« Brrrr ! »
Le frisson qui la parcourut agita violemment tout son corps. Inconsciemment, la jeune femme rentra les épaules et la tête pour cacher le bas de son visage à l’abri dans son épaisse écharpe de coton.
ll faisait frais dans les cimes du nord, surtout en cette période de l’année.
(et surtout dans la grotte givrée qui portait bien son nom)

Séréna s’était tout de même couverte en conséquence : emmitouflée dans un épais manteau noir et rose de qualité, pull épais et sous-pull à col roulé, bonnet, gants aux mains et deux paires de chaussettes aux pieds, chaussures spéciales randonnée montagnarde… Même si elle l’avait souhaité, elle n’aurait pas pu préparer de tenue plus adéquate. Cependant elle n’était pas tout à fait habituée à des températures si basses - Galar n’était certes pas la région la plus chaude qui soit, mais la pluie y était plus embêtante que le froid. Surtout pour le brushing.

Notre pléiade prit un instant pour pester intérieurement contre le courant d’air qui venait de transformer ses os en glaçons, avant de relever son nez rougi par le froid pour trouver son compagnon du regard. Il avait désormais quelques pas d'avance sur elle, rien que quelques foulées allongées ne sauraient combler. Tout en le rejoignant, Séréna prononça entre ses mâchoires contractées « Éloignons-nous vite de l’entrée, avant que ma peau ne se craquelle. »
Ou qu’un autre souffle gelé ne la fasse claquer des dents si fort que celles-ci se brisent.
(maracas version casse)

Que faisaient-ils donc en ces lieux reculés à se peler les miches au lieu de boire un chocolat chaud près de la cheminée, vous demandez-vous ? Eh bien c’est une excellente question. En cet instant, la demoiselle se la posait aussi.
La réponse résidait dans le pokédex. Ils avaient ouï-dire que plusieurs pokémons psy se trouvaient ici, et Auguste étant le champion émérite de ce type… Les voici.
Ne restait plus qu’à espérer qu’ils ne passeraient pas le reste du mois de janvier cloués au lit par la fièvre, ou une atèle à la jambe (parce que, rappelons-le, la grotte givrée portait bien son nom). L'année débutait à peine, on connaissait mieux comme introduction.

Bref, notre jeune couple commençait à peine l’expédition. Tout en calant son rythme de marche à celui du pulsar, Séréna se mit à observer les décors avec curiosité. Voilà plusieurs années qu’elle avait déménagé à Lumiris, mais c’était la première fois qu’elle mettait les pieds ici. Auguste, en revanche… Elle ne serait pas étonnée d’apprendre qu’à une période, il venait ici tous les dimanches pour s’entraîner - ou simplement explorer. Son amant était un véritable baroudeur (et un ancien ranger), après tout.
Enfin, pour en être sûr, autant demander. « Tu connais bien la grotte ? »

> Modération
Première apparition de la semaine avec encens psy svp !

« Je suis au regret de te dire que ta peau risque d’en prendre un coup. » répondit-il, amusé.

Il était vrai qu’un tel froid n’était idéal pour l’épiderme. Auguste avait prévu de faire ses soins habituels en rentrant et il n’avait aucun doute que Séréna en fasse de même, avec deux fois plus de rigueur et d’intensité. S’il prenait soin de lui, il était à des années lumières derrière la jeune femme. Elle semblait lointaine, l’époque où un gel douche cinq en un lui suffisait pour se laver le corps, les cheveux, faire la vaisselle et la lessive en plus de pouvoir servir de substitut à l’huile de moteur en cas de besoin. Il était à présent plus à l’écoute des besoins de son corps et heureusement car sa peau allait avoir besoin d’être choyée après cette expédition placée sous le signe du vent et des températures négatives.

Avec son épais manteau, son bonnet vissé sur la tête, son cache-cou qui lui couvrait la moitié du visage ainsi que sa grosse écharpé, le Pulsar était préparé tant et si bien qu’il ne souffrait pas du froid glacial qui régnait en ces lieux. Sur ce point, il semblait s’en sortir mieux que Séréna. Elle n’en menait pas large, à en juger par la façon dont il l’entendait grelotter. Il s’était pourtant assuré qu’elle soit correctement équipée. À croire qu’elle ne supportait pas très bien le froid. Hm. Il lui fallait trouver un moyen de la réchauffer car, malheureusement pour elle, ils n’en étaient qu’au début de leur excursion.

