comme ambiance pour remonter le moral. Comme danser, l’exemple que tu as donné. C’est certes, pas pour tout le monde, mais ça a au moins le mérite d’être marrant. - Genre toi, pourquoi est-ce que tu as préféré être ici plutôt qu’ailleurs, là, maintenant ? Une question que tu lui adresses tout en affichant un léger sourire. Comme pour lui illustrer toute la naïveté, toute l’innocence derrière tes propos.
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La bouche pleine, Auguste se contenta de hocher la tête en signe d’assentiment à mesure que la jeune femme parlait. Sur le fond, il était d’accord avec elle. C’était une drôle d’idée de se rendre seul dans un bar quand on n’avait rien à faire. À part ennuyer les clients ou les employés pour s’en servir comme partenaire de conversation – parce que les gens seuls dans un café venaient toujours faire un brin de causette – le pulsar peinait à voir l’utilité de la chose. Elle aussi. Elle se creusait d’ailleurs beaucoup trop la tête pour trouver une raison logique à ce comportement. De son côté, lui, il avait abandonné depuis longtemps l’idée de cerner l’explication derrière tout cela. Si un triste sire souhaitait rester seul dans les bars, grand bien lui fasse. Avec les années, Auguste avait appris à accepter les hobbies et passe-temps des gens sans poser de question. Une sagesse qui semblait échapper à la jeune serveuse.

« Et encore, aller en boîte de nuit seul, ce n’est pas beaucoup plus glorieux. » commenta-t-il après avoir avalé. « Je suppose qu’ils font ça pour voir du monde et sortir un peu de chez eux, sans nécessairement vouloir faire la fête jusqu’au bout de la nuit. »

Cela faisait un moment qu’il n’avait plus mis les pieds en boîte de nuit. Il n’avait jamais été un habitué de ce genre d’endroit mais durant ses années d’études, il avait côtoyé de très près le monde de la nuit. À présent, il s’y rendait de temps en temps, surtout lorsqu’il retournait à Hoenn et fêtait ses retrouvailles avec d’anciens camarades. L’homme avait de sacrées soirées derrière lui mais depuis quelques temps, il se modérait. Déjà parce qu’il avait une image à entretenir mais aussi parce qu’à présent, il avait tendance à faire des soirées en plus petit comité ou à simplement aller boire un verre dans un bar tranquille avec quelques amis. Elles étaient loin, les soirées en boîte qui se poursuivaient jusqu’au matin où il devait se rendre en cours dans un état parfois lamentable.

« J’avais faim. »


Une réponse honnête et concise. Si la manière dont ses lèvres s’étiraient laissait penser qu’il racontait n’importe quoi, il était on ne peut plus sérieux. Comprenant qu’il ne pouvait pas laisser la jeune femme là-dessus, il reprit la parole, les mains posées sur la tasse de café comme s’il profitait de sa chaleur.

« Je ne comptais pas m’attarder. Encore moins après ce petit accident. » fit-il en baissant les yeux vers sa chemise blanche marquée par la maladresse de la serveuse. « Mais vu l’heure, mieux valait grignoter quelque chose ici plutôt que d’attendre d’être à Nemerya. C’est tout. Donc en un sens, même si l’endroit m’a fait bonne impression, je préfèrerais être ailleurs qu’ici. »

Il ne connaissait pas ce bar avant aujourd’hui. C’était Sarah qui l’avait amené ici pour boire un verre. Auguste ne se rendait pas si souvent que cela sur Artiesta, aussi avait-il suivi la suggestion de sa jeune amie, s’en remettant à son jugement. Il n’était pas certain de revenir ici mais s’il était à nouveau de passage dans le coin et qu’il cherchait un bar pour se poser, pourquoi pas.

« Pas mécontent d’avoir quelqu’un pour me tenir compagnie, en tout cas. Heureusement que c’est calme, ce soir. »

Il avait ajouté cela sans vraiment savoir si les autres soir étaient plus agités qu’aujourd’hui. Peu important. Le but de la manœuvre était de signifier à la serveuse qu’elle ne le dérangeait pas. Au contraire, il appréciait avoir quelqu’un près de lui pour tailler le bout de gras pendant qu’il mangeait. Comme ils l’avait si bien souligné il y a quelques instants, être seul au bar était terriblement triste. De même, elle pouvait continuer de le tutoyer, il ne s’en formalisait pas.

« Vous êtes ici en boulot étudiant ? »

Question innocente. Puisqu’elle se montrait si bavarde et faisait preuve de si peu de tact, Auguste n’allait pas se gêner pour inverser les rôles. Il était curieux. Curieux de cette jeune serveuse qui semblait si peu décidée à travailler, qui avait un rapport à la clientèle si particulier et qui ne semblait pas réaliser poids de ses mots. Puis, ça faisait de la conversation et il aimait ça.

« Ça fait tard, pour un soir de semaine. » souffla-t-il, comme s’il s’adressait à lui-même.

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Jade & Auguste


Tu te tais quelques instants, le temps de le laisser parler avant de simplement hocher de la tête. Ouai, c’était peut-être ça. Changer de décor. Voir autre chose, peut-être tenter de rencontrer de nouvelles personnes. Tu pourrais presque comprendre, ne serait-ce que parce que tu aimes rencontrer de nouvelles personnes. La seule différence est que tu ne connais pas vraiment la solitude. Sans avoir une quantité folle d’amis, tu te dois d’admettre que t’es bien entourée. Qu’il y a plusieurs personnes qui font parties de ta vie, certaines personnes plus importantes que d’autres. Tu ne peux donc pas vraiment comprendre ce que cherchent les malheureux prisonniers d’une solitude qui ne leur convient pas. Et t’espères ne jamais comprendre, en fait. Parce que ce n’est pas pour toi que d’être seule. C’est pour ça que tu aimes Artiesta. Pour ce brouhaha constant. Pour cette cacophonie qui résonne dans les rues, dans ton appartement, peu importe l’heure. Parce que la ville est vivante. Parce que tu as besoin d’être autres pour te sentir toute aussi vivante.

Tu lui retournes la question, ton regard brillant d’un éclat curieux. Tu lui demandes pourquoi est-ce qu’il est ici plutôt qu’ailleurs. Pourquoi être resté alors que sa jolie partenaire de la soirée était déjà partie. La réponse te surprend, plus courte que ce que tu croyais. T’aurais presque préféré qu’il s’étende sur les malheurs de sa vie mais, à la place, il avait simplement faim. Ça t’arrache un rire amusé en plus d’étirer ton sourire. - Oh. Juste ça. T’es presque déçue. Pas tant parce que tu aurais voulu le savoir malheureux, c’est juste que l’histoire n’était finalement pas à la hauteur de tes attentes.

Tu pourrais t’excuser à nouveau mais tu ne le fais pas. Tu n’y penses pas vraiment, en fait, ayant déjà oublié ce masque de fausse politesse que tu te dois d’arborer lorsque tu travailles. La discussion t’intéresse et, de ce qu’il t’en dit, ne semble pas non plus le déranger, au contraire, ce qui t’amène donc à oublier les quelques consignes que tu t’es données à toi-même, ne serait-ce que pour garder ton emploi. - Je sais pas si je dirais heureusement. Là, oui, parce que t’es sympathique, mais sinon, le temps serait vraiment long. Heureusement que c’est tranquille pour cette fois-ci, parce que tu peux discuter, mais plus souvent qu’autrement, t’aimes pas trop ne rien faire. - Puis bon qui dit moins de clients dit moins de verres servis et du coup j’ai moins de pourboires. Toujours sur le même ton léger, toujours en accompagnant ta phrase d’un rire même si, pour le coup, tu ne peux pas être plus sérieuse.

- Non non, je ne suis plus aux études. Je suis partie de la maison sur un coup de tête. Presque. T’es partie parce que tu voulais être indépendante, parce que tu ne voulais pas dépendre des autres. Parce que tu voulais que ton père puisse enfin penser à lui-même. Il y a donc une raison à ton départ, t’as juste pas vraiment préparer les choses. - Et comme c’est vraiment difficile de vivre comme artiste et que c’est pas vraiment une possibilité pour le moment, genre, vraiment pas pour tout de suite et je sais même pas si à court ou moyen terme ça s’envisage bah, il fallait bien que je me trouve quelque chose. Et ce quelque chose, c’était ce bar où tu travaillais quelques soirs par semaine.

Tu te lèves le temps de remplir de nouveau ton verre d’eau, observant rapidement la salle voir si quelqu’un avait besoin de toi. À première vue, ce n’est pas le cas et tu décides donc de reprendre place face à l’homme et son plateau de fromage. - Tu fais quoi dans la vie, lorsque tu ne viens pas essuyer ta triste solitude sur le comptoir d’un bar ? Si ta première question est sincère, parce que ça t’intéresse, le reste n’est pas vraiment nécessaire mais ça t’amuse. Et tu lui adresses même ton plus beau sourire innocent, prétendant presque n’avoir rien dit.
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La franchise de la jeune femme avait quelque chose d’amusant. Et de déconcertant. C’est un peu comme si elle n’avait pas de frein et parlait à mesure que les mots lui venaient sans vraiment prêter attention à ce qu’elle disait. Son commentaire sur les pourboires était probablement ce que chaque employé de cet établissement pensait mais de là à dire tout haut, surtout devant un client… Pour ça, Auguste l’aimait bien mais plus elle parlait et plus il trouvait qu’elle était assise du mauvais côté de ce bar. Il fallait avouer qu’elle jurait avec l’archétype de la serveuse. Pas maniérée pour un sou, elle s’exprimait sur un beaucoup trop familier pour sa profession. Elle maîtrisait en revanche le sourire d’ange, aucun doute là-dessus.  

