Parfois, tu profitais de tes journées de congé pour voyager. Explorer la région, te rendre à de nouveaux endroits ; et parfois, tu choisissais une zone de confort, un safe space, et tu t'y rendais tout bonnement pour réfléchir à tes futures créations, pour te reposer, profiter du vent estival et des rayons de soleil. Aujourd'hui, c'était différent, puisque tu n'allais pas t'y rendre seule.
Lors de ton escapade imprévue à la centrale électrique, tu avais rencontré un duo haut en couleurs, dont une jeune femme aux cheveux de blé dont la compagnie t'avait marqué. Tu n'étais pas son amie, parce que les relations amicales, tu les évitais comme la peste - et Oyaris était évidemment une exception - mais la solitude t'ennuyait, parfois. Et malgré tout, ta rencontre avec Luzia avait été amusante. Tu ne sentais pas que tu avais besoin de te tenir droite, de bien paraître, d'être parfaite à ses côtés. Avec elle, tu étais une Abigaëlle différente ; tu étais Rosie. Cette fameuse Rose ; tu n'avais toujours pas compris pourquoi elle t'avais donné ce nom - sans doute à cause de tes cheveux - ni pourquoi elle avait voulu faire croire qu'elle te connaissait, mais tu étais curieuse d'apprendre à connaître davantage cette demoiselle. La curiosité, rien de plus. Il n'y avait là aucune tentative d'élargir ton cercle amical. Rien que d'y penser, et tes mains en tremblaient.
Tu ne voulais pas être abandonnée. Pas encore. Plus jamais.

Tu marchais en direction de Porte-Corail.
Pas Port-Corail ; Porte-Corail. La grande porte teintée de corail à l'entrée de la ville portuaire du sud de la région. Entre la nature, les bruits océaniques et le vent frais, il n'y avait pas meilleur endroit pour profiter du moment présent, sans se prendre la tête. Tu étais en route pour rejoindre Luzia et, accompagnée de Calluna qui dormait dans ton cou, de Lyca qui marchait à tes côtés et de Calla qui traînait de la patte parce qu'elle essayait de manger les fruits dans les arbres, la journée s'annonçait intéressante. Au loin, tu semblais reconnaître le Rookidee qui accompagnait la blonde, lors de votre dernière rencontre. Mais lorsque tu t'étais approchée de lui, il avait piaillé, comme pour t'interdire de faire un pas de plus. « Pourquoi tu m'engueules, toi ? » Sourcils froncés et bras croisés, tes manies provocatrices avaient pris le dessus et, tu avais avancé de trois pas. Pas un, pas deux, trois. Il allait faire quoi, le piaf, maintenant ?
Mais tu avais compris ses intentions, quelques secondes plus tard. Les vêtements éparpillés sur le sol, n'étaient-ce pas ceux de cette fameuse Luzia ? À qui d'autres pouvaient-ils être ?
Ton regard s'était dirigé vers l'étendu aquatique, et effectivement, la réponse à ta question t'était apparue d'un seul coup ; elle était là, dans l'eau, et elle avait un Corayon entre les doigts. Et voilà qu'elle revenait vers votre petit groupe. « Je ne savais pas que tu comptais te baigner, si j'avais su, j'aurais apporté un maillot de bain moi aussi. Mais qu'est-ce que tu fais avec ce Corayon ? Il est à toi ? »
Vu l'air paniqué du Pokémon sous l'emprise de la princesse, tu avais un doute. Il semblait se débattre, désirant retourner chez lui, dans la mer de Port-Corail. « Le pauvre, il a l'air traumatisé. »
La perplexité était perceptible dans tes yeux rosés. Qu'est-ce qui se passait, ici ? Décidément, en compagnie de Luzia, il y avait toujours davantage de questions que de réponses...