C'est difficile de savoir ce à quoi ressemblait ton enfance, parce que tu étais trop jeune pour t'en rappeler aujourd'hui. Tout ce que tu peux déblatérer, ce sont des bribes de souvenirs que tes parents aient pu te raconter au cours des années. Par quoi commencer ? Tu es né à l'hôpital de Nemerya, à Lumiris. Tes parents t'ont toujours dit que tu avais été un enfant très calme, et tu ne leur avais jamais réellement causé quelque problème qu'il soit. Tu t'adaptais bien à ton entourage et ton environnement et était toujours curieux de voir les gens. À ton âge, normalement, on disait que les jeunes développaient leurs premiers liens avec les Pokémon et cherchaient à en apprendre davantage sur eux. C'était apparemment tout autre chose pour toi : les humains autour de toi t'intéressaient, et tu essayais toujours de comprendre ce qu'ils vivaient, ou leurs intentions.

Loin de là l'idée que tu n'avais pas d'attention à donner aux Pokémon, mais tes parents n'en avaient pas à te présenter, et comme ils n'étaient pas les plus fortunés, tu ne voulais pas vraiment les enquiquiner avec une créature de plus à nourrir. Donc tu ne leur en jamais parlé et n'a jamais chercher à aiguiser ta curiosité à leur sujet. À la place, tes parents t'ont dit que tu avais tendance à plutôt analyser tes amis et leur façon de traiter leurs Pokémon, puis l'impact sur ces derniers. À l'école, tu étais un peu le bolé de la classe en mathématique, en science et en cours de langue. Tu faisais la fierté de tes parents qui n'avaient pas eu cette chance de pouvoir continuer leurs études autant qu'ils l'auraient voulus.

Ce n'est pas par incapacité que tes parents n'ont pas pu continuer leur scolarité, selon tes réflexions. Les deux ont lâchés le système scolaire tôt pour aller travailler dans les mines situées à Ferranium. Ta maman est tombée enceinte beaucoup trop jeune, et c'est probablement ce qui les a forcés à devoir trouver un moyen de subvenir à tes besoins aussi tôt. On ne t'a jamais parlé de tes grands parents, mais tu as conclu de ce silence que c'est qu'ils n'ont probablement pas acceptés la décision de tes parents et les ont laissés pour eux-mêmes dans cette épreuve de la vie qu'était d'élever un enfant. Trop concentrés sur rendre ta vie un minimum heureuse malgré ce manque d'argent et de connaissances sur les enfants, tes parents n'ont jamais retrouvé le temps de retourner s'instruire dans une école. Conclusion : ils n'étaient pas les plus éduqués, mais ils étaient dévoués et ont su démontrer que ce n'est pas ça qui allait les arrêter.

Tout allait bien jusqu'à ce que tu arrives à l'adolescence. Évidemment, on parle d'une ambiance un peu différente parce que tu changeais physiquement et mentalement. Tu avais plus de besoins, et plus de plaintes à émettre. Cette partie de ta vie, tu t'en souviens. C'est d'ailleurs autour de tes 14 ans que tu as appris que tes deux parents avaient un démon commun qui semblait prendre de plus en plus de place dans le cocon familial : l'alcool. Tu revenais parfois de l'école pour retrouver tes deux parents complètement ivre, dormant dans des positions insolites sur le canapé de fortune que vous aviez, ou encore assis sur une chaise, la tête posée sur la table tout près des différentes bouteilles qui les avait rendu ainsi. Et pendant longtemps tu n'as rien dit. Pendant trois ans, plus précisément, tu agissais comme si rien était, comme si tu n'entendais pas les plaintes de papa, les pleurs de maman, ou encore les confrontations explosives entre les deux, dont la majorité du temps tu étais la cause. L'un disait que tu étais la cause de tout ça, alors que l'autre pensait que tu étais la clé qui déverrouillerait la porte qui les sépare de la sobriété.