Elle n’était plus aux études. Oh. C’était donc un emploi à plein temps. Un parcours différent de celui du pulsar, qui avait préféré faire des études et les terminer avec de quitter le nid familial. Après, il avait une excellente relation avec ses parents et il comprenait que ce ne soit pas le cas de tout le monde. Il ne tirerait aucune conclusion hâtive. Toutefois, à l’écouter, ce travail au bar relevait davantage de la nécessité que de l’envie. Bienvenue dans la vie d’adulte.


« Les factures ne se paient pas toutes seules, c’est vrai. »

Des artistes qui rêvaient de vivre de leurs œuvres, il en existait des milliers. La plupart resteraient à tout jamais dans l’anonymat, cela dit. Peu nombreux étaient les chanceux qui arrivaient à se créer une notoriété telle qu’ils engendraient des revenus suffisants. C’était dommage pour eux mais c’était ainsi. La jeune femme paraissait avoir la tête sur les épaules de ce côté-là. Elle n’avait pas tout misé sur une hypothétique percée et s’était trouvé un « vrai » boulot en attendant. De quoi ne pas vivre dans la précarité et peut-être mettre un peu d’argent de côté. Sans le soutien parental, elle en aurait bien besoin.

Elle repassa à l’attaque juste après. Lui ayant révélé ce qu’elle faisait et d’où elle venait, elle avait enchaîné en le questionnant sur sa vie professionnelle, comme s’il était tout à fait naturel qu’il passe à son tour aux aveux. Non. Au fond, c’était une conversation tout à fait normale entre deux personnes assises au bar – même si elle serait plus à sa place à côté de lui plutôt qu’en face. Hm. Auguste prit une gorgée de café, s’offrant quelques secondes pour réfléchir à la manière dont il avait formulé ça. D’ordinaire, il n’annonçait pas tout de suite ce qu’il faisait. Le brun aimait le naturel d’une discussion spontanée entre deux inconnus mais trop souvent, le charme était rompu lorsqu’il révélait qui il était. Cela créait de la distance. Une barrière. Un délicat mélange d’admiration, de respect et de crainte. Sa décision prise, les premiers mots franchirent ses lèvres.


« Je dirai que mon occupation principale est celle d’un champion d’arène. » admit-il, rendant ainsi sa franchise à la serveuse. « Avec de l’organisation, ça ne me prend pas tant de temps que cela et ça en laisse pour mes loisirs et pour m’occuper de moi. En gros. »

Son arène n’était pas ouverte tous les jours et en obligeant les challengers à prendre rendez-vous pour le défier, il contrôlait le nombre de combat et d’heures à passer dans son arène. Il était très loin de travailler autant que d’autres qui se levaient à sept heures tous les matins. Sur ce point-là, il était chanceux. Avec de gros guillemets sur l’adjectif car il s’était créé cette opportunité lui-même. La chance n’avait au final pas joué un grand rôle dans cette histoire.


« Et donc, quand je ne m’occupe pas de mon arène et que je ne suis pas en train de me murger pour oublier ma solitude, je supervise la pension familiale ou je pars à l’aventure. »

L’avantage quand on avait du temps et qu’on était curieux, c’est qu’on avait toujours quelque chose à faire. Envie de lire un nouveau bouquin ? Go. Envie d’aller profiter un peu de la nature ? Il sautait dans sa voiture et disparaissait pour la journée – et parfois plus. Personne ne savait jamais où le trouver. Un véritable électron libre.

« Je me demandais, vous dites artistes mais c’est assez vague. Peinture ? Dessin ? Musique ? Que faites-vous ? »

Parce que la meilleure manière de mettre des étoiles dans les yeux d’une jeune pousse qui essayait de percer, c’était de s’intéresser à son travail. Auguste n’y connaissait pas grand-chose à l’art et bien qu’il ne soit pas non plus un profane, il n’appréciait pas toujours à sa juste valeur ce qu’il avait sous les yeux.


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Jade & Auguste


T’es pas sûre d’avoir bien entendu. Champion d’arène ? Tu écarquilles des paupières tandis que l’éclat dans ton regard se fait différent. Parce que devant toi se trouve un excellent dresseur de pokémons. L’un des meilleurs de la région, même. Tu n’écoutes pas trop la suite, la première information semblant, de toute façon, être la plus importante dans tout ce qu’il raconte. Tu ne sembles même pas comprendre la blague qu’il fait, relevant de nouveau le fait qu’il est seul assis à un bar, restant silencieuse là où, normalement, ton rire aurait résonné dans la pièce. Ce n’est que lorsqu’il s’intéresse à toi, à ce que tu fais, que tu sembles revenir à toi, clignant à quelques reprises des yeux. - Tu as bien dit un champion d’arène ?! Tu t’exclames fort, peut-être un peu trop, avant de lever une main devant tes lèvres, comme pour te taire. Tu ne voudrais pas trop attirer l’attention sur lui. Pas si ce n’est pas ce qu’il veut. - Ouah mais c’est trop cool.

Tu observes ensuite les alentours avant de finalement te pencher vers lui et d’ajouter plus bas. - Je peux prendre une photo avec toi ? Tu attrapes ton téléphone (que tu n’étais pas supposée garder sur toi lors de tes heures de travail mais passons) pour ouvrir la caméra. - Promis, ce n’est pas pour les réseaux sociaux. Au cas où, tu sais que les vieux ne sont pas trop à l’aise avec ça. Puis, sans vraiment attendre de réponse, beaucoup trop enthousiaste à l’idée d’avoir rencontrée un champion d’arène, tu te retournes pour prendre une selfie avec lui sur ta gauche, de l’autre côté du comptoir et tu l’envoies presque immédiatement au frère de ta meilleure amie. Pourquoi lui ? Parce que tu accompagnes la photo de ce doux message.

AHAHAH. DEVINE QUI A UN TÊTE-À-TÊTE AVEC UN CHAMPION D’ARÈNE ?
PAS TOI.

Toujours très mature, Jade.

La photo prise, tu abandonnes ton téléphone pour répondre à la question qu’il t’a posé. Parce que tu n’as pas oublié son intérêt pour ce que tu pouvais faire, sa question quant à quel genre d’artiste pouvais-tu bien être. - Aloooooors, je fais surtout de la peinture. Mais pas que. Et je fais pas que de la peinture sur tableau. Enfin, oui, en grande majorité, mais en fait, j’aime vraiment m’intéresser à un peu tout. Genre, j’ai fait du body painting, j’aime bien aussi le maquillage. Pas juste mettre un peu de fard à paupière mais vraiment les gros maquillages, comme ceux d’Halloween par exemple ! Et voilà. Il t’a lancé et toi, tu ne t’arrêtes plus. Parce que tu n’as pas fini.

- Sinon je fais aussi du dessin. Je dessine surtout des décors ou des paysages, pour m’en inspirer pour faire des peintures après. C’est surtout des croquis quoi. J’ai fait quelques cours de piano mais j’ai vite trouvé ça chiant, le violoncelle aussi… ‘Fin c’est pas tant que c’est chiant, c’est plus que ça demande de la discipline et… Tu laisses entendre un rire. Aucun doute que tu n’en as aucune. Tout comme tu sembles n’avoir aucune éthique de travail. Mais ça, c’est pas le sujet. - Puis je danse, je chante aussi… Voilà quoi, je fais pas mal de trucs. J’aimerais aussi me tenter à voir pour peut-être me préparer pour des concours, ça me semble vraiment cool ça aussi. Tu trouves pas ? La scène, la foule, tout ça, tout ça… Ouai, t’as déjà oublié qu’il connait. Qu’il est champion d’arène. Ça ne t’importe déjà plus, t’as jamais vraiment été du genre à te soucier des classes sociales ou autres choses du même genre. - C’est presque dommage qu’il y ait pas de soirées karaoké ici. Ou alors peut-être que c’est bien. Parce que t’es supposée travailler.
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La réaction de la jeune femme ne se fit pas attendre. D’abord surprise par la révélation, elle ne douta pas une seconde de lui et accepta cela sans se poser de question. En vérité, la manière dont elle réagit échappa un peu au pulsar, encore plus quand elle lui demanda si elle pouvait se prendre en photo à ses côtés. Bien sûr qu’elle avait sa permission, comme il l’indiquant en hochant la tête mais pourquoi ? Elle ne l’avait pas reconnu et même en sachant qu’il était champion d’arène, elle était sans doute incapable de placer un nom sur son visage. Elle n’était visiblement pas intéressée par sa discipline, aussi Auguste ne saisissait pas pourquoi elle voulait absolument une photo avec lui ? Afin de pouvoir se gausser d’avoir rencontré une célébrité ? Peut-être. Bah ! Ça n’avait aucune espèce d’importance.

Le brun poussa le plateau de fromage sur le côté, de sorte qu’il ne figure plus sur la photo, et profita de la caméra frontale de la serveuse pour replacer une mèche de cheveux. Puis il prit la pose et la laissa prendre la photo. Il avait offert son meilleur profil en une seconde, accompagné de son plus beau sourire. Il était selon toute vraisemblance habitué à cet exercice. Depuis le tout début, il faisait en sorte d’être un champion accessible et tentait au maximum d’avoir de bonnes relations avec son public. Cela passait par des poignées de mains, des selfies et des brins de causettes pas toujours bienvenus. Cela ne signifiait pas qu’il accordait toujours du temps aux autres. Ce fut le cas à une époque mais plus le temps passait et plus Auguste essayait de trouver la bonne distance entre lui et le public. Il se voulait accessible sans faire croire qu’il était leur meilleur ami.


