Voilà quelques jours déjà que je traîne dans la région de Fort-Des-Songes. Je ne me plais finalement plutôt pas mal dans cette ville, malgré son ambiance un brin lugubre une fois la nuit tombée : son style et son ambiance atypiques ainsi que la brume qui la recouvre à l’aube et au crépuscule donnent en effet une drôle d’impression les premiers jours. Je ne suis d’ailleurs pas étonné d’apprendre que la ville est en pleine organisation de divers événements et attractions pour la période d’Halloween. Il faudrait peut-être que je vois pour y participer, d’ailleurs, c’est une période de l’année que j’apprécie tout particulièrement.

Bien que je sois déjà allé me promener quelques fois dans les Bois Hurlants, notamment il y a quelques jours suite à une rencontre matinale bien surprenante, j’ai bien envie de retourner y faire un tour, surtout en cette période de frayeurs et de frissons. Quoi de mieux qu’une forêt qui fait peur, où l’on a l’impression d’être poursuivi et où des cris et autres hurlements retentissement régulièrement ? Absolument rien, croyez-moi bien, et pourtant j’en ai connu des endroits qui font peur ! J’ai toujours trouvé que les lieux hantés ouverts en extérieurs sont bien plus stressants et effrayants que les bâtisses hantées telles que des manoirs ou des châteaux.

Je ne suis cependant pas certain qu’Hadès soit du même avis que moi ni que son amour pour la peur soit aussi fort que le mien. Il a beau être un futur dragon à trois têtes puissant et terrifiant, il fait pour l’instant la taille d’un chien et a parfois peur de sa propre ombre. Pas vraiment un garde du corps rassurant sur lequel je peux compter pour me protéger des fantômes et autres mauvais rêves, donc. Il est cependant un compagnon loyal et fidèle qui me suit dans chacun de mes caprices, y compris lorsqu’il s’agit de retourner viber dans un endroit clairement hanter qui ne le met pas en confiance du tout.

C’est après plusieurs minutes de marche que mon brave Solochi, qui a pris son courage à deux pattes, et moi-même arrivons en lisière de la terrifiante forêt aux cris lugubrement célèbres dans toute la région. Déjà, l’impression d’entendre d’étranges murmures me gagne, faisant s’hérisser les poils de mes bras lorsqu’un bref frisson me parcourt, remontant le long de ma colonne vertébrale jusqu’à légèrement faire se crisper mes épaules.

Après une seconde d’hésitation, nous commençons à nous élancer ensemble dans l’orée de la forêt. Après quelques secondes seulement, la luminosité semble diminuer autour de nuit, comme si le soleil commençait à se coucher. Nous sommes cependant en réalité au milieu de l’après-midi, mais les arbres sont encore tellement fournis, même en cette période de l’année, qu’ils cachent la majorité du ciel et de la lumière qui nous parvenait. Déjà que le temps était couvert et qu’il ne faisait pas particulièrement soleil… Ça me donne vraiment l’impression que l’hiver arrive encore plus vite que prévu.

Tandis que nous avançons entre les arbres, les étranges sensations habituelles commencent à se manifester. Des hurlements se font entendre au loin. Si je n’étais pas au courant de ce qui se passait par ici, je jurerais que quelqu’un est en train de se faire assassiner. C’est d’ailleurs peut-être un bon endroit pour emmener quelqu’un et le tuer sans que ça n’attire réellement l’attention, tiens… Mais pourquoi est-ce que j’ai ce genre d’idées et de pensées moi, bordel ?

À part une ou deux fois où j’ai failli trébucher sur une racine d’arbre et m’écraser lamentablement au sol, notre promenade se passe plutôt bien. Hadès semble même commencer à s’habituer à l’endroit et à ses étranges phénomènes, puis qu’il se surprend parfois à gambader devant moi plutôt qu’à rester coller contre l’une de mes jambes. J’esquisse un sourire en le regardant se balader comme ça, alors qu’il était encore frileux à l’idée de venir ici, ce matin même.

Notre exploration de ces étranges bois lugubres continue de bon train, sans trop que je sache où nous allons ni dans quelle direction nous allons. Pour être tout à fait honnête, je crois même qu’il est possible que je suis un tout petit peu perdu. Mais bon, ça n’est pas bien grave, c’est un problème que je règlerai plus tard. Pour l’instant, je continue à marcher en me vidant la tête malgré l’atmosphère parfois tendue que ces bois semblent aimer instiller.

Tout se passait pour le mieux, jusqu’à ce qu’une énième apparition surnaturelle se produise. Ou du moins qu’elle tente de se produire. Je remarque après un moment que j’ai l’impression d’entendre des bruits de pas qui me suivent depuis un moment. Je me retourne plusieurs fois, mais impossible de voir qui ou ce qui les provoque. Je fais signe à Hadès de rester près de moi au cas où, parce que je commence à stresser un tout petit peu l’air de rien : un peu la flemme de mourir tué par un fantôme aujourd’hui.