Tu as donc commencé à accomplir ton devoir en tant que fils de parents affectés par l'alcoolisme : travailler, et subvenir aux besoins dont tes parents n'ont plu été capables pendant des années. Tu ne montrais pas tes émotions, mais chaque soir tu arrivais dans votre petite cabine bancale et partait dans ta chambre pour pleurer et couvrir tes blessures de longues journées de travail dans la mine, ou encore avec le bûcheron, ou avec le marchand du coin. C'est assez simple : tous les petits boulots que tu pouvais avoir et là où tu pouvais apporter ton aide, tu acceptais. Tout ça en faisant encore les cours. Beaucoup de tes camarades t'ont vu changer pendant cette période, autant avec un caractère plus fort et mature qu'avec ton corps qui prenaient les formes des grands efforts physiques. Chaque Pokédollars amassé était mis de côté, et rarement utilisé pour autre chose que des nécessités, et ce pendant deux ans de temps jusqu'à ce que tu arrive à l'âge de 19 ans, âge par lequel tu vas commencer des études supérieures. Un bon matin, tu t'étais levé et avais sorti cette liasse que tu avais empilé pour une seule raison, tes parents. Ils revenaient d'ailleurs du boulot alors que toi tu te préparais pour ta première journée de cours.

« Bon matin fiston. Prêt pour ta- »

Petit silence, tu avais regardé ton père qui venait de tomber sur la liasse qui traînait sur la table de bois, suivit de ta mère qui regarde la même chose que lui.

« Papa, maman, aujourd'hui je vous offre cet argent pour vous aider. C'est important pour moi de vous voir aller mieux, donc j'ai fait les démarches pour vous offrir de l'aide. »

Tu tends une enveloppe à ta maman qui contient des allers-simples vers Herisis, là où les gens sont déconnectés de la vie de ville et où il est facile de se ressourcer, et de repartir à zéro. C'est ce que tu avais pu conclure du moins des nombreuses heures de recherches sur les différentes ressources disponible à Lumiris. Les deux ont fondus en larme lorsqu'ils ont vu tous les efforts que tu as mis dans ce projet.

« Bradan… ce n'est pas à toi de- »

« S'il-vous-plaît. Si vous ne le faîte pas pour vous… faites le pour nous, en tant que famille. »

Ces mots ont eu raison de toutes les défenses que tes parents avaient commencés à bâtir autour de cette idée, et peut-être que de voir des larmes dans tes yeux pour la première fois en près de 15 ans a pu avoir son poids dans la balance. Tes parents ont donc quitté la petite cabine pourrie de Ferranium pour s'installer là où le chemin de la guérison les attendait, loin de la ville et de ses tracas. Et le reste de l'argent ? Ton inscription à l'Académie de Nemerya en gestion des ressources humaines, c'est à ça qu'elle a servie. Rien de bien intéressant à noter pendant ces trois ans, à part la découverte de la sexualité et du désir. Tu aimais que les gens veuillent de toi, que ce soit homme ou femme, mais tu n'allais pas courir un peu partout dans le seul but d'assouvir ce plaisir narcissique.

Au fil du temps, tu as fini par pouvoir accéder à différents stages internationaux, et tu t'es rapidement orientée vers l'administration de centre Pokémon. Tes stages ont commencé quand tu avais 22 ans, et c'est là que tu as fais ton premier voyage vers Alola. Après quelques semaines à mélanger travail, plaisir et apprentissages, tu es reparti vers chez toi, là ou tu attendais ton cadeau d'anniversaire de tes parents. Car oui, avec ces années, ils allaient mieux. Ils te l'avaient écrit dans leurs nombreuses lettres auxquelles tu répondais de temps en temps pour donner des nouvelles. Ils t'avaient cette fois-ci laissé un petit œuf duquel sorti quelques semaines plus tard une Morpeko. Cette créature mignonne c'était épandue de toi bien rapidement, et tu avais compris qu'elle ne te lâcherait plus, encore moins depuis que tu lui avait fait découvrir les baies et petits fours que tu faisais pour els Pokémon du Centre Pokémon. Quelques semaines après ton anniversaire de 23 ans, tu partais vers Port-Corail, diplôme en main et nouvel emploi en vue : celui d'assistant des ressources humaines au Centre de Port-Corail.

Mais où commencent donc ton aventure ?

Deux ans plus tard, après être promu agent administratif au même endroit et après avoir reçu l'autorisation de venir visiter tes parents. Temps de donner un nouveau sens à ta vie, Bradan.