« Ça ne m’aurait pas dérangé si ça finissait sur les réseaux. » précisa-t-il quand même.

Seule la photo l’intéressait. Elle ne se montra pas curieuse vis-à-vis de lui, en dépit de la surprise dont elle avait fait preuve l’instant d’avant. La voilà déjà repartie sur le sujet de ses hobbies, ce qui n’était pas pour déplaire à l’ancien ranger. S’il aimait parler de lui, il avait souvent droit aux mêmes questions sur sa profession. S’intéresser à quelqu’un d’autre, c’était très bien aussi. D’autant qu’il était sincèrement curieux par rapport à ses occupations.


« Je comprends le terme général « artiste ». »

Un rire ténu lui échappa. C’était une touche-à-tout aussi. Sur ce point, ils se ressemblaient. Elle explorait autant de facette de l’art qu’il lui était possible – à l’exception de la musique. Étonnamment, il la crut sur parole quand elle lui fit son aveu implicite sur son manque de discipline. Oui, oui. Il l’imaginait plus facilement avec un pinceau en main qu’assise derrière un piano.

« Les concours, c’est sympa comme expérience. Je vous encourage à essayer, au moins pour voir à quoi ça ressemble ! »

Lui, en tout cas, il avait apprécié son seul et unique passage sur scène. Il avait d’autres priorités pour le moment mais il n’était pas impossible qu’il y remonte un jour. Après tout, ne posséder qu’un seul ruban faisait tâche. En ajouter deux ou trois serait du plus bel effet dans sa collection. Une petite touche agréable à côté de ses innombrables badges d’arène.

« Il y a des soirées karaoké ici ? » demanda-t-il en haussant les sourcils avant de reporter son attention sur le fromage qu’il avait poussé sur le côté. « Vous ne pourriez pas participer, cependant, juste subir la pression d’avoir plus de clients que d’habitude. Les karaokés ne manquent pas à Artiesta, autant que vous y alliez après votre service. »

Il était clair que la jeune femme disait cela parce qu’elle aurait aimé s’époumoner sur les grands classiques du karaoké mais durant ses heures de travail, cela risquait d’être compliqué. Ou pas. Elle n’avait pas l’air d’être encombrée par la conscience professionnelle. Auguste n’aurait pas été étonné de la voir devancer les clients pour aller chanter.

« J’aime l’ambiance tranquille qu’il règne ici. »
confia-t-il en agitant el couteau au bout duquel se trouvait un morceau de cantal.« Quand je veux faire un karaoké, je préfère me rendre dans les établissements spécialisés. Vous savez, là où on peut louer une salle pour une heure. Avec quelques amis, c’est le feu. »

Et il parlait d’expérience. Sans être un ténor, le brun aimait chanter, même si en général l’exercice se limitait à fredonner l’air qu’il avait en tête dans la salle de bain le matin. Seulement, personne ne pouvait admirer son superbe timbre et son déhanché, là. Alors de temps en temps, un vrai karaoké, c’était sympa.

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Jade & Auguste


- Oh. Ton sourire s’étire à ses mots. - Je suis surprise que tu connaisses en fait. Tu dis ça le plus naturellement du monde, comme si t’avais à faire à un ancêtre. C’est un peu l’image que tu te fais de lui. Après tout, il est seul dans un bar. Et il a un plateau de fromage. Et il préfère prendre un café plutôt que de l’alcool. Et il est champion d’arène. Tu sais pas trop pourquoi tu te dis que seuls les vieux peuvent être champion. Peut-être parce que ça demande d’être un excellent dresseur ? D’avoir fait ses preuves ? De posséder une certaine sagesse ? Hm… Tu sais pas. C’est juste comme ça. Ou alors c’est juste parce que, à tes yeux, du haut de ton adolescence à peine terminée, quiconque ayant plus de vingt-cinq ans est, en vérité, terriblement vieux. Trop même pour que tu puisses ne serait-ce que t’imaginer ce que ta vie serait, une fois le quart de siècle atteint.

Puis bon, c’est pas le sujet. Qu’il soit vieux ou pas, il t’a lancé sur le sujet de tes diverses passions aussi nombreuses que variées et toi, tu y sautes à pied joint. Tu parles de tout et de n’importe quoi, un sourire sur les lèvres en évoquant tout ce qui te traverse l’esprit. Tu parles de la peinture, de la danse, du chant, de la musique que tu as effleuré du bout des doigts. Tu lui parles de tout. De tes envies. De tes projets. Ce désir de te lancer sur scène et d’expérimenter un peu avec les concours. - Tu as déjà fait des concours ?? C’est ce que tu crois comprendre, qu’il te parle par expérience. À nouveau, tu sembles surprise. Peut-être même un peu trop. Ça peut même sembler un peu insultant, à vrai dire. - C’est trop cool !! C’était comment ?? Les yeux grands ouverts et pétillant de cet éclat scintillant. - T’as eu la première place ?? T’as obtenu un ruban ?? Tu ne lui laisses pas vraiment le temps d’en placer une. - Moi j’suis sûre qu’on pourrait s’affronter sur scène. Et que je gagnerais. Cette fois-ci, c’est un sourire un peu malicieux qui se dessine sur tes lèvres, peut-être un peu trop confiant aussi. - Après tout, je suis beaucoup plus mignonne. Tu dis surtout ça pour l’embêter, avec cette légèreté qui te caractérise si bien.

Ou alors t’es sérieuse et t’es convaincue qu’en concours, tu gagnerais face à lui.
Qui sait ?

Tu secoues la tête pour répondre à sa question. Il n’y a malheureusement pas de karaoké ici. Ce qui n’est pas plus mal. Parce qu’il n’a pas tort. Tu ne pourrais pas y participer et ça ne ferait que te faire passer une mauvaise soirée, de voir tout le monde s’amuser alors que tu serais obligée de leur servir de l’alcool sans pouvoir participer aux festivités. - Ma vie est si triste. Un peu plus et tu te laisserais glisser sur le comptoir. Ce que tu fais un peu, tout compte fait, pour ajouter à ce ton dramatique que tu as employé.

- Mais oui, c’est vrai, un karaoké entre potes, c’est toujours cool. Et c’est pas ce qui manque à Artiesta ! C’est une ville que t’aimes bien. Parce qu’il y a toujours de l’activité. Toujours quelque chose à faire. La ville te semble vivante, exactement ce qu’il te fallait. Oh, t’aimes bien ton Port-Corail natal, seulement… T’as assez donné dans le poisson, tu penses. Et tu préfères les lumières artificielles brillant de mille feu pendant la nuit à l’odeur de la mer. À chacun ses préférences. Toi t’aimes vivre et tu t’y sens un peu plus à ta place, ici. - J’ai vraiment envie d’aller dans un karaoké maintenant. Tu rigoles doucement. - Dommage que je finis de travailler ici généralement aux petites heures du matin. Ta vie est vraiment si triste. C’est ce que tu manques d’ajouter.

Heureusement, tu n’es pas du genre à t’apitoyer longtemps sur ton sort. Comme il t’arrive de rapidement changer de sujet, l’air de rien. - Il faut quoi pour pouvoir te défier ? Est-ce que t’as dans l’idée de récolter les badges ? Absolument pas. Est-ce que t’as juste envie d’avoir ton premier badge avant Nathan ? Oui, peut-être. Puis bon, tu te dis que c’est une expérience, quelque chose à vivre au moins une fois. Alors pourquoi pas ?
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Sans surprise, ce petit bout de femme rebondit aussitôt quand il mentionna avoir participé à un concours. Il l’avait même gagné et depuis, il se plaisait à dire qu’il était le seul coordinateur avec cent pourcent de victoire. Eh. C’était pour rire, bien entendu. Auguste ne se considérait même pas comme un coordinateur. L’exercice l’avait intrigué et il s’était donc laissé prendre au jeu le temps d’un concours.

« C’était heu… intéressant. »

Et plus facile que prévu. Ces mots avaient failli franchir ses lèvres mais le brun avait eu le bon sens de les laisser s’étouffer dans sa gorge. Autant éviter de paraître trop arrogant. Puis, avec un seul concours officiel à son actif, il aurait été déplacé de dire cela.

« J’ai remporté le ruban d’Artiesta. J’étais face à Narcisse Lether, qui est plus tard devenu le champion coordinateur de Windoria, et… »
Il s’interrompit un instant, prit d’un vilain trou de mémoire. « J’ai oublié le nom du troisième participant. »

Auguste n’était même plus certain de pouvoir reconnaître cet homme. Il se souvenait de son teint hâlé et de ses cheveux blancs mais au-delà de ça, l’ancien ranger avait presque tout oublié de lui et de son existence. Peu importe. Il ne pouvait pas se souvenir de tous ceux ayant croisé sa route. De ses deux adversaires, Narcisse était le seul à être sorti de l’anonymat par la suite et, par conséquent, pour la serveuse, il était le seul devant être mentionné.

