« Non. On avait discuté pour un prix. » Des flammèches dans le regard et ton être qui se tendait. Les acheteurs qui décidaient de changer les termes des contrats à la dernière minute, ça ne te plaisait pas du tout. Pas du tout. Tu serras légèrement les poings, soufflas en te pinçant l’arrête du nez. Il ne fallait pas perdre patience, ça n’allait amener à rien. Mais quand même ! C’était pas n’importe quoi. Tu avais un oeuf que t’avais subtilisé dans un laboratoire clandestin d’expériences sur les pokémons chromatiques… C’était le même acheteur qui, un mois plus tard, t’avait engueulé, menacé de te dénoncer, en prétendant que la pokéball trafiquée que tu lui avais fourni n’était pas fonctionnelle. Tu n’aimais pas trop traiter avec lui.
Candela flottait autour de toi, sa chaleur apaisante pour tenter d’apaiser l’incendie de colère qui brûlait désormais tes veines alors que tu l’écoutais au téléphone, argumenter encore, indéfiniment. Sa voix te donnait mal à la tête. « Même si tu argumentes, c’est ce prix-là. J’ai eu vent que t’avais volé le pokémon de ta femme. Oops, pardon ex-femme, je ne suis pas au courant de tout non plus. » Zamas avait fait attention après le problème qui vous avait été rapporté, alors tu pouvais lui ramener cette information dans le visage. « Alors j’estime que la pokéball fonctionnait. T’as aucune raison de te plaindre de nos services, maintenant, tu payes ? » Tu raccrochas alors le téléphone en pestant au même moment où la tornade Zamas débarqua dans la cuisine. Tu étais venu chez les jumeaux pour leur faire un repas. C’était fréquent que vous preniez le temps de manger ensemble. Rien de surprenant du tout et tu prenais toujours le temps de regarder les comptes, les rendez-vous, les entrées d’argent. Parce que vraiment, t’étais pas celui qui tenait le plus un boulot régulier, c’était clairement davantage les activités faites dans l’ombre qui vous permettait de survivre. « J’ai fait du café si tu veux. » Les yeux de ton frère s’illuminèrent et tu ne pus que sourire. Ils parvenaient toujours à te calmer. Tu ne pouvais pas imaginer ta vie sans les jumeaux; Jamais.
« On a une rencontre demain à onze heures trente. Il a essayé de négocier le prix à la baisse encore une fois. Mais j’ai tenu le bout. » Tu avais toujours refusé que les jumeaux soient en contact avec les acheteurs qui pouvaient toujours devenir … un peu physiques quand quelque chose ne leur plaisait pas. Alors tu t’assurais toujours que les rendez-vous soient pris quand le prix était décidé, coulé dans le béton et ensuite, les jumeaux venaient. Mais ils restaient en arrière de toi. Et toi, tu te présentais toujours avec Pillar. Étrangement, la vue d’une chenille de feu de un mètre les dissuadait souvent de tenter quelque chose d’offensif. Tu étais souvent enfant, enfant de la rue certes, mais enfant - enfant au regard brillant et à l’adrénaline comme maître de jeu, mais enfant insouciant et amusant, amusé. Mais parfois, parfois, tu étais adulte - adulte et protecteur, avec le rôle des entrées d’argent sur le dos et la survie des jumeaux entre tes mains.
« Aah, ils m’énervent ! Ça me donne tellement envie de les mettre dans le feu quand ils arrêtent pas de tenter de changer les prix. Enfin, parles-moi de toi ! Ta journée Zamzam ? Je suis content que tu sois rentré. » Zamas était là maintenant, tu pouvais respirer.
Enfiiiiin, journée finie ! Il n'y a rien de plus chiant que de rester au boulot des heures à rien faire. Même si bon, ultimement, j'utilise toujours mon temps libre pour perfectionner nos plans, et bientôt j'aurai lu tous les livres intéressants qu'il y avait ici. Je ne sais pas ce que Vlinder faisait, durant son temps libre. Sûrement observer les papillons, pour tenter d'en apprendre plus sur eux. D'une distance sécuritaire, bien entendu. Il n'y avait rien de plus sournois que les papillons, surtout les oranges. Il fallait faire attention. Ironiquement parlant, on comparait souvent ma jumelle à ces bestioles. Mais pourquoi, en fait ? Elle n'était pas démoniaque. Chaque jour, j'arrivais à l'appart avant Vlinder. Parfois, Oya était déjà là. Aujourd'hui était un de ces jours-là, parce qu'il avait prévu de cuisiner ce soir, et on aura un bon repas en famille. C'est plaisant, les repas en famille. On prend le temps de s'asseoir et discuter, et on a pas toujours le temps. Alors oui, j'avais vraiment hâte de rentrer pour voir mon frère. Et puis, je pourrais sortir Hoshi aussi, ça lui fera du bien. Plus que le temps passe, plus j'apprécie Hoshi. Je le sors, parfois, à la librairie. Par contre, là je peux pas parce que je dois me dépêcher. Oya est là !
J'ai couru tellement vite que j'ai dû prendre une pause à un moment, pour reprendre mon souffle. Les gens doivent me regarder bizarrement aussi, alors je ralenti un peu le pas, mais à peine. Oya est là ! Comme à l'habitude, je monte l'escalier sans regarder les marches. Je le connais par cœur, à force, donc je vois pas pourquoi je perdrais mon temps à regarder les marches. Et puis, Oya était là ! Oya est habitué de me voir débarquer à la course, mais il fait ça aussi, et Vlinder aussi, alors personne dit rien.