« Je n’irai pas jusqu’à dire que je la connais bien. Ce serait un mensonge. Je suis déjà venu ici plusieurs fois mais vu que tout se ressemble ici… Difficile de ne pas oublier les endroits par lesquels je suis passé. Mais ne t’inquiète pas, tant qu’on reste sur les artères principales, je suis capable de retrouver mon chemin. On ne se perdra pas. »

Néanmoins, il n’était pas dit qu’ils s’éloignent si besoin. Ça, Auguste ne pouvait pas le promettre. Il se connaissait, s’il voyait quelque chose digne d’intérêt, il irait voir ça d’un peu plus près, quitte à emprunter des chemins plus difficiles d’accès. Les grottes étaient un véritable dédale mais pour autant, le champion psy avait un sens de l’orientation honorable et, de fait, il ne craignait pas de se perdre. Puis, dans le pire des cas, il avait toujours de quoi les sortir d’ici rapidement. Séréna n’avait vraiment pas à s’en faire sur ce point.

« On ne sent plus le vent, ici. Je te propose qu’on s’arrête et qu’on fasse une pause pour manger. Qu’en dis-tu ? »

Sa montre indiquait treize heures. Manger plus tôt aurait été difficile vu le vent qui soufflait dehors. Ici, au moins, ils étaient à l’abri de la météo. Il faisait froid, certes, mais rien qu’un repas chaud ne puisse pas régler. Le brun se débarrassa de son gros sac à dos et le posa contre la paroi avant de s’asseoir à même le sol pour commencer à fouiller dans ses affaires.

« Tiens, ça c’est de la soupe. » lui dit-il en lui tendant un thermos d’une main tandis que l’autre farfouillait encore dans le sac. « Tu peux utiliser le capuchon comme gobelet. »

Assis en tailleur, Auguste posa un petit réchaud devant lui. Il y avait fixé une petite bonbonne de gaz et quelques secondes plus tard, de petites flammes bleues furent visibles. Puis, il y posa une boite de conserve préalablement ouverte. Sur l’étiquette on pouvait lire qu’il s’agissait de chili con carne. Quoi de mieux qu’un repas chaud et épicé pour se réchauffer les os ?

« Bon, ce n’est pas un repas cinq étoiles mais on fera avec. Je ne peux pas faire mieux quand on est au milieu de nulle part. La soupe, je l’ai faite moi-même, en revanche. »

C’était facile à faire. De l’eau, des pommes de terre, toutes sortes de légumes, un peu de crème à la rigueur, … Le tout dans une casserole et il n’y avait plus qu’à laisser cuire puis à mixer le tout et voilà. Pas besoin d’être doué en cuisine pour faire une bonne soupe. Il n’était pas rare de voir Auguste en emporter avec lui quand il partait en expédition avec des températures pareilles.

« Ça va, tu tiens le coup ? Je t’entends claquer des dents depuis tout à l’heure. Je ne savais pas que tu supportais si mal le froid. »

Lèvres scellées, Séréna hocha la tête lorsque Auguste la rassura sur sa capacité à se retrouver entre ces murs de glace. Non pas qu’elle doutait de lui sur ce point, après tout il était habitué à barouder là où la vie le portait ; non, la partie qui la rendait sceptique était plutôt tant qu’on reste sur les artères principales.
Pour le connaître - et l’avoir vu à l'œuvre au parc safari -, elle s’attendait à ce qu’il les fasse passer par le boyau le plus étroit et tortueux possible juste parce qu’il aurait cru entendre quelque chose, et en fait ce serait juste le vent en passant par une faille.

Bref, avant de s’aventurer plus loin dans le labyrinthe naturel, le couple avait profité d’un détour pour se poser à l’abri du vent. Après les longues heures qu’ils venaient de passer à crapahuter le long des flancs de montagne pour atteindre la grotte givrée, c’était une pause bien méritée. A vrai dire la pléiade ne réalisa qu’il était déjà treize heures que lorsque le brun parla de manger. Elle avait alors rapidement consulté l’heure, avant de répondre « Bonne idée, profitons tant que nous le pouvons. »

Elle n’avait pas spécialement faim pour le moment, mais qui sait quel genre de terrain les attendait ensuite. S’asseoir autour d’un réchaud pourrait être plus compliqué.