« Vous devriez essayer si le cœur vous en dit mais vous auriez tort d’être aussi confiante sur votre victoire contre moi. Après tout, je suis plutôt mignonne aussi. »

Avec ce ton badin, il était clair que l’homme ne prenait pas cette provocation au sérieux. Il en faudrait plus que cela pour le faire céder bien que, dans ce cas, la demoiselle de l’autre côté du comptoir semblait elle aussi plaisanter. Auguste lui accorderait toutefois qu’elle était mignonne – dommage que son charme soit entaché par son manque de manière. Néanmoins, il ne s’en offusquait pas car il avait côtoyé bien pire qu’elle. Elle lui restait sympathique pour le moment.

« Il ne vous reste plus qu’à faire des karaokés en plein après-midi. » lui glissa-t-il avec le sourire après ses plaintes.

Bienvenue dans la vie active. Celle où on doit sacrifier en partie le divertissement au profit de sa vie professionnelle. Lui n’avait pas à se plaindre de son côté mais pour être passé par là aussi, pour avoir connu une époque où il enchaînait les longues journées de travail, il se montrait compatissant avec elle. La différence avec elle, c’est qu’il était un esprit libre. Si son travail ou n’importe quoi d’autre ne lui plaisait pas ou n’était plus à son goût, Auguste ne tardait pas à aller voir ailleurs. Couplé à son côté curieux et touche-à-tout, cela lui avait permis de vivre tout un tas d’expériences dans des milieux très variés. Ce comportement n’avait pas que des avantages. Il se lassait vite, ne faisait jamais longtemps la même chose, commençait des projets sans jamais les finir, … Mais il ne s’ennuyait jamais. Le brun trouvait sa vie palpitante et n’en changerait pour rien au monde.


« Il n’y a pas de prérequis particulier. L’arène de Nemerya est ouverte aux dresseurs de tous niveaux. Tout le monde à sa chance. La seule condition est de prendre rendez-vous puisque j’ouvre l’arène au gré de mes envies. »

Beaucoup de champions d’arène assuraient leur fonction la journée, à peu près selon des horaires de bureau. Pas lui. Il n’avait pas envie d’attendre qu’un challenger se pointe, sans savoir à l’avance combien de combat il aurait à mener en une journée. Hors de question. Tirer le meilleur parti de chaque minute passée dans son arène, accueillir un maximum de challenger à la suite, c’était là l’idée qu’il privilégiait. Ainsi, il avait plus de temps à se consacrer. Il y avait un certain bonheur à arranger ses horaires comme il le souhaitait.

« Il vous faut au minimum deux Pokémons mais vous pouvez en utiliser jusqu’à six. C’est ce que je vous conseille de faire d’ailleurs. Avec seulement deux combattants, chaque erreur coûte cher. J’ai trop souvent vu mes adversaires perdre après avoir fait une bête erreur. Mais pourquoi cette question ? Vous ne m’êtes pas apparue comme une enthousiaste de combat Pokémons. Intéressée ? »


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Jade & Auguste


Intéressant ? Tu veux en savoir plus et tu l’invites donc à t’en raconter plus de ton regard levé vers lui. Ce regard pétillant. Ce regard empli d’espoir et de curiosité. Celui brillant de cet éclat particulier qu’on te reconnait si bien, partagé entre un enthousiasme évident pour tout ce qu’il peut te partager et d’une passion toute aussi évidente pour l’art en tout genre. Tu rigoles doucement lorsque tu entends qu’il ne se souvient plus de son troisième adversaire avant de réagir à la première information. - Et t’as gagné contre ce Narcisse ? Tu sembles même assez impressionnée d’entendre ça, que lui ais pu gagner son seul concours contre quelqu’un semblant se spécialiser dans le domaine. Tant mieux pour lui que tu te dis, et ça ne fait qu’alimenter cet espèce de défi qui naît en toi lorsque tu en viens à le provoquer gentiment, déclarant haut et fort que tu n’aurais aucun mal à gagner face à lui sur scène.

- Si être vieux c’est mignon, alors oui, j’imagine que tu es mignonne. Tu rigoles à nouveau, doucement, sans jamais te moquer, cherchant seulement à embêter un peu. La discussion se passe bien, peut-être un peu trop. Assez pour que tu ne puisses pas retenir ton naturel, pour que tu ne puisses pas faire taire ces quelques plaisanteries bien souvent à ses dépens qui franchissent tes lèvres. T’y peux rien, t’es comme ça. Ou, enfin, si, tu y peux quelque chose, tu pourrais chercher à changer mais, honnêtement, t’es pas intéressée par ça. Ça te semble pas spécialement amusant en plus de te demander trop d’effort pour ce que tu pourrais potentiellement vouloir fournir. Tu préfères donc te dire que t’y peux rien, c’est plus facile pour te dédouaner de toute accusation par la suite.

La discussion que tu as actuellement avec le champion d’arène est à l’image de ta personne, à savoir que tu changes rapidement de sujet, passant d’une chose à une autre sans parfois sembler faire preuve d’une quelconque logique. On te reconnaît bien là-dedans, peut-être un peu trop survoltée ou alors juste un peu trop dissipée pour rester concentrée que sur une seule chose. Et tandis que tu lui poses quelques questions concernant son arène, tu jettes tout de même un regard dans la salle, constatant que personne n’a besoin de toi.

Ou décidant de croire que personne n’a besoin de toi, au choix.

- Et on peut prendre rendez-vous pour autre chose qu’un combat d’arène ? Est-ce que t’es en train de flirter ? Oui, peut-être bien. Rien de bien méchant ni même de bien sérieux, après tout, il a quoi, l’âge d’être ton père ? Tu sais pas trop, tu sais juste que ça t’amuse, que ton sourire s’étirer et qu’un petit rire s’échappe de tes lèvres. Tu écoutes la suite avec attention, retenant quelconque commentaire pour faire preuve d’un minimum de sérieux. Après tout, tu n’as pas envie de manquer de respect à un champion d’arène, surtout que, au final, sa réponse t’intéresse et tu prends bien note d’un peu tout ce qu’il vient de te dire dans ton esprit. T’es pas certaine que tu allais tout retenir, mais l’effort y était.

Est-ce que ça t’intéresse ? T’es pas certaine. - Eh, oui, je pense. Pour l’expérience, surtout. J’aime bien tester de nouvelles choses. Ce qu’il a sûrement pu comprendre au travers tout ce que tu as pu lui dire. - Et bon, si je peux avoir un premier badge avant un ami, je vais pouvoir le faire chier avec ça jusqu’à la fin de ses jours. Ça aussi, très digne de toi. Très mature aussi, comme l’adulte responsable que tu es. - Mais si j’utilise moins de pokémons ? Genre deux ? Ou trois ? Ou quatre ? ‘Fin, tu vois l’idée. Est-ce que toi aussi tu en utiliserais moins ? De toute évidence, tu ne t’y connais pas vraiment en combat d’arène. Ça ne t’a jamais vraiment intéressé. T’as juste eu l’idée là maintenant que ça pourrait être amusant. - Ah et, l’arène de Nemerya, c’est l’arène de quel type ? Tu réalises que tu ne lui avais même pas encore demandé dans quel type est-ce qu’il se spécialisait. - C’est bien ça, non ? Chaque arène a un type ?

Il n’avait pas tort en disant que tu n’étais pas particulièrement enthousiaste des combats pokémons ou encore d’affronter les différents champions d’arène.
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Avec un sourire énigmatique, Auguste haussa les épaules avant de répondre à la question qui venait de lui être posée.

« Peut-être. Ça dépend. Il y a toujours moyen de s’arranger pour ceux qui m’ont fait bonne impression. »

Une réponse qui, elle aussi, restait vague. Le pulsar devinait en vérité le petit jeu auquel jouait son vis-à-vis. Il n’était pas né de la dernière pluie et ce genre de flirt léger et sans motivation ultérieure, ça le connaissait. Et pas qu’un peu ! Il appréciait les femmes, après tout. Néanmoins, dans le cas de la serveuse et de ses intentions, le doute existait. Maladroite et peu maniérée comme elle était, il n’était pas impossible qu’il se trompe et qu’elle ait en fait une idée totalement opposée en tête. Eh. Mais cela avait-il de l’importance. Non. Pas vraiment.

« Je partage votre sentiment là-dessus. »
lui confia-t-il quand elle lui avoua aimer découvrir de nouvelles choses. « La routine a le don de m’ennuyer rapidement. J’aime bien tester, découvrir, expérimenter. »

Le « métro-boulot-dodo » n’était pas une vie faite pour lui. S’il avait ses petites habitudes, Auguste aimait quand une petite dose d’imprévu saupoudrait son quotidien. Cela dit, par moment, il appréciait aussi le calme d’une soirée bien au chaud chez lui, à ne rien faire d’autre que paresser. Tout dépendait de son humeur mais en règle générale, il était toujours partant pour faire un pas vers l’inconnu.

La jeune femme n’était pas plus intéressée que cela par l’idée d’un match d’arène. L’expérience lui semblait sympathique et en prime, elle aurait le droit de bomber le torse face à un de ses amis. Elle n’était pas mal intentionnée, cependant ses motivations n’étaient pas celles d’un jeune dresseur qui désirait se faire un nom dans le monde des combats Pokémons. Cela ne posait aucun problème au champion. Il en avait déjà vu des dizaines ainsi, venus pour la simple et bonne raison de vouloir vivre le frisson d’un match contre lui. Il les accueillit et les traitait avec autant de respect que les autres. Puis, parfois, cette première expérience allumait une flamme chez ses adversaires. Auguste éprouvait toujours de la fierté lorsque, des mois plus tard, il entendait qu’un de ses anciens challengers en était à son troisième ou quatrième badge.


