L’académie a récemment annoncé qu’elle organisait une sortie au superbe parc d’attractions d’Artiesta devant se dérouler à la mi-octobre. Comme je n’avais que rarement mis les pieds à l’extérieur de Nemerya, je me suis inscrite. Découvrir de nouveaux endroits dans l’intention de me divertir et de me sortir de la routine me paraissait être une bonne idée. En réalité, je ne suis jamais allé dans un parc d’attractions. J’ai pu faire quelques manèges assez simples lors de certaines foires organisées occasionnellement à Hoenn, mais cela fait déjà quelques années de cela. En attendant le jour J, j’ai pris la peine de me renseigner sur la destination, histoire d’en apprendre davantage sur cette dernière. Artiesta est reconnue comme étant la ville des festivités, accueillant moins d’habitants que la capitale Nemerya ou encore l’immense Voltapolis.

La mi-octobre se présenta bien plus rapidement que je ne l’aurais imaginé et le grand autobus jaune qui devait nous emmener à Artiesta se dressait désormais devant moi. Lors du voyage, les pokémons devaient demeurer dans leurs pokéballs par soucis d’espace donc je rappelai Nero à son objet de capture. De toute façon, il y serait bien plus confortable. Les banquettes du bus étaient vieilles, usées par le temps et les transports de jeunes délinquants et destructeurs. J’haussai les épaules avant d’y prendre place, m’assurant méticuleusement de ne pas m'asseoir sur un chewing-gum abandonné. La route ne fut pas longue, après une trentaine de minutes je pouvais déjà observer au loin les structures énormes des manèges apparaître.

Mon manège préféré, c’est la grande roue. C’est donc une fois sur les lieux que je me dirigeai machinalement vers celle-ci, ayant préalablement fait sortir Nero de sa pokéball. Elle était magnifique, illuminée de couleurs flamboyantes et fabuleuses. Avant de monter, un homme costumé en clown et monté sur des échasses me tendit une barbe à papa rose bonbon contre quoi j’échangeai quelques pokédollars. Un sourire aux lèvres, je contemplai la sucrerie tout droit sortie d’Hansel et Gretel avant d’en partager avec Nero. La créature engloutit la chose avec bien peu de retenue, surexcité, si bien qu’elle disparut en quelques secondes seulement. Je lâchai un petit rire en l'entraînant dans la file d’attente du manège.

Quand ce fut enfin notre tour, le surveillant nous fit entrer dans une cabine vitrée et s’assura de notre sécurité avant d’enclencher la manivelle qui la faisait tourner. Excitée, les yeux rivés vers l’extérieur, j’observai tranquillement le sol s’éloigner et les personnes devenir toutes petites. Les lumières devinrent rapidement multipliées et la vue s’avérait être époustouflante. Un drôle de bruit attira néanmoins mon regard sur Nero, qui avait le teint étrangement grisâtre. Son non verbal me signifiait que quelque chose n’allait pas.

➞ Ça va pas, Oniisan... ? A peine ma phrase complétée, la créature expulsa un liquide verdâtre fantomatique dans la vitrine de la cabine du manège. Oh!... Ça doit être la barbe à papa qui ne passe pas et le petit tour de grande roue. On va bientôt sortir, t’en fais pas !

Du haut de la cabine, je fis signe au contrôleur de nous faire redescendre tranquillement ce qui ne prit que peu de temps. Je le remerciai avant de sortir aux côtés de Nero et de me retourner vers lui :

➞ On va s’éloigner un peu de tout ce brouhaha et de cette foule, ça va te faire du bien. Allez, j’ai vu un coin plus tranquille en arrivant, par là-bas…

J’entraînai la créature avec moi avec tant de bien que de mal. Il flottait dans les airs et se déplaçait lentement. S’il avait pu se traîner les pieds, c’est ce qu’il aurait fait. Je tournai vers un secteur où il n’y avait personne, il s’agissait de la limite du terrain du parc d’attractions. Autour de nous, il y avait un chantier qui semblait être immobilisé dans le temps. C’était un endroit assez calme qui permettrait à Nero de se reposer un peu, au moins.

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Je grimpe dans l'échafaud, honnêtement c’est plus facile que ça en a l’air. Je traverse un palier de bois, puis deux, puis j’en atteint un troisième. C’est presque un jeu d’enfant, je vous le jure. Nero se contente de tourbillonner sur lui-même tout en s’élevant dans l’atmosphère pendant que je montre mes skills. Pendant un moment, je prends une petite pause pour observer autour de moi. Au loin, je commence à discerner le haut des structures des manèges et à apercevoir la lueur blafarde qui en émane. Ça a l’air magnifique, il faut que j’atteigne le sommet de cet immeuble pour en voir davantage. Tandis que je me motive à repartir, un cri strident et désagréable retentit, mais différent de celui perçu plus tôt dans la journée. Celui-ci ressemble plutôt à un cri de peur, un hurlement aigu qui vient m’hérisser le poil de mon échine. Plaquer mes mains contre mes oreilles est ma seule envie, toutefois je ne peux me permettre de relâcher ma prise.

➞ Nero! C’est insupportable, fait quelque chose !

Le pokémon se ressaisit, arrête ses courbettes et identifie la source du problème assez rapidement. Il me fait signe pour entraîner mon regard vers le haut du bâtiment ou une créature semble coincée. Un pokémon rose et jaune. Je plisse les yeux, tentant de me concentrer malgré tout. Aucune autre option ne semble s’offrir à moi outre que de terminer l’ascension et de le libérer, même si cela implique d’endurer ces appels à l’aide dérangeants. Sans plus tarder ne m’y met, avec de plus en plus de difficulté à mesure que je me rapproche de la source de ces puissants beuglements. Pendant ce temps, Nero tente de le calmer, faisant des pirouettes dans les airs pour attirer son attention. Le chuchmur ne semble toutefois point convaincu par ces airs de majorette même si le temps de distraction suffit pour me permettre d’arriver au sommet.

Le pokémon est coincé entre deux plaques de métal, aucune idée de comment il a pu s’y glisser. Je dégage celle du dessus, qui n’est pas si lourde que ça finalement. Le tout petit pokémon s’extirpe de cette emprise, me regarde un instant, avant de sauter dans le vide. Mes yeux s’écarquillent, mon cœur arrête de battre un instant et mon souffle est coupé. Je jette un regard tétanisé vers le bas de l’immeuble pour y découvrir le chuchmur sautillant en s’éloignant. Fiou…

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