Si Auguste n’avait pas perdu un instant pour prendre ses aises, la jeune femme avait pris son temps pour s’asseoir. Elle n’était pas spécialement pressée de sentir le contact glacial du sol sous son postérieur, d’ailleurs Séréna ne s’était installée qu’une petite seconde avant que le pulsar ne lui tende un thermos. « Merci » souffla-t-elle en fixant le récipient en inox - un ustensile qui lui servait rarement. « Je me sens vraiment l’âme d’une exploratrice, avec ça en main. » Petite plaisanterie liée au fait que jusqu’ici, elle n’avait vu ce genre d’objet dans les documentaires ou autres films de survie.

Ensuite, son compagnon prépara un feu pour y réchauffer du chili en conserve. Notre pléiade ne put s’empêcher une petite moue : elle n’était clairement pas habituée à ce genre de repas, ainsi la vue ne lui faisait pas vraiment envie. Cependant Auguste avait fait l’effort de préparer ces rations, et la soupe était quand même maison, alors elle lui devait bien de goûter au moins.

Tandis qu’ils commençaient à se remplir l’estomac, le champion s’enquit de son état. La demoiselle se redressa légèrement. « Je dois juste m’y habituer. Tu parles à une femme plus habituée aux plages qu’à la montagne. » Bon et surtout, elle n’allait pas ouvertement se plaindre. Dans tous les cas, ses jours n’étaient pas comptés alors rien de grave ; et puis ils se réchaufferaient en marchant maintenant qu’ils étaient à l’abri des bourrasques.

Ceci dit, Séréna dériva légèrement la conversation. « On aurait peut-être dû partir plus tôt, non ? On aurait eu une chance d’avoir la lumière du jour pour nous éclairer en redescendant. » Parce que là, sachant qu’ils étaient à peine arrivés dans la grotte, le trajet retour n’allait pas être de tout repos. Ils étaient équipés en éclairage évidemment, mais cela restait moins pratique que la lumière du soleil.
Maintenant, si l’un d’eux avait trop traîné dans la salle de bains, ça n’aidait pas.

La remarque de Séréna le fit réfléchir. Vrai qu’il l’imaginait mieux en train de se dorer la pilule au soleil qu’affublée de tous les vêtements nécessaires pour survivre à des températures négatives. Néanmoins, étant donné la famille dont elle était issue, Auguste avait supposé qu’elle ait au moins pris l’habitude d’un tel froid lors de vacances au ski.

« Mange, alors. Ça te fera du bien. » lui glissa-t-il alors que lui-même plongeait sa fourchette dans la conserve de chili.

Hm. Pas mauvais. Rien d’exceptionnel non plus mais c’était comestible et pas désagréable en bouche. Cela manquait d’épice, et un chili fade était un plat extrêmement triste. Cela ferait toutefois l’affaire. Pas le choix. Ils n’étaient pas là pour manger un repas cinq étoiles, juste pour se remplir l’estomac afin d’être prêt à affronter le reste de la journée car ils allaient en avoir besoin. Le jeune couple parcourrait encore quelques kilomètres au minimum et avec un tel froid, mieux valait qu’ils n’y aillent pas le vendre vide. Avec des températures aussi basses, ils s’épuiseraient vite, davantage encore si la randonnée se révélait être plus longue que prévue.

« Vrai qu’on aurait pu se mettre en route quelques heures plus tôt. Cela étant, on est au début de l’hiver, il fera noir sur les coups de dix-sept heures. Il est peu probable qu’on ait pu échapper à la nuit. Ou alors nous aurions dû rentrer très tôt. »

Auguste avait le matériel nécessaire pour qu’ils ne se retrouvent pas dans le noir complet et, par conséquent, l’idée redescendre au crépuscule ne le dérangeait pas. Mais il comprenait la position de Séréna. Elle était peu habituée à ce genre d’expédition et il aurait dû considérer l’idée d’avancer l’heure de départ.

« Ils prévoient du beau temps toute l’après-midi et ce soir. Enfin, je veux dire, il n’y aura pas de tempête de neige donc je ne m’inquiète pas pour notre départ. Descendre d’une montagne est plus facile que d’y grimper. » ajouta-t-il pour rassurer la jeune femme.