« C’est ça. Chaque champion est spécialisé dans un type. Pour ma part, je n’utilise que des Pokémons Psy dans mon arène. J’essaie toujours d’adapter le défi au niveau de mon adversaire. Ce ne serait amusant pour personne si je me contentais d’écraser l’équipe en face. »

On pouvait toujours apprendre d’une défaite. De ça, il était convaincu mais toutes les défaites ne se valaient pas. Quels enseignements tirer après avoir vu son équipe se faire pulvériser en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire par un Métalosse qui, de toute évidence, ne jouait pas dans la même cour ? Qu’il fallait devenir plus fort, certes, mais comment ? L’ancien ranger était intimement convaincu d’être l’un des plus grands dresseurs de Lumiris mais plutôt de montrer son écrasante supériorité à ses challengers, il préférait les mettre sur la bonne voie et les tirer vers le haut. Il n’avait rien à prouver à personne. Autant que son expérience profite aux autres.

« Malgré tout, le nombre de Pokémons que j’utilise dépend uniquement de la quantité de badges qu’a le dresseur face à moi. Un néophyte devra battre deux de mes Pokémons. C’est d’ailleurs pour ça que je conseille d’emmener six Pokémons contre moi. Cela permet de réduire un peu le handicap. »

Certains s’en étaient sortis avec juste deux combattants mais ils avaient joué à un jeu dangereux. D’autres avaient vu leur équipe au grand complet tomber face aux deux Pokémons du champions. Être bien préparé était un facteur crucial car si Auguste utilisait un Pokémon dans son arène, c’est parce que ce dernier avait été entraîne de sorte à pouvoir faire face à tout un tas de situations différentes. Ainsi, les dresseurs qui comptaient sur leurs Pokémons Insecte, Spectre ou Ténèbres avaient bien souvent une mauvaise surprise.

« J’en reprendrais bien un deuxième. » dit-il en posant une tasse désormais vide devant lui, « Je sais que certains champions se prennent très au sérieux et aiment se donner un air supérieur aux autres. Ça peut être intimidant pour ceux qui n’ont pas mis les pieds dans une arène mais, comme pour les concours, je vous encourage à essayer. Toute expérience est bonne à prendre, chez moi ou ailleurs. Par curiosité, vous vous y connaissez un peu en match Pokémon ? »


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Vous pouviez donc vous comprendre, dans cette ennuie qui naissait bien souvent d’une routine trop bien organisée. Tu n’as jamais aimé la routine, quand bien même t’a-t-on souvent répété qu’il s’agissait de la base d’une vie saine. Tu aimes vivre au gré de tes envies, au gré de ces nouvelles passions que tu te découvres, de celles qui s'essoufflent rapidement. Parce que c’est comme ça. Tu te lasses rapidement de ces nouveaux intérêts trouvés, tu passes rapidement à autre chose, pour peut-être y revenir un peu plus tard. Il n’y a bien que la peinture qui te suit depuis toujours, peut-être bien parce que ce n’est jamais la même chose. Parce que ton style change, évolue, au rythme que toi-même tu grandis, que tu découvres plus de ce vaste monde qui t’entoure. Chaque tableau est différent, chaque trait coloré une histoire à raconter. C’est au travers ces oeuvres que tu partages ta vision du monde, que tu fais voir à tous ces couleurs qui te représentent. Celles qui changent constamment, tantôt froides tantôt chaleureuses. Tantôt plus sombres tantôt éclatantes. Pas toujours en harmonie mais semblant toujours refléter quelque chose.

Quelque chose d’important.
Toi.

Il n’est toutefois plus question d’art pour le moment. Non. Ou, enfin, un peu, quand même. Peut-être qu’il y a une touche artistique dans les combats pokémons. Peut-être que, pour certains, c’est leur façon d’exprimer ce lien fort qu’ils ont développé avec leur pokémon ? De toute façon, tu n’es pas là pour juger les goûts des autres ou encore cette façon qu’ils ont de vivre leur vie. Puis, qui sait, peut-être que toi aussi, tu allais y prendre goût, à ces combats. Peut-être qu’après une première expérience, tu allais vouloir réitérer la chose. Jusqu’à obtenir ton premier badge. Oh, parce que t’es réaliste. Tu ne te voiles pas la face. Tu ne penses pas remporter ton premier combat. Pas même ton second. T’as des années à rattraper, sur le sujet.

- C’est cool le type psy ! Y’a des pokémons mignons en plus. Tu marques une pause, l’air de réfléchir deux ou trois secondes. - T’as un Denticrisse ?? De tous les pokémons psy, c’est celui qui traverse ton esprit en cet instant même. Bon, tu le trouves pas particulièrement mignon mais tu le trouves marrant. Un peu terrifiant, voir même un peu chelou, mais marrant tout de même. Tu écoutes la suite sans trop l’interrompre, comprenant donc un peu mieux sa vision des choses, des combats et de la façon dont il affrontait ceux venant le défier. Ça te permet aussi d’en apprendre un peu plus sur les arènes, les badges, la façon dont le tout se déroulerait.

Tu fronces un peu les sourcils lorsqu’il désigne sa tasse, l’air de pas comprendre avant de te rappeler que tu travailles. Ou, tout du moins, que tu es supposée travailler. Oups. - Je te fais ça ! Lui offrant ton plus beau sourire, tu attrapes la tasse pour aller lui refaire un café, revenant rapidement par la suite reprendre place devant lui. - Bon, tu sais quoi ? Attends-moi quelques instants. Tu l’abandonnes pour un bref moment, faisant un tour des tables, revenant vers le comptoir pour remplir deux ou trois verres avant d’aller les servir pour finalement reprendre place face à lui. - Bon, voilà ! On en était où ? Tu réfléchis quelques instants, une main sur ton menton. - Ah, oui ! Les combats pokémons ! Alors eh… Non, je m’y connais pas vraiment. Tu laisses entendre un rire léger. - J’en ai jamais fait et ça a jamais trop été ce qui m’intéressait. Je sais juste que les fées sont immunisés au type dragon ! Tu dis ça fièrement, seule information que tu as retenu, sûrement parce que tu as entendu Nathan râler sur le sujet.

- Mais c’est pas un peu triché si j’arrive avec plus de pokémons que toi ? Je veux dire, théoriquement parlant, à niveau égal, je suis sûre de gagner avec six pokémons si tu en as que deux ? Ça, c’est considérant que tu t’y connais un minimum sur le sujet, ce qui n’est pas du tout le cas. Tu trouves juste ça un peu injuste. - ‘Fin, il n’y a pas trop de défi ? L’adrénaline d’un combat durement mené ou chaque action est d’une importance capitale ? De toute évidence, tu aimes le thrill de l’inconnu, l’idée de surmonter un défi se voulant presque difficile. Tu as envie de mériter ta victoire et d’apprendre au travers ta défaite. - Je vais venir qu’avec deux pokémons. C’est ce que tu déclares, semblant confiante de ton idée. - Et je veux te défier pour ma première arène. Voilà, c’est décidé. De toute façon, les pokémons de type psy, ils sont tous petits et un peu fragiles, non ? Ça ne devrait pas être si difficile que ça… Si ?
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Le commentaire de Jade l’amusait. Le type psy était cool parce qu’il y avait des Pokémons mignons. C’était une raison comme une autre pour apprécier ce type en particulier. L’argument était recevable, bien qu’Auguste n’ait pas choisi ses Pokémons parce qu’ils étaient mignons. Par ailleurs, il répondit d’un simple mouvement de tête, de gauche à droit, quand elle lui demande s’il avait un Denticrisse. Pas encore. Cela viendrait mais pour le moment, il ne possédait pas ce Pokémons. Avec Staross et Ramoloss, le double type Eau et Psy était déjà couvert, acquérir un Denticrisse n’était par conséquent pas une priorité mais tôt ou tard, le champion finirait par l’ajouter à son équipe déjà bien fournie.

« Merci. » lui dit-il quand elle revint avec sa commande avant de jeter un œil sur la salle, comprenant qu’elle allait devoir se remettre au travail. « Allez-y, je ne bouge pas d’ici. Tâchez de ne pas arroser d’autres clients ce soir. »

Une petite pique lancée avec légèreté, sans intention de la blesser. Auguste préférait en rire et la pauvre serveuse risquait de se voir rappeler l’incident plus d’une fois. Ce n’était au fond qu’une maladresse sans conséquence si on oubliait la chemise du champion – mais même là, un passage dans le lave-linge suffirait à effacer toute trace du crime.

Et la voilà partie. Auguste était à nouveau seul. Pour tuer le temps, il promena son regard sur la salle jusqu’à poser les yeux sur la silhouette de la serveuse lui ayant tenu compagnie juste avant. Il l’observa un moment faire le tour des tables et prendre les commandes avant que son regard n’aille vagabonder ailleurs. Tout en glissant son index sur les contours de sa tasse, il profita de son moment de solitude pour regarder quel genre de clientèle fréquentait ce bar, un exerce auquel il n’avait pas eu le temps de s’adonner quand il était accompagné de Sarah. Il y avait ici des hommes et des femmes de tout âge et de tout horizon. L’ancien ranger supposa que la clientèle devait tendre vers un âge plus jeune lors des soirées animées. Il reposa les yeux sur la serveuse quand elle revint derrière le bar pour servir tout ce qui lui avait été demandé, lui adressa un sourire et sortit son portable de sa poche. Il lui semblait l’avoir senti vibrer dans sa poche, un peu plus tôt. Autant profiter de ne pas être enchaîné par une conversation pour y jeter un œil. Oh, un message en provenance d’un ancien collègue, lorsqu’il officiait encore en tant que Ranger à Lumiris. Surpris de voir ce nom s’afficher à l’écran, il s’empressa de lire le contenu de ce message. Un problème sur une mission qu’il n’arrivait pas à mener à bien. Lui comme d’autres Rangers semblaient s’être cassé les dents sur une affaire de promeneurs agressés dans les environs du lac des cygnes. « On en reparle plus tard. Je passe sur Voltapolis lundi, on voit pour déjeuner ensemble. ». Bref, concis. Auguste préférait en parler de vive voix plutôt que de voir les détails d’une telle affaire ce soir. Il arrivait encore qu’on fasse appel à lui pour des missions difficiles. S’il ne faisait plus officiellement partie des Ranger, le champion psy leur donnait parfois un coup de main contre monnaie sonnante et trébuchante. Le portable retrouva sa place dans sa poche de pantalon alors que sa partenaire de conversation était de retour après avoir enfin fait son boulot.