Enfiiiiin j'étais rentré à la maison. Aussitôt la porte ouverte, une effluve parfaite d'un café fraîchement fait envahi mes narines, suivi par la confirmation d'Oyaris et je peux jamais m'empêcher de baver un peu. C'est tellement bon le café !
« On a une rencontre demain à onze heures trente. Il a essayé de négocier le prix à la baisse encore une fois. Mais j’ai tenu le bout. »
Ce n'étaient pas les activités les plus saines, les moins dangereuses, mais on avait besoin d'argent, surtout Oya, alors on l'accompagnait toujours. J'étais souvent celui chargé de ramener les informations, pour que notre frère puisse les utiliser contre les acheteurs, au cas où quelque chose tournerait mal. Oyaris avait l'air vraiment fâché, alors je me dépêche d'aller lui faire un câlin sans parler. Pas besoin de parler parce qu'on se connaît. Oya sait que je serai toujours là pour lui, comme Vlinder. Oya, il est vraiment cool. Mais il est dangereux parfois, avec son feu. Je m'empresse de sortir Hoshi. Si Oya est vraiment en colère, je veux pas risquer qu'il mette le feu a l'appart !
"Ma journée ? Meh, vraiment nulle, mais je pense que j'approche d'un plan pour le bunker ! Dis, c'est quoi qu'on mange ce soir ? Oh ! C'est quoi qu'on va porter demain ? Vlinder va venir ?"
J'étais pas fan de Vlinder qui nous accompagnait, parce que c'était vraiment dangereux parfois, et je ne voulais pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. Oui, bien entendu, j'avais peur pour Oya aussi, mais Oya était fort, je le sais parce que je me bats souvent contre lui et il gagne la plupart du temps !
Le feu était beau. Le feu brillait, fort, le feu se propageait. Rapidement. Le feu était la raison de votre déchéance, de votre perte, de ta renaissance. Tu étais le phénix, tu parcourais les flammes avec la plus grande aisance et rien ne t’intimidait dans la prestance de ce que tu considérais comme étant ton ami. Il accompagnait tes pensées partout où tu allais, même sur le fil, même sur scène - les pokémons feu t’entouraient même. Zamas était là. Zamas était rentré. Tu pouvais respirer maintenant. Ton frère était dans la même pièce que toi et tu te prenais le temps de l’observer. Ses yeux étaient beaux, ceux de Vlinder aussi; et tu aimais bien les voir. Zamas était le seul à ne pas avoir touché à son apparence. Vlinder portait une mèche violette et toi, des mèches bleus électriques qui terminaient les piques de tes cheveux noirs.
Onze heure trentes demain. Vous allez clairement avoir l’opportunité d’arriver en retard, mais Zamas était là pour vous rappeler que vous devez vous rendre quelque part. Alors tu avais un peu espoir de ne pas trop arriver en retard non plus. Mais tu espérais que tout se déroule correctement. Au pire, Pillar était là pour brûler la personne qui allait se trouver devant vous. Surtout s’il tentait de s’en prendre aux jumeaux. Là, t’allais le brûler et peut-être même le décapiter. Parce qu’on ne blessait pas les jumeaux. Ils étaient toute ta vie. Ajouter un peu de poivre, un peu d’épices. Diminuer le feu. Tu essayais une recette d’ailleurs aujourd’hui. Enfin, ce soir. Enfin, peu importe. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire en t’observant brièvement, tu savais quand même très bien cuisiner. Parce que tu avais cuisiné pour les jumeaux quand vous vous étiez retrouvés tous les trois chez votre oncle. Tu avais pris soin d’eux depuis toujours; tentant de leur éviter les plus grandes disputes de vos parents. Il avait toujours fallu leur offrir la vie la plus paisible et la plus calme.
« Oh ? Tu veux en parler ? Oooh. Dis-moi ! Y’a pas de caméras. J’ai vérifié. Personne n’a mis de caméras ou de micros dans la maison, j’ai passé un détecteur pour m’en assurer, tu peux en parler tranquillement. » C’était toujours mieux de faire attention, parce que vous ne saviez jamais. Quelqu’un pourrait glisser un gadget d’espionnage pour découvrir vos plans. Après tout, vous étiez les trois seuls parfaitement au courant de la fin du monde qui approchait et fallait protéger vos plans. Personne ne vous avait écouté plus jeunes, ils allaient tous subir les foudres de la nature. « Aloors, c’est une recette que j’ai suivi sur le réseau Dusk ! C’est un sauté de Poussifeu avec des légumes. Je ne sais plus de où c’est, mais c’est une spécialité d’une région. J’espère que ce sera bon ! Ça sent bon en tout cas. » Tu essayais souvent de nouvelles recettes, parce que c’était toujours amusant de découvrir. Découvrir le monde autour de vous, comment ils s’alimentaient, leurs saveurs. Tu aimais vraiment. Tout comme tu aimais voyager. « Si elle veut et elle n’est pas occupée, oui. Oh ! Ce sont les feux d’artifices ce soir, à minuit, dans le parc d’attraction, tu veux y aller ? »
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