Tout au fond d’une caverne gelée, Bunji admirait le reflet rougeoyant des flammes sur la glace.
De son souffle brûlant, Camérupt s’attaquait à l’épaisse couche de neige qui s’était accumulée pendant la nuit. A l’abri du vent mordant, il faisait bon à l’intérieur de cette petite grotte. La vapeur chaude dégagée par la fonte des neiges emplissait l’espace et lui donnait comme un air de sauna.
— Allez mon gros, fais-moi fondre tout ça, l’encourageait tranquillement le voyageur.
Particulièrement sensible à la voix de son dresseur, à ses intonations, plus particulièrement, le pokéchameau continuait à travailler d’un air paisible. Camérupt était le premier, et le seul œuf que Bunji ait jamais fait éclore. Et il s’en était fallu de peu pour qu’il serve de dîner à un Séviper sauvage. Potentiellement empoisonné par les vapeurs toxiques du pokéserpent, le voyageur avait dû quérir des soins d’urgence pour le petit œuf.
Au cours de cette période troublée, le jeune homme lui avait beaucoup parlé. Egaré dans la Mâchoire de Fer, incapable de trouver mieux à faire que d’encourager la petite vie logée dans la coquille, de l’enjoindre nuit et jour à tenir bon… le pokémon qui deviendrait Camérupt avait retiré de cette expérience une affinité particulière pour son dresseur.
Depuis, si Bunji se mettait en colère, Camérupt l’imitait immédiatement.
Mais tant que celui-ci restait calme, le pokébovin était une adorable créature, soucieuse de plaire, qui ne ménageait jamais ses efforts.
Pour cette raison, le voyageur se concentrait sur sa voix.
Pour la garder aussi tranquille et relaxée que possible. Pour ne pas y laisser percer l’anxiété.
L’entrée de la caverne s’était effondrée pendant la nuit. La neige recouvrait entièrement le passage, et parmi les pokémons de Bunji : seul Camérupt résistait suffisamment au froid pour se concentrer sur le labeur. Déjà trois heures que le pokéchameau crachait des flammes et faisait rugir les cratères situés sur son dos.
— Tu t’en sors comme un chef, poursuit Bunji d’une voix joviale… et soigneusement maîtrisée.
La fourrure de l’animal ruisselait de transpiration, qui s’évaporait aussitôt sous le coup de la chaleur. La lumière des anneaux dorés, sur ses flancs, se faisait de plus en plus terne. Pourtant, le voyageur ne pouvait pas lui permettre de prendre du repos.
S’il éteignait ses fourneaux, il n’aurait plus l'énergie de les rallumer. Et avec leurs provisions de bois déjà consumées, le froid saperait lentement leurs forces, jusqu'à ce qu'il leur devienne impossible de dégager le passage.
Leur seul espoir était donc de continuer à lui parler. D’entretenir sa flamme. De lui faire oublier la rigueur de ses efforts, son état d’épuisement, et de la voix la plus douce, la plus apaisante possible…
— S’fait du bien comment la vapeur t’chatouille le museau, pas vrai ?
...continuer à le distraire, et à le faire travailler.
— Moooh... ♫
Avec un sourire peiné, Bunji se redressa à gestes précautionneux, puis vint poser ses mains sur la fourrure ardente du pokémon. Les brûlures faisant éclore des cloques sur ses paumes, le voyageur caressa tranquillement le brave Camérupt, sans cesser de l’encourager de sa voix la plus joviale.
~ Fouille Cristaux Z ~