« Je ne sais pas si c’est courageux ou insensé de vouloir tenter une arène en n’ayant jamais combattu du tout. » répliqua-t-il sans chercher à cacher son hilarité. « Et le type Psy est fort contre Poison et Combat, mais inefficace contre le type Ténèbres. »

Un conseil posé là, comme ça. Libre à elle d’en faire ce qu’elle souhaitait mais sans cela, elle n’avait pas la moindre chance face à lui. Aux yeux du garçon, connaître sa table de types était le strict minimum pour pouvoir prétendre à l’obtention du Badge Harmonie. Encore que savoir cela ne garantissait rien.


« Théoriquement parlant, un combat est plus juste si on s’affronte à armes égales. Mais voyez plutôt les choses ainsi : les premiers matches d’arènes sont davantage des tests préparatoires que de véritables combats. Un challenger se présente avec six Pokémons, moi je secoue un peu et je vois où son ses limites tandis que lui a une plus grosse marge d’erreur pour réussir. Je ne croise pas souvent un adversaire contre qui j’ai l’occasion de me battre à fond. »

Cette dernière phrase était comme teintée de regret. Auguste aimait stimuler de jeunes dresseurs et les pousser à tout donner, mais il aimait être lui aussi poussé dans ses derniers retranchements. Un scénario qui se produisait de moins en moins souvent.

« Mais libre à vous de venir avec seulement deux Pokémons si vous vous en sentez capable. Un peu de bravoure n’est pas pour me déplaire. »

Il ne l’encourageait pas à faire cela mais elle semblait décidée… La convaincre que c’était une mauvaise idée semblait peine perdue. Peut-être qu’un véritable match la ramènerait sur terre. Un retour à la réalité, en quelque sorte. De son propre aveu, elle n’avait jamais disputé de combat Pokémon, Auguste ne pouvait pas lui en vouloir d’être un peu naïve sur le sujet.


« C’est décidé alors ! En temps normal, il convient de m’envoyer un mail avec un formulaire rempli mais puisque je suis juste en face de vous, on peut prévoir ça maintenant. Vous travaillez tous les soirs ? De mémoire j’ai encore de la place mercredi dans deux semaines, vers quatorze heures. C’est d’habitude un créneau apprécié par les lycéens mais je pense que c’est idéal pour vous ! Attendez, je vérifie ça… » Il attrapa à nouveau son portable et vérifia son agenda. « Quatorze heures, c’est bien ça ! Alors toujours partante ? Il me faut juste votre nom, prénom, une adresse mail ou un numéro de téléphone auquel vous contacter en cas d’empêchement – c’est rare mais ça arrive. Je dois aussi savoir si vous comptez utiliser un Cristal-Z ou recourir à la Méga-Evolution mais je suppose que si vous êtes une néophyte, je peux répondre non à ces deux questions. Pardon, je m’emporte un peu vite… Vous préférez peut-être attendre un peu pour avoir le temps de vous préparer ? »

Ça aurait été le choix le plus censé, en vérité.


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Jade & Auguste


Revenue face à lui après avoir fait genre de travailler quelques minutes (bon, t’as vraiment travaillé, mais t’aurais dû le faire plus tôt), voilà que tu repars sur le sujet des arènes. Curieuse, comme toujours, tu lui poses quelques questions ou, plutôt, tu les enchaines, avant de te faire ta propre idée, comme si tu réfléchissais à voix haute plus que tu ne lui parlais. Ce qui est sûrement ce que tu fais, si t’étais honnête. Son avis t’importe peu sur la question, tu viens tout juste de décider que, si lui avait deux pokémons, alors toi aussi t’allais l’affronter avec seulement deux pokémons. Oh, tu fonces sûrement tout droit vers l’échec, toutefois, tu préfères encore essuyer une défaite qu’obtenir une victoire qui ne semblerait pas méritée à tes yeux. Et c’est ce que ce serait, si tu arrivais avec plus de pokémon que lui. Certes, tu n’as pas son expérience et tes pokémons non plus mais, c’est le principe. T’as pas envie d’un combat qui te semble injuste. T’as envie de l’affronter sur un pied d’égalité, ou, tout du moins, ce qui s’en rapproche.

C’est donc avec assurance que tu lui partages cette nouvelle condition que tu t’imposes, un éclat déterminé dans le regard. Oh, il pourrait t’aviser de faire autrement, de ne pas ainsi te limiter, mais, trop tard, ton idée est déjà toute fait. Tu allais l’affronter avec deux pokémons. Tu prends note dans ton esprit des forces et faiblesses partagées concernant le type psy, même si tu doutes t’en rappeler demain matin. T’allais devoir réviser un peu, sûrement demander un peu conseil à Nathan. Ou pas. T’allais voir. Ça serait d’autant plus marrant de le surprendre si tu parvenais à obtenir ton badge sans lui avoir fait savoir au préalable que tu comptais aller affronter un champion d’arène.

Bon, c’est pas dit que tu allais avoir un badge mais, c’est l’espoir qui fait vivre, non ?

- Je te laisserai me secouer un peu. Tu laisses entendre un léger rire. - Voir même m’écraser si le coeur t’en dit. Parce que tu ne te fais pas non plus d’illusion. Quand bien même tu vis d’espoir et que tu aimes voir grand, tu sais aussi te faire réaliste lorsqu’il le faut. Et il ne fait aucun doute que, s’il le voulait, il pourrait sans doute te balayer du revers de la main sans même avoir à fournir le moindre effort. Mais c’était ce qui rendait la choses plus intéressante encore. Parce qu’il y a une question qui reste. Et si ? Et si tu le surprenais ? Et s’il te sous-estimait ?

Et si tu l’emportais ?

- Fais juste attention, comme ce sera ma première fois. Toujours très mature, Jade. Toujours.

Une moue se dessine sur tes traits lorsqu’il commence à parler de documents ainsi que de mail, parce que t’es vraiment trop nulle avec tout ça et que c’est vraiment ton genre d’oublier ou de remettre à plus tard, toutefois, le tout est rapidement effacé pour laisser place à un large sourire lorsqu’il te propose de prendre un rendez-vous maintenant pour votre combat à venir. Oh. Tu l’écoutes avec attention, appuyée sur le comptoir, avant d’hocher de la tête. Deux semaines. Ça te laissait que deux petites semaines pour te préparer pour le combat. Deux semaines pour essayer d’entraîner tes pokémons. Deux semaines pour au minimum apprendre la table des types et ce dont tes pokémons étaient capables. - Non, pas besoin d’attendre plus. Je serai prête, dans deux semaines. Non, tu ne seras pas prête, mais bon, que ce soit dans deux semaines ou trois mois, les choses ne seraient pas bien différentes. T’aimes bien remettre à plus tard, et ce, jusqu’à ne plus avoir de temps. Ah, le cruel destin des procrastinateurs.

- Jade Wilson. Tu réalises que tu ne t’étais toujours pas présentée. Oups. Tu attrapes ensuite une napkin pour y griffonner ton numéro de téléphone ainsi que ton adresse mail avant de lui tendre. - C’est donc un rendez-vous. Le tout ponctué d’un petit sourire en coin. - Il y a des trucs que tu aimes bien ? La question semble un peu sortie de nulle part alors tu précises un peu. - Que je prépare un petit cadeau pour marquer la journée. C’est pas tous les jours que j’ai un tête-à-tête avec un champion d’arène. À nouveau, un rire, tandis que tu joues sur les mots, que tu t’amuses de légers sous-entendus qui ne veulent rien dire. - Ah, et, si tu veux enregistrer mon numéro, enregistres-le sous le nom de… La plus mignonne future championne de coordination. C’est, certes, un peu long, mais t’es d’avis que c’est quand même pas trop mal.
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« Je serai doux, promis. » avait-il répondu sans faire preuve de plus de maturité qu’elle.

Parce qu’il était au fond un grand adolescent et que les sous-entendus de ce genre là ne manquaient jamais de l’amuser. Un jour, il deviendrait un véritable adulte. Pro-… Non. Pas de promesse. C’était un mensonge, même lui n’y croyait pas. Eh. N’était-ce pas important de garder son âme d’enfant, même si c’était uniquement la partie puérile ?

