Début mars, nous avions là une journée des plus somptueuses, la région de Lumiris en dehors du désert me donnait toujours l’impression d’être somptueuse et rafraîchissante. En effet, après avoir passé plusieurs années dans le désert, tout ce qui n’avait pas la couleur du sable évoquait en moi un sentiment de sécurité et de confort. Voulant profiter de mon aventure pokémon, je parvins à guider mes pas jusqu’à Mirawen, une ville du sud de la région de Lumiris.

Cette ville était vraiment agréable, le côté un peu vieillot me donnait un sentiment de nostalgie, comme dans mon village ninja natal ou la ville de Rosalia. Je pourrais passer des heures à me balader entre les murs. Le seul défaut que j’ai pu lui trouver, c’était son aspect bruyant et mouvementé. C’était une sacrée ville touristique en effet. Si Mirawen était calme comme lieu, je me serais peut-être installé ici.

Cherchant du travail, je vivais de petits contrats et de services rendus. J’espérais trouver de quoi aider le peuple de Mirawen en arrivant dans la ville. Je pouvais faire n’importe quoi tant que ça payait. Je n’avais pas besoin de beaucoup d’argent pour vivre et surtout, je devais continuer d’entraîner mon corps et dorénavant mes pokémons pour devenir un bon dresseur.

Puis, je finis par arriver dans une rue beaucoup plus calme que le reste de la cité. Il y avait moins de monde et des gens s’entassaient autour d’un café. Regardant de plus près, je constata qu’il s’agissait du Velvet Café. Je n’en n’ai jamais entendu parler, mais le fait que tant de gens restaient devant montrait un symbole de popularité. Regardant les têtes de ces gens, ils semblaient intrigués par quelque chose. Je décidai de m’approcher pour en savoir plus, me laissant piquer par la curiosité.

Mais je voyais bien que je dérangeais en ouvrant ma bouche pour prononcer quelque mot. Peut-être n’aurais-je pas dû. Pour éviter de paraître impoli, je me suis faufilé à l’intérieur du café pour voir ce qui se passait. La salle était sombre, lumière tamisées, projecteurs sur une scène avec une femme au milieu. Elle n’était pas vraiment désagréable à regarder de loin, ses yeux ambrés me rappelaient le Soleil du Désert. Fixe mais ardent et brulant. C’est alors qu’elle se mit à chanter.

Et quel chant ! J’étais époustouflé par une telle performance. Le son de sa voix s’accompagnait merveilleusement avec celle du piano. Elle parvenait à garder un rythme long et une basse tonalité malgré sa voix aiguë. Je devais profiter de ce spectacle !

Sans plus attendre, je pris place au comptoir, demandant un thé pour apaiser mon gosier et mon esprit. Me contentant d’écouter la chanson de cette femme.

J’étais même prêt à applaudir au bout de deux minutes de chanson quand sa voix reprit de plus belle avec le piano. Un peu gêné, je pus voir l’homme au comptoir me sourire, ayant compris que j’ai manqué d’applaudir au mauvais moment. Complice, il détourna son regard vers la chanteuse et je fis de même, me laissant subjuguer par la mélodie jusqu’à la fin.

Les quatre dernières notes de la chanson me donnèrent un flot d’émotions à travers mon corps. Je ne pus m’empêcher d’applaudir la performance une bonne fois pour toutes. Moi-même jouant parfois avec mon ocarina, je voyais là un tout autre niveau dans la musique. Pas étonnant que ce café soit si populaire avec de tels chanteurs.

Je voulus demander à l’homme du comptoir comment cette femme s’appelait, mais cette dernière vint aussi devant la table d’ébène. Ravi de voir qu’elle se mêlait à la foule, je pris la parole sans même m’en rendre compte.


C’est donc avec une voix chaleureuse et bienveillante que j’avais engagé la conversation avec cette chanteuse…

Ainsi, cette personne n’avait pas d’ambition dans la chanson, je trouvais cela dommage avec un talent comme le sien !  Bah, les gens sont libres, cela n’avait pas d’importance après tout. J’avais dit ça avec une grande sincérité certes, mais aussi par pure envie de complimenter et faire reconnaître les efforts de cette personne. C’est toujours agréable quand on dit ou qu’on entend ce genre de choses.



Elle finit par se présenter, Elincya donc. Je trouvais vraiment ce nom harmonieux à l’écoute. Je ne m’attendais pas cependant à ce qu’elle se présente, je pensais qu’elle allait repartir pour une autre chanson ou même se contenter de m’ignorer. Comme quoi je me suis totalement fourvoyé sur ce coup. Je m’attendais encore moins à ce qu’elle demande mon prénom. Etions-nous entrés dans une conversation ? Oh par tous les dieux ! Je devais dire quoi ? Je n’ai jamais parlé à une chanteuse de scène, devais-je montrer mes talents de musiciens ? Parler de musique ? Je ne trouvais pas les mots, et ça faisait déjà deux secondes qu’elle m’avait posé la question ! Je ne pouvais pas laisser ce silence plus long ! Vite ! Sortons quelque chose avec classe et panache :



J’avais balancé ça avec tout ce que j’avais, sans réfléchir mais de manière enjouée et agréable. Mais dans mon esprit, je me sentais un peu pris au dépourvu, moi qui était habitué à engager les conversations et pensant repartir sous peu, me voilà dans une situation de la « vie de tous les jours ».

Mais bon, ce n’était pas désagréable du tout.