Il fallait tout de même faire attention à l’endroit où ils posaient le pied. Personne, pas même Auguste, n’était à l’abri d’une mauvaise chute et compte tenu de l’endroit où ils étaient, dégringoler plusieurs dizaines de mètres n’était pas une issue impossible. Se blesser ou se casser quelque chose dans cette région était une des pires choses qui puissent leur arriver. Cet endroit était éloigné de tout et il était impossible d’emmener rapidement quelqu’un aux urgences si cela était nécessaire. Bien entendu, avec l’aide de ses Pokémons, le champion d’arène pouvait faciliter beaucoup de choses mais en cas de blessures graves, la situation serait beaucoup plus critique que si l’accident avait eu lieu à Nemerya.

« Il y a des endroits en particulier où tu aimerais partir en vacances ou que tu voudrais visiter ? »

Il avait posé cette question avant de reprendre une grosse bouchée de chili. Elle était un peu sortie de nulle part, d’ailleurs, mais en mangeant, il avait tendance à penser à tout et n’importe quoi. Si Séréna n’était pas habituée à la montagne, cela avait rendu son compagnon curieux quand aux endroits qui l’intéressaient. Parce que la plage c’était sympathique de temps à autres mais à un moment, on s’y ennuyait.

Eh non, les vacances au ski n’étaient pas si communes chez les FitzBurgess. Ils possédaient bien une ou deux propriétés en montagne et Séréna avait déjà eu l’occasion de dévaler des pentes, mais ne saurait même pas dire précisément à quand la dernière fois remontait.
C’était trop familial pour son père, sans doute.

Mais passons, car il était temps pour la demoiselle de découvrir le chili en conserve. Elle attendit qu’Auguste se serve pour piocher une toute petite bouchée du bout de sa fourchette.
Vint ensuite le moment d’enfourner cette curiosité. Elle s’y employa avec précaution, n’écartant pas les lèvres plus que nécessaire, puis mâcha doucement.
Verdict ? Ce n’était clairement pas à soumettre aux cuisiniers de la famille, mais il y avait pire sans doute.

Séréna testa ensuite la soupe maison, qui s’avéra plus à son goût. Elle reprendrait un peu de chili pour avoir quelque chose de consistant dans l’estomac, bien sûr - s’en passer pour une question de palet difficile serait totalement idiot -, mais comptait bien terminer par le potage.
Tout en se repaissant, le couple discuta de la future redescente (ce qui était bien prématuré vu que l’expédition commençait à peine) et de leur heure de départ. Notre tête rose faisait entièrement confiance au jugement de monsieur dessus, après tout il avait plus d’expérience.

Et puis en y réfléchissant, au moins en partant plus tard ils avaient pu dormir plus longtemps. Il était de notoriété commune qu’un bon repos évitait bien des chevilles foulées.

Ensuite, par un cheminement qui échappa quelque peu à Séréna, Auguste vint à lui demander une liste de destinations vacances et visite. Elle cligna un peu des yeux avant de réfléchir. « Mmmh, bonne question. J’aimerais bien retourner à Galar, ça fait longtemps. Et je n’ai vu de Kalos que sa capitale, mais c’est une région qui m’attire. » après tout elle était réputée pour être la plus belle de toutes.

« L’aquatube d’Unys me rend curieuse aussi, ce doit être un peu comme marcher sur les fonds marins. D’ailleurs, il me semble que ceux de Hoenn regorgent de surprises non ? Oh le mont Chimnée aussi doit valoir le détour, il paraît que la vue du sommet est imprenable, et puis on parle tout de même d’un volcan en éruption permanente qui n’a pas rasé une seule maison depuis des décennies. Quelque part il aide même à faire vivre Vermilava, non ? Je trouve ça assez poétique, c’est comme si humains et nature cohabitaient en harmonie. » Un léger sourire illumina son faciès. « Mmmmh, ou Eternara peut-être ? La ville est réputée pour sa beauté, et j’aimerais bien voir l’immense cascade qui y mène. »

… On va peut-être s’arrêter là, hein. Se rendant compte qu’elle venait de longuement monologuer, Séréna s’éclaircit la gorge avant de terminer par « Enfin voilà, le monde est vaste et je n’en ai encore rien vu. Maintenant je te retourne la question. »
Quitte à faire, hein.