Ainsi donc, elle s’appelait Jade. Il était vrai que jusqu’à présent, le pulsar n’avait jamais entendu son nom. Jade Wilson. Il ne nota sur l’agenda de son portable, y ajoutant ensuite le numéro de téléphone et l’adresse mail qu’elle avait écrit sur une serviette de table, sans doute pour éviter que des oreilles indiscrètes ne l’entende si elle le disait à haute voix. Et voilà. Tous les clients du bar pouvaient en prendre note : lui, Auguste d’Epernelle, avait obtenu le numéro de téléphone de la serveuse mignonne en quinze minutes chrono. Facile. Smooth. Enfin, pas vraiment. Il ne comptait pas l’utiliser ainsi. Il en avait besoin dans un but purement professionnel. Puis, pas sûr que Séréna apprécie de le voir flirter avec une de ses futures adversaires.


« C’est donc un rendez-vous. »
répéta-t-il en guise de confirmation. « Quatorze heures tapantes. Soyez à l’heure. »

Petite précision au passage, car sans qu’il puisse expliquer pourquoi, Jade ne lui donnait pas l’impression d’être quelqu’un de ponctuelle. Mais qui sait, il pouvait avoir tort. Il n’était pas impossible qu’il l’ait jugée hâtivement même s’il pense s’être fait une idée globale du personnage.

La prochaine question de la jeune femme l’intrigua. S’il l’avait comprise, il se demandait néanmoins pourquoi elle lui demandait cela. Y avait-il une raison pour qu’elle ait besoin de savoir ce qu’il aimait. La jeune femme dût lire dans ses pensées car, la seconde suivante, elle s’empressa de développer. À son air taquin, Auguste sut qu’il ne devait pas prendre la question avec trop de sérieux.


« Ce que j’aime, hein… ? »

Le café, les femmes, la nature, les randonnées en montagnes, la lingerie, le poussifeu braisé, la bonne nourriture en général, la musique d’il y a vingt ans, les Pokémons, la couleur rouge, l’odeur d’un livre neuf, les beignets du marché de Noël, le bruit de la pluie contre sa fenêtre, le camping, les feux de camp, les longues soirées à parler de tout et de rien, l’argent, les cravates avec un motif rigolo, ses parents, les documentaires historiques, … Voilà une liste non-exhaustive de choses qu’il aimait.

« Les tartelettes à la fraive. »

Une réponse simple. Quatorze heures, c’était le moment parfait pour un dessert. Ainsi, si Jade décidait de prendre sa propre plaisanterie au sérieux, elle saurait quoi lui ramener. Le chemin jusqu’au cœur d’un homme passe par son estomac mais qu’elle n’espère pas le soudoyer avec juste une tartelette. Cela ne l’empêcherait pas de prendre une rouste si elle commettait trop d’erreur.

« Je ne suis pas certain que ma copine apprécie que j’aie « la plus mignonne future championne de coordination » dans mon répertoire. Je vais plutôt mettre « Patrick ». Comme ça, elle ne suspectera rien. »

Il s’esclaffa face à sa propre bêtise alors qu’il enregistrait le numéro de téléphone en nommant sobrement sa propriétaire « Jade Wilson ». S’il peignait Séréna en méchante pour la blague, il savait pertinemment qu’elle s’en fichait.

« Je vous donne le mien, de numéro. N’hésitez pas à me prévenir si vous avez un empêchement. Que je puisse reprogrammer le match et éventuellement faire passer quelqu’un d’autre dans le créneau qui se libère. » dit-il lui envoyant un message composée de quelques lettres tapées de manière aléatoire. « Vous ne pouvez pas ratez l’arène. N’importe quelle GPS vous y mènera. Il vous suffira de rentrer et si dans les cinq minutes qui suivent, vous ne voyez personnes, vous pouvez m’appeler très fort. Pas impossible que je sois en train de faire une sieste dans la salle de repos. »

Ce ne serait pas la première fois, se retint-il de dire avec le sourire. En général, le seul bruit de la porte qui s’ouvrait suffisait à l’avertir de l’arrivée d’un challenger. Puis, bien souvent, un de ses Pokémons qui traînait par là venait le chercher quand un nouveau challenger se présentait. Peut-être qu’un jour il lui faudrait engager quelqu’un pour accueillir les dresseurs et pour prendre les rendez-vous à sa place. Ce serait le pied, mais pas forcément nécessaire puisqu’il s’en sortait très bien tout seul.

« D’autres questions ? Profitez-en, ce café m’a mis de bonne humeur. Si vous souhaitez des conseils sur comment me battre, c’est maintenant. »


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Jade & Auguste


Tu te retiens de dire qu’il y avait de très fortes chances que tu n’arrives pas à l’heure. Que s’il voulait que votre combat ait lieu à quatorze heures, il aurait mieux fait de te donner rendez-vous à treize heures. Parce que, à tous les coups, tu allais finir de travailler vers une ou deux heures du matin, tu allais rejoindre des potes jusqu’à cinq ou six heures avant de rentrer chez toi tenter de dormir un peu pour finalement te réveiller en retard, la tête dans le cul et avec la gueule de bois. C’était définitivement bien ton genre. Mais bon, t’allais vraiment faire des efforts pour arriver à l’heure, de préférence aussi pour éviter de trop boire la veille ou de sortir jusqu’à trop tard. Après tout, il serait malheureux d’arriver sur place avec un mal de tête horrible après avoir vomit le peu que contenait ton estomac lors du trajet entre Artiesta et Nemerya. Ouai, non, franchement, tu préférais éviter. - Tu peux me faire confiance ! Non, absolument pas. Tu n’es pas digne de confiance. Mais ça, il n’a pas besoin de le savoir.

Sourire taquin sur les lèvres et le regard toujours éclairé de cette lueur amusée, tu t’intéresses à ce qu’il pourrait bien aimer, à quel cadeau pourrait potentiellement lui faire plaisir. Est-ce que tu as l’intention d’acheter ta victoire à l’aide d’un joli cadeau et en lui faisant les beaux yeux ? Non, quand même, tu n’oserais pas. C’est juste pour rebondir sur ces sous-entendus qui se sont glissés ici et là, au cours de votre conversation. La réponse te surprend un peu mais tu te contentes d’hocher de la tête. - Vas pour les tartelettes à la fraive. Bon, c’est un peu chiant parce qu’elles ne sont plus de saison, mais eh, ça devrait aller je pense. Est-ce que tu critiques ses goûts ? Non, pas spécialement. T’as juste envie de te plaindre parce que t’aimes te plaindre, d’à peu près tout et n’importe quoi. Comme le fait que les baies ne sont pas de saison.

Tu fronces un peu les sourcils à ses mots, semblant soudainement plus curieuse. - Ah mais t’as une copine ?? Ah, toi et les histoires d’amour. Toi et les relations. C’est une histoire compliquée, à croire que toi et les relations, ce n’est pas une grande histoire d’amour (ah-ah). Parce que les copains s'enchaînent, que tu les changes aussi rapidement que tu changes de passion, jamais satisfaite, rapidement lassée. Quelques jours, quelques semaines tout au plus, franchissant jamais le cap du premier mois, tu jettes pour passer à autre chose, tu te fais aussi parfois laisser non sans insulter l’abruti qui n’a pas compris la chance qu’il avait de t’avoir dans sa vie.

Tant pis pour eux.

- C’est une championne coordinatrice ?? Parce que, si non, tu peux vraiment mettre que je suis la plus mignonne future championne de coordination. Parce que c’est pas ton opinion sur la chose, c’est juste un fait. Une logique implacable de ta part, le tout dit avec une certaine conviction, comme si ce que tu disais faisait parfaitement du sens. Presque. - Puis bon, si tu mets Patrick, elle va peut-être commencer à questionner ton orientation sexuelle… Dépendamment ce que je t’envoie. Ça te fait rire plus que ça ne le devrait, mais bon, là encore, ça t’amuse et, de ce que tu as cru comprendre, ça ne semble pas non plus l’embêter. Tant mieux. Tu jettes ensuite rapidement un regard à ton téléphone sous le comptoir (parce que t’es pas supposée l’avoir) pour observer le message reçu, t’empressant d’enregistrer le numéro dans tes contacts. - C’est quoi ton nom ? Pas que ce soit réellement important, il est déjà enregistré et ton téléphone déjà à nouveau rangé. Mignonne champion psy, c’est ce qui est écrit dans ton téléphone.

Comme précédemment, tu continues de l’écouter avec attention, hochant de la tête par moment. - Ah, parce que moi j’ai pas le droit d’être en retard mais toi oui ? Franchement, c’est pas juste. Tu fronces à nouveau un peu les sourcils. - Quoique, j’imagine que les siestes viennent avec la vieillesse. Oups, ça t’a échappé. Oui, à tes yeux, l’homme qui te fait face n’est pas vraiment aussi jeune qu’il apparaît et t’as aucune idée quant au pourquoi est-ce que tu penses ça. C’est juste comme ça.

- Oui, j’ai une autre question maintenant que tu en parles ! Et, à voir ton regard, la question semble importante. Très importante, même.

- Comment est-ce que je peux te battre ?

Juste ça.
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Pourquoi était-elle étonnée en apprenant qu’il avait une copine ? Avait-il l’air d’un célibataire ? À ses yeux, peut-être. Elle le pensait déjà avoir un âge canonique, plus proche de son père que de son grand frère. Qu’il ait quelqu’un dans sa vie n’avait rien de surprenant… Enfin, si. Un peu quand même. Pour quiconque le connaissait, savoir Auguste en couple avait de quoi étonner. Jeune homme plutôt frivole, il avait tendance à préférer la passion d’un soir, éphémère, aux histoires compliquées et sérieuses. Il y a quelques mois à peine, il n’aurait pas cru qu’il s’attacherait assez à une femme pour rendre ça officiel. Encore moins que l’heureuse élue soit une étudiante de presque dix ans sa cadette – ce qui devait à peu près lui faire l’âge de Jade. Comme quoi, la vie était faite de surprises.

« Elle n’est pas coordinatrice, ce n’est pas ça le problème. »
commença-t-il avant de s’interrompre, comprenant que Jade était à côté de la plaque en ne voyant pas en quoi avoir quelqu’un appelé « la plus mignonne » sur son téléphone était susceptible de lui attirer des ennuis auprès de sa copine. « Commencez par remporter un premier ruban et je considèrerai l’idée de vous renommer ainsi. »

Un semi-aveu de défaite. Face à elle et sa logique si particulière, il ne l’emporterait pas. Autant la motiver à franchir le pas et à monter pour de bon sur scène. Peu de gens pouvaient se targuer d’avoir un pseudonyme aussi flatteur dans le répertoire du champion psy.


« J’annonce qu’en cas de photos un peu trop dénudées, je partage avec elle. Aucune raison que je sois le seul à me rincer l’œil. »

Il camoufla son sourire derrière la tasse de café qu’il leva pour boire. S’il avait dit cela sur le ton de la plaisanterie, il était totalement capable de les partager avec Séréna. Mieux valait rire ainsi de ces clichés non-sollicités plutôt que de les cacher et de risquer que cela lui revienne sur le coin de la figure.


« Auguste d’Epernelle. » lui répondit-il quand elle lui demanda son nom, cherchant apparemment à enregistrer à son tour son numéro.

Ce qui confirmait à nouveau à quel point Jade ne s’était jamais penchée sur son monde à lui. S’il arrivait encore à ne pas se faire reconnaître dans la rue, les gens arrivaient en général à mettre un nom sur son visage quand ils apprenaient qu’il était champion psy et que son arène se trouvait à Nemerya. Pas elle. Ce n’était pas plus mal. Au moins, elle ne partait pas avec trop d’à priori sur lui. Avec la notoriété venaient les rumeurs et Auguste avait déjà entendu tout un ramassis de mensonges sur lui, quand bien même il s’efforçait de garder une bonne réputation et de donner une image exemplaire de sa personne.


« Il n’y a que les enfants qui n’apprécient pas les bienfaits d’une sieste. »

L’air espiègle, il avait répliqué à la pique que lui avait lancé la serveuse. Il n’était pas vexé qu’elle le prenne pour un ancêtre mais se rendait-elle bien compte que dans quelques années, elle aurait son âge à lui ? Pas sûr.

« Eh bien, vous ne perdez pas votre temps. » lâcha-t-il, visiblement amusé par la question de la jeune femme avant de répondre, avec un air théâtral. « Malheureusement pour vous, je suis imbattable. Mais dans l’hypothèse où vous tenteriez sérieusement votre chance, vous devriez commencer par abandonner l’idée de tout miser sur le fait de profiter des faiblesses de mon équipe et de plutôt vous concentrer sur les forces de la vôtre, puis d’établir une stratégie autour de ça. C’est le plus important. N’hésitez pas à faire quelques matches d’entraînement avant de venir me voir. Tous les Pokémons ne sont pas faits pour le combat, vous savez ? Savoir ce que vos compagnons peuvent et ne peuvent pas faire, puis agir en conséquence ne pourra que vous aider. Enfin, voilà. Je lance des pistes comme ça. »

Libre à elle de suivre ses conseils ou non. Elle n’avait rien à perdre en le faisant et peu importe le résultat de ses préparations puis de son match à venir, la serveuse aurait fait un pas dans la bonne direction. Avancer pas à pas, c’était la meilleure façon de progresser.

« Allez, sur ce., je serai bien resté bavarder un peu mais je vais éviter de m’attarder – et de vous empêcher de travailler. Je vais payer par carte. » dit-il en sortant sa carte bancaire de son portefeuille.

Deux cafés, un plateau de fromage qu’il n’avait d’ailleurs pas terminé, puis tout ce que Sarah et lui avaient bu avant. Le brun se tenait prêt à le lui rappeler, si jamais elle ne lui demander pas de payer assez. Bien entendu, il paya le montant juste, au pokédollar près. Si Jade avait définitivement été une agréable compagnie, il n’oubliait pas qu’elle lui avait ruiné sa chemise. Bah ! Et puis ça va, ils ne vivaient pas à Unys. Ici, les serveurs avaient un salaire décent et ne dépendaient pas des pourboires pour joindre les deux bouts.

« N’hésitez pas si d’autres questions vous viennent. D’ici là, je vous dis à dans deux semaines, et je vous souhaite bon courage pour la fin de votre service »

Il rangea son portefeuille et se leva avant de vérifier qu’il n’avait rien oublié. Clés de voiture et de son appartement, portable, … c’est bon, il avait tout. Après un dernier sourire amical destiné à la jolie serveuse, l’ancien ranger s’apprêtait à quitter les lieux

« Bonne soirée, Jade. » lui souffla-t-il avant de se diriger vers la sortie.


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sorry not sorry

Jade & Auguste


- D'accord. Mais quand j’aurai mon premier ruban, tu n’auras pas le choix de me renommer ici. Tu ne veux pas qu’il considère l’idée, suite à ton premier ruban, tu veux qu’il le fasse. Bon, tu sais que t’es pas en position de lui exiger quoi que ce soit, mais peut-il vraiment dire non à l’adorable sourire que tu lui adresses ? Oui, ça aussi, il le peut, mais t’aimes bien prétendre le contraire, surtout lorsque tu bats doucement des cils avant de poser tes prunelles claires sur lui. Adorable sourire, regard mignon, franchement, il ne peut rien te refuser. Tu pouffes ensuite un peu de rire, brisant avec cette image douce que tu essayais de renvoyer, avant d’hocher de la tête. - Soit alors, s’il doit en être ainsi. Pas que tu avais vraiment l’intention de lui envoyer d’images de toi dénudées, ne serait-ce que parce que, malgré toutes tes blagues et tout ce que tu peux dire, le ton léger, ce n’est pas du tout ton genre. Il n’y a qu’une personne qui a une seule photo de toi de ce genre et ça, c’est parce que t’es un peu trop prompt à réagir lorsqu’on te met au défi. Oups.

Tu hoches doucement de la tête à son nom. Un nom que tu allais sans doute oublier d’ici votre combat, parce qu’il n’était pas noté dans ton téléphone, mais ça, il n’était pas obligé de le savoir. Pas maintenant du moins. - Enchantée Auguste. Puis, t’allais quand même faire des efforts. Tout comme t’allais faire des efforts pour arriver à l’heure. Pas que ça risque de changer quoi que ce soit, mais bon, ça non plus, il n’est pas obligé de le savoir. T’allais très certainement arriver en retard tout en massacrant son nom en tentant vainement de t’en rappeler. - Bah oui, peut-être, mais il n’y a que vingt-quatre heures dans une journée. Comment je fais pour profiter de la vie si j’en dors la moitié, hein ?? Une réflexion digne de toi alors que la jeunesse t’amène à te croire invincible. Trois ou quatre heures de sommeil et t’es repartie pour une journée d’aventure et de nouvelles expériences.

Finalement, suite à son offre, tu lui poses une question. Une seule. Mais elle se suffit à elle-même, tu penses. Ou pas. Parce que, plus tu écoutes sa réponse et plus t’as l’impression d’être un peu perdue. Te concentrer sur les forces de ton équipe plutôt que sur les faiblesses de la sienne ? Ouai, c’est pas mal comme conseil, mais déjà pour ça faut que tu connaisses les forces de ton équipe. Faut que tu t’intéresses un peu plus à ce qu’ils savent faire, autre partager ton quotidien et s’embêter les uns et les autres. Après tout, ils sont tous encore très jeune, sauf peut-être Jackson, le plus mature de la bande.

- Ouaiii… Tu sembles vraiment pas très convaincue par tout ce qu’il vient de te dire. Sûrement parce qu’il a beaucoup parlé et que tu as retenu que la moitié des trucs qu’il a dit. Ou alors peut-être parce que c’est tellement un concept abstrait pour toi, les combats pokémons, que t’es pas sûre d’avoir vraiment saisi tout ce qu’il a dit. - D’accord, eh, j’essaierai de faire ça ! Tu sembles toujours aussi enthousiaste même si, de toute évidence, tu manques un peu de conviction. Il ne fait aucun doute que tu n’allais pas vraiment te préparer pour le combat à venir et que tu ne serais définitivement pas prête pour un combat d’arène. Mais bon. Ça, c’est vraiment le dernier de tes soucis. Jusqu’à quelques instants plus tôt, tu n’avais même jamais vraiment envisagé de faire un combat d’arène. C’est une idée comme ça qui t’a traversé l’esprit. Une envie du moment.

- Déjà ? Tu dis ça comme si tu n’avais pas passé une partie de ta soirée ici, derrière le comptoir, à discuter avec lui plutôt que de servir les clients du bar. Oups. Tu te diriges donc vers la caisse où tu entres toute sa commande, sauf son premier café que tu lui avais dit que tu lui offrais, t’assurant de le faire payer avant de lui offrir ton plus beau sourire. - D’accord, je n’hésiterai pas si jamais j’ai des questions. Tu n’hésiterais vraiment pas et sans doute allait-il regretter ses paroles. - Merci encore ! Et bonne soirée à toi aussi. Tu le salues avant d’observer la salle et de pousser un long sourire.

À croire que la réalité venait de te rattraper.
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